Time to work !

Jill & Jessica

On peut avoir des ennemis au travail, mais aussi des amis qui nous soutiendront dans la vie

Septembre 2024 -
Une chance à la fois. Un pas à la fois. Chaque chose à son temps, chaque action à sa durée et son importance. Jessica respire devant la porte des employés. Memphis lui a donné une chance. C’est un peu inespéré. Elle a cherché un travail pendant une semaine, essuyé trois refus et n’a eu aucune réponse des mails envoyés. Elle est venue au Dix Vins un peu sur un coup de tête, avec une présentation et une première impression très clairement pathétique. Quand elle stresse, ce qui arrive chaque fois, elle parle. Et quand elle parle, elle dit beaucoup de conneries. Elle a beau se disputer en amont devant le miroir ou sur un reflet de l’eau, elle continue inexorablement à être bêtement elle-même, et à parler. Ainsi, elle a parlé d’astronaute en retrouvant son frère, de coquelicot qui ne peuvent pas être bleu pendant un autre entretien d’embauche, qui n’a pas abouti, d’entreprise pour sans-abri en parlant avec son nouveau patron et même des règles douloureuses pendant qu’elle faisait sa carte de bibliothèque… Pourtant c’est aller à la bibliothèque, ça ne devrait pas stresser quiconque.

Sauf que la bibliothécaire lui a demandé son nom et son prénom… et il y a toujours une partie d’elle qui a envie de crier « KAYA WERIS », avant qu’elle se rappelle qu’elle est morte. Il y a une difficulté dans son esprit à accepter. Pour Jessica, Kaya n’est pas morte. Puisqu’elle est Kaya autant que Jessica…même si on l’appelle plus souvent Jessica vue qu’elle a perdu sa première identité à douze ans. Cela n’empêche qu’elle est en vie, toujours respirant le même air et quand on lui demande son identité, son esprit s’échauffe tout seul.

Une stressée donc. Qui parle pour éviter de partir en courant, ou de pleurer. Trop sensible pour cette humanité. Elle le sait. Kaya connait ses défauts. Elle est trop émotive, trop têtue, aussi, et cela même si ça peut la mettre en danger. Elle est bien motivé, parfois trop. Bref. Elle regarde la porte et y aperçoit son ombre. Elle prend un cadenas invisible, le met sur ses lèvres, tourne la clé invisible et la jette à la poubelle avant d’ouvrir la porte. Elle ne sera pas bizarre. On lui dit qu’elle sera en binôme avec Jill et on lui épingle un « en formation » sur sa poitrine. Elle respire doucement avant de se retrouver toute seule dans les vestiaires… mais qui est Jill. Elle voit un miroir et se dispute à nouveau.

- Tu n’es pas Jill, tu dois trouver Jill. Manquerait plus que tu sois une troisième personne, baragouine-t-elle entre ses dents de telle sorte que les mots ne veulent rien dire à une oreille non averti.

Elle rentre dans la pièce principale, pour le moment, le restaurant est fermé, mieux pour elle. Moins de risque de se ridiculiser. Elle s’approche d’une femme, elle a l’air gentille, et elle a un jolie visage, avenant, parfait pour être dessiner, elle se plante devant elle.

- Bonjour, je suis Jessica.

Elle a l’habitude de se présenter ainsi. Quand elle avait douze ans, on lui a répété… encore et encore. Kaya Weris est morte. Il faut se saluer en tant que Jessica. Alors elle se présente toujours, plusieurs fois parfois, pour ne pas oublier d’être Jessica. Elle sourit doucement.

- Je cherche une dénommée Jill, on m’a dit qu’elle devait être ma référence aujourd’hui. Je viens de commencer… en réalité, je viens juste d’arriver en ville et je commence. Le patron, il est cool il a dit que je pouvais essayer chez lui mais qu’on m’apprendrait le métier… je n’ai jamais fait ça, mais j’étais prête à tout, même à nettoyer les latrines, ce qui n’est pas la chose la plus ragoutante c’est vrai mais…

Elle ferme la bouche, se mord la lèvre et reprends :

- Bonjour, je suis Jessica. Je cherche une dénommée Jill, seriez-vous qui elle peut être ?

C’est mieux. Elle tordit sa bouche avec un petit regard triste de ne pas pouvoir se taire un peu quand elle n’est pas dans un milieu connu. Vraiment. Un cas. C’est de la faute de Jace de toute façon. S’il avait été un frère convenable, il lui aurait appris à se taire, voilà. Pour ça qu’elle est là. Pour qu’il lui apprenne. Mieux. Mieux.

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Les vacances avaient pris fin, l'école avait recommencé et le rythme avait vite été repris par la famille Vance. Levé, petit-déjeuner et cette fois, c'était le bus qui récupérait les enfants pour les conduire à leur établissement respectif. Ce n'était pas grand-chose, mais ça allégeait un peu l'emploi du temps de la mère de famille. Ce n'était pas pour autant qu'elle passait plus de temps à se tourner les pouces. Au contraire, Jill avait l'impression d'avoir toujours à faire. Course, organisation à planifier avec la baby-sitter ou d'autre adulte pour la fin de journée ou même son propre travail au restaurant. Elle adorait son travail aux Dix vins, donc elle ne se plaignait pas de ce dernier, mais il fallait tout de même inclure ses horaires dans sa planification. De ce fait, aujourd'hui, elle avait réussi à faire course, machine et encore de truc ici et là avant de débarquer au restaurant. C'était avec naturel qu'elle saluait les collègues qu'elle croisait avant de se rendre dans les vestiaire -saluant aussi ceux qui étaient dans le vestiaire avec elle-. Rapidement, elle se changeait pour être aux couleurs de l'établissement et enfilait une paire de chaussures plutôt confortables qui l'aiderait à tenir debout toute la journée. De retour en salle, elle commençait à vérifier ce qu'il restait à faire avant le début du service. Bref, une journée ordinaire au sein des Dix vins, mais qui pourtant aurait sa particularité puisque c'était aujourd'hui le premier jour de la nouvelle employée de Memphis qui ne devrait pas tarder a arrivé.

Jill était près du comptoir en train de faire un point sur les réservations tout en essayant de se souvenir du prénom de la fameuse nouvelle lorsque justement une nouvelle tête se plantait devant elle. Cette dernière la saluait avant de lui indiquer son prénom. Jessica, oui, c’était ça. La blonde eut un sourire pour cette dernière et aller se présenter à son tour, mais fut coupé dans son élan par la fameuse Jessica qui se lançait dans un monologue pas si long que ça, mais plutôt inattendu. Ainsi, dans un même flot de paroles, Jill apprenait que la jeune femme n'était pas du coin, mais aussi qu'elle n'avait rien contre le fait de lavé les latrines, même si ce n'était pas la tâche la plus ragoûtante. Point que ne pouvait qu'approuver la serveuse, surtout lorsqu'on savait le manque de respect de certains clients à ce propos -il n'était pourtant pas compliqué de viser juste-. Après ce petit détour par les toilettes, la brune finie par pendre une pose pour reprendre du début. Elle était donc Jessica et cherchait Jill. Sur cette conclusion, en grand sourire s'inscrivait sur les lèvres de Jill qui pouvait enfin prendre la parole. « Ravie Jessica, je suis Jill et je te souhaite la bienvenue aux Dix vins. » La blonde lui tendait la main pour la saluer avant de reprendre la parole. « Bon, par contre, je suis désolé, mais les latrines ont déjà été lavées aujourd'hui. J'espère que ta déception n'est pas trop grande, mais si ça peut te consoler, on te les garde pour la prochaine fois. » Cette phrase était juste là pour essayer de détendre la jeune arrivée, puisque Jill avait déduit que le précédent monologue sans-que-ni-tête était certainement dû à un état de stress de la brune. « Je me permets de te tutoyer, j'espère que ça ne te dérange pas et je t'invite à faire de même, c'est moins pompant et puis je me sens moins vieille. » Surtout qu'elles avaient peu de différence si les souvenirs de Jill étaient bons. Cette dernière lui offrait de nouveau un sourire avant de reprendre la parole. « Avant que je commence à t'expliquer comment ça va se passer pour toi aujourd’hui et les prochains jours, as-tu des questions particulières, qui ne concernent pas l'organisation, ça, on le verra au fur et à mesure. » La blonde savait qu'il pouvait y avoir des questions qu'on n'osait pas poser lorsqu'on commençait quelque part. Ça pouvait être des trucs tout bêtes, mais qui permettait de mieux se situer et qui changeait d'une personne à une autre. « Ça me fait penser de te dire qu'il n'y a pas de question bête, donc première règle, si à un moment, tu as une question, n'hésite pas à la poser dès que tu trouves quelqu'un de disponible. Tu progresseras plus vite. »

