Une maison n'est pas complète sans un joli colocataire

Inara & Jessica

Même si normalement, dans cette citation, on parle d'un animal, un chien ou un chat... Mais l'homme n'est-il pas un animal ?

Décembre 2023 –
L’homme en face d’elle lui tend le dossier. Elle observe les papiers mal rangées dans sa pochette en carton d’un rouge fatigué. La couleur fait penser à une alarme dans son esprit. Le monde était mal fait. Jessica a couru après son frère depuis des années, depuis 2010, soit 14 ans, si on ne compte que son existence. Si on prend en considération l’époque où elle était Kaya, cela fait 16 ans qu’elle n’a pas vue son frère. Elle ne l’a pas aperçu, pas entendu sa voix, rien… et chaque fois qu’elle ressent l’espoir de l’atteindre, il disparaît.

Il a disparu de New-York depuis 2020. Il n’était plus dans la ville de leur naissance pour suivre l’autre patate mauve. Enfin… patate mauve… c’était devenu une frite puisqu’elle est morte. Oupsie. En lisant les documents, Marshal lui pose la main sur l’épaule et sert son muscle pour lui rappeler d’être calme. L’homme avait finit par apprendre à lire dans ses pensées. Les photos montrent son frère, maintenant.

- Il a l’air triste, remarque-t-elle.
- En effet.
- Je veux y aller ! S’il croit pouvoir être triste sans avoir la culpabilité de m’avoir abandonné, il se fourre le bras dans l’œil !
- Jessica.
- Quoi ?

Marshal laisse partir le détective qui a retrouvé Jace Weris. Il le remercie alors qu’il referme la porte derrière lui. Jessica était déjà en brassière et legging, prête à sa battre. Discuter en combattant est une des méthodes pour Jessica de ne pas ressentir trop d’émotions. Les émotions s’étranglent. Elle se met à frapper, Marshal réponds à chaque coup. Tous les mouvements sont tenus, tendus, forts et pour faire moucher. Jessica ne frappe pas pour le spectacle. Elle frappe pour toucher, pour se défendre, pour survivre, pour se protéger. Elle frappe parce que son esprit a besoin de se sauver. Et elle se venge, un peu, contre son frère. Elle fait un transfert de colère pour ne pas craquer. Marshal le sait. Et pendant que la jeune femme est en train de suer sous les coups, elle réfléchit.

- Je n’ai pas envie de le voir triste, pense-t-elle à voix haute.
- Alors il faut trouver un moyen de le rendre heureux.
- Mais il ne veut plus de moi, rappelle-t-elle alors que le crochet du droit qu’il décoche lui fit prendre un pas en arrière.
- Non, il ne veut plus de Kaya.
- Merci du rappel…
- Mais il ne connait pas encore Jessica.

Le nouveau coup fut rapide et propulse Marshal d’un pas. Il se tient le visage alors que la souffrance irradie sa joue. Il va pour reprendre le combat, mais Jessica était immobile. Elle observe plus loin que la simple horizon. Elle le cherche un plan. Ses yeux vaguent entre des points invisibles et un sourire se fait sur ses lèvres. Elle va faire ça. Qu’importe ce que « ça » veut dire.

*

Septembre 2024 -
Après presque un an de préparation, tout est en place. Marshal a appelé une amie à lui, un mois plus tôt. Jessica a fini ses études, elle a mis en ordre ses papiers. Rien ne l’arrêtera, cette fois. Marshal a appelé une certaine Inara, qu’il a rencontré à New Orleans et dont il a appris qu’elle est maintenant à Tree Hill. Il a été le plus proche de la vérité pour Inara. Jessica apprends tout cela dans la voiture. Marshal, un homme de deux mètres, qui est totalement imberbe, travaille en tant que Marshal depuis presque trente ans. Plus personne n’essaie de se moquer de lui sur son travail et son prénom, depuis qu’il a appris à grogner quand on le rencontre. Il connait son travail… mais dans le cas de Jessica, il s’est attaché à elle. Elle est un peu comme la fille qu’il n’a jamais eue.

- Inara est une amie depuis la Nouvelle-Orléans. Elle sait que tu as été témoin sous protection depuis tes douze ans mais que le procès est terminé. Pour le bien de ta mission, et pour éviter de se tromper, je ne lui ai pas dit ton autre identité. Elle ne te connait que sous le nom de Jessica. Si tu as envie de lui parler de Kaya, tu le pourras. Je lui ai dis que tu travaillerais pour l’aider, même si elle a dit que ce n’était pas nécessaire.
- Je n’aimerais pas être là sans rien faire, réponds-t-elle en faisant un croquis de son ami.
- Alors, tu travailleras. Je te fais confiance pour trouver par tes propres moyens.
- Ouais.
- Jessica, parles-moi, qu’est-ce qui t’arrives ?
- Jace. Est-ce que tu lui a dis pour Jace ?
- Oui. Je lui ai dis que tu voulais reprendre contact avec ton frère, sans lui dire son nom, et que c’était pour ça que tu avais besoin d’un pied à terre. Je lui ai aussi dit qu’elle pouvait te faire confiance pour te protéger, ou pour t’occuper des médisants. De plus, vue la distance et le temps, il n’y a plus de problème avec les gangs et le procés.
- Pourquoi elle accepte une femme qui peut apporter la violence chez elle ?
- Elle a accepté d’aider une petite fille qui a besoin de vivre sa vie, Jesse. Ne t’en fais pas pour Inara et sa fille. Elles seront gentilles avec toi, et rien de mal leur arrivera.

Elle approche son crayon pour le mordre. C’est ce qui inquiète Jessica. Elle ne sait pas du tout ce qui pourrait se passer de mal. La jeune femme sait que ça fait quatre ans qu’elle n’a eu aucun problème. En réalité, le gang n’a jamais été un véritable problème pour elle. C’était une épée de Damoclès. Mais c’était le passé. Depuis le temps, il n’y a plus rien qui la lie à Kaya Weris. Elle est toute neuve. Elle n’emmène pas la violence chez une personne gentille. Il faut qu’elle se le répète encore et encore. Rien ne leur arrivera. Marshal finit par s’arrêter devant une maison. La maison se trouvait au pied d’un champ de raisin à perte de vue.

- C’est jolie, souffle-t-elle avant de se faire tapoter l’épaule par Marshal.
- N’oublie pas que Jessica ou Kaya, tu restes celle que tu décides d’être, d’accord.

