Bianca & Toni

people always leave, but sometimes they come back

Fatiguée. J’étais complètement éreintée. Dernièrement, je ne faisais que des aller et retours entre la crèche, la maison, l’hôpital, puis à nouveau la maison, et encore la crèche, et enfin l’hôpital. Il était temps que je souffle. Que je décompresse, ne serait-ce qu’une heure ou deux. Je venais de perdre deux heures de ma journée à expliquer à la secrétaire de l’hôpital que mon père avait besoin de ses médicaments. Ce n’était pas un traitement qu’on pouvait se permettre de ne pas prendre un jour ou deux. Non, c’était quotidien, sans manquer un seul jour. Pour sa santé. Alors peut-être que je m’étais emportée, que je lui avais souhaité de se fouler la cheville ou de perdre tous ses cils les uns après les autres, mais elle m’avait rendue folle. Je pouvais très vite m’emporter quand on me tenait tête de la sorte, et j’avais énormément de mal à redescendre de cette colère ensuite. J’ouvrais mon poudrier afin de regarder à quel point j’étais encore rouge de rage. Mon front brillait, j’arrangeais ça dans la seconde avec un peu de poudre libre. C’est alors que sans regarder où j’allais, je me bloquais le talon de ma chaussure dans une bouche d’égout. Purée, c’était trop. Je pestais encore, pour cette situation débile et l’incompétente de secrétaire à qui j’avais eu affaire. J’avais tellement bouilli que nous étions dans un cas de force majeure. Je retirais, comme je le pouvais sans le casser, mon talon, remarquant certains regards rieurs autour de moi. Génial. Impossible de booker un massage dans les dix minutes qui suivaient, je décidais de me dirigeais vers le café où Mateo travaillait. Juste son visage pourrait peut-être m’aider à m’assouplir et me redonner le sourire. Sourire qui manquait cruellement sur mon visage fermé.

Le café n’était qu’à moitié rempli. Je me dirigeais directement vers le comptoir pour aller me commander un cappuccino. Sans sucre, on allait directement dans le dur. Je ne voyais pas de Mateo à l’horizon. Il me semblait pourtant qu’il travaillait aujourd’hui. Ou alors j’avais mal compris. Ou alors il était simplement en pause. Bref, peu importe. Je préférais ne pas m’éterniser dans une réflexion à ce sujet car j’aurais pu partir dans des questionnements sur un énième mensonge de sa part. Pour rappel, c’était à cause d’un mensonge que j’avais demandé le divorce avec lui. Ainsi, je psychotais légèrement là-dessus. Je m’étais fait la promesse de ne plus jamais accepté un mensonge de sa part, si on voulait que tout se passe bien à nouveau avec lui. Depuis mon accident en mars dernier, nous nous recôtoyions. Pour lui comme pour moi, mais avant tout pour Augusto. Je comprenais l’envie qu’il avait de voir son fils de temps à autre. J’avais obtenu la garde complète quand nous avons divorcé, et maintenant que Mateo s’était retrouvé une situation, j’étais plus sereine à l’idée qu’il passe du temps avec son fils. Après tout, une voiture n’était pas un endroit où inviter son fils pour passer du temps avec.

M’installant à une table après avoir réglé ma commande, je regardais à travers la vitre en me rappelant le dernier anniversaire d’Augusto. Nous l’avions fêté tous les trois et la soirée s’était parfaitement déroulée. Le retour dans nos vies de Mateo m’était également bénéfique à moi. Ça me permettait d’avoir du temps pour moi sans avoir besoin de confier Augusto à mon père qui n’était pas en mesure de s’occuper réellement de lui. Je préférais éviter d’avoir à lui demander ça. Peut-être m’avait-il manqué le Flores… Je retournais la tête vers l’intérieur du café, zieutant les personnes présentes sans réellement les voir. Sauf une personne. Un Flores, mais pas réellement celui que je m’attendais à voir ici. Bianca. Elle était à une table de moi en train de pianoter sur ses touches d’ordinateur, et naturellement, je l’interpellais. « Bianca, tu es de retour, je l’ignorais ! Tu es revenue quand ? » lui demandais-je le sourire aux lèvres, revoyant une ancienne amie perdue de vue.

© Ludi.