Ft @Jessica Carlson

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Septembre 2024 -
Elle rougit. Jessica est sûre que si l’on vient à lui raser la tête, ce qu’elle ne laisserait pas faire mais l’image est là, on verrait que même son crâne a pris la couleur rosé de la gêne. Elle a pourtant dit à son reflet de se taire une bonne fois pour toute… Jessica n’est pas comme les personnes exubérante qui parlent parce qu’elles ont envie de partager quelque chose. Elle, elle parle quand elle stresse… et plus elle parle, plus elle stresse de dire des âneries, plus elle en dit, par ailleurs… et le cercle continue. Et ensuite, demain ou ce soir selon le temps que son esprit se mette à analyser la situation, elle y repensera et aura envie de se frapper pour son incapacité à se taire. C’était l’histoire de sa vie, pour tout avouer. Une histoire bien moins réjouissante que ce que le monde croit. Elle prend la main de Jill.

- Non. Enfin, je veux dire oui. Pas la peine de me les garder pour moi mais s’il le faut, que c’est mon tour ou que sais-je, je le ferais, je n’ai pas peur de me salir les mains.

Elle n’a plus peur de rien, en réalité, quand il s’agit de la crasse. Quand elle avait douze ans, elle a été protégée par des SDF qui l’ont caché dans un carton très sale, de pisses et autres. Elle a été dégoûtée au début, mais comme on venait de lui sauver la vie, elle a appris à voir les choses différemment. Jessica finit par faire un sourire et un hochement de tête positif quand elle parle de tutoiement. Oui. Cela lui va parfaitement, c’était d’ailleurs bien plus agréable et moins distanciel, que de parler ainsi.

- Je n’ai pas de question particulière. Comme je ne « connais rien » du métier de l’intérieur, je ne serais même pas par où commencer si on me demande. J’ai une bonne mémoire pour les commandes, mais on m’a dit que ça ne se faisait plus avec.

Maintenant, il y avait des petits pads sur lequel on pouvait envoyer directement la commande en cuisine une fois que tout avait été choisi… donc, il n’y avait plus à se souvenir réellement de chaque commande passé. Elle observe autour d’elle, la jolie brune, et note les choses qu’elle pourrait demander. Elle sait un peu tout, le temps de pause, les pauses clopes… les horaires et le salaire. C’était le dernier point le moins important pour la nouvelle. Elle ne venait pas travailler pour payer un loyer ou pour des frais. Elle a la chance d’être hébergé gratuitement, et sa logeuse ne veut même pas d’argent de sa part. Mais Jessica veut aider. Alors…

- C’est vrai que l’on n’a pas le droit d’encaisser quelqu’un que l’on connait ? se demande-t-elle qu’elle repense à des rumeurs qu’elle a entendues. Et est-ce que je peux inviter des gens en payant moi-même leur repas ? Je crois que pour le moment, c’est la seule chose que je me demande. J’ai de la famille, enfin un si on veut, et des personnes qui m’ont aidé et je me demande si j’en ai le droit. De tout payer… voilà.

Elle rougit encore et détourne les yeux. Si seulement elle pouvait devenir moins elle, ça arrangerait tout le monde. Kaya est morte, mais Jessica non.

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Lorsque Jill constatait la rougeur envahir le visage de la nouvelle serveuse, elle se demandait rapidement si elle avait bien fait de partir sur un peu d'humour. Son idée première avait été de la détendre plus que de la gêner, elle aussi avait été nouvelle, elle aussi avait débuté un jour en pleine improvisation de sa vie. La blonde s'en souvenait comme si c'était hier, le jour où elle avait débarqué, pleine de volonté pour commencer un nouveau job dans ce petit restaurant qui rappelait un peu les dinner que l'on croisait sur la route. À l'époque, elle habitait encore près de Charlotte, elle avait déjà eu une expérience de baby-sitter et de vendeuse, et si ces deux jobs lui avaient permis de vivre, elle ne s'y épanouissait pas totalement. Alors, lorsqu'elle avait emménagé dans cette nouvelle ville avec Andy, elle avait tenté quelque chose de nouveau et tout comme le faisait Memphis aujourd'hui avec Jessica, quelqu'un lui avait donné sa chance à l'époque. Aujourd'hui encore, elle était reconnaissante envers ces gens qui l'avaient accueilli et formé et elle voulait faire de même avec celle qui lui faisait face. « Alors, on fera comme ça. » Un nouveau sourire apparaissait sur son visage tandis que Jessica semblait retomber doucement sur ses pieds.

Ce n'était pas la première fois que Jill était en charge d’accueillir une nouvelle, ça faisait quand même quelques années qu'elle était serveuse, et même si elle n'avait aucun diplôme officiel, elle avait l'expérience suffisante pour former ceux qui arrivaient. Et ça n'avait rien à voir avec le fait qu'elle avait une relation avec son patron, puisqu'elle le faisait avant. « C'est toujours bien d'avoir une bonne mémoire, mais il est vrai qu'avec la technologie, on note de suite et l'informatique se charge de transmettre. » Un nouveau sourire pour la rassurer. « Et il n'y a pas de soucis, on te formera tous un peu. Dans les grandes lignes, on bosse de la même façon, mais nous avons tous nos petites manies, libres à toi de piocher ici et là. » Surtout que les petites manies n'étaient généralement pas que ça. C'était une manière pour tout le monde d'adapter son travail à son caractère ou ses atouts. « Euh oui, en soi, rien ne l'interdit. » Répondit Jill a la première question, s'en trop savoir vraiment où voulait en venir Jessica. Heureusement pour la première, la dernière décidait d'elle-même de développer l'idée. En-tout-cas, c'était ce que comprenait la blonde. « En soi, le temps que c'est payé que ce soit leur argent ou le tien, ça revient au même. Donc, je dirais que oui, après, si tu veux faire ça, il te faudra régler la note le jour même, pour que les comptes du jour soit ok. » Il n'était pas question de retenir sur le salaire plus tard, ça rendrait les choses bien trop compliquées.