Jessica finit par sortir en respirant un grand coup. Elle respire et essaie de ne pas trembler. Elle a son croquis terminé de Marshal enfermé dans son carnet. Elle ne le lâche pas alors qu’elle se tend. Elle se laisse pousser par Marshal et il toque à la porte. Marshal fait un pas en arrière. Il sourit tendrement à Jessica qui lui répond avec un sourire crispé. Elle va y arriver. Quand la porte s’ouvre, une jeune femme apparaît et Jessica se sent tout de suite intimidé. Elle change son sourire en un plus doux et timide, même si c’était loin de son caractère habituel… mais elle est fatiguée aussi. Elle observe avant de tendre sa main une fois sa respiration reprise.

- Bonjour, je suis Jessica Carlson. Enchantée de vous rencontrer. Et je vous remercie d’accepter de me loger le temps que… enfin, le temps que je trouve mieux. Si je peux faire quoi que ce soit pour vous, avec mes capacités et ma motivation, je suis là ! Je sais faire des illustrations, des codages, du programme, enfin avec mes études, et des cookies. Et le ménage… et je dois savoir pouvoir cueillir des raisins aussi et…

Marshal posa sa main sur l’épaule à nouveau et fait pression. Jessica prend une respiration, ferme la bouche et se tait. Elle ne doit pas faire peur à sa logeuse avant de poser les valises… au moins ça…

(c) princessecapricieuse

@Inara Williams voilà pour nous N'hésite pas à me dire si je dois changer quoi que ce soit. Dans le genre j'imagine Marshal comme Vin Diesel x'D

L'été est passé à une vitesse folle. J'ai encore l'impression que nous sommes arrivées à Tree Hill hier. Il s'en est pourtant passé des choses depuis deux mois. Je me remémore toutes les rencontres, les retrouvailles aussi, le travail fourni pour apprendre à gérer le vignoble. La maison commence enfin à ressembler à quelque chose. Enfin elle ressemblait déjà à quelque chose avant … disons plutôt qu'à présent, elle commence à nous ressembler à Eliana et à moi. Nous avons repeint quelques murs, installé nos affaires, échangé des meubles. Tom a approuvé nos changements. Il trouve aussi qu'ils nous correspondent plus. J'ai malgré tout gardé quelques affaires de Pénélope. Cette maison était la sienne et j'ai envie qu'elle soit encore un peu parmi nous. C'est comme si nous étions nombreux à vivre ici finalement et nous allons encore bientôt accueillir une nouvelle personne.
Il a toujours été important pour moi d'aider ceux qui en avaient besoin. Depuis plusieurs années, à la Nouvelle-Orléans déjà, j'accueille des gens de passage qui n'ont pas d'endroit ou vivre ou se sentent en danger. Eliana et moi avons fait d'incroyables rencontres et avons entendu beaucoup d'histoires personnelles. De nombreuses personnes de notre entourage m'ont reproché de faire ce choix sous le même toit que ma fille. Dans notre société on a toujours tendance à s'inquiéter de tout. Et si un de ces inconnus se montrait un jour violent avec Eliana ? Est-ce qu'elle n'est pas trop jeune pour entendre la misère du monde ? Je n'ai jamais écouté ces préjugés négatifs. Tout d'abord car je fais les choses bien. Je ne recueille pas directement les personnes que je peux rencontrer dans la rue. A la Nouvelle-Orléans je m'étais inscrite auprès d'un organisme pour être famille d'accueil d'urgence. Ce sont des travailleurs sociaux ou des personnes des forces de l'ordre qui me contactent pour me proposer d'héberger certaines personnes. Et de ce fait j'ai pu mettre les conditions que je voulais dans mon dossier. Par exemple nous n'avons jamais accueilli de bébé, je ne m'en sentais pas capable, ni de personne ayant des addictions, ce que je jugeais justement dangereux pour Eliana. A part ça nous avons accueilli des personnes de tout âge, sexe ou même nationalité. Et devinez quoi ? Ma fille n'en n'est sortie que plus grandie. Eli est une personne ouverte, sociable et au grand cœur.

Il y a une semaine c'est Marshal, un vieux contact, qui m'a appelé pour me parler de Jessica. Fraîchement arrivée à Tree Hill je ne m'étais encore réinscrite auprès d'aucune association ici. Je voulais nous laisser le temps d'emménager tranquillement. Marshal m'a donc conté une partie de l'histoire de Jessica : son ancien statut de témoin sous protection, ses envies de reconnecter avec son frère. Et c'est justement cette motivation principale qui m'a convaincue. On a tous besoin de sa famille et je serais heureuse de pouvoir aider à en réunir une. Après tout la rentrée est passée à présent. Eliana a intégré sa nouvelle école depuis une semaine et les choses se passent bien. J'ai moi aussi retrouvé mes marques à Tree Hill alors nous avons discuté avec ma fille et j'ai décidé d'accepter. Jessica arriverait à la maison le vendredi suivant dans la soirée. Nous étions aujourd'hui ce vendredi 13 septembre 2024.

En vue de l'arrivée de Jessica je n'ai pas travaillé cet après-midi. J'ai remis la maison en ordre et préparé une chambre pour elle à l'étage. Il y a trois chambres ici, la mienne, celle d'Eli et la chambre d'amis. Quand j'étais gamine cette pièce était déjà la chambre des invités. Joliment décorée je pense que la jeune-fille pourrait se sentir à l'aise ici.
Une heure avant le rendez-vous tant attendu je suis à la fois nerveuse et excitée. Je ressens toujours ce mélange d'émotions contradictoires avant d'accueillir quelqu'un. Puis je me dis que la personne en face de moi est souvent dix fois plus terrorisée que moi et je parviens à me calmer. Quand on sonne à la porte je suis donc apaisée et suis heureuse de découvrir le visage familier de Marshal que je n'ai pas vu depuis longtemps. Derrière lui se trouve Jessica. Malgré son timide sourire je remarque tout de suite sa détermination et devine son fort caractère. Je suis d'ailleurs surprise et amusée lorsque la jeune-fille me tend la main. Je laisse échapper un doux rire à sa longue tirade. « Wow, tu es une bavarde, tu vas bien t'entendre avec Eli, ma fille. » Je me décale pour justement laisser apparaître Eliana qui salue Jessica et Marshal d'un ton encore un peu réservé. « Enchantée Jessica. Tu peux me tutoyer, ce sera plus agréable et convivial. Entrez. »

