Une rencontre pas si fortuite finalement.
L'utilisation d'une âme contre une autre peut entrainer la peur, la dépendance et la souffrance
Mai 2016 –
Il ouvre les yeux. Comme tous les jours depuis deux mois. Josh est parti. Il ne peut pas rester la nuit. C’est le matin. Une nouvelle journée. Il ne sent aucune douleur. La morphine a ce genre d’effet. Lui qui pensait que les films exagéré. Il tend son bras devant lui. Une succession de bandage le recouvre. Il sait que dessous, ce n’est pas beau à voir. C’est que chair brûlé et suant qui n’arrive pas à se soigner. Les médecins disent qu’ils ne comprennent pas pourquoi ça prends autant de temps, ne serais-ce que de montrer une amélioration. Rhyo pense que c’est parce que son énergie est utilisé ailleurs. Un corps ne peut pas se soigner convenablement s’il est occupé à rester en vie.
Il ferme les yeux. Il entend le cri de souffrance de sa mère. Il entend sa propre voix qui remonte le long de son corps comme la brûlure. Il sent le monde changer. L’odeur devient grillée. Le son devient grave. La vue devient trouble. Et le monde se change en souffrance qui ne s’arrête pas.
Il ouvre les yeux. Il est toujours là. Il est immobile dans cette chambre. Une jambe est, elle aussi, dans des bandages. Son dos aussi. Même si qu’une partie a été mangé par la vapeur d’eau. Il a été brulé à la vapeur d’eau. Même lui sait que c’est risible.
Il ferme les yeux. Il cherche au fond de lui la colère qui le pousser avant à se lever. Après la mort de Diamant, sa petite sœur, il n’était qu’une boule de colère toujours prête à frapper dans le visage de la première personne qui passait. Quand il a compris que cette colère, qu’il envoyait autant sur Josh que sur son oncle et sa tante, était dirigée en réalité vers sa mère, il a pris la décision de la confronter.
Il ouvre les yeux. Elle crie à nouveau. Au lieu de se battre avec son fils dans le deuil, elle a préféré mourir alors même qu’il allait peut-être, lui-même, mourir. Sa mère s’est tué dvant ses yeux alors même qu’il souffrait le martyre de son accident.
Il ferme les yeux. Alors quoi ? Il peut bien faire ce qu’il veut, ni sa mère, ni Diamant n’allaient revenir vers lui. Il le sait. Il en diablement conscience. On n’a pas eu besoin de lui dire que Diamant était parti, quand il a vu la lueur bleuté de ses yeux s’éteindre alors qu’elle lui souriait. Il n’a pas besoin qu’on lui dise que sa mère est morte par les flammes. Il a vue les deux. Il a vu la mort les prendre et les amener avec une rapidité dont il n’aurait pu se préparer. Il aurait tout donné pour faire vivre sa sœur, même à ses dépends. Et la colère d’avoir échoué se rajoute la colère de ne pas avoir pu dire à sa mère le fond de sa pensée.
Il ouvre les yeux. Il veut mourir. Il veut rejoindre sa sœur dans l’au-delà et lui dire qu’il l’aime. Il veut la rejoindre. Il veut mourir. Il tourne la tête. Il ne voit rien qui pourrait l’aider à se tuer. Il veut mourir. Il doit mourir. Pourquoi vivrait-il dans un monde où sa sœur ne respire plus ? Il veut se faire du mal. Il veut se punir. Il veut qu’elle revienne et qu’il parte dans ce monde qu’elle a choisi. Il la déteste. Il l’aime. Sa mère et sa sœur. Les deux. Elles sont mortes le 24 février, il n’aimera plus jamais ce jour et il attendrait donc un an pour mourir.
Il ferme les yeux. Il ne peut pas mourir. Il l’a vu au visage de sa tante quand elle est arrivée pour le prendre dans ses bras. Elle était en deuil de sa sœur et de sa nièce, et elle ne pensait qu’à la chance qu’elle avait de l’avoir encore, lui. Il ne pouvait pas mourir. Il lui devait à cette femme exceptionnelle qui l’avait élevé comme une mère. Sa propre mère n’était pas une éducatrice, elle était fun, marrante, et elle amenait des vacances surprenantes pour un enfant, mais elle n’était pas une mère. Sa tante oui. Il ne pouvait pas mourir.
Il ouvre les yeux, et cette fois si ses sourcils se froncent. S’il ne peut pas mourir, il allait devenir le fils parfait. Il allait devenir l’exemple même de l’enfant que l’on désire et qui rends jaloux les autres mères. Il allait faire en sorte que sa tante et son oncle soient parfaitement heureux. Et pour ça, il poussera du haut d’une falaise quiconque l’empêcherait. Il protègerait sa famille du désastre. Et cela, même s’il doit oublier qui il est au fond de lui pour ça.
Il a le temps pour mourir. Il y pense encore alors qu’il se relève de ce lit qui lui colle à la peau. Il a le temps pour trouver comment abandonner ce monde. Pour le moment, il va être un menteur et un manipulateur parfait pour pouvoir apaiser les craintes de sa tante. Mais pour ça, il faut qu’il s’entraine. On ne devient pas un connard manipulateur en une journée.
*
Il s’habitue. Autant des regards de pitié quand sa peau se trouve exposé à l’œil d’inconnu qu’au fait de devenir parfait. Josh l’a tout de suite compris. Et il l’a disputé. Il lui interdit de lui mentir, à lui. C’est une règle entre eux. Pas de mensonge. Il a accepté. Pour le reste ? Il s’en fou. Il s’est habitué aux regards de pitié, et arrive même à bien jouer avec les sentiments d’autrui pour avoir ce qu’il veut. Il s’en amuse même de la simplicité à écraser un cœur comme à le rendre heureux en utilisant la culpabilité et les faiblesses d’autrui.
Il l’a appris. Il aime ça. Il a le contrôle des personnes en face de lui, et la simplicité avec laquelle il arrive à avoir ce qu’il veut lui fait plaisir. Cela le rassure, même si lui ne dirait pas ça. Après tout, il n’a que 17 ans, il n’est pas encore assez mature pour voir la souffrance qu’il cause. Il n’a pas la conscience de tout, mais il en assez pour faire sa petite affaire de son côté.
Alors qu’il décide de marcher dans l’hôpital, il reste toujours alité car sa brûlure est très grave et qu’il a besoin de rééducation, une femme le percute. Il a pris ses béquilles et il marche avec mais s’arrête devant la jeune femme. Il l’observe… et il décide qu’elle semblait avoir besoin d’une amitié, d’une épaule sur laquelle pleurer. S’il arrive à la faire pleurer, alors il arrivera à prouver qu’il est parfaitement apte à manipuler les gens.
Fiona fut la première personne qu’il décida de manipuler avec tout l’art qu’il a appris en tâtonnant ses derniers mots. Mais ça, elle, elle ne peut pas le savoir. Il fit un visage triste avant de lui répondre.
- Ce n’est rien. Je vois que vous aussi vous avez des difficultés à rester sur vos deux jambes. Alcool ou fatigue ? Il fait celui qui essaie de faire des blagues pour détendre l’atmosphère bien qu’il module sa voix pour la rendre plus douce et triste qu’un véritable blagueur. Il sait qu’il peut y arriver. Il montrera au monde qu’il peut devenir l’être parfait.
(c) princessecapricieuse