don't make me have to say please + Ava & Alix

Le weekend était passé, et Alix n’avait pas revu Ava depuis qu’elle avait passé la soirée chez lui, travaillant tous les deux sur la musique de The Invisible, qu’elle savait maintenant être tout simplement lui. Derrière ce masque d’assurance et de confiance, le March cachait bien plus de blessures qu’il ne voulait bien le montrer, et maintenant que la blonde avait pu faire le lien entre les deux, il ne savait plus très bien ce qu’il devait faire. Evidemment, ils avaient échangé par sms depuis la soirée, et Alix s’était même surpris à lui écrire le premier pour la remercier, après l’avoir finalement ramenée chez elle. Pire encore, il avait eu un moment d’hésitation au moment de lui dire au revoir, perdant ses yeux bruns dans les siens, causant un moment de silence qui sembla s’apparenter à une éternité, avant de se reprendre et de lui adresser un « salut » et un signe de la main, puis de démarrer en trombe pour rentrer chez lui et se demander comment cette simple menace avait pu prendre une telle tournure. Prêt à la payer pour son silence, il avait finalement ouvert les portes de chez lui, de sa chambre, de son univers à la jeune femme, en moins de temps qu’il ne fallait pour y penser, et ça ne lui ressemblait pas. Personne n’entrait dans sa chambre, et plus que ça, personne ne devait savoir qu’il était The Invisible. Pourtant, elle avait tout. Toutes les infos, tous les éléments, toutes les cartes en main. Et elle n’en ferait rien. Elle le lui avait assuré, et méfiant comme il était, il l’avait pourtant crue. Ava n’avait rien de commun avec les autres, Ava le faisait sortir des sentiers battus, Ava le challengeait et ça la rendait intrigante. Evidemment, lorsque ses potes lui avaient demandé pourquoi il n’avait pas répondu à leurs messages et pourquoi il ne les avait pas rejoint chez Jason, Alix leur sortit un mensonge digne de lui-même. Intoxication alimentaire. Ils ne cherchèrent pas à en savoir plus, à part peut-être le gros lourd de Jordan qui lui envoya une dizaine de gifs de mec en train de vomir, trop content de son humour potache.

Lorsque le March arriva sur le campus le lundi matin, il se dirigea directement vers son casier, et y trouva sa bande de copains, qui l’accueillirent sous un brouhaha dont ils avaient le secret. « Alors, ça va, t’as repeint les chiottes ? » Le brun fronça les sourcils, pas sûr de comprendre avant de réaliser qu’il était censé avoir été malade tout le weekend. « Ta gueule Kendricks. » Lança-t-il, un sourire aux coins des lèvres, avant d’attraper quelques bouquins dans son casier et d’en refermer la porte bruyamment. Dans l’impossibilité de sortir, il avait passé ces deux derniers jours à textoter Ava, pour parler surtout de musique, évidemment, mais parfois aussi dériver sur d’autres choses, plus personnelles, et s’était surpris à attraper son téléphone ce matin-là en espérant y voir son prénom, avant de réaliser que c’était complètement ridicule, et de la laisser en vu, prenant soin d’aller se préparer plutôt que de lui répondre. Le reste du temps, il avait joué à la console, gratter quelques cordes de sa guitare, et écrit deux-trois trucs dont il n’était pas encore sûr de pouvoir en faire quelque chose. Jetant son sac en arrière, le tenant d’une main sur son épaule, Alix s’était posé avec ses potes, les écoutant raconter leur weekend et prévoir la prochaine soirée, appuyé contre le mur, promettant d’en être la prochaine fois. « C’est pas pareil si t’es pas là, mec ! » Le March sourit, évidemment que les soirées n’avaient rien à voir sans le roi, mais ça faisait toujours du bien à son égo démesuré de se voir lancer des fleurs, encore. « En plus, y’a Veronica qui a demandé après toi… » Alix chercha quelques instants qui était cette nana, avant de se souvenir qu’ils avaient flirté à une soirée quelques semaines plus tôt. « Elles me veulent toutes, qu’est-ce que tu veux que j’y fasse… » Balança-t-il en faisant un signe de tête à tout le monde de se diriger vers la salle de cours.

