Les jours s'étaient transformés en semaines, puis en mois et je m'étais résigné, Bianca n'avait pas besoin de temps, elle ne voulait juste pas de moi. Je n'avais même pas eu un petit message pour Noël ou le Nouvel An et il était vrai que j'aurais pu faire le premier pas, mais ça ne semblait pas être une bonne idée d'aller la déranger. Face à ce rejet douloureux, je m'étais réfugié dans mon boulot et ma famille, car il n'y avait rien de plus important que de me retrouver auprès de ma fille ou de mes parents. Ça pouvait paraître pathétique, mais ce retour aux sources me faisait le plus grand bien.

Long time no see

@Bianca Flores

March 2024

Je travaillais sur moi, ma façon d'être et d'aborder les choses. J'étais nettement plus mature qu'avant et ça me valait de rencontrer de belles personnes. J'avais d'ailleurs eu quelques rendez vous avec des femmes de mon âge, mais aucune d'elles n'avaient réussi à vraiment attirer mon attention. Je ne savais pas y faire non plus, j'étais trop honnête et lorsque le feeling ne passait pas, je me refermais sur moi même et j'arrêtais de partager. Puis il était clair que je n'avais pas encore tourné la page du chapitre Bianca. Elle était toujours ma référence, celle que j'utilisais pour comparer les autres femmes et... Même si ça m'agaçait, je savais que c'était bien fait pour moi. Les erreurs du passé revenaient me mordre l'arrière train - l'erreur étant l'abandon et non pas ma jolie brunette -.

Je devais rencontrer une candidate pour être la nanny d'Elsie, c'était la troisième cette semaine, et aucune d'entre elles n'avaient réussi à me convaincre jusque là. Mais il fallait vraiment que je trouve une solution, car je ne pouvais pas l'emmener tous les jours avec moi au boulot et ma mère avait d'autres choses à faire que de la garder - même si elle s'y prêtait volontiers -. Aujourd'hui, j'avais donc retrouvé une grande blonde élancée devant le Brrrberry Frozen Yogurt où nous devions apprendre à nous connaitre. Elle était arrivée à l'heure et c'était un bon point pour elle, elle était souriante et mis à part les talons aiguilles - vraiment pas pratique avec des enfants en bas âge -, rien ne m'avait sauté aux yeux de manière négative ou positive. Je lui avais tenu la porte avant de la guider grâce à une main dans le creux de son dos et nous étions rentrés ensemble dans la boutique du glacier. J'allais potentiellement être son employeur, alors j'avais payé pour sa glace et nos mains s'étaient frôles lorsqu'elle était venue récupérer la sienne. Fuck, je ne ressentais vraiment plus rien de chez rien au contact des femmes, comme si quelque chose s'était éteint. Mais là n'était pas la question et je lui indiqua une table pour qu'on puisse continuer notre discussion. "Elsie n'est pas difficile à contenter, elle adore jouer et faire des balades au parc." J'essayais d'expliquer notre fonctionnement, même si elle ne posait pas beaucoup de questions, je mettais ça sur le compte de la timidité. Fin, elle était plutôt très tactile pour quelqu'un qui était timide... Je la laissais me toucher la main et nos genoux se frôlaient sous la table. Et l'idiot que j'étais n'étais pas capable de voir l'évidence et continuait de bavarder tranquillement sur le job de nanny. "Oui, si tu finis tard, tu pourras rester dans une chambre à la maison." La blonde fit une remarque déplacée, mais je ne la calcula pas, car une silhouette familière avait attirée mon attention. C'était celle d'une petite brune qui semblait vouloir se cacher derrière une pancarte. Malheureusement pour elle, je l'avais vu. Je m'excusa auprès de Clélia, ou bien Célia, non Camille, je ne savais plus trop, de toute façon elle ne me plaisait pas, et je partis en direction de la miss Flores. "Bianca. Qu'est ce que tu fais là ?" J'avais beau avoir un petit fond de colère dirigé vers elle, la revoir m'apporta un grand sourire sur le visage. C'était plus fort que moi. Notre relation compliquée ne m'empêchait définitivement pas de toujours beaucoup l'apprécier. Trop.

