it'll all make sense in the end + Ava & Alix

L’été. Le soleil avait réchauffé les cœurs à Tree Hill, sauf sûrement celui d’Alix qui restait encore et toujours bien trop sombre et verrouillé. Allongé sur sa serviette, les lunettes vissées sur le nez, il observait les gens en silence. Autour de lui, des tas d’inconnus, ou de têtes qu’il avait déjà croisées dans le coin, sans jamais leur adresser la parole, qui souriaient, qui râlaient après le sable que le vent ramenait sans cesse sur leurs draps de bain, ou bien qui installaient tout un campement à base de tente, de parasols, et de glacières. Des touristes. Le brun restait stoïque,  il avait toujours préféré le calme de la piscine de sa villa au sel qui grattait sa peau et aux potentielles piqûres de méduse dont il avait fait la douloureuse expérience plus jeune. Cependant, ses potes avaient eu la délicieuse idée de passer l’après-midi sur la plage, motivés par la perspective d’y croiser des belles filles en maillots de bains, sûrement trop bercés par les épisodes d’Alerte à Malibu et la plastique de Pamela Anderson que par la réalité. Autour d’eux, il n’y avait que des gamins excités qui construisaient des châteaux et considéraient leurs pelles et leur seaux comme de véritables trésors, et des vieilles desséchées, au point de ne plus supporter la chaleur et de ne pouvoir s’installer qu’à l’ombre d’un palmier. Mais restez chez-vous, pestait-il en silence. A l’horizon, l’océan était agité, et le drapeau orange flottait dans les airs, à côté de la cabane des sauveteurs. « Tu viens te baigner March ? » Hurla l’un de ses potes d’un peu plus loin, ne laissant pas le choix au jeune homme que d’arrêter la bronzette pour rejoindre la bande. Une fois dans l’eau, l’un d’eux avait apporté un ballon, et les passes amicales s’étaient rapidement transformées en une compétition de virilité, pour impressionner… absolument personne. « Bon les mecs, faut arrêter le surf sur le net, les films porno et les fantasmes à la con… Vous avez juste l’air de débiles à faire du crawl au milieu des vagues, et faudra pas pleurer quand on vous retrouvera morts par noyade parce que vous avez voulu jouer les héros devant le troisième âge de Caroline du Nord. » Non loin d’eux, deux grand-mères étouffèrent un petit rire, accompagné de sourires en la direction du jeune March, qui les salua d’un signe de la tête. « Sans vouloir vous offenser mesdames… » Elles rirent aux éclats à présent. « Oh, vous êtes trop jeunes pour nous mes petits, mais ce n’est pas interdit de regarder. » Alix écarquilla les yeux, leur sourit puis s’éloigna en secouant la tête. Il devait être dans un monde parallèle. En remontant jusqu’à sa serviette, il reconnut immédiatement les notes de sa chanson. Quelqu’un écoutait The Invisible, et son corps tout entier se figea. Il avait beau savoir que son morceau avait à présent des milliers de vues sur Youtube, et que le campus le passait en radio, c’était toujours une surprise et un choc quand le concret venait le percuter. Personne ne savait que derrière l’artiste anonyme se cachait en fait Alix March, que derrière cette façade et cette cage dorée, résistaient encore des souffrances et des complexes dont il ne parlait qu’en musique. Pas lui. The Invisible. C’était plus simple comme ça, il savait bien comment étaient les gens, il en avait été le témoin toute sa vie lors des dîners mondains de son paternel : des paniers de crabes prêts à se poignarder dans le dos à la première occasion. Montrer ses failles n’avait jamais été une option, ni en société, ni même à la maison, parce qu’un March devait être parfait, c’était l’unique mot d’ordre de son père. Je sais que c’est toi. Je sais que c’est toi. Je sais que c’est toi. Cette phrase résonnait en boucle, et avait causé l’insomnie du jeune March. Et si elle disait tout ? Et si elle balançait ce qu’elle avait deviné, ou appris par je ne sais quel moyen ? Hors de question. « J’dois y aller. » Balança-t-il, ramassant ses affaires à toute vitesse sans se retourner. « Mais Alix ! » Tenta de le freiner Tyler, en vain. Il savait ce qu’il avait à faire, et ça ne pouvait pas attendre.

Seul. Le voilà maintenant seul dans sa voiture, soufflant un instant avant d’attraper son téléphone. Des contacts, il en avait, plein, et son nom de famille qu’une partie de lui détestait se révélait souvent être une porte d’entrée efficace dès lors qu’il avait besoin de quelque chose. « Salut Jerry, c’est Alix ! » l’Iphone calé dans le creux de son cou, il était toujours stationné sur le parking près de la plage, prêt à décoller dès qu’il aurait obtenu les informations qu’il cherchait. « Ava Moore tu dis ? M.O.O.R.E ? Tu sais si elle vit ici ? » Après quelques minutes, il avait obtenu toutes les informations dont il avait besoin. « Merci Jerry, je savais que j’avais bien fait de faire appuyer ta candidature pour le stage au secrétariat. Merci mec. » De retour chez lui, il s’était dépêché de chercher la jeune femme sur les réseaux sociaux. Il avait fini, via des connaissances lointaines communes, par apprendre qu’elle travaillait au Karen’s Cafe. Plus d’obstacle désormais, ou peut-être juste un dernier, elle. Cette fois, il avait ralenti en passant, cherchant à travers la vitre du commerce la chevelure blonde de celle qui l’avait percé à jour. Il pouvait la voir, nettoyer les tables désormais vides d’un café souvent rempli. Elle était là, toute seule, et elle avait dans les mains une bombe qui pouvait ruiner son existence. Hors de question de lui donner autant de pouvoir. Il gara son véhicule en face, et attendit, appuyé contre le capot de son bolide, qu’elle termine son service. Plus que quelques minutes, et elle allait comprendre qu’il ne valait mieux pas qu’elle se mêle de ce qui ne la regarde pas, encore quelques minutes, et il allait faire de sa vie un cauchemar si elle tentait d’utiliser ça contre lui, encore quelques minutes… Elle sortait. Vite ! Un regard qui balayait à gauche et à droite, et voilà qu’il traversait la route à toute vitesse pour être sûr qu’elle n’ait pas le temps de lui échapper. « Hé ! Toi là ! » La douceur et le tact d’un manchot, un ton froid, et un regard qui l’était tout autant. De l’extérieur, on pouvait presque croire qu’il était une menace, et peut-être qu’il l’était, à ses yeux en tout cas, c’était elle la menace, et il allait devoir l’éliminer, quel qu’en soit son prix. Sortant son portefeuille, il en extirpa un billet de cent dollars, qu’il fit tomber aux pieds de la blonde, avec un sourire de circonstance qu'il avait appris à arborer lors des mondanités familiales. « C’est ça que tu voulais non, en me poursuivant l’autre jour à la fac ? » Il avait croisé les bras, et s'était adossé contre le mur derrière lui, jouxtant le café. « Combien tu veux hein ? C’est quoi le prix de ton silence ? » Alix ne laissait jamais le bénéfice du doute aux gens, et imaginait toujours le pire de l’espèce humaine, au point de devenir le plus acerbe des garçons, derrière un sourire qui donnait envie de le gifler. Il avait bien compris que l’argent attirait les profiteurs, et vu qu’elle bossait en plus de ses études, elle avait dû voir là l’opportunité parfaite de régler ses problèmes financiers. C’était pathétique, mais ça pouvait se régler rapidement.

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@ava moore  

it'll all make sense in the end

 @Alix March  

Ava avait dormi quelques heures la nuit précédente, trois pour être précise et autant dire qu’un rien suffisait à l’irriter aujourd’hui. Elle avait veillé une bonne partie de la nuit pour finir un papier qu’elle devait rendre à la première heure en cours ce matin. Devoir sur lequel elle avait planché dessus depuis des jours, parce qu’une partie avait été à faire en groupe et c’est celle qui avait pris le plus de temps. Coordonner les emplois du temps de chacun avait été un défi auquel la jeune blonde ne s’était préparée mais ils avaient réussi et s’étaient réparti les tâches de façon efficace tout en jonglant avec les emplois du temps de tous. Puis était venue la deuxième partie, celle à faire en individuelle, en général c’est ce qu’elle préférait. Parce que si elle appréciait échanger avec les autres pour avoir une vision et une approche des choses un peu différente, Ava aimait s’isoler et faire les choses à sa façon et surtout à son rythme. Personne pour venir épier derrière son épaule ou lui dire que tel ou tel éléments n’est pas parfait, non elle mettait juste sa musique en fond qui l’aidait à se concentrer et elle était lancée, se perdant pendant des heures sur la tâche à effectuer. Et elle avait bien perdu la notion du temps cette nuit, peut-être qu’elle aurait dû ne pas dormir du tout et juste carburer un peu plus au café et aux boissons énergétiques, parce que lorsque son réveil avait sonné, ça avait été un supplice que de quitter son lit. Mais elle était à l’heure en cours avec son devoir bien rangé dans son sac soigneusement, elle avait mis un minimum d’anticernes, non pas pour être jolie mais pour éviter d’effrayer et ses camarades de promo mais aussi les clients qui viendraient cet après-midi au Karen’s Café où elle fila dès lors que la sonnerie retentie dans sa salle de cours.

Le rush de l’après-midi l’avait gardé occupée avec son collègue, les commandes fusaient à droite et à gauche, les gens ayant besoin de leur shot de caféine et elle ne pouvait que le comprendre. Le bruit ambiant du café et les sourires des clients lui redonnait une énergie nouvelle, lui faisant oublier tout ce qui c’était passé récemment. Parce que si elle avait pour habitude de courir partout, c’était souvent le même train-train qui se répétait seulement avec le retour de sa sœur en ville Ava se doutait bien que les choses allaient changer et c’est ce qui l’effrayait un peu. Elle était contente de revoir l’aînée de la famille en ville, mais elle voyait bien que sa sœur n’était pas au top de sa forme, qu’il s’était passé quelque chose et même si elles n’étaient clairement pas aussi proches que lorsqu’elles étaient gamines, la plus jeune des Moore ne voulait que le meilleur pour elle mais est-ce qu’elle pouvait l’aider d’une quelconque façon à son niveau ? Elle n’en était pas certaine. Parce que même si elle ne mettait pas forcément de mots dessus, sa grande sœur lui avait manqué, énormément. Est-ce qu’elles allaient se rapprocher à nouveau ou est-ce qu’Ava allaient repartir dans un schéma où elle serait à nouveau dans l’ombre ? Elle n’en avait aucune idée mais ce dont elle était sûre c’est que personne ne devait faire le lien entre elles deux. Elle voulait éviter que les gens ne lui parlent par intérêt comme ça avait été le cas au lycée. Elle était ramenée sur terre par son collègue qui lui faisait signe « Merci de faire la fermeture à ma place aujourd’hui, je te revaudrai ça ! »  elle lui lança un petit sourire accompagné d’un petit geste de la main, lui faisant comprendre qu’il pouvait y aller « Pas de souci, profite de ta soirée. » Une fois le dernier client de sorti, elle s’attela à nettoyer la salle du mieux qu’elle pouvait tout en chantonnant sur la chanson pop qui passait en fond. Elle s’était fait un latte glacé avant de nettoyer derrière elle et de fermer le café, son sac calé sur l’épaule, elle n’avait qu’une hâte : rentrer se poser chez elle. Mais le destin en avait décidé autrement et elle sursauta lorsqu’on l’interpela, agrippant sa boisson en retenant un petit cri. Rien n’était tombé au sol et elle relâcha un soupir de soulagement. Quelques secondes après que la surprise se soit dissipée, la blonde fit volte-face pour se retrouver nez à nez avec Alix. « Mais ça va pas la… » elle le regarda jeter un billet à ses yeux, incrédule « … tête ? » il se moquait d’elle c’était pas possible autrement. Elle arqua un sourcil avant de laisser échapper un rire alors qu’il continuait de parler, lui disant que c’est ce qu’elle voulait et combien d’argent elle voulait lui extirper. Ava secoua la tête, il semblait prêt à vouloir surpasser les rumeurs qui circulaient sur lui « Le prix de mon silence ? » elle poussa du bout de sa basket le billet qu’il venait de jeter au sol vers lui, elle en voulait pas de son fric. Certes elle ne roulait pas sur l’or, bien loin de là mais elle avait largement de quoi vivre et qu’il ose penser qu’elle lui ferait du chantage suite à sa découverte ? Ca l’énervait plus que tout. Elle n’avait pas oublié sa découverte de qui était The Invisible mais elle ne comptait rien faire, s’il voulait nier et rester dans l’anonymat (ce dont elle doutait dans le fond sinon il ne se serait jamais pointé à la radio) c’était lui que ça regardait. « J’allais dire du respect mais il semblerait que ça soit quelque chose dont tu sois incapable de faire preuve, c’est dommage. » elle le regarda droit dans les yeux, curieuse « Ca te fait aussi peur que ça que les gens sachent qui se cache derrière The Invisible ? » le blonde fit un petit sourire en coin « Parce que si c’est le cas, tu t’y prends mal pour que je garde ton secret Alistair. » elle fit un pas dans sa direction, s’il pensait lui faire peur, il se trompait sur toute la ligne. « Ah et d'ailleurs, il est jamais trop tard pour que tu réalises que tout ne s'achète pas avec de l'argent. » elle haussa les épaules avant de faire un pas pour continuer son chemin.

