And you're turning away like you hate me 

 « Joyeux anniversaire Xanxan ! » je regardais Lia avec un sourire en coin avant de pouffer de rire en posant mes yeux sur Poppy. Sur bébé Poppy, pas la grande qui fait tourner la tête de mon meilleur ami. Elle a un air tout innocent, elle tape même des mains et me regarde alors que je m’apprête à siffler mes bougies. « N’oublie pas de faire un vœu ! » Me souffle Poppy, la grande cette fois. Je ne fête d’habitude pas mon anniversaire, ça ne veut rien dire pour moi. Mais cette année, ils ont insisté et il est très difficile de dire non à Lia, surtout lorsqu’elle prépare elle-même le gâteau, qu’elle le personnalise et qu’elle promet qu’on passera une bonne soirée. Toutes les excuses sont bonnes en ce moment pour que je déserte la maison. La raison est simple : je ne veux pas la croiser. Je finis mes journées au bureau encore plus tard que d’habitude, je fais en sorte de trainer sur mon téléphone alors qu’à part Twitter, je n’ai pas de réseaux sociaux. Mais je refuse de la croiser. De retour à Tree Hill, j’ai voulu retrouver ma vie et surtout, que rien ne change. Ma vie me convient parfaitement comme elle est, j’ai fini par me persuadé que ce sentiment de complétude ou je ne sais quoi est inexistant, bien que je pensais l’avoir frôlé à Vegas. Mais voilà où ça m’a mené, donc merci bien.

En débarquant ce soir, les filles ont quand même demandé pourquoi je suis venu seul et pas accompagner. Ont-elles réellement besoin d’une réponse ? Suis-je censé leur dire que pas un mot n’a été échangé entre elle et moi depuis notre retour ? Que je partage mon quotidien avec une inconnue. Evidemment, que ce soit Johan ou Dim, aucun des deux n’est capable de tenir sa langue lorsqu’elles leur font leurs yeux de biches, donc les deux ont déballé tous les détails de notre week-end à Vegas. Et bon sang, si seulement j’avais gardé le moindre souvenir de cette soirée... Je ne veux pas finir comme eux, aussi… gngngngn face à une femme qui pourra faire ce qu’elle veut de mon cœur et de mes sentiments. Ce n’est pas pour moi. Le pire ? C’est que ces deux-là avaient exactement la même vision des choses que moi, la mêêêême. Et regardez-les à présent. C’est pour ça que je ne peux pas me laisser aller, que je maintiens une distance avec la gente féminine dès lors que j’ai obtenu ce que je voulais.

Nous étions réunis chez Johan et Lia, Dimitri et Poppy étaient également présents, avec leurs bébés respectifs. Leur nouveau rôle de père leur va à merveille, il les a soudainement fait mûrir au point qu’ils me donnent des conseils du genre ‘tu devrais faire des efforts avec elle’ Euuuuh. Ouais, mais non. Le gâteau est succulent, aussi beau que bon. Lia est vraiment douée, en plus de ses talents culinaires, elle a une bienveillance comme j’en ai rarement vu. J’eu droit à un appel de ma mère ce matin, ma mère biologique. Elle se débrouille toujours pour me souhaiter la première mon anniversaire, et ça me fait extrêmement plaisir. Je soupire en regardant l’heure tourner. Affalé sur le canapé des Cheshire-Argo, j’avais tiré sur ma cravate et déboutonné les premiers boutons de ma chemise. J’ai passé une formidable soirée, je me suis senti chanceux d’être aussi bien entouré, ça me donnerait presque envie de croire au bonheur familiale. Mais non, je secoue la tête et me lève subitement. Il serait temps que je rentre, les enfants commencent à s’endormir et Dimitri & Poppy ne vont pas tarder non plus.