Le silence radio, je sais ce que c’est pour l’avoir pratiqué pendant des années envers mes amis et même ma propre famille. Et depuis la rupture directe et nette que j’ai imposée à Ash, je n’en attendais pas moins de lui, à faire le mort également de son côté. Sans nouvelles, j’ai passé mon Noël avec mes parents, évidemment rien qu’eux, car ils n’ont toujours pas mordu aux hameçons et mes invitations à revoir leur fils. Je suis donc restée avec eux avant de voir mon frère et de passer la nouvelle année de la même manière. Je revois quelques amis, j’ai retrouvé du travail et je débute plutôt bien même si la cadence est bien plus lente que ce à quoi j’ai été habituée. Je repose mes valises dans Tree Hill et je refais ma vie, comme elle aurait dû être avant. Et à présent, avec ce recul dont j’avais réellement besoin, je suis presque capable de faire le point. Non, je n’ai aucune envie d’être avec quelqu’un maintenant, bien qu’Ash me manque terriblement et que je suis un poil triste de ne pas avoir de ses nouvelles durant tout ce temps. Malgré tout, cette relation était trop rapide, pour moi. Je ne suis pas prête à assumer d’être une belle-mère et je ne suis pas prête à accepter quelque chose de sérieux. Weston … est encore présent malgré tout ce que je fais pour le réduire au silence dans ma tête, mais également le bloqué sur chaque réseau dont je suis capable. Parfois, un numéro anglais m’appelle. Je sais que c’est lui, même si les numéros changent, même si le décalage horaire rend ces appels parfois précieux, je refuse de répondre et préfère pleurer en regardant les chiffres s’éteindre sans laisser de message vocal. S’il pense à moi ? Peut-être. Sûrement. Mais je ne lui pardonnerais jamais ce qu’il a fait. Noyée dans un chagrin d’amour qui m’empêche d’ôter les dernières barrières qu’il me reste dans ma vie, je ne suis pas près de me relancer dans une histoire.

Ne plus revoir Asher, dans cette tentative avortée de nous revoir, était une mauvaise idée. J’étais et je suis encore trop influencée par ce que j’ai pu ressentir pour lui avant, adolescente, et surtout ce qu’il a été capable de faire aussi et fuir. Si bien que, lorsque je le croise de loin dans la rue, en compagnie d’une autre femme, mon cœur se serre une nouvelle fois, pris dans un étau glacé qui me comprime de l’intérieur et me fait retenir mon souffle. Malgré la chaleur procurée par mon écharpe et mon bonnet, je me retrouve glacée, serrant mon sac à main contre ma poitrine comme si ma vie en dépendait. Je me maudis intérieurement, jamais je n’aurais dû lui refaire confiance ! Ne serait-ce qu’un soir, c’était déjà de trop … Malgré tout, je reste curieuse, je reste Bianca Flores, je reste maladroite et légèrement naïve et j’essaie de me convaincre que je ne fais pas ça pour moi mais bien pour relater les évènements à ma meilleure amie et lui amener quelques détails croustillants sur son frère. De la sorte, j’aurai une bonne excuse pour demander à Célia si elle sait si son frère voit quelqu’un pour le moment … D’accord, j’avoue la technique d’approche est complètement ridicule mais de le savoir avec quelqu’un alors que moi-même je n’ai absolument pas envie d’être en couple est d’un stupide fou …
Mais je me lance dans la rue, prenant garde à ne pas être repérée du couple, me glissant comme une ombre derrière les poubelles, derrières les voitures, pour les observer dans une sorte de restaurant servant des yaourts glacés, en pleine discussion. Je rentre également, prenant d’abord place dans la file à emporter pour entendre des bribes de discussions entre eux, savoir qui est cette fille … Cela m’obsède. Ce que j’entends resserre l’étau dans ma poitrine, m’envoyant directement un couteau en plein cœur. « Tu pourras rester dans une chambre à la maison » Comme quoi j’avais raison ! Cet idiot d’Asher reste le même que décrive les journaux ! J’ai soudainement la nausée, prétextant au serveur que je ne veux plus rien, que je me suis trompée, me valant un regard interloqué de ce dernier, me prenant certainement pour une dingue. Je suis presque cachée derrière la pancarte de l’enseigne que je suis démasquée. Evidemment, je n’ai jamais été espionne ou détective privée et ne le serait jamais ! Asher me remarque bien trop vite à mon goût et la bile qui me remonte de l’estomac m’empêche d’ouvrir la bouche lorsqu’il arrive à ma hauteur et me demande ce que je fais là. Alors, tout simplement … « Je te regarde avec ta nouvelle conquête. Plutôt sympa d’ailleurs. » Je peste, froidement, mon regard lui lançant des éclairs. « Comme quoi on ne change pas vraiment, finalement. C’était de jolies paroles, l’autre soir. » J’ajoute, lançant les mots comme si s’agissait de venin.

