when it all melts down, i'll be there + Jade & Alex

Depuis quelques semaines, la ville avait adressé au journal une invitation pour les vœux du maire, événement qu’elle les invitait à couvrir afin d’en relater les grandes lignes lors de leur parution du lendemain. Ce genre de soirées ne créait généralement aucune émotion particulière aux différents journalistes qui voyaient plutôt ce genre de réception comme une corvée plutôt qu’une véritable opportunité. Comme chaque année, ils avaient décidé de tirer à la courte paille l’heureux élu, laissant le destin décider du sort de l’un d’entre eux. Attraper la paille la plus courte condamnait directement celui qui en héritait à se rendre au City Hall, à serrer des mains et offrir des sourires polis à tout un chacun, puis à rédiger l’article le dimanche pour la parution du lundi. Combo gagnant. Pas franchement convaincu, Alexander choisit l’une des pailles fermement emprisonnées entre les mains de leur rédacteur en chef. Après quelques secondes d’hésitation, il attrapa celle la plus à gauche, qui s’avéra être… extrêmement courte. Et merde. Sous les rires moqueurs de ses camarades, le blond n’eut d’autre choix que de s’avouer vaincu. « Au moins, je mangerai des petits fours ! » Lâcha-t-il, recevant quelques coups dans l’épaule. « Désolé… » Murmura même l’une de ses collègue. Vraiment ? C’était horrible à ce point ? Sans grandes certitudes, il rangea ses affaires, attrapa son ordinateur portable, et récupéra le petit carnet bleu qu’il avait soigneusement rangé dans le tiroir de son bureau. Sa mystérieuse inconnue l’avait intimé de réaliser un nouveau défi, et s’il s’était bien exécuté en cuisinant, avec l’assistance de sa soeur Lexie, une galette frangipane, un concept de dessert français qu’il n’avait jamais eu l’occasion de goûter mais dont elle lui avait vanté la douceur, il lui restait à écrire son petit mot et à déposer le carnet là où elle l’avait demandé. Pendant la journée, il avait pris un moment pour griffonner les pages du calepin en lui racontant que de s’essayer à la cuisine s’apparentait au passage d’une tornade tant tout était sans dessus-dessous chez lui, mais combien il était content d’avoir découvert un dessert aussi bon, avant de l’inviter à aller découvrir l'éclosion des bébés tortues avec M. Fitch, un homme qu'il avait rencontré lors d'une précédente interview et auprès de qui il avait adoré apprendre et partager ce moment unique. Après avoir salué tout le monde, il glissa le carnet dans sa sacoche et prit la direction, à pied, de la cachette que lui avait indiqué son inconnue pour le dépôt. Ni une, ni deux, il jeta quelques regards autour de lui avant de cacher le précieux objet derrière la pile du dernier bouquin de Britney Spears, l'une des meilleures ventes de l'année 2023 au grand désespoir de l'amour des mots qu'il était, mais soit.    

Quelques heures plus tard, il avait enfilé une chemise, un chino noir, et une paire de chaussures de ville, il était prêt à aller faire bonne figure et délivrer des hochements de tête à toutes les conneries qu'il allait entendre. La politique n'avait jamais été son truc, et même au niveau local, il trouvait ce milieu d'une hypocrisie encore plus évidente que dans l'univers qu'il connaissant, pourtant régenté par l'image déplorable que ses parents avaient laissé de l'humanité. Après avoir salué le maire et s'être présenté comme le journaliste dévoué à la soirée pour le Tree Hill Chronicles, Alexander fit un premier tour avant de s'arrêter devant le buffet. Il était certes en plein boulot, mais une coupe n'avait jamais tué personne. En posant sa main sur la coupe, il attrapa les doigts de la jeune femme qui avait jeté sur dévolu sur le même verre. "Pardon." S'empressa-t-il de s'excuser, retirant immédiatement sa main et lui offrant un sourire gêné. "Si c'est la potion contre l'ennui, je comprends que tout le monde se jette dessus." Lui glissa-t-il, avant de réaliser qu'elle était peut-être du comité d'organisation, maintenant qu'il distinguait un appareil photo accroché à son autre main. Cinq minutes qu'il était là, et il trouvait déjà le moyen de se faire remarquer, lui qui pourtant avait l'habitude de raser les murs et de ne surtout pas attirer l'attention, un comble.

@jade simmons  

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr

Installée devant mon miroir j’observe le reflet qu’il me renvoie et soupire. Voilà un moment que je n’ai pas fait tant d’effort pour sortir et il s’avère que c’est pour le boulot, voilà la vie que j’ai décidé de mener. Il faut dire que ça m’arrange un peu, parce que les filles m’ont proposer une sortie et pour une fois j’ai eu une excuse toute trouvée, le travail. Bon, c’était une excuse qui revenait souvent, mais à la différence cette fois elle est vraie. Je sais, je sais, je suis une amie horrible mais elles ont envie de sortir quand je n’ai besoin que d’un truc : me terrer au fond de mon lit. Certaines ont moins de patience que d’autres, je les entendu parler entre elles, il faut que je passe à autre chose, ça fait plus d’un an, j’abuse… mais comment faire pour faire table rase et repartir sur quelque chose alors que l’on a plus confiance en personne? Et surtout, comment retrouver confiance quand la personne en qui on en avait le plus nous a trahit? Mais ça, tout le monde s’en fout, je suis simplement une dramaqueen pour beaucoup et je l’accepte. Tant qu’on me laisse trouver des excuses pour ne pas sortir et que l’on fait semblant de me croire.

Le rédacteur en chef du journal de Tree Hill m’a contacté quelques heures plus tôt pour savoir si j’étais disponible pour une soirée. Pas vraiment mon truc, mais si je peux gagner un peu d’argent alors je prends. Et puis mon nom sera inscrit en dessous de la photo pour l’article, peut-être qu’enfin je pourrais être un minimum reconnu dans le milieu et qu’on entende parler de moi? Comment ça je vais trop vite et trop loin? Je ne vois pas de quoi on parle. Je fini mon maquillage, avec cette robe noir j’ai opté pour un rouge à lèvre rouge et simplement une dose de mascara. Je crois bien que c’est la première fois que je porte cette robe, si le décolleté est assez sage, j’avais oublié qu’elle était ouverte jusqu’au milieu de ma cuisse gauche. C’est très joli et pas trop provocateur non plus, mais ça fait tellement longtemps que je ne sais pas si je serais à l’aise tout de même. C’est le temps qui gagne, pour ne pas être en retard je décide de la garder et d’éviter de perdre de précieuse minutes devant mon dressing à ne pas savoir quoi mettre finalement.

Mes talons claquent sur le sol alors que j’ai préféré m’y rendre à pieds plutôt qu’en voiture pour pouvoir m’arrêter à la prochaine cachette du carnet bleu. Voilà quelques jours que j’y passe, plusieurs fois par jour des fois, mais il n’y a rien. Je suis trop impatiente je crois, comme à chaque fois qu’il a le carnet en sa possession. J’aime lire les messages qu’il m’y laisse, la nouvelle mission qu’il me donne. C’est bien la seule chose qui me fait sortir de chez moi et que je fais avec plaisir. C’est fou quand on y pense, parce que je ne connais clairement rien de ce type, mais il ne connait rien de moi non plus et je crois que ça m’apaise dans le fond. Je souris alors que je l’ai enfin dans les mains, je regarde l’heure il faudrait que je sois sage et que je me dirige vers la soirée en rangeant le carnet dans mon sac pour le lire plus tard, mais vous vous doutez bien que je n’ai pas la patience d’attendre toute la soirée. Donc, je l’ouvre une fois le nez dehors et me met automatiquement à sourire aux premiers mots, en imaginant très bien le foutoir de sa cuisine après avoir réalisé la recette et même quand il m’explique ce que je dois faire. Une éclosion de bébés tortues? Ici? À Tree Hill? Je ne savais même pas que c’était possible. Je referme le carnet, toujours souriante, le serrant contre mon cœur avant de le ranger précieusement dans mon sac près de mon appareil photo. Il dit avoir adorer la galette et j’en suis ravie parce que j’aime beaucoup ça aussi, surtout celle faite maison que j’ai pu goûter. La mère d’Avery nous en faisant lorsque nous étions plus jeune, c’est une tradition française que l’on a adoré pouvoir partager avec eux. Tous les ans, on avait le droit à notre galette mais voilà deux ans que cette tradition est terminée. J’aurais aimé avoir la force de me rendre chez eux, même sans partager la galette d’ailleurs, mais la peur de croiser Avery ou même d’avoir à parler de lui est plus forte que le plaisir de discuter avec eux alors qu’ils me manquent. Je ne suis tout simplement pas encore prête.