Nous nous disons au-revoir sur le palier de la maison avant de nous séparer et je saute dans ma voiture, prenant la direction du sud de Tree Hill pour rejoindre ma maison. Elle serait endormie, c’est quasiment certain. C’est presque le même cirque depuis quelques semaines, depuis que nous sommes rentrés de Vegas à vrai dire. A part avec le contrat, je ne suis pas lié à cette fille, je ne veux pas avoir d’interaction avec elle. Pourtant, lorsque je rentre chez moi, portant le reste de gâteau que Lia m’a forcé à ramener avec moi pour ma femme, je la découvre justement dans le salon, toute habillée, qui vient à peine de rentrer ? Je fronce les sourcils, ne comprenant pas tout. Qu’est-ce qui se passe ? Depuis quand elle rentre aussi tard ? A sa tenue, je n’ai aucun doute, c’est celle porté par les serveurs du Husk. Je rêve ? J’hallucine ? Mais depuis quand ? Je secoue la tête, je m’en fiche de toute façon. Mais là, qu’est-ce que je suis censé faire ? La saluer ? Lui filer la part de gâteau que Lia m’a chargé de lui remettre ? Fleeeeeeeeeeeemme. « Bonsoir. » Je peux au moins faire cet effort-là. Je pose la boite de gâteau sur le plan de travail ensuite et me retourne vers elle. Pourquoi c’est aussi bizarre d’un coup ? Pourquoi il y a un malaise ?

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@Charlotte Rickards        

Je m’étire en arrivant à la maison, je suis rincée. Je referme la porte derrière moi doucement, je ne voudrais pas réveiller Xander, pas que l’emmerder me dérange mais j’ai la flemme de me retrouver face à lui, surtout si c’est pour qu’il m’engueule comme une gamine. Je pose mes clefs dans le pot de l’entrée et fronce les sourcils en apercevant pas les siennes, il n’est même pas là? Je sais qu’il m’évite puisque je fais de même et que l’on arrive très bien à faire ce qu’il faut pour ça. Il rentre tard du boulot, ça m’arrangeait très bien lorsque je ne travaillais pas, mais maintenant que j’ai pris un boulot il n’en a plus besoin. Sauf qu’il n’est pas au courant… je n’ai pas encore eu l’occasion de lui annoncer. Ou l’envie?

Je regarde le courrier sur le meuble de l’entrée et une enveloppe attire mon attention, j’en ai reçu une comme celle-ci au début de mon arrivée ici. Mon changement d’adresse officiel m’a fait récupérer du courrier perdu depuis un bout de temps si on voit les dates sur certains timbres. Mais celle-ci… elle est spéciale. Je n’ai encore rappelé personne parce que ça m’effraie autant que ça me rend curieuse. Une famille? Comme si je savais ce que c’était. Mais il parait que je suis attendue pour un testament. Mon père est mort il y a peu et il m’a légué quelque chose. J’observe la lettre encore dans mes mains, comment peut-il avoir pensé à m’inscrire sur son testament et ne pas avoir eu envie de me rencontrer avant de mourir? March. C’est comme ça qu’il s’appelait. Il était médecin ici et assez réputé si j’ai bien fait mes recherches. Je n’ai pas répondu à l’huissier, mais j’ai quand même été un minimum curieuse. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre, donc je préfère prendre mon temps pour y réfléchir, ou je suis juste terrorisée par tout ça, je n’arrive pas vraiment à savoir. Et puis quel est ce putain de hasard? Je ne connaissais pas Tree Hill il y a deux mois et au final mon mari (ce mot bordel, j’ai vraiment du mal) y habite et mon père y été aussi? Y’a combien de chance pour que ça arrive franchement? Aucune putain. Mais maintenant qu’ils ont mon adresse, je me doute que ça ne devrait pas tarder à le voir se pointer à notre porte si je prends trop de temps pour répondre.