@asher copeland

   

Lorsque j'avais quitté Tree Hill pour aller à l'université en abandonnant Bianca derrière moi, je n'avais pas vraiment pensé aux conséquences de mon choix. C'était bien ça le truc, j'avais choisi consciemment de partir et de ne pas enfermer la jolie brunette dans ma vie. Elle était trop jeune et je n'étais pas prêt à assumer une relation... Je n'avais pas pris en compte les sentiments que l'on pouvait ressentir l'un pour l'autre après des mois à se titiller gentiment. Fin, j'avais développé des sentiments pour elle, je ne pouvais pas affirmer à cent pour cent que c'était réciproque.

Long time no see

@Bianca Flores

March 2024

Mais il y avait eu ce baiser dans ma cuisine et tous nos moments juste à deux où nous avions partagés des morceaux de nos vies en toute honnêteté. J'avais retrouvé l'innocence de l'amour après le passage d'Alba et plutôt que de m'y raccrocher, j'avais complètement flippé. Et à présent, après avoir retrouvé Bianca et m'être fait brutalement repoussé, j'avais l'impression que la vie n'avait plus le même gout. Ou c'était peut être qu'être père m'avait fait gagner en maturité. Je n'en savais rien. J'étais juste beaucoup moins heureux que lorsque j'étais insouciant. Broken heart ou dépression post partum du papa ? Est ce que ça existait la dépression post partum du papa ? Non, probablement pas, je n'avais pas eu de chute d'hormones suite à un accouchement, donc définitivement non. J'étais juste triste et pensif sur cette nouvelle vie que je n'arrivais toujours pas à appréhender. Mais j'arrivais assez bien à le dissimuler, car jusqu'à présent personne n'avait réussi à voir que je n'avais plus mon étincelle. C'était surement le prix à payer pour devenir adulte...