Une fois arrivée à bon port et surtout balayé mes pensées avec force, je laisse mon manteau et mon sac à contre cœur au vestiaire pour être plus aisé avec mon appareil photo autour du cou. Je ne perds pas de temps et entreprend de photographier les invités dans leurs belles tenues de soirée. Quand je pense avoir tout le monde, je laisse retomber mon appareil attendant que le discours du maire commence. Celui que j’ai eu au téléphone m’a laissé plus ou moins carte blanche, donc je vais lui faire pas mal de cliché pour qu’il puisse avoir le choix pour son article. J’observe les gens autour de moi, d’autres photographes, des journalistes aussi sont là. Est-ce que ce journal n’avait personne pour me contacter à la dernière minute? En même temps je leur ai laissé mon book et mon numéro il n’y a pas si longtemps. Je me demande s’ils aiment au moins ce que je fais ou si seulement ils devaient combler un trou ce soir. Je soupire et tend la main vers un plateau pour attraper une coup de champagne, histoire de me donner un peu de courage et oublier surtout que je ne suis qu’un choix de facilité. Je suis surprise alors qu’une main attrape la mienne avant de la relâcher très vite, je plonge alors dans des yeux bleus et l’homme s’excuse directement alors que je lui offre un petit sourire. Ce n’est la faute de personne après tout, il n’a pas à être gêné pour ça. Sa remarque sur la potion m’arrache un petit rire, quoi? Et personne ne me prévient! « Il en faudra sans doute plus d’une alors. » parce que bon, ce n’est pas vraiment une grosse ambiance. En même temps, pas vraiment étonnant pour ce genre de soirée j’imagine. C’est la première fois que je participe à ce genre d’événement mais pour le moment c’est à peu près ce que je pouvais imaginer. Cette fois je récupère deux coupes, souriant au serveur qui finit par s’éclipser après avoir attendu patiemment que l’on se serve. Je lui tends la deuxième et lève la mienne pour que l’on puisse trinquer. « En espérant que cette potion fasse effet rapidement. » je remarque alors qu’il a un tour de cou lui aussi, donc il est là pour le boulot, tout comme moi. « Vous êtes journaliste? » je tente puisqu’il n’a pas d’appareil photo dans les mains.

@Alexander Moore

when it all melts down, i'll be there + Jade & Alex

Couvrir les événements politiques de la ville était loin d’être une passion pour Alex, qui était bien plus porté sur les articles sportifs que sur les cirages de pompe en bonne et due forme. Lorsqu’il avait été envoyé une semaine à Charlotte pour suivre le numéro deux de la draft, ses journées, ses entrainements, et une interview exclusive, il avait trouvé du sens à son métier, il avait eu l’impression de pouvoir se concentrer sur un projet intéressant et surtout d’avoir quelque chose de plus à offrir que la simple revue d’une soirée dont le maire avait déjà décidé des éléments qui devraient y être contés. La liberté d’expression avait pale figure dans ce genre de mondanité, et le Moore était bien conscient qu’il ne pouvait décemment pas franchement critiquer les voeux du maire dans un journal qui appartenait littéralement à la ville, conflit d’intérêt ? Complètement. Quelqu’un y avait-il posé un véto ? Jamais. Bon joueur, il s’était exécuté, et c’était sans grande conviction qu’il était arrivé à la soirée, en tenue habillée mais pas trop officielle non plus, après tout, il était journaliste, et il n’avait pas de programme à défendre ni d’électorat à contenter, lui.

Un premier tour et des salutations à n’en plus finir avaient eu raison de son savoir-être, au point de succomber à une première coupe de champagne relativement tôt dans l’événement. S’il devait se coltiner la soirée, au moins, il avait l’avantage de manger et boire à l’oeil, alors autant profiter des quelques éléments positifs à sa punition. D’un naturel plutôt calme et patient, il ne lui avait pour autant pas échappé qu’un peu d’alcool pourrait malgré tout l’aider à supporter les mondanités desquelles il n’avait jamais été un grand fan. Ce genre de gala lui rappelait le lycée, les bals de promo et autres cérémonies qu’il redoutait par dessus tout, lui dont le surpoids avait été un sujet de moqueries au long de sa scolarité, et qui continuait à se faire discret bien que personne ne lui ait plus rien dit depuis de nombreuses années désormais. Est-ce qu’il devait cette sérénité au fait que sa soeur soit célèbre ? Peut-être bien, mais s’il devait trouver un avantage au fait qu’elle soit si loin de lui, alors il le prenait bien volontiers, parce qu’il allait de soi que son absence avait toujours créé un vide, encore plus en la sachant avec leurs parents qui n’en avaient que le titre depuis trop longtemps. Sa main posée sur celle d’une invitée, et voilà qu’ils avaient tous les deux jeté leur dévolu sur le même verre. Aussitôt, Alex retira sa main et s’excusa, avant de lancer une petite boutade qu’il regretta presque aussitôt en la voyant avec son appareil à la main. Néanmoins, les remords furent de courte durée parce que la demoiselle rentra complètement dans son jeu, et semblait, comme lui, subir la soirée plus qu’autre chose. Une alliée, il était presque content Alex de ne pas se savoir seul dans la galère. Une fois la gêne envolée, celui-ci tourna la tête, et ne put s’empêcher de remarquer le regard pétillant de la jeune femme à ses côtés, et sa robe… particulièrement échancrée. Très jolie. Laissant traîner son regard sur la brune, il fut rappelé à la raison par sa question. Oui, il était journaliste. Elle avait vu juste. D’un souffle, il lâcha un « oui » tout en hochant la tête, puis ajouta en chuchotant : « On l’a joué à la courte paille, et j’ai perdu… » Il esquissa un sourire, avant de faire tinter sa coupe contre la sienne. « A la bonne soirée qui s’annonce alors ? » Il but une gorgée, et tout en fixant les gens qui bavardaient autour d’eux, il se pencha vers sa voisine. « Je m’appelle Alex au fait, journaliste officiellement, et testeur de potion magique officieusement, mais je vous interdis de m’appeler Obélix. » Cette fois, il lui sourit sincèrement, espérant qu’elle ait la référence parce qu’il n’était pas certain qu’Uderzo et Goscinny soient très connus aux Etats-Unis, bien qu’ils l’étaient pour lui, grand amateur de bande dessinée.

