15 minutes. C’est le temps total voir même quelque peu allongé qu’il me faut pour seulement changer les 4 putains de pneus d’une voiture quand cette dernière n’est pas en train de m’emmerder. Ou parce que je ne suis pas concentré, c’est probable également. Sauf qu’un fantôme de mon passé est apparu, non que j’ai entendu, et je ne m’appelle pas Jeanne d’Arc à m’inventer une vie à la con qui risque de me foutre dans un asile pour le restant de mes jours. Dans ma situation, ce sera certainement la prison mais bon. Un des anciens membres du gang a trouvé la ville où je me trouve, un de ceux qui ont également décroché, comme moi. Mais ce n’est pas parce qu’il est hors du réseau qu’il a stoppé toutes les merdes qu’on était capable de faire, d’où ma putain de mauvaise humeur, d’où mon incapacité à me concentrer, d’où ma difficulté à rester moi-même sans avoir envie de craquer pour me trouver une bonne dose de cocaïne et me laisser enveloppé par ses effets. Si ce gars à retrouvé mon boulot, d’autres le feront. S’il tente de venir, je ne sais pas si je vais tenir. Je suis seul, maintenant. Seul face à des démons qui me consument depuis des années à présent. Violet les avait entendus, compris et joliment contourné pour que je me concentre sur elle, notre vie, notre nid. Mais à force de tenir une barque, seul, à flot pendant toute une année, les désastres finissent toujours par revenir. Je finis donc par lutter, seul, sans en parler à quelqu’un d’autre car Violet était ma réponse à tout. Avant. La tentation de retrouver la poudre mélange dans un cocktail explosif avec de l’alcool me manque cruellement. Plus dur chaque jour, plus compliqué de tenir tête, plus simple de succomber. En relève des nuits blanches et des journées pénibles, autant physiquement que mentalement. Mais plutôt crever que de retourner dans le passé.

Ma main tremble encore. De l’énervement, de l’agacement, de la colère, de la rage et, pour finir, une tristesse sans fin qui se déverse en moi alors que le visage de ma copine défunte flotte derrière mes paupières. 24h que je n’ai pas réussi à dormir, 24h que j’enchaine les merdes en continu et 24h où je n’arrête pas de me répéter que le chef ferait mieux de me virer sur le champ plutôt que de garder un incapable. Ma main tremble encore. L’envie de consommer, la lutte infernale qui se déroule dans ma tête et les démons qui surgissent encore autour de moi. De rage, mon poing vient se fracasser contre le pneu que je tente, sans vraiment réussir, à retirer. Me fracassant les phalanges dans un grand cri de rage, la douleur sourde qui se diffuse le long de mes doigts et de mon bras me force à me concentrer sur autre chose. « Putain de merde ! » Je hurle encore, me pensant seul dans le garage ce soir, travailler reste la solution la moins merdique pour ne pas craquer. Je balance la clé que j’avais dans la main, cette dernière résonnant avec grand bruit à l’intérieur du bâtiment tandis que je continue de jurer. La douleur résonne encore, plus forte lorsque je tente de déplier mon index à fond, est-ce qu’un putain de pneu est capable de me casser un doigt ?! J’espère pas. Mais rien que pour être certain … mon poing s’abat une nouvelle fois, mais contre le mur qui n’a rien demander non plus. « PUTAIN ! » Je hurle encore en me tenant la main, cette fois en sang, contre mon t-shirt. Au moins le fait d’avoir mal tient à l’écart d’autres pensées plus sombres. Plus personnes ne me donne envie de rester ici et, bien que la vie tenait tant à cœur ma Violet, je ne tiens plus à rester ici non plus. C’est grave de désobéir à un mort ?

« T’es vraiment trop con mon vieux … » Je marmonne à moi-même en prenant la direction des bureaux, toutes les lumières y étant allumées. Bizarre, je pensais avoir tout verrouillé avant de retourner au garage. C’est là que la silhouette de Mavie se dessine, la tête hors du bureau, écoutant silencieusement la colère sourde dont je faisais preuve un instant plus tôt. Je ne dis rien, je passe devant elle, les traits de mon visage et ce qu’elle a entendu doit certainement suffire pour lui faire comprendre que je ne suis pas d’humeur. Malheureusement, cette fille reste ce qu’elle est … Une pile électrique qui cherche à comprendre. Je me dirige dans notre coin cuisine, ouvrant le robinet pour laisser couler l’eau froide sur ma main endolorie. Je lève les yeux au ciel en entendant les pas de notre petite mécano secrétaire me rejoindre. « T’as rien vu et rien n’entendu. » Je lâche froidement sans me retourner, continuant de laisser l’eau faire écouler le sang sur ma main et engourdir la douleur qui y pulse.