Une heure plus tard, Alix était libéré de son cours de droit, et avançait dans l’allée principale, le nez rivé sur son téléphone, à checker les quelques notifications qu’il avait loupé en soixante minutes de temps. Alors qu’il pianotait sur son iphone, il ne remarqua la silhouette blonde qui, elle aussi, avançait droit sur lui. Boum. Il allait râlé, hurlé de faire attention, mais au moment où les insultes allaient sortir de sa bouche et que des éclairs allaient fuser de ses iris, il réalisa que c’était Ava. « Oh, c’est toi. » Il recula un peu, et ravala sa colère pour finalement se montrer un peu plus courtois. « Tout va bien ? » C’était déjà mieux Alix. « Désolé pour ce matin, j’étais dans le speed, j’ai pas répondu… » Pourquoi est-ce qu’il sentait le besoin de se justifier ? Il était Alix March bon sang, il faisait ce que bon lui semblait après tout. Une petite moue sur le visage, un regard qui fuyait, ce Alix-là était celui qu’il avait laissé Ava toucher du bout des doigts, celui que personne ne connaissait, celui que personne ne penserait même exister… Celui-là même qui avait échangé des centaines de messages avec cette fille à qui il n’aurait jamais donné l’heure une semaine plus tôt.


@ava moore  

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don't make me have to say please

Le regard dans le vide, Ava souffla après le rush du matin où beaucoup d’étudiants mais aussi d’adultes passaient prendre leur dose de caféine avant de commencer une journée de plus avant d’aller travailler. De quoi donner un peu énergie avant de longues heures à faire travailler ses méninges (pour ceux qui en ont). C’était marrant de voir tous les types de personnes qui passaient, il était simple de remarquer ceux qui n’avaient pas dormi de ceux qui s’étaient levés en retard et courraient partout pour arriver dans les temps. Ava appris à lire les émotions et les expressions des gens en quelques secondes, en travaillant ici c’était devenu son jeu préféré pour passer le temps quand il n’y avait pas trop de monde. Elle adorait prendre le shift du matin, elle le préférait à celui du soir, probablement parce que ça lui permettait de bien démarrer sa journée et en dehors du rush qu’il y avait entre 7 et 9 heures, c’était tranquille. Ca lui permettait d’avoir sa soirée pour se pencher sur ses devoirs et d’avancer dans ses cours lorsqu’elle ne passait pas des heures à la radio de l’université. Les choses allaient être bien plus simple étant donné qu’Ava allait bientôt pouvoir récupérer sa voiture, ça lui retirerait une épine du pied et lui permettre de gagner du temps.

Ces derniers jours avaient été plein de rebondissements, sa soirée chez Alix avait changé sa vision du jeune homme. Rien de tout ça n’était prévu, pas même pour lui et elle l’avait directement vu dans ses réactions, il s’était surpris à l’inviter et à partager autant de choses avec elle. Il lui avait montré une facette qu’il n’avait apparemment montré à personne jusque-là. Elle avait été surprise de découvrir cette facette, de réaliser qu’au final ils avaient beaucoup plus en commun qu’ils n’auraient jamais pu l’imaginer. Alix s’était construit une image inaccessible, un mur qu’il était difficile à escalader et avant même de s’en rendre compte, elle s’était retrouvée en lui. Là où Ava se cachait dans l’ombre pour passer inaperçu, Alix lui ne quittait pas le spotlight, les gens ne voyaient que ce que lui voulait montrer et tout le monde y croyait. Il fut un temps où il y croyait aussi et avec du recul ça la faisait doucement rire. Son impression de lui avait été la même que les autres étudiants avaient, jamais elle ne lui aurait adressé la parole s’il n’avait pas franchi les portes de la radio, pas qu’ils auraient eu la moindre raison de se parler si elle n’avait pas découvert son identité secrète. A parler de musique elle avait eu l’impression de pouvoir elle aussi laisser tomber son masque, d’avoir l’impression d’être vue, réellement vue. Il n’avait pas remis en doute tout ce qu’elle avait pu lui dire sur sa composition, testant à deux plusieurs choses au fur et à mesure des échanges. Ce qui l’avait encore plus surprise est qu’ils avaient continué de s’envoyer des messages durant le reste du weekend et contre toute attente ce n’était pas Ava qui avait fait le premier pas. Sans même s’en rendre compte, son attention ne cessait de se tourner vers son téléphone portable, presque déçue en voyant ce dernier s’illuminer et que ce n’était pas son nom qui apparaissait sur l’écran.