« Du coup, si ce sont là toutes tes questions, je vais t'expliquer la suite. Aujourd'hui et les prochains jours, tu seras en binôme avec quelqu'un. L'objectif, c'est que tu sois doublée le temps d'apprendre les bases du métier, puis lorsqu'on jugera que tu auras les acquis essentiels, tu seras plus ou moins autonome, car nous serons toujours autour de toi. » Et qu'elle serait encore prévue en plus pour un temps. « À partir de là, ta charge de travail augmentera au fur et à mesure jusqu’à atteindre celle d'une serveuse autonome. » Et elle pourrait alors prendre un poste complet. « Dit comme ça, ça parait long, mais en réalité, ça peut aller très vite selon tes capacités. Puisque finalement, même lorsque tu auras ta charge complète, tu ne seras pas seule, car on est toujours plusieurs par service. » Donc, en résumé, pas de panique, même une fois autonome, elle sera entourée de personnes qui pourront l'aider. « Aujourd'hui, tu es donc avec moi et je te propose d'observer pour commencer, mais je compte bien à ce que tu fasses une première prise de commande avant la fin du service. » Parce que l'observation pure, c'était d'un ennui. « Ça te convient ? Des questions ? »

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Septembre 2024 -
Pour se calmer, pour revenir à la réalité, Jessica a une technique plus ou moins cohérente… elle code la situation pour y penser en terme de chiffre. Ce ne sont pas des mathématiques mais des formules pour pouvoir faire une image de suite de mots et de demandes. Ce sont des commandes pour faire les choses. Et Jessica se sent tout de suite plus à l’aise quand elle a une suite de code, de chose à faire, pour pouvoir arriver à la finalité désirée. Elle respire donc pour faire les choses comme il faut. Elle n’arrive simplement pas à penser à une suite de formule et à des questions à posées en même temps.

- J’aime les codes informatiques, précise-t-elle tout de même.

C’est un mélange étrange, que l’on dit d’elle. Elle a une tête d’ange mais elle aime se battre en combat singulier (ou pas). Elle adore dessiner, mais elle a une passion pour les codes (qui est tout de même la chose la moins esthétique du monde si on y réfléchit bien). Elle ne sait pas réellement ce qu’elle pourrait apporter d’autre, sauf peut-être faire une affiche avec un dessin et encore. Elle tend sa bouche dans un rictus désolé.

- Ok, le jour même alors ! Je ferais en sorte de ne pas le faire trop souvent, sinon je n’aurais jamais d’argent, souffle-t-elle pour elle-même. Mais si je peux faire plaisir parfois…

Elle sourit plus joyeusement. L’idée de pouvoir, enfin, faire plaisir en offrant un repas à ceux qu’elle aime, ça lui plait. Elle aime beaucoup l’idée. Et elle ne peut pas penser à une meilleure méthode pour remercier toutes ses personnes. Et son frère. Un jour. Quoi que… non. Quand Jace saura, il aura plutôt intérêt à lui offrir lui-même le restaurant. Oui. Il a intérêt. Sinon, elle le bouffe. Voilà.

- Je suis prête à devenir totalement autonome le plus rapidement et efficacement du monde. Je vais faire mon possible !

Elle est motivée à faire le maximum pour ne jamais être un poids et pour prouver qu’elle peut s’adapter. Si elle a pu changer de prénom, devenir une autre personne et réussir à ne pas devenir folle, tout à la fois, alors elle pourra tout à fait réussir à être une serveuse au moins passable ! Un nouveau sourire éclaire son visage et elle lui tend la main pour la prendre avant de réaliser que l’on ne commencer pas un travail comme l’on commence un travail.

- Cela me convient parfaite ! Je pourrais comme ça apprendre avec la meilleure. N’hésite pas à me dire si je dois faire quelque chose de plus, ou de moins, ou différent. La dernière fois j’étais à la plonge avec Monsieur Memphis.

C’est plus que leur patron a eu besoin d’aide à ce moment là… et il lui a demandé pour faire la plonge et elle a dit oui. Oh, pas que pour avoir un boulot, même si c’est une des raisons, mais surtout parce que Jessica aide souvent les gens comme ça, pour le plaisir de leur venir en aide. Elle fait un sourire et prends déjà les couverts qui est sur la table pour les placer comme il faut. Elle vérifie les gestes de Jill et se contente de sourire en faisant la même chose. Tout va bien se passer et si ça se passe mal, elle y aura mis son cœur donc n’aura pas de regret.  

Elle remarque des dessins au loin, sur un panneau et s'en approche par curiosité avant de faire encore un sourire. Elle aime les dessins et elle adore rencontrer des gens qui dessine, elle aura le temps de trouver l'artiste.

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« J’aime les codes informatiques » Jill se demandait le temps d'une seconde d'où sortait cette information -c'est-à-dire le lien qu'elle avait avec le reste de la conversassions avant de se contenter de hocher de la tête comme pour acquiescer les paroles. « D'accord. Et tu as un certain niveau ? » Pas que de la politesse derrière cette question, aussi de l’intérêt. Bon, aujourd'hui, elle ne serait pas à quoi cela pourrait, éventuellement, servir, mais qui sait, un jour, dans une situation particulière, il serait peut-être utile de savoir qu'un des membres de l'équipe était doté de connaissance en codage informatique. De son côté, Jill, savait juste que cette discipline était ce qui permettait au logiciel d'être ce qu'il était ainsi qu'aux pages web sur lequel elle se promenait sur l'internet. Bref, pas grand-chose, juste de quoi réaliser que le fameux logiciel de commande fonctionnait lui aussi en code. Ah, il était probablement là, le lien qui lui avait échappé avant qu'elle ne pose la question. « Ah, ça, c'est l’éternel problème, vouloir faire plaisir au autre tout en surveillant son budget. » Pour la serveuse, c'était même son quotidien, faire plaisir, mais être raisonnable, car même s'il fallait profiter, il fallait aussi avoir conscience que demain pouvait arriver à une tuile. Et à côté de ça, elle ne voulait pas non plus priver ses enfants de tout par peur de l'avenir. Heureusement, elle avait trouvé un équilibre entre les leçons de son passé -ou elle s'était retrouvé seul du jour au lendemain sans rien- et le bonheur quotidien. « Par chance, nous ne sommes pas connu pour être le restau le plus cher de la ville. » Car Memphis avait eu une tout autre idée lorsqu'il avait ouvert son établissement. Il était porté sur la famille, les liens et le partage.

« J'aime ton enthousiasme. » Il était rafraîchissant et rappelait à Jill celui qui l'avait animé alors qu'elle avait elle-même commencé. Tout un monde qui s'offrait à elle, une chance qu'on lui avait donnée et une volonté de se montrer capable de le faire le plus rapidement possible. Ainsi, elle avait pu montrer qu'ils avaient bien fait de croire en elle. Un rire discret s’échappait de la bouche de la serveuse alors que la nouvelle venue disait qu'elle apprendrait ainsi de la meilleure. « Je vois que tu sais flatter les gens, mais n'exagérons pas, je me débrouille plutôt bien, mais pas sûr d'être la meilleure. » Un nouveau sourire apparaissait sur son visage avant que toutes deux se mettent au travail. Première mission, dresser les tables qui ne l'étaient pas encore. Rapidement, Jessica s'armait aussi de couvert pour copier les gestes de Jill. Cette dernière lui apportait alors quelques conseils comme des points de repère pour avoir la disposition parfaite, celle qui donnait la première image du restaurant au client. Plus tard, alors qu'elles transportaient des verres pour les replacer derrière le bar, la mère de famille notée l’intérêt de la plus jeune pour le panneau qu'avait illustré que la première femme avait illustré pour attirer l’œil de leur client. « Ce n'est pas parfait, mais crois-moi, c'est mieux qu'il y a quelques années. » Jill désignait le tableau de son menton avant de récupérer les casiers vides pour les ramener près de la plonge. Ses collègues étaient toujours impressionnés par ses dessins, la serveuse reconnaissait qu'il était pas mal, mais elle y voyait aussi leur défaut. Il faut dire qu'elle était plus à l'aise avec des crayons et feutre qu’avec la craie. En fait, elle travaillait avec cet outil qu'ici tout comme elle avait commencé lorsqu'elle travaillait Country club, là où Memphis l'avait débauché. Le souvenir de ses premiers dessins lui arracha presque une grimace. Assurément, elle maîtrisait mieux la craie aujourd'hui, même si ce n'était pas son outil favori.

