You're my sister

Jules et Rhyolite

Est-ce que l'ADN fait la famille ou le coeur suffit ? Et si les deux étaient possibles ?

- Josh ! tonna un Rhyo au bord de l’explosion, pourrais-tu recommencer tout en respirant et articulant, s’il te plait ?
- Oui. Oui. Attends.

Rhyo, dans sa chambre, se tourna vers son meilleur ami. En sueur face à la course qu’il venait de faire, il reprenait son souffle difficilement derrière son masque à la lavande. Rhyo avait abandonné depuis le premier jour de dire à son ami de se calmer. Josh était impossible à tenir en place. Et ce n’était pas parce qu’il avait perdu du muscle que son ami était apte à s’arrêter… Bien au contraire. Il était le genre de personne à se dépenser encore plus quand il souffrait. Si on voulait l’avis honnête de Rhyo, il pense que c’est parce que son meilleur ami est un masochiste qui aimait se faire du mal. Mais personne ne lui demandait son avis. Josh finit par s’asseoir directement sur son lit et reprenant son souffle encore. Rhyo se penche pour attraper une bouteille qu’il gardait toujours à côté de lui et lui envoyait. Les réflexes amorphes de son ami ne lui permirent pas d’éviter la collision avec son nez. Tant pis. Josh se tient le nez, mais continua à vouloir parler alors que son souffle était saccadé. Rhyo se retourna sur son travail. Une minuscule sculpture, de la taille d’un ongle, qui représentait une souris au repos. Josh continua à mourir sur son lit pendant une longue minute qui permit à Rhyo de finir son œuvre.

- Bon. Tu m’écoutes ? finit par articuler Josh.
- Honnêtement
-?  Ecoute-moi, c’est important !
- Sinon tu ne serais pas ici.

Josh lui lança un regard noir de derrière ses cils. Rhyo hausse les épaules. Josh faisait parti des rares personnes à savoir la vérité qui tourne dans son esprit. Josh était le seul à savoir son désir ardent et pourtant maintenu de mettre fin à ses jours prochainement. Il ne savait toujours pas pourquoi il tenait encore à la vie. Parfois, il pensait que c’était à cause de Onyx, parfois à cause de cette inconnue sur son blog, parfois pour Josh…. Mais jamais pour lui. La nuit, quand le silence nocturne remplit sa chambre et lui renvoie les crépitements des étoiles, Rhyo espérait mourir. Il espérait que son cœur s’arrête et que le silence devient plus pesant encore. Il aime à y croire. Parfois, il arrête de respirer juste pour sentir ce moment de paix éternel. Mais son corps lui faisait toujours reprendre la goulée d’air qu’il faut. Comme s’il était puni pour ses fautes. Sa main gauche était brûlé et toujours marqué par le passé et Rhyo retournait toujours à ce moment. La mort de sa sœur, sa colère, puis l’accident et le suicide de sa mère. Il aurait du la suivre ce jour là. Maintenant, il se retrouvait à devoir mentir et survivre pour ne pas inquiéter sa tante sans savoir comment respirer.

- Tu ne m’as pas écouté ! s’outra Josh.
- Non.
- Ecoute-moi bordel de couilles à piles, sinon je jure d’aller rayer ta voiture.
- Celle que tu m’as volé ?
- Ta gueule.
- Ok.
- Mais écoutes !
- Je t’écoute, je bois tes mots, je vis pour tes mo…

Il se prit la bouteille d’eau dans la tête et lui lâcha à son tour un regard noir. Josh se leva, tituba un peu et s’approcha de lui pour lui tendre son téléphone sur un site internet.

- C’est un site pour faire ta généalogie. Tu envoies ton ADN et tu reçoit automatiquement la généalogie trouvé… ainsi que les personnes avec qui tu es relié par le sang ! Et regarde.

Sur l’application, il y avait le nom et le prénom d’une fille et un « demi-sœur » écrit à côté. Rhyo se demandait bien le crédit à apporter à ce genre de site… mais connaissant Josh, il avait trouvé le plus cher, ou le mieux noté, pour être sûr de ne pas se faire avoir. Dans son inconscience et son inconsistance, le brun avait un peu de jugeote.

- Tu as une demi-sœur ? Félicitation. J’espère que Jade le prends bien.
- Hein ? Quoi ? NON. C’est toi !
- De quoi tu parles ? reprit Rhyo en se tenant les tempes.
- C’est toi qui a une demi-sœur ! Avant de partir, même depuis bien bien longtemps avant, j’ai envoyé ton ADN. En 2018 ! Je t’ai inscrit. Je me suis dis que ça pourrait me permettre de trouver ton père ! J’avais oublié depuis le temps. Et là, y a une heure, environ, j’ai trouvé dans mes Spams un message disant qu’il y avait une correspondance.

Josh remit le téléphone devant son nez, si proche que Rhyo ne pouvait voir que trouble. Il lui poussa la main.

- Ok. J’ai une demi-sœur. Cool.

Il s’en tape, lui. Il avait déjà une sœur et elle était morte. Il ne voit pas pourquoi il devrait se prendre la tête avec une autre femme.

- L’application demande si tu acceptes d’être vue par les personnes avec le même ADN. J’ai dis oui, bien sûr, pour toi. Et quand il y a eu une nouvelle correspondance, ils ont demandé si je voulais mettre mis en contact !
- Josh…, essaya-t-il de l’arrêter mais il était bien trop tard.
- J’ai dis oui, tu imagines bien. Une grande sœur, c’est le pied. Je te jure. BON. Si tu prends Jade comme exemple… Bah si prends Jade pour exemple, c’est une bonne sœur, mais si tu oses lui répéter je jure que…
- Je sais, ma voiture, mais Josh…
- DONC, le coupa Josh, tu as rendez-vous dans trois jours, au Karen Café, pour prendre un petit repas avec ta sœur.
- Non.
- Si.
- Et je vais lui dire quoi ?
- Un truc comme « Salut, je suis ton frère », ça serait un bon début.
- Tu es taré.
- Et toi tu es un petit frère héhé.

*

Trois jours plus tard, Rhyo était là… debout devant la devanture du Karen Café… il se demande bien ce qu’il pourra dire à sa « sœur ». Josh avait précisé qu’il n’y avait pas besoin de dire « demi » parce que c’était triste, et qu’alors il devrait parler de Diamant que comme sa demi-sœur aussi. Rhyo n’avait pas voulu polémiquer sur la différence fondamentale entre les deux. L’un, il l’aime et l’a vu mourir. L’autre, il s’en tape copieux. Enfin… Le Josh dans sa tête s’en tape. Celui qu’il montre à la face du monde, celui qui est une bonne personne, stable et responsable, il ne doit pas s’en foutre. Il doit faire comme s’il était ravi de rencontré sa sœur et réussir à faire un lien avec elle. Il grimace à son reflet alors qu’une voiture klaxonne derrière lui. Il se tourne. Une femme venait de traverser n’importe comment avec sa poucette. Si seulement il pouvait se jeter sous une voiture pour mourir… mais à la place, il fit les pas qui restent et s’assoit là où Josh lui avait dit… Il s’assoit et il attends.