« Tu peux y aller maintenant, on n’a plus grand monde et je sais que t’as cours après le shift donc file à l’université. » la blonde releva la tête avant d’ouvrir la bouche pour demander si ça ne dérangerait pas, elle se ravisa à la dernière seconde avant de se contenter d’un « Merci beaucoup !! » et d’un sourire. Elle n’allait pas chercher plus loin, si on lui offrait une heure sur ses heures de travail, elle allait saisir cette opportunité, ça lui éviterait de courir pour être dans les temps. Peut-être même que cette fois-ci elle aurait le temps de pouvoir relire ses notes avant le début de ses cours. Sur le trajet de l’université, elle avait commencé à envoyer des messages à Alex. Après leur altercation de la dernière fois, Ava était soulagée de ne pas avoir abimé définitivement sa relation avec son frère, elle n’était pas sûre de pouvoir le supporter s’il arrêtait de lui parler et d’être présent dans sa vie. Vider son sac lui avait retiré un poids des épaules et elle se disait que potentiellement tout irait pour le mieux maintenant qu’elle n'avait plus à cacher le fait que ses parents n’avaient jamais rien fait pour l’aider depuis la fin du lycée. Trop concentrée sur l’écran de son portable qu’elle rentra dans quelqu’un sans s’en rendre compte, prête à s’excuser presque immédiatement, aucun son n’arrivait à sortir de sa bouche à la réalisation de la personne qui se trouvait en face d’elle. Alix. Est-ce que la jeune Moore s’attendait à une réflexion de sa part ? Potentiellement, mais à la place il lui demanda si tout allait bien, elle hocha la tête lentement « Oui merci, désolée de t’être rentrée dedans, je ne regardais pas où j’allais. » recevoir des excuses de sa part sur le fait qu’il ne lui avait pas répondu au message qu’elle lui avait envoyé le matin même n’étaient pas non plus sur la liste des choses auxquelles elle s’attendait. « Oh vraiment ? T’avais l’air vachement dans le speed il y a deux secondes dis-moi. » elle montra d’un signe de tête le téléphone qu’il tenait lui aussi dans sa main et sur lequel son attention était portée avant qu’ils ne se rentrent dedans. Elle haussa un sourcil, comme pour le défier de trouver une excuse potable. Vas-y Alix, montre ton talent de baratineur, c’était le message qu’elle lui faisait passer sans la moindre parole.

@Alix March

don't make me have to say please + Ava & Alix

Il détestait ça Alix, de devoir des choses aux gens, et il détestait encore plus quand il se sentait obligé de s’expliquer alors qu’il faisait bien ce qu’il voulait, quand il le voulait, que ça plaise… ou non. D’ailleurs, il prenait depuis toujours grand soin à ne rien devoir à personne, à se moquer de ce que les gens pouvaient bien attendre de lui du moment que lui faisait ce qui lui plaisait. Peu importe les attendus, les obligations, il n’obéissait qu’à la seule loi de ses désirs. La satisfaction qu’il avait ressentie en voyant apparaître un message d’Ava sur son téléphone, un énième message faisant suite à tous ceux qu’ils s’étaient réciproquement envoyés tout le weekend, l’avait dégoutée. Spectateur de sa propre vie, il s’était vu content d’avoir des nouvelles d’une fille comme s’il était de ceux qui attendaient après les gens. Non. Pas lui. Alors il avait reposé son iPhone sur sa table de nuit et avait vaqué à ses occupations sans jamais prendre le temps de lui répondre. A quoi jouait-il, au juste ? Forcément, il avait fallu qu’il tombe nez à nez avec elle sur le campus de l’université, et cette fois, il n’était pas possible de la laisser en vu, et de l’ignorer. Ils s’étaient carrément percutés, et prêt à grogner, il avait rangé les griffes pour s’assurer qu’elle n’avait rien de grave. Alix, prévenant ? Jamais. Ou presque, apparemment. Ava lui arrivait plus bas que l’épaule, et si se cogner contre un camarade pouvait se révéler léger et superficiel, la carcasse du March ne l’était pas. Il aurait pu faire comme si de rien était, ne même pas mentionner ce message matinal et son absence de réponse, mais il avait mis les deux pieds dans le plat, comme s’il savait que son changement radical de comportement serait, de toute façon, au cœur de leur discussion. Dans le speed, qu’il avait dit. Oui, mais non.