D'un geste j'invite notre duo à l'intérieur. « Tu sais Jessica tu n'as pas besoin de faire quoi que ce soit pour me remercier de t'héberger. Mais si ça te tient à cœur de participer nous trouverons un arrangement. En attendant bienvenue chez toi. » Nous sommes encore dans le couloir ou j'aide la jeune-femme à déposer sa valise dans un coin. « Est-ce que ça te dit de visiter ? » Nous voilà partie dans une visite guidée de la maison ou je fais découvrir à notre invitée chacune des pièce au rez-de-chaussée puis à l'étage. C'est Eliana qui présente à Jessica la chambre qui lui a été assignée. « On espère que tu t'y plaira. »
Poliment je propose un thé à Marshal qui refuse d'un geste. « ça aurait été avec plaisir Inara mais j'ai encore du travail. » Les héros ne dorment jamais il faut croire. Je remercie donc mon ami, le salue et laisse un peu d'intimité à notre homme et Jessica pour qu'ils puissent se dire au revoir. Pendant ce temps je m'occupe de faire bouillir de l'eau tandis qu'Eli prépare les tasses. De cette façon lorsque Jessica revient je propose « et toi alors ? Est-ce que tu as envie d'un thé ? J'ai aussi du jus de pomme. Ou de l'eau. »
Nous nous asseyons toutes les trois autour de la table de la cuisine. « Je sais que cette situation peut être un peu intimidante mais ne te gêne surtout pas si tu as des questions ou quoi que ce soit. Et sens toi libre d'aller et venir dans la maison comme bon te semble. Comment tu te sens à l'idée d'être ici ? » En douceur j'essaie de faire place au dialogue. Après nous nous allons vivre ensemble. « Est-ce que tu as faim ? On avait prévu de commander des pizzas, ça te dit ? » Il n'y a rien de mieux qu'un ventre plein pour se remettre de ses émotions.

@Jessica Carlson
c'est drôle c'est aussi comme ça que j'imaginais Marshal ton RP était parfait

Une maison n'est pas complète sans un joli colocataire

Inara & Jessica

Même si normalement, dans cette citation, on parle d'un animal, un chien ou un chat... Mais l'homme n'est-il pas un animal ?

Septembre 2024 -
Elle se mord la lèvre. Elle sent la pression de la main de Marshal sur son épaule. Oui. Il faut qu’elle respire, elle ne doit pas faire peur à tout le monde… mais. Parfois, son stresse augmente tellement que tout son cœur reste sur ses chaussures. Et comme son cerveau suit son cœur, la plupart du temps, elle finit par un esprit vide qui gerbe des mots sans pouvoir s’arrêter… La preuve. Elle se mord encore la bouche pour essayer de trouver quoi dire, elle regarde de chaque côté, gêné. Elle préfère se taire, et elle arrache un gros bout de peau avant de sentir le sang qui se répands dans sa bouche, elle s’arrête. Crotte. Elle regarde Marshal qui continue de lui tenir l’épaule pour lui donner de la force. Elle en a besoin. Il lui en faut.

- Je suis encore plus bavarde quand je panique, avoue-t-elle avant de regarder Marshal, mais il est vrai que j’aime parler alors je m’entendrais bien avec elle. Et avec vous. Enfin, si vous voulez.

Mais tais-toi, se disputa-t-elle mentalement en reprenant son charcutage de lèvre. Il faut vraiment qu’elle apprenne à se taire. Mais ici, ce n’est pas comme à Vegas où Marshal est devenu son principal soutien. Elle n’a personne. Elle est seule dans un monde inconnu. Et son but est si proche qu’elle en devient fébrile. Elle ne sait pas ce qu’elle doit faire pour se calmer… mais tant qu’elle ne trouvera pas un équilibre dans sa vie, entre son frère, son boulot et ici, elle stressera. Elle rentre et suit Marshal, utilisant encore son ombre pour se protéger comme un bouclier. Elle fait un signe de main à la jeune fille. Son cœur battait si fort maintenant.

- Je veux bien, donner un coup de main, pour vous… te remercier.

Elle sait que la jeune femme le fait par plaisir et non par devoir. Marshal lui a bien dit, et n’hésite pas à lui rappeler… mais si elle peut faire qu’une petite chose, même minuscule, pour la remercier, il fallait qu’elle soit toujours motivé. Elle fait le tour de la maison, elle retient doucement et prends un carnet pour dessiner la maison de tête. Marshal suit en silence. Une fois arrivé à la chambre, Jessica sursaute. Elle pensait qu’elle aurait le droit à un canapé, ou à un coin de chambre, pas à une chambre. Si elle a toujours eu une chambre chez ses parents, depuis le départ de son frère, elle n’a plus l’impression d’avoir de maison…mais cette pièce, elle semble chaleureuse et ça l’atteint au cœur. Elle pose sa valise et elle tourne pour regarder.

- Merci, souffle-t-elle avec son cœur qui se serre alors qu’elle dépose un regard sur Marshal.

On les laisse un instant, et Jessica en profite pour faire un câlin à Marshal. Elle n’a pas envie de le quitter. Marshal est son ami, son père et son frère. Il a pris la place de tous les hommes de sa famille et elle a plus de mal à le laisser que ce qu’elle n’en a pour son père. Marshal lui caresse les cheveux en lui rappelant qu’un appel et il viendrait la voir, et qu’il serait toujours là pour elle. Il la laisse pleurer en faisant en sorte de ne rien voir. Il finit par la laisser en lui promettant encore de toujours être à proximité. Il finit par descendre, remerciant Inara pour disparaître pendant que Jessica s’essuie les yeux.

Elle descend pour retourner voir Inara, les yeux un peu rougis par l’émotion qui a tout transcender en elle. Elle papillonne des yeux pour tout chasser avant de sourire.

- Je préfère du jus de pomme, si ça ne dérange pas trop, fait-elle doucement, je n’ai jamais réussi à aimer le thé, ou alors avec beaucoup beaucoup de sucre… Vraiment beaucoup. Je… je n’ai pas de question pour le moment. Je me sens…

Elle prend une respiration et s’arrête. Elle cherche les mots. Elle commence par la fin avant de revenir vers le début.

- Oui, j’ai faim, fait-elle en rougissant furieusement. Merci, les pizzas, c’est parfait.

Elle aimait tout en réalité. Sur ça, il n’y a pas trop de soucis. Elle n’a pas d’allergie. Elle n’aime pas trop le poisson, mais elle décida de ne pas le dire. Elle se forcerait et puis c’est tout. Elle mangerait tout ce qu’on lui proposera. Point. Elle réfléchit pour le reste alors que le verre avec du jus de pommes apparait dans ses mains. Elle rougit.

- J’ai peur, avoue-t-elle. Pas de vous ! Enfin. Si. Mais ce n’est pas parce que vous êtes intimidante… mais si. En faite, j’ai peur… Marshal… Il a parlé de mon frère. Mon frère ne m’a pas revue depuis mes huit ans… Il ne connait même pas mon nouveau prénom. Je veux… faire partie de sa vie, mais je stresse. Je me dis que peut-être, s’il ne sait pas que je suis là, il ne me fuira pas ! Mais j’ai peur. Mon frère est la personne la plus importante du monde pour moi… C'est stupide ?

