Rendez-vous arrangé

Marvin + Giulia

Cela fut une première fois

Il y a des millions de première fois. Si Marvin devait être honnête, il avait connu plus de première fois qu’à son tour. La première fois qu’il avait dû parler à son père. La première fois qu’il avait compris une équation mathématique de quatrième degré et qu’il s’était senti ennuyé. La première fois qu’il avait compris que compter les secondes étaient une méthode tout à fait adéquate pour éviter d’être en avance. Il y avait des premières fois oubliables, comme la première fois qu’il avait passé une chaussette tout seul à ses pieds… Cela avait dû avoir sa première fois et … s’il réfléchissait vraiment, il pourrait peut-être retrouver le souvenir. Mais ce n’était pas intéressant. Il pouvait donc se souvenir mais n’en voyait pas l’intérêt. Il y avait les premières fois percutantes. De celles que l’on retient et qui nous change. La première fois qu’il s’était retrouvé seul à l’université, entouré d’adulte qui le tétanise et l’effraie. La première fois qu’il avait désiré s’arracher la peau, ou se gifler, pour éviter de faire du mal à Stella. Ou la première fois qu’il avait dû mentir avec un aplomb et un désir farouche d’être cru, auprès de James, son frère. Il y avait donc plein de première fois… Et la première fois de ce jour était de celle qui le chamboule, le dérange, le tétanise et le pousse à crier à l’intérieur même de son esprit, sans avoir la possibilité de le faire réellement.

Aujourd’hui, c’était la première fois qu’il se disputait réellement avec sa mère.

D’ordinaire, il était plutôt adaptative avec sa mère. Elle lui demande d’être un bon enfant. C’était être un bon enfant que de simplement ne pas être là, non ? Donc, il avait fait en sorte de toujours faire ce qu’elle lui demandait. De se cacher dans un coin pour lire. De mettre la table. Quand il devait faire des commissions (même s’il détestait ça), il avait appris à être un magnétophone plus efficace que la plupart des outils technologiques. Il pouvait même refaire l’accent et l’intonation de sa mère, qui demandait simplement à la voisin un peu de sucre. Donc. Marvin n’était pas le genre à se disputer avec sa mère.

Sauf aujourd’hui.

Il venait la voir tous les jours, ou presque. Parfois, il était coincé et ne pouvait pas aller la voir, il finissait par l’appeler. Ou au moins lui envoyait-il un message. Mais ce matin, elle lui avait dit qu’il était URGENT qu’il vienne la voir. Ce matin, elle lui avait dit de venir. Elle savait que c’était son jour de congé, et que donc il POUVAIT. Même s’il aurait préféré pouvoir amener ses dossiers pour pouvoir avancer, ou simplement passer par la librairie pour chercher un nouvel ouvrage sur la Chine Antique qu’un spécialiste lui avait conseillé. Marvin était un peu arrogant, plus intelligent que beaucoup, mais il savait pouvoir apprendre des autres, et avait-il été réellement intéressé de passer son Samedi, entier, à lire le roman de plus de 1250 pages sans avoir pensé à l’urgence.

Parlons-en, donc, de cette urgence qui avait fini en dispute. Pour la première fois de sa vie, on le rappelle. Cette urgence qui l’avait fait venir sans dossier, sans livre et avec la peur que sa mère lui annonce qu’elle n’avait plus que x jours à vivre. Cela aurait été une urgence. Mais à la place, sa mère décréta qu’il devait s’habiller élégamment pour aller diner dehors avec son ancienne prof de danse. La maladie de sa mère se traduisait par une extrême fatigue, de la fièvre parfois et des douleurs qui ne pouvaient pas être supporté sans une dose d’anti-douleur qui assommerait un cheval. Elle avait donc arrêté la danse depuis le temps… Et elle venait de l’envoyer à un repas en « amoureux » dans un restaurant. Et ça l’avait rendu fou.

Parce qu’il n’en avait aucune envie. Pas la moindre. Même pas de loin dans un couloir sombre avec un monstre au cul ! Il n’avait aucune envie d’aller diner avec la jeune femme. S’il la connaissait rapidement, il se fichait pas mal de son existence. C’était dur ? Mais pas sa faute. Il n’arrivait simplement pas à se faire à l’idée que les adultes de ce monde étaient de la même race que lui. Il se sentait toujours comme l’enfant apeuré qui se cache dans les couloirs pour ne pas être écrasé par les puissants. Et là, sa mère voulait qu’il aille manger avec une femme. Il n’en avait pas envie.

Et puis… il avait l’impression que c’était mal vis-à-vis de Stella. Même s’il ne savait pas trop pourquoi. Il n’y aurait très clairement aucun rapprochement avec la jeune femme comme il y en avait eu avec Stella. Rien que l’idée de faire ce genre de contact, même un bisou sur la joue, à une autre, ça le fait frissonner de dégout, d’horreur et d’une pointe d’effroi. Sa mère avait même acheté des fleurs à offrir à la blonde et il avait refusé en les jetant dans la rue. Déjà qu’il trouvait ça stupide d’offrir des fleurs à Stella, il préférait lui faire un jardin, mais qu’il se fasse bouffer par des chiens plutôt que d’offrir des fleurs à une parfaite inconnue.

Et c’était surtout pour ça qu’il s’était disputé avec sa mère. Pas parce qu’il n’en avait pas envie. Sa mère savait qu’il se tapait un repas par ans avec son géniteur pour ses beaux yeux. Mais parce qu’il avait l’impression de trahir Stella. Il ne lui avait jamais parlé de Stella, à sa mère. Parce qu’il voulait déjà réussir à devenir plus « sociable » comme elle le voulait, avant de lui parler de la jeune femme. Et voilà qu’elle utilise un traquenard pour essayer de le faire se mettre en couple. Le pire ? Sa mère avait eu le culot de lui dire que, pour Giulia, la proposition venait de lui. Donc, il ne pouvait pas être de mauvaise humeur. Parce que sa mère avait aussi élevé Marvin pour qu’il ne soit jamais cruel à dessein. Qu’il ne soit jamais vile et face attention. S’il ne parle pas, il ne blesse pas les gens. Mais s’il venait à parler ? Voilà pourquoi il évite de communiquer avec les gens, normalement. Il marmonne des jurons avant de se garer et de sortir. Il arriva au restaurant, ouvrit la porte, leva les mains pour demander une table pour deux, et alla s’assoir sans avoir dit le moindre mot. Ce repas de midi allait être épique. Il finit par la voir arriver. Et alors qu’il la voyait approcher, il se rappela des conseils de Stella pour être poli et eu l’impression de mordre dans du citron.

- Bonjo…. Brrr, c’est vraiment stupide de se saluer ainsi. Il faudrait que je trouve une bonne raison historiquement d’utiliser cette expression. Il faut que vous sachiez mademoiselle, que ce coup a été monté par ma mère, et que je n’ai pas l’intention de sortir avec qui que ce soit.