Une sœur.

Diamant aurait adoré ça. Sa sœur n’avait que dix ans quand elle est morte, mais elle avait toujours aimé le monde. Quand son frère n’avait qu’un meilleur ami, elle, elle se faisait amie avec les infirmières, les aides-soignantes, les autres patients et tout le monde. Pendant deux ans, elle était resté là dedans, dans un mouroir qui ne pouvait rien pour elle que de diminuer sa peine. Sa sœur adorée. Il gratta son cœur, là où un diamant avait été tatoué pour ne jamais oublié. Avait-il réellement envie de se faire d’autres marques d’une famille qui disparaîtra ? Pourquoi il était là ? Il se demanda encore alors qu’un message apparu sur son téléphone. Sur le fond d’écran, le visage souriant d’Onyx avec ses petites dents. Son cousin était un rayon de soleil… et s’il pouvait aimer plus qu’une personne ? Il ne le sait pas. Il soupira. Il aurait dû mourir ce jour là.

Pour la rencontre avec son ainée, il avait des difficultés à se dire cela, il avait mit un t-shirt à manche courte blanc et un jean. Ainsi, la femme pourrait voir tout de suite son bras gauche qui avait été brûlé de la main jusqu’à l’épaule… de ce qu’elle en verra en tout cas. Si elle pouvait avoir pitié de lui, peut-être pourrait-il l’utiliser pour continuer à garder son image ? Il pouvait utiliser sa « sœur » pour paraître encore plus normal, pour cacher son véritable lui au fond de son cœur, oui… il allait faire ça. Il chercha des yeux qui pourrait être sa sœur… il observa chaque nouvelle arrivante avec intérêt… aussi était-il venu en avance pour ça. D’un coup, la jeune femme dont il avait vue la photo apparu à l’entrée du café, il lui fit un signe de la main brulé, avant de changer et de le faire avec l’autre immaculé. Il se trouve gêné et observe la jeune femme en dansant d’un pied sur l’autre.

- Bonjour, vous êtes bien Jules ?

(c) princessecapricieuse

 @Jules Ridley

Rhyolite & Jules

you're my sister

Depuis le début de l’année, je m’étais inscrite sur un site qui reconstitue les arbres généalogiques après avoir effectué un test ADN plutôt poussé. Je l’avais fait scrupuleusement, dans l’espoir de pouvoir retrouver de la famille. Pas que j’en manquais, bien au contraire. J’avais une très grande famille déjà. J’avais été adoptée il y a vingt-trois ans par ma seconde famille d’accueil, quand j’étais âgée de quatorze ans. Dans cette famille, j’avais eu la chance d’avoir plein de frères et de sœurs, en plus de parents exceptionnels. Bien loin de ce qu’avait pu m’offrir ma défunte mère. Elle, n’avait pu m’apporter que déception. On aurait pu y croire, quand elle avait voulu récupérer ma garde après sa sortie de prison, ayant purgé sa peine et s’étant remis dans le droit chemin. Mais la vie est faite de choix, et ma mère n’avait pas pris le bon et cette redescente en prison pour avoir été prise la main dans le sac pour trafic de drogue en avait été la preuve. Elle décédera peu après ça en prison, poignardée par une rivale de la prison. De mauvais choix. La démarche que j’avais entreprise en était peut-être un, mauvais choix, possiblement. Sur qui je pouvais tomber, quelles informations je pourrais prendre connaissance ? C’était là, tout le mystère, mais un mystère attirant ma curiosité. Je n’avais aucune information sur mon père. Il devait être un gars de plus que ma mère avait dû se taper à la sortie d’un bar. Voire même pas attendre la sortie et le sauter dans les toilettes du bar en question. Elle était comme ça, ma mère. C’était le souvenir que j’en avais sur l’année que j’avais pu passer avec elle en-dehors de la prison. Je n’avais même pas de prénom à mettre sur la personne de mon père biologique. Je n’avais jamais cherché à le trouver, à la rencontrer. Et ce n’était absolument pas ce que je voulais non plus en avoir opté pour la solution du site internet qui trouve nos semblables, mais pour trouver possiblement des gens qui auraient le même père que moi, pourquoi pas. Lui, je ne voulais même pas le connaître.

Une correspondance. Il y avait une correspondance, m’informait le site internet alors que je regardais mes mails du jour. Un demi-frère. Je doutais désormais de la véracité du site, mais tenais toutefois fermement à y croire. Et au pire, si ce n’était pas le cas véritablement, je risquais quoi ? Je prendre contact avec un inconnu ? Quelle tragédie… Ni une, ni deux, j’envoyais un message à ladite personne qui était annoncé comme mon demi-frère. Nous avions échangé avec la personne à l’autre bout, qui n’était pas réellement mon demi-frère. L’inconnu s’était présenté comme le meilleur ami de mon demi-frère. Semblerait que le demi-frère en question n’avait pas souhaité retrouver ses semblables pour que ce soit son meilleur ami qui prenne les rennes. Mais qu’importe. Nous nous étions motivés tous les deux à organiser une rencontre. Dans trois jours, au Karen’s café.

Trois jours plus tard, la boule au ventre en attendant sur ma chaise au Karen’s café. Ma fille était d’un calme étonnant dans sa poussette à côté de moi, alors que nous manquions de nous faire écraser par un chauffard dix minutes avant, en allant dans le café. Je touillais avec bien trop de vigueur mon café au lait, trépignant d’impatience de voir arriver mon rendez-vous du jour. Un demi-frère, qui aurait cru… Je n’avais pas attendu qu’il arrive pour commander, car comme c’était son meilleur ami qui avait organisé cette rencontre avec moi, je doutais de le voir arriver. Après tout, il n’avait pas cherché de lui mettre à connaître ma présence et tout ce qui pouvait découler de tout ça. Et alors que j’observais tout autour de moi si l’homme de la photo était présent, celui-ci me fit signe. J’eu un bond au cœur. Il était là. Je me trouvais maintenant honteuse de ne pas l’avoir attendu pour commander. Super, quelle première image allait-il avoir de moi… Je me levais de ma chaise, lui souriant. « Oui, c’est bien moi. Tu es Rhyolite, j’en conclus. Echantée. » Bravo Captain Obvious. « Je suis désolée, j’ai déjà commandé. Je doutais que tu viennes aujourd’hui. » J’espérais qu’il comprenne au moins ça, comme ce n’était pas lui le créateur de cette rencontre. J’étais toute chamboulée. Je passais ma main dans mes cheveux, nerveuse. « Eh bien, hm… Installons-nous. Tu veux commander peut-être ? » lui demandais-je en levant la main afin que la serveuse se dirige vers nous pour prendre sa commande. « Prends ce que tu veux, j’offre. » C’était ça, une grande sœur, non ? Et puis, c’était particulièrement moi qui avais souhaité cette rencontre, alors je trouvais ça naturel.