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Depuis toujours, Alix avait fait régner sa loi à l’école, au lycée, et maintenant à la fac, imposant ses propres règles à tout le monde sans que personne n’ose franchement s’immiscer au milieu de son chemin, à part peut-être Kiera Lawson, mais elle finirait par le regretter, il se l’était promis. Ses copains le respectaient, les March étaient une famille reconnue, et surtout, il était de notoriété publique que le fils March vivait dans une baraque incroyable, qu’il y organisait de super fêtes, et qu’être vu en sa présence ouvrait des portes. Si à la maison, la relation avec son père avait toujours été source de tension et de stress, il ne pouvait nier qu’il avait par contre évolué dans un univers où il avait absolument tout sans avoir à faire le moindre effort, en dehors d’un peu d’amour et de reconnaissance. Sa chambre était plus spacieuse que le salon de la plupart des foyers lambda, il disposait d’une suite pour lui tout seul, sa voiture était un modèle de luxe, ses fringues lui étaient adressées par des couturiers ou des marques dont son père avait probablement traité l’un ou l’autre des propriétaires en échange de bons procédés. Lorsqu’il arrivait quelque part, il s’imposait, de par sa taille, c’était bien évidemment indéniable, mais surtout par son attitude. Il était l’enfant roi, devenu un adulte qui avait tout gardé du gamin pourri gâté, une armure infranchissable qui le protégeait, en quelque sorte. Ce rôle, il l’avait endossé sans aucune difficulté, au point de ne plus faire la différence entre celui qu’il montrait, et celui qu’il était réellement, à part lorsqu’il attrapait sa guitare, son clavier, ou bien son cahier pour y griffonner quelques pensées qu’il avait besoin de traduire en musique. Là, il se mettait à nu, une échappatoire secrète qui lui permettait d’évacuer, de se reconnecter avec sa propre réalité et de ne laisser la frustration et le manque d’estime paternelle le consumer complètement. C’était comme ça qu’était né The Invisible, une version anonyme de lui que personne ne connaissait, et que personne ne connaitrait jamais. Avec les années, Alix s’était persuadé que les peurs rendaient les gens faibles, et son père lui avait répété maintes et maintes fois qu’il ne devait avoir peur de rien. Mais ça n’avait pas suffi. Son père lui avait demandé de choisir un cursus qui en jette, il avait opté pour les sciences politiques, mais ça n’avait pas suffi. Son père lui ordonnait de faire bonne figure aux dîners de bienfaisance, il s’y attachait, mais ça n’avait pas suffi non plus. Rien n’était jamais assez bien pour le docteur March, et surtout pas son fils. Il était passable, à peine moyen, une honte qu’il ne masquait pas le moins du monde, et qu’il ne manquait pas de souligner dès lors que son fils ne lui ramenait pas ce qu’il aurait attendu. Lorsqu’il avait été accepté à la fac, heureux de la nouvelle, son père l’avait aussitôt coupé. « J’ai dû leur faire un chèque pour qu’il prenne un élève aussi médiocre… Hors de question qu’un March n’aille pas à l’université, t’as vu ce que tu me coutes encore Alistair ? » Le brun avait baissé la tête, les études n’avaient jamais été trop son fort, lui qui passait des heures, son casque sur ses oreilles, ou avec ses copains à refaire le monde.

Lorsqu’il avait compris que son plus grand secret était en danger, la panique l’avait gagné. Il avait fui, nié cette vérité qui le rendait vulnérable. Il ne pouvait pas assumer cette fragilité, ces mots qu’il avait écrits et cachés pendant si longtemps. Alix March n’était pas sensible, Alix March ne doutait pas, Alix March ne manquait de rien. Ava devait comprendre qu’il était hors de question que quelqu’un apprenne ce qu’elle savait comme par enchantement, et s’il fallait l’intimider pour cela, il n’aurait aucun scrupule à le faire. Et si c’était de l’argent qu’elle voulait, parfait, il la paierait, parce que la vérité n’avait pas de prix, il était prêt à tous les sacrifices pour la garder pour lui, ou désormais, pour eux. L’air hautain, le billet qu’il jeta à ses pieds n’eut pas le moindre effet sur la blonde, en dehors d’un geste de rejet. Le brun fronça les sourcils, qu’est-ce qu’elle pouvait bien attendre de lui ? Une telle information valait son pesant d’or, et il était impossible qu’elle ne cherche pas à s’en servir pour obtenir quelque chose qui lui serait bénéfique, c’était comme ça que le monde fonctionnait. Il n’avait vu que ce genre de comportements, tout au long de ses vingt-trois ans d’existence, les courbettes pour demander des subventions, des coups de couteau dans le dos après d’immense sourires en face, des compliments qui se transformaient en venin dès qu’on s’éloignait, l’humain était impitoyable, et il se devait d’en faire autant. C’était une question de survie. Pourtant, face à lui, la jeune femme semblait surprise, voire même choquée par la vision aussi étroite du monde que semblait adopter le March. Du respect. Ce mot n’avait plus de sens depuis bien trop longtemps, et pour la première fois, Alix resta bouche-bée. Il s’était attendu à des demandes exorbitantes, à du racket, à devoir négocier, mais elle ne voulait… rien. Elle mentionna The Invisible, encore, et Alix eut automatiquement un mouvement de recul, et de panique, regardant à gauche, à droite que personne ne puisse entendre la teneur de leur conversation, les yeux écarquillés par la prononciation de son pseudonyme. Il était Voldemort, elle était Harry Potter, et elle venait de nommer « Vous savez qui ». « Chhhuuuuuuut. » Fit-il, en chuchotant, mimant avec ses deux mains de baisser d’un ton. Alistair. Ca aussi, c’était rare, voire interdit en dehors des remontrances de ses parents, et quelque part, il entendait presque les reproches de son père qui allaient toujours de paire avec son prénom complet, comme un écho, une claque qui le ramenait à table, avec cette boule au ventre qui ne le quittait jamais lorsque son père était à la maison. « Alix, s’il te plaît. » Corrigea-t-il machinalement, le ton beaucoup plus doux que quelques minutes plus tôt, encore perturbé par les images qui l’avaient renvoyé dans l’inconfort. Elle s’avança, lui reprochant son geste, et d’avoir pu imaginer qu’il allait pouvoir l’acheter, avant de s’éloigner. Il le regarda faire quelques pas, avant de finalement courir après elle. Quelques enjambées suffirent à la ramener à sa hauteur, et sa main vint se poser sur son bras qu’il agrippa doucement. « Attends… » Son regard n’avait plus rien de celui du roi de la promo, et c’était désormais un petit garçon apeuré qui ne demandait qu’à s’échapper du corps de géant du March. « Tu ne vas en parler à personne, n’est-ce-pas ? » Si on ne connaissait pas le phénomène, on pourrait presque déceler un vent de supplication dans sa voix. « T’avais tort, tu sais, quand t’as dit que c’était la plus belle partie de moi… S’ils apprenaient la vérité, personne ne comprendrait… » Comment le pourraient-ils, lui qui avait tout, et qui chantait sa souffrance dont personne n’avait conscience et qu’il avait gardée sous silence pendant toutes ces années. Il n’aurait jamais dû se pointer à la radio, il avait eu un moment de faiblesse, une envie de gosse de valoir quelque chose, qu’on lui dise qu’il était doué, lui Alix… Mais ça avait été une mauvaise idée, la pire peut-être. Le voilà maintenant coincé avec elle dans le mensonge, déposant ce qu’il avait de plus intime entre ses mains, et il n’était plus en contrôle de rien, c’était effrayant. « Et pour info, j’suis désolé. » Est-ce qu’il était sincère, peut-être pas, mais c’était ce qu’elle voulait entendre, et il avait besoin qu’elle soit de son côté. Une multitude de questions étouffaient ses pensées : comment l’avait-elle appris ? Qu’est-ce qui lui avait permis de comprendre avec autant de certitudes qu’il se cachait derrière ce pseudonyme ? Qui d’autre était au courant ? Et la plus égoïste de toutes, mais pourtant, le plus pure de toutes : est-ce qu’elle trouvait ça bien ?

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@ava moore  

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 @Alix March  

Dire que la jeune blonde avait totalement oublié son altercation avec Alix lorsqu’il était venu à la radio serait un mensonge mais elle avait décidé d’omettre ce passage de son esprit. Il avait fait demi-tour après tout, laissant sous-entendre qu’il nierait en bloc si elle remettait le sujet sur la table, chose qu’elle ne comptait pas faire initialement. Ils se croisaient à peine, que ça soit durant leur scolarité au lycée ou ici, des chemins bien différents qui faisaient qu’Ava ne le connaissait que de vue. Elle l’apercevait une fois de temps à autre mais ils ne s’étaient jamais parlés avant qu’il ne passe la porte de la radio et il était difficile de ne pas le remarquer, il avait un don pour se démarquer des autres. La jeune femme retint un petit rire alors qu'il lui faisait signe de se taire, il n’y avait personne dans la rue à cette heure-ci. Les habitants du quartier étaient surement déjà chez eux s’ils n’étaient pas en train de faire une activité lambda et en général les gens étaient plus concentrés sur leurs téléphones ou la musique qui provenait de leurs écouteurs. Mais elle le laissait vérifier d’un coup de regard à droite et à gauche, si ça lui permettait d’être plus serein alors qu’il se fasse plaisir. Le jeune March lui demanda de ne pas l’appeler par son prénom complet, comme s’ils allaient être amené à se recroiser fréquemment alors qu’elle était certaine que leurs chemins se sépareraient rapidement, probablement directement après leur interaction du soir même mais elle fit un hochement de tête, juste pour lui montrer qu'elle avait entendu et compris sa requête. Ils venaient de deux mondes différents, Ava retournerait à sa petite routine où elle jonglait entre ses petits jobs et lui retournerait à la grande vie à laquelle il était habitué tout en continuant probablement de faire la musique sous le pseudonyme que tout le monde connaissait désormais.

Continuant son chemin, bien décidée à finir sa boisson tranquillement elle fut stoppée par Alix qui l’attrapa par le bras. S’arrêtant net, la blonde se tourna vers lui à nouveau, elle se doutait qu’elle ne pourrait pas s'éclipser facilement mais l'espoir faisait vivre et elle avait tenté sa chance. C'était un véritable échec alors autant lui donner toute son attention maintenant. Le jeune homme semblait perdre ses moyens, presque paniqué qu’elle ne révèle sa découverte. Elle secoua la tête de droite à gauche pour répondre à sa question avant d’ajouter de façon détachée « Nope, je n’ai ni le temps ni l’envie d’aller le crier sur tous les toits à qui veut bien l’entendre. » sa réponse était plus froide que celles qu'elle pouvait sortir d’habitude mais il n’avait pas fait la meilleure des impressions non plus « Si tu veux que les gens connaissent ton identité c’est de toi que cette information doit venir, pas de quelqu’un d’autre donc je ne dirai rien. » et même si elle le souhaitait, chose peu probable, elle était prête à parier que personne ne la croirait non plus. La loyauté des élèves se dirigerait forcément vers Alix, il avait bien plus de pouvoir que n’importe quel autre étudiant dans cette université. Et si Ava pouvait rester loin des problèmes ? Elle le ferait sans hésiter, être sous le feu des projecteurs et au centre de l’attention ? Sans façon.

C’était une autre facette du March qu’elle voyait aujourd’hui, et elle était  surement l’une des rares personnes à le voir comme ça, parce que la réflexion qui suivit laissait filtrer une vulnérabilité à laquelle il ne semblait pas familier. Une attitude qu’elle ne connaissait que trop bien alors la jeune femme se détendit un peu avant d’ajouter doucement, presque prise de compassion « C’est là que tu te trompes, si ta chanson est devenue aussi populaire, ça ne t’est jamais venu à l’idée que c’était en parti parce que les gens se retrouvent dans tes paroles ? » elle lui lança un petit sourire, laborieux parce qu’elle était toujours méfiante autour de lui mais ce qu’elle commençait à apercevoir était en fait un jeune homme qui ne semblait convaincu de son talent et de sa valeur. « Les gens montrent uniquement la meilleure version d’eux-mêmes, personne n’a une vie aussi parfaite que celle qu’on affiche au quotidien. » elle haussa les épaules, les sourires, les flashs, c’était toujours bien pour afficher cette vie que les gens pourraient envier en ligne mais personne ne vivait dans un monde parfait et cette illusion finissait toujours par voler en éclat à un moment ou un autre. Mais cette soirée pleine de surprises ne s’arrêta pas là, les excuses d’Alix la prenaient au dépourvu et Ava ne put s’empêcher de plisser les yeux, comme pour peser le pour ou le contre de l’honnêteté de ses propos avant d’abaisser les yeux sur son latte « Hmm si tu le dis... » elle l’observa un peu plus attentivement, il avait l’air toujours inquiet. Une image bien lointaine de celle qu’elle avait pu voir quelques minutes auparavant lorsqu’il l’avait interpelé en premier. Mais au fond elle comprenait son inquiétude et ses craintes, s’il avait toujours vécu obnubilé par l’image qu’il renvoyait aux autres, The Invisible risquait de tout mettre en péril. « Je n’en ai parlé à personne si c’était ta prochaine question. » Ava n’était pas la personne la plus populaire du campus bien loin de là, elle était pas asociale pour autant mais si elle échangeait et parlait facilement avec les autres, accorder sa confiance à quelqu’un relevait du défi pour elle. « Pour ce que vaut mon avis… t’as du talent mais personne ne le saura si tu te caches derrière un nom qui n’est pas le tien. » ou qui ne permettait pas de l’identifier mais c’était la même chose. Elle avait été bercée dans un monde rempli de musique, son aînée en était la preuve et si elle savait une chose, c’est qu’Alix avait du talent même s’il semblait avoir des doutes. Elle ne connaissait pas son histoire mais elle espérait qu’il oserait un jour montrer la personne qu’il était vraiment.