Parce qu’il sortait déjà avec quelqu’un. Et, malgré lui, malgré tout ça, il eut un sourire radieux à cette idée. Parce qu’il pensait à elle. Toujours et encore, à elle.

(c) princessecapricieuse

Rendez-vous  arrangé !

Ses étudiants ont toujours été très importants pour la blonde, et même s'ils arrêtent de danser, volontairement ou non, elle essaie de garder le contact. Malheureusement, l'une de ses anciennes étudiantes est tombée gravement malade et la jeune femme en est très affectée. Pour Giulia, ses étudiants font aussi partie de sa famille, ce qui explique sans doute pourquoi elle souhaite que ses anciens étudiants aillent bien eux aussi. Aujourd'hui, Giulia est censée dîner avec un jeune homme, le fils d'une de ses anciennes étudiantes. Apparemment, ce serait l'idée du jeune homme, mais elle a du mal à y croire. Pourquoi quelqu'un qui ne la connaît pas voudrait-il dîner avec elle ? Pour faire connaissance ? Bien sûr, c'est une possibilité. Cependant, la jeune femme ne peut et ne veut pas vraiment y croire. C'est peut-être une des raisons pour lesquelles sa vie amoureuse est inexistante.
 
L'Italienne ne savait rien du jeune homme, sauf ce que sa mère lui avait parfois raconté. Et s'il voulait seulement la rencontrer parce qu'il avait perdu un pari ? Il ne sert à rien que la jeune femme y pense trop maintenant, car il n'est plus possible de faire marche arrière. Du moins, pas sans passer pour un monstre sans cœur. Quel était déjà le nom du jeune homme ? Marvin, si Giulia ne se trompe pas. C'est bizarre, c'est la première fois depuis longtemps qu'elle va dîner avec quelqu'un et elle ne connaît même pas cette personne.
 
Arrivée devant le restaurant, Giulia ne sait pas encore si le jeune homme est déjà sur place, mais elle entre quand même. Après avoir pénétré dans le restaurant, elle regarde autour d'elle. La jeune femme sait à quoi ressemble Marvin, grâce à une photo que sa mère lui a montrée. La jeune femme le repère rapidement et se dirige vers la table. Le jeune homme ne semble pas très enthousiaste à l'idée de la rencontrer. En-tout-cas, c'est ce que Giulia ressent lorsqu'elle croise son regard. Dire bonjour ne semble pas être son point fort. Il ne faut pas longtemps, quelques secondes seulement, pour qu'elle apprenne que ce n'est pas son idée, mais celle de sa mère. « Comme je suis gentille, je dis quand même bonjour. » En prononçant ces mots, la blonde essaie de ne pas paraître grincheuse. « Je me doutais bien que ce n'était pas votre idée. » Cependant, Giulia espérait que le repas se passerait bien. « Puisque vous n'avez pas l'air d'avoir envie de vous asseoir avec moi, devrions-nous faire table à part ? » Ce n'est pas ainsi que la blonde avait imaginé cette rencontre.

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Rendez-vous arrangé

Marvin + Giulia

Cela fut une première fois

- Dire « Bonjour » n’est pas être gentil pour moi. Et ne pas le dire n’est pas être méchant, répondit-il simplement en essayant de s’imaginer ce que dirait Stella dans son cas. Je trouve juste que c’est mentir. Je ne sais pas si le début de votre journée a été « bonne », tout simplement.

Il haussa les épaules. Pour lui, ça signifiait « peu importe ». C’était vrai. Mais il se souvient aussi que Stella lui avait dit que ça lui donner l’impression d’être condescendant…. Il n’était pas ce genre de personne. Même s’il savait être plus intelligent que la plupart des gens, il ne se sent pas arrogant. Il a juste plus de connaissances, et s’en souvient plus facilement que les autres. Il ne pouvait pas faire autrement qu’être « plus » que les autres… mais ce n’était pas de l’arrogance. La question de la jeune femme le surprend, et il prend quelques secondes pour savoir si elle rigole, si elle se moque, si elle est en colère ou autres sentiments qu’il ne comprend pas… Il penche la tête en essayant de comprendre. Il ne comprenait pas l’humanité, il préférait l’Histoire.

- Vous préférez faire table à part ? demanda-t-il avant de pincer les lèvres. Je ne suis pas très bon, ni un homme très sociable, et je suis incapable de comprendre le sentiment qui vous anime… ou ce que vous voulez en réalité.

Et il se demande comment il peut parler à la jeune femme comme ça… D’ordinaire, il stresse, il bafouille et évite de parler, tout simplement. D’ordinaire, il refuserait de dire plus d’une phrase, et encore. D’ordinaire, il se sentirait oppressé et au bord de l’explosion. Mais il ne ressentait pas tout ça. Parce que ça n’avait pas d’importance ? Non. Même quand ça n’a pas d’importance, il stresse de parler aux autres. Parce qu’il pourra ensuite en parler à Stella pour lui demander son avis ? Peut-être. Il ne sait pas. Et aussi, parce que ça fait terriblement plaisir à sa mère. C’était ça. Il était un bon fils… et si ça pouvait aider sa mère qui allait mourir à se sentir un peu plus heureuse, qui était-il pour le refuser ?

- Elle aurait dû vous prévenir, marmonna-t-il. Ma mère va mourir, et elle espère que je change avant la fin et que je me fasse des amis. Je n’ai aucune envie de sortir avec vous, mais si vous supportez l’insupportable, nous pourrions être amis ?

Est-ce qu’il avait trèèèèès clairement copié une phrase toute prête qu’il avait trouvé dans une histoire ? Oui. Mais est-ce que ça changeait quelque chose à la choucroute ? Non. Donc. Il regarde la jeune femme et lui montre la place à ses côtés, pour lui laisser le choix. Le seul moment où une émotion aurait pu se lire sur son visage, fut quand il parla de la mortalité de sa mère.

(c) princessecapricieuse

Rendez-vous  arrangé !

La vie a déjà donné à Giulia des moments compliqués, mais elle a toujours su comment les gérer. Cependant, la blonde n'a jamais participé à un dîner arrangé avec une personne qui ne voulait pas être là. D'une certaine manière, le jeune homme n'est pas facile à comprendre. Pas dans sa façon de parler, mais dans son comportement. Froid n'est peut-être pas le bon mot pour le décrire. Giulia le qualifierait plutôt d'antisocial, même si elle n'est pas sûre que ce soit le terme approprié pour le décrire. Sa proposition, concernant les tables, était son idée pour lui offrir une issue possible à cette situation. « Si je suis honnête, l'idée de la table n'était là que pour vous offrir une issue à cette situation. » Parfois, la blonde se demande pourquoi elle n'exprime pas tout de suite ses pensées à voix haute. « J'ai déjà remarqué que vous n'êtes pas vraiment une personne sociable, mais je ne me suis pas enfui pour autant. » Au cours de sa vie, Giulia a appris à gérer de nombreuses personnes et situations différentes, ce qui l'a sans doute endurcie.
 