Ft @Jessica Carlson

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Septembre 2024 -
- Je possède un diplôme en codage, explique-t-elle. Je peux officiellement te programmer un petit jeu vidéo avec les designs et les graphismes…

Elle dit cela en commençant par en être fière, avant de se rencontre compte que ça ne sert à rien. Enfin. Elle a prit ces études pour ne pas rien faire, au lieu de chercher son frère. C’était un choix de dépit, à l’époque… jusqu’à ce que ce choix soit une méthode pour elle à canaliser sa peur et ses angoisses. Si elle veut se calmer, rien de plus compliqué… elle s’invente mentalement un personnage qu’elle code, puis elle le programme pour avoir une barre de stresse, et elle fait en sorte de la diminuer avec des commandes. C’est mieux que de rester à se morfondre sur tout ce qu’elle aurait pu être. Jessica Carlson est une codeuse. Kaya Weris, elle ne sait pas… elle voulait être sœur, cette gamine oubliée… mais elle n’a pas pu l’être.

- J’ai vue ça pour les prix… et le patron il voit ce restaurant comme son rêve en cours, et je trouve l’idée incroyable. Il a l’air d’être une personne chaleureuse et le lieu tout autant.

Jessica rougit et sourit en même temps quand la blonde valide son caractère. Cela fait du bien pour une fois qu’on ne la trouve pas simplement exaspérante. Elle a un sourire radieux, donc, à cette idée. Elle se sent un peu mieux chaque instant qui passe. Elle rougit.

- D’accord, pas de flatteries alors, mais comme tu es pour le moment la seule que je connaisse, tu es la meilleure, cela est d’une logique simple, non ? rit-elle.

Elle aide alors comme elle peut, ne reste pas inactif face à la complexité de l’affaire. Elle n’a jamais cherché à comprendre pourquoi on mettait trois cuillères différentes, ou plusieurs verres. Elle, elle boit de l’eau… et elle a appris d’Inara qu’il existait des verres que pour le vin, et même pour le champagne… elle préfère les chopes de bière à choisir, pense-t-elle… parce que l’on met plus d’eau à l’intérieur. Elle s’arrête devant le dessin mais Jessica secoue la tête.

- Je trouve ça très jolie. Il y a une bonne technique, même si pas académique. Ce qui est mieux. Les dessins académiques sont toujours trop…, elle cherche ses mots avant de réaliser, bah académique quoi. Même si c’est mieux les dessins académiques pour les codes, c'est moins joli.

Elle finit par arrêter de parler, elle se mord les lèvres, et elle secoue la tête avant de regarder les différentes directions. Personne ne semble faire attention à ce qu’elle raconte, c’est mieux. Elle se disait juste que ça serait mignon de numérisé les dessins pour en faire un jeu. Et son esprit se remit à coder le jeu sans même le réaliser tout de suite.

- J’adore dessiner, mais depuis longtemps je ne dessine que numériquement. C’est très différent d’un dessin au crayon, mais j’aime bien la sensation du numérique, et ça me permet de tout de suite mettre les points d’animation donc en soi….

Quand on dessine directement sur numérique, on peut se permettre d’encoder de base et de faire les deux travails sur le même front. Ce n’est pas l’idéal, mais Jessica aimait le faire ainsi, même si parfois elle devait alors recommencer tout le code et le dessin pour réussir à faire ce qu’elle veut, mais ce n’est pas la même chose.

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Oui, elle avait un certain niveau en codage, elle en avait même un diplôme, c'était impressionnant. Pas qu'il soit impressionnant qu'elle est un diplôme, ça sonnerait péjoratif et ce n'était pas ce qu'elle pensait. Non, il était impressionnant d'avoir quelqu'un avec un diplôme en codage qui venait travailler en tant que serveuse dans un restaurant. C'était un changement radical et Jill se disait que la femme qui se trouvait devant elle aurait certainement mieux gagné sa vie en exploitant ce diplôme. Une certaine curiosité s'éveillait en elle, quant à la raison de ce recyclage, mais elle s’abstient de toute question. Chacun avait ses raisons de faire ses choix et comme elle venait de se rencontrer, il n'était pas sûr que Jessica apprécie l'interrogatoire. Pire, elle pourrait le voir comme un reproche et au vu des premières minutes de leur conversation, elle risquerait d'être de nouveau plutôt mal-à-l'aise. La blonde fit donc le choix de taire sa curiosité pour favoriser la poursuite de son intégration. Il y aurait probablement d'autres occasions.

« Oui, il a mis toute son âme dans les lieux et ça se ressent. » Un sourire apparaissait sur les lèvres de la serveuse. Oui, le lieu, comme l’ambiance était toute dû au travail de Memphis et ça se ressentait. Leur patron était un homme généreux et plein d'attention pour eux tous, ce qui poussait tout le monde a donné du meilleur de lui-même. Jill avait aussi la chance de fréquenter cet homme plein de générosité en dehors du travail, elle savait donc combien ce restaurant lui ressemblait et comme il en était fier. Encore une fois, elle estimait sa chance d'avoir croisé son chemin et de partager un bout de sa vie. Et tout ça avait pu avoir lieu, parce qu'un jour, un autre patron lui avait donné sa chance, tout comme Memphis permettait à Jessica de montrer ce qu'elle valait, même si ce n’était pas son monde à la base. En pensant ainsi, Jill était encore plus motivée à la former. « J'approuve ta logique. » Un rire passait dans sa voix en même temps qu'elle parlait. « Et puis la flatterie, ce n'est pas si dérangeant, parfois, c'est même agréable. Les clients apprécient aussi ça leur donne l'impression qu'on les connaît et qu'ils ne sont pas justes un portefeuille. Bon, après, il ne faut pas trop en abusé, c'est toute une question de dosage. » Et aussi du caractère du client, parce qu'ils y en avaient qui n'était pas du tout réceptif.

Plus tard, Jill écoutait la nouvelle arrivée donnée son avis sur les dessins qu'elle avait faits un jour sur l'un des tableaux noirs qui occupaient un mur de la salle. « Merci. » Il n'y avait pas de surprise à ce que ce ne soit pas très académique, la serveuse n'avait jamais pris de véritable cours de dessin. Sans se vanter, elle avait toujours été assez bonne avec un crayon, déjà à l'adolescence, il n'était pas rare qu'elle dessine pour se détendre sur les coins d'un cahier de cours, mais à l'époque, c'était journaliste qu'elle voulait devenir. Et puis la vie était passée par là, son rêve d'étude s'envolait, mais le dessin lui continuer de l’accompagner. Il était devenu un plaisir simple qui lui permettait de se défouler sans prendre trop de place dans sa vie. Elle pouvait dessiner sur plan de travail près de la caisse lorsqu'il n'y avait pas de client ou sur la petite table de son studio pendant qu'Evan dormait dans son berceau. Plus le temps passait, plus la passion du dessin la gagnait et l'envie de progresser aussi, mais pas le temps pour des études, alors c'était seule qu'elle progressait -heureusement, internet existait-. « Je n'ai jamais dessiné numériquement et j'avoue, ça m'attire moins. Pourtant, l'idée de faire vivre en les faisant bouger, c'est chouette, mais je ne sais pas, j'aime bien les crayons ou les pinceaux. Après, c'est peut-être aussi parce que je n'ai jamais essayé… ».