En parlant de mission d'adulte, j'étais à la recherche d'une nanny pour Elsie et je ne trouvais personne. Mes critères de recherche étaient assez stricts et je n'accrochais pas avec les candidates que je voyais en entretien. Il y avait toujours quelques choses qui n'allaient pas - exactement comme les femmes que j'avais emmené en date -. Mon esprit était fermé et mes recherches n'avançaient pas. Je parlais avec cette femme, mais je savais déjà que je ne la rappellerais pas, elle ne dégageait pas la bonne vibe. Puis mon regard avait été attiré par la commotion créé par une femme dans la file d'attente... Bianca ? Je me leva alors que la blonde en face de moi était encore en train de parler et je l'abandonna pour aller voir la petite brunette qui avait réussi à crusher mon cœur sans avoir à faire grand chose. Mais si j'étais arrivé avec un sourire à sa hauteur, elle me le fit perdre immédiatement en étant froide et distante. "Sérieusement ? Encore ce refrain ?" Demandais-je peiné en comprenant qu'elle me prenait encore pour le coureur de jupons que j'avais été par le passé. Je baissais les yeux, fuyant son regard assassin, avant de continuer. "Je cherche juste une nanny pour Elsie." Je n'avais pas à donner de justifications et pourtant je le faisais. Je ne savais pas pourquoi. Bianca m'avait dit qu'elle n'était pas prête à tenter une relation avec moi et même si ça m'avait peiné, j'avais respecté son choix. Je n'avais pas cherché à l'embêter avec mes propres envies, je m'étais tu et j'avais attendu. Longtemps. Et rien n'était venu de sa part. J'étais resté en chien sur le bord de la route sans savoir à quoi m'en tenir. Fin, maintenant je le savais vu la façon dont elle se comportait avec moi. "Même si c'était un date, je n'aurais pas à te donner de justifications. Tu ne veux pas de moi." Le ton utilisé égalait celui de la brunette, nous étions sur la défensive. Je ne voulais pas pour autant que la situation escalade vers quelque chose de plus désagréable que ça ne l'était déjà. Surtout que j'étais plus triste qu'en colère envers elle, alors je fis un pas en arrière en enfonçant mes deux mains dans mes poches. "De toute façon, ce n'est pas comme si j'avais envie de rencontrer quelqu'un en ce moment." Je le releva les yeux vers elle, mes prunelles vertes vers le brun des siennes, et je souris tristement. "Pourquoi je m'imposerais ça ?" Il y avait un monde entre les relations éphémères que je vivais avant et le besoin de plus en plus pesant de me poser que j'avais à présent. J'avais beau essayé de me convaincre que je voulais être plus stable pour Elsie, ce n'était pas vrai. Si je voulais être plus stable et constant, c'était parce que je voulais la seule brunette qui se refusait à moi. Et ça me frustrait, ça me rendait malade de la voir et de ne pas pouvoir l'avoir. Je rageais intérieurement et en même temps, qu'est ce que je pouvais y faire ? J'avais loupé le coche et c'était totalement de ma faute. Il n'y avait plus rien à faire. "Le célibat c'est bien aussi." Nop, c'était nul. Je crevais d'envie de passer une soirée dans les bras de quelqu'un, de régresser à l'état de larve qui reçoit des papouilles. Je comprenais mieux les femmes qui voulaient être femmes autant que mère. Je voulais être homme et père, pour l'instant je n'étais qu'un des deux.

Enervée ? Agacée ? Déprimée ? Je pense que c’est un tumulte de ces émotions qui se déversent par vagues dans ma tête et m’empêche de réfléchir de manière cohérente. Voir Asher, les yeux rivés sur une femme qui serait capable de retourner toutes les têtes sur son passage, me révolte. De voir cette femme si tactile, si proche, le sourire qu’elle affichait et les mots qui ont été prononcés … C’est de trop pour mon cœur encore fragile, les morceaux se collent si lentement aux autres pour me ramener sur le chemin d’un rétablissement serein. Je n’aurais pas dû m’impliquer si vite avec lui, ni même envisager quelque chose de sérieux trop vite, je n’en étais pas capable mais simplement il m’était impossible de le formuler à l’instant où ses yeux se sont posés sur moi comme s’il me revoyait pour la première fois depuis notre baiser. C’est l’effet Asher … Je me consume à l’instant même où ses yeux se posent sur ma silhouette. C’est ce genre de choses que je devrais lui dire et non les reproches que je lui fais si violemment. Mais c’est plus fort que moi, plus fort que tout ce que je peux ressentir de positif envers lui : je suis jalouse de cette femme avec qui il était en grande conversation. La vérité, c’est que j’aurai aimé être capable d’être cette femme en face de lui, capable d’entretenir une relation stable et durable et d’assumer tous les rôles qu’impliquent devenir la petite amie d’Asher. Et c’est d’ailleurs ce qu’il me confirme : il cherche une nounou pour sa petite fille. Chose bien normale que de chercher de l’aide et de retrouver une vie un peu plus normale pour lui en se libérant du temps pour s’organiser. Mais je n’aurais pas été capable d’être l’une de ces personnes pouvant garder cette petite fille la journée, ou même quelques heures. Je dois l’avouer, les enfants si jeunes m’effraient réellement et je n’ai pas envie d’avoir ce rôle, pas maintenant. Mais à nouveau, au lieu de lui confier mes craintes, j’attaque encore : « Ça n’empêche visiblement pas cette fille de croire que tu l’auditionnes pour des activités en plus ! » Je siffle, froide, distante, tellement blessée sans lui avouer.