@Maverick Henderson  

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La paperasse... Si Maverick avait obtenu une place de mécano au sein du garage, qui pourtant l’avait vu grandir, il n’en restait pas moins qu’à son retour en ville, elle n’avait obtenu qu’une place de secrétaire au sein de l’établissement. Et si depuis un moment maintenant, elle avait atteint le graal en pouvant à nouveau plonger ses mains dans les entrailles d’une voiture, le deal était qu’elle continuait de gérer la paperasse du garage. Chose qu’elle était justement en train de faire ce soir, prolongeant ses heures de travail pour venir à bout de ce tri de factures payées ou impayées. D’un côté, les papiers à ranger et de l’autre, les clients qu’il faudra relancer. Heureusement, il n’y en a que très peu, mais avec le retard accumulé, il était plus que temps que Mavie se penche sur tout cela. Perdue dans ses pensées et surtout dans la lecture de sa paperasse, la jeune femme sursauta lorsqu’un bruit de fracas lui parvint de l’atelier. Elle était persuadée d’être seule au garage à cette heure et pour la peine, si elle pouvait avoir un côté rentre-dedans et quelque peu grande gueule, l’idée que quelqu’un se soit introduit dans le bâtiment et qu’elle puisse se retrouver face à face avec un quelconque voleur ne la rassurait pas vraiment. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’il convenait de faire, mais toutes idées d’assommer qui que ce soit avec le pied-de-biche qui traînait devant le bureau fut rapidement balayée de l’esprit de la brune lorsque la douce et mélodieuse voix de Jace raisonna dans toute la bâtisse. Les jurons étaient monnaie courante et sans grande surprise, cela rassura la mécanicienne qui avait la casquette de comptable pour la soirée. Elle s’apprêtait d’ailleurs à se remettre au travail sans demander son reste lorsque de nouveaux éclats de voix raisonnèrent. Ne pouvant taire sa curiosité plus longtemps, Mavie abandonna ce qu’elle était en train de faire pour prendre la direction du garage. Cela dit, elle se stoppa rapidement en voyant le frisé arriver tout en bougonnant. Il ne dit rien en passant devant elle, mais elle ne put que remarquer la main ensanglantée qu’il tenait contre lui. Retourner dans son bureau comme si de rien était et reprendre le cours de sa soirée le plus simplement du monde semblait être la solution la plus sage étant donné l’allure peu avenante du mécanicien qui venait de passer devant elle sans lui adresser le moindre regard. Oui, dans ces cas-là, faire comme si de rien n’était était la solution adéquate, cependant, Mavie étant ce qu’elle était, elle en avait décidé autrement et ses pas emboîtèrent rapidement ceux qui jeune homme.

C’est une fois arrivés dans le coin cuisine que la voix de Jace s’éleva à nouveau. Il était au niveau de l’évier, faisant couler de l’eau sur sa main endolorie. De son côté, la brune était restée à distance, croisant les bras à hauteur de poitrine pour observer son collègue. Un léger rire échappa à la belle suite à sa remarquer. « Je suis certaine que même à l’autre bout de la ville, on t’a entendu... Et heureusement que je t’ai entendu d’ailleurs, parce qu’en plus de la main, t’aurais pu finir avec un coup de pied-de-biche à l’arrière de la tête aussi. » Référence à ce qu’elle s’était apprêtée à faire lorsqu’elle avait entendu du bruit dans l’atelier. Jace n’y comprendrait certainement rien, mais cela avait-il seulement la moindre importance ? Peut-être... au pire, il lui demanderait des explications. Pour l’heure, elle s’approcha un peu plus de lui pour évaluer l’ampleur des dégâts sur cette main qu’elle avait vu ensanglantée. Il ne s’était pas loupé, l’eau qui coulait dans l’évier ne semblait pas vouloir se dépeindre de la couleur rouge. « Quant à ce que je vois... J’ai surtout l’impression que tu t’es officiellement trouvé une bonne excuse pour pouvoir être moins bon que moi. » Un sourire moqueur sur les lèvres, Mavie préférait jouer la provocation que de réellement creuser pour le moment. Elle avait assez d’expérience avec Jace pour savoir qu’il était inutile pour le moment de chercher à en savoir plus concernant les raisons de cette blessure. Parce que même s’ils aimaient se chamailler concernant les compétences de l’un et de l’autre, la jeune femme savait pertinemment que si son collègue s’était blessé, ce n’était clairement pas faute d’incompétences. « Par contre, je ne suis pas certaine qu’un peu d’eau froide puisse réellement t’aider, vu l’allure de ta main. » Malgré le sang, l’eau avait un peu nettoyer la main du jeune homme, laissant apparaître de belles égratignures, mais surtout un doigt ayant doublé de volume et dont la couleur n’avait rien de naturelle. « Tu veux que je t’emmène aux urgences ? » Oh, elle se doutait bien de la réponse qui allait arriver, mais elle ne risquait pas d’en démordre non plus ; il fallait que Jace voit quelqu’un de compétent pour lui soigner la main.