J’entends le bruit du moteur et la portière claquer dans l’allée me faisant sortir de ma torpeur. Putain, je ne vais pas avoir le temps de manger un bout et courir dans ma chambre avant qu’il ne passe la porte. Pour quelqu’un qui veut absolument l’éviter t’es restée bien longtemps ici, idiote. Alors que j’entends la porte je tente de réfléchir à ce que je peux faire. Mais à part fuir par la porte fenêtre et attendre qu’il monte je ne vois pas. Et puis bon… flemme de finir enfermée dehors alors que mes clefs sont sur le meuble de l’entrée devant lui. Je retiens un soupire alors que je l’entends me rejoindre, je cache malgré moi l’enveloppe en essayant d’être discrète. Je n’ai pas envie de le mêler à ça, même si un avocat pour m’aider un minimum j’imagine. Le fait que ce soit lui me file de l’urticaire. « Salut. » je réponds alors que je comprends à son ton qu’il n’a pas plus envie que moi de discuter. Tant mieux, je vais pouvoir m’éclipser tranquillement. Non. Je veux manger un petit truc, il y a eu tellement de monde que je n’ai pas pris le temps de prendre une pause, pourtant ce n’est pas comme si on ne me l’avait pas demandé plusieurs fois. J’ouvre le frigo et tourne la tête sans réfléchir vers ce qu’il laisse sur le plan de travail au milieu de la cuisine. Je fronce les sourcils en regardant le Tupperware qui laisse apparaître une part de gâteau, son prénom est inscrit dessus. Enfin, un bout puisqu’il y a simplement la fin. Et qu’est-ce que je vois là? Un y? Un a? Putain de merde. C’est son anniversaire? Il a eu un gâteau. Je pensais qu’il était au travail mais il était avec ses amis pour fêter son anniversaire? Je pensais que l’on devait passer pour un vrai couple aux yeux de tous, est-ce que je suis la seule à ce jouer à ce putain de jeu? Qu’il aille fêter son anniversaire sans moi ne me fais pas passer pour une femme indigne? Bon en même temps, avais-je vraiment envie de passer la soirée à faire la potiche? Pas spécialement. Je me tourne vers l’intérieur du frigo pour tenter de chercher quelque chose de rapide à grignoter. « C’est ton anniversaire? » je demande, surprise d’entendre le son de ma voix dans cette pièce. Pourquoi est-ce que je fais genre de m’y intéressé? Je m’en fous non? Vraiment Lottie, t’es pas aidé ma pauvre. J’attrape du fromage en tranche et referme la porte du frigo, je vais récupérer du pain et me fais un sandwich rapide. Il peut très bien s’enfuir sans me répondre je veux manger quelque chose avant de mourir de faim. Mon ventre gronde, putain la honte. J’étale du beurre pour faire grillé le pain à l’extérieur en faisant mine de n’avoir rien entendu, même s’il faudrait clairement être sourd pour ne pas entendre un bruit pareil dans une pièce aussi silencieuse. Tuez-moi.

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 Je tente d’entrer discrètement chez moi. Trèèès discrètement. Comme chaque soir en réalité. Je suis presque sur la pointe des pieds lorsque je pénètre dans mon salon, pour éviter de la réveiller bien sûr et éviter à avoir à la croiser. Ma tentative se solde par un échec car elle est déjà là, debout dans mon salon. Je fronce les sourcils, pas sûr de comprendre la raison de sa présence ici, elle dort d’habitude à cette heure-ci ou en tout cas, elle est dans sa chambre, je ne la vois pas. Je ne fis cependant pas la moindre remarque. Je me contente de la saluer, sur un ton qui en dit sûrement plus que trop, qui laisse transparaître mon ton froid et mon envie flagrante de ne pas vouloir croiser son chemin. « Salut. » quel enthousiasme ! Au moins, nous sommes d’accord sur ce point. Elle a autant envie de me voir que j’ai envie de la voir. Je soupire face à notre situation plus que désespérée. Sérieux, comment je me suis retrouvé dans cette boutade, tout ça parce que j’ai voulu prendre un peu de bon temps à Vegas, à la recherche d’une sensation ou d’une émotion qui me comblera. Je soupire alors, me trouvant ridicule d’avoir un jour eu ces pensées.

Je ne me sens pas à l’aise du tout. Déjà parce que je n’ai pas l’habitude d’avoir quelqu’un à la maison, mais alors en plus avoir une femme à la maison… Ce n’est jamais arrivé. Vraiment jamais. Je n’ai jamais donné mon adresse, jamais ramené une conquête à la maison. Ma maison, c’est… ma vie privée, mon intimité. A part ma famille, Dim, Johan et leurs femmes respectives, personne ne met les pieds ici. Donc savoir que cette inconnue est là, dans mon espace, dans ma bulle… Ca me perturbe. « C’est ton anniversaire? » elle demande sur un ton que j’interprète comme totalement détaché. Elle me sort de ma rêverie et je pose mon regard sur elle. Je… Je bug quelques instants, pas prêt du tout à ce que notre discussion aille plus loin que ‘salut’. Je hausse les épaules et me débarrasse de ma veste que je pose sur une des chaises. « Oui, trente-huit ans. » je lui réponds sur le même ton mais avec le coin de mes lèvres qui s’arque, trahissant presque mon sourire prêt à naître. J’avais presque oublié ce qu’était d’échanger avec elle. De discuter. On a bien dû le faire à un moment donné pour en arriver à se marier, mais je n’en garde absolument aucun souvenir et c’est ultra frustrant. « Et toi ? » Je sais que ce n’est pas son anniversaire non plus, enfin la coïncidence serait grotesque. Mais en même temps, je n’ai pas le souvenir de connaître son âge. Je l’ai peut-être su à un moment donné, mais comme les souvenirs de la soirée et de la nuit à Vegas, tout s’est évaporé.