Contre toute attente, les lumières s’estompèrent soudain, laissant la salle éclairée seulement par quelques spots dont l’intensité avaient été diminuée, et le maire se présenta sur la scène. Tous les regards se tournèrent vers lui, mais son discours ne fut que trop bref. « Les voeux viendront plus tard, mais j’aimerais que nous commencions l’année en musique… Choisissez votre partenaire, ce soir, nous allons danser ! » Alex écarquilla les yeux, et ses pupilles se dilatèrent, surpris par l’annonce et la tournure de la soirée. En passant près d’eux, le maire posa une main sur l’épaule du blond, l’encourageant à rejoindre le coeur de la pièce pour se laisser aller au rythme de la musique. Hum. Vraiment ? Pas bien certain de l’attitude à adopter, il imagina que de rentrer dans le rang serait probablement ce qui était attendu de lui, il ne devait pas oublier qu’il était en reportage pour le journal, et que les voeux du maire devaient, de toute façon, être exaucés. « Vous voulez danser ? » Proposa-t-il à la brune à ses côtés, en lui tendant une main fébrile. Alex ne savait pas danser, ses soeurs avaient le rythme dans la peau, Lexie en avait fait son métier, mais lui n’avaient jamais eu la patience pour le solfège, ni même l’oreille suffisamment précise pour différencier un do d’un mi. « A vos risques et périls… » Ajouta-t-il, préférant la prévenir du danger qui la menaçait si elle acceptait de poser sa main dans la sienne le temps de quelques minutes, et surtout de quelques faux pas, de quelques orteils écrasés et d’une proximité qu’il n’avait pas cherché ni même anticipé. Le maire avait décidé que 2024 serait l’année de la folie, ou alors il avait, lui aussi, misé sur le champagne dès le début de soirée…

@jade simmons  

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr

Je ne sais pas pourquoi je suis ici, peut-être que personne ne voulait venir, ou bien que mes photos ont plu au rédacteur en chef et qu’il a voulu que mon boulot soit utilisé pour autre chose que la tempête. Aucune idée, j’espère la deuxième option pour mon égo. Celui qui est resté au sol lorsque je suis tombée cul nu dans la neige. Heureusement, ce soir ce ne sera pas le cas. Je vous jure que s’il neige à fond pendant que je suis ici et que ça m’arrive, je ne fais plus de photos pour ce journal porte malheur! J’entreprends tout de même de prendre les invités en photos dans leur belles tenues, je préfère les photos prises sur le vif donc je ne demande à personne l’autorisation, ni même de poser. Un sourire pendant une discussion, un léger froncement de sourcil, c’est comme ça que les gens sont mieux, au naturel. Il ne fallait pas me laisser carte blanche si ce n’est pas ce qu’ils attendaient de moi hein.

Attendant les derniers arrivants ou le discours en lui-même je me permet de prendre une coupe de champagne qui passe à mes côtés. Je souris à l’homme qui a des vus sur le même verre que moi pour le rassurer après ses excuses et on échange une blague. Je me sens moins seule de ne pas être à ma place dans ce genre de soirée pendant un instant et ça me fait du bien. Journaliste donc. Je hoche la tête et fini par sourire à nouveau alors qu’il me confie son anecdote de la courte paille. Pas de chance. « Dites-vous que je n’ai pas eu la chance de jouer ma place. » j’explique pour le rassurer à nouveau. Bien trop nouvelle pour avoir quelque chose à redire sur les photos que l’on attend de moi finalement, je ne peux pas me permettre de louper un petit job comme celui-ci. Je hoche la tête à sa question avec un sourire alors que nos verres s’entrechoquent. Bonne soirée oui, on l’espère du moins. Je le regarde surprise un instant par cette allusion à une bande-dessinée française, je ne me doutais pas que c’était connu ici aussi. Bien entendu, ça me fait penser directement à Avery et à sa maman qui nous les a fait découvrir, petit pincement mais caché sous un sourire pour me permettre de répondre à mon interlocuteur. « Jade, enchantée. Je suis photographe, mais ça m’intéresserais de devenir testeuse de potions. Surtout si elles sont aussi bonnes. » je reprends une gorgée, oui vraiment de bon goût. Mais j’imagine que c’est le minimum qu’il faut pour le petit gratin de Tree Hill. « Je vous appellerais plutôt Asterix, Obélix est tombé dedans quand il était petit je ne suis pas sûre qu’il soit autorisé à les goûter comme vous le faites. » j’explique très sérieusement pour lui faire comprendre que j’ai bien compris sa plaisanterie. Et surtout, pour me prouver à moi-même que je suis plus forte que mes souvenirs.

Commencer l’année en musique? Je penche la tête sur le côté, ça ne se fait pas après le discours ça? J’observe les premiers timides se diriger vers la piste, je souris alors que personne n’a l’air vraiment à l’aise avec cette idée. Ah. Peut-être pas ce couple là-haut qui se sourit tendrement alors qu’ils s’installent avec les autres. Je tourne la tête vers Alex en haussant un sourcil. Ah nous aussi? Comment je fais pour prendre des photos si j’ai les mains prises par le brun face à moi? Je jette un coup d’œil autour de nous et effectivement tout le monde se pli aux règles du maire. Je souris à mon voisin et pose ma main sur la sienne. J’ai un petit rire, à mes risques et périls? Vais-je mourir en acceptant de danser avec lui? Et c’est au moment où j’accepte qu’il me le fait comprendre. Soit. « Je suis en talons, peut-être que c’est vous qui devriez faire attention. » toujours dans l’idée de le rassurer, même si j’ai des doutes, est-ce que le menacer de lui tuer les pieds avec mes talons hauts ça fonctionne? Faudra peut-être retravailler sur ça Jade. On se dirige vers la piste de danse à notre tour et j’installe mon appareil photo en bandoulière pour qu’il se promène moins et évite de nous gêner. Je resserre ma main dans la sienne et l’interroge du regard est-ce que t’es prêt? J’ai un sourire confiant alors que la musique démarre, je me cale à lui et surtout à ce que peuvent faire les autres. Très bien, ça n’a pas l’air bien compliqué, peut-être que l’on peut éviter de se marcher dessus. « Est-ce que vous faites ça souvent? » je ne peux décidément pas réussir à me taire longtemps, même le temps d’une danse. « Ce genre de soirée pour le travail je veux dire. » la danse j’imagine que c’est un non puisqu’il a eu peur de m’écraser le bout des pieds. Je dois dire qu’il est plus doué que ce que je pensais à la base du coup, faut bien un avantage. Ou alors je fais attention à mes pieds puisqu’il m’a prévenu? Possible.

@Alexander Moore

when it all melts down, i'll be there + Jade & Alex

S’il pensait s’ennuyer toute la soirée, la passer dans son coin, prendre des notes, noter et enregistrer tout ce que le maire allait bien pouvoir dire et toutes les promesses qu’il aurait du mal à tenir, Alexander ne s’était pas attendue à trouver en cette photographe une compagne d’infortune, qui, comme lui, vivait cet événement comme une punition que comme une vraie chance de percer. D’abord attirés par la même coupe de champagne, ils avaient réalisé qu’ils avaient aussi en commun leur désamour pour la mondanité au fil d’une conversation encore timide mais étonnamment, plutôt prometteuse. Mieux encore, Jade, ainsi se présentait-elle, comprenait ses références en bandes dessinées, et ça relevait presque du miracle tant il avait tendance à perdre tout le monde dès lors qu’il abordait le sujet. Un point pour elle. « Agréablement surpris de savoir qu’une autre personne à Tree Hill connaisse ce classique ! » Il hocha la tête, avec une petite moue qui témoignait de son admiration. Cette fille était peut-être la petite lueur de sa soirée pourtant promise à un ennui mortel : ils allaient pouvoir bavarder pendant que les gens seraient occupés à se faire des courbettes et des grands sourires, et il décelait même chez elle une probabilité à ce qu’ils puissent se moquer ensemble de tous les invités tout en sirotant le champagne gratuit, de quoi faire passer le temps agréablement, ce qui n’était pas si évident au départ.