Elle se mord à nouveau les lèvres. Elle a si peur. Elle panique. Elle veut absolument que son frère accepte de la laisser rentrer dans sa vie. Même si ce n’est pas sa sœur qu’il rentre dans sa vie, mais bel et bien une autre… Une inconnue. Jessica. Marshal lui a dit assez pour qu’Inara ne parle pas de son identité et la raison pour laquelle elle est là. Mais elles pouvaient en parler !

(c) princessecapricieuse

Jessica a l'air si réservée et à la fois si forte. La jeune-fille est telle que je l'imaginais. A la regarder je sens les épreuves qu'elle a dû endurer. Dès le premier coup d’œil, les premières paroles échangées, je sais que le contact va bien passer entre nous. J'ai un bon instinct et je me trompe rarement sur les gens. « Je ne doute pas une seule seconde que l'on va bien s'entendre »je la rassure, sincère.
D'un pas je me décale pour laisser entrer notre invitée chez nous, accompagnée de Marshal. Je remarque discrètement les échanges entre ces deux-là, la façon que Marshal a de presser sa main sur l'épaule de Jessica pour l'apaiser et je suis touchée par la relation entre ces deux-là. Il est vrai que ce grand gaillard est un vrai nounours, il est fait pour ce travail et de ce que j'en ai vu il a toujours été incroyable avec ses protégés. J'espère moi aussi pouvoir gagner la confiance de Jessica avec le temps.

Eliana prend les choses en main et tandis que nous faisons le tour de la maison fait découvrir sa chambre à notre nouvelle amie. La pièce est décorée tout spécialement en l'honneur de Jessica. J'ai non seulement fait le lit, préparé l'armoire mais j'ai aussi déposé un bouquet de fleurs sur le bureau et disposé quelques anciennes peluches de ma fille, juste pour rendre l'endroit agréable. L'émotion dans la voix de Jessica est palpable lorsqu'elle nous remercie et je souris tendrement avant de hocher la tête. Il n'y a rien à dire face à une telle gratitude. Je suis juste heureuse de pouvoir aider une gamine aussi humble et reconnaissante.
Marshal refuse poliment de passer un dernier moment avec nous. Chaleureusement je le salue avant de laisser Jessica faire ses aux revoir en privé. Le temps que la jeune-fille revienne en cuisine Eliana et moi restons silencieuses tout en préparant le thé. L'instant est chargé en émotions pour nous aussi. De temps en temps nous échangeons un regard complice et je comprend que ma fille a elle aussi eu un bon feeling concernant Jessica.

Voilà justement notre invitée qui passe la porte et cette fois tout devient réel. Nous ne sommes plus que toutes les trois et nous allons cohabiter au moins pendant quelques semaines. Je propose à boire à Jessica qui opte pour le jus de pomme et je lui en sers un verre avec plaisir. Pendant ce temps Eliana dépose deux sachets dans des tasses pour nous deux avant de verser l'eau. « Merci ma chérie. » Je caresse les cheveux d'Eli avant que nous nous installions toutes à table. « Tu n'es pas obligée de mettre des mots sur ce que tu ressens maintenant. J'imagine que pas mal de choses doivent se bousculer là-dedans. » Je désigne ma tête du doigt. « C'est tout à fait normal et si tu veux un peu d'intimité dans la soirée pour te reposer un peu n'hésites pas à nous le dire on comprendra parfaitement. » Par le passé nous avions déjà accueilli une jeune-fille d'environ 20 ans qui dès son arrivée s'était enfermée dans sa chambre pour passer sa soirée au téléphone. Je ne m'en étais pas offusquée. Être submergée à l'idée de devoir vivre chez des inconnus me paraît légitime. Il y avait aussi eu des personnes qui avaient pleuré, réaction tout aussi justifiée.
Jessica bien que bouleversée restait digne et je suis contente de l'entendre dire qu'elle a faim. « J'avais peur que tu n'aies pas beaucoup d'appétit aujourd'hui alors je n'ai pas préparé à dîner mais on pourra se faire un bon repas demain. Je préfère te prévenir je ne suis pas la plus grande des cuisinières mais je sais faire deux ou trois petites choses entre deux commandes de pizzas et sushis. » Je plaisante un peu pour alléger l'atmosphère. « Eliana, est-ce que tu peux appeler pour nous commander deux grandes pizzas s'il te plaît ? Une avec des champignons et une au fromage est-ce que ça irait Jessica ? Tu peux dire à Max de nous livrer dès que c'est prêt. » Eliana et moi avons déjà nos petites habitudes avec nos livreurs et pizzaïolos préférés.

Pendant que ma fille est au téléphone Jessica ose parler un peu plus de ses inquiétudes que j'écoute d'une oreille attentive. « Non ce n'est pas stupide » je rassure la jeune-fille d'un tendre sourire. « Eliana est aussi la personne la plus importante pour moi tu sais. La famille c'est précieux. C'est le premier lien qui te relie au monde, c'est normal d'y accorder autant d'amour et d'attachement. » Ma famille à moi se compose uniquement de ma fille mais nous sommes bien toutes les deux et nous avons notre équilibre même s'il ne répond pas aux normes sociales.
« Je ne connais pas votre histoire à ton frère et à toi, je ne sais pas pourquoi vous avez été séparés mais... si tu l'aimes aussi fort que ce que je ressens à travers tes mots, alors il est chanceux que tu essaies de tout faire pour être avec lui. » Je n'ose pas m'avancer plus sans tout connaître d'eux ni la questionner là-dessus aussi tôt alors je l'interroge plutôt sur d'autres choses, peut-être plus faciles à exprimer pour le moment pour Jessica. « Est-ce que tu as déjà une idée de la façon dont tu aimerais l'approcher ? » Si la dernière fois qu'elle a vu son frère était lorsqu'elle avait huit ans ça doit faire quoi... au moins quinze ans d'absence. Tu m'étonnes que cette gamine soit stressée. Comment être sûre que tout soit toujours comme avant après quinze ans ? .

@Jessica Carlson

Une maison n'est pas complète sans un joli colocataire

Inara & Jessica

Même si normalement, dans cette citation, on parle d'un animal, un chien ou un chat... Mais l'homme n'est-il pas un animal ?

Septembre 2024 -
Il a beaucoup de chose qui se batte dans son esprit. C’est le carambolage de la pensée. C’est un embouteillage d’idée. Elle n’a pas de rêve. Jessica l’a toujours dit, et le dira toujours, elle n’aspire à rien pour son avenir. Elle n’aspire qu’au passé, qu’à revenir à l’âge de huit ans, avant même que son frère ne disparaisse. C’est la seule chose qui compte pour elle. On peut parler d’obsession. Elle ne voit que le passé, difficilement l’avenir. Pour ça, elle aurait besoin de parler avec son frère à cœur ouvert de tout ce qui lui ait arrivé… Ce qui ne se passe pas, puisqu’il ne sait même pas qu’elle est là ! Sale gosse.