it'll all make sense in the end + Ava & Alix

Les pulsations s’étaient accélérées, et les ouïes les plus fines pouvaient sans doute entendre les battement de son coeur cogner contre sa poitrine alors que son secret était déposé entre les mains d’Ava. Depuis des semaines, il avait trouvé en The Invisible un moyen d’expression qui lui permettait d’alléger la pression qui pesait sur ses épaules, aussi robustes qu’elles puissent paraître. Ce pseudonyme, c’était un univers qu’il s’était construit, dans lequel il laissait tomber l’armure en titane pour n’être simplement qu’un garçon plein de doute et en quête de reconnaissance, un statut qu’il n’était pas prêt à assumer au grand jour. A chaque fois qu’il se sentait faiblir, à chaque fois qu’il sentait son coeur se serrer, à chaque fois qu’il doutait, la voix de son père résonnait dans son esprit, lui répétant sans cesse qu’il n’avait pas le droit d’être faible. Pourtant, face à Ava, tout ça ne tenait plus désormais, parce qu’il n’y avait plus de différence entre Alix et the Invisible, ces deux entités ne faisaient plus qu’une et c’était comme si son équilibre tout entier le lâchait pour le laisser vacillant dans un univers qui le paralysait. Être the Invisible à découvert représentait tout ce qui le terrorisait, et à la fois, c’était également l’occasion de pouvoir être lui sans avoir à palier à chacune de ses faiblesses. Pas besoin de cacher l’inquiétude qu’il ressentait alors qu’il voyait sa mère s’enfermer dans un silence pesant depuis le décès de son père, pas besoin de masquer cette colère de voir trois soeurs venues de nulle part réclamer un héritage, pas besoin d’être quelqu’un qu’il n’était pas vraiment… Ou peut-être que si. Il ne savait plus, tout se mélangeait, il se sentait suffoquer face à cette situation qu’il n’avait pas anticipée. Tu vois, encore quelque chose que tu as mal fait Alistair… Cette voix ne le quittait jamais.

Face à lui, la blonde avait tout pouvoir. Elle avait l’occasion de profiter de la situation, d’obtenir n’importe quoi, de lui faire subir ce qu’il imposait à tout ceux qui croisaient sa route, mais elle choisissait de ne rien faire. C’était déroutant, à tel point que le March ne sut pas quoi répondre tant il n’avait, encore une fois, pas anticipé cette possibilité. Il avait appris que jamais rien n’était gratuit dans la vie, certainement pas la gentillesse, parce qu’elle venait toujours accompagnée de sa meilleure amie, la trahison. Face à lui, il s’était attendu à ce qu’elle le contre, à ce qu’elle utilise cette information pour se jouer de lui, mais elle se montrait, au contraire, compréhensive, presque… bienveillante. C’était nouveau, habituellement, on attendait toujours quelques chose de lui : des invitations, une réputation, des contacts, chacun avait quelque chose à gagner en étant proche de lui, mais elle semblait ne rien espérer de sa part. Sans trop savoir pourquoi, le brun avait tenu à lui rappeler leur échange précédent, celui dans lequel elle avait souligné à quel point il avait bien plus à offrir, alors qu’il avait tout à perdre. Il souffla le March, lorsqu’elle mentionna les paroles de son morceau, qu’il entendait fredonner sur le campus, surpris à chaque fois d’entendre ses mots prononcés par d’autres, comme s’ils ne lui appartenaient plus alors qu’ils racontaient ses maux les plus intimes. « Non. » Ça ne lui était jamais venu à l’esprit que les gens puissent s’identifier à lui alors que leurs vies n’avaient rien de similaire. « J’veux pas que les gens comprennent, c’est… compliqué. » Comment laisser entendre à tout le monde que son père n’était pas celui qu’il avait laissé entrevoir pendant des années durant, lui, le chirurgien exceptionnel qui en plus, était l’un des donateurs de l’université, une figure de renom de Tree Hill. Il allait passer pour un gamin ingrat qui ne réalisait pas sa chance, et il n’avait pas besoin de ça. Avant même qu’il n’ait le temps de le réaliser, c’était déjà un pas vers cette vérité qu’il faisait là, en avouant à demi-mot que ce que les gens croyaient savoir de sa vie n’était pas franchement fidèle au quotidien qui lui était imposé. Bien sûr, sur un point matériel, il ne manquait de rien, mais ça n’avait pas été suffisant, loin de là. « Enfin bref… » Bref. Comme aurait dû l’être cet échange, mais pourtant, Alix avait du mal à la laisser partir avec cette partie de lui, comme si la retenir suffirait à protéger son secret. Il avait des questions qui le démangeaient, des interrogations qu’il ne pouvaient pas exprimer à moins de passer pour le garçon fragile qu’il refusait qu’on puisse deviner.  Il n’en eut pas l’occasion, parce qu’elle les anticipa, comme si elle avait réussi à lire en lui en un simple regard. Depuis quand est-ce qu’il était aussi prévisible ? Ça aussi, c’était nouveau, et son visage ne masquait sûrement pas la surprise qui allait avec les réponses qu’elle lui apportait. Elle n’en avait encore parlé à personne. Le soulagement, et les épaules d’Alix qui retombaient en même temps que l’angoisse. Tu as du talent. Ces mots-là le firent frissonner, sous ses grands airs. Alors elle avait aimé, elle aussi ? Même maintenant qu’elle savait qu’il était derrière tout ça ? Est-ce qu’elle ne trouvait pas qu’il avait l’air d’un imposteur ? Est-ce qu’elle n’estimait pas que son texte était ridicule, lui qui avait grandi dans l’opulence ? Il baissa la tête le brun, parce les compliments étaient difficiles à accepter quand ils visaient la partie sensible de son être tout entier. Se pinçant les lèvres, fixant ses chaussures, il resta silencieux face à l’appréciation de la jeune serveuse. « Toi, tu le sais. » Ça faisait déjà une personne, et à l’instant T, ça lui paraissait déjà bien assez.

La conversation semblait s’éteindre, c’était généralement le moment où quelqu’un lâchait un « bon » qui voulait dire qu’il allait y aller, et bientôt, elle aurait disparu, et sans même qu’il n’ait eu le temps de trop réfléchir, il se dépêcha de combler le silence fatidique préalable à l’annonce de son départ. « Tu… Tu veux que je te ramène ? » Il désigna sa voiture de sport d’un geste du menton, garée de l’autre côté de la rue, et appuya sur l’ouverture centralisée pour que les phares viennent lui signaler la position du véhicule, comme si de les voir clignoter allait avoir le moindre impact sur elle, alors qu’elle avait refusé son billet. Il garda la face Alix, parce qu’il y avait de fortes chances qu’elle refuse de monter avec lui alors qu’il l’avait presque agressée à la sortie de son travail, et qu’il avait la réputation, justifiée, de ne penser qu’à lui, et de tout faire pour parvenir à ses fins. « Je ne vais pas t’emmener dans une ruelle sombre, si jamais t’avais un doute… » Ajouta-t-il, une main derrière la tête, pour se justifier alors que ça le rendait sûrement plus inquiétant encore, offrant à la jeune femme un sourire gêné. Alix March n’avait plus rien à voir avec la coqueluche du campus, et il était incapable de retrouver sa composition habituelle. Ca encore, c’était nouveau, et ça l’intriguait Alix, elle l’intriguait. Il fit un pas vers le passage piétons, espérant qu’elle le suivrait et qu’elle prendrait le risque de monter avec lui, sans vraiment s’expliquer pourquoi il y tenait autant, tout à coup. Ca le dépassait complètement, et bizarrement, c’était également la première fois qu’il avait eu l’impression de respirer pour de bon.

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@ava moore  

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 @Alix March  

En analysant la situation avec un peu de recul, tout commençait à faire sens dans l’esprit d’Ava. Elle ne le connaissait pas personnellement, mais ses réactions, son attitude et désormais même ses paroles, c’était comme avoir entre les mains les pièces d’un puzzle qu’elle assemblait au fur et à mesure. La jeune femme ne connaissait pas son histoire, elle ne savait même pas si elle la connaitrait un jour mais ce qu’elle voyait en lui ? C’était un jeune homme qui se cachait derrière une image parfait depuis si longtemps qu'il semblait avoir du mal à savoir clairement qu'il était réellement. Ava hocha la tête avec un petit sourire sympathique, chacun avait son histoire et par moment il était mieux de laisser cette dernière être un mystère plutôt que tout le monde la connaisse et se fasse son avis. La Moore était bien placée pour le savoir, la transparence était devenue sa spécialité. Elle savait se fondre dans la masse à la perfection, ne jamais rentrer dans les détails lorsqu’elle parlait d’elle-même ou alors très rarement avec les quelques personnes qu’elle jugeait être de confiance et avec le temps elle avait réalisé qu'ils étaient peu nombreux. C’était toujours dur de montrer qui l’on est réellement et de ne pas craindre le regard des autres, c’était se rendre vulnérable et c'était surement l'une des choses qui demandait le plus de courage au quotidien. Elle avait envie de lui dire que les gens n’avaient pas forcément besoin de comprendre son histoire, que ses paroles résonnaient suffisamment pour que chacun s’identifie à sa chanson, à ces mots qu'il utilisait pour partager ce qu'il ressentait mais elle ne rajouta rien. Ava se doutait que l’idée qu’une personne sache son secret faisait déjà beaucoup pour lui, elle le voyait dans ses réactions, ces doutes se demandant si elle laisserait fuiter cette information au risque de mettre en péril toute sa réputation et l’image qu’il avait façonnée depuis tant d’années. Ava se retint de laisser échapper un petit rire à l’expression de surprise d’Alix alors qu’elle lui disait qu’il avait du talent, comme surpris qu’elle ait deviné ce qu’il avait voulu lui demander. Elle avait développé ses qualités d’observations depuis des années, la blonde arrivait à interpréter et quelquefois deviner ce que les gens pensaient avec le langage corporel ou la façon dont ils s’exprimaient. Là où Alix avait besoin d’être au centre de l’attention, Ava elle se cachait dans l’ombre à observer. Lorsqu’il ajouta discrètement qu’elle connaissait son identité, elle pencha la tête sur le côté. Il avait ce besoin de reconnaissance, tout comme elle l’avait eu pendant la plus grosse partie de sa vie, encore un peu aujourd’hui même si elle ne le reconnaissait pas.

C’était désormais au tour d’Ava de ne pas pouvoir masquer sa surprise lorsqu’il lui proposa de la ramener chez elle. Elle s’attendait à ce qu’il parte aussi vite que l’éclair après s’être assuré qu’elle garderait son secret sous silence et elle se retrouvait prise de cours alors qu’il déverrouillait sa voiture garée non loin de là. Elle haussa un sourcil, forcément qu’Alix March roulait dans une belle voiture de sport qui devait couter un bras. La jeune blonde n’était pas impressionnée mais elle ne pouvait qu’approuver son choix d’automobile, il semblait avoir bon gout mais elle préférait s’abstenir de le souligner au risque de gonfler son égo. Ava laissa échapper un petit rire lorsqu’il essaya de la rassurer en lui disant qu’elle ne finirait pas dans une ruelle sombre « Cette précision est tout de suite très… rassurante ? T'as un vrai talent pour mettre les gens en confiance à ce que je vois. » lui qui essayait de la rassurer, sa réflexion donnait l’impression inverse mais étrangement elle n’avait pas peur. Peut-être qu’elle était juste naïve et déstabilisée par son petit sourire gêné qu’elle avait trouvé mignon et à des années lumières de l’image qu’il renvoyait habituellement. « J’ai pris des cours d’autodéfense donc même si tu décides de tenter quoi que ça soit, c’est à tes risques et périls, t’es prévenu. » ajouta-t-elle avec un peu d’humour, il pouvait croire ce qu’il voulait mais elle avait vraiment pris des cours à la fin du lycée. L’été qui avait suivi sa remise de diplôme et qu’elle avait plié bagage et quitté la maison familiale, Ava s’était dit que ça serait utile maintenant qu’elle vivrait seule et qu’elle ne pouvait que compter sur elle-même.

