Les journées sont longues, je ne vais pas le cacher. L’air de Tree Hill et cette ambiance plus posée, calme, me ramène à mon adolescence malgré moi. Mais il faut reconnaitre qu’à présent mon travail me manque cruellement. Si, au début, mon petit cœur en miette semblait ne me laisser aucun répit, à présent cette petite chose palpitante reprend du poil de la bête et me hurle que je ne suis pas assez active. C’est vrai qu’avant, je n’avais même pas le temps de manger à midi. Mes journées étaient longues, fatigantes mais j’étais épanouie dans ce que je faisais et j’y prenais beaucoup de plaisir. En gros, il est grand temps que je me trouve du travail si je ne veux pas prendre dix kilos en regardant des séries idiotes sur Netflix ! Même mon footing du matin ne me fait plus l’effet d’adrénaline nécessaire pour tenir la journée. Je me sens fatiguée, dépressive, bref une calamité. Je passe donc la matinée à revoir mon CV, et ça me prends surtout des heures pour réussir à avoir un résultat correct. Je mentionne mon job à Londres, le seul qui me permette de noter l’expérience professionnelle nécessaire pour tenter de retrouver autre chose ici. Je suis assez fière du résultat, tout simple, dans les tons de beiges différents ainsi qu’une teinte orange tirant sur le brun. Je l’imprime en plusieurs exemplaires et enfile ma veste en jeans avant de prendre la route. Je ne sais pas vraiment par où commencer, du coup je me gare au hasard dans une rue et tente de repérer les endroits où une assistante administrative pourrait être nécessaire. Je vise la banque, les bureaux d’assurance, peut-être même que le lycée a besoin de quelqu’un ? N’importe où tant que je trouve un semblant de vie active avant de devenir folle.
Je tente également ma chance au label de musique, peut-être que mon expérience dans l’organisation des voyages ainsi que le suivi des réunions et rendez-vous à distance sera intéressant pour eux ? Je glisse mon CV à l’accueil et, en sortant, pose les yeux sur la bibliothèque.
J’ai toujours aimé cet endroit. Calme, tranquille, des rayons entiers de livres se glissant ci et là autour de nous, trier par style, genre, auteur, un environnement qui m’apaise depuis toujours et me permet également de m’évader. Pourquoi pas y glisser également mon CV ? Je monte les marches pour pousser la porte, me dirigeant droit sur la secrétaire postée là pour lui demander s’il ne cherchait pas quelqu’un. Même réponse que partout, elle transmet au supérieur et me tiendra informée, vu qu’elle possède mes coordonnées. Je la remercie et, au lieu de sortir, me glisse dans les rayons. Quelques personnes sont présentes, certaines à table avec des piles de livres à côté d’eux. Je devine qu’ils ne sont pas là pour se distraire mais travailler. Tandis que d’autre fouille les rayons à la recherche d’une nouvelle pépite pour les tenir éveiller tard cette nuit.

C’est ce que je fais également. Comme d’habitude, je me dirige vers les romances, d’habitude mes favoris. Je tombe sur les romans de Jojo Moyes en premier, attirée par leur couverture. J’attrape l’intitulé Avant toi, grimaçant immédiatement en découvrant le résumé tout en murmurant « Pff, j’aurais préféré tomber sur un mec comme ça, moi aussi … » avant de le poser et d’en prendre un autre. Je ne regarde même pas la couverture, grimaçant encore en marmonnant : « Quelle idée à la con de tomber amoureuse à Noël ! », je veux le ranger dans le rayon mais il tombe dans un bruit sourd sur le sol, tous les regards se tournent vers moi « Je suis désolée ! » et je range précipitamment le livre sur l’étagère avant de disparaitre dans un autre rayon, bousculant quelqu’un au passage et m’excusant de plus belle avant de me concentrer une nouvelle fois sur les rayons et les ouvrages qui m’entourent. Je me retrouve dans le coin des documentaires, faisant face à un livre s’intitulant Qu’est-ce qu’on mange cette semaine ? et je me marre toute seule à voix basse en découvrant les idées de recettes, toutes programmées sur les semaines. « Mon Dieu, des gens ont vraiment besoin de ça ?! Quand est-ce qu’ils mangent des pizzas ?! » Je marmonne en riant, découvrant la suite des pages. En voulant le ranger, je le fais à nouveau tomber … Si je n’en étais pas certaine, cette fois je le suis. La secrétaire me lance un regard mauvais et je comprends que j’ai grillé mes chances de trouver un boulot ici. Je range le livre, certainement à la mauvaise place car je ne me souviens pas d’où il se trouvait avant et reprends mon exploration.

