Le journal, il devait le gérer comme une vraie entreprise, une entreprise qui voyait parfois des membres aller et venir, des journalistes qui obtenaient de nouvelles opportunités professionnelles, plus intéressantes que celles que proposait un petit journal de ville. Caden adorait son journal, il ne se voyait pas faire autre chose, et ce même s’il avait reçu des propositions vraiment alléchantes. Il avait souvent eu dans l’idée de quitter la ville, de toute façon son mariage battait de l’aile depuis bien longtemps, la procédure de divorce était lancée maintenant et s’il le souhaitait, il pouvait recommencer à zéro ailleurs. Mais le journal de Tree Hill, c’était son bébé et il n’imaginait pas pouvoir faire autre chose de sa vie. Alors il accueillait les changements avec une certaine dose de plaisir non dissimulé. Dernièrement, c’était la jeune réceptionniste du journal qui avait décidé de voguer vers d’autres opportunités. Et elle avait bien eu raison. Caden avait donc décidé de passer une annonce dans quelques endroits clés de la ville, et évidemment dans le journal. Il savait que c’était quelque chose qui était particulièrement lu, et surtout par les demandeurs d’emploi qui trouvaient dedans toutes les annonces postées par les employeurs potentiels.

Il n’avait fallu que quelques jours pour qu’il reçoive plusieurs appels, dont un qui avait attiré son attention. Il s’agissait d’un homme, la quarantaine bien faite. Il ne savait pas grand-chose de lui sinon que depuis quelques temps maintenant, il voguait d’offre d’emploi en offre d’emploi, il faisait des petits boulots sans grande importance et il cherchait quelque chose de plus stable. Caden avait décidé de le rencontrer pour faire plus ample connaissance et surtout, pour voir s’il avait ce qu’il fallait pour ce genre de boulot. Non seulement il fallait être avenant avec les gens, mais il devait également être capable de répondre au téléphone et prendre des messages, répondre à des courriers officiels et à des mails dans un délai plus que raisonnable, il fallait avoir le contact facile avec les journalistes et déjà faire un premier tri dans les histoires qu’il allait entendre à l’accueil. Il n’était pas rare que des personnes débarquent directement au journal avec des histoires abracadabrantes, et le réceptionniste devait être capable de déceler le potentiel d’une histoire. C’était ce que Caden attendait à ce poste, et il espérait que cette personne fasse le boulot.
Il était bientôt treize heures et c’était l’heure de son rendez-vous. Caden quitta son bureau pour rejoindre la réception, où il n’y avait encore personne. Mais quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrit et Caden reconnut, de la photo sur son cv, William.

Monsieur Standford, bonjour. Caden Rickards, ravi de vous rencontrer.

Caden préférait garder un ton très calme et professionnel dans un premier temps, il verrait s’il pouvait se détendre juste après.

@William Standford

De nos jours, il n'est malheureusement plus aussi facile de trouver un bon emploi stable. Ces derniers temps, le brun est passé d'un emploi à l'autre, ce qui ne lui a pas vraiment plu. Le jeune homme s'est vu refuser de nombreux emplois à cause de son passé. William s'est promis de ne pas faire de son ancienne dépendance à l'alcool un secret. Même si beaucoup lui ont dit qu'il valait mieux le dissimuler. Il y a quelques jours, le brun a vu une annonce intéressante. Il s'agissait d'un travail à la réception au sein d’une rédaction. Bien sûr, William savait que ses chances n'étaient pas très grandes, la plupart voulaient avoir des femmes à leur réception, ce qui est dommage. C'est pourquoi sa surprise a été d'autant plus grande lorsqu'il a été invité à un entretien d'embauche. Le jeune homme était surtout préoccupé de savoir s'il répondait aux exigences de la profession. Tout ce que le brun a lu dans l'annonce, ce sont des choses que William est capable de faire. Du moins, c'est ce que pense le brun.