Elle débattait encore sur le fait de le suivre ou non mais elle avait l’impression de voir une version du March qu’il ne semblait pas montrer à grand monde et la jeune femme voulait en savoir plus. Ava réfléchit quelques secondes avant de se rappeler qu’elle avait déposé son vieux pickup au garage la veille, des bruits suspects l’avait inquiété et si elle s’y connaissait suffisamment, Ava aurait probablement essayé de voir ce qui n’allait par elle-même mais la mécanique ? C’était à des années lumières de ses capacités alors elle avait pris rendez-vous pour la déposer le plus tôt possible. La jeune blonde n’en avait pas parlé à son frère, elle se doutait qu’il s’inquiéterait et voudrait surement voir pour s’occuper de ce souci voir même avancer les frais et la jeune femme ne voulait même pas prendre cette possibilité en compte. Elle n’aurait qu’à faire un peu plus attention à son budget et espérer que les possibles dépenses envisagées ne soient pas aussi élevées que ça ce mois-ci. Alors sa proposition était tentante, elle avait eu de la chance que Noah la dépose à l’université le matin même et l’idée de rentrer à pied chez elle avec toute la fatigue accumulée ne lui faisait pas spécialement envie. Alors inconsciemment elle s’était mise à suivre le jeune homme qui traversait la rue pour rejoindre sa voiture « Si ça te dérange pas, je veux bien oui. » Ava tenta un petit sourire gêné, elle qui d’habitude n’aimait demander de l’aide, mais il lui avait proposé donc ça ne comptait pas, non ? Puis un doute lui vint en tête, comme sortie de sa torpeur en un clignement d’œil alors qu’elle se retrouvait face à la portière du côté passager « Tu ne me proposes pas de me ramener uniquement parce que tu t’en sens obligé pas vrai ? » elle haussa un sourcil, le gardant d’un air incrédule. Elle ne voulait pas qu’il se sente obligé de lui proposer quoi que ça soit en échange de son silence, ce trajet en voiture compris. « Parce que si c'est pour cette raison, je peux me débrouiller toute seule. » La jeune blonde n'était pas habituée à exister, à avoir l'attention de qui que ça soit, elle était toujours cette fille transparente et le fait qu'il ne parte pas en courant la déstabilisait.

it'll all make sense in the end + Ava & Alix

En débarquant au Karen’s Café ce soir-là, Alix n’avait absolument pas prévu que les choses tournent de cette manière, encore moins de vouloir, sans vraiment le réaliser, prolonger un peu plus le moment. Le scénario avait pourtant été très clair dans sa tête, il mettait un coup de pression à la blonde, lui faisait bien comprendre qu’elle avait tout intérêt à la fermer si elle ne voulait pas subir la foudre du March, et il retournait à ses occupations le coeur un peu plus léger de savoir son secret bien gardé. Oui… mais non. Son secret était sûrement entre de bonnes mains toutefois, parce que la jeune femme lui avait assuré qu’elle ne dirait rien, sans rien demander en échange, et c’était ce qui avait pris de court le brun. Autour de lui, personne ne faisait jamais rien sans rien attendre en retour, et c’était triste mais pourtant bien réel, il n’arrivait pas à croire à ce que ce soit gratuit. Il avait pris le temps de l’observer, il avait posé quelques questions, mais rien, elle ne demandait rien. C’était déboussolant, et il était pourtant très rare de décontenancer l’héritier March. Sans réfléchir, il lui proposa de la raccompagner chez elle, pour prolonger l’instant et essayer de creuser un peu plus, mieux cerner cette fille qui avait réussi à le prendre au dépourvu. Evidemment, après lui avoir jeté quelques billets par terre comme si elle n’était qu’une moins que rien, l’avoir plus ou moins menacée, proposer de s’enfermer avec lui dans une voiture pouvait avoir l’air suspect, et il essaya, tant bien que mal, de se montrer rassurant. Bof. Lorsqu’elle mentionna ses cours d’auto-défense, Alix ne put s’empêcher de sourire. Elle pensait impressionner qui, avec son petit corps ? Il s’avança vers elle, et du haut de ses presque deux mètres, se posa juste devant elle, rendant encore plus importante la différence de taille entre eux. « Il en faut plus pour me faire peur, Ava. » Première fois qu’il prononçait son prénom, première fois qu’il posait vraiment un regard amusé sur elle, comme un gamin de vingt-deux ans qui n’avait pas tant à prouver. Il arqua un sourcil, puis recula. La peur, elle l’avait vue chez lui, quelques minutes plus tôt, quand il avait eu peur qu’elle ne balance ce qu’il cachait de plus profond, une angoisse viscérale qu’elle avait pu deviner dans chacun de ses gestes, chacun de ses rictus, chaque mot qu’il avait prononcé. Il le savait bien Alix, c’était aussi pour ça que cette fois, son ton avait été plus doux, plus léger, qu’il avait choisi de l’appeler par son prénom, aussi. Elle en savait désormais plus sur lui que n’importe qui, et ça la rendait spéciale, qu’il le veuille ou non.

Lorsqu’il avança vers sa voiture, traversant la rue, il ne savait pas encore si elle choisirait de le suivre ou non. L’équilibre était différent, lui qui contrôlait tout, lui qui dirigeait chacun des pans de sa vie, cette fois, il lui laissait les cartes entre les mains, et c’était perturbant de ne rien maîtriser. Tu montes. Habituellement, le ton aurait été sec, et ceux qui le connaissaient n’auraient même pas bronché, parce que personne ne contredisait Alix March, et ce depuis toujours. Les quelques fous qui s’y étaient essayés en avaient payé le prix cher, et c’était devenu naturel de simplement obéir à ses lubies. Pas avec elle. Il avait compris assez rapidement qu’elle n’était pas impressionnée Ava, et qu’il ne pouvait pas agir de la même manière avec elle, sous peine que ce soit elle qui prenne le plein pouvoir et qui n’ait qu’à agiter ses baguettes pour faire de lui son pantin. Soudain, elle lui emboîta le pas, acceptant sa proposition. Un rictus de satisfaction se dessina sur le visage d’Alix, qu’il masqua rapidement pour reprendre une mine sérieuse, celle-là même qu’il offrait à quiconque l’approchait. Après tout ce qu’il lui avait balancé, elle était bien téméraire, ou alors complètement inconsciente mais s’il n’en dit rien, il trouva sa décision admirable. Courageuse, en prime. Alors qu’il ouvrit sa portière conducteur, il l’aperçut hésiter un instant. Plus si courageuse ? Finalement, il ne put réprimer un éclat de rire. « Parce que tu crois franchement qu’on peut m’obliger à faire quoique que ce soit ? » Il secoua la tête, et s’installa derrière le volant, ouvrant au passage la vitre côté passager. « Allez grimpe, avant que ne je change d’avis. » La relança-t-il, comme si tout était normal. Il se détendait un peu Alix, sans vraiment qu’il puisse se l’expliquer, il trouvait la blonde amusante, avec son petit caractère, et son assurance qui le surprenait à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche. Comment n’avait-il jamais vraiment entendu parler d’elle avant, elle était… intéressante.  En attendant, il fit vrombir le moteur, et alluma la musique qui résonnait déjà dans toute la rue. Tout à coup, il eut une idée, et son téléphone automatiquement connecté au Bluetooth de sa voiture, il lança la démo du morceau sur lequel il avait travaillé, avec cette fois, une boule au ventre énorme. Il n’avait pas de doute, elle lui dirait si cette chanson était nulle, si le texte était dénué de sens, si la mélodie ne provoquait pas la moindre émotion, s’il n’était pas à la hauteur. « Et maintenant, tu veux bien monter dans cette voiture et me dire ce que tu penses de ça ? » Cette fois, il avait mis les formes, et c’était presque un service qu’il lui demandait…

Spoiler:

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@ava moore  

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 @Alix March  

La différence de taille entre eux deux était flagrante aux yeux de tout le monde, même de loin les gens pouvaient voir que plusieurs dizaines de centimètres les séparaient mais maintenant qu’Alix se tenait droit devant elle, Ava ne pouvait s’empêcher de se sentir encore plus petite qu'à son habitude. Elle n'était pas très grande de base mais cette sensation était plus qu’accentuée mais ça n’était pas suffisant pour l’intimider. La jeune femme fut surprise d’entendre Alix prononcer son prénom pour la première fois, lui qui avait plutôt tendance à s’adresser à elle en l’interpellant. Un petit sourire en coin pris place sur son visage, lorsqu’il lui dit qu’elle ne lui faisait pas peur, elle en avait l’habitude et elle ne pouvait que reconnaitre qu’elle n’était pas très intimidante mais là où certains n’étaient que force et puissance, elle était rapide et agile et bien manœuvré, ça pouvait faire la différence. Bon ça faisait vraiment la différence dans le cas où elle devait se défendre et si elle était tentée de prendre cette remarque comme un challenge mais elle ne le connaissait pas suffisamment pour se lancer dans un jeu qu’elle n’était pas certaine de gagner. Elle n’en avait pas le temps et très possiblement pas l’énergie non plus. « Si tu le dis… » elle haussa les épaules innocemment. Les gens qui ne la connaissaient pas la voyaient comme une fille discrète et fragile, effacée mais la jeune blonde était bien plus que ça et pour le découvrir il fallait s’intéresser à elle, chose que peu de personne avait fait jusqu’à présent. L’ambiance avait totalement changé en l’espace de quelques secondes, fini l’animosité qui avait régné quelques minutes plus tôt, à la place elle voyait une autre facette d’Alix. Une version plus légère, moins stressée et qui ne semblait plus porter le poids du monde sur ses épaules et uniquement après quelques minutes, Ava savait déjà qu’elle préférait cette version du jeune homme.

La blonde avait décidé de le suivre, peut-être que c’était une erreur, peut-être pas… Elle était fatiguée et la perspective de ne pas avoir à se déplacer à pied avait été tellement tentant qu’elle avait à peine réfléchit avant d’accepter et Alix l’intriguait plus qu’elle ne l’aurait pensé. Le regardant rigoler tout en disant que personne ne pouvait le forcer à faire quoi que ça soit, la jeune femme arqua un sourcil « Tu sembles bien sûr de toi. » Si elle était plutôt du style à dire qu’il ne fallait jamais s’avancer à dire de telle chose car on ne savait pas de quoi était fait demain, elle ne pouvait qu’admirer son assurance et sa confiance en soi. Elle aurait aimé en avoir autant il y a quelques années, même encore aujourd’hui mais son environnement ne lui avait jamais permis de prendre confiance en la moindre de ses capacités mais elle y travaillait au quotidien et voyait du progrès au fur et à mesure et elle se réjouissait de chaque victoire, aussi petite soit-elle. Elle fut ramenée sur terre lorsqu’elle entendit le bruit de la porte conducteur se refermer alors qu’Alix prenait place derrière le volant. Était-ce vraiment judicieux de le suivre aveuglément après tout ce qu’il lui avait sorti et la façon dont il s’était comporté quelques minutes auparavant ? Probablement pas. Est-ce que ça pouvait être un piège pour se débarrasser d’elle ? Totalement, pour le peu qu’elle connaissait du March il était habitué à ce que tout se passe comme il l’imaginait, il avait le pouvoir de son côté mais il n’irait pas jusque-là quand même ? Alix la relança, lui disant de grimper avant qu’il ne décide de changer d’avis, c’est lorsqu’elle le vit s’afférer sur son téléphone portable qu’elle ne put retenir son expression de surprise avant que la chanson qui passait précédemment ne change. Chanson qu’elle n’avait jamais entendue et pour cause, elle s’était demandée pendant l’espace d’un instant si c’était de lui, elle avait cru reconnaitre quelque chose dans la mélodie et il confirma ses suspicions lorsqu’il lui répéta pour la dernière fois de monter et de lui donner son avis sur ce qui sortait des enceintes de sa voiture. « Bossy… » baragouina-t-elle suffisamment fort pour qu’il l’entende, levant les yeux en ciel tout en retenant un petit rire alors qu’elle ouvrait la portière et s’installait dans le siège. Ava lui lança un petit sourire en coin « J’ai le droit d’entendre le futur grand tube de The Invisible en avant-première ? On est aussi proches que ça maintenant ? » mais rapidement elle s’installa plus confortablement, un peu plus détendue parce que lui faire écouter les quelques minutes sur lesquelles il avait dû passer des heures à travailler alors qu’ils ne se connaissaient à peine voulait déjà dire beaucoup. Se concentrant un peu plus sur la chanson qui résonnait dans l’habitacle, les paroles s’enchainaient et arrivé au refrain, Ava pencha légèrement la tête tout en en souriant alors qu’elle écoutait attentivement les paroles, ça lui parlait bien plus qu’elle ne le pensait. La chanson avait du potentiel et si grandir dans une maison dont la moitié de la famille ne vivait que pour la musique (et la gloire qui allait avec), même si ça ne faisait pas d’elle une professionnelle, elle savait repérer les tubes en devenir. « Pas mal du tout ! » Il semblait attendre et vouloir son avis et elle n’en avait pas douté lorsque la blonde avait appris qu’il était la personne derrière The Invisible mais il avait du talent. Bien plus que certaines personnes et il ne semblait pas s’en rendre compte ou alors il avait du mal à le reconnaitre. Se lancer dans le moindre milieu artistique n’était pas toujours pris au sérieux mais certains pouvaient vraiment faire la différence et elle était certaine que ça serait le cas d’Alix s’il n’était pas aussi effrayé de montrer cette facette de sa personnalité. Alors que la chanson touchait à sa fin, elle se tourna vers lui du mieux qu’elle pouvait, son sourire n’ayant pas bougé. « Ca a énormément de potentiel, je pense que les paroles sont parfaites t'as pas besoin d'y toucher, j’aurais peut-être accentué la basse sur le refrain ? Je ne pense pas que ça dérangerait si on l’entendait un peu plus. » ajouta-t-elle d’un ton léger et pensif, c’était la première fois qu’on lui demandait son avis sur ce genre de chose et pour une fois elle avait la sensation que son avis comptait.

it'll all make sense in the end + Ava & Alix

Jamais Alix n’avait imaginé une seule seconde se retrouver à attendre après Ava, à lui demander de monter dans sa voiture et encore moins qu’il lui proposerait de la raccompagner, lui, le mec allergique à la galanterie et qui n’avait rien à faire de la détresse des gens, encore moins d’inconnus. Néanmoins, cette fille-là avait éveillé chez lui quelque chose d’inattendu, un sentiment étrange de curiosité qui le poussait à prolonger le moment. Il aurait dû la laisser se débrouiller, rentrer chez elle à pied et foncer à bord de son bolide sans même se retourner, sans même penser à regarder en arrière qu’elle n’était pas suivie, qu’elle tournait bien au coin de la rue. Il n’en avait rien fait, parce qu’au contraire, il l’avait invitée à l’intérieur et en plus de ça, elle se faisait désirer. Le monde à l’envers. Ce fut seulement lorsqu’il lança la démo du morceau sur lequel il avait travaillé qu’elle s’installa enfin sur le siège passager. Evidemment, s’il s’était attendu à ce qu’elle s’assoit en silence, il s’était mis le doigt dans l’oeil, parce qu’elle le taquinait en plus, s’amusant du fait qu’il ait fait tomber l’armure aussi vite. C’était la première fois qu’il le faisait, lui, le mec intouchable, le mec sûr de lui, le mec qui nierait même sur son lit de mort, et encore une fois, elle prenait le dessus sur lui, comme ça, en une phrase, en un sourire, en une vérité qu’il n’avait pas voulu lui avouer mais qu’il n’avait pas pu lui cacher non plus. Il haussa les épaules, ils n’étaient pas proches, mais il devait se résoudre à lui concéder une chose : « T’en sais plus sur moi que tous mes proches réunis, j’imagine. » Souffla-t-il, comme un aveu de faiblesse qu’il lui offrait sur un plateau, encore.