Je souris en coin, amusé par le bruit que j’entends : celui de son ventre. Elle est concentrée sur ses tâches, sur ce beurre qu’elle étale minutieusement sur son morceau de pain. Elle n’a pas dû manger depuis des heures pour que son estomac crie famine à ce point. Pris par un élan de gentillesse dont je ne me sentais pas capable, je pose le tupperware avec le morceau de gâteau à côté d’elle, sans relever mes yeux, ne voulant pas croiser son regard. « Au cas où tu aurais envie d’un dessert, c’est fait maison. » je glisse alors, avant de me retourner, appuyant mon dos contre le plan de travail, puis croise les bras. Elle porte la tenue du Husk, je n’ai aucun doute là-dessus, j’ai suffisamment passé de soirée là-bas pour le savoir. Comment s’est-elle retrouvée à travailler là-bas ? Je ne savais même pas qu’elle cherchait du travail. Je secoue la tête avant de demander. « Ils ne vous donnent pas de pause au Husk ? » Parce que ça m’intrigue quand même, je baisse les yeux sur le sandwich qu’elle prépare, appétissant, mais plutôt basique. Ca me démange les lèvres de le lui faire remarquer, mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. « Tu penses que ce sandwich suffira à remplir ton ventre ? » Je continue à fixer son sandwich en arquant un sourcil, je ne suis pas un as de la cuisine, maaaaaaaaaaais, un truc élaboré m’aurait paru plus appétissant.

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La fatigue est bien présente, j’accumule les heures depuis que j’ai commencé il y a quelques jours. On ne fait que se croiser avec Xander puisqu’il se lève je dors encore et quand il rentre je suis au bar. Peut-être imagine-t-il que je suis dans ma chambre à l’éviter comme depuis que je suis arrivée ici? Il n’est pas au courant de mon nouveau job puisque je ne lui en ai pas encore parlé. À part s’il me fait suivre, mais ça m’étonnerait puisque depuis mon arrivée à Tree Hill il me fait comprendre de différentes façons qu’il n’en a rien à faire de moi. À se demander si vraiment ce contrat entre nous est vraiment très utile.

Il me rejoint dans la cuisine pour me saluer alors que je priais pour qu’il aille dans sa chambre directement. Mais cet homme fait tout pour me mettre hors de moi depuis le début, je ne devrais pas être étonnée. Alors que je cherche de quoi manger rapidement, je tombe sur la boite qu’il pose sur la table et me surprenant tous les deux je l’interroge. Bordel. Qu’est-ce qu’il m’arrive? On ne discute jamais. Un mois. C’est long… imaginez donc deux inconnus dans une maison sans se parler depuis tout ce temps. Heureusement qu’il a un métier et que depuis quelques jours, moi aussi je peux sortir pour travailler, j’aurais fini par devenir folle sinon. Trente-huit ans, je me retiens de pouffer mais je ne peux empêcher un sourire sur mes lèvres. « J’avais oublié à quel point t’es une vieille personne. » impossible de m’abstenir de le provoquer un peu. Je tourne la tête vers lui, surprise qu’il me retourne la question. Qu’est-ce qui se passe ici? On est passé dans une autre dimension sans que je ne m’en rende compte ou quoi? « Je suis du mois de décembre, je vais avoir vingt-neuf ans cette année. » presque dix ans de différence. Ça fait quoi d’être vieux alors?

