La bleue ou la verte ? Et puis, longue manche sans veste ou manche courte avec une veste ? Et pour les chaussures ? Les bottines ou mes baskets ? Parce que j’adore mes petites bottines en cuir brune mais est-ce compatible avec ma blouse bleue ? Non, non, mes baskets noires à paillettes feront un meilleur effet. Ou pas ? Bordel je ne vais pas à un rencard, merde ! De rage, je relance les vêtements que je tenais devant le miroir sur mon lit, soupirant en me laissant tomber assise sur le sol, face à mon miroir. J’ai l’air d’une folle. Mais depuis quand n’ai-je pas l’air d’une cinglée ? Pourquoi est-ce que je me prends autant la tête pour revoir mon frère ? Pourquoi est-ce que je cache, encore, quelque chose à mes parents ? Pourquoi est-ce que je mens toujours à ma mère ? « Connerie de vie d’adulte … » Je marmonne en me passant les mains dans les cheveux, les ramenant simplement en arrière pour dégager mon visage. Je ne me suis pas maquillée, pourquoi faire ? Je n’ai pas envie de me sentir belle, j’ai fait des conneries, je ne mérite pas de me mettre en valeur. Je grimace en regardant mes baskets, je les adorais à Londres, je faisais des kilomètres avec ces petites choses aux pieds, comme parcourir les rues avec mon café tout droit sorti du Starbucks pour filer au bureau, les premières lueurs du soleil s’élevant lentement dans une ville qui ne dort presque pas …
Passé. Je dois mettre tout cela dans mon passé. Je dois me faire force pour me retirer ce genre de souvenirs de ma tête, les effacer complètement afin de n’en avoir plus aucune trace dans la mémoire. Si seulement …

Quelques jours après l’interrogatoire en force de Toni, je me sens complètement vidée. Je n’ai plus de mensonges à servir sur un plateau, plus de petits détails pour rendre mes histoires crédibles. Je n’ai plus envie de parler de cette vie d’avant mon retour, parsemée de faux semblants, de diversions, de manipulations et surtout de cette histoire d’amour qui n’en était pas une.
Il n’empêche que je savais très bien que Toni parlerait de mon retour à Mateo et que mon grand frère n’allait pas louper une occasion de me voir. Ce dernier m’a donné un rendez-vous au Karen’s café, et me voilà ici, devant mon miroir, à galérer en me demandant comment je vais m’habiller pour ne pas paraitre trop coupable aux yeux de mon frère. Comme si j’étais une gamine de 6 ans prise en flagrant délit de bêtise et qui allait se présenter devant ses parents pour dénoncer ses crimes. Je me sens bête de ne pas l’avoir prévenu tout de suite de mon retour. Mais nous avons si bien coupé les ponts depuis toutes ces années que je ne comprends même pas cet éloignement, cette cassure même, entre lui et mes parents. Nous étions pourtant unis, la famille Flores était ensemble, toujours. Dans les bons comme les mauvais moments, nous étions présents pour les autres. Ou peut-être est-ce mon regard de petite dernière de la famille qui me fausse cet aspect si solide de ma famille ? Je nous pensais indestructible, que ces trucs qui séparaient les autres ne pouvait pas nous arriver. Finalement, je me suis trompée.

Finalement, je sors un vieux jeans troué aux genoux, mes baskets favorites qui reflète légèrement leurs paillettes et un pull bien épais en maille. Je ne sais pas pourquoi je me prends autant la tête, peut-être que mon frère serait finalement heureux de me revoir ici et surtout pour de bon ? Moi qui ne devais partir que pour une année seulement … Lui ai-je fait de la peine ? Leur ai-je fait de la peine ? Personne n’en a jamais dit un mot, pourtant mes parents sont heureux de me retrouver à la maison. Tout le long du trajet jusqu’au café, je stress, une boule dans la gorge. J’ignore pourquoi je suis si nerveuse à l’idée de retrouver mon frère, peut-être le poids des secrets que j’accumule ? Quoi qu’il en soit, il n’est pas encore arrivé lorsque j’entre, alors je prends place à une table un peu éloignée et croise les bras sur la table en me pinçant les lèvres, c’est toujours mieux que la vilaine manie de me ronger les ongles.

@Mateo Flores  

Il n’en revenait pas Matéo. Cela faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas eu l’occasion de voir sa petite sœur, il ne se souvenait même pas de cette dernière fois en question. Elle était partie pendant longtemps, elle avait quitté le pays, elle avait fait sa vie tout comme lui avait fait la sienne. Matéo ne parlait plus à ses parents, en particulier depuis le divorce, sa mère était interdite de lui parler par son père, et le trentenaire avait accepté la situation. Il en allait de même pour ses deux sœurs, mais il soupçonnait tout de même que leur père devait avoir un rapport avec le fait que personne ne lui parle plus désormais. Cependant, il l’avait sans doute un peu cherché, il avait fait des conneries et il devait assumer. Toni semblait lui pardonner progressivement, ou en tous cas elle faisait l’effort d’essayer de sauver leur relation, de retrouver la complicité et l’amour qu’ils partageaient tous les deux.
En tous cas, quand il avait fini par apprendre que sa petite sœur était de retour en ville après aussi longtemps à parcourir le monde et à grandir, il s’était demandé ce qui pouvait bien l’amener là. Toni lui avait dit qu’elle l’avait rencontrée mais elle n’avait rien dit d’autre, jugeant que c’était à lui de discuter avec sa sœur. Il avait donc pris le numéro de téléphone de Bianca et s’était empressé de l’appeler, sans savoir si elle accepterait de le voir ou même simplement de décrocher, mais elle ne devait pas savoir qu’il s’agissait de son numéro.

Matéo était heureux de pouvoir retrouver un lien avec sa famille, il était heureux de savoir que Bianca était de retour à Tree Hill même si ça voulait sûrement dire qu’elle avait des problèmes. Il fallait reconnaitre que sa petite sœur avait toujours rêvé de voir le monde, c’était une baroudeuse et une romantique la gamine, rien qui ne pouvait l’attirer dans une ville comme celle-ci.
Lui n’avait jamais ressenti le besoin de partir, bien qu’il puisse le comprendre. En se levant ce matin, il ne s’était pas posé mille questions, il avait simplement opté pour un jeans et un t-shirt bleu qu’il aimait particulièrement, un cadeau de Toni à dire vrai. Il avait donné rendez-vous à sa petite sœur au Karen’s café, l’endroit où il travaillait momentanément, ou du moins il l’espérait. Il travaillait une heure et demi après sa rencontre avec sa sœur, ça leur donnerait l’occasion et le temps de discuter tranquillement. Le trentenaire avait quitté son domicile et s’était rendu au travail à pied, ça lui permettait de prendre l’air et de remettre de l’ordre dans ses idées. Quand il arriva au café, il reconnut tout de suite sa petite sœur, qui n’avait pas du tout changé.

Salut frangine ! Comment c’est possible que tu sois encore plus jolie que lorsque tu es partie ?

Elle l’était, elle était incroyablement jolie, les années avaient passé, mais elle était toujours aussi mignonne. Pour Matéo, Bianca restait la petite sœur chérie de la famille, celle qu’il aimait plus que tout, celle qui lui ressemblait tellement avant. Et il avait à présent une boule au ventre à l’idée qu’elle le déteste pour le divorce et tout ce qu’elle savait peut-être.