Sa première chanson était ce qu’il avait de plus authentique, c’était une porte ouverte sur le petit garçon apeuré caché derrière l’image qu’il se donnait, et la seconde, dont les premières notes résonnaient déjà dans l’habitacle, en était une autre. Alix avait passé des heures à travailler, re-travailler, changer certains détails de l’instru, il avait enregistré plusieurs versions, modifié les pistes, encore et encore, avant de finalement s’arrêter sur ces réglages. Il n’avait pas commencé à rouler, fixant Ava qui elle, semblait concentrée sur ce qu’elle entendait. Les paroles du March retentissaient, et s’il les avait déjà entendus une centaine, voire un millier de fois, c’était par contre la première fois que quelqu’un d’autre les écoutait. Le refrain revenait, et il entendait sa voix répéter « i’m unexpected », le titre de la chanson. Il y abordait le fait de ne jamais être à la hauteur, cette frustration de tout donner mais de n’avoir jamais la satisfaction de réussir, que s’il atteignait de belles choses, alors ça impliquait que le défi était si facile qu’il aurait dû atteindre l’excellence. Il n’était jamais là où on l’attendait, parce qu’il avait le sentiment d’être l’échec en personne, un thème déjà abordé dans la première chanson mais qu’il avait approfondi sur celle-ci, se concentrant vraiment sur cette douleur et la déception qu’il avait toujours été. Le dernier chorus était un cri du coeur, et face à cette vulnérabilité ambiante, il préféra baisser la tête pour ne pas avoir à lire une quelconque émotion négative sur le visage de la blonde. Elle brisa le silence Ava, lui adressant un premier compliment dont il avait du mal à discerner la politesse de l’impartialité. Le brun tourna la tête, posant les yeux sur le visage souriant de la jeune femme. Les yeux du March s’arrondirent, est-ce qu’elle avait réellement aimé alors ? Les lèvres pincées, il attendait qu’elle argumente, qu’elle lui donne plus d’éléments, un avis peut-être plus constructif. Les dernières notes de l’instrumental se faisaient entendre, et il avait du mal à ne pas s’impatienter. Il l’interrogea du regard, lui offrant des grands yeux qu’elle pouvait aisément traduire par un « oui et ? » qu’il eut, au moins, la décence de ne pas prononcer. L’avis d’Ava se ne fit pas attendre plus longtemps, elle validait les paroles, et c’était déjà un immense poids en moins qui s’échappait des épaules du brun. Son texte était ce à quoi il était le plus attaché, il avait pesé chacun de ses mots, travaillé chacune des lignes, chacune des métaphores pour faire passer l’émotion sans pour autant être trop lourd et trop brutal. Par contre, elle avait relevé quelques points d’amélioration sur l’instru, et Alix fronça les sourcils. Un peu offensé, il se tut un moment, puis après réflexion, hocha la tête. « T’as raison, c’est vrai que j’aurais pu amplifié la basse, surtout au moment du « unexpected » ! » Son ton était  étonnamment enjoué, motivé même, et il prenait la critique de façon très positive, parce qu’il devait admettre que sa suggestion était prometteuse.

Jetant un regard à la blonde, il démarra le véhicule et prit aussitôt la route, maniant le volant avec une aisance qui pouvait interroger sur la sécurité. Il fonçait le brun, mais il ne prenait pas la direction de chez Ava, il ne lui demanda même pas le chemin. Quelques minutes plus tard, il ralentit et s’arrêta devant l’immense propriété qui lui servait de maison. Il ne lui avait pas demandé son avis, parce que comme toujours, ce qu’Alix voulait, Alix obtenait, oubliant au passage que la demoiselle assise à ses côtés n’était pas du genre à se laisser dicter ses faits et gestes. Oups. Alors que le portail sécurisé s’ouvrait sur une immense allée fleurie et arborée, il se tourna vers la Moore. « On pourrait y travailler maintenant, si t’as rien de mieux à faire ? » Il s’était clairement emballé, à la fois content que quelqu’un puisse enfin partager sa passion et lui faire un retour sur ses créations, qu’on puisse l’aider à améliorer ses productions, et toujours aussi égocentrique au point de ne pas vérifier qu’elle accepterait de venir chez lui, après sa journée éreintante. « J’te ramènerai après… promis. » Ajouta-t-il, essayant de se rattraper un minimum et de s’éviter un non catégorique. Il faisait les choses à l’envers Alix, difficile d’attendre autre chose de sa part, mais pour une fois, il partageait un peu de lui sans masque, sans armure, et l’engouement face à cette sincérité l’avait emporté, peut-être un peu trop.

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@ava moore  

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Ne pas pouvoir montrer la personne que l’on était vraiment ? D’avoir l’impression qu’il fallait à tout prix renvoyer la meilleure image de soi quitte à s’oublier ? C’est ce qu’elle lisait sur le visage du jeune homme et c’est ce qu’il avait confirmé avec sa petite phrase qu’il pensait passerait surement inaperçu. Elle ne put s’empêcher de ressentir un peu de sympathie à son égard, il semblait qu’ils avaient tous les deux plus en commun qu’elle n’aurait pu l’imaginer lorsqu’elle le voyait sur le campus ou la fois il avait franchi les portes de la radio du campus. Mais sa réflexion l’a fit réfléchir, elle connait un aspect de lui que les autres ne connaissaient pas mais il y avait énormément de choses qu’elle ne savait pas sur lui, du moins pour l’instant. « Juste un aspect que les autres ne connaissent pas. » elle lui lança un petit sourire, essayant de ramener un peu de légèreté dans la conversation mais quelque chose lui disait qu’il ne semblait pas montrer toute sa personnalité à qui que ça soit, pas même ses proches mais elle avait toujours fait la même chose alors elle ne pouvait que comprendre.

Les paroles d’Alix, Ava les ressentait au plus profond d’elle-même et le fait qu’il ne veuille pas forcément que les gens sachent qui se trouvait derrière The Invisible. Son premier tube laissait entrevoir une part de ses sentiments, une part de sa vulnérabilité et si elle avait accroché avec sa première chanson, les paroles de celle-ci lui parlaient tout autant. Est-ce qu’elle était prête à le reconnaitre ? Elle lui en parlerait peut-être lorsqu’ils se connaitraient un peu plus ou alors lorsqu’elle ferait une gaffe et cracherait le morceau de nulle part comme elle avait trop souvent l’habitude de le faire. C’était aussi pour ça qu’Ava s’était empressée de lui dire que les paroles étaient parfaites à ses yeux, parce qu’elle s’était retrouvée dans le message qu’il essayait de transmettre. Cette sensation de ne jamais être assez bien, de ne jamais être au niveau malgré tous les efforts du monde, c’était blessant et épuisant et personne ne méritait de se sentir ainsi. Et Alix était talentueux personne ne pouvait le nier, il cachait bien son jeu parce qu’au premier regard lorsqu’on le croisait en ville ou dans les couloirs de l’université, les gens étaient à mille lieux d’imaginer qu’il était en réalité très surement un génie de la musique qui était voué à faire de grandes choses, la jeune femme en était persuadée. Ava avait eu un moment de doute lorsqu’elle lui avait fait part de son avis sur la basse, qu’il pouvait l’amplifier. Parce que même si elle l’avait dit avec toutes les bonnes intentions du monde, chacun recevait les conseils différemment, est-ce qu’elle avait été trop franche, trop directe ? Elle n’avait pas l’habitude de faire un retour sur ce genre de chose, pas à voix haute en tous cas et lorsqu’il fronça les sourcils, son inquiétude augmenta à la vitesse de l’éclair mais quelques secondes plus tard il prit la parole pour dire qu’il était d’accord avec elle. Elle laissa échapper un petit soupir de soulagement, il n’était pas vexé et prenait en compte son conseil, il semblait même le prendre très bien et elle hocha la tête, presque sous le choc parce que c’était bien la première fois qu’elle le voyait aussi enjoué, aussi emballé par un sujet. C’était comme le voir sous un nouveau jour et elle appréciait de voir ce côté passionné qu’il laissait entrevoir.

La façon dont il avait fait vrombir le moteur de sa voiture de sport avant qu’elle ne monte aurait dû lui mettre la puce à l’oreille sur sa façon de conduire et si elle avait été surprise lorsqu’il s’était lancé sur la route, Ava se détendit un peu et s’enfonça un peu plus confortablement dans le siège confortable du véhicule. Un confort incomparable à celui de son taco alors elle en profitait silencieusement, si elle avait oublié qu’ils ne faisaient pas parti du même monde, la demeure devant laquelle ils arrivaient le lui rappelait. La blonde se disait qu’elle aurait dû réagir lorsqu’il ne lui avait pas demandé son adresse, elle partait du principe qu’il la connaissait surement mais lorsqu’il se tourna vers elle comme s’il venait de réaliser qu’il l’avait emmené ici sans se rendre compte qu’il lui ne lui avait pas demandé son avis, Ava se retenait de laisser échapper un petit rire. Est-ce qu’elle n’avait rien de mieux à faire ? Elle pensait à tout le sommeil qu’elle devrait rattraper mais ses échanges avec Alix étaient bien plus intéressants et elle voulait voir encore quelles facettes du jeune homme elle pourrait découvrir. Et puis jamais personne n’avait pris en compte ses retours sur le moindre projet musical mais après tout elle n’avait jamais eu l’occasion de le faire. Parce qu’Ava avait toujours été cette fille qui restait dans l’ombre, elle avait déjà assisté à quelques enregistrements de démo de Lexie par le passé alors qu’elle était encore adolescente, naïve et pleine d’espoir. Pourtant elle n’avait jamais osé, jamais trouvé le moment pour parfois donner son avis mais personne ne le lui avait jamais demandé et elle n’avait dès lors cessé de se dire que ce n’était pas pour rien et que en tant qu’amatrice qui n’y connaissait rien face à tous ces professionnels, ses retours n’avaient aucune valeur. C’était aussi pour ça qu’elle avait continué de composer ses chansons sans que personne ne le sache, dans le cocon des quatre murs que constituaient sa chambre. Personne d’autre que la peinture vieillissante de son havre de paix pour la juger silencieusement et elle s’était habituée à ce que ça soit comme ça. Mais voilà qu’Alix lui avait demandé son avis, à elle, la fille transparente du lycée qui a eu son quart d’heure de gloire dans le seul but d’en savoir plus sur ses liens familiaux. Celle-là même donc les gens avaient oublié l’identité la semaine qui suivait alors que la pêche aux infos ne s’était pas avérée fructueuse et l’idée de pouvoir partager cette passion qu’ils semblaient avoir en commun lui faisait oublier toute la fatigue qu’elle avait pu accumuler au cours de sa journée. « On peut s’arranger si tu me nourris, j’suis pas sûre d’être en état de te faire le moindre retour constructif si en milieu de soirée je n’ai rien avalé. » Ava se demanda si les March avaient un chef, vu la grandeur de demeure familiale ça ne la surprendrait pas le moins du monde. « Maintenant qu’on est là c’est trop tard pour faire demi-tour de toute façon non ? » elle arqua un sourcil avant d’ouvrir la porte et de sortir du véhicule « Après vous monsieur ! »

@Alix March  

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Partager sa musique avec quelqu’un avait la saveur du risque, et à la fois, un sentiment de soulagement d’enfin pouvoir exprimer ses doutes, de pouvoir questionner quelqu’un sur ses choix, demander conseil, avoir un avis constructif sur ses morceaux. Pour Alix qui avait toujours réalisé sa passion seul, dans son coin, dans le plus grand des secrets, cette opportunité, bien que dangereuse, lui apportait également la possibilité de ne pas envoyer un morceau qui pourrait encore être amélioré, ou pire, d’envoyer sur les plateformes un morceau qu’il n’aurait peut-être jamais eu le courage de sortir, lui, ce perfectionniste pas franchement sûr de lui dès lors qu’il s’agissait de musique. La différence entre son attitude au quotidien et celle qu’il adoptait dans cette voiture n’avait rien à voir, et si ses copains le voyaient, ils n’en croiraient vraisemblablement par leurs yeux. Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait d’Alix March ? Avec Ava, il pouvait se permettre de ne pas toujours être le populaire Alix, elle avait percé à jour le petit Alistair, ce garçon qui jouait le mec vaniteux et sûr de lui mais qui comblait finalement un manque cruel de reconnaissance. C’était étonnant, venant de lui, parce qu’il n’y avait que sa mère sur cette Terre qui aurait peut-être pu parler de lui de la sorte, si elle en avait encore la lucidité, mais ça faisait maintenant des semaines que ce n’était plus le cas et que le brun veillait sur elle tant bien que mal, sans en parler à qui que ce soit. Pour la première fois, il emmenait quelqu’un chez lui depuis le décès de son père, et il prenait le risque de voir sa mère débarquer au beau milieu de la cuisine en chemise de nuit, des poches sous les yeux, incapable de se souvenir du jour de la semaine ni même de réaliser l’heure qu’il était tant elle passait ses journées dans le noir, alimentée aux cachets et aux antidépresseurs. La seule personne à avoir mis les pieds chez les March était Kiera Lawson, et elle n’avait pas été invitée, loin de là. Pire, elle était venue réclamer l’argent de sa bourse alors que la famille était en plein deuil, et avait menacé de solliciter la mère d’Alix pour qu’elle signe des papiers sur lesquels le fils March avait eu procuration compte tenu de l’état de santé mentale de sa maman, une menace qu’il ne lui pardonnerait jamais, lui qui déjà, ne l’aimait pas du tout depuis de très nombreuses années.