@Darcy March

Je vais me suicider avec des yaourts périmés

Devoir rester à Tree Hill ne faisait pas parti des plans de Darcy quand elle avait grimpé dans sa voiture pour se rendre au rendez-vous fixé par le notaire de son père. A ce moment-là, alors qu'elle adressait un dernier au revoir de la main à sa petite soeur, elle était persuadé de ne partir qu'une semaine maximum environ, avant de rentrer à Daytona pour retrouver sa famille. Mais finalement, il en est tout autre, au grand dam de la jeune femme. Son cher papa a eu la bonne idée de demander à ses enfants, qui sont au nombre de quatre, dont trois filles illégitimes, de réaliser des défis afin de pouvoir recevoir l'héritage qu'il leur a laissé. Cela a éveillé des tensions entre les jeunes gens dans le bureau du notaire, des tensions qui ne sont pas vraiment apaisés, alors que Darcy, et une de ses demi-sœur, Aina, ont du se résigner à s'installer en Caroline du Nord afin de réaliser les défis laissés par leur père. Si la brune n'avait pas besoin de cet argent pour soigner sa mère et donner un confort de vie plus honorable pour sa petite soeur, elle sait qu'elle serait déjà repartie chez elle pour ses études. Car son doctorat compte plus que tout pour elle. Cela fait tellement d'années qu'elle se sacrifie pour réussir et financer ses études, qu'il est hors de question pour la March d'abandonner aussi loin dans son parcours. Hors de question.

Il lui a fallu deux jours pour se décider de quoi faire, et surtout de comment faire avant d'appeler son directeur de thèse et professeur afin de voir avec lui ce qui était possible ou non de faire. Heureusement pour la jeune femme, l'homme est des plus compréhensif, et il accepte sans soucis qu'elle mène ses recherches de Caroline du Nord. A condition de lui envoyer souvent par mail des résultats. Chose qu'elle a promis, tout en annonçant qu'elle viendrait aussi par moment, un jour ou deux, à Daytona.  Enfin, elle verrait si cela lui est permis. En attendant, elle travaille de la bibliothèque de la ville de Tree Hill, qui lui fournit un confort relatif mais également de la place et surtout une connexion internet, nécessaire pour son travail. Un endroit paisible qui plus est.

Tout du moins en temps ordinaire, car aujourd'hui, la tranquillité de l'endroit est perturbé par une jeune femme qui arpente les rayons à la recherche visiblement d'un livre. Qu'elle ne trouve pas. Et sans le vouloir, elle fait du bruit. Enfin c'est ainsi que Darcy analyse la situation, en lui jetant un premier coup d'oeil, du rayon où elle se trouve, à la recherche d'un livre qu'elle a repéré pour son travail. Et alors qu'elle le trouve et retourne à sa place, la brune tombe sur la jeune femme qui se fait un peu bruyante pour l'endroit, attirant sur elle, un regard noir de la bibliothécaire. Ainsi que d'autres personnes présentes et travaillant, ou profitant des lieux. Ce que la brune aperçoit en sortant de son rayon, son livre à la main, avant de voir où se situe la jeune femme bruyante.
Pendant quelques secondes, la March l'observe, hésitant à venir lui parler ou à retourner s'asseoir. Quelques instants de réflexions avant qu'elle ne décide d'aller vers l'inconnue, un sourire aux lèvres.

- Excusez-moi de vous déranger.

Souffle-t-elle dans un léger murmure, à peine audible à part par la jeune femme. Et quand son attention est attirée, Darcy reprend.

- Vous savez, vous devriez faire moins de bruit, ou la bibliothécaire va vous demander de quitter les lieux. Elle n'est pas trop commode...