@Bianca Flores

Je me sens bête. A l’instant même où je prends place et que je me rends compte que mon pull trop large et mon jean troué ne font pas vraiment partie d’un camouflage mais plutôt d’un attire l’œil des inconnus. Bref, encore un choix judicieux de ma part, je devrais me le noter quelque part d’arrêter de vouloir passer inaperçue, ça ne lance que le contraire finalement. Je ne vois pas tout de suite mon frère arriver, perdue sur le fil d’actualité de mon téléphone, c’est lorsque sa voix s’annonce que je sursaute, comme prise sur le fait. Non, non je ne regardais pas du tout la dernière photo de bonheur parfait de l’homme de mes rêves et de sa femme. Non, pas du tout. Je coupe rapidement mon téléphone, le posant face contre la table comme s’il allait dévoiler tous mes secrets sur l’écran. Ou pire, s’il me téléphonait alors que je suis avec mon frère ? Non, non il n’appelle presque plus. Il a compris.
Le stress passé, je souris à mon frère. Du moins, un vrai sourire, pas de ceux forcé que je sers à longueur de temps à la maison, devant mes parents, devant Toni, devant toutes ces personnes que je peux croiser et a qui je mens. Vraiment, je suis soulagée de le voir. Cette sorte d’interdiction de parler de lui à la maison m’a tellement surprise qu’elle m’a finalement mise mal à l’aise. Et si quelque chose c’était mal passé pour mon frère ? Et s’il était malade ? En danger ? Mourant ? Pire, déjà mort ?! Maman m’a simplement rassurée sur le fait qu’il était bien vivant et elle m’a même interdit de dire des bêtises pareilles pour le futur. Mais bien que Mateo soit devant moi à présent, je remarque la fatigue qui parsème ses yeux, mais également un soulagement de me revoir, ici et en chair et os certainement. « Je suis tellement contente de te voir ! » je m’exclame en me levant de ma chaise pour aller vers lui et le prendre dans mes bras. Pour peu que je ne sois pas assez attentive, je pourrais presque verser quelques larmes tant mon propre soulagement me permet de relâcher mes nerfs trop à vifs ces derniers temps. « Désolé de ne pas avoir appelé quand je suis rentrée, j’avais honte. » avouais-je la vérité à demi-mot. Hors de question d’expliquer à mon frère qu’un homme marié aimait me promener autour du monde en tant que maitresse. Même au bureau. Le pire étant que, oui, j’aimais beaucoup ça.

Mais je refuse de parler de moi aujourd’hui, j’ai un mystère à dévoiler autour de la situation entre mes parents et mon frère, quelque chose sur lequel je n’arrive pas à mettre le doigt et que je ne comprends pas du tout. Je reprends place à table et on vient prendre notre commande, je demande, comme à Londres, mon latte à la noisette favoris, mes yeux brillants en guise de supplications à la vendeuse qui me dit qu’elle va voir ce qu’elle peut faire avant de prendre la commande de Mateo et tourner les talons. « Je sais que tu dois avoir mille questions sur mon retour mais d’abord toi, et je n’ai aucune envie de tourner autour du pot ! Alors, tu peux m’expliquer à quoi joue les parents ? » Je demande sans pouvoir me retenir plus longtemps. « Tu sais que j’ai même réussi à demander à maman si tu étais mort ? Bon d’accord, j’aurais pu t’appeler mais bref, c’est pas le sujet ! J’ai demandé à maman si tu étais mort et elle m’a crié dessus ! » J’expose à mon frère en faisant des gestes de mes bras, ouvrant de grands yeux pour que Mateo comprenne l’importance de la bêtise supplémentaire que j’ai faite et qu’il a le droit de connaitre. « J’ai cru que j’allais devoir l’amener à l’hôpital, papa ne dit même plus un mot … Qu’est-ce que j’ai raté quand j’étais à Londres ? » Ca fait mal de l’admettre, ça fait mal de prononcer le nom de cette ville, ça fait mal de reconnaitre que j’ai laissé ma famille de côté, ça fait mal de comprendre que mon frère a pu avoir besoin de moi à un moment sans que je puisse répondre présente. J’espère me rattraper, l’aider si je le peux, c’est tout ce qui compte à présent.

@Mateo Flores

Être nerveux de voir sa propre petite sœur, de ne pas savoir ce qu’elle allait penser des choix idiots qu’il avait pu faire. Redouter le moment où elle allait apprendre toute la vérité sur l’incompréhension qui régnait à présent dans sa vie, sur la relation complètement avortée qui existait dorénavant avec ses parents, leurs parents. Matéo redoutait tout ça, il avait l’impression d’avoir déçu toute sa famille, même ceux qui ne lui parlaient plus aujourd’hui. L’impression bizarre que tout le monde lui en voulait alors qu’en réalité, Bianca n’était probablement même pas au courant de ce qu’il s’était passé au cours de la dernière année et demie. Elle avait eu sa propre vie, probablement ses propres ennuis comme tout le monde, et elle avait certainement autre chose à faire que de s’inquiéter de la vie futile de son grand frère. Mais pourtant, aujourd’hui, ils allaient se revoir pour la première fois depuis longtemps, Matéo n’avait pas été convié au dernier repas de Noël en famille et il ne savait même pas si sa cadette était revenue pour l’occasion, quelle excuse avait été trouvée pour expliquer son absence à lui ? Le fait était qu’ils se revoyaient enfin et qu’ils avaient beaucoup de choses à se raconter, ça le stressait comme ça l’emplissait de joie. Ils s’étaient donné rendez-vous sur son lieu de travail, lieu symbolique de sa nouvelle vie, une vie qu’il essayait de reconstruire pour pouvoir y accueillir à nouveau son fils, et potentiellement sa femme, si elle acceptait de leur redonner une chance. Tout semblait montrer que les choses se dirigeaient vers ça, même s’il faudrait beaucoup de temps et de confiance pour que les choses redeviennent comme avant.

Lorsqu’il aperçut sa petite sœur, ses doutes s’évanouirent, et il ne put s’empêcher de la prendre directement dans ses bras, ce qu’elle fit aussi avec un large sourire. Elle lui avait manqué, sa famille lui manquait bien plus qu’il ne voulait bien le reconnaitre en réalité. Une étreinte qu’il fit durer un peu, avant de s’écarter pour la regarder et lui dire :

Je suis content aussi. Tu es tellement belle !

Elle avait toujours été belle Bianca, une beauté sombre mais solaire, mais là c’était vraiment une belle jeune femme à qui la vie ouvrait les bras. Lorsqu’elle lui avoua avoir eu honte de l’appeler, Matéo fronça les sourcils et lui demanda :

Honte de quoi ?

La serveuse passa rapidement, Matéo lui sourit avant de commander à son tour un grand café noir sucré, puis il écouta les paroles de sa sœur, qui n’y allait pas par quatre chemins. Elle voulait savoir ce qu’il s’était passé avec les parents, pourquoi ils ne parlaient plus de lui apparemment, pourquoi leur père était devenu si silencieux et pourquoi leur mère avait explosé lorsqu’elle avait mentionné l’idée qu’il soit mort. Matéo se pinça les lèvres, sachant pertinemment que le moment viendrait où il devrait tout expliquer mais il avait espéré avoir quelques moments de répit. Ce n’était pourtant pas la peine de tourner autour du pot, elle avait bien comprit que quelque chose n’allait pas.