Je sors du frigo ce que je trouve pour faire un sandwich rapide, du fromage et du beurre quoi et j’attrape le pain de mie plus haut dans le placard. Je tartine mes tranches de pain alors que mon ventre râle tant j’ai faim et je retiens un soupire, la honte bordel. Je pose les yeux sur la boite qu’il a déplacé jusqu’à moi, ça a l’air bon c’est vrai. « Merci. C’est toi qui l’a fait? » ça me coûte un peu que de le remercier, sûrement autant que lui que de m’offrir la dernière part de son gâteau d’anniversaire j’imagine. Je ne m’attendais pas à ce qu’il le fasse, il me surprend ce soir. Vieillir d’un an, ça rend plus sage? Ou bien il y a de la drogue dans ce gâteau fait maison? Je sors une poêle pour faire grillé les deux côtés et fondre le fromage. « Si, mais ce soir il y a eu beaucoup de monde et je n’ai pas eu le temps d’en prendre une. » je lui explique comme si c’était tout à fait normal que l’on se raconte nos journées maintenant. Je remarque aussi qu’il a reconnu mon uniforme, il connaît donc l’endroit où je travaille au point où il peut reconnaître mes fringues. Je ne sais pas trop comment je dois prendre ça… alcoolique qui adore le Husk? Ou bien c’est autre chose? Je pose le sandwich sur feu doux et me tourne vers Xander qui prend la parole à nouveau. Décidément, il est bavard ce soir. Je suis presque sûre que c’est la drogue du gâteau. « Ouais je pense. Je veux un truc rapide. Et puis, il paraît que j’ai le droit à une part de gâteau fait maison après donc ça devrait le faire. » je lui explique en haussant les épaules avec un léger sourire. Il s’inquiète pour mon alimentation? Ça pourrait presque être mignon si je ne connaissais pas l’étendue de la connerie de ce gars. Et puis, je vais dormir après, je n’ai pas besoin de manger énormément non plus, si c’est pour m’empêcher de dormir en ayant mal au ventre, flemme.

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J’aurais pu totalement l’ignorer, faire comme si je ne l’avais pas vu et monté dans ma chambre. Mais ce serait beaucoup trop flagrant. J’ai beau essayé de l’éviter, faire en sorte de ne pas la croiser, je ne suis quand même pas au stade de passer à côté d’elle sans la saluer. Je suis poli tout de même. Nous discutons tellement peu, que j’ai presque oublié le son de sa voix. Un son léger et presque mélodieux. Je me surprends à me demander si elle chante des fois, sous sa douche ou quand je ne suis pas là. Je me racle la gorge, revenant à la réalité. « Moi aussi, j’avais oublié. » Commentais-je en lui jetant un regard qui se veut noir et faussement vexé. « C’est sympa de me le rappeler. » lui fis-je remarquer et c’est plus fort que moi, je me mets à sourire aussi. Mon ton est soudainement devenu plus léger, limite amusée. Raaaaaaaah ! ça m’énerve ! Je ne sais pas comment elle a réussi à me voler ce sourire, mais elle y est arrivée plutôt bien. Je lui retourne ensuite la question et écarquille les yeux, surpris d’entendre sa réponse. Vingt-neuf ans ?! Bordel ! Ça fait dix ans de différence, c’est énorme. Qu’est-ce qui m’a pris purée, je les prends au berceau maintenant ? Je secoue la tête avec une petite grimace, c’est moins drôle tout à coup. « Ça me fait encore plus sentir comme une veille personne. » soufflais-je à voix haute.

Je ne saurais dire à quel moment j’ai vrillé, au point de lui proposer la dernière part de gâteau. Après tout, Lia a bien dit que c’était pour elle et la future Mme Argo me tuerait si la mangeais dans mon coin. Son merci sonne à mes oreilles comme une première victoire. Maaaaaaaaais, victoire de quoi au fait ? Victoire de rien du tout, pourquoi je m’emballe ? Alors ça y est, on échange trois mois, je lui file une part de gâteau et ça me fait prendre la confiance ? N’importe quoi. « Non. » Je n’arrive pas à croire qu’elle pose une question pareille, elle me surestime bien sûr. Même dans mes rêves les plus fous je ne fais pas de gâteau aussi bon et aussi beau. « Faut pas trop en demander non plus. » je continue avec un sourire en coin. Je ne sais pas ce qui se passe, mais elle dégage un truc qui la rend… amusante, toute étant piquante. Je pose mes mains sur le plan de travail et y prend appui pour m’y asseoir. Je me mets à l’aise, comme si j’avais l’intention de rester là encore un peu. Juste le temps qu’elle finisse son sandwich du moins.