Le rendez-vous était fixé pour une heure de l'après-midi à la rédaction. Le jeune homme devait y rencontrer un certain Monsieur Rickards. Le brun avait l'intention de se montrer sous son meilleur jour. Il voulait absolument obtenir ce travail. L'un de ses avantages était clairement le fait qu'il avait déjà de l'expérience avec les clients lorsqu'il gérait encore son bar. Bien sûr, il s'agissait d'un autre service à la clientèle, mais là, il avait appris à distinguer la vérité du mensonge. C'est quelque chose qui peut aussi être important pour lui à la réception d’une rédaction.

William était arrivé un peu en avance à son rendez-vous et avait donc encore un peu de temps pour faire le tour. La rédaction semblait intéressante, ce qui lui plaisait beaucoup. Peu avant l'heure du rendez-vous, le brun s'est rendu au bureau d'un certain Monsieur Rickards. Le jeune homme est un peu nerveux, car il ne sait pas vraiment à quoi s'attendre. « Bonjour. Vous devez être M. Rickards. » Un sourire légèrement soulagé apparaît sur les lèvres du jeune homme. « Je suis également ravi de faire votre connaissance et je vous remercie de m'avoir invité à cet entretien. » La gratitude est visible sur son visage.

@Caden Rickards

Caden s’était laissé dire que le fameux monsieur Standford cherchait un job depuis un petit moment, ou en tous cas quelque chose de fixe, c’est ce qu’il avait cru comprendre en tous cas. Il avait eu son curriculum vitae entre les mains, et il avait bien remarqué qu’il avait enchainé les petits boulots sans grande importance au cours des derniers mois. Caden avait toujours eu dans l’idée d’aider son prochain, c’était quelque chose qui comptait pour lui, et c’est sans doute pour ça qu’il l’avait rappelé pour lui proposer ce job. Oh, rien de bien excitant, mais c’était un job de réceptionniste, qui lui permettrait de voir du monde, de répondre à des courriers, des appels téléphoniques, de participer même à certaines réunions s’il le souhaitait et si Caden remarquait un travail correct de sa part.
Alors que Caden attendait patiemment à la réception du journal, la porte s’ouvrit sur William Standford, qui faisait son apparition pour son rendez-vous de treize heures. Il semblait un peu nerveux mais Caden tenta de le mettre tout de suite à l’aise. Ce n’était jamais facile dans ce genre de situation, il se rappelait de ses premiers entretiens pour des boulots dans des journaux locaux.

Mais c’est normal voyons. Venez, allons nous installer dans mon bureau, on sera plus à l’aise pour discuter.

Caden mena le chemin vers son bureau. Il ouvrit la porte pour révéler un modeste bureau, une pièce assez lumineuse avec un grand bureau sur lequel il passait des heures à travailler chaque jour. Des photos de famille recouvraient les meubles de la pièce, une photo de sa fille se tenait à côté de son ordinateur portable. Photo qu’il ne cessait jamais de regarder. Deux très grandes fenêtres faisaient entrer la lumière dans la pièce et un petit coin avec une machine à café et un frigo rempli de quelques boissons fraiches trônaient dans un coin de la pièce. Finalement, un petit fauteuil se trouvait près de la fenêtre, pour profiter de l’air frais quand il en avait besoin.

Installez-vous, je vous en prie. Est-ce que je peux vous servir quelque chose à boire ?

Caden lui indiqua la chaise sur laquelle il pouvait prendre place, avant de sortir son dossier contenant à peine son curriculum vitae, une lettre de motivation et quelques informations attrapées à la volée. On est journaliste ou on ne l’est pas. Il ajouta ensuite :

Je peux vous proposer thé, café et quelques boissons fraiches, de l’eau, limonade, Coca…

Caden tenait à sa ligne, il n’avait que peu de boissons sucrées et n’en buvait pas lui-même, mais il savait qu’il valait mieux en avoir pour les visiteurs.

@William Standford

William sait très bien que son curriculum vitae a un effet dissuasif sur de nombreux patrons, ce qui est probablement une des raisons pour lesquelles il est à la recherche depuis si longtemps. Mais le brun ne perd pas l'espoir que sa vie changera bientôt. Qui sait, peut-être même aujourd'hui. La première impression de William sur le jeune homme ? Il semble être quelqu'un de compétent et de sympathique. Jusqu'à présent, le brun a surtout eu affaire à des personnes de mauvaise humeur en ce qui concerne les entretiens d'embauche. Il est vrai qu'il s'agissait principalement d'entretiens d'embauche pour des emplois occasionnels. « Merci. » C'est la réponse brève mais chaleureuse de William avant qu'il ne suive Caden jusqu'à son bureau.

