Il est encore tôt ce matin et ça fait déjà quelques heures que je ne dors pas, complètement déphasé du décalage horaire depuis que nous sommes arrivés ici. Maggie dort à poings fermés en bienheureuse qui a su trouver un rythme de sommeil très vite. On a même pas fini de déballer les cartons chez nous. Je passe ma vie à me taper les genoux dans les meubles à moitié montés, à avancer dans ces lieux complètement désorganisés et pour lesquels Maggie a toutes les idées du monde pour que ce soit décoré à son goût. Elle rêve de quelque chose de plus épuré, à la mode du jour. Et je lui fais entièrement confiance car en vrai, la décoration c’est clairement pas mon truc. À mes yeux, une maison, ça doit être juste fonctionnel. Mais la logique des femmes me fait toujours considérer les choses sous un autre angle. Je me fie à ce que je vois au quotidien comme les shampoings par exemple qui sont multiples pour elle. Elle en a un paquet quand je me contente d’avoir une seule bouteille faisant office aussi de gel douche, d’après shampoing. Je pourrais même m’en servir comme crème de rasage en vrai mais j’aime pas la sensation qui reste sur les joues. C’est ainsi que je considère la maison : il faut que ce soit simple et de toute façon, peu importe comment ce sera aménagé, je me sentirai chez moi qu’à partir du moment où je suis avec Maggie.
Mon regard se tourne vers elle et je l’observe dormir d’un air paisible, sa main repose sur l’oreille et laisse entrevoir l’alliance qui git désormais sur son annulaire gauche, encore neuve comme celle que je porte désormais. Et bien que cela fasse un an que nous nous sommes dits oui, je ne peux empêcher ce noeud qui se forme à l’estomac quand je pense à tout ce que nous avons traversé et ce que nous allons vivre ici. Nous sommes enfin chez nous et pourtant, bien que je sois heureux de tout ce qu’il nous arrive, je ne peux m’empêcher de ressentir un vide immense. Il y a tout à refaire ici, et j’ai espoir que ça soit le top départ d’une nouvelle vie, que nous puissions repartir sur de bonnes bases et oublier ces dernières années. Ma raison me confirme que c’est sur la bonne voie mais mon cœur lui, me dit tout le contraire. Que ce n’est pas Tree Hill que je trouverai la paix. que les choses ne vont pas aller s’arranger. En tout cas pas ici.
Je soupire et me passe la main sur le visage. Le creux dans l’estomac est aussi lié à ce qui se trouve probablement ici. Du moins, j’espère qu’elle en est partie. Je me dis que c’est pour le mieux bien que je sais que sa famille se trouve là et que la seule raison qui justifiera qu’elle soit partie de Tree Hill, c’est bien parce que nous devions venir d’une manière ou d’autre. Je n’ai pas peur de tomber sur elle, la revoir ne m’effraie pas. En revanche, je suis flippé à l’idée de ce que je vais ressentir. Et ça me bouffe mes pensées et mes nuits quand je ne suis pas occupé à travailler comme un fou. Je décide alors de me lever et de sortir dehors pour m’aérer l’esprit, d’aller acheter de quoi petit déjeuner parce qu’on a pas encore fait les courses. Et c’est en bordel et ça m’agace un peu. Ça rend la situation encore plus fouillis que le désordre dans la salle de bain dans laquelle je me rends pour me doucher, pour enfiler une tenue à l’aise pour sortir acheter de quoi manger. Un short et un t-shirt font l’affaire accompagné d’une veste à capuche parce qu’il fait encore frais ce matin. Et je sors du quartier où nous nous trouvons avec l’envie de ne pas revenir tout de suite. J’ai mis un mot sur l’oreiller de Maggie pour la prévenir et j’ai mon portable. Il est encore vraiment tôt et il n’y a pas vraiment monde dans les rues. Mais le jour est en train de bien se lever et j’apprécie le calme. Je me dirige vers ce petit café que j’ai déjà repéré il y a quelques jours et que nous n’avons pas encore essayé. Il me faut prendre la voiture de location pour y aller et ça me permet de visiter encore un peu. Puis je finis par arriver, me gare pas loin du petit local. Quand j’entre, je suis happé par le côté cocooning et rassurant, il y a cette odeur de café typique des états unis. Mais ici, je sais que je peux rêver pour un expresso et qu’il faudra me contenter d’un latte qui sera plus digeste. Avant de prendre de quoi contenter ma femme, je me décide à prendre un de leurs gâteaux, une sorte de carrot cake qui a l’air des plus appétissants et je m’installe à l’une des tables. Il y a pratiquement personne, des gens qui ne sont pas elle et ça me rassure. Elle a dû s’en aller et faire le tour du monde comme elle rêvait de faire. Je sais que sur cette carte du globe, il y a beaucoup d’endroits qu’elle a coché comme déjà vu, avec moi. Et au fond, c’est mieux que tout soit fini. Je peux aller de l’avant, savourer ce gâteau pas si degueu que ça quand soudain, la clochette de la porte se met à teinter Instinctivement, je redresse la tête pour voir qui est là.
Et là… Mon cœur s’arrête de battre.

@Bianca Flores