« C’est Lia, la femme de Johan. » Ce n’est pas tout à fait cela, mais c’est tout comme. De toute façon, ils prévoient de se marier, donc c’est comme si c’était fait, non ? Puis je ne sais pas trop comment l’appeler, copine ? Elle est tellement plus que ça. Mère de sa fille ? Non, pas uniquement. Vous voyez, femme, c’est très bien. Enfin bref. Donc elle travaille bien au Husk, et là, lààà, je suis pris de panique, me demandant ce qu’elle peut bien faire à ce bar, être serveuse non ? Elle n’aurait pas repris son ancien job quand même ? Non, impossible… je secoue la tête, tentant bien que mal de chasser ces pensées de mon esprit. Pense au travail, au fichu code de travail qui oblige d’avoir une pause en cas de six heures consécutives exécutées. Mais je n’ai franchement aucune envie de parler de ça avec elle, il est tard, je suis fatiguée, et contre toute attente, l’atmosphère est légère… Profitons-en.
« Fais gaffe, ça va bruler. » je saute du plan de travail, la contourne et m’approche de la poêle pour retourner son pain au fromage. Parfois, quelques secondes d’inattention suffisent à faire brûler un repas et vu à quel point son estomac crie famine, ce serait dommage.

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Je croise son regard noir et je lui offre un grand sourire innocent et légèrement moqueur. Je hoche la tête en reprenant de beurrer mes tartines de pain, comme si j’étais vraiment sympa de le lui rappeler. Je veux le faire chier, mais rentrer dans son jeu m’amuse encore plus. « Je suis du genre sympa, tu ferais bien de le retenir. » j’explique comme si c’était naturellement vrai. Enfin, ça l’est je ne suis pas du genre à être méchante en soit, mais lui des fois il me sort tellement par les yeux que j’ai envie de l’étrangler aussi!! Alors les mots sont un bon bouclier. Il s’agite alors que je lui donne mon âge et sa réaction me fait sourire, ça a l’air d’être un choc. Ne savait-il donc pas que nous étions aussi éloignés? Je ne sais pas comment je dois le prendre… quel âge me donnait-il putain de merde? Sa réponse m’arrache un petit rire, gênée de rire en sa présence je baisse les yeux vers ce que mes mains sont en train de faire pour éviter de faire n’importe quoi. Et surtout, éviter son regard. « L’alcool est vraiment mauvais pour les personnes âgées hein. » s’il en a carrément oublié mon âge c’est fou. Il est clairement marié à quelqu’un qu’il ne connaît pas. Bon je ne le connais pas bien plus c’est sûr, mais je savais que l’on a quasiment dix ans de différence.

Non? Il n’a pas cuisiné pour son anniversaire? Qui l’a donc fait? Est-ce qu’il a trouvé une petite femme pour lui faire. Je ne comprends pas… il n’a vraiment pas besoin de moi en fait. Je relève la tête vers lui pour l’observer un instant. Pourquoi m’a-t-il demandé de rester mariée avec lui s’il a une femme qui lui fait un gâteau pour son anniversaire? Moi je ne savais pas que c’était aujourd’hui en plus. Et je me rends compte que je ne lui ai même pas souhaiter… je suis une piètre femme à côté de celle qui cuisine pour lui. « Joyeux anniversaire au fait. » je rajoute avant d’oublier comme une idiote. Je sors des placards que je commence à connaître, j’ai dû m’y faire seule puisque je ne pouvais pas lui demander à lui. Hors de question de m’abaisser à aller lui parler pour lui poser ce genre de question. Même si ce soir on parle normalement… comme si de rien n’était, c’est presque étrange d’ailleurs. Lia… la femme de Johan. Oups? Merde. Je me sens con. Mmh. Johan c’est lequel déjà? Je sais que c’est un de ses collègues qui m’ont pris la tête à Vegas. « Le blond avec un accent sexy? Ou le brun taré qui voulait me tuer d’un regard? » bon le brun est sexy aussi faut dire. Je me demande si c’est un critère de recrutement dans leur boite. Mais j’ai vite déchanté alors que je me faisais presque insulté dès le matin avec une sacré gueule de bois… pas vraiment mon meilleur souvenir de cette soirée. Qui sont assez restreints faut dire. Je tente de remettre le prénom de Johan, je sais qu’il a été prononcé plusieurs fois, et l’autre c’est Dimitri je crois, mais tout se mélange. Je sors une assiette et des couverts, même un verre tiens. « Tu en veux un? » je lui demande en lui montrant le verre dans mes mains alors que je suis plus loin de lui pour fouiller dans les placards. Je fronce les sourcils alors qu’il saute du plan de travail. « Mais non ne t’inquiète pas… » il arrive avant moi devant mon sandwich qui ressemble à un croque monsieur finalement. « Merci. » je souffle alors qu’il le retourne et que j’arrive près de lui. Je me mordille la lèvre, gênée. Je le remercie un peu trop ce soir bordel de merde. Ça m’énerve. Pourquoi est-il aussi gentil? Je gère quand il est une tête de con au moins, là je ne sais pas comment réagir, je suis plus gênée qu’autre chose. Je vais donc nous chercher de quoi boire quelque chose alors qu’il a l’air de gérer la cuisson, surprenant puisqu’il a dit qu’il ne savait pas cuisiner. « Tu ne sais pas cuisiner? Ou tu n’aimes pas ça? » je l’interroge à nouveau, surtout histoire de savoir si mon repas est entre de mauvaises mains. Qui est-ce que tu essaies de convaincre là Cha’? Il faut bien l'avouer, il t'intrigues ce gars.