Les bras croisés sur la poitrine, silencieuse en me regardant passé ma main blessée sous l’eau, son regard pèse sur mes épaules tandis que je m’efforce de la tenir à distance, de l’ignorée avant de la garder hors de portée de mes sentiments à coups d’injures et attaques verbales bien placées. Mais, malgré la froideur que je mets dans la voix, cela ne dissuade pas Mavie. Non, évidemment ! Qu’est-ce qui l’effraie, finalement ? Elle se confronte à deux mécanos stupides à longueurs de temps et un apprenti qui marche dans nos pas. On est tous assez con, assez machos, assez débiles que pour emmerder cette fille à longueur de journée mais, envers et contre tout, elle ne se tait jamais. J’ai fini par comprendre que les silences n’étaient jamais bons chez elle. Et je préfère attaquer le premier, avant qu’elle ne se mêle de trop près de tout ce que je fais. Mais elle continue de me dévisager, me parlant d’un pied de biche que j’aurais pu attraper derrière la tête… Quoi ? Je la fixe, silencieux, sans comprendre où elle veut en venir, mais ce n’est rien, j’ai fini par avoir l’habitude. La main encore sous l’eau, laissant la brûlure du froid faire son action avant de l’envelopper dans une serviette et mettre la main sur une compresse pour m’en couvrir, mais le sang coule encore, m’agaçant encore davantage. « T’essaies de faire quoi là au juste ? Me parler et essayer de détourner mon attention pour me tirer les vers du nez ? » Je ne réponds pas à ses provocations, quoi qu’elle aimerait, j’en suis certain. La couleur de l’eau revenant à la naturelle, je pu enfin l’enrouler dans une serviette trouvée non loin, la pressant contre les blessures qui s’y trouvent, m’arrachant une grimace sous les picotements qu’elle déclenche en entrant en contact avec ma peau.
La brune se rapproche alors, inspectant l’état de mes doigts et en voyant trop à mon goût, je ne peux m’empêcher de répliquer à sa suite : « Ton nez à un angle bizarre, je n’ai pas envie pour autant de t’emmener voir un chirurgien, je me contente d’observer ton affreux reflet tous les jours de chaque semaine. » M’ouais. Je suis un con. Je m’en rends compte au moment même où les mots quittent ma bouche, mais qu’est-ce que ça change ? Rien. Je bosse avec elle, nous n’avons pas de comptes à nous rendre. J’observe ma main à mon tour. Elle a sûrement raison, je devrais aller à l’hosto. Mais si j’y avais été pour toutes mes blessures, je n’en serais jamais ressorti. « Ce n’est rien, suffit de le remettre dans le bon angle et le coincé avec une attelle. Il est sûrement cassé. » Je lui mentionne tout de même, pour tenter de l’apaiser, qu’elle ne s’inquiète pas pour moi, qu’elle ne creuse pas. Un doigt cassé, ça arrive … Surtout quand l’objet qu’on frappe est un mur ou un arbre, généralement l’objet le plus solide gagne. Stupide ? Ouais. Car, pour le moment, le mur mène de 2 à 0. C’est fou ce qu’il est coriace.