Cette fois, c’était différent. Il avait emmené Ava de son propre chef, motivé à l’idée de travailler avec elle sur sa musique, maintenant qu’elle avait tout découvert, dans un élan de simplicité qui ne lui avait jamais ressemblé. Alix s’était toujours refusé de laisser deviner la moindre faille chez lui depuis très longtemps, concentré à passer pour un mec plein d’assurance, qui n’avait peur de rien, et qui méprisait tout le monde. La réalité était plus nuancée, parce que la seule personne qu’il n’avait pas appris à aimer était sûrement lui-même avant toute chose, touché, même inconsciemment, par les remarques désobligeantes de son père, qui l’avait poussé à croire qu’il ne valait rien. Sa musique, c’était ce qui lui importait le plus, son jardin secret en même temps que son échappatoire, ce sur quoi son père n’avait jamais émis le moindre jugement, sa safe place. Néanmoins, Alix restait Alix et c’était sans l’aval de la blonde qu’il s’était arrêté devant chez lui, lui imposant une soirée qu’elle n’avait pas prévue. La présence d’Ava avait étrangement apaisé le brun, comme si le fait qu’elle connaisse cette partie plus intime de lui suffisait à ce qu’il n’ait plus besoin de jouer ce rôle qu’il s’imposait et qui était devenu une réelle part de sa personnalité au fil du temps. Si depuis le début, elle avait eu tendance à se rebeller et à ne pas manquer de lui envoyer quelques vérités en pleine face, elle sembla ne pas émettre de vraies réserves à la perspective de travailler avec lui sur sa musique pour les quelques heures à venir, en dehors d’un peu de nourriture. Alix haussa les épaules, évidemment qu’il pouvait lui offrir le couvert, et si le frigo était vide, il appellerait un livreur, l’obstacle était évité en un claquement de doigt. « Bien. » Avait-il répondu froidement, avant d’avancer pour laisser le véhicule à côté de deux autres bolides plus chers les uns que les autres qu’il ne voyait même plus tant ils faisaient partie du paysage. « T’avais encore le choix, mais maintenant que je suis garé, t’es condamnée, désolé. » Lui adressa-t-il en tournant la tête vers le siège passager avec un léger sourire qu’il n’offrait pourtant que rarement, ou seulement en cas de sarcasme, ce qui dénaturait le geste, évidemment. La jeune Moore sortit du véhicule, et du coin de l’œil, Alix veilla à ce qu’elle fasse attention à sa portière, pour ne pas abîmer la carrosserie de la Bentley d’à-côté, sans rien dire. Si ça avait été ses potes, il les aurait menacé depuis l’intérieur de l’habitacle, mais avec Ava, il avait compris qu’il valait mieux éviter de se comporter comme un enfoiré.

Après vous… La blonde le laissa pénétrer dans sa propre maison le premier, et Alix tapa le code de sécurité qui déverrouillait l’immense porte d’entrée de leur propriété. « Bienvenue… » Il tendit le bras vers l’intérieur pour qu’elle entre. Elle allait mettre le pied dans un immense hall duquel elle surplombait de quelques marches une pièce de vie magnifique, donnant sur une piscine à débordement avec vue sur la ville. Tout chez les March était luxueux, et leur villa d’architecte ne détonnait pas du reste. Alix ne savait pas trop quoi dire, cette maison ne lui faisait plus d’effet depuis bien longtemps, il n’en voyait que les défauts désormais. « La cuisine est par ici. » Fit-il en passant une main dans le dos de la jeune femme, tout en jetant un regard aux alentours. Sa mère ne semblait pas être levée, et c’était presque une bonne nouvelle. Pas besoin d’expliquer la situation à Ava, il s’était déjà beaucoup confié pour en plus avoir à lui offrir une vision globale de toute la fragilité d’Alix March en une seule soirée. Ouvrant le frigo américain encastré, le jeune homme réalisa avec effroi qu’il n’y avait franchement pas grand-chose. Ces derniers temps, il mangeait surtout dehors avec ses amis, préférant retarder ses retours à la maison au maximum pour éviter la solitude et la tristesse ambiante. Il allait devoir veiller à ce que les courses soient faites dès le lendemain, parce que même si sa mère n’avait pas envie de manger, elle devait s’alimenter. « Merde… J’peux te faire un sandwich ? » Il sortit un peu de dinde, du fromage en tranche, du beurre, avec une moue navrée. « A moins qu’on commande des pizzas ? » Attendre une livraison impliquait qu’elle allait rester peut-être plus longtemps que ce qu’elle s’était imaginé, mais il ne faisait aucun doute que ce serait meilleur qu’un vieux sandwich. Il attrapa une bouteille de coca, et la leva vers la blonde. « Tu veux boire quelque chose ? Coca, jus, eau… vodka ? » Il lui offrit, cette fois, un immense sourire, parce que l’idée de la voir picoler le faisait marrer, et surtout parce qu’il n’était qu’un gamin de vingt-trois ans qui se retrouvait en tête-à-tête avec une fille dont il ne savait rien. Se montrer hospitalier n’était pas la plus grande qualité d’Alix, mais on ne pouvait pas lui retirer qu’il essayait, et ça relevait déjà d’un miracle... C’est toi Alistair ? Une voix s’éleva du haut des escaliers, et le brun se raidit. « Oui, m’man, c’est moi, tout va bien. Tu peux te recoucher. Je… suis occupé là. » S’écria-t-il depuis la cuisine. Pas de réponse. Il ferma les paupières un instant, priant pour qu’elle retourne dans sa chambre, et qu’elle ne descende pas les rejoindre alors qu’il apparaissait évidemment qu’elle ne serait, de toute façon, pas apte à tenir une conversation digne de ce nom avec son invitée. « Ca te dérange pas si on va dans ma chambre ? ... Maintenant ! » Il ne laissa pas le temps à la blonde de répondre qu’il attrapa sa main et monta quatre à quatre les marches du second escalier menant à son espace privatif. A peine à l’intérieur, il lâcha Ava et ferma la porte, conscient qu’il allait devoir quelques explications à la blonde pour cette réaction lunaire. Cette fois, plus de retour en arrière possible, elle était là, dans sa chambre, dans son univers, dans une intimité qu'il n'avait pas imaginé offrir à quiconque, ni ce soir, ni jamais d'ailleurs. Autour d'eux, une pièce parfaitement rangée, parce qu'il avait pris le pli, Alix, depuis tout petit, que ce qui ne serait pas rangé serait offert aux associations locales. C'était une chambre aseptisée qui ne reflétait rien de la personnalité d'Alix, sauf si on ouvrait son placard et qu'on y trouvait sa guitare, ou ses cahiers d'écriture, son matériel d'enregistrement, tout ce qui faisait de lui ce qu'il était réellement et qu'il cachait, encore et toujours, jusque sous son propre toit.  

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@ava moore  

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C’était un reflex humain de faire son maximum pour se préserver, un comportement qui était bien familier à Ava. Comme le dicton le disait si bien, il valait mieux prévenir que guérir et c’était pour ça que la jeune femme avait du mal à s’ouvrir aux autres, protéger son cœur était bien plus simple que d’avoir trop d’attentes de la part des gens et d’être à nouveau déçue comme l’a souvent été. Mais à se protéger de la sorte, à être plus en retrait qu’avenante envers les gens, elle avait développé un sens de l’observation infaillible ou du moins elle essayait de s’en convaincre. Mais la blonde repérait assez facilement les petits faits et gestes de chacun, ces réactions qui ne trompaient personne parce qu’elle en avait eu des similaires, ses sourires un peu forcés pour dissiper une ambiance pesante, une question gênante ou encore un regard qui laissait filtrer un manque de confiance en soi dissimulé derrière une façade qui semble pourtant solide. La liste était longue mais pourtant elle connaissait ces situations sur le bout des doigts et elle voyait bien que l’attitude du jeune March en cachait plus qu’il ne le laissait paraitre malgré ses talents d’acteurs. Parce qu’il était fort, il en avait l’habitude de ce qu’elle avait compris alors elle le laissait faire, parce que jamais rien de bon ne venait de forcer quelqu’un à s’ouvrir s’il n’en avait pas envie, s’il ne se sentait pas en confiance. Il avait ses raisons, tout comme elle avait les siennes pour le comportement qu’elle avait aujourd’hui. Chacun avait son histoire…

Elle avait observé le paysage défiler sous ses yeux, s’enfonçant un peu plus dans un quartier dans lequel elle ne pensait pas mettre les pieds de sitôt, voire absolument pas tout court et ce même si ses parents décidaient d’investir dans le coin avec l’argent fait sur le dos du travail acharné de sa sœur. Et pourtant, elle regardait les moindres détails silencieusement alors qu’ils arrivaient à la demeure des March. Aussi grandiose qu’elle pût l’imaginer, sa maison était à la hauteur de la réputation de sa famille mais il en allait de soi, c’était souvent l’un des éléments les plus importants, tout comme les voitures. Ca montrait une certaine appartenance à une classe sociale et elle avait vu à quel point ses propres parents y accordaient eux aussi de l’importance, elle n’osait imaginer le monde dans lequel avait grandi Alix qui baignait dans cet univers depuis la naissance. Elle secoua la tête, sortant de la bulle dans laquelle elle s’était perdue, Alix venait de se garer à côté de deux autres bolides encore plus impressionnants que le véhicule dans lequel ils avaient fait le trajet, qu’attendait-elle de sa part ? Elle fit attention en sortant, s’assurant de ne toucher à rien, pas même avec sa hanche alors qu’elle refermait la portière bien plus doucement et soigneusement qu’elle n’avait l’habitude de le faire avec Tacobell son vieux pickup. « Comme si t’allais faire demi-tour pour me redéposer si je te l’avais demandé avant que tu te gares… » un petit sourire en coin vint étirer ses lèvres, elle n’y croyait pas une seule seconde mais après tout elle l’avait laissé conduire alors qu’elle avait réalisé qu’ils ne se dirigeaient pas vers l’endroit où elle vivait. Elle savait dans quoi elle s’était embarquée, ou alors elle pensait le savoir et elle avait fait le choix de laisser faire parce qu’aussi étrange que ça, le temps qu’elle passait à découvrir ce nouvel aspect d’Alix lui plaisait, parler de musique avec le jeune homme lui retirait un poids des épaules qui l’étouffait depuis bien trop longtemps. Elle avait enfin l’impression d’exister ne serait-ce qu’un tant soit peu et elle espérait que ça soit la même chose pour Alix, qu’il ne ressente pas le besoin de se cacher derrière cette armure qu’il arborait pourtant en permanence et qui devait l’épuiser au quotidien.

Ils venaient vraiment de deux mondes totalement différents et à peine après avoir passé le pas de la porte qu’Ava était ramenée sur Terre. C’était le genre d’entrées et d’intérieurs que l’on voyait en général dans des films mais elle ne laissa rien paraitre, elle se laissa guider par le géant qui connaissait les lieux sur le bout des doigts et ils arrivèrent dans la cuisine. Il avait pris sa réflexion sur la nourriture bien plus sérieusement qu’elle ne l’avait pensé et elle essayait de se retenir de sourire. La jeune Moore s’appuya contre l’îlot central et le regarda ouvrir le frigo, sa réaction confirma qu’il n’y avait rien dans le frigo, peut-être n’étaient-ils pas aussi différents que ça. Ils ne passaient jamais suffisamment de temps chez eux pour s’occuper de le remplir. Malgré tout Alix sorti tout de même quelques ingrédients, de quoi faire des sandwichs avant qu’il ne lui propose de commander une pizza, la jeune blonde haussa les épaules. « Comme tu préfères, tout dépend si tu veux te débarrasser de moi le plus vite possible j’imagine. » ajouta-t-elle avec une mine angélique, étant donné que c’était lui qui l’avait emmené ici elle se disait que ce n’était probablement pas le cas. Concernant sa question, les deux lui allaient, elle s’en fichait tant qu’elle avait un peu de carburant pour rester éveillée et faire fonctionner son cerveau normalement. Elle haussa un sourcil avec un petit sourire en lorsqu’il lui demanda ce qu’elle voulait à boire, surprise par sa réaction alors qu’il ajoutait vodka à la liste. Elle aurait été capable de dire oui s’il l’avait mise au défi, parce qu’au final elle ne disait jamais non lorsqu’on mettait en doute ses capacités et même si elle ne devait probablement boire aussi souvent que les jeunes de son âge, elle tenait relativement bien la cadence. Ava ouvrit la bouche pour rétorquer mais fut coupée avant que le moindre son ne puisse s’échapper, c’était une voix féminine et se retournant vers l’entrée de la cuisine, la blonde ouvrit de grands yeux, étonnée d’apprendre que la mère d’Alix était là, elle s’attendait à la voir rentrer dans la cuisine d’une seconde à l’autre après la réponse de son fils mais aucun bruit ne résonna dans la demeure.