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Septembre 2024 -
Jessica n’est pas réellement une personne de passion, si elle doit tout avouer. Elle ne fait pas les choses parce que ça vibre en elle de bonheur, mais parce qu’elle peut le faire. Elle peut dessiner, elle comprend les codes, elle aime se battre. En réalité, et elle juge son frère coupable, depuis qu’elle est devenu fille unique et que sa vie a volé en éclat, elle ne fait que se battre contre le temps, contre l’injustice, contre le tout. Les codes permettent de la calmer, mais elle jalouse son patron d’avoir eu un rêve et une âme à mettre. Si elle doit tout avouer, elle a une âme de petite sœur, et on lui a amputé cette partie d’elle il y a des années déjà. On lui a arraché. Et la partie qui aurait dû se battre pour elle est partie aussi. Donc. Elle envie le ressentit de Memphis sur son restaurant, elle aimerait trouver la même chose. Jessica sourit doucement à l’appréciation, à nouveau, de son caractère si particulier qui est le sien par la jeune femme.

- Je ferais en sorte de bien doser. Je sais que parfois on veut simplement manger et ne pas entendre parler, mais je sais reconnaître ceux qui désirent un sourire.

En faite, elle sourit tout le temps, mais elle ne prend pas ombrage qu’on lui répond d’une grimace. Elle a vécu à New York, puis à Vegas. Elle a l’habitude de la foule noire de monde qui ne veut qu’aller dans une direction en ignorant autour d’eux. Elle sait ce qu’il se passe quand on a juste envie d’un moment sans pression, et sans personne. C’est triste parfois, mais elle comprend. C’est pour ça qu’elle mettait son cœur. Elle revient à parler des dessins et Jessica réalise alors que c’est Jill qui les a fait !

- C’est toi qui les as dessinés ? qu’elle demande pas étonné par la qualité mais bien d’avoir l’artiste devant elle, je te félicite, ils sont très beaux !

Elle écoute la suite, et Jill pourra voir littéralement le moment où l’esprit de Jessica fit un looping pour atterrir sur la piste d’atterrissage de son idée. Jessica avait froncé les sourcils quand Jill dit qu’elle n’a jamais dessiné numériquement. C’est une autre façon de dessiner, très clairement, ce n’est pas tout le monde qui peut passer de l’un à l’autre… mais ça se fait. Sauf que le cerveau de Jessica est allé tout de suite plus loin… Elle défronce les sourcils et s’approche d’un coup.

- Mais on pourrait proposer ça à Memphis !

La phrase est parfaitement adapté à la discussion malgré de ce qu’il semble. Jessica a simplement sauté toute l’étape où elle explique ce qu’il venait de se passer dans son esprit. Elle se recule d’un pas, parce qu’elle a attrapé le bras de Jill par réflexion. Elle met son poing devant sa bouche et gratte sa gorge.

- Et si, tu apprenais ? J’ai tout ce qu’il faut. Je t’aide à les coder. Et on pourrait faire une petite animation avec un QR code pour les personnes qui voudront s’amuser ! Genre, on peut faire pour Halloween une citrouille qui se fait manger par une sorcière et qui présente le plat de saison ! Cela pourrait être marrant, et tu apprendras en même temps.

Et elle a encore des étoiles dans les yeux. Son esprit commence même à aller plus loin, mais elle s’oblige à le laisser au début… mais ça serait drôle de coder un petit jeu avec des serveuses, ou des personnages, pour faire attendre les enfants qui aiment la technologie. Au lieu de toujours faire remarquer que les gens sur son téléphone, glorifié ce moment. Le rendre agréable. Cela pourrait être marrant. Elle met son esprit en pause. Elle rougit.

- Désolée. Mais je veux dire que si tu veux essayer, je peux t’apprendre.

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Bien dosé, c'était là tout le secret de la fidélisation d'un client. Savoir juger les gens en face de soi sur ce qu'il attendait du service et s'adapter. Plaisanter avec celui qui vient a sa pause de midi pour se changer les idées. Laissé tranquille celui qui veut juste manger ou qui ne vous accorde pas plus que de crédit que si vous seriez un distributeur de billets. Même si dans cette dernière situation, ça avait le don d'agacer celui qui était un être humain avant d'être un serveur. Oui, servir des plats, ça ne s'arrêtait pas à devoir avoir une bonne mémoire et un sourire en toute circonstance, il y avait aussi un côté plus psychologique, mais avec les cours en moins derrière. Ça s'apprenait sur le tas, auprès des autres. « C'est exactement ça. » Un sourire pour appuyer la justesse de jugement de la nouvelle, puis elles passèrent à d'autres choses.

« Oui, je fais ça par loisir. » Jill avait beau aimer le dessin, pour le moment, ce n’était pas plus qu'un loisir, même ce qu'elle faisait ici. Elle le faisait parce que ça lui faisait plaisir et non parce qu'elle pensait avoir un talent à exposer. « Merci. » Un sourire sincère, des joues qui prenaient un peu le rouge. Elle ne faisait pas ça pour les compliments, mais c'était tout de même agréable de s'entendre dire que ce qu'elle avait créé était considéré comme beaux par d'autres personnes. Et qu'importe qui c'était. De même, elle se vexerait un peu si quelqu'un lui disait que c'était horrible, surtout s'il n'expliquait pas son choix. À ce propos, elle remarquait qu'il semblait logique d'attendre une explication lorsque les propos sont négatifs, mais pas forcément lorsqu'il était positif. En l’occurrence, Jessica avait apporté la justification de son avis, avant, la blonde s'épargnait alors de reposer la question.

« Mais on pourrait proposer ça à Memphis ! » Jill se tournait vers sa collègue en fronçant des sourcils. Elle voulait demander quoi à Memphis ? Pas que la blonde refusait, mais là, elle ne comprenait pas trop. Elle se repassait les dernières paroles qu'elle avait prononcées. Le thème abordé était bien le dessin et surtout le fait qu'elle n'avait jamais excédé ce dernier en numérique ayant une préférence pour les crayons. Bien sûr, dans son propos, elle avait tenu compte que c'était certainement lié au fait qu'elle n'avait même jamais essayé. Et tout le monde savait qu'on ne pouvait juger sans essayer. Bref, tout ça pour dire qu'elle ne voyait pas le lien avec Memphis qui était leur patron et qui dirigeait un restaurant. Ou alors, il y avait eu une parole qui avait été prononcée et qu'elle n'avait pas entendu.

Avant que la plus vieille des deux femmes ne puisse interroger la plus jeune sur ce qu'elles pouvaient demander à Memphis, la dernière se lançait dans une nouvelle proposition. Celle que Jill pourrait apprendre à dessiner de manière numérique. Mieux, la plus jeune des deux se lançait déjà dans une visualisation d'une sorcière mangeant une citrouille. L'image décrite se dessinait dans l'esprit de la blonde et faisait naître un nouveau sourire sur le visage de cette dernière. Ça semblait chouette et en même temps, elle commençait à voir le lien avec leur patron. « Je vois que tu as déjà tout un projet. » La nouvelle paraissait être dotée d'une imagination fleurissante. De son côté, Jill se demandait s'il y avait réellement une application à ce genre de projet. Alors qu'elle pensait à ça, Jessica s'excusait de son enthousiasme avant de lui faire comprendre, qu'elle voulait juste lui expliquer qu'elle avait de quoi lui apprendre. « Pas de souci. Comme je te l'ai déjà dit, j'aime l'enthousiasme. C'est juste que je suis peut-être un peu trop rationnel. Je me demande si c'est vraiment un projet qu'on pourrait proposer. » Quant à l'idée d'apprendre, elle n'était pas contre. Elle n'avait jamais abandonné l'idée d'un jour reprendre des études. Là, ce n’était pas le cas, mais ça lui permettrait tout de même d'apprendre un nouveau truc. « L'autre truc, c'est que je n'ai pas forcément beaucoup de temps libres, donc ça pourrait être long dans le temps. » Après, il y avait sûrement moyen de faire quelque chose entre les services du midi et du soir, mais ça voulait dire que la mère de famille devrait prévoir plus de choses en matinée. « J'ai deux enfants qui m'occupent pas mal de temps en dehors du boulot. » Ça et le ménage et les courses…

Ft Jessica Carlson

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Time to work !