Ava ne l’entendait pas de cette oreille, et elle avait vu juste, lisant en lui bien trop facilement, ce qui devenait très perturbant et même gênant pour Alix qui n’avait plus pour bouclier ses mensonges et ses faux-semblants. Ça ne prenait pas, avec elle. Du haut de sa mini taille, elle le mettait face à ses incohérences, relevant combien il n’avait pas l’air si pressé quelques secondes avant de la percuter, le regard rivé sur son écran plutôt que sur le sentier qu’il empruntait. Alix se mordit les lèvres, elle marquait un point. « Qu’est qu’il t’arrive, je te manquais déjà, Moore ? » Cette fois, il lui avait offert un sourire franc et massif, celui d’une question rhétorique qui la mettrait volontairement mal à l’aise et qui l’aiderait à se sortir du pétrin dans lequel il s’était fourré. Les sourcils levés, une moue amusée sur le visage, il attendait qu’elle lui réponde quand il sentit des bras l’entourer, et ses potes lui taper l’épaule, le bras, rire aux éclats, déconner sur tout et rien comme si la jeune femme n’était pas là. Parce qu’elle n’existait pas, Ava, pour eux, ils ne l’avaient jamais remarquée, peut-être même l’avaient-ils déjà vue sans jamais la remarquée. Ça avait bien duré quelques secondes, avant que finalement, quelqu’un ne s’aperçoive qu’elle était là, et la désigne d’un signe de tête, faisant tout à coup régner le silence autour d’eux et au sein du petit groupe qui venait de se former.

Les amis du March fixaient Ava, puis Alix, et c’était, évidemment, le bon vieux Kendricks, qui avait gloussé le premier. « On interrompt quelque chose ? » Son ton était amusé, mais plein de sous-entendus, insinuant que ces deux-là flirtaient, les montrant du doigt en reculant et en frétillant comme une frite dans un bain d’huile. Sans réfléchir, agacé et pris de court, Alix aboya tout de suite. « N’importe quoi ! » Puis de l’air hautain et suffisant qu’on ne lui connaissait que trop bien, ne manqua pas d’ajouter. « C’est juste une nana qui ne sait pas regarder devant elle, ou qui était trop éblouie par mon charisme, au choix. » Il provoqua l’hilarité de ses potes, les regards dédaigneux habituels se posant à nouveau sur celle qui avait fait exister le doute l’espace d’une seconde, mais une part d’Alix savait qu’il venait de faire de la merde. Habituellement, ça ne le dérangeait pas, mais là… c’était plus amer comme sentiment de victoire. Il n’avait rien gagné, mais il avait sauvé ce qu’il pouvait : il ne pouvait pas griller sa couverture, il ne pouvait pas expliquer pourquoi, tout à coup, il parlait à Ava quand la semaine précédente, il n’aurait jamais accepté de lui adresser un mot, ni même leur raconter de quelle manière tous les deux s’étaient rencontrés. C’était impossible. Il n’osait même plus la regarder la blonde, parce qu’il savait qu’il y lirait probablement des émotions qu’il ne voulait pas voir, mais il ne pouvait pas faire autrement, elle devait comprendre. Il avait été clair sur son secret, il lui avait proposé de l’argent pour son silence, elle savait qu’il était prêt à tout pour sauver les apparences, et ce à n’importe quel prix, même si ça devait lui coûter cette espèce d’affinité qu’ils avaient créée, quoiqu’elle soit, et quel que soit le pincement que la situation pouvait provoquer chez Alix alors qu’il n’avait, jusque-là, jamais senti la moindre once de remord. Tout avait une fin, ou peut-être qu’il y avait un début à tout, finalement.