© Ludi.

@rhyolite burrowes

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Jules et Rhyolite

Est-ce que l'ADN fait la famille ou le coeur suffit ? Et si les deux étaient possibles ?

Rhyolite jugea un instant la jeune femme devant lui. Intrigué de savoir à quoi elle pourrait ressembler. Il devait avouer qu’il ne trouva aucun air de famille en elle. Elle n’avait pas le sourire de Diamant, ni ses jolies fossettes. Les boucles blondes de Diamant manquaient aussi sur un visage de porcelaine… mais c’était normal… L’inconnue devant lui n’avait aucun lien de sang avec Diamant. Il ne trouva pas plus de ressemblance avec lui. Il faudrait pousser le vice jusqu’à prendre une photo et essayer de modifier leur genre, voir ce que cela peut donner. Mais ça ne donnerait peut-être rien.

- Je suis Rhyolite, répéta-t-il.

Il ne savait pas réellement comment répondre autrement. Ouais. C’était lui. Il était le demi-frère venu de nulle part. Il était comme E.T. et tout de suite, il aimerait bien retourné chez lui pour pouvoir s’enfermer dans sa morosité. Cela était mieux que devoir sourire. Quand il remarque, alors, la poussette et l’enfant, il se surprit. Il sursauta même un peu avant de poser les yeux sur l’enfant. Il était faible face aux enfants. Il le sait. Il leur donnerait toute son âme. Il donnerait son âme à Onyx comme il l’aurait donné à Diamant. Et il n’avait eu l’occasion de le faire ni à l’un, ni à l’autre. Diamant était morte. Onyx était trop petit. Et le petit bout dans la poussette ? Il était faible avec les enfants, il le répète. Il ne peut pas mentir aux enfants.

- Je doutais de venir aussi, avoua-t-il sans le prendre mal pour autant. Et j’accepte la proposition. Je vais prendre un café noir.

Ses yeux se posèrent à nouveau sur la petite avant de se reporter sur sa fille. C’était gênant. Il aurait du demander à Josh comment on faisait pour faire la discussion avec une femme qui était, peut-être, sa sœur. Le site était sérieux, Josh l’avait prouvé et Rhyo avait vérifié… mais bon, c’était un peu compliqué à accepter. Il observe à nouveau la jeune femme et cherche un point commun sur leur visage. Elle avait les yeux marron. Il avait les yeux bleus. Il avait des cheveux d’une couleur particulière, pendant qu’elle avait les cheveux bruns. Leurs sourires n’étaient pas pareils. Il ne voit rien du tout et ça le met mal à l’aise plus que ce qu’il ne pouvait l’admettre. Il pensait pouvoir ne rien ressentir et l’utiliser sans honte, mais l’idée qu’elle soit sœur, lié à lui, ça le dérange. Il a l’impression que son mensonge grouille sous sa peau comme des millions d’insectes. Il a l’impression qu’une chaleur dangereuse remonte le long de ses veines. La famille était dangereuse. Il savait ce qu’il allait se passer. Il en avait peur. Il mit son poing devant le visage avant de tousser.

- Alors… hum…, j’imagine que dans ce cas, il faut se présenter. Donc. Tu connais déjà mon prénom, ça vient d’une pierre volcanique. Je fais des études dans la géologie. Je travaille dans un garage avec mon oncle, comme apprenti et je fais des courses automobiles avec lui.

Voilà. Les sculptures de pierre étaient un secret et Diamant aussi. Il n’avait pas envie de partager ça, avec quiconque mais…

- Je vis chez ma tante, la sœur de ma mère, et mon oncle. Ils ont un petit garçon de deux ans, Onyx. Et tu as déjà rencontré mon meilleur ami, qui est plus proche d’être un frère… ou d’une épine dans le pied, ça dépends des moments, marmonna-t-il.

(c) princessecapricieuse

Rhyolite & Jules

you're my sister

Le grand jour était arrivé. La rencontre avec un homme qui semblait être mon demi-frère. Il faut dire que mon père, inconnu au bataillon, avait dû avoir plus d’une aventure comme celle avec ma défunte mère. Et lui, celui qui se présentait comme Rhyolite, en était sa progéniture. Je devais avouer être assez nerveuse à l’idée de cette rencontre. Tout premièrement parce que c’est une rencontre faite via un site internet et qu’on pouvait trouver des personnes loufoques via internet. Secondement, parce que ce n’était même pas lui qui avait cherché à trouver ses semblables car c’était avec son meilleur ami que j’avais conversé et qui l’avait inscrit sur ce site. Et dernièrement, parce que je ne savais pas si cette rencontre mènerait à une belle histoire. Après tout, on pouvait se questionner sur la suite des événements. Peut-être qu’on partagerait un moment dans ce café et qu’on ne se reverrait plus jamais après, auquel cas ça ne changerait pas grand-chose à nos vies actuelles à part de connaître l’existence de l’autre. Sinon, peut-être qu’on deviendrait une famille tous les deux, s’invitant mutuellement aux repas de Noël, offrant une relation unique pour tous les deux et préparant de divins instants à venir, comme de vrais frères et sœurs. Ou bien, cette rencontre sera un véritable échec, marquant nos différences dans nos vies et attirant jalousie pour x raison, et nous faisant penser qu’on vivait mieux sans savoir qu’un enfant de notre père commun rodait en ville. Perplexité, mêlée à de l’euphorie d’en savoir plus sur lui. Car oui, moi, je l’avais cherché.

Honteuse de ne pas l’avoir attendu pour commander, j’insistais pour lui offrir ce qu’il voulait boire. Faut dire que j’avais douté sur sa venue, pensant que son meilleur ami avec qui j’avais conversé n’aurait pas réussi à le convaincre de venir à ce rendez-vous. Fort heureusement, il acceptait ma proposition en indiquant immédiatement ce qu’il souhaitait boire. J’interceptais la serveuse après qu’elle ait fini de servir la table voisine. « On prendra également un café noir, s’il vous plait. » Elle acquiesçait en souriant, s’empressant de préparer les commandes. Je retournais mon regard vers Rhyolite, remarquant qu’il regardait ma fille dans sa poussette. Peut-être avais-je fait une erreur en apportant April ? J’aurais pu tomber sur un détraqué qui aurait voulu voler mon bébé ou qui vouait un culte abominable aux enfants. En observant plus intensément, son regard me retranscrivait tout autre chose. « Elle, c’est April. Ma fille. » la présentais-je alors à mon jeune frère. « Elle est née en octobre dernier. Et là, elle fait sa meilleure sieste, semblerait. » indiquais-je alors en souriant grandement. Je voyais ensuite qu’il m’observait de manière très intense. Je devais avouer que je tentais d’être à l’aise, ou du moins de le faire percevoir, mais je ne l’étais pas vraiment. Mon sentiment inconfortable fut vite estompé par sa présentation de lui-même. Je l’écoutais attentivement, avec la ferme volonté d’en apprendre plus sur lui. Tout ce qu’il m’indiquait me ravissait. J’aimais beaucoup ce qu’il dégageait à ce moment-là. Ça se voyait, il n’était pas à l’aise – moi non plus d’ailleurs – mais il essayait. Peut-être s’était-il dit que pourquoi pas, après tout ? « La géologie, ça a l’air très intéressant ! Ça consiste en quoi réellement ? » demandais-je alors, tout en sirotant mon capuccino, m’intéressant réellement à son domaine d’expertise. Puis il continuait, m’expliquant son cocon familial, et l’étendant sur son cercle d’amis proches. « Oh, il est vrai que ton ami à l’air d’être un sacré phénomène ! Dans le bon sens du terme, bien entendu. Il m’a l’air de t’aimer beaucoup. Mais je te rassure, il n’a rien dit de compromettant sur toi, haha. » J’osais plaisanter, je ne savais pas comment ça serait pris en face en revanche.