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Son sourire innocent manque de me faire flancher. Roh sérieux, pourquoi elle me regarde comme ça ? C’est typiquement le genre de regard, de sourire, que dis-je, de femme tout simplement, qui me ferait tourner la tête. Dans d’autres circonstances bien sûr, dans un autre contexte, si la situation était différente, si nous nous étions croisés au coin d’une rue, par hasard ou dans un bar, je l’aurais accosté, je lui aurais fait mon sourire ravageur, je lui aurais jeté un regard débordant de sous-entendu et nous aurions passé la soirée à flirter. Nous nous serions cherchés, je lui aurais payé à boire et on aurait passé la nuit à danser. Je secoue la tête, me demandant ce qui peut bien me passer par la tête pour avoir des pensées pareilles. C’est peut-être ce qui est arrivé le fameux soir à Vegas et avec notre taux d’alcool dans le sang, une chose entrainant une autre, nous aurions fini devant Elvis. Hm. Possible. Probable. Nous ne le saurons jamais, à part si notre mémoire revient enfin.

« Je l’ai déjà bien retenu, t’inquiète pas. » Répondis-je sur le même ton qu’elle lorsqu’elle évoque sa sympathie. Je me souviens encore de quand j’ai dû aller la voir pour la convaincre de rester mariés. Sûrement un des pires moments de ma vie, elle n’a rien voulu entendre ! J’ai ramé rien que pour qu’elle m’accorde quelques minutes pour discuter. Elle a un putain de caractère et elle ne se laisse pas faire, on ne s’en douterait pas lorsqu’on voit son air angélique. Une nouvelle fois, j’ai le droit à une petite pique concernant mon âge. Elle trouve réellement que la différence est si grande ? Je hausse les épaules, peu importe ce qu’elle pense en réalité. « Heureusement que maintenant j’ai une femme pour me surveiller. » je réponds sur un air taquin, mais sans pour autant la regarder non plus. C’est plus simple pour ne pas être mal à l’aise ou pire, perturbé.

Elle ne cesse de me surprendre, comme lorsque j’entends les mots joyeux anniversaire sortir de sa bouche. J’écarquille presque les yeux, ne m’attendant pas à ce genre de phrase de sa part. Euh... « Merci. » Répondis-je simplement, quoi ajouter de plus ? Cette fois, je relève mes yeux vers elle, cherchant son regard. Vu la connerie que je m’apprêtais à sortir, je ne voulais pas rater sa réaction. « J’ai droit à un cadeau ? » je demande avec un sourire en coin. Ca ne devrait pas se passer comme ça… Nous sommes censés nous ignorer, passer le moins de temps ensemble et voilà qu’on se retrouve à discuter, presque se provoquer et… C’est appréciable, c’est ça le pire. « Comment ça sexy ? » Les mots sortent de ma bouche spontanément, beaucoup trop spontanément. Heureusement, je me retiens de lui faire remarquer qu’elle a épousé le plus sexy des trois, mais ça, elle n’est pas encore prête à l’entendre.
Elle prépare ensuite la table, sort les couverts, des assiettes et… un verre de vin. Finalement, la soirée ne va peut-être pas s’arrêter là. « Bien sûr. J’ai même un alcool spécial anniversaire. » je lui annonce, ce n’est clairement pas une bonne idée de boire ensemble vu les dernières conséquences… Mais fe toute façon, on s’est déjà marié, je ne vois pas ce qu’on pourrait faire de pire. Remarquant son sandwich sur le feu prêt à bruler, je saute du plan de travail pour me retrouver derrière la poêle. « Hmmm, c’est surtout que je ne prends pas le temps et je n’ai pas la patience de nettoyer ensuite. » Je lui confie en toute sincérité. « Je me débrouille pour quelques plats rapide, mais c’est tout. » C’est surtout que j’opte toujours la solution de facilité : prendre à emporter de l’extérieur, passer chez un membre de la fratrie… tout est bon à prendre lorsqu’on ne veut pas passer aux fourneaux. « Tu commences à t’y plaire à Tree Hill à ce que je vois, si tu as trouvé un boulot. » L’ambiance était soudainement devenue plus… légère ? En tout cas, moins tendu et c’est chelou.