@ava moore  

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don't make me have to say please

Son quotidien avait pris un nouveau tournant ces derniers temps. Ava s’était habituée à être trop occupée pour penser à des choses qui ne lui étaient pas essentielles. Lorsqu’elle ne travaillait pas, elle révisait, elle allait en cours et lorsqu’elle ne faisait rien de ces options précédentes, elle était à la radio de l’université. Son havre de paix à l’université avec la bibliothèque, les seuls endroits où elle pouvait se cacher sans se sentir obligée d’interagir avec les gens. La plus jeune des Moore n’était pas associable mais elle avait du mal à s’ouvrir et faire confiance aux gens, ça avait toujours été le cas, probablement que ça le serait éternellement aussi, de toute façon elle n’avait jamais fait partie de celle que l’on remarque en premier. Lorsqu’elle était dans une pièce, Ava avait développé un talent pour se fondre dans la masse, pour s’effacer discrètement et ça lui allait très bien de la sorte. Pas de mauvaises surprises, pas de gens qui l’approchaient avec comme but de la manipuler ou de profiter de ses connexions, la transparence c’était ne pas avoir la moindre attente et éviter d’être déçue. Mais les choses avaient changé avec l’arrive d’Alix March dans sa vie. Certes tout le monde le connaissait à Tree Hill mais jamais ils ne s’étaient parlé avant qu’elle l’accoste alors qu’il fuyait la radio, Ava comprenant tout de suite qu’il était. Il avait pris ses jambes à son coup avant ensuite de l’approcher pour la menacer de ne pas en parler et puis ils avaient commencé à parler, réellement apprendre à se connaitre et il y avait eu cette connexion aussi étrange soit-elle qui s’était formée. Ava avait découvert une facette d’Alix qu’il ne montrait à personne, il lui avait laissé entrevoir cette vulnérabilité à laquelle elle ne s’attendait pas et bien qu’ils soient si différents, ils se comprenaient. Ava s’était surprise à autant échanger avec lui, dans un premier cas parce qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui réponde autant et deuxièmement parce qu’elle était persuadée que la conversation s’essoufflerait à un moment donné, qu’ils se lasseraient tous les deux mais non, la blonde avait passé son weekend scotché à son téléphone lorsqu’elle n’était pas obligée de le laisser de côté lorsqu’elle travaillait.