J’en concluais que c’était à mon tour de me présenter. « Eh bien, moi je suis agent immobilier. J’ai créé ma propre agence sur Tree Hill en 2012. Avant j’étais sur New York, où je suis née d’ailleurs. » Devais-je lui dire où j’étais née exactement et dans quel contexte ? Je me demandais, mais n’était-ce pas le but de cette rencontre, de tout se dire pour mieux se connaître ? « Je suis née en prison, ma mère étant incarcérée. Je te passe les détails, mais j’ai fait deux familles d’accueil. la deuxième m’ayant officiellement adoptée après la mort de ma mère biologique. » Contexte familial : check. « J’ai fait des études de commerce où j’ai rencontré mon mari, qui m’a donné cette formidable fille que je t’ai déjà présentée. » Je pensais avoir fait le tour, du moins, pour résumé le plus important.

© Ludi.

@rhyolite burrowes

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Jules et Rhyolite

Est-ce que l'ADN fait la famille ou le coeur suffit ? Et si les deux étaient possibles ?

Rhyolite ne peut pas s’en empêcher. Si les adultes l’indiffèrent, ou sont utilisés pour parfaire son image de perfection… les enfants ont le don de lui faire fondre le cœur. Peut-être parce qu’il voit en tous les joues potelés de sa sœur ? Ou son sourire édenté ? Sa manière de tenir le regard des choses sans pouvoir définir ce qu’il regarde ? Un enfant aura toujours sa préférence. La question « si tu as un bébé Hitler devant toi, est-ce que tu le tues ? » Rhyolite ne ment pas en disant non. Au-delà d’être incapable de tuer, un enfant n’a que peu de raison de devenir un monstre. Il ne connait pas trop les raisons à la violence et à la vilénie, mais il se prend comme exemple. Sa tante l’a très bien élevé. Pourtant, il sait manquer de cœur. Il sait pouvoir trahir, utiliser, mentir, omettre pour son propre bien. Et il s’en fiche. Puisque son bien est lié à celui de sa tante et son oncle. Il est égoïste et s’en fou. Mais les enfants ? Il est incapable de faire passer sa vie avant un enfant. D’ailleurs, il continue de vivre en pensant à Onyx, qu’il veut aider. Rhyolite est le genre de personne qui pousse les obstacles pour celui qu’il aime. Il sourit à l’enfant, osant un regard à sa sœur.

- Elle est belle, chuchote-t-il pour ne pas troubler l’enfant avant de se reprendre en rougissant un peu.

Ce n’est pas parce qu’elle a amené un bébé pour attendrir son attention qu’il doit se laisser faire. Il reste qu’il doit encore définir de l’utilité d’une sœur dans sa vie… Il n’en a même pas encore parlé à son oncle et sa tante… mais il a laissé Josh avec Onyx donc certainement que l’enfant sait déjà tout, et que Josh n’hésitera pas à en parler à tout le monde.

- C’est l’étude des minéraux et des sols. L’étude des volcans, des montagnes, des grottes de cristal, entre autre. Ce n’est pas lié à la météorologie, même si j’ai pas mal de connaissance à ce niveau là. Tu vois les gamins qui ramassent des pierres à chaque sortie pour les mettre dans des petits pots ? C’est moi.

Sauf que ces pierres, il les taille, avec un laser, avec un couteau, ça dépends. Cela reste son secret, mais il n’arrive plus à se souvenir de la première fois qu’il a fait une sculpture ainsi. C’est une pierre en forme de cœur qu’il a taillé contre un trottoir en attendant sa mère qui avait un rendez-vous. Il la tellement bien taillé que la forme donnait un cœur plus nette encore. Et quand sa mère l’avait remercié pour lui avoir donné son cœur, Rhyo, quatre ans, avait compris qu’il aimait tailler les pierres. Depuis, ce souvenir a été mangé par l’amertume qu’il ressent à chaque fois que l’image de sa mère s’impose dans son esprit. Moins il pense à elle, moins il sent la colère… et moins il sent le désespoir de ne plus être en colère. Il nie tout en bloc pour ne penser qu’à son mensonge qu’il entretient comme sa seule raison de vivre.

- Phénomène, c’est le mot. Cet idiot de la lune ne s’arrête jamais. Et je ne sais même pas pourquoi on est amis. Je dirais l’habitude. Il avait… quatre ans, je crois, quand il est arrivé ici. Et il s’est attaché à moi comme une moule à son rocher.

Il secoue la tête, faussement désabusé par cette idée. Mais ce n’était pas loin de la vérité… En réalité, Rhyo avait été le genre d’enfants qui ne savaient pas trop se faire d’amis, à l’origine, avant de devenir un menteur qui s’adapte pour se faire des amitiés totalement fausses de son côté. Il avait été le genre à rester dans un coin… jusqu’à ce qu’un Josh lui lance un ballon dans la tête. Puis un autre. Puis un tous les jours, jusqu’à ce que Rhyo lui balance à nouveau son ballon. « Coool, je pensais que tu étais mort comme mon poisson rouge, blob. Je suis content de voir que tu as des réactions ! Tu viens jouer avec moi ? ». Rhyo avait tellement été choqué qu’il avait accepté. Et à la fin de la journée, Josh le présentait à qui voulait l’entendre (et même ceux qui ne voulaient pas d’ailleurs) qu’il avait un meilleur ami. Et Rhyo ? Il n’a jamais contredit Josh, jusqu’à ce que même lui utilise ce statut pour Josh. La première fois qu’il avait présenté Josh en tant que « meilleur ami », le brun avait sauté sur place en lui disant de répéter parce qu’il voulait l’enregistrer… le con. Un sourire simple incurve ses lèvres à ses pensées nostalgiques.

-New York ? s’étonne-t-il. Cela fait la deuxième fois que quelqu’un me dit être venu à Tree Hill alors qu’il vivait ailleurs. Pourquoi Tree Hill ?

C’est vraiment curieux… lui… Il ne pense pas qu’il aurait choisi cette ville. Rien que pour le peu d’intérêt que possède le sol. Certes l’université est pas mal… mais pour une vie étudiante, pas pour y vivre jusqu’à la fin de sa vie… Il écoute le reste et penche la tête doucement et refit un sourire à l’enfant endormit quand elle revient dans la discussion.