Il y a des choses que la blonde a du mal à gérer, et l'une d'entre elles est la mort. Le pire pour la jeune femme, c'est quand il s'agit d'une personne qu'elle connaît. Giulia s'est toujours bien entendue avec la mère du jeune homme et elle espère que quelque part, au fond de lui, une partie de sa mère sommeille et que cela aidera à sauver la soirée. Ils n'ont pas besoin de se parler beaucoup, mais un peu ne serait pas de trop. « Bien sûr, vous n'êtes pas obligé de répondre à la question que je vais vous poser. » Il est important pour la jeune femme de prononcer ces mots. « Quelle est la gravité de la situation de votre mère ? » Giulia peut imaginer que cela doit être très grave si Marvin se lance dans un rendez-vous arrangé dont il n'a pas du tout envie.
 
Si elle peut supporter l'insupportable ? Ce n'est certainement pas un problème pour la blonde. Des amis ? À ce mot, elle le regarde un instant avec surprise. Elle ne lui répond pas tout de suite, il faut qu'elle réfléchisse, mais elle prend la place qu'il lui a offerte. « Je peux endurer beaucoup de choses. » Giulia sait que ce n'est pas une réponse à sa question. Mais après avoir fait une liste de pour et de contre dans sa tête, la réponse lui vient aux lèvres. « Je pense qu'il est possible d'être amis. Je pense qu'on n'a jamais assez d'amis. » Cette soirée a vraiment commencé de manière très étrange et, d'une certaine manière, elle l'est encore en ce moment, mais cela pourrait clairement s'améliorer après ces mots. 

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Rendez-vous arrangé

Marvin + Giulia

Cela fut une première fois

- Votre idée serait contre productrice, bien que j’apprécie l’effort.

Si elle venait à prendre une autre table, et que sa mère lui demandait des nouvelles, elle le tuerait. Sa mère avait toujours été une femme bonne, douce, généreuse, mais aussi stricte et porté sur le respect. Si Marvin avait eu du mal à comprendre, elle avait posé des bases, certes basses, pour son rejeton. Elle acceptait qu’il ne dise pas « bonjour », puisque cela était un mensonge pour lui. Elle acceptait qu’il ne se présente pas, surtout parce qu’une personne venant lui parler devrait, selon l’opinion de Marvin, déjà savoir à qui ils avaient à faire. Mais elle n’aimait pas le mensonge. Elle avait appris à Marvin à être d’une honnêteté destabilisante et à tout épreuve. Ne rien dire n’était pas un mensonge, surtout en connaissant la difficulté de Marvin pour communiquer… mais mentir était interdit. Ainsi, si elle venait à lui demander, et que la jeune femme avait réellement mangé à une autre table, sa mère le prendrait très mal. Et il n’imaginait pas lui mentir. Donc. Il préférait s’entrainer. Après tout, n’avait-il pas promis à sa mère et à Stella de faire un effort ? Manger et discuter avec une autre personne humanoïde ne pourraient que l’aider à cette entreprise, non ? Il fallait voir l’utilité à chaque situation ennuyante, surtout dans le cas de la sociabilité. Il n’avait aucune envie de parler, mais il le fallait. Le livre qu’il avait lu « la sociabilité pour les nuls » lui avait appris des bases, et Stella plus d’information encore… Comme écouter les questions et y répondre sans montrer la moindre arrogance… même quand les questions étaient stupides.

Cependant, quand la jeune femme posa la question sur sa mère, il écarquilla les yeux de surprise. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle parle de sa mère, ni même de sa maladie. Il avait une mémoire absolue et il se souvenait de tout… Et ce tout comprenait les moments où les médecins faisaient une mise à jour de l’état de sa mère. La question était « la gravité ». Et il ne savait pas comment répondre à ça… Il ne savait pas parce que, pour lui, c’était la fin du monde. Et ce n’était pas qu’un terme, qu’un mot jetait pour se moquer. Non. La fin de sa mère mettait fin à la sienne aussi. Il avait dû mal à imaginer sa vie sans elle, sans son soutien. Il allait mourir, en partie, avec elle. Sa mère étant la raison de son besoin d’avoir des amis. Elle voulait que Marvin ne soit pas seul après sa mort. Mais il ne voyait rien après. Même Stella ou James étaient disparu de son esprit quand il y pensait.

- C’est immuable. D’ici deux à trois ans, dans le meilleur des cas, elle va mourir.

Et sa voix dérailla à la fin. Il ne laissait que peu voir ses émotions face au monde. Les autres n’avaient pas le droit de savoir ce qu’il se passait dans sa tête… mais sa mère était un sujet qui pouvait lui arracher des larmes. Il reste au maximum concentré alors que toutes les données défilent devant ses yeux.

- Je n’ai pas d’amis. Ma mère a peur qu’après sa disparition, je ne sois seul. C’est pour ça qu’elle veut que nous mangions ensemble. Pour que vous ayez pitié de moi.

Il n’était pas sociable, et plus encore… Il n’aimait pas les gens. Donc, il était logique qu’il soit compliqué pour lui d’accepter d’être ami avec une autre personne. Il n’y avait personne qui le soutiendrait. Et son esprit se rappela qu’il était de mauvaise foi et de ne pas se mentir. Il y aurait au moins deux personnes… mais accepterait-il de les laisser dans sa tête une fois qu’il sera mort en parti ? Il l’ignore.

(c) princessecapricieuse

Rendez-vous  arrangé !

Il est bien possible que le jeune homme ait raison et que des tables séparées soient contre-productives. Mais la blonde sait que la soirée risque de devenir encore intéressante et probablement plus calme que prévu. « Nous allons donc manger ensemble à cette table. » Une constatation qui n'avait pas besoin d'être formulée à haute voix. Pourtant, l'Italienne l'a fait. « Nous pouvons aussi nous taire toute la soirée, mais je risquerais alors de m'endormir. » Ces derniers temps, son travail était toujours très fatigant et elle était souvent morte de fatigue, mais elle a décidé de profiter de cette soirée, même si plus tôt, elle ne savait pas encore exactement avec qui elle allait sortir. Mais Giulia savait déjà qu'il ne serait pas facile de trouver un sujet de conversation. Ce qui était dû au fait qu'elle ne le connaissait pas du tout.
 
La jeune femme, a-t-elle commis une erreur en abordant le sujet de sa mère ? Giulia n'en était pas sûre. Mais il n'échappe pas à la blonde qu'elle l'a surpris de manière inattendue. Mais comme elle ne fait pas partie de la famille, les détails ne la regardent pas vraiment. C'est probablement ce que pense le jeune homme. Mais les mots qui viennent aux lèvres de Marvin font que les expressions de son visage échappent à Giulia pendant un moment. La mort, c'est définitif. « Je suis désolée... » La maladie et la mort sont des sujets que Giulia ne peut clairement pas gérer sans émotion. Désespérée, la blonde tente de ne rien laisser paraître, mais elle n'y parvient pas vraiment. « Cela ne doit pas être facile pour elle ni pour toi. » Sans s'en rendre compte et sans l'avoir prévu, elle a commencé à tutoyer Marvin. Est-ce que cela le dérange ? La jeune femme le saura bientôt.
 