Asher a pourtant raison : il ne me doit aucunes explications sur ses agissements. Que je le croise par hasard en ville ne devrait pas non plus m’étonnée, on est condamné à se revoir par moments, la ville n’est pas si grande finalement et on devra se côtoyer à certains moments de nos vies. Ne serait-ce que lorsque je verrais ma meilleure amie lors de ces anniversaires, la famille sera également présente, et donc son frère aussi. « Je t’ai simplement dit que je n’étais pas prête à m’engager maintenant, Ash, je ne suis pas prête à revoir quelqu’un. » Je me justifie à mon tour pour ne pas rester bête et le laisser « gagner » un combat que je sais avoir perdu d’avance. Parce qu’il a raison, vraiment, mais cette fois mon égo à moi ne me permet pas de perdre la face devant lui. « Tu fais ce que tu veux, tu vois qui tu veux, ça ne me regarde pas, tu as totalement raison ! »
Et je ne m’attends pas à la suite de ses mots, à ce qu’ils me coupent le souffle de cette manière, à ce qu’ils broient si fort mon cœur. J’ouvre la bouche pour répondre, choquée, déboussolée, je reste aussi silencieuse que lorsque j’ai surpris Weston avec une autre fille. Je reste une petite fille stupide qui croit encore qu’il est possible d’entretenir une relation positive et amicale lorsque l’amour n’est pas présent, ou absent pour le moment. Je porte la main à mon cœur, acceptant qu’il gagne cette partie, mon visage se fermant complètement à présent, accusant sa dernière phrase comme une nouvelle blessure de guerre. Mon cœur n’est plus à une cicatrice près à présent, alors je me tais un instant, la main posée contre ma poitrine comme si cela allait empêcher l’organe qui s’y trouve de tomber complètement aux pieds d’Asher. « Bien. J’ai compris. » Je murmure, essoufflée comme si je venais de courir un marathon. « Il faut pourtant qu’on arrive à cohabiter dans cette ville, on risque de se croiser souvent. » J’ajoute, relevant les yeux pour les plonger dans les siens. Ces si beaux yeux … « Je voulais du temps, mais, visiblement, tu n’es pas prêt à m’en laisser. Autant établir des règles pour que tout se passe bien si on vient à se croiser à nouveau. »

@asher copeland

   

Pour une fois que j'essayais d'être correct avec la gente féminine, que je ne descendais pas mon pantalon dès qu'on me le suggérait, je me faisais reprendre parce que je partageais une glace avec une potentielle nanny. Que je n'allais même pas engager en plus ! J'étais désemparé et je ne savais même pas comment répondre aux accusations de Bianca. Elle semblait si certaine qu'il se passait quelque chose entre la Blondie et moi... J'avais beau lui affirmer que non, elle ne me croyait pas. "Tu te fais des idées." Grognais-je mal à l'aise. Je ne savais pas ce qu'elle avait entendu ou vu pour penser ça,