- Au moins, ça réponds à une question… Notre père n’a pas choisi le haut du panier pour faire prospérer sa descendance… Sans offense. Ma mère n’a pas été un modèle maternelle comme semble être la tienne. Mais désolé pour ta perte.

Heureusement, ils ne sont pas leurs parents. Cependant, de ce qu’il peut en lire, en sous texte, cette femme aimait sa mère. Ce qui n’est plus le cas de Rhyo qui doit feindre de l’attachement à sa génitrice qu’il ne ressent plus. Il se demande même, maintenant, si les innombrables moments ensembles pour chasser les tempêtes n’ont pas été qu’une obligation pour elle. Rien qu’un moyen de prouver à sa sœur qu’elle restait la mère de Rhyo et Diamant, sans donner l’occasion à sa sœur d’être mère en échange.

- Il en pense quoi ton mari de l’existence d’un frère ?

(c) princessecapricieuse

Rhyolite & Jules

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Les paroles de Rhyolite à propos d’April me firent sourire en retour. Il avait donc une faille, ce gros dur. « N’est-ce pas, oui ! » Des paroles d’une maman fière, comme je l’avais conçue toute seule. Mais bon, le père m’avait quand même pas mal aidé à ce niveau-là. Il était drôle de se dire qu’il y a quelques mois, j’étais encore en pleine dépression post-partum. Mais désormais, tout ça était quasiment derrière. Presque, on tenait le bon bout du moins. Mais ce n’était pas un sujet que j’aborderais avec lui, d’autant plus lors de notre rencontre. Je préférais alors partir sur le sujet de ses études, ce qui était quand même vachement plus sympathique qu’une dépression. « Ça va si elles sont mises dans des pots. Quand j’étais petite, je les laissais dans mes poches de jean ou de blouson et ma mère m’enguirlandait à chaque fois qu’elle s’en apercevais, des cailloux plein la machine à laver. » me remémorer ce souvenir me faisait sourire. J’aurais pu en bousiller plus d’une machine avec tout ce que je rapportais de la cour de récréation. Ses souvenirs à lui, avec son meilleur ami Josh, étaient tout aussi drôle à écouter. Ils avaient l’air très proches, très complices, et c’était beau à entendre. Josh, via le site internet où on s’était parlé, m’avait l’air d’être une personne incroyable. Ça me réjouissait de savoir que Rhyolite était bien entouré.

Puis vint ma présentation. Je parlais de New York, mon travail d’agent immobilier, ma mère dans les grandes lignes, puis finissait par ma famille. Il était évident qu’avec tout cela, il pouvait avoir des interrogations. « On est venu ici avec mon mari parce que ses grands-parents y habitaient, il venait souvent à Tree Hill pour les vacances. Ça ne m’ennuyait pas de déménager pour ma part. C’est plus calme que New York, c’est peut-être plus convenable pour élever un enfant. » Il était vrai que la pression constante dans la grande ville de New York n’était pas le must pour élever un enfant. Ici, elle avait plus de nature dans laquelle elle pourra courir quand elle sera en mesure de le faire. Le cadre m’avait l’air parfait pour cela. « En effet. Ce n’est pas la mère que tout le monde aurait rêvé d’avoir, mais bon… c’était la mienne. » C’était, depuis qu’elle s’était éteinte il y a déjà bien des années. Elle aura réussi à me laisser tellement de traumatismes que je ne quitterais jamais. Ce n’était pas la mère idéale, loin de là. Elle était carrément nulle dans le domaine, et c’était à cause d’elle que je pensais être incapable de l’être également. « Ce n’est pas le meilleur point en commun qu’on doit avoir, mais au moins on se comprend. Notre père ne devait pas être le meilleur non plus si on en croit les multiples abandons qu’il a effectué tout au long de sa vie. » Je ne savais pas si je pouvais lui demander en quoi sa mère n’était également pas un modèle, pensant que c’était peut-être déplacé. Mais peut-être qu’un jour je saurais, afin de connaître son passé, son vécu. Puis Rhyo me demandait ce qu’en pensait mon mari, de tout ça, d’avoir un frère, de cette rencontre. Très honnêtement, je n’étais pas bien sûr qu’il ait compris quand je lui avais raconté tout ça. « Il était plutôt surpris et dubitatif au début. Mais il m’a dit que c’était génial et que ça pourrait être sympa pour moi de te rencontrer. C’est toujours bien de rencontrer de la famille, non ? » Dans la réalité, il était plus du genre à me laisser faire ce que je souhaitais désormais, sortant d’une longue période de trouble, il devait penser que ça me changerait les idées et que ça me ferait donc du bien au moral. « Mais toi… Comme ce n’est pas toi qui t’aies inscrit sur le site directement. Est-ce que tu avais vraiment envie de savoir que tu avais des frères et sœurs qui se baladaient dans la nature ? » Après tout, la question pouvait se poser. Ce n’était pas lui qui avait fait la démarche. Mais il était bel et bien présent à cette table, avec moi, alors j’osais imaginer qu’une petite pointe de curiosité le piquait. « Tu as d’autres frères et sœurs peut-être ? » Et si j’en avais d’autres autour de moi sans le savoir ? Moi qui pensais être fille unique, ce n’était peut-être pas le cas. Enfin, seulement du côté du père, bien entendu.

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Jules et Rhyolite

Est-ce que l'ADN fait la famille ou le coeur suffit ? Et si les deux étaient possibles ?

Il sourit doucement, ses lèvres se remontent sur ses joues, déplaçant des muscles qui rehaussent ses yeux. Il imagine bien les petits cailloux, comme un petit poucet, qui parsèment une maison. Il faisait toujours attention aux petites cailloux, mais il a bien du en oublier. Sauf que ce n’était pas sa mère qui les aurait vus, c’était sa tante. La seule mère qui compte à ses yeux. Quand sa mère était là, elle essayait toujours d’éclipser sa tante par le fun qu’elle amenait avec elle. Mais sa tante, même si elle le disputait, même si elle l’obligeait à se laver les dents… sa tante est la stabilité que sa mère n’a jamais pu lui donner. Il avait suivi sa mère dans toutes les recherches de catastrophes… mais il aurait suivi sa tante au bout du monde. Elle aurait pu déménager à Tambouctou.

- Je comprends mieux.

Suivre une personne que l’on aime dans un endroit qui compte… c’est logique. Mais suivre une personne que l’on aime, ça suffit parfois. Quand elle parle de « sa » mère, il fait presque une grimace. Sa mère n’était clairement pas une bonne mère… mais alors, quand il est question de dire « c’est la sienne »… Là, on repassera. Il n’avait aucune attache avec sa mère, qu’il croit. Il la déteste, qu’il croit. Il n’y a pas moyen qu’il défende sa génitrice un jour. Ce n’est pas le genre de la maison, et ça ne le sera jamais. Il rit.