On peut dire que t’es pas là pour jouer… Bon, pour tout te dire, la situation est de ma faute, j’ai fait une énorme connerie et bon… les choses n’ont jamais été faciles avec papa, je n’ai rien arrangé.

La serveuse leur amena leurs boissons et Matéo reprit la parole tout de suite après.

Il y a deux ans, j’ai commencé à jouer au casino, avec des copains. Les choses ont vite dégénéré, j’ai joué de grosses sommes, jusqu’à jouer les économies que nous avions pour rembourser des dettes. Toni l’a appris, on a divorcé, elle a déménagé et moi j’ai vendu la maison pour payer les dernières dettes. J’ai perdu mon boulot et j’ai vécu dans ma voiture pendant un peu plus d’un an, les choses commencent seulement à rentrer dans l’ordre pour moi. Evidemment, papa n’a pas supporté que son fils se casse la gueule comme ça, du coup on ne se parle plus depuis lors.

Un gros résumé de la situation mais qui contenait au final tous les éléments importants.
 

@Bianca Flores

Mon frère n’a pas changé physiquement. Rien ne semble réellement avoir changé depuis que je suis rentrée mais moi, moi je suis complètement différente. Je ne suis plus la petite adolescente en quête d’aventures qui est partie découvrir le monde avec le lycée. Je n’ai pas commencé d’études comme l’aurait souhaité mes parents mais j’ai trouvé du boulot grâce à cette vie quelque peu décalée que j’ai vécue. Alors, lorsque mon frère rebondit sur la honte que j’ai ressentie, je préfère l’attaque à la défense. Je n’ai pas envie d’en parler, je ne suis d’ailleurs pas prête à en discuter avec lui. Le besoin de connaitre ce qu’il s’est passé pour mon frère est plus important que n’importe quoi à présent, parce qu’il est ma famille, mon frère, mon sang. Et que si nos parents refusent de parler de ce qu’il s’est passé entre eux, c’est que c’est assez grave pour que je m’implique. Je dois l’aider, c’est ce qu’une sœur est censée faire. Alors je lui balance mes questions, mes craintes également, sans plus mentionné mon aventure. Alors, lorsqu’il commence ses explications et que son visage de crispe un instant, je comprends que c’est encore plus grave que ce que j’ai pu faire. Mes parents n’ont tout simplement pas conscience que leurs enfants sont un peu cons par moment, voir beaucoup.
La serveuse déposa nos boissons, je saisis la mienne entre mes doigts pour ne pas les tapoter contre la table en attendant la suite du récit de mon frère et, lorsqu’il entame sa mésaventure, je tombe de haut.

J’entends les jeux du casino, ses amis, sa manière d’avoir exagérer au jeu. Je me glace de l’intérieur, je me rends compte que ce n’est pas à présent dont il a besoin de moi, mais c’était avant. Avant que je revienne, avant que je me rende compte que mon nombril n’intéressait plus le mec le plus beau gosse de Londres, mais Matéo avait besoin de moi. J’aurais dû être présente. J’entends la suite, son divorce avec Toni, le déménagement, la vente de leur maison, la perte de son travail, vivre dans sa voiture … Je deviens livide. Comment maman a-t-elle pu laisser faire cela ?! C’est son fils malgré tout ! Peut importe que papa ne soit pas d’accord ! J’ai envie d’hurler, de bondir de ma chaise, de demander pourquoi il ne m’a pas appelée pour avoir un coup de main ! Mais la vérité est que je ne faisais plus vraiment partie de cette famille, parce que j’étais à des kilomètres de là, pendant trop longtemps.

« Tu aurais pu m’appeler, je te jure que je t’aurais aidé … » Je marmonne, les larmes aux yeux, les chassant d’un revers de main. « Je déteste papa ! Tu es son fils, c’est ridicule d’avoir agi de la sorte ! Et maman ?! Maman n’a pas essayé de t’aider ? » Je demande alors, espérant entendre quelque chose de positif dans ce récit. « D’accord tu as fait une bêtise, mais ça peut arriver … Et c’est là qu’on doit être soudé ! » Je me rends compte de ce que je dis au moment où les mots sortent de ma bouche. Je suis une belle hypocrite. Je reste silencieuse un moment, les yeux rivés sur la fumée qui s’échappe de mon café. Je n’étais pas là. Tourne en boucle dans ma tête. Ma mère a peut-être essayé de m’appeler pour me prévenir, mais j’ai certainement raccroché. Si Matéo avait appelé ? Je ne pense pas que j’aurais répondu. Ignorant tous les appels ne concernant pas mon travail ou mon amant, j’étais ridicule.
« Je suis désolée … j’aurais dû être présente et t’aider, je ne savais pas ce qu’il se passait … » Je suis coupable de les avoir tous abandonnés, moi et rien que moi, tout ça pour avoir une idylle stupide avec un homme qui se moque complètement de moi à présent. « Et maintenant, comment tu vas ? De quoi as-tu besoin ? Je t’aiderais, je suis là maintenant. » Et je ne te laisserais plus jamais tombé, j’ai envie de d’ajouter, mais mes yeux doivent exprimer tout le regret que je ressens, et mon frère étant ce qu’il est, je suis certaine qu’il déchiffre mieux ce que mon visage exprime plutôt que les paroles que je n’arriverais pas à prononcer à voix haute.

@Mateo Flores  

Raconter cette histoire, dire les choses aussi vite que possible, essayer de ne louper aucun détail et en même temps, ne pas trop s’y attarder. Matéo avait pris soin de faire ça aussi vite que possible, pour que sa petite sœur comprenne, qu’elle comprenne pourquoi il y avait tellement de tensions avec les parents, pourquoi leur autre sœur ne lui parlait plus non plus, pourquoi il avait été comme effacé de la vie de famille des Flores. Matéo était responsable de tout ça, les erreurs qu’il avait commises étaient très graves, suffisamment pour qu’il ait perdu tout ce qui comptait le plus pour lui. Les liens avec son père avaient toujours été difficiles, mais ils étaient devenus inexistants depuis les deux dernières années, chose que la petite dernière ne pouvait pas savoir car elle était partie vivre sa vie. Il ne lui en voulait pas, c’était peut-être même mieux qu’elle soit restée en-dehors de tout ce drame.
Il se doutait qu’elle tombait de haut, tout ça ne devait pas être facile à entendre, surtout quand on ne s’y attendait pas du tout. La vie de famille de Matéo avait été on ne peut plus compliquée au cours des dernières années, il avait subi de sacrés revers, mais aujourd’hui il était en train de remonter la pente, il se sentait beaucoup plus fort dans sa tête, beaucoup mieux dans sa vie, les choses étaient en train de s’arranger avec Toni, il avait un appartement, ils avaient trouvé un système qui leur convenait à tous les deux pour gérer Gus, et il n’approcherait plus jamais de sa vie un casino. Il ne reverrait probablement plus jamais ses parents, et ça lui brisait le cœur, et il ne faisait pas encore un métier qui lui vendait du rêve, mais il parvenait à remettre des économies en place et ça, c’était positif.

