Tu ne te débarrasseras
jamais de moi

Jade et Josh = J²

~Je suis revenue pour te jouer des tours~

Bon. Bon. BON. Josh respire. Il note les choses aux alentours alors que ses yeux sont clos. Après plusieurs réveils, encore, que l’on pourrait considérer comme « sportifs », il en est venu à plusieurs conclusions. Un. Il était mort pendant deux ans. Ce qui explique la quantité de larmes et de morves que ses parents avaient laissé sur sa blouse d’hôpital. Deux. Il était devenu fou. Ce qui explique que, petit A, il entend des sons qui n’existent que dans sa tête et qu’il peut stopper en se bouchant le nez, et, petit B, que rien des nouvelles données ne soient logiques. Petit C, il oublie des informations, comme la raison de son départ en voiture vers l’autre côté du pays. Alors, il gardait les yeux fermés et il réfléchissait. Comment en était-il arrivé là ? Il avait parlé avec sa psychiatre, une folle furieuse qui avait toujours –et selon ses propres mots- rêvé d’avoir un cas de synesthésie parmi ses patients. Ce qui explique qu’on est comprit pourquoi il devenait fou à ses réveils aussi vite et sans avoir besoin d’expliquer quoi que ce soit. Comment aurait-il pu expliquer qu’on lui vrillait les tympans avec une cacophonie de sons qui martelaient son esprit ? Bref. Bref. BREF. Il était atteint donc de synesthésie. C’était une maladie mentale, mais personne ne pouvait affirmer que cela ne soit pas simplement psychologique. Selon tout le monde, le coup qu’il avait reçu sur le crâne en tombant ne pourrait pas expliquer à lui seule cette anomalie. Il en était où ? AH. Oui. Petit d dans son grand deux, il n’avait clairement pas l’impression que son temps s’était écoulé. Deux ans ? Bah, non. C’était hier qu’il est tombé de cette montagne. Il y a une semaine que Myriam l’avait quitté. Parce qu’il se souvient de ça. Et de plein de choses, même si certaines parties restaient encore sombres. Trois. Il n’avait plus de muscles. C’était important à noter quand, pour lui, la musculation était une part importante de ses idées. Il avait essayé de se lever de manière « non sportif », sous entendu : sans sauter de son lit sur le sol en faisant fi de la gravité… cela n’avait pas fonctionné. On lui avait expliqué, entre autre chose, qu’il avait les muscles atrophiés à cause de son immobilité de deux ans, et ça, ça le faisait chier. Fin, expliqué. Il n’avait pas réellement passé plus d’une heure réveillé à cause de la merde qu’on lui envoie dans le sang et de tout ce que son cerveau essaie d’assimiler. Il soupire un grand coup. La sonde qu’on lui avait mit dans le nez couper les odeurs. Et les sons. Il avait dû mal à s’y faire.

Les autres réveils avaient été pleins de larmes, pour ses parents et d’explications alambiquées sur les raisons de son mal par différents « spécialistes », ou sa psychiatre tarée, de quoi lui donner envie de se rendormir… ou plus exactement –comme il l’avait fait- d’essayer de s’enfuir. Il arrache tout et il court en espérant que ses muscles ne remarquent pas qu’il était en train de leur demander des efforts. Mais voilà, les autres fois, ça n’avait pas bien fonctionné de vouloir fuir et courir pour s’éloigner de ce lieu de fou. Alors, il lui fallait la réaction inverse. Il allait se réveiller, se disait-il sous ses paupières, et être parfaitement C.A.L.M.E. pas la moindre trace de panique, de douleur, de peur, d’effroi, de fuite. Non. Il allait être le calme incarné, comme il l’était toujours. Josh n’a jamais été un enfant qui fait des caprices ou pousse des colères. La seule preuve de sa rébellion avait été sa relation avec Myriam. La seule et unique dispute avec sa mère. Sinon, il n’aimait pas la colère, il n’aimait pas ce qu’elle faisait faire, tout comme la peur, l’incompréhension et les autres. Mais la colère surtout. Il n’était pas un colérique. Alors, il bougea son regard sous les paupières. Il allait ouvrir les yeux et être Josh, celui qui n’était pas mort. Ce qu’il fit.