- Nous ne sommes pas nos parents, fort heureusement. Enfin… Tu as raison. Tu penses que nous sommes plus que nous deux ?

Non… Parce qu’il n’est pas sur de survivre à ça… mais après tout, pourquoi pas ? Si leur père a pu procréer pour eux deux…. Qui dit qu’il n’y en a pas plus ? Il eut un frisson. Plein de gens gentils ou pas qui décident qu’il faut être une famille. Après ça, tout le monde sautera gaiement dans la prairie en jouant aux cerfs-volants ! Houpi ! Il rit à la réponse de la jeune femme sur la réaction de son mari. Il secoue la tête. Il a du mal à savoir comment réagir face à elle. Il doit encore moduler ses réactions pour être le parfait « nouveau frère ». Putain, rien que se faire à nouveau appeler Frère le dérange profondément. Il observe la jeune femme et papillonne des yeux à ses questions. Ah. Ouais.

- Envie ? Je ne peux pas trop le dire. Je dirais que le savoir est plus… adéquat. C’est mieux que de ne rien savoir…, il réfléchit un instant avant de choisir de lui avouer… il prend son téléphone et le sort. J’avais une sœur. Diamant. Je ne peux pas te dire si on avait le même père ou non.

Il lui tend la photo. Dessus, on pouvait voir une petite fille dans les bras de son frère. Les deux étaient en train de faire un cœur avec leur main ensemble. Elle avait un sourire radieux et un t-shirt à l’effigie de Rio, l’oiseau bleu… pendant qu’il avait un diamant sur son t-shirt noir.

- Sinon j’ai un meilleur ami ainsi qu’un neveu. Enfin… Un cousin. Mais je le considère comme mon neveu ou mon frère, ça dépends de mon humeur. Il s’appelle Onyx.

Il montre la photo du petit. Il est avec un petit de deux ans. Il est mignon et entrain de lui tirer les cheveux. Il adore cette photo. Il n’y a pas plus à dire. Alors il ne dit pas plus. Il ne peut pas parler plus de Diamant. Onyx et sa tante sont un meilleur sujet.

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Rhyolite & Jules

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Cette situation était aussi étrange qu’euphorisante. J’avais très peur de le rencontrer, mais j’étais également ravie de savoir que j’avais un demi-frère dans la même ville que moi. C’était finalement ça le plus incroyable, nous étions tout près tous les deux. Peut-être était-ce parce que notre père était du coin ? Ça, nous ne le saurons jamais. Ma mère, elle, était de New York et y avait vécu toute sa vie. Elle n’avait même jamais voyagé en-dehors de l’état. Je n’ai jamais posé de question sur mon père. Aucune. Les seules informations que j’avais eu sur lui, c’était ma mère qui en parlait librement, bien que trop vulgairement, alors que nous vivions ensemble à sa sortie de prison. Elle avait surtout balancé tout un tas d’insultes, s’excusant juste ensuite de souiller mes oreilles avec de telles paroles. Je savais donc que c’était un connard fini, un drogué sans foi ni lois, un manipulateur autant qu’arnaqueur et voleur. Le tableau qu’elle pouvait en dépeindre n’amenait pas à vouloir en savoir plus. Moi, je voulais juste retourner dans ma famille d’accueil à cette époque, cette famille qui m’avait sauvé en quelques sortes. Ma vraie famille, celle qui faisait attention à moi et me choyait comme je devais l’être. Une petite princesse, finalement. Et avec ma mère biologique, malgré qu’elle s’était retrouvé une condition à cette époque, me laissait vivre dans un dépotoir. Les cartons de pizzas s’empilaient sur la table basse, la poussière était devenue une habitante à part entière dans l’appartement mais ne payait pas pour autant sa part du loyer, et les voisins camés du matin au soir n’aidaient pas à me faire croire que ma vie était changée en mieux. Ce n’est pas parce que ma mère s’habillait dans un petit gilet à fleurs et qu’elle préparait une fournée de muffins une fois par mois qu’elle arriverait à me faire croire que j’avais la plus belle des vies à ses côtés. Certes, je remarquais qu’elle avait voulu se racheter, vivre mieux, et surtout avec moi. Mais à chaque fois que je regardais à travers la fenêtre, ça me donnait juste envie de fuir d’ici, de la quitter et d’aller vers de plus verts pâturages. Elle, je ne la connaissais que trop bien, contrairement à mon père. Enfin, si c’était bien cet homme-là, celui qu’elle m’avait tant décrit, mon père… Celui qui avait abandonné plusieurs fois.

« Je ne sais pas si on est plus que nous deux. Je disais ça comme ça… Je me dis qu’il ne doit pas être à un abandon de plus. Je ne connaissais pas ton existence il y a quelques mois, alors peut-être que c’est le cas pour d’autres, qui sait. » m’expliquais-je alors, pensant qu’il était possible que d’autres descendants de notre père se baladent dans la nature. Alors je lui demandais naturellement s’il avait des frères et sœurs, eux, connus. Peut-être qu’il n’était pas fils unique, ce qui agrandirait ma famille inconnue. Il parlait alors de deux personnes. Une sœur, Diamant. Et un cousin qu’il considérait comme son frère, Onyx. Je devais avouer que Diamant m’intriguait plus, normal, elle était sa sœur directe. « Diamant, était… ? » demandais-je en répétant ses termes, les sourcils marquant une inquiétude, ainsi qu’une tristesse en pensant comprendre ce qu’il entendait par était. « Je suis désolée, si tu ne veux pas en parler ce n’est pas grave. Si c’est trop douloureux, ou… » Je ne savais pas comment terminer cette phrase, ne voulant pas le brusquer à parler d’un tel sujet. Mais peut-être s’était-il juste disputer avec elle au point de ne plus la voir comme sa sœur, comme ça se passe dans certaines familles dysfonctionnelles. « En tout cas, les photos étaient très mignonnes. » ajoutais-je en sirotant mon café, préférant passer à un autre sujet et cesser la gêne qui avait pris possession de moi. Cependant, je tiquais sur un détail. Sur les photos, le bras de Rhyolite n’était pas comme aujourd’hui, il n’était pas entièrement brûlé. Et malgré le fait que je tentais de ne pas phaser dessus depuis le début de notre rendez-vous, je devais avouer que la curiosité m’obsédait. « Qu’est-ce qu’il t’aie arrivé au bras ? » lui demandais-je, voulant cesser mon obsession en sachant pourquoi il était dans un tel état, mais je me rendais compte que je dépassais peut-être encore une fois les bornes. « Je suis désolée pour toutes mes questions. J’avoue que je suis stressée. J’ai envie de te connaître, de savoir ton passé, tes relations, les obstacles que tu as eu dans la vie… Enfin, tout ce qui t’as construit et qui as fait ce que tu es aujourd’hui. Je suis curieuse de connaître le frère qui m’était jusqu’alors inconnu. Comme une grande sœur devrait te connaître. » Il est clair que je ne passais par quatre chemins, mais j’étais aussi stressée qu’euphorique aujourd’hui. J’étais surtout heureuse de le rencontrer, et cela passait par des envies de tout savoir sur lui.