« Tu m’emmènes nulle part ce soir, Mavie. Va plutôt fouiller dans le placard de Mason, histoire de choper sa bouteille de vodka. C’est un bon médoc. » Et surtout un bon anti douleur. Je pratique l’auto médication. Les hôpitaux, depuis le décès de Violet, ils vont tous se faire voir. Je n’y mettrais plus jamais un pied. Je m’assois sur une chaise non loin, pressant un peu ma main. « Qu’est-ce que tu fais ici si tard ? Et me retourne pas la question, j’ai pas envie d’en parler. » J’ajoute directement, connaissant suffisamment la brune pour savoir qu’elle va automatiquement me rétorquer la même chose et que je n’ai pas envie de parler de ma situation. Peut-être que parler d’elle, de trucs débiles aussi, me permettra de me changer les idées et faire passer mon humeur de chien. En tout cas, c’est mieux que de la tenir écarté en restant froid comme la glace, ça va la forcer à creuser plus et, à nouveau, je n’en dirais pas plus. Moins elle peut en savoir sur moi et mieux ça ira pour tout le monde.  

@MAVERICK HENDERSON

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Lorsque Maverick avait vu son collègue passer devant le bureau dans lequel elle se trouvait, elle n’avait pu s’empêcher de le suivre. Elle l’avait entendu hurler dans le garage et même s’ils ne se connaissaient pas plus que ça finalement, elle savait pertinemment que chercher à creuser pour savoir ce qu’il se passait ne servait à rien. Elle imaginait bien que si Jace était encore au garage à cette heure de la soirée, c’était surtout parce qu’il cherchait à s’occuper plus que parce qu’il avait un retard quelconque dans les clients dont il s’occupait. Tout comme elle imaginait que les injures qui étaient arrivées jusqu’à elle étaient probablement disproportionnées. Cela dit, le tout résultait à présent en une main ensanglantée dont elle n’avait pas encore vu grand-chose. Il la repousse avant même qu’elle n’ait pu dire grand-chose, alors elle réplique rapidement, optant pour l’humour plutôt que de mettre les deux pieds dans le plat. Lui tirer les vers du nez ? « Te parler, ouais, de toute évidence c’est ce que je fais... tu sais, faire la conversation, c’est un peu ce qu’on fait quand on côtoie certaines personnes au quotidien. On discute, on s’inquiète un peu de ce qu’il se passe... T’as pas envie de parler, tu parles pas, je vais pas te forcer, t’as qu’à me laisser parler toute seule... » Elle en avait assez l’habitude. Surtout face à Jace. Mavie pouvait se montrer bavarde, parfois même très bavarde, généralement si on ne l’entendait pas parler, il y avait de quoi se faire du souci pour elle. Mais face à Jace, le contraste était d’autant plus grand. Cela dit, elle ne cherchait pas spécialement à lui tirer les vers du nez, non. Avec la pratique, elle savait aujourd’hui que ça ne servait à rien, puis en toute franchise, ce qui avait amené le mécanicien à s’exploser la main lui importait peu. Non, ce qui lui importait, c’était l’état plutôt pitoyable de cette main qui ne risquait pas de s’arranger avec un peu d’eau froide. Elle exposa sa pensée et la réponse ne se fit pas attendre. « Eh mais je t’emmerde, Weris. Il est très bien mon nez et y a personne qui te force à mater à ce que je sache. » Non mais, et puis quoi encore ? Dans le fond, elle pratique le mécano depuis assez longtemps maintenant pour savoir que cette attaque est surtout un bon moyen de défense pour le jeune homme. Elle sait bien qu’il l’envoie chier juste pour avoir la paix, mais ça ne l’empêche pas de marcher à chaque fois, de réagir au quart de tour et surtout... cette technique d’auto-défense n’est que peu efficace sur la brune. Il doit s’en douter, le frisé, car il enchaîne rapidement en exposant le fait que son doigt devait simplement être cassé. « Ah bah oui, rien que ça. Inutile de s’inquiéter donc... Qu’un doigt cassé à remettre en place. » répéta-t-elle en haussant les épaules dans un geste désinvolte. « Va vraiment falloir m’expliquer pourquoi se prendre la tête à perdre de longues années de sa vie à faire médecine alors qu’un simple mécanicien peut le faire comme ça, pouf, les doigts dans le nez. » Enfin les doigts dans le nez, avec l’un d’entre eux cassé, ça devait quand même être moins facile.