Des paroles soufflées de la même manière que la première phrase. Un avertissement gentil, car Darcy a déjà vu la vieille bibliothécaire mettre à la porte de sa salle des gens qu'elle trouvait trop bruyant. Une vieille acariâtre peu agréable.

feat @Bianca Flores

Attirée par tout une suite de titres en tout genre de livres, je m’approche ça et là des rayons. Une bibliothèque, c’est un peu comme un cocon, un endroit qui nous enveloppe de sa douceur, de son parfum, nous berçant dans une atmosphère sortie d’ailleurs. C’est apaisant, calme, agréable, et je devrais m’y sentir bien, à ma place. Sauf que plus je regarde les livres, plus je m’en sens étrangère. Je n’ai plus lu de romans depuis des années, je n’ai pas eu beaucoup de temps tandis que Wes me baladait d’un endroit à l’autre, d’un pays à un autre également. C’est donc avec plus de naturel que je me dirige vers des ouvrages de géographies, délaissant les pauvres romans qui n’ont rien demandés devant mes commentaires quelque peu abusifs. Je trouve une carte du monde dans l’un d’eux, m’agaçant encore plus en comprenant que je m’attarde trop sur les contours dessinés de l’Angleterre, repérant sans aucunes difficultés ma ville d’adoption, qui m’a vue grandir et devenir une femme. Où plutôt une petite garce aux pensées d’adolescentes en ébullition écoutant des propos qui la balade encore et encore. Je me déteste. Sincèrement. Au regard de la bibliothécaire, elle aussi me déteste pour le moment et n’attends qu’un seul commentaire supplémentaire de ma part pour me demander de sortir, sans aucunes politesses, j’en mets ma main à couper. J’ai à peine le temps d’ouvrir la bouche pour animer un peu plus les prochaines heures de cette vieille dame quand une autre fille s’approche de moi en soufflant quelques phrases. Elle à l’air sympa et je me ravise un instant. Mon envie de contradiction me pousse à parler plus fort pour répondre, mais cette inconnue à l’air sympa et faire une nouvelle connaissance ne devrait pas me faire de mal, non ?

« Pour tout avouer … » Je commence en parlant le plus bas dont je suis capable, même si l’envie de parler un peu plus fort me démange toujours. « Je m’ennuie un peu. » Je révèle à l’inconnue sur le ton des confidences, accompagnant mes paroles d’un sourire. « Et comme je n’ai pas de boulot et que cette personne ne m’en donnera pas … J’essaie d’animer nos journées respectives, histoire de sortir de nos habitudes. » Sauf que mes derniers mots sont trop fort et la personne en question relève vivement la tête, comme un chien de chasse à l’affût de sa prochaine proie en pleine forêt, le tableau me fait rire intérieurement, parce que, il faut l’avouer, elle fait tout de même peur cette dame. « Mais tout compte fait, je vais peut-être m’abstenir … J’aime pas trop le regard qu’elle me lance … » Je réponds en murmurant, bien que ce ne soit certainement pas mieux et que je vais vraiment finir par être mise dehors.

J’avise alors les documents que l’inconnue avaient devant elle avant de venir m’interrompre, elle n’avait pas l’air plongée dans un livre ou en train de bouquiner par plaisir. Un ordinateur et des notes s’étalent sur une table, poussant ma curiosité. « Excuse-moi, je pense que je t’ai dérangée pendant ton travail … » J’ajoute en me pinçant les lèvres, mais bien évidemment que j’embête tout le monde ! Ce n’est pas le nouveau petit jeu que je m’invente qui ne dérange que la vieille dame de l’entrée … « Mais avant qu’on me mette carrément dehors. » J’ajoute en voyant finalement la bibliothécaire se lever pour m’intimer le silence. « Je peux te proposer de l’aide ? Je suis douée en orthographe et tout le tralala et je m’ennuie … Genre … Vraiment beaucoup. » Je lui propose avec un sourire, plaçant un doigt sur mes lèvres comme les enfants pour montrer à la dame que le message est bien placé et que je vais, peut-être, me taire un peu plus longtemps que 10 minutes, au moins.