Ce qui suivit le laissa, par contre, pantois. Le maire avait pété les plombs, ou alors, il avait parié avec d’autres élus, mais son idée de bal préalable à son discours était complètement inattendue et carrément lunaire. Alex resta un moment immobile, analysant autour de lui les couples se former, avant que le maire ne lui tapote l’épaule pour l’encourager à rejoindre le centre de la salle pour se prêter, lui aussi, à l’exercice. L’hésitation devait se lire sur son visage quand il se tourna vers la jeune femme qu’il venait de rencontrer. Bizarrement, c’était l’option la plus logique de fouler le parquet avec elle, alors qu’ils ne se connaissaient que depuis quelques secondes. Au moins, il savait désormais qu’elle s’appelait Jade, c’était déjà plus que toutes les autres personnes de cette salle. Une main en sa direction, et voilà qu’elle posait ses doigts dans les siens. Allons bon. Un pied devant l’autre, ne pas lui écraser les orteils, il allait essayer de s’appliquer. A peine avaient-il avancé pour se lancer qu’elle lui indiqua la dangerosité de ses talons en cas de faux pas, et Alex loucha immédiatement vers leurs pieds. En effet, elle était bien équipée, et son sens du rythme allait probablement le conduire à une amputation du pied, quelle belle soirée… Foutue courte paille, ils allaient entendre parler du peuple s’il finissait avec les orteils brisés. La musique résonnait, et Alex se laissait guider tant bien que mal, de gauche à droite, un petit pas, un autre… Il en oubliait presque sa partenaire tellement il tentait de reproduire ce que faisaient les pieds de ses voisins, jusqu’à ce qu’elle lance la conversation. Faire ça souvent ? Danser ? Il semblerait que non, et la perle qui allait se dessiner sur son front tellement il était en souffrance suffirait à répondre à sa place si ça devait continuer encore bien longtemps. Aussitôt, il répondit un « non » catégorique, évident, avant qu’elle ne précise qu’elle pensait plutôt aux soirées locales. « Ha pardon, non plus cela dit. Habituellement, je rédige plutôt des articles sur des sujets que je trouve plus profonds, plus intéressants, voire plus amusants… Loin de ces gens barbants à souhait, si tu vois ce que je veux dire… » Il chuchota à son oreille la fin de sa phrase, s’armant d’un sourire à la fois amusé mais crispé. Il réalisa tout à coup qu’il avait besoin de préciser le fond de sa pensée pour ne pas laisser le moindre doute sur les personnes visées. « Je ne parlais pas de vous, évidemment… Falbala. » Cette fois, il avait gloussé et attiré le regard des couples proches d’eux, dansant amoureusement sur un slow qui se voulait trop romantique pour que des jeunes rient effrontément en gâchant leur moment.

La main posée sur la hanche de la jeune femme, Alex essayait de rester à une distance raisonnable de la brune, quand quelqu’un le percuta à l’arrière et le projeta à désormais quelques centimètres à peine du visage de la photographe. Ses yeux azurs plongés dans les yeux bruns de la demoiselle, il resta quelques secondes dans cette position. « Ca devient dangereux par ici. » Prononça-t-il tout en reprenant un peu de recul. Jade était de celles qui paraissaient intouchables, ou peut-être parce qu’il était de ceux qui n’étaient pas du tout à l’aise avec la séduction, mais il était évident qu’elle était incroyablement jolie, que sa robe attirait les regards, y compris le sien, et que peut-être que dans des circonstances différentes, il aurait pu lui proposer de la revoir… En tant qu’ami, connaissances, ou sous un prétexte professionnel, peut-être, mais une part de lui pensait à cette inconnue à qui il allait laisser le carnet et qui devait peut-être avoir déjà récupéré leur petit livret, et prévoir sa sortie avec monsieur Finch pour l’éclosion des tortues. Elle ne quittait pas ses pensées, pas souvent, pas assez souvent, sûrement, parce qu’elle restait une inconnue dont il ne connaissait pas le prénom, tandis que Jade, elle, était réelle, sympa, jolie, et déjà dans ses bras, au sens propre. « Et toi, et vous pardon, vous avez une carte de fidélité pour ce genre de trucs ou on en prend une ensemble ? » Une carte, une cuite,  une leçon de danse, c’était comme elle voulait, tant qu’elle ne le laissait pas seul au milieu de ce joyeux bordel. Finalement, il lâcha sa hanche pour attraper sa main et l’attirer en dehors de la piste, zigzaguant au milieu des couples pour gagner une terrasse et un bon bol d’air frais. Il leva la tête pour mieux respirer, oubliant de lâcher la main de Jade au passage. Alex n’avait rien d’un Dom Juan, il était plutôt le genre de type maladroit qui passait tout de suite pour un gros lourd alors qu’il était juste complètement à côté de la plaque, sans la moindre mauvaise intention. Alexander, dans toute sa splendeur.

@jade simmons  

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr

Cette soirée n’est finalement pas du tout comme je l’avais imaginé aux premiers abords. Ce jeune homme arrive à m’arracher quelques sourires alors que ça fait littéralement deux minutes que je suis à ses côtés, c’est presque un miracle si l’on compte mes vrais sourires depuis quelques temps. Ce classique me ramène aux après-midi chez Avery où sa mère nous laissait passer notre temps devant sa bibliothèque. Il ne nous a pas fallu longtemps à tous les trois pour tomber dans cette série française, c’est une surprise pour moi aussi. Ça aide d’avoir des connaissances française pour le coup. Mais je ne suis pas prête pour en parler à voix haute, j’ai bien trop peur que ça apporte des questions auxquelles je ne veux pas répondre. Et puis qui parle de son amour de jeunesse et de son cœur brisé alors qu’elle rencontre quelqu’un? Personne ne fait ça, parce que c’est ennuyant et peu drôle, la personne en face part forcément en courant…

Le maire nous change les idées d’un coup en proposant une danse avant le discours, je pensais clairement me reculer pour laisser la place aux autres et faire ce que je fais de mieux : soit prendre des photos. Alex lui me tend sa main et me propose une danse, pas du tout mon plan mais ses yeux bleus plongés dans les miens ont raison de moi. Suis-je faible? Peut-être un peu, mais il paraît qu’il ne faut pas toujours suivre les plans alors… go. J’ai un sourire amusé alors que je le vois baisser directement les yeux sur mes chaussures quand je parle de le blesser avec les talons haut, et sa tête est plutôt cocasse. Il regrette certainement de m’avoir choisi pour cette danse d’un coup, mais il ne se démonte pas. Oh non. Il se concentre, certainement pour compter et ne pas se tromper. Son regard me fuit pour regarder autour de nous et j’en profite pleinement pour ne pas le lâcher des yeux. Son attention s’accroche un peu partout, je ne sais pas réellement ce qu’il cherche mais mon sourire ne me quitte pas personnellement, lui il est tellement concentré qu’une ride s’est installée sur son front, je ne sais s’il en a conscience mais j’ai très envie de passer mon doigt dessus et de lui demander de se détendre. Je ne le fais pas, je me retiens assez fort, car on ne se connaît pas et je ne suis pas sûre que ce geste soit bienvenu. Grande âme, je tente tout de même une distraction en lui posant une question et engageant à nouveau la conversation. Peut-être que mes pieds vont m’en vouloir, mais peut-être que son cerveau va apprécier de se concentrer sur autre chose que ce que l’on est en train de faire. Cela non plus ? oh. Parle-t-il de la danse ? ça pas besoin de lui demander, je l’aurais aisément deviné, il ne fait clairement pas ça tous les jours. Plus profond ? je me demande sur quoi il écrit d’habitude. C’est d’ailleurs ma prochaine question mais il continue et m’arrache un léger rire alors qu’il tente d’être discret au creux de mon oreille. Donc il n’écrit pas sur la politique, est-ce que c’est ce que je dois comprendre ? décidément ce jeu de la courte paille ne l’a pas aidé. Alors qu’il me rassure d’une phrase, je me rends compte que je ne l’ai pas pris une seconde pour moi, égo trop gros ? peut-être. Cette fois mon rire est plus fort, parce que je n’arrive pas à le retenir, couplé à son gloussement les regards se posent sur nous. Okay, on dérange je crois. Oups. « Même si vous l’aviez fait, je ne me suis pas sentie concernée un seul instant. » sourire toujours aux lèvres, je continue de danser. Toujours pas de pieds écrasés, j’ai l’impression que la conversation était une bonne idée. « Sur quoi vous écrivez habituellement ? » je me demande si j’ai déjà lu quelque chose de lui. J’ai postulé pour plusieurs journaux locaux et je me suis intéressée aux articles de quelques journalistes pour savoir ce que les rédacteurs pouvaient rechercher. On aurait pu finir par travailler ensemble, mais on ne serait peut-être pas ici en train d’en discuter. Tout aurait pu se passer autrement, c’est bizarre la vie des fois.