Long time no see

@Bianca Flores

March 2024

mais je n'avais pas eu l'impression de faire quoi que se soit de déplacé. Est ce que j'étais naïf à ce point là ? Probablement que j'avais la stupidité en moi pour ne pas me rendre compte qu'il se passait quelque chose. Je devais forcément avoir fait quelque chose de mal, sinon pourquoi aurait elle utilisé ce ton avec moi ? Si froid, si distant, plein de haine...
Et malgré moi, même si je lui disais que je m'en foutais, que je pouvais bien faire ce que je voulais, que je ne lui devais plus rien, ça me touchait quand même. Et quand elle me piqua à nouveau avec une de ses phrases, mes mots sortirent plus vites que ce qu'ils n'auraient du. Sans aucun filtre. "Quelqu'un ou moi, Bianca ?" Aboyais-je sur la brunette. Quelques visages s'étaient tournés vers nous et je compris que j'allais devoir baiser le ton si je ne voulais pas faire une scène.
Mais je dis quelque chose qui ne plus pas du tout à Bianca, que le célibat était une situation qui me convenait - pas du tout -, et elle amena une main à son cœur en réponse. Son regard était triste et je sentais bien que j'avais été trop loin en essayant de mordre avant de me faire mordre. Elle ouvrit alors la bouche pour me parler de cohabitation, de partage de ville. C'était nul et je n'en voulais pas, mais qu'est ce que je pouvais bien faire ? J'enchainais les erreurs avec elle, quand on était jeune, cet hiver et à présent ici. "Cohabiter ? On en est donc arrivé à là ? C'est pathétique." Murmurais-je en baissant les yeux pour les river au sol. Elle pouvait bien avoir tout Tree Hill si elle voulait, elle pouvait même avoir Cece, je m'en foutais - fin que je prétendais -. J'avais les épaules lourdes et je voulais juste ressentir mes émotions en paix, mais ici ce n'était pas possible. Pas devant toutes ces personnes que je ne connaissais pas.
"Je t'ai laissé du temps. J'ai été patient." Du moins j'en avais eu l'impression. Peut être que je m'étais dit que pendant cette période de battement j'aurais quand même des nouvelles, que je la verrais même si ce n'était pas pour des dates. C'était inexplicable ce que je ressentais pour elle, ce besoin de l'avoir dans ma vie depuis que je l'avais recroisé. Elle était dans ma tête en permanence et ça m'emmerdait autant que j'aimais ça. Je crevais d'envie de repasser une soirée devant un film avec elle, à se balancer des coussins, à rigoler... Mais c'était une époque lointaine et qui ne se reproduirait probablement plus. J'étais nostalgique et défaitiste. Ou juste réaliste.
"Est ce que c'est parce que je suis papa ?" Demandais-je en espérant presque qu'elle réponde "oui", histoire d'être fixé. Mais ce n'était clairement pas Elsie le problème, c'était moi. Ça me faisait penser à des paroles de chansons "It's me, hi, I'm the problem, it's me". Ou à la vidéo de cette petite fille qui affirmait qu'elle allait être "the whole problem". J'avais débarqué dans sa vie à la fin de l'année dernière et depuis je n'avais rien fait d'autre que de la trainer vers le bas sans lui être d'aucune aide. Cet Anglais lui avait foutu la tête sans dessus dessous et je n'étais pas mieux que lui. Sans le vouloir je la pressais - j'étais un homme impatient même quand j'essayais de ne pas l'être -. Alors sans jamais recroiser son regard, je me remis à parler. "Je sais qu'elle n'est pas tout le problème, elle en fait partie parce que c'est ma fille et que je suis le problème." J'avais tellement l'habitude d'avoir tout ce que je voulais sans avoir à attendre, des années de privilèges qui revenaient me mordre l'arrière train. Je supportais mal le rejet de la brunette parce que j'étais une Brat.