@bianca flores

Reprendre un boulot me donnait enfin de nouvelles envies. De nouveaux objectifs aussi, et c’est dans l’espoir de trouver à présent un appartement pour moi toute seule que j’écumais sans cesse les sites de petites annonces et faisait fonctionner le bouche à oreille autour de moi. Je regarde, épie, écoute, mais rien n’y fait, la crise du logement semble être partout et donc présente ici aussi. Je ne peux pas me permettre un palace avec mon salaire, mais je peux me laisser un choix assez sympa tout de même, mes économies me permettant de meubler un logement vide si l’occasion s présente également. J’ai hâte de trouver à nouveau mon indépendance et pouvoir respirer à nouveau, l’ambiance est si pesante à la maison que je peine vraiment à trouver mes marques d’adulte, l’adolescente étant encore trop présente dans l’esprit de mes parents. Wes n’essaie plus de me contacter, je ressens ce vide intense que provoque les ruptures amoureuses, d’autant que ma dernière entrevue avec Asher m’a laissée complètement refroidie. Je suis certaine qu’il va refaire sa vie de son côté, j’en suis vraiment persuadée. Alors mes pensées vagabonde vers mon ex à Londres, et, dans un élan de faiblesse intense et trop fort, je regarde rapidement qui se trouve autour de moi dans le café, pas grand monde que je connaisse, et donc personne à venir me blâmer d’aller stalker le profil de mon ex. Je pense à Asher, aux frissons que j’avais pu ressentir au premier rendez-vous et la panique que j’avais ressentie. On peut dire que Wes a laissé des traces indélébiles sur ma peau et je ne suis pas prête à l’oublier complètement, c’est difficile et j’ai bien besoin de temps pour moi pour réussir l’exploit de m’en sortir complètement, enfin immergé de l’eau ! Mais en attendant … Je jette encore un œil autour de moi, je suis venue ici car Mateo travaille, normalement, bien que je ne l’ai pas encore aperçu et je suis presque sûre qu’au moment-même où je vais ouvrir le profil de Wes avec mon compte secret, quelqu’un va apparaitre.

Un petit œil rapide, ça ne fait pas de mal, non ? J’ouvre mon pc, lutte encore un moment intérieurement afin de me concentrer sur ma recherche de logement, faisant défiler les pages devant mes yeux sans jamais trouver quelque chose qui attire mon regard. Trop petit, trop sale, insalubrité flagrante, cuisine en mauvais état et même un sans fenêtre ! Je soupire, agacée, prenant une gorgée de mon latte vanille préféré en ouvrant les réseaux, filant discrètement sur mon compte secret pour aller espionner mon ex. Je fais défiler les photos de lui et sa femme, sa femme putain … Elle est toujours présente, toujours la bague au doigt, toujours amoureuse, toujours rayonnante au bras d’un mari que je sais infidèle, même si ce n’est pas moi cette fois … Le cœur de nouveau en miette, je me déconnecte rapidement de mon compte pour reprendre ma tâche principale, tapant sur mon clavier comme une dingue pour chasser les larmes qui commencent à obstruer ma vision. C’est là qu’une voix familière me fait relever le nez de mon écran, me poussant à me connecter avec les gens autour de moi pour chercher d’où provient la voix en question. C’est là que j’aperçois Toni, comme par hasard, dans ce café. Je fronce les sourcils, prête à partir au combat pour sauver l’honneur de mon frère et faire comprendre à Toni qu’elle n’avait pas à lui briser le cœur de la sorte alors qu’il n’avait aucun soutien. Mais je vois déjà sa réponse arriver, et moi, j’étais où ? Et bien je n’étais pas là, tout simplement et la colère qui me ronge n’est toujours pas descendue et je ne pense pas me le pardonner un jour. « Salut Toni ! » je la salue, mais le cœur n’y est pas, parce que j’ai envie d’être en colère contre elle et que c’est plus facile de cette manière plutôt qu’essayer de comprendre ses raisons. « Oui, je suis rentrée il y a quelques mois maintenant, de manière définitive. » Je souris, elle est vraiment à côté de moi et je n’avais pas pris la peine de la voir … Tant pis ! « Je vais être présente pour tout le monde maintenant. » Je glisse en sous-entendu. « Tu attends mon frère ? Parce que je crois qu’il n’est pas là aujourd’hui, il doit être malade, un truc du genre. » Je mens effrontément, parce que je n’ai pas envie de la voir sourire près de Mateo alors qu’elle l’a abandonné au moment où il avait besoin d’elle. « Dommage, je suis sûre qu’il aurait aimé te voir ! » J’ajoute avec une moue désolée. Ouais, a d’autres Bianca, t’es pas douée pour mentir.