La jeune femme cligna des yeux qu’elle était entrainée par Alix dans les escaliers, se retrouvant dans ce qu’elle imaginait être son espace à lui quelques secondes après. Elle se retrouvait presque prise en otage et en plus elle devait faire du sport ? Elle n’était pas aussi grande que lui et avait eu un peu plus de mal à le suivre alors qu’il avait monté les marches quatre à quatre. Le souffle un peu court, plus par le choc de la vitesse à laquelle tout s’était passée que par l’effort physique, elle lui lança d’un ton léger « J’imagine que tu l’as pas prévenu que t’avais invité quelqu’un huh ? » Elle tourna sur elle-même pour observer la pièce, la blonde ne s’attendait pas à ça en voyant sa chambre. Un peu plus et elle croyait regarder un magazine de déco d’intérieur tant tout était parfaitement rangé, ordonné et simple. C’était une pièce qui pouvait plaire à tout le monde, probablement trop. Ava s’était attendue à voir des fringues trainer aux quatre coins de sa chambre, voir des photos de ses amis et lui si ce n’était pas des photos avec sa famille ou même encore des babioles sur ses étagères mais ça n'était pas le cas. Après avoir parcouru un tour de vue de l’ensemble de l’espace, elle lui lança un regard avec un petit sourire « Je m’attendais pas à ce que ça soit si… ordonné. Maniaque sur les bords ? » ce n'était pas un mythe de dire que les jeunes de son âge étaient en général bien plus chaotiques et bordéliques que l’inverse et en comparaison d’Alix, elle passerait surement pour une fille peu ordonnée alors qu’elle s’assurait à chaque fois que tout soit rangé. Elle alla s’appuyer contre le bureau, s’assurant au passage de ne toucher à rien, ça restait son espace personnel, son espace à lui et elle ne voulait pas non plus trop prendre ses aises alors qu’il semblait pris de court. Ce qui venait de se passer n’était clairement pas prévu au programme à en juger par sa réaction et son expression « Bon pour cette pizza, on fait comment ? Je veux une margherita ! » elle s’en fichait bien de cette pizza mais elle avait sorti ça dans le but de dissiper un peu la tension qui avait pris place, la dernière chose que la Moore souhaitait était qu’il se sente obligé d’expliquer la situation. Il s’était passé beaucoup de choses en une seule soirée qui n’était même pas encore terminée alors elle le laisserait gérer la situation à son propre rythme. Elle pencha la tête « Pas d’instruments de musique en vue ? Ca va être compliqué pour travailler sur ton morceau, après je dis ça je dis rien. » Ava s’approcha de lui, plaçant sa main sur son avant-bras dans un geste qu’elle espérait réconfortant et le regarda droit dans les yeux « T’es pas obligé d’en parler si t’en as pas envie… pour aujourd’hui du moins. » elle recula d’un pas tout en accompagnant la dernière partie de sa phrase par un clin d’œil.

@Alix March  

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Dans tout ce qu’il aurait pu imaginer en se levant ce matin-là, jamais il n’aurait pu se douter qu’il ramènerait Ava chez lui. Dans sa tête, tout était pourtant si limpide, il allait lui flanquer la trouille, acheter son silence, et ne plus jamais avoir à craindre quoique ce soit d’elle. Oui, mais même s’il avait toujours agi ainsi, tout ne se déroulait pas toujours comme Alix March le décidait, et blonde en avait décidé autrement. Plus que ça, elle avait su créer quelque chose chez Alix que personne jusque-là n’avait été capable d’aller chercher, un sentiment de danger et à la fois, une connexion qui le surprenait. Elle savait. C’était ça leur lien, il ne pouvait plus lui mentir et faire semblant parce qu’elle avait bien compris qu’il était derrière The Invisible, et que le texte de sa chanson était une version brute de qui il était vraiment. Le masque était tombé, et se retrouver à découvert était une émotion nouvelle pour le brun qu’il avait encore du mal à apprivoiser. Pourtant, la réalité était telle que la jolie Ava était à présent chez lui, prête à lui accorder du temps pour travailler sur sa musique alors qu’il l’avait presque menacée quelques minutes plus tôt. Est-ce qu’elle était inconsciente ou juste téméraire ? Probablement un peu des deux, et ce côté indépendante et badass plaisait surprenamment à Alix qui lui avait ouvert les portes de son chez lui, lui qui n’invitait pourtant personne, surtout pas depuis la dépression de sa mère et l’état végétatif dans lequel les médicaments la plongeait. Elle était capable de se présenter en chemise de nuit, les cheveux hirsutes, l’air ailleurs, et le jeune homme n’avait pas la force de gérer ça, pas ce soir, pas maintenant. Ava, elle ne ressemblait pas aux filles qu’il avait l’habitude de fréquenter, celles qui tournaient autour de son cercle d’amis, elle était… différente, et c’était peut-être là la raison pour laquelle il avait accepté de se laisser aller à un peu de vulnérabilité. Dans la cuisine, il réalisait qu’il n’avait pas grand-chose à offrir, elle qui pourant avait eu pour seule exigence un peu de ravitaillement. Loin de se laisser démonter, Alix montrait une fois de plus qu’il pouvait être borné quand il l’avait décidé, et entreprit de sortir les ingrédients disponibles pour un sandwich, mais rien qui ne lui faisait franchement envie. « Si par se débarasser de toi, tu parles de t’empoisonner, je pense qu’on en est pas loin. » Dit-il en ouvrant un pot rempli de moisissures. » Une grimace sur le visage, il jeta le pot à la poubelle d’un geste théâtral, mais alors qu’il s’attardait sur les boissons, ce fut une nouvelle grimace qui paralysa son visage. Une phrase pour signaler sa présence à sa mère, et la fuite. Vite. Hors de question qu’elle ne descende et qu’elle divague devant Ava, hors de question qu’il ait à montrer cette partie de sa vie ce soir, ni jamais. Alix March devait garder un peu de dignité.

A l’intérieur de la chambre, il reprenait son souffle rapidement, à la fois soulagé de ne pas avoir à gérer sa mère et gêné par le fait qu’on vienne dans son espace, sans qu’il ne s’y soit réellement préparé. Il avait agi sur un coup de tête, mais maintenant qu’il la voyait là, au milieu de sa chambre, tout devenait bien plus concret et son sentiment de sécurité, caché entre les quatre murs de la pièce, venait de disparaître. Elle était au cœur de cette partie de lui qu’il ne montrait à personne, et jamais il ne s’était senti aussi à découvert qu’à cet instant, alors qu’elle observait sa chambre. « J’avais déjà pas prévu de t’inviter, donc non. » Son ton était froid, cette foutue protection qu’il maintenait, même quand ça ne servait à rien. Ava regardait autour d’elle, et découvrait une chambre au carré, un endroit qui n’avait rien de personnel, pas un indice ne laissait présager qu’un jeune vivait encore ici. « Pas vraiment… Question d’habitude j’imagine. » Il haussa les épaules, conscient que les chambres de ses copains n’avaient rien à voir avec la sienne, mais eux n’avaient pas été élevés par un père complètement obnubilé par l’hygiène et par l’obéissance. C’était compliqué pour Alix de retrouver une certaine légèreté alors qu’il se sentait oppressé par une présence qu’il avait pourtant souhaitée. Prenant une profonde inspiration, il posa son regard sur Ava, son visage qui ne reflétait pas le moindre jugement, et il lui offrit un sourire qui se voulait avant tout désolé. Rares étaient les fois où le jeune homme s’excusait, et cette fois n’échapperait pas à la règle, mais cette petite moue suffirait peut-être à ce que la demoiselle comprenne qu’il faisait de son mieux, et c’était déjà beaucoup pour lui. Après un moment de silence, celle-ci changea complètement de sujet, et relança l’idée des pizzas, ce qui eut le don de faire rire le March, cette fille était décidément unique, et avait apparemment une passion pour la bouffe, ce qui n’était pas pour lui déplaire, lui qui mangeait comme quatre. Le sourire aux lèvres cette fois, franc et plein de légèreté, il s’offusqua. « Quoi ? Mais qui prend une margharita ? C’est un scandale de manger une pizza sans rien, la pepperoni, la baaaaaase !! » Il se laissa tomber sur son lit, qui était tout aussi immense que lui pour que ses pieds ne soient pas dans le vide, grommelant quelques trucs sur le côté piquant qui faisait tout l’intérêt de la chose. Sans attendre plus longtemps, il fit défiler les numéros sur son écran de téléphone, puis commanda rapidement leurs deux pizzas, très familièrement, tellement habitué à commander que les employés connaissaient son numéro par coeur. « Ok, merci les gars, à toute ! » Il se redressa et en secouant la tête, lâcha un « c’est bien parce que c’est toi ! », toujours pas remis d’avoir commandé une pizza vide.

Est-ce qu’il réalisait qu’il allait manger avec elle, probablement assis tous les deux sur son lit, comme il ne l’avait jamais fait avec personne ? Probablement pas. Est-ce qu’il réalisait qu’ils allaient bosser tous les deux sur sa musique ? Pas du tout. Pourtant, il lui avait déjà livré sa deuxième composition dans la voiture, et ce qu’elle avait eu à y redire lui avait semblé complètement juste. Bizarrement, il aurait pu se braquer, parce qu’il était parfait et qu’il n’autorisait personne à remettre en question tout ce qu’il entreprenait, mais pas avec la musique, parce que c’était la seule chose qui comptait vraiment, finalement. Ava était surprise de ne voir aucune trace d’un instrument ou de quelconque matériel de musique dans la pièce, et à sa question, il lui indiqua le placard par un geste du menton. Tout était là-bas, son repère, son antre, là où il planquait tout ce qui comptait vraiment : la guitare, le synthétiseur, le micro, les câbles, ses carnets, tout. Le Brun se leva du lit pour aller ouvrir la porte de sa cachette, et alors qu’il s’apprêtait à lui montrer ce qu’elle renfermait, la blonde s’arrêta à côté de lui pour poser une main sur son bras qui tenait encore la poignée. Alix fixa sa main, puis elle. Qu’est-ce qu’elle faisait au juste ? T’es pas obligé d’en parler… Parler de quoi au juste ? De sa mère qui était devenu une épave ? De son père qui même mort, continuait de lui pourrir la vie ? De cette habitude de ranger sa chambre comme si son père allait débarquer à tout moment pour l’humilier ? Il hocha la tête en silence, il savait bien qu’elle voulait simplement se montrer ouverte s’il avait envie de vider son sac auprès de quelqu’un, mais il l’avait déjà fait en lui faisait écouter cette nouvelle chanson, et il n’était pas sûr d’être capable de mettre des mots sur tout ça, s’ils n’étaient pas posé sur une instru. « Parler de ma guitare tu veux dire ? On peut en parler, c’est une Yamaha C40, classique. » Il la sortit et lui posa entre les mains, jouant le naïf pour éviter d’avoir à entrer dans une session confidences… Il ne voulait pas qu’elle ait pitié de lui, jamais de la vie. Il attrapa ses carnets, et sortit son ordi du tiroir de sa table de chevet, avant de s’assoir sur son lit et de taper sur la couette à côté de lui pour inviter Ava à le rejoindre. « Tu sais en jouer ? » Lui demanda-t-il, fixant la guitare. Il était loin d’être un professionnel, puisqu’autodidacte, mais il avait quand même des bases solides qu’il voulait bien partager, si elle voulait… Y’avait plus qu’à…

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@ava moore  

it'll all make sense in the end

Se retrouver à passer sa soirée chez Alix n’avait pas fait partie des possibilités que la jeune femme avait envisagé. Jusqu’il y a quelques temps, jamais elle ne pensait reparler à Alix, pas après la façon dont il avait quitté la radio et le campus en niant en bloc être The Invisible. Pourtant les choses avaient bien changé et elle était persuadée qu’Alix ne pensait pas que la situation prendrait cette tournure non plus. Pourtant après leur échange d’aujourd’hui, quelque chose avait changé et un lien s’était créé, un lien complétement différent de ce que la jeune Moore avait connu jusque-là. Ils vivaient dans deux mondes complètement différents, à l’opposé l’un de l’autre et pourtant Ava n’avait jamais eu l’impression de trouver quelqu’un d’aussi similaire qu’elle. Ils se protégeaient chacun à leur façon, Alix avait ce besoin d’attention, jouait ce rôle au quotidien qui semblait avoir toujours fait partie de lui alors qu’Ava avait se cachait dans l’ombre, détestant la lumière et d’être au centre de l’attention mais les deux se comprenaient et cette solitude au quotidien, ils la partageaient. Ava ne put retenir l’éclat de rire qui franchissait ses lèvres, il semblait qu’il n’avait pas mangé chez lui depuis un moment à sa réaction de la nourriture qui se trouvait dans son frigo et semblait périmée depuis un bon moment. Ca arrivait à tout le monde, Ava probablement un peu moins vu qu’elle faisait attention à son budget encore plus maintenant que jamais étant donné qu’elle augmentait son nombre de shifts dans le but de se faire un peu plus d’argent et de pouvoir payer toutes les factures qui lui tombaient dessus. Se reprenant, elle secoua la tête « J’ai encore trop de choses à vivre pour mourir empoisonnée donc si on pouvait éviter, ça serait pas de refus. » si elle pouvait éviter une intoxication alimentaire, elle était preneuse aussi.