Arrivé au bureau, le brun ne peut s'empêcher de regarder autour de lui. Aurait-il un jour son propre bureau ? Le jeune homme en doute clairement, il a fait beaucoup trop de bêtises dans sa vie pour cela. Mais comment dit-on ? L'espoir meurt à la fin. La photo d'un enfant attire immédiatement l'attention de William. Mais il n'a pas l'intention de commencer la conversation en demandant s'il s'agit de son enfant. « Votre bureau est bien aménagé, et même les fenêtres sont parfaitement situées. » Sans l'avoir prévu, l'artisan en lui prononce ces mots à voix haute. Quand Caden lui demande de s'asseoir, William le fait. « Un verre d'eau serait le bienvenu. Merci. » Aurait-il dû refuser la boisson ? Mais la nervosité lui assèche la gorge.

Au moment où Caden sort son dossier, William devient encore plus nerveux. Il se demande certainement comment on peut passer du statut de patron de bar à celui de simple employé. L'explication était courte et simple, mais elle pourrait aussi lui coûter son emploi. Qui voudrait embaucher un ancien alcoolique qui a perdu son bar à cause de ses dettes et sa fiancée à cause de son agressivité ? Bien que William n'ait pas forcément besoin de révéler ce dernier point.



@Caden Rickards

Une fois arrivés dans le bureau de Caden, les deux jeunes hommes, d’un âge similaire, s’installèrent. Caden avait toujours été le genre d’homme et de patron à vouloir mettre ses salariés à l’aise. Le but n’était pas que tout le monde ait une boule dans le ventre, se sente mal et ait envie de s’enfuir à toute jambe. Non, le but c’était que William se sente bien et ait éventuellement envie de travailler au journal, ou en tous cas à la réception. Alors qu’il prenait place, il remarqua tout de suite l’agencement du bureau de Caden, l’emplacement de ses fenêtres. Typiquement le genre d’élément auquel le journaliste ne faisait pas du tout attention. Bien entendu, il était ravi de bénéficier de beaucoup de lumière une grande partie de la journée, mais il n’avait pas du tout le coup d’œil pour ce qui concernait la décoration intérieure et l’agencement des éléments. Il laissait ça à ses sœurs ou à un architecte, bien plus compétents que lui sur ce sujet.

Oh je vous remercie. J’avoue que je n’y suis strictement pour rien, la décoration intérieure dépasse de loin mes compétences.

Il sourit avant de lui demander ce qu’il souhaitait boire. Caden lui servit un verre d’eau et il se servit un café avant de rejoindre son bureau. Le café était frais du matin, la première chose qu’il faisait en arrivant au bureau, si personne n’y avait pensé avant lui. Le rédacteur en chef prit place dans son siège et demanda à William, en toute innocence :

Vous vous y connaissez, en décoration ou en bâtiment, ce genre de choses ?

Bon évidemment, il avait cru comprendre sur son curriculum vitae qu’il avait effectué de nombreux petits emplois, dont plusieurs dans l’univers du bâtiment, raison pour laquelle cette question l’intéressait beaucoup. Caden ne savait plus trop si cela avait été le but des études de William mais c’est aussi pour ça qu’ils étaient là aujourd’hui, pour discuter de tout cela. Il avait sorti le dossier contenant les documents envoyés par William et il commença avec une question assez traditionnelle dans ce type d’entretien.

Je me suis rendu compte en lisant votre cv que l’univers du journalisme n’avait rien à voir avec vos activités passées. Pourquoi vous intéressez-vous à un emploi de réceptionniste dans un journal ?

Caden attrapa sa tasse de café pour en boire une petite gorgée tout en écoutant la réponse de William. Son but n’était absolument pas de le piéger ou quoi que ce soit, il était réellement curieux d’en apprendre davantage sur lui.

@William Standford