Il ouvrit les yeux sur un monde trop blanc. Pour le moment, il était dans l’hôpital de l’autre côté du monde, il en avait l’impression. Ils n’ont pas voulu faire de transfert parce qu’il pourrait sortir sous peu, dans une chaise roulante au début… Dans tous les cas, il était dans cet environnement inconnu, dans une ville et un état inconnu. C’était pour ça que ses parents ne l’avaient pas retrouvé avant. Les états Unis sont si stupides qu’ils ne transmettent ni leur meurtre, ni leur disparation, ni leur trouvaille d’enfant dans le coma, aux Etats voisins. Il papillonne des paupières. Il tourne la tête lentement. Il avait un poids sur la main.

Jade. Elle dormait sa tête sur sa main, proche de lui. Jade. Il eut presque un hoquet de tristesse qu’il refoula. Il n’aimait pas la tristesse. Il n’était pas mort pendant deux ans. Qu’importe ce qu’on lui dira. Il observa sa sœur et il se souvient. Il voulait voir sa sœur. C’était pour ça qu’il était parti en empruntant la voiture de Rhyo. Il voulait voir sa sœur, tout de suite, à la seconde. Il était bourré. Il a pensé qu’à trois heures du matin, elle ne l’accueillerait pas à bras ouvert. Voir même serait en colère, alors même qu’il sait que ça n’aurait pas été le cas… Et il avait fait un tour un peu plus grand. Deux ans plus grand. Il ravala un autre hoquet de tristesse avant de poser sa main libre sur sa tête.

- Jade. Hé, Jade. Tu es lourde la moche, je sens plus ma main, qu’il la réveille en douceur malgré ses paroles.

Il caresse sa tête et la pousse un peu. Il ne veut pas qu’elle pleure. Est-ce qu’elle a pleuré en le voyant les autres fois ? Il ne s’en souvient pas. Il était trop ailleurs les autres fois. Déjà, avoir compris pour sa synesthésie, les deux ans écoulés et ses muscles, c’était incroyable vue la manière dont il se réveillait à chaque fois… Alors… Il avait la vision claire de ses parents qui l’entourent et lui morvent dessus –y a que dans les films où la morve n’existe pas dans les larmes, dans la réalité c’est dégeulasse de se retrouvait accroché avec quelqu’un à partir de son nez-, mais pas de Jade. Non. Il ne croit pas avoir vue Jade pour le moment. Sinon, il se serait souvenu plus tôt de pourquoi il était parti. Pour la voir, elle. Pour lui parler. Il finit par se pencher pour mettre sa tête contre celle de sa sœur, dans une position peu agréable mais propice. Il frotte sa tête.

- Jade, si tu ne te réveilles pas, je vais t’étaler de ma purée bionique de ce midi dans les cheveux, héhé… ça fera un shampoing à l’œuf.

Il n'était pas sûr d'avoir le droit à un tel repas, mais au moins, la menace ferait mouche, non ? Avec sa sonde dans le nez, qu’il replaça, il était plus calme. Mais avec sa sœur, qui lui tenait la main et le soutenait même en dormant comme une bien heureuse, c’était encore mieux. Voilà ce qu’il lui fallait pour être calme. Une sœur. Même si, et il se le jura, il n’avouera jamais à sa sœur que c’était pour elle qu’il était sorti ce soir là. Il ne le dira à personne. Jamais. Pour que jamais elle ne l’apprenne.