Le fait que le jeune homme n'ait pas d'amis ne surprend pas vraiment Giulia. Mais elle comprend bien sa mère, qui voudrait que son enfant se retrouve seul après son décès ? Mais ce que la blonde ne comprend pas, c'est pourquoi la mère de Marvin l'a choisie. Il doit y avoir une raison. « Je suis désolée d'avoir commencé à te tutoyer comme ça, mais le vouvoiement, ce n'est pas mon truc. Sauf dans mon métier. » D'une certaine manière, la blonde ne peut pas s'imaginer qu'il va se mettre en colère. « Je n'ai pitié que des gens qui méritent ma pitié. » Et Giulia est sûre que Marvin ne fait pas partie de ces personnes. « Mais je serais prête à faire croire à ta mère que nous sommes amis pour qu'elle ne s'inquiète pas. Mais ce serait un mensonge et je ne veux pas lui mentir... » Serait-il possible que ces deux personnes si différentes deviennent amies ? Ou au moins quelque chose du genre ? « Où penses-tu que nous pourrions devenir amis ? » Elle regarde le jeune homme d'un air interrogateur, ne sachant pas s'il a déjà pensé à une possibilité aussi absurde. Bien que ce ne soit pas si absurde.

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Rendez-vous arrangé

Marvin + Giulia

Cela fut une première fois

Il la regarde. Cherchant à voir si elle se moquait de lui ou si elle était parfaitement sérieuse. Pouvait-elle réellement s’endormir au milieu des gens, comme ça, en leur faisant confiance pour ne pas être stupide pendant qu’elle se reposera ? C’était là une situation que Marvin ne pouvait pas comprendre. Il dormait peu, déjà, et encore moins quand il savait qu’une personne pouvait être vivante à ses côtés. C’est-à-dire presque toujours, sauf dans son appartement. Il avait dormi avec Stella bien sûr… mais ce n’était pas la même chose et il ne voyait pas Stella comme le reste de l’humanité. Il cherchait alors une preuve qu’elle se moquait. Mais non. Cette femme avait réellement la capacité de s’endormir sur une table de restaurant, avec des humains autour ? Ce n’était pas lui qui était un cas social, c’était elle ! Bon, lui aussi, mais il éviterait toujours de laisser la chance à des imbéciles de le voir vulnérable. Marvin haussa ensuite les épaules à ses excuses. Ce n’était pas sa faute. Il se rappela que c’était quelque chose qui se disait, encore une fausse parole que l’on accepte de dire alors qu’elle ne signifie au fond, rien du tout. Il essaie de trouver quoi dire, puis il hausse les épaules.

- Je fais en sorte de pas y penser, pendant qu’elle, elle y pense tout le temps et me le rabâche comme si l’information n’était pas déjà enregistrer alors que j’ai une mémoire absolue.

Il se souvenait de tout. Pourtant sa mère ne loupait pas une occasion de faire une « conversation sensible » dès qu’elle le pouvait. Lui rappelant de se trouver des amis, d’accepter, d’être fort, et de surtout… surtout de pleurer. Sa mère ne lui disait pas de ne pas pleurer comme l’aurait fait les autres, au contraire. Elle lui disait qu’il fallait qu’il sorte les émotions qu’il contiendra certainement jusqu’à ce que ça pourrisse à l’intérieur et gangrène. Mais Marvin ne sait pas s’il aurait la capacité de pleurer. Il ne sait pas comment il va réagir à l’amputation de la seule personne qui l’a toujours soutenu dans sa vie. Marvin la regarde sans comprendre pour ses nouvelles excuses avant qu’elle ne parle du tutoiement.

- Je ne sais pas dire « bonjour » sans grincer des dents, tu peux te sentir libre de m’appeler comme tu le sens.

Ce n’était clairement pas quelque chose dont il faisait cas. Il vouvoyait tout le monde pour ne pas chercher plus loin… mais si on lui demandait d’utiliser le « tu », alors il n’avait pas de soucis à le faire non plus. Il releva la main, comme pour chasser une mouche. Il écouta sa proposition finale et fit un petit signe de tête pour lui montrer la carte du restaurant.

- Je n’aime pas le mensonge. C’est pour ça que je ne lui fais pas croire que j’en ai trouvé, des amis, depuis qu’elle m’en demande. Je ne sais même pas ce que peut être un ami. Si tu veux tenter l’aventure, pourquoi pas… mais je resterais moi-même. Et être ami avec moi, il n’y a pas grand monde qui le supporte.

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Rendez-vous  arrangé !

Quand Giulia s'ennuie, la blonde peut sérieusement s'endormir n'importe où, ce qui est considéré par certains comme un don. Bizarre, non ? Mais c'est la même chose que d'être passager d'une voiture, seul le conducteur doit rester éveillé. Mais elle préférerait clairement dormir plutôt que d'avoir une conversation trop désagréable, une telle conversation peut être pire qu'une syphilis. Non pas qu'elle en ait déjà eu une, la blonde a toujours fait attention à ne pas attraper de MST chez qui que ce soit. En revanche, elle a déjà eu une verrue, qu'elle a attrapées à la piscine. « Cela ne doit pas être facile quand on a une telle mémoire. » Pour la jeune femme, il serait cruel de tout retenir immédiatement, ou de ne pouvoir rien oublier. Chaque mauvais mot, chaque mauvais traitement restera à jamais gravé dans ta mémoire. Non, ce n'est pas ce que Giulia veut.
 
La blonde est surprise de voir que Marvin semble d'accord pour le tutoiement. Elle ne s'y attendait pas vraiment. Mais une question qu'elle se pose est de savoir comment il peut être difficile de dire bonjour. Pour la blonde, c'est tout à fait normal. « Pourquoi est-ce que c'est difficile pour toi ? » La question est clairement sérieuse. Cela intéresse la blonde d'en savoir plus sur Marvin, que cela lui plaise ou non. Giulia peut être plus coriace qu'une tique, dans certains cas. Comment ne pas savoir ce qu'est un ami ? On voit bien que cette déclaration irrite la jeune femme. « Comment se fait-il que tu ne le saches pas ? » Tout le monde a au moins un, deux ou trois amis. La jeune femme, serait-elle prête à relever le défi de devenir amie avec lui ? Cela vaut la peine d'essayer. Giulia n'est pas du genre à forcer quelqu'un à changer. « Je pense qu'il est très important de rester soi-même. » Il était important pour la blonde de prononcer ces mots à haute voix. « Pourquoi ne serait-ce pas facile ? » Elle le regarde d'un air interrogateur. « Je peux gérer beaucoup de choses. » Dit-elle, un sourire aux lèvres.