Elle avait été surprise de ne pas avoir de réponse depuis le début de matinée mais s’était efforcée de ne pas y prêter la moindre importance, un échec… Mais face à lui, Ava ne pouvait que constater que le March avait sorti la première excuse qui lui était passé par la tête pour se justifier tout simplement parce qu’ils venaient de se croiser. Probablement que s’ils n’étaient pas tombés l’un sur l’autre sur le campus il ne lui aurait pas répondu avant un bon moment, peut-être même pas du tout et cette idée-là la dérangeait. Alix avait une bonne répartie, il savait comment se tirer de n’importe quelle situation tout en gonflant son égo, un véritable talent et la blonde ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel, s’apprêtant à ouvrir la bouche pour lui répondre mais fut coupée dans son élan par les amis du brun. Quelques secondes pour qu’elle redevienne transparente, qu’elle redevienne cette fille qui se fonde dans la masse à la perfection et c’était-là sa première piqure de rappel. Ils rigolaient ensemble, sans la moindre gêne, sans l’apercevoir et c’était normal, jamais elle n’avait fait partie de leur cercle, du moindre cercle au passage. Et ça aurait été mieux qu’ils en restent là, elle aurait dû s’éclipser rapidement, c’était l’une de ses spécialités mais elle était restée bloquée sur place, parce qu’elle osait à peine se l’avouer à elle-même mais elle était contente de revoir Alix, parce qu’il y avait cette connexion entre eux qu’elle n’avait jamais eu avec personne, parce qu’elle avait enfin l’impression d’exister et d’être vue pour la personne qu’elle était réellement, parce qu’il la laissait entrevoir sa véritable personnalité. Et le Alix sans son masque était celui qu’elle préférait à celui prétentieux qui niait la connaitre, lui parler. Parce qu’ils n’étaient pas du même monde, jamais ils ne le seraient et c’était la douche froide dont elle avait besoin pour garder les pieds sur Terre. Naïve, voilà ce qu’elle avait été, une énième fois on lui rappelait qu’elle n’était pas assez bien, qu’elle était tout juste bonne à rester dans l’ombre, que c’était là qu’était sa place. Alix faisait tout pour ne pas croiser son regard et Ava ne put s’empêcher de laisser échapper un petit rire amer, il n’avait même pas le courage de la regarder en face et d’assumer ses propos. « Charisme huh ? Attention, c’est un bien grand mot… » elle s’approcha d’un pas et ajouta de la voix sa voix la plus calme « Mais en effet, je ne regarderai pas où j’allais encore désolée. » elle avait presque séparé chaque syllabe de son dernier mot, insistant dessus. « Je m’assurerai de ne plus jamais recroiser ton chemin dans le futur, ça serait malheureux que ce genre d’évènement se reproduise. » un petit rictus forcé et elle le frôla en le contournant, continuant son chemin tout en gardant la tête haute. Elle était blessée, parce qu’en peu de temps elle s’était attachée à lui. Ces moments passés ensemble, à faire de la musique, à se parler et apprendre à se connaitre, ça avait été les moments les plus joyeux de ces dernières semaines mais c’était qu’un mirage. Seulement si par le passé elle avait baissé la tête, acquiescé et oublié, c’était différent maintenant et la Ava d’aujourd’hui ne se laisserait plus marcher dessus, s’il avait aussi honte de dire qu’ils étaient amis ou même juste qu’ils étaient uniquement des connaissances, c’était mieux de tourner la page maintenant. Elle avait déjà eu son lot de rejet par le passé, la jeune Moore avait déjà suffisamment souffert aux mains de sa famille, de ses précédentes relations pour accepter ce genre de traitement une nouvelle fois. Ava valait mieux que ça, elle le savait mais se le rappeler et s’en convaincre n’était pas aussi simple.

@Alix March

don't make me have to say please + Ava & Alix

Le contrôle. C’était son mot d’ordre, à Alix, et tout dans sa vie sociale était organisé de manière à lui laisser le pouvoir des apparences, le pouvoir d’être la personne qu’il avait besoin d’être, de rester ce mec que l’on admirait, que l’on craignait, celui qui valait mieux que les autres… Il avait toujours tout mis en place pour que jamais rien ne soit questionné, mais Ava changeait les choses, dans son esprit, déjà, et encore plus là, au milieu du campus alors qu’elle lui faisait face et qu’elle le déstabilisait avec ses yeux noisettes qui le dévisageaient. Il n’en montrait évidemment rien Alix, parce que dès que quelque chose était sur le point de changer son équilibre, il le rejetait, comme il avait ignoré son message ce matin-là, réalisant qu’il attendait après ça quand il n’avait pourtant jamais rien attendu de personne. Elle était têtue, elle n’avait pas sa langue dans sa poche, elle le challengeait, elle n’avait pas peur de lui, et ça… Ça lui plaisait. Elle lui plaisait. Mais elle était elle, et il était lui, et ils ne fréquentaient pas les mêmes personnes, pas les mêmes lieux, le March avait toujours mis un point d’honneur à ne pas mélanger les torchons et les serviettes, et personne ne comprendrait. Personne ne le comprenait vraiment, de toute façon, à part elle, finalement. Elle avait compris qui il était, elle avait compris ses doutes, elle avait partagé ses peines sans jamais le juger, elle avait joué, avec lui, de cette musique qui l’animait, comme elle. Elle le comprenait, trop bien peut-être, et c’était ce qu’il y avait de plus dangereux, un risque qu’il n’était pas prêt à prendre.