- Je ne sais pas si j’ai besoin d’intimité, avoue-t-elle. Je ne sais pas souvent ce dont j’ai besoin pour tout avouer.

Elle est perdue dans tous les plans qu’elle met en place pour avoir son frère, et aucun n’a de partie « repos » noté. Elle regarde Inara quand elle parle de perte d’appétit. Jessica n’a jamais été une grande mangeuse. Si elle peut manger beaucoup de quantité de nourriture, ce n’est que pour éviter de manger plus tard. Un plan mauvais pour la santé, mais pratique pour ne pas avoir a y penser dans la journée. Elle lui sourit.

- Je sais faire des cookies et des nuggets. Deux seuls choses dont je suis douée, sinon il vaut mieux m’interdire définitivement l’accès à la cuisine, je suis une calamité.

Elle a essayé pourtant avec Marshal. Si elle peut faire des bombes avec les choses trouver dans la cuisine, elle ne ferait jamais à manger. Même les soupes, elle arrive à les louper… Si elle va apprendre à couper des carottes pour Memphis, ça ne sera toujours pas une action qu’elle fera pour nourrir autrui. Elle fait un nouveau signe de tête pour dire que les pizzas lui vont parfaitement. Elle n’a pas d’allergie particulière, ni d’intolérance. Si elle a des préférences, comme ne pas manger de maïs, ce n’est qu’une question de goût et elle peut parfaitement faire semblant de rien ! La petite s’en va, et Jessica la suit du regard. Inara reprend. Jessica a l’impression d’être materné… Ce qui n’est pas arrivé depuis longtemps. Sa mère et son père avaient rapidement abdiqué de leur position, et Marshal n’est clairement pas une figure maternelle. Elle secoue la tête.

- Jace était le fils adoptif dans ma famille, il était en famille d’accueil chez moi. Moi, je suis arrivé ensuite « naturellement » que l’on dit. Mais quand j’ai eu huit ans, il a commencé à faire des lourdes bêtises, des choses que j’ignore encore avec précision. Mes parents ont cru quand faisant semblant de le foutre à la porte, il comprendrait son erreur et reviendrait, mais il n’est jamais revenu. Puis, quatre ans plus tard, je suis devenu témoin protégé ce qui a définitivement anéanti la possibilité de se revoir.

Est-ce que Jace est chanceux ? Jessica ne le dirait pas ainsi. Elle dirait au contraire qu’il est terriblement malchanceux parce qu’il ne pourra plus jamais lui échapper. Et que cela fasse d’elle une mauvaise méchante de série B, elle s’en tamponne le cul par terre. Tout simplement.

- J’ai trente trois plans établis dans mon esprit pour le voir. Mais dans tous, j’évite de lui dire qui je suis. Et dans la plupart il me reconnait, ce que je sais impossible pourtant. Je lui ai envoyé des lettres, même si je n’en avais pas le droit, et j’ai même essayé de le retrouver, mais je n’ai jamais réussi.

Peut-être même qu’il va la reconnaître et fuir dans le sens opposé, la laissant dans une ville qu’elle ne connait pas, très loin de ce qu’elle connait et avec l’incapacité de faire quelque chose de ses dix doigts. Son diplôme ne lui sert à rien. Elle aime les jeux vidéo mais c’est tout. Elle n’a qu’un sujet dans son esprit pour survivre une journée de plus, Jace. Et il a l’outrecuidance de ne pas lui avoir répondu. Elle secoue la tête, chasse les larmes qui menacent de couler et reprends son regard vers la jeune femme.

- Quand j’étais petite, c’est lui qui me rabâchait tout le temps qu’il était mon frère. Quand il jouait avec moi, il était si fier d’être mon frère, et il m’a lâchement abandonné… alors je compte bien faire en sorte qu’il reprenne son rôle, il me le doit.

Son regard est motivé et bien plus déterminé que le moment d’avant. Elle est certaine de pouvoir. Et si ça fait d’elle une mauvaise méchante d’un navet hollywoodien, alors elle sera le cliché par excellence, elle s’en fou. Elle sent que ça lui fait du bien d'en parler, enfin, à quelqu'un. Quelqu'un d'autre que ses parents déserteurs ou de Marshal.

(c) princessecapricieuse

Ma tasse entre les mains, je sens l'eau chaude de mon thé me réchauffer. Pour commencer cette nouvelle vie à trois à la maison, il me paraît important de nous asseoir toutes ensemble pour partager un moment et pourquoi pas commencer à faire connaissance. J'évite les banales questions pour l'instant et me consacre plutôt à mettre Jessica à l'aise. Si elle le souhaite je lui indique même qu'elle a le droit de nous fausser compagnie pour ce soir. Cependant notre invitée me paraît plutôt à l'aise, autant qu'on puisse l'être dans cette situation, et même bavarde. La jeune-fille affirme ne pas connaître bien ses besoins mais pour le moment je ne ressens pas qu'elle ait envie de nous fausser compagnie. Il ne lui semble pas être nécessaire d'être seule pour se ressourcer et à nos conversations qui s'enchaîne je pense même que parler avec nous lui fait du bien. Attentive aux besoins des autres naturellement, je ne fais pas de commentaires cependant. Nous nous connaissons à peine et Jessica a déjà 26 ans alors loin de moi l'envie de la materner.
Mon estomac commence à se réveiller et je propose aux filles de commander des pizzas, un plan qui a l'air de satisfaire tout le monde. J'avertis notre invitée que je ne suis pas une grande cuisinière et il semblerait que nous nous trouvons un premier point commun. « Entendu, je continuerais à me charger de la nourriture » je répond dans un rire. « Ceci dit je ne dit jamais non à une fournée de cookies. » Mais pas ce soir bien sûr.