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Rendez-vous arrangé

Marvin + Giulia

Cela fut une première fois

Marvin haussa les épaules de manière presque désinvolte. Giulia n’était pas la première à lui faire remarquer que ce n’était pas « facile » d’avoir une mémoire absolue. Lui, il vivait avec depuis sa naissance et n’avait jamais trouvé rien de difficile à vivre avec elle. Il savait trié, il savait mettre dans une base de données et son esprit allait chercher les informations sans qu’il n’eut à réfléchir réellement. Ainsi, pour lui, il était plus simple de se souvenir de tout… et ça lui permettait d’avoir des certitudes : l’humanité le déprime, l’inquiète, le panique et le désespère, tout ça à la fois. Il y avait peu d’êtres vivants qu’il appréciait. Les chiens, et quelques humains triés sur le volée. Là, à l’instant T, il dirait James, son frère. Stella, sa mère… et… voilà. Peut-être rajouterait-il Illiana parce qu’elle était venu travailler pour lui et qu’elle allait lui prendre tout le côté sociable qu’il ne désirait pas. Sinon ? Les chiens étaient bien meilleurs que les humains. Point. Ainsi, avait-il simplement relevé les épaules. C’était facile pour lui d’avoir une telle mémoire, et ça le sauvait de la stupidité ambiante.

La question suivante le garde dans son champ d’expertise, et il peut y répondre sans même réfléchir longtemps.

- Bon jour, découpa-t-il le mot. C’est un mensonge que de dire à quelqu’un qu’on lui souhaite une bonne journée alors qu’on ne connait pas l’avenir. Il serait plus logique de lui souhaiter de terminé la journée en vie, pas qu’elle soit bonne. Il est la même chose pour la nuit. Et cela m’évite de parler que de ne leur souhaiter que mentalement de survivre une journée de plus.

Ouais, comme ça on dirait que c’est un peu déprimant, mais pas du tout. Par sa mémoire, il savait tout ce qu’il pouvait rendre un jour « bon » en jour « mauvais » et en réalité… Les choses se faisaient le plus souvent dans ce sens là. Mentir en souhaitant une bonne journée à des personnes dont il se fou éperdument, ou bien qui auront une journée mauvaise, ça ne servait qu’à user sa salive. Pour rien. Il la regarde. Ecoute sa nouvelle question et l’analyse avant de faire une petite grimace. Cette question ne voulait rien dire.

- Si je savais pourquoi je ne le sais pas, alors je le serais, répondit-il de la même manière que toujours, comme si cela était terriblement logique pour lui.

S’il savait pourquoi il ne sait pas se faire des amis, alors il pourrait régler le souci. Cependant, il avait eu des pistes qui ne lui plaisent pas. On disait qu’il fallait être soi pour se faire des amis… mais son « soi » n’était pas exactement ce qui permettait des amitiés durables. Ce qui donnait un serpent qui se mord la queue et un Marvin refusant catégoriquement la possibilité de changer pour le bien d’une amitié dont il ne veut pas réellement. D’ailleurs, la jeune femme le répète et il la regarde en faisant un petit signe de tête pour aller dans son sens. Rester soi même, ça lui va parfaitement ! Elle pense alors que ça peut être facile. Elle venait de lui parler, non ? Est-ce que les femmes étaient toutes si simple ou avait-il le droit à quelques spécimens étranges dernièrement ? Il penche la tête sur le côté pour essayer de voir le problème sous un nouvel angle.

- Si tu le dis, alors je ne vois pas de raison de t’empêcher d’essayer.

Il ne dit pas que l’attachement se faisait à sens unique… mais dans la plupart des relations qu’il avait, même avec sa mère, c’était d’abord l’autre qui s’attache à lui, pour qu’il puisse en faire de même. Un peu comme une personne qui avait besoin de la main tendue du sauveteur pour trouver le courage de tendre sa main à son tour. Stella et James avaient fait comme ça. Ils avaient voulu de lui, et il avait accepté de voir, pour essayer. Mais ce désir d’essayer était déjà un grand pas pour lui qui ne voulait normalement ne rien essayer du tout. Il lui tend le menu.

- Je paie le repas, énonça-t-il, et je ne conseille pas les plats de saumon. Si les données sont exacte, le poisson que nous auront dans l’assiette viennent d’un pêche qui a eu lieu récemment mais avec une tempête et ça n’est jamais bon une tempête.

Marvin ne mangeait pas de poisson. On dit que le poisson booste la mémoire. Grand bien en fasse aux autres, lui, il n’en avait clairement pas besoin. Il avait déjà appris le menu par cœur, ainsi n’avait-il pas besoin de regarder pour savoir ce qu’il allait prendre. Toujours la même chose, en réalité. Un tartare. Pourquoi ? Pourquoi pas. Il était un homme d’habitude, aussi.

(c) princessecapricieuse

Rendez-vous  arrangé !

Est-il possible qu'une mémoire photographique puisse déprimer quelqu'un ? Cela, peut-il conduire à un comportement étrange ? Est-ce que cela peut aussi vous amener à ne pas laisser beaucoup de gens entrer dans votre vie ? La jeune femme ne le sait pas, car elle a une mémoire normale. C'est peut-être pour cela qu'elle se demande pourquoi il peut être difficile de dire "bonjour" à quelqu'un. Si l'on voit les choses sous cet angle avec le bon jour, elle peut encore comprendre sa logique en quelque sorte. « Ta logique est en quelque sorte intéressante, et même compréhensible. Mais ne trouves-tu pas que c'est un peu impoli de dire de finir la journée en vie ? » Dans ce cas, elle a du mal à suivre le raisonnement de Marvin. « Pourquoi être toujours aussi négatif ? » Elle regarde le jeune homme d'un air interrogateur. La réponse à sa prochaine question laisse la blonde perplexe. C'est pourquoi elle se contente d'un bref "ok".
 
Est-ce qu'elle parviendrait à nouer une sorte d'amitié avec le jeune homme ? C'est une bonne question. Il s'agirait en tout cas d'un défi. Devrait-elle vraiment s'y investir ? « Ce serait certainement un défi, mais un défi que je suis prête à relever. » La jeune femme est quelqu'un pour qui il est important d'avoir des gens dans sa vie. Bizarrement, la plupart de ces personnes sont des individus masculins. Bizarre ! Lorsque le jeune homme lui tend le menu, elle y jette un coup d'œil. Heureusement que la jeune femme n'est pas fan des plats maritimes. « Heureusement que je n'aime pas les plats maritimes. » À ces mots, un sourire apparaît sur ses lèvres. Sur la carte, il y a quelques plats qui lui plaisent et qu'elle aime manger. Lorsque Marvin lui annonce qu'il va payer, elle le regarde un instant, surprise. La blonde ne s'y attendait pas. « Merci de payer, je te rendrai la pareille un jour. » Bien sûr, la jeune femme ne sait pas quand et où cela se réalisera, mais elle est sûre qu'elle pourrait le faire un jour.
 