@Toni Vasquez  

Bianca & Toni

people always leave, but sometimes they come back

Revoir Bianca faisait extrêmement plaisir. Si je n’avais jamais eu de ressentis envers elle, je ne savais pas si c’était le cas de son côté. Bianca était, à l’époque où j’entretenais une relation avec son frère, comme ma petite sœur. Moi qui en était dépourvue, n’ayant qu’un petit frère, ça me faisait plaisir d’avoir Bianca dans ma vie. Une petite sœur par procuration. On se confiait pas mal à l’autre à l’époque. Elle m’avait d’ailleurs confié son histoire avec Asher, lui promettant d’emporter ses secrets jusque dans ma tombe. Mais malgré que je l’aimais beaucoup, nous nous sommes éloignées quand elle est partie en Europe, jusqu’au point de ne plus se parler. Au début, on s’envoyait des messages, on s’appelait, on se donnait des nouvelles. Puis à mon divorce avec Mateo, son frère, plus rien. Possiblement qu’elle a eu du mal avec ma décision, ce que je pouvais comprendre, mais ça n’aurait pas dû pâtir à notre relation pour autant. J’avais divorcé avec son frère, pas avec elle. Mais je n’avais pas voulu trop forcer, elle m’avait l’air d’avoir pris sa décision, comme j’avais pris la mienne. J’espérais pourtant bien changer cela si elle était retour à Tree Hill. Elle avait grandi depuis la dernière fois que je l’avais vue, elle était devenue une vraie femme. Magnifique, tout autant qu’avant son départ sur l’autre continent. En revanche, les yeux bien tristes. « Tu as les yeux qui brillent. Tout va bien ? » la questionnais-je d’un air à la fois compatissant sans connaitre la raison de ses larmes retenues, et la curiosité de pouvoir potentiellement aider d’une quelconque façon. J’attrapais ma tasse à café afin de quitter ma table et me rapprocher de la sienne. « Tu permets que je m’installe avec toi ? » demandais-je en m’imposant en même temps sur la chaise en face de la sienne. Après tout, ce serait plus sympa pour discuter. Sous réserve qu’elle accepte un échange avec moi, bien sûr. Après si elle refusait, je lui faisais confiance pour me renvoyer bouler en prenant ses cliques et ses claques et s’installer ailleurs ou à me demander de retourner à ma place. « A vrai dire, je ne venais pas spécialement voir Mateo, même si ça m’aurait fait plaisir de le voir. Je sors de l’hôpital. » lui répondais-je après coup, accompagné d’un fin sourire. Un sourire un peu forcé en me rappelant la raison du pourquoi j’avais dû faire un tour à l’hôpital, mais je n’avais pas envie de m’éterniser sur ce sujet. « Tu sais, tu ne devrais pas te mettre une pression comme celle-là. » conseillais-je en faisant référence au point qu’elle assurait être présente pour tout le monde à partir de maintenant. « Tu ne peux pas être partout. » Je me demandais alors si c’était la raison des larmes qu’elle retenait tant bien que mal. Je reconnaissais la tristesse, et elle en était remplie. Je voulais en savoir plus, mais je ne voulais pas la braquer. Elle me le dirait d’elle-même si elle voulait se confier à moi, comme avant. « Ça me fait plaisir de te revoir. » disais-je sans pouvoir plus me retenir de le garder pour moi. Elle avait manqué à ma petite vie, et à celle d’Augusto aussi. Après tout, c’était sa tante. J’étais persuadée que ça ferait plaisir à Gus de la revoir également. Ou peut-être l’avait-elle déjà vu, sans que je le sache, alors que le petit était avec son père. Elle venait de dire que ça faisait des mois déjà qu’elle était de retour, alors il y avait de grandes chances qu’elle ait vu mon fils avant de me voir moi. Ça me provoquait un pincement au cœur. Elle n’avait pas souhaité me revoir tout de suite. Peut-être que je m’imposais trop à sa table, peut-être que je devrais la laisser, peut-être qu’elle ne souhaitait pas me revoir du tout. J’avais quitté son frère, certes, mais elle n’avait sûrement pas toutes les raisons de cette demande de divorce. De plus, elle ignorait certainement qu’on se recôtoyait depuis plusieurs mois déjà. Cette information pourrait attendre, ça ferait trop d’un coup. « Ça ferait plaisir à Gus de revoir sa tante également. » ajoutais-je, curiosité trop importante, afin de savoir si elle l’avait déjà revu. « Je t’offre un second café ? » lui proposais-je en voyant que le sien était quasiment vide.

© Ludi.

@bianca flores