La jeune femme proposa quand même à son collègue de l’emmener aux urgences et une fois encore, la réponse ne se fit pas attendre. Levant les yeux au ciel, elle s’exécuta malgré tout, partant à la recherche de cette bouteille de vodka. Elle n’avait pas encore dit son dernier mot, mais elle pressentait qu’il était inutile de forcer les choses pour le moment. Et puis qui sait, avec un peu d’alcool dans le sang, Jace se montrerait plus docile lorsqu’elle lui proposerait à nouveau de l’emmener à l’hôpital. La précieuse trouvée, Mavie revint vers le coin cuisine, attrapa deux verres dans un placard puis s’installa aux côtés du frisé qui reprit immédiatement la parole en lui demandant ce qu’elle faisait là à cette heure. « Et qu’est-ce qui te fait croire que j’ai envie d’en parler ? » répondit-elle à son tour du tac au tac, arquant un sourcil. Elle servit le fond des deux verres puis en tendit un au jeune homme avant de lever le sien comme pour trinquer pour finalement en boire une première gorgée. Elle grimaça légèrement à la brulure de l’alcool de long de sa gorge avant de reprendre. « J’avais espéré pouvoir filer rencard à un plan cul, mais t’as fait foirer tous mes plans. » Le ton plat, comme pour se donner autant de crédit que possible. Elle observait Jace, en attente de sa réaction, mais la brune ne tint pas le coup bien longtemps et laissa finalement un léger rire lui échapper. « Non, en vrai, j’avais juste une montagne de paperasse en retard et je préfère faire ça quand il fait calme dans le coin. » Tout de suite beaucoup moins fun, mais la réalité avait toujours tendance à être beaucoup moins fun. « Bon et sinon, c’est quelle voiture qui t’a mis dans cet état ? » demanda-t-elle tout en désignant la main du mécano d’un signe de tête. « A moins que ça non plus, t’aies pas envie d’en parler ? » Cette conversation risquait de vite tourner en rond si tel était le cas et elle imaginait parfaitement que ça ne déplairait pas au jeune homme, mais elle ne s’était pas encore défait de l’idée de l’emmener à l’hôpital pour qu’il se fasse soigner convenablement tôt ou tard.

L’humour est un très bon mécanisme de défense, dommage que je ne le possède pas, il m’aurait certainement beaucoup aidé dans certaines situations. Mavie, elle, le manie avec l’art de la perfection. C’est certainement grâce à ça que je ne l’envoie pas balader une nouvelle fois avec méchanceté. Mais, une nouvelle fois, elle reprend une conversation toute seule, tapant un joli monologue pour ne pas me laisser en placer une et arriver à me dérider. Je sais qu’elle ne va pas insister, qu’elle ne va pas chercher, elle va simplement attendre et voir si je suis capable de m’ouvrir ou non. En général, c’est non, mais elle ne s’en formalise pas beaucoup. Bien qu’elle en sache certainement plus que les autres sur moi, je n’aime pas en laissant voir de trop, de peur qu’elle s’effraie et me considère d’un nouvel œil. Tout comme ce soir, le but est de la préserver de ce que je suis capable de faire et de ce que je vivais avant d’arriver en ville, de celui que j’ai pu être. Mais je ne peux m’empêcher de la piquer, de lui envoyer des conneries au visage parce que je suis comme ça et que je fonctionne de cette manière. Et bien que je sois le pire des cons, Mavie contre rapidement verbalement. « Je l’ai en face des yeux tous les jours, tu pourrais faire un effort. » Mais je souris, parce que je sais que je vais peut-être un peu loin et que je n’ai pas envie qu’elle me déteste, du moins pas totalement, juste un peu, histoire de facilité l’idée de la garder loin de moi. « Il fera quoi de plus que de rouler mon doigt avec un autre dans un bandage et me mettre une saloperie d’attelle ? J’ai roulé assez de joints pour savoir comment faire un bête pansement. » Je réplique parce que je n’aime pas avoir tort. Contre toute attente, elle va prendre la bouteille d’alcool planquée plus loin et reviens vers moi, l’air de rien ma main me fait un mal de chien et j’aurai certainement besoin d’aller voir un médecin. Sauf que je n’en ai aucune envie. Et encore moins donner raison à Mavie.