Son regard se promène à nouveau sur la carte, ce qu'elle aime particulièrement sont les plats de pâtes. Mais Giulia est assez exigeante en ce qui concerne les pâtes, elle n'a que rarement mangé un bon plat de pâtes en dehors de l'Italie. Mais qui sait, peut-être trouvera-t-elle ici la perle rare. « Je vais prendre des pâtes calabraises. » Si les deux mangent déjà ensemble, la blonde veut aussi en apprendre plus sur Marvin. « Parle-moi un peu de toi. » Guilia se doute bien que ce n'est pas quelque chose que le jeune homme aime faire. « Bien sûr, tu ne dois rien me dire qui te mette mal à l'aise. » La blonde a souvent entendu dire que le sourire aide à se détendre.

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Rendez-vous arrangé

Marvin + Giulia

Cela fut une première fois

Il observe. Il pense aux conseils que lui donnait les peu de personnes aptes à le comprendre. Les questions qu’on lui pose ne sont là que pour être répondu. Il devait y répondre, donc… Même s’il ne comprenait pas la logique à tous ses questionnements, puis que pour lui tout était limpide, il fit un effort. Un autre. Et ensuite ? Il ne ferait plus d’effort et il irait lire un traité sur un sujet bien plus intéressant que l’humanité elle-même, peut-être, le mémoire de VASSIL Karan ; La construction d’une nouvelle image de la Russie et les réorientations de la politique étrangère roumaine, sous la direction de Sophie MOMZIKOFF. C’était un traité qu’il avait pu commencer et qui lui avait bien plu. C’était mieux que l’humanité en tout cas.

- Politesse, cita-t-il, Ensemble de règles qui régissent le comportement, le langage à adopter dans une société ; le fait et la manière d'observer ces usages. C’est simplement que je suis contre une règle qui semble évidente pour tout le monde et régit la vie depuis des générations. Nous pouvons faire un parallèle avec la covid. Avant, il était considéré comme geste de courtoisie entre professionnel que de se serrer la main, la maladie a prouvé que c’était une raison de transmission de maladie, et maintenant cette règle de politesse a été oublié. Le « bonjour » est la même chose pour moi. Une règle inutile qui n’a aucune logique et fondement et qui devrait, alors, être enlevé pour une autre plus cohérente. Je ne suis pas impolie.

Il sait que tout le monde le trouve impoli, pourtant… mais il se fiche. Tout comme le merci lui arrachait la bouche. Il préférait donner une information, un conseil, un cours pour remercier une personne qui lui venait en aide que de devoir parler pour dire ce mot qui n’avait aucune signification réel dans son esprit. Il le disait, parfois, l’ayant enregistré comme le mot à dire… mais pas parce qu’il y croit… Simplement parce que c’est le mot à dire, rien de plus.

- Ce n’est pas négatif. Tu souhaites la survie de quelqu’un, en quoi cela pourrait-il être négatif ? demanda-t-il sans comprendre.

Il la laissa réfléchir à l’importance de leur « amitié » clairement manipulé par sa mère, elle sembla décidée qu’il en valait le coup. Elle accepta le défi. « Ok », répondit-il à l’image de sa réponse précédente. Il pouvait bien accepter d’être un défi pour une autre personne. La suite fut une conversation simple de hochement de tête, et de froncement de sourcil. Si elle voulait payer la prochaine fois, c’est qu’elle pensait qu’il y aurait une prochaine fois, réellement. Il avait donc haussé les épaules pour lui répondre à la suite, pour lui dire que peut lui importer. Puis, un nouveau hochement de tête pour le plat. Le serveur arriva d’ailleurs, et Marvin ne le regarda qu’à peine pour lui montrer l’image du tartare sur le menu avant de laisser Guilia prendre sa nourriture. Il réfléchit à la question.

- Je suis Marvin Montgomery. Fils d’Eva Montgomery. Archéologue agréer, en charge de l’aile Egypte du musée de Tree Hill et maître de conférences. Parfois je suis aussi utilisé comme jury pour des mémoires à l’université d’Archéologie. J’ai fais des fouilles dans la plupart des pays d’Europe et d’Amérique du sud, une partie en Asie. Je suis noté dans plus d’une centaine de publication en livre, et j’ai publié moi-même un ouvrage.

Voilà. Il ne sait pas du tout ce qu’il pourrait rajouter à tout ça. Il attendrait qu'elle lui pose des questions... et il ne remarqua même pas avoir oublié de poser la question retour.

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Rendez-vous  arrangé !

Marvin est clairement une personne qui a sa propre logique, une logique que beaucoup ne peuvent probablement pas comprendre. C'est vrai que depuis Covid, beaucoup de choses ont changé, surtout en ce qui concerne les présentations. « Je serre la main de mes clients pour les accueillir. » La jeune femme répond brièvement. « Impoli, ce n'est peut-être pas le bon mot, si je suis ta logique. Mais comment veux-tu apprendre à une personne à qui l'on a toujours dit comment se comporter de manière polie, de faire autrement ? » La jeune femme n'est pas sûre de s'être bien exprimée. « Ce n'est pas facile de changer. » Giulia le sait par expérience. Est-il important d'être poli ? Pas forcément, on peut aussi être simplement accueillant.

Souhaiter à quelqu'un de survivre pourrait clairement être mal perçu. Mais c'est un argument qui pourrait être discuté pendant des heures. Cependant, Giulia tient à expliquer son point de vue. « On pourrait penser que tu as le sentiment qu'il pourrait arriver quelque chose à cette personne et que tu souhaites seulement qu'elle survive. Je ne sais pas si c'est logique ou illogique, enfin, mon explication. » Il est bien sûr possible que Marvin ne puisse pas suivre sa logique. Ce que la jeune femme trouve particulièrement intéressant, c'est justement le fait que les deux aient des points de vue si différents.

Est-ce que c'est fou de s'engager dans une telle amitié ? Probablement, mais Giulia est peut-être aussi un peu folle. Si l'on considère que cette rencontre n'a pas été initiée par l'un des deux, c'est un miracle qu'ils soient encore assis à cette table. Au début, la blonde ne s'attendait pas à ce que les deux soient assis aussi longtemps à cette table. Giulia était en quelque sorte persuadée, dès la première seconde, que l'un des deux se lèverait de table et partirait. La preuve qu'il est peut-être possible de faire connaissance. Même si cela sera plus difficile que ce à quoi, la blonde est habituée.

