Darcy & Malcolm

une énigme dont ton nom est le mot

Deux semaines. Deux semaines que je me rendais régulièrement à la bibliothèque. J’avais essayé tous les horaires. Le matin, pendant la pause déjeuner, l’après-midi, et même le soir à l’heure qui précédait la fermeture. Mais non, elle n’était pas là. Jamais. Peut-être que ce n’était qu’une fois dans l’année qu’elle se rendait ici, ce qui expliquait la pile de livres qu’elle avait pris. Comme un écureuil avant l’hibernation, elle avait fait ses réserves pour des mois et des mois. Alors à quoi bon ? Peut-être que je ne la reverrais plus. Ou alors, elle avait été une hallucination de ma part. Après tout, elle ressemblait étrangement à Helen, alors peut-être que je l’avais tout bonnement imaginée, d’où la ressemblance. Helen me manquait tellement. Chaque jour, chaque heure,  chaque minute, je pensais à elle. A son absence. Je regardais dans le vide en quête d’une réponse. Au pourquoi fallait-il que ça tombe sur elle ? Pourquoi c’était venu si brutalement ? Pourquoi avait-il suffit de quelques semaines seulement pour qu’elle ne soit plus ? Comment peut-on se rendre compte si tardivement de la gravité d’un cancer ? Les signes avant-coureurs n’avaient a priori pas remarqués, ou alors elle les avait superbement bien cachés, ou alors elle n’avait pas souhaité m’en faire part en pensant que ce n’était rien et que ça allait passer. Je détestais mes jours de repos depuis. « Prends du temps pour toi. » qu’on arrêtait pas de me dire. « Tu devrais rester chez toi quelques jours encore. » qu’ils affirmaient sans rien savoir. Alors que chez moi, je tournais en rond. Je pensais constamment à elle. Je la voyais partout. Je l’imaginais partout. Dans la cuisine en se préparant un thé. Dans la chambre en train de lire un livre le soir. Dans la salle de bain en se préparant le matin. Dans le salon, affalée sur le canapé devant la télévision. Je la voyais partout, alors qu’elle n’était nulle part. Elle me manquait. Beaucoup.

J’y retournais, je retentais. Si je ne pouvais plus parler à Helen, je pouvais peut-être parler à son sosie. Était-ce déplacé de penser ainsi ? Je culpabilisais presque, ce n’était pas bien. Et même si elle lui ressemblait physiquement, elle était complètement différente. Cette fille… Elle m’obsédait autant qu’Helen avait pu m’obséder à l’époque où elle travaillait dans ce café. J’entrais dans la bibliothèque, zieutant dans toutes les allées de livres une présence de celle que j’espérais retrouver. Je passais autour de toutes les tables pour voir si elle n’était pas déjà installée à l’une d’elles. Je ne pouvais décemment pas demandé à la dame qui gérait la bibliothèque si elle l’avait vu, en donnant une description bancale, et en espérant qu’elle la reconnaisse dans mes propos et qu’elle me renseigne sur elle. Ce n’était évidemment impossible que ce soit si simple. Alors j’errais dans les allées, je repassais dans les couloirs remplis de livres, peu importe le thème abordé, au cas où j’avais mal vu. Romans policiers, bandes dessinées, lecture enfantine, droit et économie… Tout y était passé. Je m’arrêtais dans mon rayon favori, celui pour lequel je me déplaçais généralement, les livres de cuisine. Je m’inspirais souvent de ce que je voyais dans les bouquins de cuisine. Je n’étais pas un grand lecteur, mais j’aimais me plonger dans quelques revues de temps à autres. Ne serait-ce que pour voir les magasines sur la gastronomie et ce qui y était reporté dedans. Les prix obtenus par divers chefs, les nouvelles technologies qui aidaient en cuisine, les nouvelles méthodes créées pour optimiser le travail dans un restaurant… Enfin, de la veille informationnelle pour résumer.