Loin d’être une danse compliquée avec beaucoup de pas à retenir, je finis par prendre confiance dans les bras de mon partenaire. Il se dit mauvais en premier lieu, mais je ne trouve pas tant que ça finalement et je passe plutôt un bon moment. Mes yeux se relèvent vers les siens alors qu’il se fait bousculer, pendant une seconde je me vois par terre ou avec les pieds en compote, mais il a de très bons réflexes parce qu’à part que l’on soit plus proche ou que mes mains se soient resserrées un peu plus fort autour de sa nuque, on n’a pas bougé. Je souris distraitement, complètement hypnotisé par ce regard bloqué dans le mien. Dangereux hein ? je secoue la tête légèrement pour me ressaisir. C’est lui le plus dangereux finalement. « Mais vous avez remarqué ? ce n’est ni à cause de vous, ni à cause de moi. On devrait se féliciter, on forme une bonne équipe. » pourtant, je n’aurais même pas parié sur nous entre ses deux pieds gauches et mes talons. Mais on survit, je suis tout de même un peu fière et il devrait l’être aussi. « On peut se tutoyer sans souci. » je confirme alors que sa langue à fourcher une deuxième fois, je pensais que le fait de danser avec lui l’avait détendu, mais il n’a simplement pas fait exprès. « C’est la première fois, je viens de démarrer dans ce journal, donc prenons une ensemble. » si je venais à devoir revenir dans ce genre de soirée, ce serait un plaisir et de le retrouver pour parler de BD françaises, ou même pouvoir râler sur le fait que je ne sois pas à l’aise ici sans me sentir jugée. Sa main chaude autour de la mienne, je le suis de près pour quitter la piste en essayant de ne bousculer personne. On vient de se féliciter de n’avoir pas fait de pas de travers, autant continuer. Une fois la porte refermée derrière nous, la musique amoindrie j’observe l’endroit où il nous a amenés. Le maire a vraiment bien choisi son lieu, le paysage est magnifique, le fait qu’il fasse froid retient les gens dedans (sauf les deux fous que nous sommes) et c’est vraiment dommage, tout le monde rate quelque chose. J’observe les jardins qui s’étalent sous nos yeux, parfaitement entretenu à l’herbe près j’imagine. « C’est magnifique. » je déclare, rompant le silence qui règne autour de nous. Je tourne la tête vers lui et baisse les yeux sur nos mains toujours entremêlé, je souris alors que sa chaleur se répand sur ma peau. « Tu avais besoin de respirer un peu ? » il n’est peut-être pas très à l’aise avec tout ce monde autour de lui. Ce n’est pas ce qui me dérange le plus dans ici finalement, enfin bien moins que d’avoir l’impression de faire tâche. C’est comme si on venait d’un autre monde eux et moi et ça se ressent quand on essaie de me mélanger. Je veux bien l’accompagner un peu, mais je ne resterais pas toute la soirée ici, porter une robe ça rend peut-être jolie mais ça ne tient pas si chaud que ça. Je récupère doucement ma main pour ne pas le brusquer et m’entoure de mes bras pour tenter de me réchauffer comme je le peux, continuant d’observer les jardins. Je me sens idiote alors que je pense à mon appareil photo, limite déçue de ne pas l’avoir. Sauf que je ne suis pas dans un rencard ou quoi, je travail, donc forcément il est a porté de main. Idiote. Je le rallume et lève l’objectif vers le paysage devant nos yeux pour l’immortaliser, avant de rebaisser mon matériel, je souris et clique pour avoir aussi un cliché d’Alex. « Peut-être que tu finiras dans le journal. "Invité mystère au discours du maire, mais qui est-il ?" » dis-je pour expliquer mon geste avec un petit rire alors que j’imagine le titre au-dessus de ma photo. Tout le monde est à peu près connu ici non ? enfin, ce n’est pas parce que moi je ne connais quasiment personne que le monde ne les connait pas, je pense.

@Alexander Moore

when it all melts down, i'll be there + Jade & Alex

Un pas en avant, un pas sur le côté, un pas en arrière, ça ressemblait à ça dans les films qu’il avait pu regarder, mais avec ses mains autour des hanches de la brune, Alexander se laissait surtout porter par son instinct, essayant tant bien que mal de ne pas lui escalader les pieds, concentré sur le rythme, imitant les mouvements des gens autour d’eux. La proximité avec Jade lui plaisait autant qu’elle le mettait mal à l’aise, lui qui n’avait jamais été de ces mecs sûrs d’eux qui assuraient avec les filles, lui qui gardait encore les stigmates d’une adolescence compliquée durant laquelle son physique avait été la source de moqueries. Evidemment, en vieillissant, il avait changé, et le Moore avait fait des efforts pour essayer de retrouver confiance en lui, un terme qu’il avait encore du mal à vraiment incarner, même s’il essayait de donner le change et qu’il cachait cette timidité derrière un brin d’humour, éternelle parade pour avoir l’air cool quand tout autour de lui semblait hors de portée. Il était plus intellectuel que séducteur, un romantique dans l’âme qui appréciait la douceur des mots et qui en avait fait son métier. La brune, dans ses bras, s’intéressait à lui, à son activité, tentant de rendre la situation sans doute aussi naturelle qu’elle puisse être, dans ces conditions. Le portefeuille d’articles rédigés par la plume du Moore était variée, et s’il était de nature curieuse, il n’en restait pas moins plus inspiré par certains sujets que par d’autres. « J’ai écrit un article sur un des jeunes joueurs des Hornets de Charlotte, je l’ai suivi quelques jours afin de pouvoir relater les journées d’un jeune sportif professionnel dans un monde aussi compétitif que le milieu sportif, avec une interview exclusive, et il y a quelques semaines, j’ai pu écrire sur un monsieur incroyable passionné de tortues, qui accompagne chaque année la naissance des bébés et qui protège les oeufs… C’était passionnant… Tu vois, j’ai envie d’impacter les gens avec des choses qui les sortent de la monotonie et de la grisaille quotidienne… La nature, le sport, ce sont des sources d’émotions et j’aime ce genre de sujets… » Elle l’avait lancé sur un des seuls sujets qui le rendait bavard : sa passion pour l’écriture. Seul ses soeurs pouvaient lui arracher plus de mots, sûrement, tant il était fier de chacune d’entre elles, et de leurs réussites respectives. Gauche, droite, gauche, droite, il continuait d’essayer de ne pas faire de faux pas, mais les rires et les bavardages irritaient les danseurs autour d’eux, bien trop coincés pour apprécier ces petits plaisirs de la vie, justement. Fatigué par leur intolérance et par la concentration que la danse lui demandait, et motivé par la bousculade qui l’avait propulsé un peu trop près de sa partenaire, Alex décida qu’il était temps de mettre un terme à son apprentissage de la danse. Ses yeux plongés dans ceux de la brune, il resta immobile un instant, happé par tout ce que cette fille dégageait à travers un simple regard… Après quelques secondes, il secoua la tête, afin de se ressaisir, et tenta de reprendre le rythme, sans conviction. Pas de drame à l’horizon, pas de pieds écrasés, pas d’ampoules, mais un besoin de respirer autre chose que la vantardise et les sourires hypocrites qui les entouraient. Face à lui, Jade semblait ouverte à faire tomber les barrières du vouvoiement, et même à partager leur nouvelle carte de fidélité à la mondanité, qu’il espérait ne pas avoir à utiliser trop souvent. Sans plus attendre, il attrapa la main de Jade pour qu’ensemble, ils s’échappent de la piste et respirent un peu d’air frais. Retrouver la pureté d’une atmosphère dépourvue de gens aigris lui avait soudain semblé urgent, au point de ne plus lui lâcher ses petits doigts qu’il gardait encore emprisonnés dans les siens.