(c) princessecapricieuse

 @Jade Simmons

Deux ans. Deux putains de longues années et ma main s’enroule enfin autour de la sienne. Mon petit frère. Je l’observe alors qu’il est allongé dans ce lit d’hôpital, il a l’air si petit, si fragile. Mais il est en vie. Et c’est le plus important, c’est ce que je n’arrête pas de me répéter pour essayer de stopper les larmes qui dévalent mes joues. Spoil alert : ça ne fonctionne pas !  Je n’arrive toujours pas y croire. Je dois bien avouer que j’avais arrêté d’espérer, ce jour-là il a pu se passer tellement de choses et le fait que deux ans après on n’avait toujours pas de nouvelles je pensais que l’on ne saurait jamais. Mais il est là et je bénis cette machine à ses côtés, à l’intérieur il y a ce truc qui monte et descend à un rythme régulier, branché jusqu’à lui pour l’aider à respirer. Le médecin nous a expliqué qu’il allait devoir reprendre du muscle pour pouvoir marcher, pas étonnant puisque son corps n’a pas bougé pendant deux ans. Je ne comprends pas très bien comment on a fait pour ne pas être prévenu avant ces derniers jours, ils ont essayé de nous expliquer mais même ainsi, ça reste assez flou. Nos parents sont très remontés, ils vont voir ce qu’il en est réellement et s’ils peuvent faire quelque chose. Je ne suis pas sûre qu’ils vont réussir et je préfère passer le plus clair de mon temps à ses côtés. Je me fiche bien des allers-retours que je peux faire pour le travail ou même dormir ailleurs que la tête sur le matelas de Josh. J’ai beaucoup de mal à le laisser bien longtemps, les infirmières m’ont prévenu dès qu’il s’est réveillé, pas assez longtemps et quand je n’étais pas présente bien évidement. À croire que même dans cet état il arrive à me faire enrager cet idiot. Depuis cette nouvelle, j’y suis encore plus souvent, je ne veux pas louper la prochaine fois qu’il ouvre les yeux. On essai de ses relayer avec mes parents pour que Josh ne soit jamais seul, mais avec nos jobs des fois c’est compromis.

Je sursaute alors que je sens quelque chose me toucher, ça bouge près de moi et ce n’est pas normal à moins que… je relève la tête d’un coup et croise un regard brun et je ne peux empêcher un sourire de se former sur mes lèvres. « Josh… » je souffle alors que je peine à y croire. Il est réveillé. Ma main se resserre autour de la sienne, je n’arrive pas à le lâcher lorsque je suis ici. Deux ans bordel. Je sens les larmes me monter aux yeux, mais mon sourire ne me lâche pas. Impossible. Je frotte mes yeux avec ma main de libre, effacer les larmes qui pointent et finir de me réveiller. Il est quelle heure ? oh puis je m’en fous bordel. « Comment ça va ? » je demande comme une idiote, bien sûr que ça ne va pas. « Tu as mal quelque part ? tu veux que j’appelle un médecin ou une infirmière ? » j’hésite à bouger, je ne veux pas le quitter une seconde alors qu’il faudrait pourtant que je leur demande de venir l’ausculter avant qu’il ne se rendorme à nouveau. « Maman et Papa ne devrait pas tarder. » je le préviens. Ils sont partis pour avoir une vraie nuit puisqu’ils étaient là hier soir, il y a un lit de camps déplié à côté de son lit et un fauteuil plus confortable que la chaise sur laquelle je suis assise, mais j’ai du mal à m’éloigner de son lit. Alors, je me fais mal au dos et je n’en ai rien à faire. « T’as vraiment une sale gueule. » ouais, il faut que je me rattrape voilà deux ans que je n’ai pas pu l’emmerder. Ouais, bien sûr j’aurais pu attendre un peu mais pourquoi faire ? pour qu’il se repose, tout à fait. Mais je suis une horrible grande-sœur okay ? et puis il a déjà eu le droit à mon côté grande-sœur inquiète et surprotectrice juste avant, alors j’ai le droit non ? ça m’évitera de me remettre à chialer. Peut-être.

Tu ne te débarrasseras
jamais de moi

Jade et Josh = J²

~Je suis revenue pour te jouer des tours~

Deux ans. Deux mois. Deux jours. Deux heures. Josh n’avait plus réellement la notion du temps ici. Entre les demi-réveils conscients, l’envie de faire un bon gros déni, et le fait se retrouver entre des larmes et des larmes, le temps passait plus vite. Il avait vue une vidéo comme ça, et il trouvait ça flippant de se souvenir de ça, et non pas de choses plus importante qu’il savait savoir, comme son anniversaire, bref. Il avait vue une vidéo qui parlait du fait que le temps passait différemment quand on dort, parce qu’en faite, le temps s’accélère (en ressenti) mais augmente (pour les bienfaits sur son corps). Alors même que le temps étant une unité de mesure choisi par l’homme, elle passe exactement de la même manière que depuis toujours. Ainsi, ses notions du temps étaient un peu flou. Il savait avoir disparu depuis deux ans, mais aussi qu’il était revenu à lui depuis peu… et que lui, le peu et les deux ans étaient la même sensation. Compliqué tout ça.