Eliana s'occupe de téléphoner à la pizzeria pendant que Jessica et moi continuons à discuter. La jeune-fille semble en avoir gros sur le cœur et évoque bien vite la raison de la venue à Tree Hill : son envie de retrouver son grand-frère. Jamais je n'aurais abordé le sujet de moi-même si elle ne se sentait pas prête mais je suis contente de voir qu'elle me fait déjà assez confiance pour me confier ses plans. Attentive, je lui donne quelques conseils tout en restant prudent pour commencer. Après tout je ne connais rien de la relation entre Jessica et son frère et je me permet donc de me montrer un peu curieuse pour pouvoir l'aider au mieux. C'est là que Jessica me conte leur histoire. Et quelle histoire. Il n'a pas dû être facile pour elle de voir son frère quitter la maison brusquement.
Je la laisse terminer avant de poser à nouveau des questions. « Est-ce que tu es très en colère contre lui ? » Au fond de moi j'entends la petite-fille qu'elle était crier sa souffrance. Et elle est tout à fait légitime. Malgré tout, la situation me paraît plus compliquée que ça. « Tu en aurais tout à fait le droit. Après tout il semble n'avoir jamais cherché à te retrouver alors c'est tout à fait normal. J'essaie simplement de me mettre à sa place. S'il s'est senti rejeté par tes parents adoptifs il a peut-être juste cherché à fuir. » J'essaie de trouver les bons mots pour expliquer ce que je pense de la situation sans pour autant contrarier Jessica. « Je veux dire par là que le sentiment de rejet est très violent à vivre. Je sais je l'ai vécu moi-même. Tu as dit que tes parents ont fait semblant de le foutre à la porte mais il ne l'a peut-être pas entendu de cette façon. Et le meilleur moyen de se protéger après un événement comme celui-là est de couper les ponts avec cette vie là. Loin de moi l'idée de blâmer tes parents, je n'étais pas là au moment des faits mais on peut parfois mal interpréter certaines actions. » Mais ce n'est pas le point de mon discours. J'arrive enfin à la conclusion que je voulais apporter. « Il est peut-être déchiré de t'avoir perdu mais ne savait pas comment s'y prendre pour te retrouver. » Eliana revient dans la cuisine et je lui accorde un sourire avant de regarder à nouveau Jessica. « J'espère ne pas te blesser avec ces mots je pense vraiment qu'il y a un bel avenir pour votre relation, à Jace et à toi. »

Le projet de Jessica de ne pas révéler qui elle est à son frère m'inquiète un peu et je me permet un dernier conseil. « Prends garde à toi si tu te présentes à lui comme Jessica et non sous ta véritable identité. Si tu dois passer beaucoup de temps avec lui sous un faux nom, ne laisse pas la situation te faire souffrir. Ça va être difficile pour toi de réprimer certaines émotions et certaines paroles. » Pour moi l'honnêteté est la clé de tout mais je comprend la peur qui fait faire à Jessica le choix de cacher qui elle est vraiment à son frère. Elle non plus n'a pas envie de se sentir rejetée. « On sera là si tu as besoin de parler, n'est-ce pas Eli ? » Ma fille approuve mes paroles d'un signe de tête quand on sonne à la porte. « Voilà les pizzas ! » Je donne un peu d'argent à Eli qui va ouvrir la porte et payer le livreur. Lorsqu'elle revient dans la pièce je découpe les pizzas à la roulette avant d'inviter les filles à se servir. « Bon appétit ! »

@Jessica Carlson

Une maison n'est pas complète sans un joli colocataire

Inara & Jessica

Même si normalement, dans cette citation, on parle d'un animal, un chien ou un chat... Mais l'homme n'est-il pas un animal ?

Septembre 2024 -
Jessica note très clairement qu’elle doit faire des cookies à Inara et à sa fille. Cela pourrait leur faire plaisir d’avoir des cookies, à l’école ou au travail. Même si Jessica a bien compris que la femme en face d’elle travaille sur son domaine, elle doit vouloir ne pas rentrer à chaque fois quand elle est dehors, non ? Jessica ne sait pas. Elle n’ose pas demander tout de suite. Surtout qu’elle, elle est plus à l’aise derrière un ordinateur à dessiner, ou à jouer aux jeux-vidéos en ligne. Elle n’aime pas réellement l’extérieur. Si elle a fait des visites ou qu’elle marche bien, c’est pour s’échapper et retrouver son frère. Toute sa vie tourne autour de son frère, et maintenant qu’elle est si proche de le retrouver, elle en a de plus en plus conscience. Sans cette donnée, elle ne sait pas qui elle est. Non. Pire. Sans cette donnée, elle n’est personne. Elle n’a pas de consistance, elle est fade et vide. Elle en a parfaitement conscience, mais elle ne peut pas faire autrement que se borner à le retrouver. Elle verrait ensuite comment elle remonterait la pente pour devenir quelqu’un. Elle est « vieille » mais elle a conscience de réagir encore, pour beaucoup de chose comme la gamine de huit ans qui a été lâchement abandonné.

La raison pour laquelle Jessica balance tout ? Parce qu’elle a besoin qu’une autre personne comprenne toute l’importance de sa présence ici… et que Marshal lui a dit qu’il fait confiance à Inara. Si Marshal valide la jeune femme, alors Jessica la valide. Et elle a terriblement besoin d’en parler. Le nombre de personne au courant de sa vie est au nombre de trois, avec Inara. Elle, Marshal et Inara. Même ses parents ne sont pas au courant du vide abyssal qu’à laisser Jace et ce qu’elle fait pour le retrouver. Ses parents se sont rapidement détournés d’elle. Peut-être qu’inconsciemment, ils lui en veulent d’avoir vue ce meurtre à douze ans ? Peut-être que c’est pour ça que trois ans après leur changement de mode de vie, quand elle avait 15 ans, ils ont divorcé… et que deux ans plus tard ils ont fini par inexorablement l’oublié ? Jessica secoue sa tête.

- Je… je ne suis pas en colère. Je crois. Je suis triste. Il m’a promis qu’il serait mon frère ! Il l’a dit et il l’a été, et il est partit. Je ne suis pas en colère, je veux me venger pour la tristesse que j’ai causée et je veux l’obliger à s’occuper de moi !

Elle se mord la lèvre et détourne les yeux.

- C’est une réaction d’enfant, je sais. Marshal a toujours essayé de me dire de laisser tomber mais je n’y arrive pas.

Elle papillonne des yeux, chasse des larmes qui menacent de couler et remonte un regard déterminé vers Inara.

- Il ne pourra pas me fuir. Et tu peux blâmer mes parents, je leur en veux. Contre eux j’ai de la colère, une très grande. Je leur en veux parce qu’ils l’ont fait et ils s’en sont accomodé. Ils ne voulaient pas aller le chercher. S’il est déchiré, je le scotcherais, mais il aura plus le droit de me tourner le dos, sinon je le mange.

Elle se renfrogne un peu dans sa chaise et croise les bras malgré elle. Elle lâche un petit « désolée » qui vient du cœur. Son organe, d’ailleurs, bats si fort qu’elle a l’impression de le sentir au bout de ses doigts. Elle fait un sourire à la jeune fille et à sa mère, mais continue de se tenir les bras croisés pour garder une certaine tension dans son cœur. Si elle se relâche elle risque de fondre en larme. Elle respire doucement et inspire alors qu’elle lâche un petit « bonne appetit » en réfléchissant.

- Il n’a plus voulu être la sœur de K… enfin, mon frère de l’autre moi. Si je me présente comme qui j’étais, il va me repousser. Alors je ne peux pas me le permettre. Je vais m’immiscer dans sa vie, et tant pis si je souffre et quand je serais devenu indispensable, je lui dirais. Ou pas. Même si je ne suis que « sa sœur de cœur nouvellement trouvé » je pense que ça me suffira. Je crois.