@darcy march désolée d'avoir pris autant de temps

Je vais me suicider avec des yaourts périmés

Elle ne sait à quoi s’attendre Darcy, quand elle s’approche de la jeune inconnue légèrement trop bruyante pour le paisible lieu qu’est cette bibliothèque. Celle-ci pourrait totalement l’envoyer paître en lui disant que ce ne sont pas ses affaires. Pourtant, elle essaye, et avec un léger sourire sur les lèvres, la March l’informe qu’il vaudrait mieux pour elle faire moins de bruits, si elle ne veut pas être virer du lieu par la bibliothécaire rigoureuse et sévère qui surveille la salle. Notamment la jeune femme bruyante. Et si elle pense se faire recevoir par la brune qui lui fait face, celle-ci reste pourtant polie quand elle prend la parole, pour avouer qu’à vrai dire, elle s’ennuie un peu.
Etonnée et surprise par cette confession, Darcy reste un instant interdite face à ce qu’elle vient d’entendre, avant de sourire à nouveau et même de laisser échapper un petit rire rapide et silencieux. Qui prend fin quand elle entend la voix de la jeune femme s’élever à nouveau, attirant de nouveau l’attention de la bibliothécaire. En croisant son regard, Darcy hésite à faire trois pas en arrière pour ne pas s’attirer la moindre foudre. Il ne manquerait plus qu’elle se fasse virer, alors qu’elle a grand besoin de ce lieu pour travailler. Mais non, rien n’arrive, et un soupir de soulagement silencieux franchit ses lèvres, tandis qu’elle repose ses yeux sur la vieille femme, qui les regarde de manière sévère et méchante.

- Je dois avouer que son regard fait bien peur… Ca ne donne pas envie de se frotter à elle.

Murmure-t-elle doucement, approuvant ainsi les paroles de l’inconnue, tout en resserrant contre elle les livres qu’elle est allée récupérer sur les étagères. Documents qui attirent l’œil de la jeune femme face à elle.

- Plus ou moins, mais ce n’est pas grave. Je cherchais des livres pour m’aider pour ma thèse.

Tout en parlant, elle soulève ses bras tenant les quelques tomes qu’elle pense lui être utile pour la suite de ses recherches. A voir quand elle les aura lu. D’ici quelques minutes certainement, quand elle aura terminé sa discussion avec la jeune femme, qui reprend déjà la parole. Du coin de l’œil, elle aperçoit la bibliothécaire qui se lève de son bureau.

- Aïe… V’là les ennuis…

Murmure-t-elle, au moment même où la jeune femme, dont elle ignore encore le prénom, reprend la parole pour lui proposer son aide. Parce qu’elle s’ennuie. En voilà une demande qui coupe le sifflet à Darcy, qui se retrouve à attendre, la bouche entrouverte de surprise. Quelques instants, elle passe d’une jambe à l’autre, réfléchissant à toute vitesse.

- A vrai dire, j’écris une thèse, je ne sais pas si c’est intéressant à lire pour correction.

Elle ne veut pas ennuyer l’inconnue avec ses recherches océanographiques qui n’intéressent pas grand monde. Mais vu la moue que lui fait la brune, la March ne peut que céder à sa demande. Et là voilà qui se retrouve à lui proposer de lire le début de sa thèse.

- Si tu veux, tu peux lire le début de ma thèse pour voir s’il y a quelques fautes d’orthographe et de grammaire, si ça te dit. J’espère juste que ce ne sera pas barbant à lire pour toi… C’est surtout ça.

Et tout en parlant, Darcy lui enjoint de la suivre d’un signe de la main, jusqu’à sa table, où il y a une place de libre en face d’elle.

- Au fait, je m’appelle Darcy. Et toi ?

feat @Bianca Flores

Est-ce que mon ancienne moi était capable d’aborder des inconnus de cette manière ? Non, pas amicalement du moins. Je gardais cette attitude distante, formelle, professionnelle que le métier me demandait d’avoir. De plus, aborder un inconnu ne devait pas être dans mes affaires. Je me devais de tenir l’image que renvoyait une société brillante et prospère, je me devais de connaitre les personnes avec qui je conversais pour ne pas avoir l’air idiote. Donc non, mon ancienne moi n’aurais pas discuter avec une inconnue rien que pour trouver un peu de normalité dans sa vie. J’ai sûrement quelques problèmes avec le fait de revenir dans ma ville et de me retrouver un peu seule, je gère mal cette solitude car je cherche à tout prix à me vider la tête et éviter de penser à tout ce qu’il s’est passé. Je refuse de revoir les images de Wes avec une autre, en plus de sa femme, qui était déjà bien assez à gérer. Je suis une royale peste et j’en ai bien conscience.
Je souris à l’inconnue, elle est sympa, je le sens, et le fait qu’elle partage mes craintes de devoir me frotter avec cette bibliothécaire me rassure, au moins ma perception des choses n’est pas encore trop mal. Elle serre ses livres contre elle et je me rends compte que je suis certainement en train de l’embêter en plein dans son travail et que je suis une belle épine dans son pied désormais. La vieille dame nous observe toujours et s’apprête à se lever de sa chaise et je propose aussitôt mon aide à l’inconnue, si mon aide peut être acceptée. J’ai l’impression de m’imposer, et je m’impose très fortement même, mais je n’ai vraiment pas envie de rentrer chez mes parents et recommencer à me tourner les pouces pendant que tout le monde continue de vivre sa vie et que ma mère continue de me fusiller du coin d’œil lorsqu’elle me voit. Elle sait que je lui ai mentis, je le sens ! Mais elle garde le silence et se contente de m’observer, c’est certainement la pire sentence qu’elle pouvait me donner.