Matéo posa ses mains sur sa tasse, comme s’il voulait se réchauffer les mains alors que la chaleur ambiante était bien assez agréable que pour en avoir besoin maintenant. Il posa le regard sur le visage de sa petite sœur quand il entendit sa réaction. Tellement de choses, tellement de tristesse, de colère, tellement de regrets. Elle ne devait pas en avoir, il était le seul à en avoir ici.

Je sais que tu aurais été là, mais ça n’aurait servi à rien. Tu sais que ça a toujours été compliqué entre papa et moi et maman… Maman elle a fait ce qu’elle avait à faire, elle a soutenu sa famille, quitte à en laisser un membre de côté.

Ca lui brulait la bouche de le dire, mais il n’en voulait pas réellement à sa mère. S’il avait dû se hisser contre ,’importe qui pour soutenir sa femme, il l’aurait fait sans hésiter. Il ne voyait pas la famille comme ça, pour lui une famille devait être soudée, tout comme pour Bianca. Mais il n’en voulait pas à sa mère, si elle revenait vers lui aujourd’hui, il l’accueillerait avec tout l’amour qu’un fils peut avoir pour sa mère. Lorsque Bianca lui demanda comment il allait maintenant et s’il avait besoin de quelque chose, il sourit et posa une main sur sa main.

Je vais mieux. Je travaille ici, c’est pas ce que je faisais avant mais ça me permet de mettre de l’argent de côté. Je loue un chouette appartement, et Toni et moi, on essaie de recoller les morceaux. C’est pas facile tous les jours, la confiance a été rompue, mais je fais de mon mieux. Je l’aime, j’aime mon fils, je veux arranger les choses.

Il lui sourit légèrement avant de prendre une gorgée de sa boisson et de lui demander :

Bon, dis-moi, pour combien de temps tu es par ici ?

Après tout, il ne savait pas si c’était un retour temporaire ou définitif, et sa curiosité était attisée.

@Bianca Flores

La technique du vieux pansement. Vous savez, celui qui colle tellement à la peau qu’on sait très bien qu’il va nous faire un mal de chien lorsqu’on va vouloir le retirer ? Celui qu’il faut arracher d’un coup sec pour que la douleur ne soit vive qu’une seule fois et passer à autre chose après. C’est un peu ce que mon frère vient de faire. Réciter son passé rapidement, comme un vieux poème appris par cœur pour l’école, pour en finir le plus rapidement possible. Mais ça ne m’empêchait pas de tomber de haut, de blêmir face aux épreuves qu’il vient d’endurer et surtout d’apprendre qu’il était seul pour faire face à la tempête … Cela fini par me mettre en colère contre mes parents, contre toute ma famille, contre son ex-femme aussi. Parce que la famille doit être présente, quoi qu’il advienne, et que la promesse du pour toujours même dans les épreuves aurait dû sonner plus fort aux oreilles de la mère de son fils. Mais ce qui me met encore plus en rage, c’est ce que je dis mon frère pour défendre maman. Non, non elle n’a pas d’excuse. Et pourtant Matéo se tient encore droit devant moi, les mains entourant sa tasse de café en cherchant un réconfort. Je grince des dents pour garder mon calme en fixant la surface de ma propre boisson. « Comment peux-tu arriver à trouver des excuses à maman ? Tu fais autant partie de la famille que moi ! Tu aurais dû m’appeler Matéo, même si je n’avais pas été présente, j’aurais pu te proposer un billet pour Londres, me rejoindre le temps que ça se calme que tout revienne un peu près normal … » Je réfléchis à voix haute, essayant de me convaincre que j’aurais répondu à l’appel de mon frère sans ciller, que je l’aurais invité dans mon appartement, que je l’aurais aidé à remonter la pente et que peu importe le temps que cela aurait pris. Peut-être que je serais toujours là-bas, avec lui … Je secoue la tête, chassant les idées stupides qui y surviennent, comme si je serais restée avec cet enfoiré plus longtemps après avoir découvert ses autres relations …

Matéo tente de me rassurer, de me dire qu’il va bien et que, même seul, il est arrivé à reprendre pied. Je me pince les lèvres, fixant toujours ma boisson sans en prendre une gorgée. Je suis fâchée contre son ex aussi, parce que jamais je n’aurais pensé qu’elle le laisserait tomber, peut importe les épreuves qu’ils ont pu endurer. « Elle t’a abandonné, même si tu as envie de recoller les morceaux pour votre fils, ce n’est pas une raison suffisante pour que toi aussi tu lui fasses à nouveau confiance. Imagine qu’elle pense qu’un autre truc que vous allez vivre soit insurmontable et te quitte à nouveau ? Je ne vais pas la laisser faire, cette fois je suis de retour, moi aussi. » J’affirme un peu trop fort, mais également remontée à bloc. Puis, il pose la question. Celle que je redoute … Celle qui me fait perdre pied à mon tour, qui me fait vaciller et qui me fait me tortiller sur ma chaise, mal à l’aise. Je prends quelques gorgées de café, faisant durée le temps avant de lui répondre, n’osant pas le regarder droit dans les yeux. Parce qu’il fait partie de ces personnes qui décèlent trop facilement les mensonges donc mon regard. Je repose la tasse sur la table, les deux mains posées dessus. Finalement, je ne suis pas si différente de mon frère, à être mal à l’aise de la sorte. Sauf que, moi, mon secret doit rester enfouit sous un bon gros tas d’ordures. Parce que j’en suis une.

« Je pense que je vais être de retour pour un bon moment … Voir définitif. J’en ai terminé avec Londres et j’ai besoin de retrouver ma famille, de revenir aux sources. » Parce que ce n’est pas un mensonge finalement, non ? J’ai besoin d’eux pour retrouver celle que je suis. Mes paroles n’étant pas mensongères, je me permets de relever la tête, sinon il aura des doutes sur la véracité de mes propos. « J’ai besoin de me retrouver moi, de redevenir la fille que j’étais avant de partir d’ici. J’ais fais des erreurs là-bas, j’ai été trop absente. » Je ne peux pas lui dire que la boîte à fermer, que j’ai été virée, car il n’est pas dupe, il a vécu avec sa petite sœur et la connait bien. Il sait déceler le vrai du faux et, pour le coup, tout ce que je dis est vrai, tant qu’il n’essaie pas d’en savoir plus sur ma situation.

@Mateo Flores

Matéo, il avait toujours été un garçon doux, gentil, adorable, le genre peut-être un peu naïf comme ça, et c’était sans doute ce qui avait provoqué sa perte. Il avait fait confiance aux mauvaises personnes et il avait été incapable de s’arrêter au moment voulu. Il s’en voulait toujours mais il redevenait peu à peu lui-même, et c’était essentiel pour lui. Il n’avait pas le droit d’en vouloir à sa mère, pas le droit de lui en vouloir de rester auprès de son mari quand il aurait dû faire la même chose avec sa femme. Matéo souffrait beaucoup de ne pas avoir ses parents auprès de lui, il souffrait d’avoir eu la sensation d’affronter toute cette situation tout seul, mais au final il l’avait bien cherché. Il était le seul responsable et maintenant, il devait se battre deux fois plus pour ne pas s’effondrer davantage. Il pouvait évidemment comprendre la réaction de sa petite sœur qui n’avait pas assisté à la totalité de sa descente aux enfers, mais il n’avait aucune intention de blâmer sa mère pour tout cela, même s’il aurait aimé avoir une alliée là-dedans. Quant à Bianca, il n’avait pas à briser sa vie et ses rêves parce que lui avait tout envoyé promener. Non, il était plus intelligent que ça et il comptait bien le prouver. Il n’avait pas rappelé Bianca à l’époque et elle ne devait pas s’imaginer qu’il allait se reposer sur elle maintenant. Il s’était battu, il y parviendrait tout seul.