Elle prend une bouchée et mange avant de sourire.

- Pour une première rencontre, je me plains, je boude et je mange, ce n’est pas une très bonne image de moi, j’en suis navrée.

(c) princessecapricieuse

La discussion avec Jessica devient intense très rapidement. La jeune-femme a l'air d'avoir besoin d'une oreille attentive. Je me demande si, à part Marshall, elle a quelqu'un sur qui compter. Sa relation avec ses parents n'a pas l'air d'être au beau fixe comme elle me le confirmera très bientôt dans une tirade mais a t-elle au moins un proche ou un ami pour l'écouter ? Je n'en suis pas sûre. Sa situation de témoin sous protection ne lui a sûrement pas laissé la chance de se construire des relations stables.
L'émotion l'emporte et je vois les yeux de la jeune-fille se remplir de larmes. Alors que Jessica détourne les yeux en évoquant sa tristesse je lui prend la main un instant d'un geste tendre. « Hé, tu n'as causé aucune tristesse Jessica, d'accord ? Je ne connais pas ton histoire mais être témoin sous protection c'est avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. Ce qui peut découler de ce que tu as vu ce n'est pas ta faute ok ? »  Il me paraît important de ne pas laisser notre invitée culpabiliser. La culpabilité ronge et c'est elle qui nous fait nous renfermer sur soi.

Dans un sourire qui se veut rassurant je lui rend l'usage de sa main puis écoute la rancœur que Jessica porte à ses parents. Celle-ci me paraît tout à fait justifiée. Je suis de ces mères lionnes qui croient aussi que l'on devrait tout faire pour ses enfants. S'ils ont abandonné tout espoir en laissant Jace partir de chez eux alors, selon mon opinion, ils ont commis une faute. Je me demande quel serait leur discours si Jessica leur faisait ses reproches en face. Après tout, on fait tous des erreurs, c'est le propre de l'être humain. La question est de savoir comment on réagit ensuite lorsqu'on en prend conscience.
Par réflexe je laisse échapper un petit rire quand Jessica dit vouloir manger son frère s'il ne la laisse pas entrer à nouveau dans sa vie. Ce simple geste semble détendre l'atmosphère l'espace de quelques secondes. C'est aussi lors de ce moment de calme qu'arrivent les pizzas. Eliana se charge d'aller les chercher puis je les découpe avant d'inviter les filles à se servir.

Je me choisis une part au moment où Jessica reprend. Elle se dit forte et prête à souffrir de ne devenir qu'une nouvelle connaissance aux yeux de Jace. Je hoche la tête. « Je ne suis pas Marshall, je ne te dirais pas ce que tu as à faire et je respecte ta décision. » Après tout je vois bien que la jeune-fille est déterminée et mon ami m'a prévenu qu'elle était têtue aussi. Il ne sert à rien d'être contre elle et contre ses choix. « Sache simplement que ce ne sera pas facile et que tu peux m'en parler si tu as besoin, ok ? » J'ai lui déjà dit que je serais disponible mais j'ai besoin de savoir qu'elle a réellement intégré ma proposition. Je n'ai pas envie qu'elle endure sa peine, seule dans son coin.

Nous mangeons enfin un morceau et je secoue la tête. « Mais non tu ne te plains pas. Tu nous expose la situation c'est différent. Et ce n'est pas une situation facile. » A nouveau je lui souris pour indiquer à Jessica qu'elle n'a pas une image de petite fille bien élevée à tenir devant nous. Elle est humaine et a le droit d'éprouver des sentiments et de ressentir des choses. Moi aussi je me sens un peu triste après ce discours mais quoi de plus normal. Il est d'ailleurs temps de parler de choses plus légères. « En dehors des retrouvailles avec ton frère quels sont tes projets ? Tu sais ce que tu vas faire à Tree Hill ? Travailler, reprendre des études ? » A 26 ans on est encore bien jeune et tout est possible. Je suis curieuse d'apprendre à connaître les ambitions de Jessica. « C'est le week-end pour nous, je ne travaille pas ces deux prochains jours et Eliana ne va pas non plus en cours. Est-ce que ça te dirait qu'on te fasse visiter la ville ? Il y a un endroit que tu as envie de voir absolument ou une activité en particulier que tu as absolument envie de faire ? » J'ai bien sûr tout un tas de propositions dans mon sac à malice mais sait-on jamais la jeune-fille a peut-être déjà des idées.

@Jessica Carlson

Une maison n'est pas complète sans un joli colocataire

Inara & Jessica

Même si normalement, dans cette citation, on parle d'un animal, un chien ou un chat... Mais l'homme n'est-il pas un animal ?

Septembre 2024 -
Jessica ne se souvient pas d’avoir eu une mère convenable. Son esprit ne fait que le lien avec sa solitude, parfois complète, qu’elle a du assumer depuis son enfance. Elle ne se souvient de rien de joyeux. Parfois, quand elle se force, elle s’imagine une situation familiale plus agréable. Cependant, maintenant qu’elle est une adulte, elle imagine toujours Marshal à la place de son père. Elle n’imagine personne à la place de sa mère… mais elle a besoin de parler à une femme. Une femme qui serait romantique, douce, compréhensible, maternelle. Jessica s’en veut déjà de faire cette comparaison, mais en une seconde, elle a réalisé qu’Inara est plus une mère pour sa fille que la sienne ne le sera jamais. C’est intimidant. Et doux. Peut-être allait-elle vraiment réussir à se sentir à l’aise ici ? Pourquoi pas. Elle papillonne des yeux pour essayer de cacher ses émotions.

- Il aurait fallu que… que je ne sorte pas ce jour là.

Sauf, qu’alors, les personnes qui ont tué ce pauvre homme seraient encore dehors, en train de tuer d’autres victimes sans défense. Elle sait qu’elle a bien fait de continuer à se souvenir de ce moment, encore et encore, pour pouvoir juger les hommes coupables… mais elle s’en veut aussi. Elle dit que si elle avait pu ne pas sortir ce soir là… Si elle avait pu éviter de sortir, prendre un autre chemin, rester dans cette pyjama party… alors tout ça n’aurait jamais eu lieu. Elle aurait pris le temps de retrouver son frère rapidement et elle n’en serait pas là. Ni ses parents. Le couple a explosé à cause d’elle. Jessica secoue la tête.

- Tu peux ! qu’elle tonne d’un coup avant de rougir franchement, tu peux me dire ce que tu me conseille. Je veux dire, tu peux avoir un opinion et me la dire, je n’en prendrais pas ombrage. Si tu veux. Ou pas. Breeeef.