Alors je change de discussion, détournant les regards de ma main et de mon doigt certainement bien cassé. Je prends le verre qu’elle me sert, prenant une première gorgée qui me laisse une trainée brûlante dans la bouche. Un œil sur la brune en face de moi, qui fait la même grimace au goût de la vodka. Je souris, reprenant le fil d’une conversation que je souhaite banale. Je stop mon geste en entendant sa réponse, le verre au bord des lèvres tandis que je la toise en l’imaginant en plein acte dans le bureau. Putain ! Je bois une gorgée, plus longue que la première, pour me faire passer les images que mon cerveau est en train de créer. « Putain Mavie ! » Je réplique quand elle me donne la véritable raison, trop tard, car mon imagination déborde, trop. « Tu ne peux pas me lâcher ça, comme ça ! » Je soupire en riant, cette fille est dingue. « Ne me dit pas que tu as déjà fait ça ? Donner rencard au garage ?! » Loin de moi de dire que c’est carrément pourri comme première idée de rencontre, mais le patron risque de ne pas apprécier ce genre d’évènements dans ses bureaux. « Pas une voiture. » Je réponds à sa question, une nouvelle gorgée de vodka trouvant son chemin entre mes lèvres. Mes mains ne tremblent pas, l’envie de reprendre une trainée de poudre blanche s’efface de plus en plus, laissant l’alcool emporter cette bataille. « Pas une voiture, un putain de pneu. » Elle va me le faire payer, je le sais, mais autant être honnête sur la situation pour qu’elle ne creuse pas davantage. Je reste un moment silencieux, fixant le sol comme s’il était devenu le truc le plus intéressant du monde. « Les gars m’ont trainé en boite l’autre jour. » J’entame sans savoir si je dois lui dire ou non. Tant pis. Trop tard. Elle en sait trop ou pas assez. « J’ai parlé avec une fille. C’était sympa. Puis j’ai pensé à Violet. » J’avoue, me ramenant à ma conversation avec Barbie, cette blonde d’Ellis qui était agaçante. Enfin, en partie seulement, pas complètement. Je porte encore le verre à mes lèvres, buvant le reste de son contenu, esquissant un geste vers la bouteille pleine pour me resservir, mais je m’arrête dans mon élan, ma main me faisant trop mal. Je soupire une nouvelle fois, Mavie sait que j’étais avec quelqu’un en arrivant en ville, que cette fille est morte et qu’elle était mon univers entier. C’est mieux de lui dire que cette fille me manque plutôt qu’avouer que suite à un contact avec une ancienne connaissance, j’ai envie de m’enfiler un paquet de coke entier. « Cette conversation n’a pas intérêt à sortir d’ici. » je l’avertis néanmoins, sinon les gars vont se foutre en tête de retrouver cette blonde qui a réussi à discuter avec moi plus de deux secondes.

@MAVERICK HENDERSON

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La soirée prenait un tournant auquel Maverick ne s’était clairement pas attendue. Non, clairement, quand la mécanicienne avait décidé de rester au bureau un peu plus tard, elle avait espéré faire rapidement ses papiers avant de rentrer tranquillement chez elle pour passer une soirée canapé digne de ce nom. Au lieu de ça, Jace avait semblé vouloir faire des heures supplémentaires aussi ce soir, mais de toute évidence, il n’avait pas spécialement la tête au travail et cela semblait se retourner contre lui, le rendant au passage d’excellente humeur. Ironie. « J’avoue, j’pourrai penser à mettre un masque quand je viens bosser pour t’éviter d’avoir à subir ça, mais ! Nan... va falloir que tu te coltines mon nez encore un p’tit temps. » Un large sourire, elle bat des cils même avant de finalement reporter son attention sur le doigt de son collègue. L’angle que celui-ci prenait ne laissait rien présager de bon et il était clair que l’intervention d’un médecin était plus que nécessaire, seulement Jace ne semblait pas du même avis, suggérant même de s’en charger lui-même. « Ah pardon l’roi du bédo, j’avais oublié. Du coup, pour les antidouleurs, pas besoin d’ordonnance non plus, j’imagine ? » Ça ne servait à rien de se battre de toute façon, ou en tout cas pour le moment. Jace ne semblait pas vouloir abdiquer, du moins pour le moment, alors elle allait le laisser tranquille avant de repasser à l’attaque.