Quand ses potes les avaient interrompus en pleine discussion, alors qu’il la provoquait via des sous-entendus dont il avait toujours le secret, le brun s’était senti pris au dépourvu. Face aux doutes et aux insinuations de Kendricks, Alix avait senti le besoin de se justifier et de se dédouaner, et ça passait par prétendre ne pas connaître Ava, par la rabaisser comme il l’aurait fait avec n’importe qui d’autre pour éteindre les soupçons. Il n’avait pas vraiment réfléchi, c’était son image qui passait la première, toujours. Le regard fuyant, il n’était pas prêt à lire la colère et la déception dans les yeux de la blonde, il l’ignorait, tout simplement. Pourtant, elle ne se démonta pas la jeune femme, et lui renvoya en pleine face avec toute son amertume ses paroles, laissant un Alix dépité derrière un sourire qui n’en montrait rien. Au fond de lui, et c’était assez rare pour être souligné, il s’en voulait d’avoir dit ça, parce qu’il ne le pensait pas. D’ordinaire, il n’en avait rien à faire, parce qu’en effet, ces gens qu’il agressait verbalement, il s’en fichait, mais elle… Ca lui faisait quelque chose de la voir fâchée, et son coup dans l’épaule en partait en témoignait. Sous les rires de ses copains, Alix la regarda s’éloigner du coin de l’oeil. Il avait hésité, un quart de seconde, à lui courir après. Quelques enjambées suffisaient à le ramener à sa hauteur, puis quelques foulées, puis une bonne course, puis elle avait disparu, et il n’avait pas bougé. « Pas vrai March ? » Alix leva la tête, il n’avait aucune idée de ce dont il était question. Il acquiesça d’un bougonnement, avant de prétexter devoir aller aux toilettes pour essayer de retrouver Ava. « Faut que j’aille aux chiottes, à plus les gars ! » Il n’eut pas le temps d’entendre Kendricks lui proposer de l’accompagner, et heureusement, qu’il traçait déjà. Il devait lui parler.

Il avait regagné les allées des salles de cours plus vite que n’importe qui, mais elle était déjà sortie de son champ de vision depuis bien trop longtemps pour qu’il ait la moindre idée de la direction qu’elle avait pu emprunter. Finalement, après avoir passé la tête par la petite fenêtre de chaque salle de classe, il avait été surpris de la voir dans le couloir, un peu plus loin, marchant devant elle sans qu’elle ne puisse le voir arriver. Sans réfléchir, Alix attrapa sa main et l’entraina à l’intérieur d’une salle de classe vide, quelques mètres plus loin. Aussitôt, il réalisa qu’il avait ses doigts dans les siens et lâcha sa main, reculant d’un pas, plus très sûr de ce qu’il était en train de faire. « Je… » Il posa ses yeux sur elle, un peu enseveli par tout un tas de pensées parasites qui s’entrechoquaient et qui l’empêchaient de vraiment réussir à s’exprimer. « Je sais que t’es fâchée, mais tu diras rien, pas vrai ? » Mauvaise pioche, Alix. Encore une fois, il ne pensait qu’à sauver ses miches, alors que ce n’était même pas la raison de sa présence ici, avec elle, dans cette pièce. Il n’avait d’ailleurs pas vraiment idée de la raison qui l’avait poussé à la poursuivre, à part, peut-être, le fait qu’il aimait bien, qu’elle soit si différente finalement, et qu’il n’avait pas envie que ça s’arrête, tout ça, pas de suite, en tout cas. « J’aurais pas dû dire ça… Mais… Ils n’auraient pas compris, tu sais, que je te parle… Et pour ce matin, le message, c’est vrai que je t’ai ignorée, j’ai pas d’excuse… » La peur. La putain de peur qui le rongeait depuis toujours, celle qui alimentait toutes ses réactions depuis son plus jeune âge, et qui ne le lâchait jamais, celle qu’il masquait et qu’il n’avouerait jamais ressentir, celle-là même qui l’avait poussé à la poursuivre, parce qu’il avait peur, aussi, de perdre cette sensation nouvelle de pouvoir simplement être lui, avec elle.



@ava moore  

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