Ca n’aurait rien changé du tout, il était hors de question que je reste trop loin de mon fils. Maintenant, les choses vont mieux et c’est le principal.

Il n’avait pas envie d’épiloguer trop longuement sur leur mère. Elle avait fait ses choix, des choix qu’il comprenait parfaitement, et il n’y avait pas grand-chose d’autre qu’il puisse en dire. Maintenant il devait avancer, retrouver un travail qui lui plaisait, et retrouver la confiance de son ex-femme. Sauf que sur ce point, Bianca semblait bien plus dure que lui. Matéo savait qu’il avait commis beaucoup d’erreurs, il savait qu’il était le seul à blâmer de l’histoire mais apparemment, sa petite sœur avait une idée totalement différente en tête. Pour elle, il ne devait pas lui refaire confiance non plus car elle était susceptible de repartir à n’importe quel moment. Là, il n’allait pas pouvoir être d’accord avec ça. D’abord parce qu’il savait que leur amour était plus fort que ça et ensuite, parce qu’il savait que Toni avait eu toutes les raisons du monde de s’en aller et de demander le divorce. Il ne lui en voulait pas du tout, à vrai dire il n’avait pas imaginé une autre issue à ses bêtises.

Là tu te trompes sœurette, j’ai une confiance entière en elle tout simplement parce que le premier à avoir brisé cette confiance, c’est moi. Reconstruire mon mariage, c’est la chose que je veux le plus au monde et personne ne viendra interférer là-dedans, même pas toi. J’ai confiance en elle et en moi, j’ai confiance en notre couple.

Il avait été clair et définitif, il ne voulait pas que qui que ce soit n’essaie de faire irruption dans leur couple. Les choses étaient compliquées mais ils avaient décidé de travailler sur leur relation, et ça lui convenait très bien. Matéo sourit légèrement lorsque sa sœur lui avoua qu’elle en avait fini avec Londres. Il était un peu étonné, il fallait bien le reconnaitre, mais ça lui faisait plaisir de savoir qu’il allait pouvoir passer un peu de temps avec sa cadette. Il avala une gorgée de sa boisson avant de reprendre la parole :

Je suis content de pouvoir passer du temps avec toi. Un retour aux sources, ça fait du bien parfois.

Un nouveau sourire, bien qu’il sente que quelque chose n’allait pas chez sa petite sœur. Il l’avait souvent connue souriante et pleine d’enthousiasme, quelque chose clochait aujourd’hui.

Tout le monde fait des erreurs. Tu sais que je suis là pour en parler quand tu seras prête, pas vrai ?

Oui, elle devait le savoir. Il avait aussi compris qu’elle ne semblait pas l’être tout de suite, et il pouvait le comprendre et l’accepter.

@Bianca Flores

Son fils … Je prends conscience que lui proposé de s’éloigner n’aurait rien arrangé, au contraire. S’il était parti loin de son fils, jamais il n’aurait pu se le pardonner. Je le comprends parfaitement. N’étais-je pas en train de m’énerver sur ma propre mère parce qu’elle n’avait pas assez soutenu son propre fils ? Si. Et Matéo a reçu la même éducation que moi, que n’importe quel enfant de la famille Flores. Finalement, il n’y a que moi qui ai fini par bafouer toute l’éducation que j’ai pu recevoir de mes parents en partant si loin sans donner régulièrement de mes nouvelles. Je suis la petite dernière, la pourrie gâtée si j’en crois certains. Soi-disant les derniers enfants sont les plus couvés, je ne sais pas s’il existe une part de vrai dans ce discours, mais plus j’y pense et plus j’y crois. Car je ne pense pas que mes parents auraient laissés passer ce genre de comportement à un autre de leurs enfants. Alors je reporte ma colère sur son ex-femme pour ne pas trop m’attarder sur ma propre situation. Je viens certainement de soulever une des vérités à laquelle je n’étais pas encore arrivée jusqu’à présent, et elle me dérange beaucoup. Mais alors que je m’agace contre mon ex belle-sœur, c’est là que mon frère m’arrête aussitôt dans mon élan. Cette personne n’est pas à diaboliser si je l’écoute, mais je n’en penserais sûrement pas moins. Tant que les preuves ne seront pas faites, je ne veux pas y croire. « Je te souhaite de tout cœur que tout fonctionne, Matéo. » Je lui assure avec un sourire chaleureux. Car il a traversé assez d’horreurs pour le reste de sa vie et que je ne lui souhaite que de vivre du meilleur à présent. « Interférer, moi ? Je suis ta petite sœur, si je veux menacer quelqu’un par crainte qu’il te brise le cœur, je le ferais ! » J’essaie de plaisanter, sans savoir si cela sera bien pris. Peut-être avons-nous beaucoup changé depuis toutes ces années ? Peut-être suis-je devenue trop différente ?
Mais ensuite il souhaite parler de moi, de mon retour, de ce que je vais faire ici. Alors que j’explique que mon retour sera définitif, qu’un retour aux sources était réellement nécessaire afin que je puisse me retrouver, il semble content. Un sourire éclaire son visage et détend de manière imperceptible mes épaules. Sentait-il le tiraillement en moi ? La rage de mon comportement là-bas ? Avait-il seulement conscience de l’état dans lequel j’ai pu me mettre à mon retour ? Je suis si reconnaissante envers mon frère que, lorsqu’il me dit que je pouvais lui parler, mon sourire se casse, quelque chose craque en moi et je sens les larmes se pointer derrière mes yeux. Je bats rapidement des paupières, chassant le plus rapidement possible cet état d’âme.
« J’ai menti à maman. » Est la première chose qui franchi mes lèvres tandis que je tords nerveusement mes doigts, les larmes s’étant enfin éclipsées de ma vue. « Je lui ai donné une raison pour mon retour parce qu’elle ne me lâchait pas, elle sentait que ça n’allait pas … Mais je sais très bien que, le jour où elle apprendra la vérité, elle sera capable de me mettre à la porte. » J’avoue sans trop en dire, parce que ce n’est pas encore le moment des révélations, que je ne suis pas prête à lui parler de Weston, de sa femme, de notre rencontre, de la société où je bossais et de ce que représente Londres pour moi à présent. « Je sais très bien qu’elle et papa ne vont jamais tolérer ce que j’ai fait, on ne nous a pas élevé de cette manière et … J’ai peur. Même toi, je ne sais pas si je t’expliquerais toute l’histoire, un jour. Je me suis complètement perdue là-bas, j’étais devenue une version de moi-même que j’aurais détester quelques années avant … Et ce qui me fait le plus peur maintenant, c’est de ne pas être capable de me retrouver moi-même, de savoir qui je suis en dehors de cette vipère de Londres que j’ai quitté. »

Mes craintes déposées à table, je relève les yeux timidement vers lui. Il est mon frère, ma famille, mon sang. Il me connait certainement mieux que je me connais maintenant et, ce qu’il voit de moi, m’importe tellement à présent.