Face à eux, la vue est dégagée, et si la brise hivernale leur rappelait que la saison n’était pas à sortir sans manteaux, la fraîcheur était pourtant revigorante. Inspirant profondément, Jade semblait apprécier le paysage, et son regard sur leurs mains entrelacés rappela à Alex qu’il ne l’avait pas lâchée, la brune. Elle retira sa main doucement, et le blond se sentit rougir, une teinte que la pénombre ne trahirait peut-être pas, et c’était tant mieux. « Je suis désolé… » S’empressa-t-il de lui murmurer, se sentait ridicule de lui avoir pris la main alors qu’ils ne se connaissaient que depuis quelques minutes, et qu’elle n’avait consenti à rien de tout ça. Il avait besoin de respirer, oui, elle avait cerné le personnage très rapidement, visiblement. « Oui, disons que je trouve ce genre de soirée, et ce genre de… personnes, relativement oppressantes au bout d’un moment. » Il haussa les épaules, avant de réaliser que Jade passait ses mains sur ses bras frigorifiés. Il avait laissé sa veste à l’intérieur, et le titre du parfait gentleman s’envolait en fumée. Il allait lui proposer d’aller la chercher, mais elle s’agita avant qu’il n’ait eu le temps de faire un pas en direction du vestiaire. Son objectif était déjà ouvert, et immortalisait cette vue que leur offrait les paysages de Caroline du Nord, bercé par les rivières et la mer, par les étendues verdoyantes et le dynamisme de la ville. Son regard à lui suivit la visée de son appareil, cherchant à deviner ce que pourrait rendre les clichés, quand il sentit le flash l’éblouir. Ca avait été bref, presque furtif, mais l’espièglerie de la brune associée au cliquetis du déclencheur avaient rompu le calme et la plénitude que pouvait représenter le silence. Surpris, il allait râler, plus par réflexe que par véritable gêne, mais son sourire l’arrêta net. Elle était amusée par son geste, et lui se surprit à rire par la même occasion. « Si c’est pour l’afficher au dessus de ton lit, on la refait, je ferai au moins l’effort de sourire. » La confiance, l'excès de confiance, l'humour pour couvrir le manque de confiance, surtout. Il lui offrit un sourire jusqu’aux oreilles, exagéré, tel celui d’un enfant de cinq ans à qui on mentionne le Père-Noël, avant de prendre une légère moue pensive. « On devrait en faire une tous les deux. » Le roi et la reine du bal de la mairie, au moins à leurs yeux, ou peut-être qu’ils étaient simplement les symboles du prolétariat en milieu bourgeois. « Tu pourras le légender : « Astérix et Falbala au Pôle Nord… », parce que t’as la chair de poule… » Il passa ses mains sur ses bras rapidement pour la réchauffer, avant de passer un bras timide autour de sa taille pour poser pour un selfie, collant sa tête contre la sienne. Il n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle ferait de cette photo inutile, mais peut-être qu’en les triant pour l’article, elle lui tirerait un sourire, et c’était déjà ça. Jetant un regard à travers la porte vitrée, le bal semblait encore battre son plein et le jeune homme n’avait aucune envie de retourner se mélanger à la foule. « Est-ce que tu veux rentrer, ou bien on peut rester au calme encore un moment, et je vais chercher ma veste pour que tu ne meurs pas d’hypothermie ? » Aussi incompréhensible que ça puisse être, il avait envie de rester encore quelques minutes avec elle, dans l’intimité d’une conversation à deux, avant de retourner à leur devoir et aux ronds de jambes.

@jade simmons  

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr

Je l’interroge parce qu’il me rend curieuse, et puis ça le concentre sur autre chose. Deux en un comme solution, on apprécie. Et surtout, mon nouveau job vient compléter le sien, donc je trouve ça intéressant d’en apprendre un peu plus. C’est surtout lui qui m’intéresse, mais disons que son métier peut être dans mon intérêt pour mieux faire le mien. Je bois littéralement ses paroles alors que je ressens la passion dans ce qu’il m’explique, ça fait plaisir de voir quelqu’un s’animer autant pour son job. Je pense directement à Luna quand il me parle de sportif, il pourrait croiser aisément ma meilleure amie dans son job puisqu’elle est chargée de communication. Mais pas à Charlotte ni dans le basket d’ailleurs, mais peut-être un jour qui sait? Je tique alors qu’il me parle des tortues, je viens justement d’en entendre parler dans le carnet bleu. Je lui offre un sourire alors que j’ai envie d’en savoir plus, je suis très curieuse de base mais sa façon d’en parler m’intrigue plus encore. « Je ne suis pas très banchée sport, mais j’ai hâte de lire ton papier sur les tortues. On m’en a parlé il n’y a pas longtemps en plus. » pas longtemps genre… sur le trajet pour venir ici quoi. Comme quoi, le hasard fait foutrement bien les choses. J’ai encore plus envie d’y aller du coup et de lui suggérer de lire l’article de mon compagnon de soirée, peut-être que mon inconnu sera intéressé vu qu’il a déjà été voir les tortues. Je le suis hors de la piste après que l’on se soit fait bousculer, était-ce un message parce que l’on s’amusait trop sur la piste, ou simplement le hasard? En tout cas, mission réussie, on a vite déguerpis.