Jill & Jessica

On peut avoir des ennemis au travail, mais aussi des amis qui nous soutiendront dans la vie

Septembre 2024 -
Quand l’ainé des deux femmes lui pointe du doigt qu’elle a un « projet », Jessica se bloque. Ce n’est pas un projet pour elle. Pour elle, un projet c’est chiant, long et ça amène à se poser des questions sur ce que l’on veut vraiment. Pour elle, c’était un moment de jeu. Son esprit essaie déjà d’imaginer comment elle pourrait rendre la carte interactive avec les dessins de sa nouvelle amie. Oui, Jessica est le genre de personne qui se fait une amie très rapidement, mais c’est une autre histoire. Elle écoute à nouveau Jill une fois qu’elle a laissé retomber la pression de sa cocotte minute mentale. Si Jill aime l’enthousiasme, elle a trouvé une parfaite enthousiaste, surtout quand elle est de bonne humeur. Ce qui est le cas depuis qu’elle a vue son frère. C’est comme-ci elle a vécu pendant des années en veille, à ne fournir que l’effort de son métabolisme de base, et que savoir qu’elle respire le même air que son frère a réanimé la machine. Elle est totalement allumée. Elle est un sapin de noël qui réfléchit à tout allure pour savoir comment faire passer le train autour de lui sans perdre ses épines.

- Si on fait une animation, ça peut être aussi pour la télévision, mais surtout pour faire attendre. On ne va pas se mentir, les enfants regardent leur téléphone quand ils arrivent à table.

Ce n’est pas un fléau qu’il faut endiguer, selon la brune. Il n’y a aucune bonne raison d’empêcher un enfant d’avoir son téléphone alors qu’il attend sa commande. Pourquoi ? Elle a fait une multitude de repas avec ses parents, et son téléphone est devenu indispensable pour ne pas devenir folle. Il peut servir à instruire. Par exemple, si on scanne un QR code et que l’on voit une sorcière manger une citrouille, et ensuite expliquer les différents plats à base de citrouille du menu, ça pourrait donner envie aux enfants d’essayer ce légume. Alors même que d’ordinaire, rien que le nom les repousse. Jessica fait un mouvement en secouant la tête.

- On le fait pour s’amuser, alors ça ne sera pas une corvée mais pour faire mumuse, sans prise de…attends, quoi ? Tu as dis quoi ?

Elle se recule machinalement pour regarder la jeune femme avant de secouer la tête en laissant fuir les idées parasites qui grappille son esprit.

- Tu as deux enfants ? Mais on ne dirait pas ! Et je pensais que tu avais mon âge, ou un peu plus, mais pas beaucoup.

Jessica, qui ne se voit clairement pas comme une adulte, à l’impression d’être terriblement en retard sur sa génération. Certainement parce qu’elle est resté trop longtemps coincé à l’âge de huit ans, à chercher son frère. Puis à l’âge de douze ans, à chercher son frère ET sa première identité. Dans tous les cas, du haut de ses vingt-six ans, elle n’a jamais été en couple, ni eu de relation intime, elle ne l’a même jamais cherché pour tout avouer. Elle n’a jamais ressenti de désir sexuel pour quiconque et elle n’a jamais pensé à avoir des enfants. Elle rougit.

- Désolée. C’est juste que parfois j’oublie que je suis une adulte en retard et je me vois comme une enfant, alors je met tout le monde dans le même panier que moi. Bref ! Dans tous les cas, on pourra s’arranger. S’il le faut, j’ai souvent fait du babysitting alors je pourrais m’occuper de tes monstres pendant que tu dessineras… ou leur apprendre aussi… ils ont quels âges ?

Tant qu’à apprendre à la mère a dessiner en numérique, elle peut le faire avec les enfants aussi… même si elle ne donnerait peut-être pas le même matériel pour les deux, tout simplement.

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Le téléphone à table, fléau de la société actuelle ? C’était tellement compliqué de ce prononcé. Si les enfants le faisaient, c’était parce qu’ils avaient vu leurs parents faire de même avant. C'étaient des éponges les gamins, ça faisait comme les grands. Alors si leur comportement nous dérangeait, il était souvent question de revoir le sien. Jill évitée d’avoir son téléphone à table, mais elle devait l’avouer, il n’était jamais trop loin. Quant à ses deux enfants, il n’avait pas encore de téléphone a eu, donc pour le moment la question ne se posait pas, même si parfois l’un ou l’autre empruntait celui de la mère de famille. Et fréquemment, ça arrangeait bien cette dernière. Pas à dire, une vidéo ou un jeu sur l’objet technologique, ça pouvait vous sortir de certaines situations. « En effet, ça pourrait les occuper même pourquoi pas les faire revenir. » Ou en tout cas, les marquer pour qu’ils s’en souviennent et en reparlent à leur parent. Il y avait un contexte qui se tenait.

La surprise qui touchait Jessica lorsque Jill parlait de ses enfants n’était pas des plus surprenants. Jill avait fini par s'y faire, même si avec les années qui passaient, les gens étaient de moins en moins surpris. L’âge avançant, elle était moins solitaire au club des parents. Jusqu’à ce qu’on lui demande l’âge de ses enfants. La surprise revenait alors, surtout pour Evan. Donc, tout aussi habitué qu’elle était, la serveuse eut tout de même un sourire sur les lèvres en écoutant les paroles de celle qui lui faisait face. « Je pense qu’en effet, on ne doit pas être très loin en termes d’âge. J’ai 28 ans. » Avec un fils de 10 ans et une fille de 6 ans, mais ça, elle le gardait encore pour elle. « J’ai pris un peu d’avance dans ma vie. » Sans le vouloir, les deux fois, mais elle avait continué d'avancer, elle leur avait construit une vie, peut-être pas idéal, mais elle trouvait qu’elle s'était plutôt bien débrouillée.

« Si leur présence ne te dérange pas, il sera plus facile de trouver du temps. » Jill n’avait pas pour habitude d’imposer ses enfants à qui que ce soit, mais comme Jessica avait parlé de baby-sitting, elle devait ne pas avoir de problème s’ils étaient dans la même pièce qu’elle. « Ils ont 10 et 6 ans. Donc, il est tout à fait possible de les occuper le temps qu’on s’amuse. » Pour ne pas dire travail, puisque pour le moment, c’était juste d’essayer quelque chose de nouveau et l’idée commençait vraiment à plaire à Jill, même si avant cette conversation, elle n’aurait jamais pensé à tenter de faire une chose pareille. « Andy adore colorier, mais je t’avoue que je planque mes crayons, elle a six ans et défonce toutes ses mines de feutre, même Evan commence à planquer ses stylos. » Anecdote peut-être inutile, mais qui pouvait exposer que la plus jeune était encore un peu brutus avec ses affaires et donc qu’il pouvait être bon de ne pas lui donner des éléments fragiles.