@Mateo Flores  

Son couple, sa famille, reconstruire tout ce qu’il avait brisé pour de stupides histoires d’argent était dorénavant son objectif numéro un, et il savait qu’il ferait tout pour y parvenir. Il pouvait comprendre comment, de l’extérieur, Toni pouvait passer pour la méchante dans cette histoire, parce que souvent les gens ne voyaient pas ce que Matéo avait fait. On voyait simplement cette femme qui ne l’avait pas soutenu, qui avait quitté la ville avec leur enfant mais lui savait que la réalité était toute autre. Maintenant, lui devait montrer à son ex-femme que leur famille comptait plus que tout pour lui, et ce même s’il devait entendre des rumeurs à propos de Toni et de son comportement. Il ne cessait de la défendre de toutes ses forces, et ce même si parfois ça pouvait sembler ridicule. On dit toujours qu’il ne faut pas faire de la soupe dans de vieilles casseroles, mais cette casserole il l’avait brûlée tout seul.

J’espère aussi, en tous cas je mets toutes les chances de mon côté pour que ça marche.

Il sourit légèrement à sa petite sœur alors que celle-ci lui assurait que peu importe ce qu’il pouvait dire, elle était sa petite sœur et si elle décidait d’interférer, elle le ferait même s’il était contre. Oh, après tout il la connaissait, tout le monde dans son entourage la connaissait et savait que Bianca avait un caractère très explosif, elle ne cachait que difficilement ses sentiments et il ne pourrait rien y faire. Il se contenta donc de sourire et lui répondre :

Oh je sais, je te connais assez bien que pour savoir que ça ne sert à rien de t’en empêcher, tu n’en feras quand même qu’à ta tête.

Matéo prit une longue gorgée de sa boisson chaude, qui lui faisait le plus grand bien. Il se sentait bien dans cet endroit, même s’il aurait préféré que ça ne soit pas le café où il travaille. Il avait l’impression de ne pas être à sa place en tant que client du café et ce même s’il savait qu’il y avait autant sa place que les autres. Toujours ce fichu syndrome de l’imposteur, comme si le fait d’avoir vécu dans sa voiture pendant pratiquement un an faisait de lui un paria de la société. Mais il savait que ce n’était pas le cas, et il ferait tout pour montrer qu’il avait de la valeur et qu’il pouvait redevenir celui qu’il était. Sa petite sœur par contre, semblait cacher un bien drôle de secret. Il ne comprenait pas pourquoi elle n’en disait pas plus sur son retour, mais il ne doutait pas qu’elle finirait par cracher le morceau. Petit à petit, le mur se brisa et elle lui avoua d’abord avoir menti à leur mère. Il plissa les yeux et attendit les explications qui ne tardèrent pas.

D’abord, tu vas te calmer. C’est moi, je suis ton frère, tu ne m’as pas jugé il y a quelques minutes, il est hors de question que je te juge. Parfois, la vie fait qu’on doit prendre des chemins qui ne nous ressemblent pas, mais tu sembles avoir compris que tu n’étais pas sur la bonne voie.

Il posa une main sur celle de sa petite sœur avant de continuer :

Je ne vais pas te forcer à tout me raconter maintenant, mais si tu as peur des parents, tu dois au moins savoir que moi, je suis là pour toi.

Il lui sourit tendrement avant de reprendre une gorgée de sa boisson, attendant la réaction de sa cadette.

@Bianca Flores

Il fera ce qu’il veut et je lui souhaite de retrouver le sourire qu’il a pu perdre durant tout ce temps. Mais je me connais et je suis dans la totale capacité d’intervenir dans cette affaire si cela devient trop dur et le fait à nouveau souffrir. Mon grand frère ne mérite pas cet acharnement du sort et je compte bien être à nouveau présente pour que tout cela cesse à présent. Qu’il me confirme qu’il en avait totalement conscience également me fait sourire à mon tour, je suis si transparente ? Peut-être. J’espère le redevenir, être moi-même et non cette fille qui traine toujours dans l’ombre d’un homme important, celle qui s’est effacée complètement pour vivre en secret, cachée du regard des autres pour une relation sans importance qui ne m’a rien apporté à part des ennuis et des mensonges. Ma famille mérite que je sois présente, que je rattrape le passé, et je vais leur prouver que je suis bien présente et compte rester dans cette ville. Fini les balades en Europe ou ailleurs, Tree Hill n’est pas prêt à me voir repartir vers d’autres aventures. Satisfaite, je prends une gorgée de mon latte à la vanille, au moins n’ai-je pas découvert que des choses négatives à mon propos durant mes années à Londres, le café et plus particulièrement les lattes font désormais partie de mon quotidien, et c’est une chose que je peux garder de mes sales habitudes Londoniennes. C’est d’ailleurs toute une réflexion qui me pousse à parler de mon secret à mon frère, ou du moins une première partie pour commencer. Avouer que j’ai menti à ma mère est une première étape plus que difficile, car c’est certainement un des pires choses que j’ai pu faire depuis mon retour. Elle mérite de connaitre la vérité, mais je ne suis pas certaine qu’elle soit apte à l’entendre. Ou du moins l’entendre sans me mettre dehors. Et une fois que les premiers mots sortent, le reste suit, sans dévoiler le réel problème qui ne cesse de tourner dans ma tête, bien ancré dans le fond de mes pensées, pour qu’il ne se dévoile pas.

Nerveuse, j’ai peur d’entendre ce qu’il va me répondre. Mais lorsqu’il le fait, j’ai l’impression qu’il est à mille lieux de se douter de quoi j’ai été capable et de ce que j’ai pu faire aux gens qui m’entouraient. Loin d’être dans mes habitudes et celle que j’étais avant de quitter Tree Hill. Ce n’est pas un chemin où je me suis frayée un passage, non, j’ai foncé tête baissée dans la gueule du loup et me suis faite manger au fur et à mesure du temps. Malgré la main de Mateo sur la mienne, je ne me sens pas légitime de sa douceur envers moi. « Tu n’as aucune idée du mal que j’ai fais à certaines personnes, sans qu’elles ne le sachent d’ailleurs sinon ce serait un véritable scandale ! Je suis devenue … Une autre fille. » Je termine en fixant la table, le regard perdu, envolée vers mes souvenirs dans les bras de cet homme qui n’aurait pas mérité un gramme de ma considération. J’aurai dû l’ignorer … « Si je n’avais pas rencontré cette personne, je serais rentrée de mon voyage en Europe, j’aurais été présente pour toi, pour toute la famille. Si je ne l’avais jamais vu, je n’aurais pas passé toutes ces années à Londres. » J’enchaine, passant mes yeux de la table à mon frère qui me fait face, toujours dans l’incompréhension. « Ce n’est pas que je n’ai pas envie de le dire, c’est que j’ai honte de tout ce que j’ai fais et de ce que j’étais. » Et ça me brise le cœur. Mais avec des « si » on pourrait refaire le monde. Ce sont mes actions qui vont compter désormais, ce que je ferais pour mes proches. « Tu ne me verrais plus vraiment de la même façon si tu savais tout. Moi-même, je me dégoûte. » Je termine avec un pauvre sourire sur les lèvres, les larmes faisant briller mes yeux sans pour autant glisser le long de mes joues. « Mais je suis là, maintenant ! Et je veux t’aider. Peu importe ce qu’il faut faire ! » Je reprends à mon tour une gorgée de mon café pour me donner du courage. « Mais, s’il te plait, si maman te demande quelque chose … Tu peux juste lui dire que mon patron me harcelait, ou un truc du genre, et que je ne veux plus aucuns contacts avec Londres ? » Je le supplie du regard, espérant qu’il ne s’énerve pas non plus ou demande des explications supplémentaires. « Je t’assure que je vais bien, qu’on ne m’a rien fait du tout et que je suis partie moi-même mais juste … Les raisons ne regardent pas les parents. Je veux juste qu’elle me lâche avec ça … »