Je relève les yeux alors que je crois entendre des excuses, je secoue la tête avec un petit sourire. Je n’en veux pas car il n’a rien à se faire pardonner, si je n’avais pas ressenti le besoin de me réchauffer un minimum il est possible que j’aurais gardé la chaleur de sa main dans la mienne. Mais ça du coup, on ne le saura jamais. Je ne sais pas si c’est son air un peu timide, son côté drôle ou autre chose, mais je suis à l’aise avec lui. Même si on se connait depuis à peine dix minutes et que l’on se retrouve seuls, ça ne m’arrive que rarement. Surtout dernièrement, j’évite autant que je peux les hommes, en dehors de celui avec qui j’échange dans notre carnet. Mais c’est tellement plus facile derrière des mots. « Je vois totalement ce que tu veux dire. » je souffle avant de me réveiller et de prendre mon appareil dans mes mains à nouveau. Je me concentre en visant, j’observe le monde à travers l’objectif avant de cliquer plusieurs fois pour avoir quelques clichés de ce paysage que je trouve superbe. Je ne peux pas m’empêcher de retourner mon appareil vers Alex perdu dans ses pensées regardant au loin et je fige ce moment pour toujours. J’ai un sourire alors que je sais d’avance que ce cliché est réussi, ceux où les gens ne posent pas sont toujours les meilleurs et puis, je ne peux pas le cacher Alex est un modèle très sexy. C’est moi qui pense ça? Bordel. Je lui souris et lui lance une blague pour oublier ce genre de pensées qui ne devraient pas s’interposer dans mon esprit. Je ris de sa répartie, au-dessus de mon lit carrément! Au culot, je vais l’imprimer pour le faire. Je me remet derrière ma caméra pour reprendre une photo de lui alors que cette fois il pose pour moi avec un sourire. « Tu as raison, au-dessus de mon lit ce sera bien mieux que dans un journal. » j’annonce en vérifiant le résultat sur mon écran avant de tourner vers lui pour qu’il puisse s’observer à son tour. Je préfère l’autre, mais son sourire gagne haut la main. Je relève les yeux vers lui et lui offre un sourire à mon tour. Tous les deux? Je ris à nouveau alors qu’il la légende. Le pôle nord. Il n’est pas loin de la réalité je pense, les belles robes c’est bien beau mais ça ne tient pas chaud. C’est ça de vouloir faire la meuf devant ces gens qui ne se rappelleront même pas de moi d’ici demain. Qu’est-ce que je raconte? Ils ne s’en souviennent déjà plus. Ses mains se posent sur mes bras et les frictionnent un instant, je lui jette un regard reconnaissant alors qu’il m’arrache un frisson quand sa chaleur se répand sur mes bras nus. Quelle idée, j’ai cru que c’était l’été ou quoi? Son corps se colle au mien, son bras enrouler autour de ma taille et sa joue contre la mienne. Chaleur. Oups. Photo. Je tends le bras et souris en posant mon autre bras sur son épaule à mon tour avant d’enclencher la photo. Je regarde le résultat alors qu’il m’interroge. « On peut rester sans problème, mais je ne dis pas non pour une veste, merci. » je le laisse s’éclipser un instant en observant les autres photos que j’ai prises. Bon, les dernières ne serviront pas pour l’article mais ce sont certainement les meilleures. J’observe les gens en train de danser à travers la vitre et décide que c’est un bon spot photo avant de prendre de nouveaux clichés jusqu’à ce qu’il revienne. Je range à nouveau mon appareil dans sa sacoche en bandoulière. « Mon sauveur!! » reconnaissante, je souris en prenant avec plaisir la veste qu’il me tend. « Merci beaucoup. » je passe mes mains dans les manches et son parfum envahit mes narines, m’enveloppant d’un sentiment de sécurité, étrange. J'enfouie mes mains dans les poches à la recherche de la chaleur. « Tu n'as pas froid toi? » ce serait dommage que ce soit lui qui meurt d'hypothermie pour le coup.

@Alexander Moore

when it all melts down, i'll be there + Jade & Alex

La fraîcheur extérieure venait teinter de rose les joues d’Alexander, réaction épidermique au changement de température entre la salle bondée et le fond de l’air hivernal. Le Moore n’avait jamais été très frileux, appréciant presque la sensation de froid sur sa peau. S’il avait été un sportif, les séances de cryogénisation ne lui aurait probablement posé aucun souci, et sa peau ne s’en porterait que mieux. En chemise, il trouvait en la présence de Jade un réconfort inattendu, et il ne savait pas si c’était leur séance de danse ou simplement son naturel qui lui donnait l’impression de la connaître depuis toujours, mais il ressentait cet étrange sentiment de simplicité à ses côtés qui faisait du bien, encore plus dans ce genre de soirée mondaine où rien n’était simple et durant lesquelles il ne s’était jamais senti à sa place. Dehors, c’était un second souffle, une trêve dans un événement qui lui demandait de nombreux efforts, alors qu’elle ne lui en demandait aucun, elle. Lui, ce mec solitaire, peu bavard, introverti, n’avait pas eu à dresser de carapace, et il s’était même surpris à ne pas lâcher sa main quand d’ordinaire, il n’aurait même jamais osé l’attraper. Elle l’avait pris en photo lorsqu’il était concentré sur le paysage qui s’offrait à eux. La baie de Tree Hill avait toujours une source d’inspiration, la côte Atlantique était toujours si jolie, et le fleuve rendait les lieux encore plus somptueux. Quitter Tree Hill n’avait jamais été une option, et malgré ce qu’en pensait Ava, s’il avait, en effet, mis quelques projets de côté pour ne pas s’éloigner d’elle alors qu’elle n’avait que lui, il n’avait jamais eu cette envie irrépressible de quitter une ville qu’il chérissait pour autant, ou peut-être avait-il appris à en aimer chaque recoin parce qu’il savait qu’il y resterait lié, quoiqu’il arrivait. De là où ils étaient, ils pouvaient distinguer bien des endroits empruntés de souvenirs, et le flash de l’appareil photo la ramena à l’instant présent. Aussitôt, il s’en amusa, et sans même qu’il ne réfléchisse, voilà qu’il la prenait à contre-pied, maniant un humour qu’il réservait à ses proches plus qu’aux inconnus. Quelques instants plus tard, elle figeait son sourire sur un nouveau cliché qu’il détesta au moment-même où il posa les yeux dessus, lui arrachant une grimace qui ne masquait rien de son manque d’amour propre. « Finalement, on va oublier le poster au-dessus du lit… » Elle allait faire des cauchemars avec ça accroché. S’il avait bien changé en vieillissant, il n’en demeurait pas moins qu’Alex avait encore du mal à apprécier son image, complexe d’années de moqueries enfantines qui marquaient à vie. En suivant, Jade tendit le bras pour les cadrer tous les deux sur la même photo. Le bras d’Alex s’était enroulé doucement autour de la taille de Jade, pour réduire l’espace entre eux et les garder dans le champ de l’objectif, et sa main à elle s’était posée sur son épaule. Ce fut bref, mais la proximité entre eux avaient réchauffé Alex, autant que le froid semblait glacer la peau de la brune. Clic. Flash. C’était dans la boîte.

Elle avait froid. Alex ne perdit pas de temps, et après avoir jeté un regard rapide sur leur selfie, il se dirigea à pas de géant vers le vestiaire pour y récupérer sa veste. Elle était doublée et l’intérieur molletonné pour plus de douceur, et mieux appréhender les températures hivernales. La personne chargée de réceptionner les vêtements lui tendit son dû, et le blond la remercia avant de retourner en direction de la terrasse. En passant, quelqu’un l’arrêta un instant, demandant des nouvelles de sa sœur. Evidemment, il aurait pu imaginer qu’on lui parle de Lexie mais le badge du Karen’s Café sur sa chemise lui indiqua qu’il parlait plutôt d’Ava. « A vous de me le dire, je pense que vous la voyez plus que moi ces derniers temps. » Il rit, puis après quelques compliments sur la qualité et le sérieux du travail de sa cadette, Alex le salua pour retrouver Jade dehors. Malgré le léger contretemps, elle ne s’était pas encore transformée en reine des glaces, et le Moore lui tendit aussitôt sa veste afin qu’elle puisse rapidement se réchauffer. « Ça devrait aller mieux avec ça, tu vas voir, tu ne voudras plus me la rendre après ! » Il lui offrit un sourire, en espérant qu’il suffise à lui faire pitié au moment de lui retourner son manteau. « Ça va aller, je suis robuste. » Il gonfla le torse, conscient du ridicule de sa pose, puis reprit sa position plus voutée qu’on lui connaissait bien plus. C’était bizarre de voir quelqu’un d’autre dans son manteau, encore plus une fille qu’il venait de rencontrer, mais il devait avouer qu’il la trouvait adorable emmitouflée dans sa veste. « Elle ta va presque mieux qu’à moi… » Fit-il, en tapotant d’un doigt le bout de son nez tout froid, avant de se reprendre et de mettre ses mains derrière son dos comme un enfant pris la main dans le sac. Est-ce qu’il craquait un peu sur elle ? Peut-être un peu, ou pas, mais il fallait bien reconnaitre qu’elle avait quelque chose de spécial. Soudain, il l’aperçut enfoncer ses mains dans les poches du manteau et Alex réalisa qu’il y avait sûrement laissé traîner tout un tas de trucs, et qu’elle risquait de tomber sur un vieux mouchoir, un billet, ou encore un autre vestige lié à sa manie de toujours tout fourrer dans ses poches sans prendre le soin de les vider. Heureusement, il n’avait pas le carnet bleu sur lui, sinon elle aurait pu mettre la main dessus, et sur toutes les confidences qu’il avait pu faire à sa mystérieuse correspondante. Tout à coup, ses pensées se tournèrent vers elle, cette fille qui n’était pas Jade et qui était peut-être en train de lui écrire… Est-ce qu’elle était allée voir les tortues ? Est-ce qu’elle avait aimé autant que lui cette expérience ? Est-ce qu’elle était aussi jolie que Jade, aussi simple et naturelle ? Est-ce qu’il était fou de s’attacher à quelqu’un qu’il n’avait jamais vu alors qu’il rencontrait quelqu’un d’adorable et qu’il aurait pu être amené à revoir ? Et si son inconnue ne voulait jamais le rencontrer ? Et s’il la perdait parce qu’il revoyait Jade ? Quoi qu’il fasse, elle était toujours là, dans un coin de sa tête, cette fille au carnet, et des simples mains dans un manteau lui rappelait qu’elle avait réussi à kidnapper son attention et à tyranniser ses pensées. Foutu carnet, foutu banc, précieux carnet, précieux banc.  