« Si ce n’est pas indiscret, pourquoi prendre un boulot de serveur alors que tu as un diplôme en codage ? C’est tout de même radicalement différent ? » La curiosité l’avait poussé à l’interrogation plus tard dans la conversation. Au détour de l’installation des premiers clients, Jill avait posé l’interrogation. Lorsque Jessica lui avait parlé de son diplôme, elle avait tu l’interrogation dans la peur de toucher un élément du passé, mais puisque par la suite, la brune avait parlé elle-même de codage, Jill commençait à considérer le fait que ça n’était peut-être pas une erreur d’aiguillage. Une absence d’opportunité ? Elle ne connaissait pas bien ce monde, alors elle ne pouvait juger d’elle-même.

Ft Jessica Carlson

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Jill & Jessica

On peut avoir des ennemis au travail, mais aussi des amis qui nous soutiendront dans la vie

Septembre 2024 -
- J’ai 26 ans, réplique la brune avant de s’imaginer un instant avec des enfants.

Elle ne dit pas qu’elle n’aimerait pas être mère… Au contraire. Elle pense qu’elle aimerait ça, avoir des enfants à qui apprendre à dessiner et à faire des cookies… C’est tout ce qui est au milieu qui la dérange. Trouver un mec, lui faire assez confiance pour la voir toute nue, au sens propre comme au figuré, puis devoir accepté de le laisser la toucher pour pouvoir mettre la graine… Ouais. Tout ce qui est entre le maintenant et le « j’ai un enfant » ça l’inquiète et elle secoue la tête. Elle ne peut pas s’imaginer mère. Et heureusement pour elle, elle est vraiment très peu susceptible de l’être en oubliant de prendre la pilule… Pour la même raison qui fait qu’elle doit déjà trouver quelqu’un pour le faire avant de penser à le faire effectivement. Chercher l’amour de sa vie, ça ne lui a jamais trop traversé l’esprit. Chercher une vie amoureuse non plus. Donc.

- Tant que tu es heureuse, ce n’est pas grave d’être en avance. Ou même en retard. Je dis que je suis en retard, mais je ne suis pas tant dérangé par l’idée.

Au pire, qui viendra lui faire un reproche ? Elle est une adulte en âge qui n’ait pas comme tous les autres, et alors ? Franchement, si ça inquiète Marshal parfois de voir la distance que met Jessica envers les autres, il n’en a jamais rien dit. Jessica est amie avec tout le monde, mais elle laisse un bras de distance pour éviter d’être marquer par leur disparition ensuite. C’est une méthode de protection.

- Ils ne me dérangeront pas du tout ! s’exclame-t-elle sans hésiter. Evan, si j’ai bien compris c’est celui qui a 10 ans, pourra utiliser une vieille tablette que je possède. Elle est un peu veillotte mais ça pourrait être plus simple pour lui. Et sinon, j’ai des super feuilles qui me restent de mes cours d’art, et je pourrais acheter de la peinture à l’eau. Comme ça, même si Andy, qui a donc 6 ans si j’ai tout suivi, pourra s’amuser à en mettre partout et ça part au lavage ! Mais elle n’aura pas l’impression d’être mise à l’écart.

Il n’y a rien de pire pour un enfant que d’avoir l’impression d’être trop bête quand on veut simplement faire parti d’un groupe. Jessica se souvient de quand elle était petite… Quand son frère était trop grand pour elle, qu’il partait dans la rue sans elle… Elle ne peut pas se permettre de faire vivre ça à une petite fille qui aime colorier ! Elle écoute la question de la jeune femme alors qu’elle continue d’aider comme elle peut et prendre des marques qu’elle n’a jamais eues avant. La question est légitime. Mais la réponse est compliquée. Elle réfléchit.

- Parce qu’il me fallait un travail tout de suite. Le codage est compliqué à faire dans une petite ville comme ici, il n’y a pas de groupe ou d’entreprise. Il faut que j’aille dans les villes bien plus peuplé. Ici, il n’y a rien qui se rapproche de prés ou de loin à ce que je peux faire avec mon diplôme. Et j’ai besoin d’être ici.

En tout cas le temps que son frère ignore qu’elle s’y trouve… et le temps qu’il apprenne qu’elle s’y trouve… et décide s’il doit lui botter le cul pour la faire partir ou la garder. C’est une autre histoire, trop flou et nuancé pour le moment pour être avouer à la première venue.

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Vingt-six ans… Elles n’avaient que deux années de différence, ce n’était affectivement pas grand-chose. Et pourtant des vies bien différentes… Si différente ? Finalement, elles travaillaient toutes deux comme serveuse alors qu’elles avaient aspiré à autre chose avant. La preuve en était pour la brune, puisqu’elle avait un diplôme dans une autre discipline. Pour Jill, c’était moins évidant, moins voyant. De tous les métiers qu’elle avait faits jusqu’à présent, celui de serveuse était celui qui lui plaisait le plus, mais ça n’enlevait rien au fait qu’elle l’avait choisi par nécessité et non par aspiration pour cette branche. Elle avait été mère jeune, elle s'était retrouvée lâchée de tous les siens par la même occasion, elle avait dû apprendre à se débrouiller, elle avait dû trouver de quoi faire vivre son foyer. Baby-sitter, vendeuse… Elle avait fait tous les métiers qui lui avaient laissé une chance, mais c’était en tant que serveuse qu’elle avait finie par trouver une vraie place. En regardant à cet instant la femme devant elle, elle s’interrogeait sur ce qu’elle serait devenue si elle avait suivi les études de journaliste comme elle l’avait souhaité à l’époque. Aurait-elle été au bout ? Aurait-elle changé en cours de route ? Où vivrait-elle actuellement ? Sa famille aurait toujours des liens avec elle ? Plein de question qu’elle ne se posait jamais d’ordinaire. Ses choix étaient faits, les remettre en question ne changerait plus sa vie, mais à ce moment, elle s’interrogeait vraiment. Elle ne savait pas grand-chose de la vie de Jessica, pourquoi elle était là… Mais d’une certaine manière, son histoire à elle, montrait que même si Jill avait eu une autre vie, rien ne dit qu’elle n’aurait tout de même pas fini serveuse. Pour bien d’autres raisons…

« Tu n’as rien d’en retard. » Oui, c’était elle qui avait commencé par dire qu’elle était en avance, mais c’était une réalité. Adolescente, elle imaginait devenir mère un jour, comme beaucoup, mais jamais aussi tôt, pas alors qu’elle était encore au lycée. Non, c’était une aspiration pour un futur lointain qu’elle avait dû affronter bien plus tôt. « Ça ne sert à rien de se presser, les autres ont beau parler, ils ne seront pas là pour t’aider plus tard… » C’était peut-être une manière un peu sombre de dire "soit toi-même, les autres, on s’en fout", mais ça n’en restait pas moins l’idée de fond. Beaucoup trouvaient à redire sur tout, mais lorsque tu te retrouvais dépassé, mais dans la norme, personnes ne viendrait à ton secours… Et puis, Jill ne souhaitait à personne de se retrouver seule avec un point sur ses épaules, parce qu’ils s'étaient pressés de faire les choses sous la contrainte des regards des autres. Si elle-même avait pu faire face aux autres, c’était parce qu’elle avait choisi, elle de garder son fils. Elle avait choisi, elle, d’assumer. Contre l’avis de tous et pour des raisons que seule, elle semblait comprendre, mais ça avait été son choix et ce point lui avait donné de la force pour les jours où plus compliquer.