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Jules et Rhyolite

Est-ce que l'ADN fait la famille ou le coeur suffit ? Et si les deux étaient possibles ?

Il faut bien qu’il essaie de la prendre comme une donnée. Rhyolite sait qu’il doit utiliser sa sœur pour approfondir son image et sa réputation. Il faut qu’il utilise toutes les personnes qu’il peut. C’est le but de sa vie. Il faut qu’il trouve un moyen de mettre cette situation particulièrement… déstabilisante de son côté. Il a besoin de faire quelque chose avec cette information. Il a une sœur. Enfin, il a une autre sœur qu’il ne connaissait pas du tout. Il a une autre branche dans cet arbre qu’il a toujours pensé être avec un tronc. Cela le perturbe vraiment même s’il ne le montre pas réellement. Il essaie d’ignorer les sentiments normaux qui devraient le toucher et le faire vibrer. Il repousse les émotions dites « banales » des gens pour garder en tête que les perceptions qui pourront lui être outil. C’est ainsi qu’il survit. Il ne peut pas en être autrement. Il secoue la tête. La possibilité d’avoir plusieurs frères ou sœurs perdus le dérange. Il n’aime pas ne pas pouvoir commander les choses et les évènements. Cela l’agace prodigieusement de ne pas pouvoir diriger les choses comme il en a envie.

- J’avoue que si je peux avoir qu’une nouvelle comme ça par décennie, ça arrangerait mon petit cœur, qu’il fend de se plaindre en posant une main sur son cœur. Blague à part, je me dis qu’il vaut toujours mieux savoir, même si l’ignorance est plus agréable.

L’ignorance, on peut se vautrer à l’intérieur et prendre du gras. On peut se morfondre et se cacher dans ses bras pour ne pas regarder les choses, ou les analyser, comme il faut. Quand on apprend quelque chose, quand la donnée se rajoute à nos savoirs, alors on est obligé de la prendre en compte. Il n’y a plus le choix. C’est ce qu’il doit faire maintenant avec Jules. Il sait qu’il a une sœur. Et il doit prendre cette connaissance en plus pour affiner ses réactions face au monde. Toute sa famille doit déjà le savoir avec Josh. Même si Josh sait garder des secrets, comme pour Diamant. Rhyo n’a pas envie d’utiliser la mort de sa sœur pour sa mission de mensonge. Il ne veut pas faire pitié à sa sœur en utilisant sa sœur. Diamant ne sera jamais un outil. Alors quand elle demande sans demander, il n’arrive pas à lui répondre. Il hoche la tête. Elle a comprit. Il n’a pas besoin de dire plus. Il ne dira pas plus. Il n’y arrive pas. Pas Diamant. Sur son cœur, un tatouage de diamant trône comme la preuve qu’il avait eu, jadis, un cœur. Et ce cœur est la seule chose qu’il n’utiliserait jamais.

- 2015

Et la seule chose qu’il arrive à dire. C’est l’année de la mort de Diamant. La seule chose qu’il peut dire, c’est ça. Et il détourne les yeux. Il ne le dit pas pour manipuler Jules, juste pour qu’elle sache que c’est éloigné… et pas quelque chose de nouveau, même s’il a du mal à en parler encore. C’est compliqué dans sa tête. Il ne sait pas si elle comprend. Il n’a pas envie de le savoir. Cependant, quand elle pose sa deuxième question, un sourire honnête s’étire sur son visage. Elle n’a pas la manipulation de son petit frère, mais il est sûr qu’elle remarque les petites choses comme lui… elle sait frapper dans les questions qui font mal. En gros, Rhyolite voit qu’elle serait une parfaite manipulatrice, si elle le désire un jour. Il tend sa main brûlée vers Jules pour qu’elle puisse la regarder à loisir. Il ne sait pourquoi.

- Tu peux poser des questions, on est là pour ça, et je n’arrive pas à en trouver pour le moment à ton égard, il ouvre les doigts dont les reliefs semblent faire des dessins sur ses doigts pour remonter le long de son bras, je me suis fais ça…

Il réfléchit à ce qu’il peut dire. Et il décide que la vérité pourrait lui être profitable. Mais pas toute la vérité, celle qu’il peut utiliser sans trop donner son cœur. C’est vraiment le plus important.

- En 2016. J’étais à côté du volcan Erta Ale, le volcan le plus actif d'Éthiopie. Il y a eu un accident. Je me suis trop approché d’une cheminée de vapeur qui a explosé sous mes pieds. La vapeur m’a atteint sur tout le côté gauche.

Il ne peut rien dire de plus malheureusement. Le côté gauche a été touché jusqu’à son dos et sa jambe. Tout le côté gauche sauf sa tête qui n’a rien eu par un hasard bien utile. Et ce jour-là, sa mère a mis fin à ses jours par culpabilité ? Il ne le saura jamais. Elle est morte en se tuant et la laisser avec des blessures qui ne partiront jamais. Mais ça, il le gardera pour plus tard. Parce qu’il y a trop de choses à dire et qu’il n’a pas encore choisi comment l’utiliser pour son image et sa réputation. Il doit encore réfléchir. Il est plus perturbé que ce qu’il aimerait l’avouer sur toute cette situation.

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Rhyolite & Jules

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Toutes ces années, j’avais vécu dans l’ignorence de cette famille biologique, et je m’en étais très bien portée. Alors pourquoi m’être inscrite sur ce site internet retrouvant nos semblables ? Peut-être un ennui profond général, une envie de renouveau dans ma vie, ou bien c’était simplement les hormones pendant la grossesse qui avaient agit pour moi, me faisant faire n’importe quoi. Je me visualisais mon arbre généalogique en caressant mon ventre rond il y a de ça quelques mois, m’empiffrant un paquet entier de chips trempées dans du jus de cornichon et une larme me venait. Je me disais que je ne connaissais pas réellement mes racines. Seule ma mère biologique m’était connue. Sinon ma famille, aussi adorable soit-elle, n’était qu’adoptive. Si j’avais vécu paisiblement en ayant connaissance de cela, je me disais peut-être que ma fille serait frustrée de n’avoir que ses deux parents. Alors j’avais été poussée par moi-même à m’inscrire sur un tel site. Il avait finalement fallu attendre quasiment un an avant que quelqu’un me contacte. J’avais fini par oublier l’existence de ce site même, jusqu’à ce qu’un Rhyolite Burrowes m’écrive. Enfin, que son meilleur ami le fasse, sous son identité exactement. Et depuis, tout s’est accéléré. Jusqu’à ce qu’on en soit là, assis face à face, à se raconter nos vies.