@jade simmons  

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr

Depuis toujours j’adore faire des photos, je ne sais plus vraiment comment mon histoire avec les appareils à démarrer. Mais du plus loin que je me souviens j’étais la fille derrière l’appareil, celle qui immortaliser les soirées, les évènements, les repas de famille. J’étais celle qui demandait à ses amis de poser pour m’aider à m’améliorer. Je suis aussi celle qui peut arrêter n’importe quelle activité pour prendre LA photo, c’est pour ça que ce n’est pas étonnant de me trouver à immortaliser un quasi inconnu à une soirée. Le sourire aux lèvres de nos bêtises je lui montre le résultat, j’aperçois rapidement une grimace et regarde à nouveau le cliché. Je sais que l’image que l’on se renvoi ne plaît pas toujours et je sais que c’est compliqué pour certains, j’essaie de ne pas le prendre pour moi mais je trouve ce cliché réussi je suis un peu déçue qu’il n’aime pas. Je hausse les épaules et fini par sourire pour continuer à me moquer un peu de lui. « Ahah, c’est ça le plus beau. Tu ne sauras peut-être jamais si elle fini au dessus de mon lit ou non. » éternelle question finalement. Est-ce que cette fille un peu folle à réellement accroché une photo de moi au dessus de son lit? Si l’on ne se revoit pas, s’il ne fini par dans ma chambre, il n’aura jamais la réponse à cette question finalement. S’en suit un selfie de nous deux avec mon bras tendu et mon flanc collé contre lui, me réchauffant comme il le peut. J’avoue que je profite de ce moment où son bras est autour de moi pour apprécier la chaleur de son corps contre le mien. Et hop, l’instant est figé dans le boitier.

Je profite de son départ pour observer les photos que j’ai prises depuis le début de la soirée, est-ce que j’en aurais assez? Est-ce que j’en aurais une qui ira à mon chef? Parce que c’est bien beau de profiter et de s’amuser, mais il faut quand même que je réussisse à travailler. Je prends quelques clichés de là où je me trouve, avec la grande fenêtre et le cadre en bois ça donne un résultat que j’adore et je suis assez fière de moi. J’en reprendrais une fois que l’on sera à l’intérieur à nouveau, mais pour le moment de la danse j’ai ce qu’il me faut. Je souris à Alex qui réapparait et range mon matériel dans ma pochette prévue à cet effet. Héros. C’est ce qu’il devenu à l’instant où mes mains s’emparent du tissu alors qu’il a été chercher cette veste simplement pour mes beaux yeux. Je ris, alors qu’effectivement ma peau se réchauffe déjà un peu à peine la veste sur mes épaules. « Je vais devenir la voleuse de veste en plus d’être la psychopathe qui accroche des photos de toi au-dessus de mon lit. » joli tableau que tu nous peins là Jade, c’est beau de réfléchir avant de parler finalement. Je l’observe, toujours souriante alors qu’il bombe le torse pour me souligner qu’il résiste à la température extérieur. Il doit avoir le sang bouillant ce n’est pas possible autrement. Ou alors je suis un cul gelé, possible aussi. Je papillonne des yeux alors qu’il passe son doigt sur mon nez et fini par lui offrir un énième sourire. Mes joues vont avoir des courbatures à force, je ne me rappelle plus la dernière fois où j’ai autant souri en si peu de temps. « C’est une sacré bonne raison pour la voler ça. » j’explique en enfouissant mes mains dans ses poches, cherchant toujours plus de chaleur. Si je ne finis pas aussi bleu que la Schtroumpfette, j’aurais tout gagné. Comment fait-il pour ne pas être frigorifié? La main dans la poche, je hausse un sourcil en sentant quelque chose vers ma main. Un bout de papier? Je le sors pour l’observer, beaucoup trop curieuse pour le laisser dans ma main ou faire mine de l’ignorer. Je relève les yeux vers lui pour observer sa réaction, histoire de savoir si je vais trop loin ou non. Je suis curieuse mais je peux aussi me contenir si je vois que ça met mal à l’aise. « Oh oh. Dites-voir monsieur, est-ce que vous auriez une admiratrice secrète? » je souris tout en dépliant le papier, autant amusé par ma bêtise que par le fait de fouiller dans ses affaires. Il ne réagit pas réellement, donc ça ne doit pas être un dangereux secret ça va. Et puis, il m’a prêté son manteau donc c’est de sa faute si je me retrouve aussi curieuse. Ou peut-être que non? Trop tard. Oupsy. Je fais la moue un peu déçue en apercevant une simple liste de course. « Oh. Même pas de numéro… je suis presque déçue. » il est très beau garçon, ça ne m’aurait pas étonnée qu’il puisse en récolter quelques uns. J’observe la liste sous mes yeux avec un petit sourire, lessive, farine, poudre d’amandes, œufs, tomates, poulets… ouais, une liste normal quoi. Quoique… on dirait des ingrédients pour faire de la frangipane, non? Je fronce légèrement les sourcils ils connaissent ça ici? Je repli le papier pour le réinsérer dans la poche où il était. Il connaît bien Astérix après tout. Et puis, je fais la maline mais je ne connaîtrais pas non plus sans la mère d’Avery donc est-ce que je peux dire quelque chose? Je me demande si j’ai raison mais je n’ose pas en demander plus, j’ai déjà été assez curieuse je pense. En replongeant les mains dans les poches j’ai une pensée pour cet homme avec qui j’échange depuis quelques mois. Quitte-t-il réellement mes pensées même? Dans sa dernière réponse il me dit qu’il a adoré la galette et que la faire avait été le vrai défi puisqu’il a parlé de tornade dans sa cuisine après son passage. Lui aussi arrive à me faire rire et sourire dans ses lettres. « Est-ce que si je continue de fouiller dans tes poches je peux trouver un trésor tu penses? » je demande en souriant tournant la tête vers lui. « Si c’est le cas, tu as raison je vais peut-être la voler et finir riche. » sur un malentendu il y a le ticket gagnant du loto, on ne sait jamais. Ou un gros billet. ou… un stylo? Mouais. Pas sûre que je finisse bien riche avec ça.

@Alexander Moore