Les paroles du jeune homme la surprennent, il n'y a rien de vraiment personnel. Sauf en ce qui concerne le travail, bien sûr. « Est-ce que tu aimes ta vie telle qu'elle est ? » Même si Marvin ne lui a pas posé la question, elle trouve normal de répondre également. « Je m'appelle Giulia Machiavelli et je suis née à Florence, en Italie. Mon père est propriétaire d'une petite chaîne d'hôtels et ma mère est femme au foyer, mais avant elle était serveuse. Quant à moi, tu sais déjà que je possède une école de danse. » Marvin est quelqu'un qui répond aux questions plutôt que de parler de lui-même. « Parle-moi de toi, raconte-moi quelque chose que tu te sens libre de me dire. » Giulia est, en tout cas, curieuse de savoir ce qu'il va lui raconter. Si jamais le jeune homme le fait.

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Marvin + Giulia

Cela fut une première fois

C’était bien là le problème. Il releva un sourcil alors qu’elle pointa parfaitement du doigt le problème de sa vie. Comment apprendre à Marvin qui a toujours vécu ainsi avec sa logique bien à lui, de suivre la logique de l’humanité ? Certes il était seul dans ses pensées, mais il ne voyait pas pourquoi les autres n’avaient pas à changé quand lui, si. Depuis toujours, ses manières étaient différentes, et il ne comptait pas changer ça. Enfin, il aimerait les lisser pour que sa mère puisse partir « en paix ». Il n’aimait pas l’idée de sa mort, il en revenait toujours en notant mentalement toutes les choses qu’il serait prêt à offrir pour une année de plus avec sa mère. Le délai était en train de lentement s’écouler. Il savait avoir eu de la chance. On lui avait dit qu’il perdrait sa mère et lui avait donné plus d’une année de vie pour lui dire adieu. Mais ça n’en restait pas moins une chose dont il n’arrivait pas à se faire. Comment aurait réagit une personne normal face à cette situation ? Il ne le sait pas. Il l’ignore et ne préfère pas le savoir, devinant par expérience que la réaction se retrouverait juger et hors de personnage pour lui-même.

- C’est exactement le sentiment que j’ai. Les probabilités et les pourcentages prouvent qu’il peut arriver un million de choses. Que cela soit de l’ordre du prévisible, une personne qui fume ou à déjà vécu un traumatisme crânien, ou de l’imprévisible, une voiture ou même un caillou sanguin qui remonte au cerveau. Toutes ses choses peuvent arriver.

Et il le savait pour lire le journal et se tenir au courant. Certes, cela n’arrivait pas tous les jours, et encore moins à tout le monde… mais il arrivait que les gens meurent. Il avait entendu parler de ce gamin qui était tombé dans le coma pendant deux ans après être tombé d’une falaise. Il était en voiture alcoolisé, les pourcentages de risques étaient plus grands pour une collision mortelle qu’un accident d’escalade et pourtant. De plus, il souhaitait « déjà » qu’elle survive, il ne voit pas ce qu’il pourrait souhaiter de plus à la personne. En tout cas, de son point de vue… même s’il ne souhait pas plus une bonne survie qu’une bonne journée alors la discussion avait été légèrement dévié de son principe de base. Il écoute la question sur sa vie… et il fronce les sourcils.

- J’aime ma vie, était la première réponse à ses questions avant qu’il ne l’écoute. Je sais déjà tout ça.

Ce n’était pas un commentaire méchant, juste un fait. Il savait une grande partie de ce qu’elle avait dit… parce qu’elle l’avait dit à sa mère, et que sa mère lui avait dit… et que Marvin retenait tout ce qu’on lui disait, même quand l’intérêt était ridicule. Il ne la singea pas, tout de suite, pour lui faire parler plus d’elle. Il écouta plutôt la question suivante. Et il ne comprit pas. Il fronça les sourcils.

- Pourquoi est-ce que je ne me sentirais pas libre de tout dire ? s’étonna-t-il avant d’essayer de trouver une réponse adéquate. Il préféra oublier la suite et rester sur le « parle-moi de toi », qui était tout aussi flou que le reste.

Il allait pour lui répéter les mêmes informations, sauf qu’il n’aimait pas se répéter. Il savait aussi que les gens n’étaient pas aussi bêtes que ce qu’il semble. Ainsi, Marvin chercha quelque chose à dire qui serait « libre » de dire sur lui. Heureusement, Stella et James étaient les deux à pouvoir lui faire parler de lui, et il suffisait de faire une analyse des erreurs faites pendant les discussions avec eux pour trouver une idée.

- J’aime les chiens. Je m’occupe de leur éducation au refuge de Tree Hills. Tu aimes les chiens ?

Voilà, si la jeune femme ne voulait pas parler d’Histoire, elle pouvait parler de canidés. C’était un sujet qu’il savait gérer et qui pouvait avoir un échange d’information. C’était un effort qu’il faisait, puisque c’était la première vraie question sur elle qu’il posait… même s’il parle de chien, lui, dans son esprit. Il faisait comme il peut.

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Giulia essaie de comprendre la logique du jeune homme, mais ce n'est pas toujours facile. Ce dernier ne semble toutefois pas lui en tenir rigueur. Cela, fait-il partie des raisons pour lesquelles sa mère tente de s'immiscer dans sa vie amoureuse ? Une question que la jeune femme ne posera pas à voix haute. Comment va-t-il faire face à la mort de sa mère ? Probablement, le jeune homme ne le sait-il pas lui-même. « Tout comme un homme peut tomber dans les escaliers et mourir. D'un point de vue rationnel, cette probabilité est aussi grande que tout ce que tu viens d'évoquer. » Ce n'est pas un sujet auquel la blonde s'attendait ce soir. Mieux, la jeune femme ne s'attendait pas du tout à une discussion. En fait, la blonde pensait qu'ils allaient manger ensemble et repartir chacun de leur côté.
 
Il est toujours important d'aimer sa vie, même si d'autres peuvent ne pas comprendre votre mode de vie. Peut-être que la blonde aurait dû poser sa question différemment. Mais la jeune femme décide de laisser tomber ce sujet. « Je sais par expérience qu'il y a beaucoup de gens qui n'aiment pas parler d'eux-mêmes ou qui ne se sentent pas libres de raconter certaines choses. » Pendant un moment, Giulia se demande comment elle pourrait mieux expliquer ce qu'elle vient de dire. « Par exemple, je connais quelqu'un qui n'est pas prêt à parler de sa couleur préférée de peur qu'on l'analyse. Une couleur peut dire beaucoup de choses sur une personne. » La blonde n'est pas sûre que ces mots devaient vraiment être prononcés à haute voix.
 