Puis le mécano lui proposa d’aller récupérer la bouteille de vodka planquée par l’un de leur collègue. Définitivement, la soirée paperasse productive serait reportée. Elle n’était pas forcément une grande fan de vodka, Mavie, mais pour la peine, elle espérait que l’alcool apaiserait un peu le frisé et qu’il finirait par se laisser conduire aux urgences. Alors oui, elle ferait un effort concernant la boisson. Elle leur servit deux verres et prit une première gorgée du sien tandis que le jeune homme demandait ce qu’elle faisait encore là à cette heure. Elle ne put s’empêcher de vanner sur les raisons de sa présence tardive et comme elle l’avait espéré, Jace ne manqua pas de réagir, lui arrachant un éclat de rire. C’était facile, tellement qu’elle ne put s’empêcher d’en rajouter une couche lorsqu’il lui demanda si c’était déjà arrivé. « Ben quoi ? Comment tu crois que j’ai réussi à convaincre Greenshaw de bosser avec lui sur sa voiture ? » La brune tenta de garder au maximum son sérieux, arquant un sourcil avant de plonger dans son verre pour une nouvelle gorgée et éviter d’éclater de rire tout de suite. Après tout, c’était plutôt crédible. Tout le garage, tout le quartier même, était au courant que le pilote automobile était venu faire un tour au garage et que de cette visite en avait découlé un partenariat entre les deux compères sur la refonte d’une vieille Shelby Cobra. Elle n’avait pas pu s’empêcher de frimer, Mavie, même si ça paraissait probablement démesuré. Du coup, crédible, mais absolument pas le genre de la brune. « Je déconne ! Evidemment que j’ai jamais fait ça ! » conclut-elle, non sans pourvoir s’empêcher d’ajouter : « Tu m’vois vraiment comme ce genre de filles ? » Après tout, s’il fallait être totalement honnête, ils ne se connaissaient pas tant que ça tous les deux et pour la peine, c’était elle qui était partie sur cette voie pour chambrer son collègue.

Cela dit, préférant revenir sur un terrain plus neutre pour la suite de la conversation, Mavie s’enquit de savoir quelle voiture avait eu le culot de mettre son collègue dans cet état. Le mécanicien expliqua que ce n’était pas une voiture mais un pneu et la jeune femme dû se pincer les lèvres pour ne pas rire. Non, ç’aurait été déplacé et elle n’avait pas envie d’en rajouter une couche. Pas maintenant. Elle garderait l’info pour s’en resservir plus tard. Parce que dans l’immédiat, elle imaginait à peu près la scène et le fait que Jace avait dû se fracasser la main en frappant un pneu pour évacuer une quelconque frustration. Inutile de creuser pour en savoir plus, elle se le reprendrait en pleine figure s’il n’avait pas décidé d’en parler lui-même. Et comme de juste, il n’avait pas fallu bien longtemps au frisé pour briser le silence qui s’était installé. Une sortie en boîte avec les gars, une fille, Violet. Maverick laissa un léger soupir lui échapper puis afficha un sourire contrit. « Ok... » souffla-t-elle tout en se penchant sur la table pour venir en aide à Jace qui semblait peiner à se resservir un verre. « C’est la première fois ? » Maverick n’était pas au courant de toute l’histoire. Elle n’en savait certainement que l’essentiel. Jace avait perdu la femme dont il était éperdument amoureux. Il en parlait rarement, voire jamais et elle pouvait s’estimer chanceuse qu’il se dévoile un peu ce soir. Alors, elle ne savait pas grand-chose du rapport aux femmes qu’il pouvait avoir aujourd’hui. « Que tu as de l’intérêt pour une autre femme, je veux dire. » se sentit-elle obligée d’ajouter. Parce qu’au final, elle s’en fichait pas mal qu’il y ait pu y avoir quelque chose de physique avec cette fille, qu’il ait même pu enchaîner les nanas depuis la perte de Violet. Là n’était pas le nœud du problème selon la brune. Non, s’il en parlait, s’il l’avait en tête, là, tout de suite, c’était forcément qu’il y avait un intérêt sous-jacent. Le verre de Jace resservit, la jeune femme se contenta de boire une nouvelle gorgée du sien avant de lever la main droite, telle une scout promettant fidélité. « Promis ! Ca restera ici, avec mes parties de jambes en l’air au garage. » lança-t-elle dans un clin d’œil. Même si ces dernières étaient totalement imaginaires, elle avait surtout envie de détendre l’atmosphère et de mettre en confiance Jace. Elle n’avait de toute façon aucun intérêt à aller répéter quoi que ce soit de ce qui se dirait ce soir. « Par contre, faut que tu m’en dises un peu plus parce que là, clairement, j’ai pas assez d’infos sous la dent. »