La brune m’explique qu’elle écrit une thèse et qu’elle a peur de m’ennuyer, mais elle n’a vraiment aucune idée de ce à quoi je suis capable de prétendre alors que j’ai l’impression de subir la colère de ma mère en silence dés que je franchis le pas de la porte d’entrée. Tout est mieux que de rentrer chez moi. Je ne sais pas si je choque l’inconnue ou si elle pense que je suis carrément folle, ou peut-être les deux options à la fois … Je me sens de trop, je sais que je suis de trop et que je n’ai rien à faire dans les travaux de cette fille mais c’est plus fort que moi. Mais, contre toute attente, elle me propose de lire le début de sa thèse et qu’elle espère que ce ne sera pas trop barbant pour moi … Et j’en pleurerais bien de joie à cette perspective mais je me retiens, elle me prend déjà pour une tarée, autant limiter les dégâts ! Je me contente de la remercier en silence alors qu’elle m’invite à sa table et je contemple les ouvrages déjà rassembler sur place. Si je ne me trompe pas, je sens que je vais lire un travail sur des poissons, la mer ou un truc de ce style mais j’attends sagement d’avoir les prémisses du travail devant les yeux avant de m’avancer.
« Bianca ! Je suis désolée de m’imposer de cette manière … Je n’ai vraiment aucunes envies de rentrer chez moi, je viens d’emménager chez mes parents et c’est un peu compliqué. » Je lui avoue avec un sourire. « Je cherche du boulot, c’est assez difficile de trouver dans mon domaine, surtout que je n’ai pas de diplôme, juste de l’expérience dans le milieu … » J’avoue encore, comme si les vannes ouvertes laissaient filtrer un flot de paroles stupides et sans aucuns intérêts. « Pardon, je te promets que je ne suis pas une folle échappée d’un asile ou que je dois prendre des médocs pour ma santé mentale, même si mon comportement doit te le faire penser … » Je ris à voix basse, autant que possible, pour ne pas être mise dehors. Même si avoir pris une place assise semble avoir calmer ma nouvelle amie de la bibliothèque, qui me regarde simplement d’un mauvais œil à présent.

@Darcy March  

Je vais me suicider avec des yaourts périmés

Comment Darcy en arrive-t-elle à proposer à une inconnue de lire sa thèse ? Sa thèse en océanographie, sur l'impact précis des microplastiques sur le monde marin. Sujet précis et certainement ennuyant pour beaucoup de gens. Pour ne pas dire pour 99% de la population de cette planète. Mais un sujet qui passionne Darcy et ses collègues, passionnés de l'océan et de ses secrets, et concernés par son futur, notamment à travers l'impact de l'homme. Afin de mieux protéger le monde marin. Donc oui, pas l'écrit le plus passionnant qui soit, avec des calculs, des hypothèses et du vocabulaire scientifique. Mais comme la brune semble absolument vouloir faire quelque chose, et que la March ne sait résister bien longtemps, elle fait signe à la jeune femme de la suivre jusqu'à sa table. Quitter les rayons leur évitera de se faire reprendre à nouveau par la bibliothécaire. Sans compter que ce sera bien plus confortable d'être assis. Et tout en marchant, Darcy en profite pour se présenter, quand elle se rend compte qu'elle ne l'a pas encore fait.

Bianca. La jeune femme qu'elle vient de rencontrer se nomme Bianca, et elle n'a aucune envie de rentrer chez elle, car elle vit avec ses parents et c'est compliqué. En quelques secondes, la March a plus d'informations qu'elle ne l'aurait pensé, et cela la fait sourire. Cela l'amuse.

- Je peux comprendre que tu n'as pas envie de rentrer chez toi du coup.

Souffle-t-elle, toujours en souriant, avant d'écouter les nouvelles paroles de la brune à ses côtés, tandis qu'elles continuent d'avancer jusqu'à sa table. Elle lui lance même un regard quand Bianca lui dit qu'elle n'est pas une folle échappée, avant de rire en silence. Alors ça, elle ne s'attendait pas à ce qu'on le lui fasse.