@Mateo Flores  

Matéo savait ce que c’était de se comporter comme une personne complètement différente, il savait ce que ça faisait de se comporter comme un con, de ne plus savoir comment faire pour se sortir de ses conneries. Les siennes avaient commencé tout doucement, et puis les événements s’étaient enchainé, les conneries s’étaient accumulées et il ne s’était plus reconnu. Encore aujourd’hui, alors qu’il se retrouvait à travailler dans un restaurant pour remettre de l’argent de côté et payer son appartement, Matéo n’était plus exactement la personne qu’il était avant tout ça. Il n’était plus enseignant alors que c’était son rêve de gamin, mais il savait qu’un jour il parviendrait à retrouver cette carrière qu’il aimait tant, cette famille qu’il aimait de tout son cœur, il y parviendrait.
Matéo n’était pas là pour lui aujourd’hui, il était là pour rattraper le temps perdu avec sa sœur, pour comprendre ce qu’il s’était passé dans sa vie depuis autant de temps, pour voir quelle jeune femme elle était devenue. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il était surpris de ses mots, surpris de ce qu’il était en train d’apprendre sur sa petite sœur. Bianca avait toujours été une jeune femme très forte, très indépendante et sûre d’elle, et là il retrouvait une Bianca moins forte, comme terrassée par quelque chose qu’elle aurait prétendument fait. Il ne voulait pas la braquer, alors il se contentait de l’écouter dans un premier temps et d’essayer de comprendre. Il la laissa parler, exprimer ce qu’elle ressentait, avant d’attraper sa main et de la serrer dans la sienne.

On se perd parfois Bianca, ça ne fait pas de nous des mauvaises personnes dans le fond, on a le droit de faire des erreurs, on est humains. Et si tu t’en veux d’avoir fait souffrir des personnes, ça prouve que tu es une bonne personne au fond.

Il entoura la petite main de sa sœur de sa deuxième main, il lui sourit légèrement et déposa un rapide baiser sur la main de Bianca.

Et tu ne me dégouteras jamais moi. On va s’en sortir.

Il lui sourit avant de prendre une gorgée de son café. Ca lui faisait du bien d’être ici, de prendre une boisson chaude, de ne plus avoir peur d’être vu en public, de ne plus avoir peur que les gens qui le voyaient dormir dans sa voiture soient les mêmes que ceux qui le voyaient travailler dans ce café puis repartir dans sa voiture. C’était tellement difficile pour lui cette période de sa vie, mais il s’en était sorti, et il savait que sa sœur s’en sortirait aussi. Lorsqu’elle lui fit promettre de ne pas en parler avec leur maman et de lui faire croire qu’elle avait été harcelée par son patron et qu’elle ne voulait simplement plus remettre un pied à Londres, il approuva d’un signe de la tête, même si sa réalité était différente.

Je doute sincèrement que maman vienne me poser la moindre question sur toi, ou sur quoi que ce soit, mais si jamais elle venait me parler, ne t’inquiètes pas, je garderai tout ça pour moi et j’inventerai quelque chose.

C’était dur pour lui de se dire que leur maman ne viendrait probablement jamais lui reparler, à cause de ses propres erreurs, mais Matéo devait s’y faire.

Je voudrais tellement pouvoir reparler à maman.

C’était son rêve le plus cher, son envie la plus profonde, son plus grand regret.

@Bianca Flores

Et même si je suis parfaitement incapable de m’exprimer jusqu’au fond de ma pensée, je lui serais éternellement reconnaissante d’avoir été cette oreille attentive qui a pu entendre une partie des mes problèmes. Je me suis perdue, comme il le dit si bien, mais je ne sais pas si cela n’a pas fait de moi une mauvaise personne malgré tout. J’ai menti, trompé, manipulé et même capable d’ajuster l’agenda de Wes afin de passer quelques heures avec lui avant qu’il ne parte rejoindre son domicile et sa femme … Est-ce que je vais réussir à me retirer de la tête que j’ai pu être manipulée moi aussi ? Aucune idée. Trop tôt pour en parler également. Pour le moment, j’ai besoin de calme, de retrouver ma famille et d’essayer de recoller les pots cassés que j’ai laissé derrière moi pendant toutes ces années. Le travail semble titanesque, mais pas irréalisable à mes yeux. Et comme je n’ai plus de boulot, pour le moment du moins, j’espère être capable d’avancer et de redevenir une version de moi un peu plus sympathique et moins démoniaque. Je prétends une certaine version de l’histoire, préférant laisser mon frère dans le doute pour le moment, bien qu’il soit incertain que maman lui adresse à nouveau la parole. Mais comme je suis quelqu’un de tenace et qui ne lâche pas facilement la situation, je m’imagine tout un plan pour qu’ils puissent se parler à nouveau. Ça ne doit pas être si compliqué de les réunir dans une même pièce pour mettre les choses à plat, non ? Je lui souris, reconnaissante, tandis que mon esprit imagine aisément la suite de la conversation, mon frère me confirmant que notre mère ne serait pas capable de lui parler. Je suis certaine d’être capable de monter tout un plan.

Je sais que ce serait une bonne chose lorsque le visage de Mateo s’assombrit, révélant une part de la tristesse qu’il peut ressentir à travers toute cette situation, cette mise à l’écart forcée et complètement stupide. C’est donc à mon tour de lui serrer la main, le regard confiant et prête à soulever des montagnes à présent que je suis de retour. « Je suis certaine qu’elle ne tiendra pas encore longtemps. » Je souris, imaginant mille et une chose pour les réunir, dans le dos de papa, cela va de soi. « Je vais commencer par lui dire ce que je pense de ce qu’ils ont fait ! » Je déclare, les yeux malicieux. « Puis, je ne vais jamais arrêter de faire des commentaires sur toi. Maman me demande de faire la vaisselle ? Je vais lui dire ô combien c’était plus drôle de la faire quand tu étais là. Maman me demande d’aller faire une course ? Je lui dirais que je n’ai pas le temps, mais qu’elle a d’autres enfants pour l’aider à ça. » Je souris de plus en plus, certainement trop confiante de la réussite de cette mission suicide que je compte mener à la maison. « Elle finira par me demander de tes nouvelles. J’en suis certaine ! Il faut juste que je m’arrange pour que papa n’entende rien, à chaque fois, et le tour sera jouer ! » Je continue, persuadée de tenir la résolution de l’affaire du siècle. Peut-être que j’ai réellement fini par péter un plomb en revenant ici et me retrouver du jour au lendemain sans travail ? Quoi qu’il en soit, avoir un objectif en étant chez moi est bien plus séduisant que de passer mes journées devant la télévision. « Je vais trouver un moyen, soit parce qu’elle en aura assez de m’entendre parler de toi, soit parce qu’elle va mourir d’envie de te revoir après tout ce qu’il s’est passé. J’en fais ma mission ! » Je ne sais pas ce qu’il en pense, peut-être qu’il va me trouver folle aussi … mais tant pis. « Sauf si tu n’as pas envie … Mais je trouve ça horrible que notre famille soit brisée à ce point … On était tous ensemble. On doit continuer de cette façon … Moi, en tout cas, je ne t’abandonnerais plus. » C’est certainement la déclaration la plus sincère que je puisse faire pour le moment.