J’avais tellement envie de tout savoir sur lui, que je m’aventurais à poser des questions que je devais peut-être garder pour moi. J’étais curieuse, mais on se rencontrait juste. Cependant, c’était le but de cette rencontre, d’en apprendre plus sur l’autre. Je ne savais pas si je devais me contenter que du classique, dans le style famille, amis, vie professionnelle… tout le toutim intéressant, mais des fois peu amusant. Peut-être était-ce bête de penser ainsi, car c’était possiblement trop tôt, mais je me disais qu’en faisant partie de la même famille ça permettait moins de contraintes à poser des questions touchy. L’emploi du mois était m’interrogeait bien trop. 2015 était la seule information que Rhyolite pu me répondre. 2015, probablement l’année du décès de sa sœur, j’imaginais. La douleur, la souffrance, la peine immense était encore là. Elle se ressentait, elle était palpable. Un regard tendre bien qu’emplit de tristesse allait à destination de mon petit frère. « Je suis désolée. » disais-je d’une voix basse, comme une présentation de condoléances, même si l’événement était passé de neuf années, c’était comme si c’était arrivé la veille. Et pour passer à autre chose, j’allais sur un sujet aussi touchy que le premier. J’y allais franco, prête à passer pour une curieuse sans barrières. A ma grande surprise, Rhyolite me tendait son bras. J’écoutais alors le récit qu’il me donnait, expliquant alors les brûlures sur ton son bras. « Oh bon sang. Ça a dû faire un mal de chien. » répondais-je avec surprise. « Ça t’a fait d’autres séquelles que celles visibles ? » Je ne parlais pas de séquelles psychologiques, mais bien physique mais internes. Je n’oserais pas demandé s’il avait un traumatisme derrière, sachant qu’il en avait toujours un pour Diamant vraisemblablement. « Tu as été en Ethiopie dans quel but ? Voyage loisir ? » m’intéressais-je, tentant de partir dans un sujet plus joyeux, ou même juste neutre. « Personnellement je n’ai jamais quitté les Etats-Unis. » Mes yeux s’échappèrent un instant, regardant dans le vide. Le monde me tendait les bras, mais je n’avais quitté le pays. Pourtant, je rêverais d’aller en France, à Paris, ville de l’amour. Peut-être un jour. « T’as voyagé dans d’autres pays ? » Que je puisse quitter les frontières américaines en l’écoutant.

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Jules et Rhyolite

Est-ce que l'ADN fait la famille ou le coeur suffit ? Et si les deux étaient possibles ?

Rhyolite préfère très clairement le second sujet au premier. Dans le cas du second, il a appris à l’utiliser, à l’expliquer, à le montrer, de telle manière que ça donne des sentiments divers, et positifs, aux gens. Personne ne pouvait penser « quel sale type » en écoutant son histoire. Le premier sujet, lui, met trop son cœur sur la table. Et il n’a aucune envie que la jeune femme découpe son organe tel un maître japonais des sushis pour finir en sashimi. Très peu pour lui. Il arrive à prévoir les réactions des gens, et quand il a raison, il y a un petit sourire, entre la joie et la compassion qui se dessine sur son visage. Joie d’avoir réussi à prédire les réactions. Compassion du fait que personne ne sait pourquoi il est réellement joyeux.

- En effet. Un mal de chien. C’était comme être aveuglé par la douleur. La vapeur d’eau chaude sont comme des flammes, sauf qu’aucune flamme ne brûle.

Tout le monde connaissait cette sensation, en réalité. Quand on se brule la langue alors que l’on boit un chocolat / un thé / un café qui est brulant. La sensation est une brûlure alors même que c’est un liquide qui vient d’être ingéré. La vapeur d’eau est la même chose. Et ce n’est pas un extincteur qui aurait pu l’éteindre. D’ailleurs, même l’eau n’aurait pu atténuer la douleur. Il a été brûlé, instantanément, à l’intérieur même de ses chaires.

- Il n’y a eu que des brûlures. Il a fallu que j’apprenne à réécrire avec ma main, et marcher avec ma jambe. Mais ce sont deux choses qui se sont fait avec des experts, donc je n’ai plus aucune douleur.

Pour le prouver, alors qu’il a toujours la main tendu vers elle, il ferme ses doigts contre sa paume et touche sa peau pour la taper doucement. Il ne sent plus de douleur depuis longtemps. Parfois, il se souvient de la douleur de l’époque, mais ce ne sont que des souvenirs fugaces. Lui n’a pas mal. D’ailleurs, même si les cicatrices restent présentes, il a réussi à trouver des sensations dans presque l’entièreté de sa peau. Certaines zones, les boursoufflés, sont moins sensibles, mais ça reste une chose assez oubliables. Il reprend sa main et écoute la suite des questions. Elle semble réellement intéressée par tout ce qu’elle demande, ce qui lui fait se demander ce qu’elle attend de leur relation. Voulait-elle un frère avec qui elle échange et explique son cœur meurtri ? Rhyo doute de pouvoir lui offrir cela. Il ne sait même pas ce qu’il pourrait faire pour ça. Il n’est pas apte à donner sa véritable identité, mentale, à quiconque. Il regarde la jeune femme. Il faut qu’il pose toutes ses choses qu’il passe dans sa tête. Mais déjà, lui répondre.

- C’est dommage de ne pas être parti. Manque de temps, d’argent ou d’intérêt ? s’enquit-il pour essayer de cerner la jeune femme un peu plus.

Puis, il réfléchit à sa question sur lui, sans lui laisser de répondre tout de suite.

- Je suis allé en Ethiopie pour le volcan. Avec ma mère, qui était une chasseuse de tempête comme on les appelle, on parcourait souvent le monde pour courir après les évènements cataclysmiques. Tempêtes, tornades, volcans, grottes, canyon, quand il y avait un lieu dangereux à voir, et surtout en activité, on essayait de se prévoir un voyage.

Chaque vacance, sa mère venait le chercher. Lui et Diamant quand elle fut là. Cela ne manquait jamais. Rhyo avait appris que c’était son métier bien plus tard, quand il fut plus grand pour comprendre comment elle se payait tout ça. Son métier était de suivre les évènements et de les mettre en image.

- Je suis allé dans beaucoup de pays, mais je ne pourrais pas te décrire les lieux, simplement ce que j’y ai visité. Et personne ne visite la même chose que moi. Je suis déjà allé au Mont-blanc, en France, pour voir une avalanche. Je suis allé à Amsterdam, en Grèce, en autres… mais je n’ai pas visité le pays.

Il n’a jamais visité les pays. D’ailleurs, il ne restait qu’avec sa mère dans ces moments là. Il n’y avait qu’elle et lui. Il ne peut même pas dire les noms de tous les pays qu’il a visités sans faire une recherche. Une fois, il a vue un magnifique orage inversé. Au lieu de partir du ciel, les éclairs fendaient l’espace en partant de la terre. Il ne serait dire où cela à eu lieu. Il a déjà vue des aurores boréales (pas si belles que les photos d’ailleurs, c’est même rigolo pour lui de voir tout le monde rêvait de voir les couleurs des cieux alors qu’ils ne voient pas réellement ça), mais pareil il sait qu’il était au Groenland… mais où exactement ? Mystère et boule de suie.

HRP - Je suis allée vérifier, j'ai une idée si tu veux pour notre prochain rp

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