- Oh ça, je m'en doute. Ca ne m'a même pas traversé l'esprit!

C'est vrai que le comportement de la brune peut paraître exubérant, mais ça n'a pas choqué Darcy. Il en faut certainement plus pour la choquer. Et puis, niveau santé mentale, avec sa mère, elle ne connaît un peu sur le sujet.

- Et c'est quoi ton domaine, du coup ?

Demande finalement la future océanographe, tout en s'installant correctement sur sa chaise, poussant sur le côté de sa table quelques livres. Ils sont déjà nombreux à encombrer son espace de travail, et elle en rajoute deux de plus, qu'elle vient de récupérer dans les rayons.

- Mon domaine à moi, c'est l'océanographie. Je suis une amoureuse de l'océan depuis que j'ai une dizaine d'années. Et sinon, je vis toute seule ici, et je viens d'arriver en ville. Je viens de Floride, où je vis avec ma grand-mère, ma mère et ma petite soeur.

Elle lâche toutes ses infos après quelques secondes, afin d'en dire un peu plus sur elle, puisque Bianca en a révélé sur elle, sans que Darcy ne lui pose la moindre question.

- Et sinon, tu es sûre que tu veux lire ma thèse ?

feat @Bianca Flores    

Une inconnue … que je dois réellement embêter dans son boulot. Pourtant, elle a cette politesse de ne pas m’envoyer valser dans les roses et d’être désagréable comme cette super responsable des rayons que je parcours avec, certes, un comportement qui laisse à désirer. Mais vu que Darcy est bien mieux élevée que moi, elle reste sympa même si je suis certaine qu’elle serait ravie de continuer à travailler seule et en silence. Lorsque je m’excuse de me comporter de cette manière mais qu’elle ne doit pas s’inquiéter de ma santé mentale, elle rit en silence, de cette manière dont je ne suis pas capable de rire, elle reste posée, calme, respectant les lieux sans débordement et prenant l’approbation de la bibliothécaire au passage. « J’ai travaillé comme assistante personnelle à Londres, je gérais les plannings, coordonnait les agendas, organisait les réunions, les coups de téléphones … J’avais vraiment beaucoup de choses à faire ! Si bien que, parfois, une journée n’était pas suffisante pour tout faire et j’enchainais comme ça, tous les jours … » Je réponds, la voix nostalgique en me remémorant ces souvenirs de vie passée. Je dois l’avouer, mon job me manque ! Mais c’est bien la seule chose qui m’intéresse à faire là-bas. Rien. Que. Ça. Je le jure. « J’espère pouvoir retrouver dans ce milieu … Même si Tree Hill est bien plus calme et que je ne risque pas de partir en voyage d’affaires chaque semaine par ici ! » De toute manière, je ne veux plus de ce genre de vie non plus. Partir toutes les semaines devenait assez lourd, une charge de travail encore plus importante et je finissais le dimanche sur les rotules, quand je terminais le dimanche, pour enchainer une nouvelle semaine. Et ainsi de suite. Je tolérais tout ça car les voyages étaient la solution pour me retrouver avec Wes … Saloperie de Wes.

« Oh, je pourrais te faire visiter la ville si tu veux ! Je suis partie quelques années mais elle reste fidèle à elle-même, il n’y a pas eu de grands changements. » Je me propose aussitôt, me souvenant de cette époque où j’appréciais beaucoup de jouer les guides pour les nouvelles recrues à l’école, les prendre sous mon aile et les protéger des sales pestes que l’on peut retrouver dans n’importe quels couloirs en grandissant. Chaque endroit fourni ses propres pestes et chaque année s’en voit arrivée de nouvelles … Un bonheur pour certains et un malheur pour d’autre ! « Qu’est-ce que tu aimes dans l’océan ? Car je ne vois pas grand-chose à part les poissons qui risque de te manger les orteils dès que tu poses le pied dans l’eau … » Je questionne, réellement intéressée par sa réponse. De mon point de vue, c’est une grande masse d’eau, avec des profondeurs hallucinantes et des bestioles capables de t’arracher la jambe ou le bras. Pour rien au monde je n’aurais envie de mettre un pied dans des eaux troubles ou aller nager en plein océan comme certains le font.
« Pourquoi pas ? » Je réponds en haussant les épaules, j’ai vraiment besoin de faire autre chose. « Si tu veux, je regarde un peu, et si ça m’ennuie de trop, j’attrape un livre en attendant que tu termines et je te fais une visite rapide de la ville ? » Je propose avec plaisir.