En un clignement d’œil, ils étaient tous les deux dans la chambre d’Alix, fuyant sa mère qui semblait errer dans la demeure et que le jeune homme ne voulait pas croiser. Ava haussa un sourcil alors qu’il lui répondait qu’il n’avait pas prévu de l’inviter initialement. Elle s’en doutait, vu comment la soirée se déroulait, l’idée d’amener la blonde dans l’espace en général le plus personnel de chacun devait probablement être tout en bas de la liste des choses qu’il avait prévu de faire aujourd’hui. Mais le changement de son ton l’avait prise au dépourvu avant qu’elle ne se mette à sa place et réalise qu’elle aurait réagi de la même façon que lui si l’on avait envahi son espace personnel, son havre de paix. Elle voyait les expressions sur son visage changer, il réalisait lui-même que son comportement changeait et semblait le regretter vu l’esquisse du petit sourire qu’il lui adressait. Il avançait en terre inconnue lui aussi et Ava laissa couler, changeant de sujet pour que l’ambiance soit à nouveau plus légère. Ca faisait beaucoup d’un coup pour Alix, pour Ava aussi mais ce n’était pas elle qui laissait autant d’informations personnelles filtrer. « Ici on aime la simplicité. Et puis une pepperoni sérieux ? T’as rien de plus stéréotypé ? »  elle tira la langue avant de rire alors qu’il s’écroulait à côté d’elle avant de commander. Elle reconnaissait qu’elle prenait la pizza la plus basique de l’univers mais c’était toujours une valeur sure, on ne pouvait pas faire d’erreur sur un classique. La Moore s’était toujours dit qu’elle changerait surement sa commande habituelle lorsqu’elle aura gouté des pizzas en Italie mais ce moment était encore loin et pas près d’arriver alors elle rester sur son choix habituel. « Merciiiii ! » dit-elle alors que le March raccrochait après avoir commandé, il ne restait plus qu'à attendre maintenant et espérer que son estomac ne se fasse pas remarquer d'ici là même si Alix ne serait probablement pas surpris.

La chambre d’Alix n’indiquait aucune trace d’instruments, de musique et c’est ça qui avait surpris Ava. Pour quelqu’un qui semblait aussi passionné que lui, elle s’était demandée où tout se trouvait jusqu’à ce qu’il ne lui montre d’un geste de la tête le placard. Son moral s’assombrit d’un coup, il n’avait pas besoin de parler pour qu’elle comprenne à quel point ce secret était important aux yeux du jeune homme. Elle n’avait pas pu faire de la musique comme Lexie, elle n’avait pas pu prendre de cours lorsqu’elle l’avait demandé à ses parents mais jamais elle ne s’était sentie obligée de cacher la guitare que son frère lui avait offerte, jamais elle n’avait ressenti le besoin de cacher au monde entier cette passion et savoir qu’Alix vivait encore avec cet état d’esprit lui donnait envie de lui montrer qu’il pouvait être lui-même. Lorsqu’il ouvrit la porte, c’était comme s’il venait d’ouvrir la boite de pandore, laissant apparaitre tout son matériel, ses instruments. La jeune femme rejoignit Alix sur son lit alors qu’il tapotait la place vacante à côté de lui, hochant doucement la tête à sa question. Si elle savait jouer ? Oui, plutôt bien même. Ava n’avait pas eu le même encadrement que sa sœur pour la musique, pas de professeurs particuliers et de sessions intensives mais elle avait bien hérité de la fibre musicale qui coulait dans le sang des Moore. Elle avait appris de son côté et avait passé tellement de temps, tellement d’heures à se perfectionner qu’elle avait appris à maitriser cet instrument du mieux qu’elle le pouvait et elle s’y connaissait mais jamais elle n’aurait la prétention de dire qu’elle en jouait à la perfection. Trop humble et probablement pas assez confiante en ses capacités, elle éludait cette question de la façon la plus naturelle qui soit. « Oui, je me défends. Mon frère m’a offert ma première guitare quand j’étais plus jeune. » ses lèvres s’étiraient dans un petit sourire alors qu’elle repensait à ce noël où elle avait déballé ce cadeau qui était l’un de ceux qui comptait le plus. Si elle avait toujours été transparente aux yeux du monde, son frère lui, avait toujours veillé sur elle et si elle était la personne qu’elle était aujourd’hui, elle lui devait en grande partie. Elle attrapa la guitare qu’Alix tenait, la plaçant correctement avant de jouer une mélodie, enchainant quelques accords pour accompagner ses propos. Elle n’avait pas tendance à jouer devant qui que ça soit, parce qu’en dehors de sa famille, personne ne savait qu’elle pouvait jouer d’un instrument, de plusieurs en réalité. Personne ne savait qu’elle composait depuis des années non plus, pas même son grand frère qui était surement celui qui la connaissait le mieux. Ava voyait bien qu’Alix s’ouvrait et lui montrait une part de lui qu’il ne montrait jamais et au final la jeune blonde en faisait de même bien qu’il n’en ait pas conscience. Tout en continuant de jouer doucement, Ava montra d’un signe de tête les carnets qu’il avait sorti du placard « C’est donc là que résident les grands tubes de The Invisible ? » d’une certaine façon, Ava réalisait qu’Alix était plus courageux qu’elle, il avait réussi à faire écouter au monde entier une part de son histoire, certes sous un autre nom mais tout de même et la jeune femme réalisait un peu plus au fil des secondes qui défilaient qu’elle n’avait jamais réussi à extérioriser sa rancœur ou encore son mal-être et elle ne pouvait qu’être admirative.

@Alix March  

it'll all make sense in the end + Ava & Alix

L’antre d’Alix, ou plutôt, son jardin secret. Un lieu dans lequel personne ne pénétrait, même pas ses potes avec lesquels il avait toujours squatté le salon, mais surtout chez qui c’était lui qui se rendait plus qu’il n’accueillait de monde dans la demeure March. A chaque fois, le brun prétextait que son père avait besoin de calme pour travailler, même quand il était loin, au cas où il reviendrait et le trouverait sur la console à ricaner avec ses copains, et qu’il lui fasse une scène devant eux. Il ne voulait pas prendre le risque d’être mis à découvert, même face à ceux qui étaient les plus proches de lui. Tout allait bien, et les apparences étaient primordiales pour lui, elles étaient la bouffée d’oxygène dont il avait besoin lorsqu’il quittait la maison, alors il s’y accrochait, de toutes ses forces depuis aussi longtemps qu’il s’en souvienne. Toujours chez les autres, il pouvait rester le roi, dire ce qu’il voulait et laisser croire ce qu’il voulait à tout un tas de gens qui pensaient le connaître. Maintenant que son père n’était plus, personne n’osait pourtant lui demander d’organiser les festivités chez lui, trop tôt, trop habitués autrement, probablement, et ça lui allait bien. Pas besoin de chercher d’excuses pour ne pas avoir à leur présenter sa mère, devenu l’ombre d’elle-même, qu’ils auraient du mal à reconnaître, elle qui était si pimpante et si apprêtée, avant. Elle avait pris vingt ans dans la tronche, se trainant en chemise de nuit dans les couloirs de la villa au beau milieu de la journée, rongée par l’effet des cachets pour lui faire oublier son mal, un mal qu’il lui avait fait depuis bien trop longtemps, en la trompant, et en nourrissant son déni année après année. Malgré tous ses efforts, Ava Moore avait tout compris. Elle avait lu à travers la carapace pourtant si solide qu’il avait pensé se construire, et en devinant qu’il était The Invisible, elle avait ouvert la porte sur toutes les blessures qu’il cachait, y compris au sein même des murs de sa maison. Alors elle était là, la blonde, chez lui, dans sa chambre, assise sur son lit, à découvrir de lui ce qu’il ne montrait à personne. C’était complètement dingue, et à la fois, ça semblait logique, sur le coup, lorsqu’il avait décidé de la ramener chez lui, pour parler musique comme ils l’avaient fait dans la voiture. Elle était la seule à pouvoir l’aider, la seule à savoir, la seule à comprendre, un peu au moins, et donc la seule avec qui il pouvait simplement être ce garçon sans artifice, s’il parvenait à ne pas jouer ce rôle qui lui collait tellement à la peau.

Rapidement, la conversation se heurta à des sujets encore fragiles, et très vite, il fut plus facile pour le brun de se concentrer sur l’appel du ventre et la promesse de pizzas. « Stéréotypé, mais piquant… tout moi, parait-il. » Répondit-il, non sans un souffle d’autodérision qu’il nierait posséder, même sur son lit de mort. Quelle autodérision ? Il était parfait Alix, ça allait de soi. Après avoir commandé de quoi remplir leur panse et leur donner un peu de force, et en attendant la livraison, voilà qu’Ava s’interrogeait sur l’absence de tout élément musical dans la pièce. C’était un réflexe qu’il avait gardé, de ranger le matériel dans le placard, l’endroit que son père ne fouillait pas, du moment que tout était au carré dans la chambre et qu’il ne lui donnait pas matière à entrer. De ce qu’il en savait, jamais monsieur March n’avait décelé la passion secrète de son fils, car si ça avait le cas, nul doute que le jeune homme aurait retrouvé son clavier et sa guitare l’attendant patiemment à l’entrée, avec l’exigence d’explications dans la seconde même où il franchirait le pas de la porte. Si les explications avaient été bonnes, peut-être aurait-il eu une chance de les sauver, mais jamais rien n’était à la hauteur des attentes de son père, et surtout pas ce qui pouvait sortir de la bouche, ou des doigts de son fils. Le simple fait que tout soit resté en place des mois durant suffisait à dire que rien n’avait été découvert. Aujourd’hui, il pourrait sortir sa guitare et la laisser posée sur le lit en allant en cours, sa mère ne réaliserait même pas qu’il était parti, mais il ne pouvait pas, c’était plus fort que lui, et cette peur qui le contraignait à continuer à agir comme s’il pouvait à tout moment être surpris par son père témoignait de toute l’impact de la pression qu’avait si longtemps exercé Monsieur March sur son gamin. Les séquelles de sévices psychologiques insoupçonnés. Pourtant, Alix opta pour la légèreté, un ton qu’il adoptait pour couvrir une réalité plus sombre, une protection qu’il ressentait comme nécessaire, même encore avec Ava qui avait pourtant écouté ses textes, et qui avait sûrement compris tout l’envers d’un décor idyllique.

Sa guitare déposée entre les mains de la blonde, Alix s’arrêta quelques instants, son ordinateur sous le bras pour la regarder placer ses doigts sur les cordes. Elle savait en jouer, ça avait été évident à sa manière même de tenir l’instrument, et elle ne fit que confirmer l’évidence. Tout doucement, elle fit résonner les premiers accords, et le brun se laissa happer par la mélodie, se laissant tomber en arrière sur son lit, les mains derrière la tête, laissant son regard passer du plafond au visage de la jeune femme. Pour elle aussi, la musique tenait une place importante, il le devinait à la manière dont elle fermait les yeux alors qu’elle grattait les cordes de cette guitare. « Ca explique ton avis aussi précis sur ma compo… » Finit-il par lâcher, en se relevant, hochant la tête en guise d’approbation quant au talent dont elle faisait preuve. De son côté, elle pointa les carnets d’un signe de tête, et Alix posa la main sur les feuilles, comme pour les cacher, ou les protéger d’un monde qui n’était peut-être pas prêt à les lire, à les entendre… A moins que ce soit lui qui ne l’était pas, finalement. Il souffla, avant d’en faire défiler les pages sous ses doigts. « Il y a beaucoup à jeter là-dedans, je… » Il leva les yeux vers elle, puis se mit à sourire avant de lever les carnets aussi haut que possible, là où ses longs bras rendaient les textes inatteignables pour la Moore. « Je crois que ça se mérite de les lire. » Haussement de sourcils, il était agenouillé sur son lit, le bras droit en l’air, tenant d’une main ferme les brouillons d’années de ratures. Il n’y avait plus que la guitare qu’elle avait sur les genoux qui les séparait, et le March se voulait, de toute façon, bien plus grand qu’elle. Elle avait découvert les deux textes les plus profonds qu’il avait écrits, et ces centaines de tentatives, de rimes avortées, de bribes d’idées représentaient un portail vers ce qu’elle avait déjà deviné, sans doute, mais il ne la laisserait pas entrer sans qu’elle s’en montre digne. « Alors Moore, est-ce que tu le mérites ? Hein ? Tu vas faire quoi ? » Le défi. Il n’y avait que ça pour animer Alix, et la force de caractère d’Ava lui donnait envie de la tester encore plus.

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@ava moore