Surtout qu’il préférait largement penser à la notion du temps qui s’écoule qu’au regard de sa sœur quand elle lève la tête. Elle n’a pas besoin de parler. Si pour lui, leur séparation date d’il y a quelques jours, en très bon terme comme toujours, elle, ça faisait deux ans. Il le sait et en prend d’autant plus confiance à son aspect. Sa sœur était prête à se briser contre lui. Il pouvait le sentir comme il savait qu’elle sentait la plupart de ses états d’âmes. La question qu’elle pose le désarçonne totalement. En vrai ? Il va bien.

- Tu te souviens de la fois où je me suis fais arracher les dents de sagesse ? demanda-t-il alors que ce souvenir là était encore présent en lui. Je me sens tout pareil. Comme si j’avais trop dormi et que pourtant, j’étais encore fatigué. Et toi ?

Il ne fait d’ailleurs pas mine de se redresser plus. Il pense que ses bras ne tiendront pas. Il se sentait tout faible. Au moins, dans son nez, il ne sentait rien. Il avait un répit avant de devoir devenir un super héro (il valait mieux en tout cas le voir ainsi). Il se laisse coucher mais ne lâche pas la main de sa sœur. Même sans muscle, il faudrait découper ses membres pour qu’il la lâche, foi de petit frère pot de colle.

- Je n’ai besoin que d'énergie, de sortir et d’aller courir, bougonna-t-il pour toute réponse à ses questions sur les médecins. Laisse les médecins faire une pause.

Lui, il n’était pas le genre à rester coucher longtemps. Deux ans, c’était déjà trop. Il avait plusieurs fois sauté sur ses pieds pour s’étaler, mais… qui avait dit qu’il n’était pas persévérant quand il avait une idée en tête. Comme s’échapper de là. Oui, les hôpitaux, surtout celui-là, lui donner l’impression d’être en prison. Après avoir arraché ses dents de sagesse, comment avait-il été ? Il se souvient de la sensation au réveil mais ne se souvient pas de ce qu’il avait fait réellement. Il avait dû s’enfuir dès qu’il l’avait pu. Ou alors sa mère l’avait attaché au lit ? Il n’arrive pas à se souvenir, et quand il essaya, un bruit aigu se fit entendre et il ferma les yeux pour contenir un grognement de douleur. Il les rouvre à nouveau. Il hocha à peine la tête pour dire qu’il avait entendu pour leur parent. Pour le coup, il n’avait pas hâte de devoir subir à nouveau les larmes.

- Il faut que je me tire d’ici avant qu’ils reviennent alors. Pas question de subir encore des larmes.

Même s’il allait en subir encore plein. Il avait conscience, malgré qu’il ne ressente pas la même chose, qu’on allait pleurer sur lui pendant un petit moment. Bordel, même sa sœur qui ne pleurait jamais pour rien était à deux doigts de pleurer ! Il fallait bien faire quelque chose. Et la meilleure chose à faire pour que tout le monde arrête de vouloir pleurer, même lui, c’était de se bouger le cul et de partir…. Et de prouver que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Oui oui. Il finit par bouger les pieds. Sent qu’il est tout fragile. Cela l’énerve. Bon. Il n’avait pas besoin de sentir ses pieds pour leurs faire faire ce qu’il veut (soit marcher et partir). Il observe sa sœur encore.

- Tu n’as pas vue ta gueule pour me dire ça. Moi je suis frais comme un jambon !

Josh aimait à changer les expressions. Il aimait tellement ça que naturellement, ça lui venait de dire des expressions que personne ne comprenaient tout de suite… ou alors, ils se disaient qu’il était bête de pas connaître la vraie expression. Mais il s’en fiche. Il préférait être frais comme un jambon qu’un gardon. Il n’avait jamais trop aimé les poissons.

- Tu m’aides à m’enfuir ? qu’il propose alors, en se disant que s’il pouvait avoir une complice, au moins, ça serait encore plus simple.

(c) princessecapricieuse