« Quelle perte de temps… » soufflais-je dans le rayon, soupirant, dépité. Ça ne servait à rien que je reste ici. Quelle était la probabilité que je la retrouve là ? Elle ne devait pas se déplacer toutes les semaines ici, qu’est-ce que j’espérais ? Alors que je quittais l’allée dans laquelle j’étais pour me diriger vers la sortie, je l’apercevais au loin. Elle se diriger dans ma direction. D’un geste ridicule, je me reculais soudainement pour retourner dans l’allée dans laquelle j’étais afin de me cacher. « Mais qu’est-ce que je fous ? » me demandais-je à moi-même, m’auto-surprenant dans mon comportement. Stupide. J’avais paniqué en la voyant. Alors que j’étais venu spécialement pour la voir, elle, je me cachais quand je la voyais. Purée, j’avais l’air idiot. J’attrapais alors le premier livre venu pour ne pas paraître suspect et me dirigeais vers la première table à portée d’un pas déterminé. Vraiment déterminé. Déterminé au point de ne pas regarder de chaque côté avant de sortie de mon allée pour percuter la personne qui arrivait de la gauche. « Oh merde ! » beuglais-je immédiatement en m’affolant à récupérer les livres tombés au sol, sans faire attention aux regards sur moi et le chut de la bibliothécaire pas loin. « Je suis vraiment… désolé… » ajoutais-je presque silencieusement en voyant à qui j’avais renversé les livres. C’était elle.

© Ludi.

@darcy march

Une énigme dont ton nom est le mot

Sourire aux lèvres, musique à fond dans les oreilles, lèvres qui chantonne les paroles qu'elle connait par coeur, Darcy marche d'un pas léger à travers les rues de Tree Hill. Elle a enfin trouvé un appartement où se loger. Un petit truc en centre ville, meublé, pas très cher, mais avec deux chambres. Enfin, si on peut considérer la troisième pièce comme une chambre vue sa taille. Mais avec le petit canapé-lit, ça serait parfait pour recevoir sa petite soeur bientôt. Elle veut absolument venir passer quelques jours avec Darcy, et n'arrête pas de tanner sa grande soeur avec ça. Et vu l'état de leur mère, la March ne peut pas en vouloir à sa petite soeur de vouloir venir vivre avec elle, vu que la brune s'occupe d'elle depuis toujours. C'est juste que c'est plus compliqué que ne le pense Eowyn, du haut de ses bientôt cinq ans. Qu'elle va fêter trois jour avant l'anniversaire de Darcy. Elle va lui organiser un voyage à Tree Hill pour ce moment-là. Il faut juste qu'elle arrive à coordonner tout ça avec sa grand-mère, et sa mère, enfin, si cette dernière est capable de tenir une conversation aussi sérieuse. Une autre histoire. Mais pour l'instant, la jeune femme ne pense qu'au positif: à ce nouvel appartement.

Et c'est toujours avec un grand sourire sur les lèvres que Darcy pénètre dans la bibliothèque. Certainement le lieu qu'elle connaît le mieux en ville, vu le temps qu'elle y passe. Bien que ces derniers jours, elle est moins venue, plus occupée que prévue au laboratoire de l'université pour son doctorat et où elle travaille aussi.
Comme à son habitude, la jeune femme fonce en direction de son coin habituel pour poser ses affaires sur une chaise libre. Une sale en grande partie vide, donc elle peut avoir sa place habituelle. Puis, elle rejoint les allées de la bibliothèque, à la recherche des livres qui lui seront utiles pour continuer ses recherches. Elle en saisit un, puis deux, puis trois. Pour terminer finalement avec cinq, qu'elle cale entre ces bras avant de faire un demi-tour, à moitié dansé en raison de son fond musical, ses écouteurs toujours dans ses oreilles. Un demi-tour suivit moins de trois pas plus tard par une collision inattendue.

- Mince !

Souffle la March, alors que les livres chutent au sol, lui échappant littéralement des mains. Elle arrive juste à rattraper le dernier au vol.

- Chuuuuuuuuuuuuuuuuut !

L'interjection provient de la vieille bibliothécaire, pas toujours commode et toujours là visiblement. Comme s'ils ont fait exprès de se rentrer dedans avec le jeune homme. A qui, Darcy porte d'ailleurs enfin un regard. Un jeune homme qu'elle reconnaît comme étant celui avec qui elle a échangé quelques paroles, ici même, il y a plusieurs jours maintenant, et qui s'excuse à voix rès basse.

- Ce n'est pas grave, ne vous en faites pas.

Murmure presque aussi silencieusement Darcy en souriant doucement, tout en récupérant un livre au sol, tandis que le brun récupère les autres.

- Tout va bien ? Vous ne vous êtes pas fait mal au moins ?