Les chiens, c'est un sujet dont on peut peut-être parler un peu plus longtemps. Même si la jeune femme n'en a pas, elle les aime beaucoup. Bien sûr, elle aimerait en avoir un, mais il y a des jours où elle doit trop travailler et où elle ne pourrait pas sortir avec l'animal. L'Italienne ne pourrait jamais garder un animal enfermé trop longtemps. Depuis son plus jeune âge, on lui a toujours dit qu'elle devait traiter un animal aussi bien qu'un être humain. « Moi aussi, j'aime les chiens. » À ces mots, un sourire se dessine sur ses lèvres. « C'est certainement un travail intéressant de s'occuper de leur éducation. Que dois-tu faire exactement ? » Il leur apprend certainement des choses utiles comme, assis, au pied, etc. Mais on peut comparer son travail avec les chiens à celui qu'elle fait. On doit apprendre quelque chose à quelqu'un, même si ses élèves sont des chiens et non des êtres humains. « Possèdes-tu un chien ? Si oui, quelle race ? » Giulia n'est pas une professionnelle de la connaissance des différentes races de chiens, mais elle en connaît tout de même quelques-unes. « Les chiens sont plus fidèles que les humains, m'a-t-on souvent dit, es-tu du même avis ? » En disant cela, elle lui lance un regard interrogateur.

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Marvin + Giulia

Cela fut une première fois

Marvin réfléchit aux sujets, sur sa vie, qui mériterait de ne pas être abordé. S’il ne répondait pas aux questions, ce n’était une raison de liberté mais d’envie. Parfois, on lui demande comment il avait fait pour être un enfant dans une université. Il ne répondait pas. Ce n’était pas qu’il y voyait de la honte, mais ça n’avait aucun rapport avec l’Histoire. Cependant, comme la jeune femme le souligne malgré elle, il y avait des choses qu’il ne dit pas. Parce qu’on ne voulait pas qu’on puisse le juger ? Possiblement. Il n’aimerait pas devoir expliquer qu’il fait des crises d’angoisse au milieu de la société. D’expliquer qu’il les regarde de haut parce que s’il devait se mettre à leur niveau, le monde l’oppresse et l’inquiète. Une fois au-dessus du lot, il se sentait plus à l’aise pour respirer.

- D’accord, répondit-il.

Mais il ne dit pas qu’il trouvait son amie stupide. Une couleur favorite n’avait rien à voir avec la personne psychique. Cela pouvait être un tout. Un rien et un tout. Parfois, on aimait une couleur pour un souvenir, qui était propre à la personne, parfois pour sa palette de nuance, comme le bleu, parfois pour ce qu’elle renvoie. La couleur n’était pas une manière de comprendre quelqu’un. Pas pour Marvin qui pensait le symbolique des choses stupides. Si on aimait une fleur en particulier, ça ne voulait rien dire. Pas plus que le chiffre porte-bonheur. Marvin ne comprenait d’ailleurs pas ce principe de « porte-bonheur », que cela soit en objet ou en pensée. Il n’y a rien qui portait bonheur. Chaque chose venait pour une raison, hasard dans la cadre du loto, ou parce qu’on avait mis en place un plan. La chance n’existait pas. Il réfléchit à comment expliquer son travail avec les chiens, mais il choisit les mots avec soin.

- Je les promène, et avec des récompenses et des friandises je leur apprends à être attentifs aux ordres. Je leur apprends à ne pas tirer sur la laisse, à revenir à un rappel, à ne pas sauter sur les autres animaux. Pour un chien de chasse, je lui apprends à ne pas courser les lapins et autres animaux sans un appel.

On ne pouvait pas éduquer un chien de chasse à ne plus chasser. On pouvait juste lui apprendre à bien chasser. Un chien de chasse aura toujours le désir de chasser les poules, même si on lui apprit l’inverse. Alors lui apprendre à chasser convenablement, selon les ordres donnés, permettait à l’animal de ne pas attaquer les poules sans l’ordre explicite de son propriétaire.

- Je ne possède pas de chiens. Je pourrais certes le mettre dans ma vie facilement mais je sais que je ne serais m’arrêter si j’en possède un. Il m’en faudra plus.

Il ne pourrait pas choisir. Marvin pourrait très bien avoir un chien qu’il amène au travail avec lui, qui le suit dans ses courses à pieds le matin, qui soit parfaitement éduqué pour aboyer contre les personnes qui viendrait parler à son propriétaire… mais ça ne serait pas possible. Là, on lui demandait de prendre un chien, il savait qu’il hésiterait avec tous les chiens du chenil… même les petits. Parce qu’il aimait les chiens de toutes les tailles. Il serait plus à l’aise avec un grand pour la course à pied, mais il aimait aussi les caniches. Donc, non. Surtout pas. S’il devait en avoir un, il en aurait dix. Il serait de ceux qui ensuite font des vidéos sur internet pour montrer sa meute.

- Les chiens sont bien meilleurs que les humains, affirma-t-il sans adage. Je n’ai jamais été déçu d’un chien. Quand les chiens ont des comportements dangereux ou mauvais, cela peut être une question d’éducation irrattrapable, de mauvais traitement ou d’un problème interne à leur race. Mais ce n’est pas eux qui ont choisi. Naturellement, les chiens étaient des animaux sauvages que nous avons transformés. Le fait qu’ils ont décidés de nous aimer malgré nos incompétences restera un mystère.

Les études sur la raison de la domestication des canidés sont encore obscures. Il y avait tout et son contraire. La plupart s’accorde à dire que c’était au départ une cohabitation entre les hommes et les animaux. Ils laissaient des déchets et les animaux n’avaient plus à chasser. Pour Marvin, les loups avaient donnés leur amitié aux humains, et ensuite l’humanité avait fait n’importe quoi. Inventant des animaux par croissement pour leur petit plaisir. Il adorait les chiens, mais pour lui les autres inventées par l’homme, ne devrait pas exister. Le berger allemand est une race qui n’a pas été beaucoup modifié mais l’une des premières. Et ils ont ensuite remarqué avoir provoqués l’arrière train qui s’affaisse avec l’âge. Ils n’étaient pourtant pas âgés, mais leur bassin s’affaisse leur donnant des douleurs. Ils sont souvent « réformés » de l’armé par exemple à cause de ça…Le pire restant les bulldogs. Ils ont tous les problèmes de santé possible à cause de leur « invention ». Des soucis osseux à cause de leurs articulations trapues qui partent sur les côtes et des cages thoraciques qui sont trop serrés, musculaires car ils sont quasi bodybuildé dans des petits corps. Pulmonaires et gastriques car les organes sont trop serrés. Respiratoires, c’est le pire, à cause de leur nez et trachée serré et qui leur crée des difficultés. Acheté un bulldog pur race, c’est vouloir faire souffrir un animal pour le plaisir, et ça donnait des envies de meurtre à Marvin. Et on ne lui enlèvera pas cette idée de la tête. Quelqu’un qui prend un animal comme ça, en sachant la souffrance que ça lui causera, ça ne méritait pas de lui parler. Ils ne mériteraient même pas d’avoir un chien. Les élevages étaient possibles, pour les races saines. Le fait que le bulldog soit toujours autorisés le dépasse et l’attriste pour ses animaux qui n’ont pas demandé à être des poules pondeuses et naître avec tant de douleur que la mort est la délivrance pour la plupart des chiens. Et ça l’énerve en plus.

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