« Oui, c’est bien ça. » Evan qui était le plus âgé et Andy qui était la plus jeune. « Tu devais cartonner en baby-sitter. » Vu la réactivité qu’elle avait pour trouver de quoi les occupées en lien avec leur âge, on pouvait voir qu’elle avait effectivement un peu d’expérience. « Peinture à l’eau, j’ai. Et des feuilles aussi, peut-être pas de la même qualité, mais au vu de ses œuvres, c’est suffisant. » Jill avait beau aimer ses enfants plus que tout, elle savait être réaliste lorsqu’elle voyait les dessins de sa fille. Il n’était pas dit qu’elle ne serait pas un jour artiste (le talent pouvait encore lui venir), mais si c’était cet avenir qui tendait les bras, il y avait encore du travail. Après, elle était jeune, donc il n’y avait rien d’étonnant. « En-tout-cas, ça semble un super plan pour pouvoir mettre ça en place. » Jessica était tout juste arrivée et voilà qu’elles s’engageaient déjà tous deux dans des temps hors travail. Niveau intégration, ils étaient au top, non ? L’idée faisait sourire Jill qui savait parfaitement que ce n’était en rien lié au fait d’intégré la jeune femme. Non, le contact était juste bien passé et elles s’étaient vite retrouvées sur un autre sujet que celui qui les rassemblait dans un premier temps.

En parlant de travail, les femmes n’oublièrent pas ce dernier, car malgré leur échange plus qu’intéressant, c’était bien pour ce dernier qu’elles étaient présentes aujourd’hui. Jill formait donc Jessica de son mieux tout en accueillant et servant les clients du restaurant. Et même si les deux femmes travaillaient sérieusement, la blonde profitait d’un temps dans leur mouvement pour interroger la plus jeune sur la raison de sa présence ici alors qu’elle avait un diplôme dans un secteur radicalement différent. « Je comprends. » Le besoin d’argent, le besoin d’être ici… Elle devait avoir ses raisons et elle n’irait pas la questionner là-dessus, mais elle comprenait aussi. Elle-même avait déménagé dans cette ville pour une raison en particulier, alors qui serait-elle pour reprocher aux autres de ne pas s’être installé là où elle trouverait un boulot dans son domaine. « C’est peut-être idiot, mais dans le monde du codage, j’aurai eu tendance à penser que tu pourrais le faire de partout, puisqu’il te faut surtout un PC. » Rajoutait la serveuse quelques minutes plus tard alors qu’une nouvelle occasion de papoter se présentait. « Non, parce que serveuse, même si j’ai des assiettes à la maison, ce n’est pas possible, mais le codage, ça l’est. Donc, je pensais que… » La phrase finissait dans un haussement d’épaule tandis que la sornette des cuisines retentissait. « Je pense que ce sont les entrées pour la 3. » Disait-elle tout en se dirigeant vers le passe-plat.

Ft Jessica Carlson

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Jill & Jessica

On peut avoir des ennemis au travail, mais aussi des amis qui nous soutiendront dans la vie

Septembre 2024 -
Jessica se sentit blessé par les paroles de la jeune femme. Non pas à cause d’un commentaire qu’elle aurait fait sur sa propre personne, mais à cause du pessimiste qui y coule. Parce que cela fait écho à ce qu’elle pense de sa famille, mais reste l’opposé de ce qu’elle veut transmettre au monde. Jessica adore le film Pay it Forward, qui prône l’indulgence, la bienveillance désintéressé et l’aide à autrui. Elle trouve ça particulièrement triste que la jeune femme pense que « personne ne l’aidera ». C’est une phrase qui la fait se questionner sur le passé de la jeune femme, et sur ce qu’elle a vécu. Elle se demande tout ça. Elle demande la souffrance qui doit être dans son cœur… Elle se demande un instant si ses enfants ont tous été désiré, tant par leur expulsion de son corps que pour la création. Jessica espère que cela ne soit que des grossesses non désiré et non le résultat d’une situation bien plus triste. Elle n’ose pas demander, mais cette phrase ne lui plait pas. Elle se promit de prouver, alors même qu’elle vient de rencontrer la jeune femme, qu’on peut compter sur les autres. Surtout sur elle. Elle n’a jamais laissé personne dans le besoin, elle donne et elle est heureuse de donner. Certes, elle n’est pas réellement sociable. Il est difficile pour les autres de venir dans sa vie et d’être un pilier. Elle en a eu un qui s’était écroulé et n’a jamais su comment surmonter ça. Mais elle pouvait être de l’aide pour autrui. Elle sourit.

- J’étais apprécié, oui. Les parents aimaient que j’arrive à expliquer d’une autre manière les jeux vidéo, enfin… Ceux qui ne pensaient pas que j’allais rendre leur enfant fou parce que je lui explique le codage. Les enfants sont plus malins que ce qu’on croit.

Elle a eu le cas deux fois. Des parents qui trouvaient cela IN.NA.DMI.SSI.BLE (en majuscule et découpé pour rajouter du drama dans le ton) qu’elle puisse faire jouer leur enfant à des jeux vidéos. Parce que, et elle cite mentalement « les jeux vidéos ça rend violent ». Alors, elle ne sait pas pour les autres enfants de la génération… mais elle Adibou ou Lapin Malin, ça ne l’a pas du tout rendu violente. La vraie vie a été bien plus cruelle que les deux personnages pédagogues qui lui demandaient de trouver la fleur de la même couleur que dans l’exemple. Jessica sourit. Bien sûr, les enfants qu’elle gardait, et avec qui elle jouait à la console, n’avait pas le même âge.

Elle continue à penser à tout ça pendant qu’elle travaille avec bonne humeur. Au maximum, elle veut que Memphis soit fière d’elle. Même si elle ne travaille pas dans la cuisine, comme son embauche aurait pu le faire croire. Cela ne dérangerait pas la brune qu’on l’envoie dans différents métiers, la plonge ou le découpage de légume comme serveuse, tant qu’elle peut sourire à sa guise, et parler… Enfin, elle se parle dans sa tête… Mais au moins, elle s’occupe quand elle n’a rien à faire qu’attendre que les clients finissent de manger. Elle se dit aussi qu’elle a faim. Ou plutôt, la gourmandise l’appelle et elle rêve de piquer un croc dans la plupart des plats. Il faut qu’elle se fasse la liste de tout ce qui est proposé pour tout essayer. Jessica se plait à parler avec Jill et quand elle la questionne, elle n’hésite pas à lui répondre avec toute l’honnêteté du monde. Elle rigole.

- Pour être codeur indépendant, oui. Certains jeux qui sont hors d’un studio se fait par des passionnés chez eux, mais c’est long et il faut travailler à côté. Quand il s’agit de grandes boîtes, alors ils ont un siège et tu dois travailler qu’à l’intérieur avec des ordinateurs en réseau protégé pour éviter les fuites.

Cela arrive parfois, des fuites d’informations. Mais c’est tout de même diminué par le fait que personne n’a le droit de prendre du travail à la maison. Un réseau à domicile est plus facilement hackable et cela peut avoir des répercussions à long terme sur une société de divertissements. Elle prend d’autres plats qui sont arrivés et elle les pose sur une table avec un franc sourire. Un garçon plus jeune qu’elle de cinq ou six ans rougit à cette attention mais Jessica ne le remarque pas. Elle finit de débarrasser une table de l’entrée et repars sans la moindre anicroche.

- Mais donc oui, en soi, si tu veux coder, il ne faut qu’un PC. Mais si tu veux être payer, tout de suite avec un salaire fixe, il te faut une entreprise pour te rattacher.

Elle sourit encore avant d'avouer :

- J'avais pensé proposer de faire des stages pour apprendre à coder aux enfants justement dans les écoles, pour leur faire leur propre jeux vidéos avec eux, mais comme je n'ai pas de diplôme d'enseignants....

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