La question lui échappe tandis qu'ils se redressent, toujours au milieu des allées, et qu'elle récupère ses livres, qu'il lui tend.

feat  @Malcolm Barrows    

Darcy & Malcolm

une énigme dont ton nom est le mot

SSi quelqu’un savait que j’étais venu ici une dizaine de fois en deux semaines, on pourrait me dire que je suis obsessionnel avec cette fille. Le problème étant que je l’étais. Elle arrivait à hanter mes pensées, m’esquivant au passage de penser constamment au décès d’Helen. Elle lui ressemblait tellement. Elle avait cette même aura, ainsi que les mêmes yeux. Je jurerais que c’était un signe que je la rencontre juste après qu’Helen nous quitte, j’en étais fermement convaincu. Et c’est pour cela que je l’avais autant recherchée.

Un boulet. Je suis un boulet fini. A cet instant, j’avais envie de disparaitre. Je l’avais cherchée dans toute la bibliothèque, dans l’espoir qu’elle serait présente aujourd’hui, et je lui fonçais dessus. Ce genre de choses n’arrivaient qu’à moi ? J’étais honteux et m’empressais de ramasser ce qu’elle avait pu faire tomber. Quel débile… me répétais-je à moi-même. « Je ne voulais vraiment pas… » En même temps, qui voudrait foncer de la sorte dans une personne, abruti. La bibliothécaire, certainement pas, en tout cas. Elle s’époumonait en soufflant un gros chut qui résonnait dans toute la pièce. Et bon sang qu’elle était grande la pièce ! « Non non, rien. Mais vous, vous n’êtes pas blessée ? » la questionnais-je en retour, comme si y avait eu un grand carambolage bien trop dangereux. Que risquait-elle après cette percussion ? Une arcade tailladée ? Du calme. Il y avait juste quatre livres par terre, pas un choc cérébral. Je me relevais après lui avoir fait la passe de chaque livre étalé sur le sol, jusqu’à garder le dernier. « Livre intéressant. » annonçais-je sans même comprendre le titre de celui-ci. Je relevais les yeux vers elle. Elle avait vraiment les mêmes yeux. « On s’est déjà rencontré, non ? » Non, sans dec ? J’étais vraiment un escroc là. Je feintais une surprise de ma part alors que je l’avais éternellement cherchée depuis des jours et des jours. En même temps, que pouvais-je faire ? Lui dire que ça faisait plaisir de la revoir ? On ne se connaissait même pas. On avait brièvement échangé sur la pile de livres qu’elle avait la dernière fois, rien de plus. « Toujours avec plein de livres, à ce que je vois. Il me serait impossible de lire tout ça. » J’essayais de la retenir, qu’elle ne fuit pas immédiatement et retourne vers ses activités. Je ne savais pas si je m’y prenais correctement, mais soit. Cinq livres, j’en lisais même pas la moitié en trois ans. J’étais plutôt livres avec images à ce stade. A la rigueur, je pouvais finir quelques mangas, ou des bandes dessinées. Mais les gros romans ou les livres avec des titres rocambolesques comme celui que j’avais encore dans ma main, jamais.

« Au fait, je crois qu’on ne s’était pas présenté la dernière fois. » Pas que j’avais souhaité la trouver sur les réseaux sociaux afin de la stalké impunément, mais j'avais tenté en vain, car je ne connaissais pas grand-chose d’elle, comme son nom, par exemple. Etait-ce bizarre de demander son prénom aussi vite, de cette façon ? « Moi c’est Malcolm. » me présentais-je alors, en espérant que cette information l’intéresse réellement. Je me demandais toutefois comment je pouvais apprendre à la connaître sans paraître étrange. Car je semblais cruellement bizarre actuellement, je le sentais. Je ne me serais pas fait confiance si j’étais une jeune femme. Elle devait se dire que j’allais être lourd, tentant d’obtenir son numéro de téléphone coûte que coûte pour lui lâcher la grappe ensuite. Je n’étais pas comme ça, je ne l’ai jamais été. « Oh, tu veux peut-être récupérer le dernier livre, désolé. » tiltais-je en lui tendant enfin le dernier bouquin, la tutoyant comme si c’est bon, maintenant que les présentations étaient faites on pouvait se permettre. A partir de ce moment, elle pouvait partir comme elle le souhaitait, me souhaiter la bonne journée et fuir, je n’avais plus aucun livre en otage.

© Ludi.

@darcy march