Elle se perd dans ses paroles et dans ses idées. Si Inara a envie de lui donner une indication, une opinion, un avis, un conseil, un ordre, elle prendrait. Parce que chaque idée venue d’un autre cerveau que le sien lui permet de mettre de l’eau à son moulin et de faire un brainstorming avec plus de données possibles. Elle comprend qu’elle peut avoir une discussion avec une personne censée qui sera prête à l’écouter. Pas comme ses parents donc. Si elle a eu une myriade de connaissance, elle ne s’est faite que très peu d’amis dans sa vie. La plupart des gens ont traversé son histoire sans jamais réussir à se poser complètement. Elle a oublié une grande partie des gens avec qui elle a eu des relations cordiales. Ce n’est pas sa faute, comme tout le reste, elle doit se protéger de l’abandon qu’elle subira forcément à nouveau. Elle continue à penser un petit « bref » qui coule dans son esprit pour ne pas plomber un peu plus la conversation. Elle réfléchit à la nouvelle question de la jeune femme, légitime par ailleurs. Cependant, à nouveau, sa réponse tourne et s’adapte selon la situation avec son frère, ce qui ne la dérange pas autant que ce que ça ne devrait.

- Je vais trouver un travail pour pouvoir t’aider financièrement. Mes études ne me serviront pas à grand-chose, pour tout avouer. J’ai un diplôme en art et design numérique et en codage pour faire des jeux-vidéos, mais la ville est trop petite pour avoir une entreprise.

Même si elle peut en faire en Indé, elle n’y pense que pour se détendre, en réalité. Elle finit par secouer la tête doucement.

- J’avoue que je n’ai pas réellement cherché à trouver les choses à visiter, alors je peux te faire confiance ! J’aime tout. Je suis parfois rapidement ennuyé dans un musée, mais j’aime tout de même ça à petite dose, ou avec une exposition. J’adore la nature, dehors, me dépenser, mais je ne sais pas ce qu’il peut y avoir à faire…AH.

Elle réalise d’un coup.

- Si j’ai vue qu’il y a un complexe VR ! Je pense que j’aimerais bien y aller un de ses quatre.

(c) princessecapricieuse

Il n'y a pas pire sentiment que la culpabilité et je secoue la tête quand Jessica dit qu'elle n'aurait pas dû sortir le jour où elle a été témoin de ce qu'elle a vu. Je ne dis pas un mot de plus cependant car je vois dans les yeux de la jeune-fille qu'elle sait qu'elle a bien agi.
A ma façon je lui fait comprendre que je serais là pour elle si elle ressent le besoin de se confier à quelqu'un. Et Jessica doit me faire confiance car elle me dit en retour que je peux me laisser aller à lui donner des conseils ou mon opinion si j'en ai envie. Sa maladresse me fait sourire à nouveau. « D'accord, je n'hésiterais pas dans ce cas. » Eliana aussi doit sentir le lien qui se crée en cet instant même car nous échangeons un regard complice et rassurant. Ma fille est du genre muette dans des moments aussi intense mais je respecte son attitude. Nous sommes les mêmes sur beaucoup de points mais pas celui-là. Ma fille est timide alors que je suis l'extravertie du groupe. Sa langue commence à se délier seulement lorsqu'elle se sent à l'aise avec son interlocuteur.

Ensemble nous commençons à manger et je réalise à quel point j'avais faim. Les émotions ça creuse, comme on dit. L'heure est venue d'alléger l'atmosphère et nous en venons aux badinages que j'aime tant et qui me permettent de mieux apprendre à connaître Jessica. « Oh ! Ça a l'air intéressant comme milieu » je m'exclame quand la jeune-fille m'avoue avoir étudié le design numérique. « En effet je ne suis pas sûre qu'il y ait d'entreprises spécialisées là-dedans à Tree Hill mais peut-être que tu peux trouver à distance ? » C'est toujours plus compliqué pour un employeur d'embaucher quelqu'un qu'il ne peut pas rencontrer ceci dit. « Ou alors est-ce que tu es à l'aise avec tout ce qui est numérique ? Codage, programmation ?  Ou dans la communication sur les réseaux sociaux ? » Je sors des mots dont je ne suis même pas certaine de connaître exactement la définition mais j'ai une idée qui me vient. « Je pense qu'il pourrait y avoir plusieurs entreprises ici qui pourraient avoir besoin d'aide pour se faire un peu de publicité... Ça me fait penser que le site Internet du domaine est un peu vieillot, ça t’intéresserait de le remodeler pour en faire quelque chose de plus moderne et de plus joli ? Je pourrais te donner le texte à mettre dans les pages bien sûr. Et je te paierais pour cette mission ! Tu me diras à la fin de ton travail combien d'heures tu y as consacré. » J'ai peur que Jessica refuse que je la rémunère mais c'est important pour moi de récompenser le travail des autres. Ce n'est pas parce qu'elle vit ici que je vais l'exploiter.
Je ne suis d'ailleurs pas vraiment à l'aise avec l'idée qu'elle veuille m'aider financièrement et préfère aborder le sujet dès maintenant. « Je n'ai pas envie de te demander un loyer pour la chambre que tu vas occuper. C'est par altruisme que j'ai accepté de t'accueillir à la maison pas pour l'argent. Mais si tu veux participer on peut peut-être trouver un compromis. Que dis-tu de payer l'épicerie une fois par mois ? » C'est une proposition qui me paraît raisonnable. Nous serons 3 à vivre dans cette maison, lui demander qu'elle fasse les courses à chaque semaine coûterait beaucoup trop cher. « Le but pour moi en te laissant vivre ici est que tu puisses retrouver ton frère mais aussi t'épanouir en ville, découvrir ton indépendance, commencer à économiser pour ce qui arrivera après que tu auras décidé de quitter cette maison. » S'installer quelque part coûte de l'argent et je refuse de lui prendre le sien qu'elle va commencer à économiser.

Je finis ma part de pizza et en reprend une autre quand nous parlons cette fois de ce que Jessica aimerait découvrir à Tree Hill. Je retiens qu'elle n'aime pas trop les musées et préfère les activités extérieures. « On pourrait peut-être profiter du beau temps qu'on a en ce début septembre pour aller au bord de la rivière ? » propose Eliana. C'est vrai qu'aller nager pourrait défouler les filles. « Bonne idée Eli, ou alors il y a le parc aquatique ? Ça vous dirait ? »
Jessica évoque le complexe de réalité virtuelle. Quoi de plus normal que d'avoir un intérêt pour cet endroit quand on est conceptrice de jeux vidéos. « On pourrait aller au complexe dimanche oui ! Je n'ai jamais essayé ce genre de trucs ça doit être marrant. » Nous voilà déjà avec tout plein de projets. Je suis ravie que cette rencontre se passe aussi bien !

@Jessica Carlson