@darcy march

Je vais me suicider avec des yaourts périmés

Si le domaine de Darcy c'est l'océanographie et encore les études, pour encore au moins une année, avant de laisser place à des recherches, le domaine de Bianca est complètement différent. Elle était assistante personnelle. A Londres. Une belle ville où travailler et vivre, bien qu'elle semblait avoir beaucoup de boulot, vu ce qu'elle raconte. Mais un travail qui lui plaisait visiblement.

- Ca avait l'air intense. Mais j'espère pour toi que tu vas pouvoir retrouver dans ce milieu également. Et puis, s'il n'y a pas ce genre de poste à Tree Hill, peut être à Wilmington ? Ce n'est pas si loin et c'est plus grand comme ville.

Elle n'est pas depuis très longtemps dans le coin Darcy, mais elle a vite compris que ce qu'elle ne pouvait pas trouver à Tree Hill, elle peut le trouver à Wilmington. C'est ce qu'on lui a dit en tout cas.

- Avec plaisir ! Je n'ai vu que les artères principales je pense.

Répond dans un murmure quelques secondes plus tard la March, quand la brune face à elle se propose de lui faire visiter la ville. Oui, avec grand plaisir. Surtout que la jeune femme lui est des plus agréable, alors pourquoi pas ne pas continuer en dehors de ces murs, quand elle aura fini son travail. Surtout qu'elles éviteraient ainsi les regards noirs de courroux de la bibliothécaire, parce qu'elles parlent. Même si elles murmurent doucement.

La question de Bianca sur l'océan donne un petit sourire amusé à Darcy. On lui la pose souvent. Qu'est-ce qu'elle aime dans l'océan ? Tellement de choses.

- Ne t'en fais pas, tu as moins de chance d'être mangé par un poisson que par n'importe quel autre prédateur terrestre.

Souffle-t-elle en souriant toujours, avant de reprendre.

- Je ne saurai dire exactement ce que j'aime tant il y a de choses à aimer. Que ce soit les différentes couleurs de l'eau autour du monde, au monde marin qui vit sous l'eau et dont nous en apprenons un peu plus chaque jour.

La passion s'entend dans la voix de la jeune femme tandis qu'elle répond à la question de Bianca. Et son regard... il se fait rêveur quelques instants, tandis qu'elle repense aux plongées qu'elle a pu accomplir au fil des années, à ce qu'elle a vu sous l'eau.

- Depuis que j'ai découvert l'océan à Hawaï, je n'ai jamais réussi à m'en éloigner, si bien qu'aujourd'hui j'ai décidé d'en faire mon métier. C'est une passion, ça ne s'explique pas vraiment.

Et en même temps, elle comprend Darcy, que Bianca ne porte pas le même amour pour l'océan qu'elle. Ils sont nombreux à se méfier de ce bleu profond et dont on ne voit pas le fond. La peur de l'inconnu. La peur des profondeurs. La peur d'un monde qui n'est pas fait pour l'homme.

- Mais je comprends que les autres ne partagent pas le même amour que moi pour la mer. Ce grand bleu peut faire peur, notamment parce qu'il nous est inconnu, et immense.

Après tout, on ne connait vraiment moins cinquante pour cent des océans. Un monde bien vaste et profond, auquel elle s'intéresse de près, notamment à l'impact des microplastiques sur le monde marin pour sa thèse. Pas sûre que ça plaise à Bianca que de lire un travail scientifique là-dessus, mais celle-ci persiste et signe, ce qui fait doucement sourire la March.

- En effet, pourquoi pas.

Dit-elle en secouant doucement la tête, avant de tendre la main en entendant la proposition qui suit.

- Deal ! Je te file le début, que j'ai déjà imprimé pour me relire et corriger certaines choses, et puis tu avises. Et quand j'ai terminé, on sort en ville. On ira boire une petite boisson et on discutera plus facilement qu'ici.

Tout en disant cela, elle jette un regard en direction de la bibliothécaire pointilleuse, qui les observe du coin de l'oeil, tout en travaillant de son côté.

- Je crois qu'elle ne va pas nous lâcher.

feat @Bianca Flores