@Mateo Flores  

Matéo ne s’était jamais rendu compte à quel point il avait besoin de sa famille, à quel point sa petite sœur lui avait manqué. Il savait que les choses ne seraient plus jamais comme avant, ou en tous cas pas avant un long moment, mais il avait envie de croire que les choses finiraient par se remettre dans un axe, qu’ils passeraient davantage de temps ensemble et qu’ils finiraient par devenir des alliés l’un pour l’autre. Le brun ne pensait pas que sa relation avec ses parents pourrait s’arranger un jour, il y avait trop de rancœur avec son père. Sa relation avec sa grande sœur, elle pouvait encore évoluer, dans un sens comme dans l’autre, mais il voulait croire que la relation avec Bianca pouvait grandir, devenir plus forte qu’elle ne l’avait jamais été.
Après tout, ils étaient tous les deux adultes maintenant, ils avaient vécu des choses tous les deux, mais ça n’allait pas être facile. Il faudrait du temps. Mais Matéo avait bon espoir, surtout que sa petite sœur était déjà en train de monter tout un plan pour convaincre sa mère qu’elle devait lui parler, sinon lui pardonner. Bianca était en colère de la réaction de leur mère, il le sentait bien, et il ne pouvait pas lui en vouloir après tout. Il y avait des tas de choses que lui-même ne comprenait pas dans le comportement de sa mère, mais elle avait suivi l’avis de son mari, il ne pouvait pas l’en blâmer.

Je vois que tu as déjà des tas d’idées pour la faire changer d’avis. Mais ne la presse pas trop, cette situation dure depuis tellement longtemps, il a dû lui mettre dans la tête que j’étais le fils de Satan.

Et dans une famille chrétienne comme la famille Flores, ça voulait dire beaucoup. Ses parents avaient toujours été à l’église, cela faisait partie de leur routine, ils faisaient ça tous les dimanches. Pour les parents Flores, c’était important d’avoir un comportement irréprochable et c’était pour ça que Matéo était devenu la honte de sa famille. Il l’assumait, il avait fait des conneries, il n’acceptait pas d’avoir eu ce comportement mais c’était trop tard, et il devait vivre avec à présent. En plus de ça, il avait divorcé, il avait définitivement apporté la honte sur toute la famille. Matéo sourit légèrement à sa petite sœur, dont il serrait toujours la main. Il était content qu’elle soit là, auprès de lui, qu’ils puissent passer du temps ensemble. Mine de rien, Matéo se rendait compte que ça lui manquait terriblement d’avoir une personne proche à qui il pouvait se confier. Le trentenaire but une gorgée de sa boisson, pour la terminer, avant de répondre :

Bien sûr que je voudrais retrouver notre famille, ou en tous cas maman. Je pense que je ne retrouverai jamais le respect ou l’amour de papa, je m’y suis résolu. Mais j’ai tellement besoin de maman, et de toi, et de Loara.

Même si les choses étaient compliquées avec elle aussi, Matéo avait envie de se reconstruire un noyau familial.

Tu veux reprendre un truc à boire ? Ou à manger même ?

Il savait que les snacks et petits plats étaient délicieux ici, puisqu’il en avait fait une bonne partie. Il s’occupait plus du service à table, mais il lui arrivait de cuisiner parfois.

@Bianca Flores

Convaincre les gens, je m’en donne parfois la mission. Convaincre ma mère que non, je n’ai absolument pas renversé le paquet de farine sur la table de la cuisine et que non, ce n’est pas du tout moi qui ai tout laissé comme ça, sans nettoyer. Sûrement la faute de mon frère, de ma sœur, de n’importe qui sauf de moi, évidemment ! Malgré tout, les parents possèdent ce sixième sens qui permet de détecter si leurs enfants sont en train de mentir ou non. Malheureusement pour moi, le détecteur de ma mère fonctionnait vraiment bien, donc je ne pouvais pas lui mentir très longtemps et c’est de là que je suis devenue très mauvaise en mensonge. Cacher quelque chose à ma mère ou mon père relève d’un exploit, si bien que je ne sais pas encore comment je fais pour continuer de cette manière. Si bien que je suis convaincue que ma mère va me voir arriver à des kilomètres avec mes idées de renouer le contact entre tous les membres de la famille sans exception, mais ici il n’est pas question de laisser simplement tomber et baisser les bras en attendant que l’orage passe, je compte bien me battre pour que mes parents prennent conscience de l’importance de notre famille. « Satan aura l’air d’un saint lorsque j’en aurais fini avec mes idées pour vous mettre ensemble dans la même pièce ! Tu serais surpris de ce que je suis capable de faire … » Je plaisante, haussant un sourcil d’un air machiavélique pour accentuer le faux air dramatique que je prends. Au vu du caractère de mes parents, je sens que je vais finir à la rue. Mais tant pis. Je sais que la faute que j’ai commise sera vue de la même manière que la faute commise par mon frère, au moins j’ai encore de la famille. « Si je fini par leur avouer ce que j’ai fait, je te jure que je vais moi aussi être mise à la porte ! » Et je le pense vraiment, mais hors de question que mon frère soit au courant.

« Pour papa … ça sera compliqué. Je ne vais pas essayer de te mentir. Le plus facile sera de convaincre maman, mais si j’arrive à franchir cette étape, je pense qu’on peut commencer à trouver un équilibre … » Je réfléchis à voix haute, tentant malgré tout de rassurer mon frère en lui serrant la main par-dessus la table, le regard déterminé comme jamais je n’ai pu l’être. Ou peut-être que ma famille a pu voir ce regard lorsque je suis partie pour mon voyage en Europe. « On a besoin de toi aussi, Matéo, tu es mon grand frère, hors de question qu’on te lâche ! » Et je suis presque sûre que lorsque j’arriverais à voir Loara, elle sera du même avis. Mais encore faut-il que je renoue le contact avec ma grande sœur et j’ai également bien trop peur de son jugement sur ma situation, bien pire encore que mes parents ou mon grand frère.
« Je vais reprendre un café et pour manger … » Je jette un œil rapide autour de moi, ne sachant que prendre. « Tu conseilles quoi ? Ça fait tellement longtemps que je ne suis pas revenue ici ! » Je laisse mon frère choisir pour moi, prenant simplement un nouveau café pour continuer à faire tourner mes méninges correctement. « Alors, dit moi … Quelles sont les grandes nouvelles de la ville ? Je dois avoir raté tellement de choses ces années ! » J’entame en attendant que nos commandes arrivent. « Est-ce que tu as revu Célia ? Tu sais, Célia Copeland … ma meilleure copine … » J’entame, histoire de savoir si mon frère a pu apercevoir mon ancienne meilleure amie qui doit actuellement me détester d’avoir laissé le silence entre nous tout ce temps. « Oh et tu étais ami avec son frère, Asher, non ? » Je continue sur ma lancée, en choisissant soigneusement mes mots pour ne pas trahir mes anciens secrets avec ce garçon.

@mateo flores