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@Charlotte Rickards          

Je hoche la tête alors qu’il avoue avoir retenu que je suis sympa, c’est très bien. J’ai un sourire amusé alors que je sais que ce n’est pas le cas, il n’a aucun souvenir de notre soirée où il aurait pu me trouver sympa. Après on a fait que s’engueuler et s’ignorer, donc il ne doit pas réellement le savoir. Ça me fait pourtant plaisir qu’il l’avoue malgré tout. « C’est vrai, quelle chance tu as. » comme si j’étais là pour le surveiller. Et puis, ça ne devrait pas être le contraire? C’est lui le plus âgé, le plus responsable non? Enfin. Il a fini par épouser une totale inconnue, je ne peux sûrement pas le qualifier de responsable tu me diras. Ça va, je sais que je ne le suis pas beaucoup plus. Mais moi, on peut dire que c’est la bêtise de la jeunesse, non? Non.

Je lui souhaite son anniversaire, je ne savais pas que c’était aujourd’hui mais maintenant que je suis au courant, ce serait bizarre de ne pas le faire non? Enfin, c’est ce que je pense donc je le fais sans réfléchir plus. Pourtant il est surpris, je le saurais sûrement aussi à sa place donc je comprends. Un cadeau? Ça se réclame ça? Étant donné que je ne suis au courant de sa date d’anniversaire que depuis dix minutes à peu près il doit bien se douter que je n’en ai pas. « Hum… tu veux un bout de mon sandwich? » je demande en relevant les yeux vers lui toujours amusé par tout ça. Vraiment. Un sandwich d’anniversaire quoi. En plus, s’il a eu un gâteau comme ça comme dessert, je n’imagine pas le repas que cette femme peut faire avant. Je hausse un sourcil, c’est tout ce qu’il retient? Que son collègue à un accent sexy? En même temps, c’est celui qui était le plus posé et qui me hurlait le moins dessus ce matin là, donc forcément, celui qui a le moins de défaut. Parce qu’entre le fou furieux qui a sûrement trouvé toute les raison du pourquoi du comment je l’ai épouse et Xander qui les a avalé avant de m’engueuler… j’étais servie. J’ai un petit rire tout de même, je n’ai plus le droit de trouver un accent sexy? Je n’ai même pas dit que c’était lui d’ailleurs… mais le blond n’était pas trop mal non plus, je ne peux pas mentir. Bien que pas mon genre. « Tu ne réponds pas à ma question là. » je me moque de lui gentiment alors qu’il reste bloqué sur ce détail qui a l’air de l’avoir choqué.

Je hausse un sourcil, de l’alcool? « Je te rappelle ce qu’il s’est passé la dernière fois que l’on a bu ensemble? » je ne pensais pas boire de l’alcool avant d’aller me coucher, il me prend pour une alcoolique ou quoi? Et puis au vu de notre proportion de bêtises faite ensemble lorsque l’on boit, on devrait peut-être s’abstenir. Bien que, est-ce que l’on peut faire pire qu’un mariage? Ça m’étonnerait que l’on trouve ça ici en tout cas.
Je hoche la tête en écoutant ses explications, ne pas prendre le temps et grosse flemme. Un mec quoi finalement. Avec Corey, c’était moi qui cuisinais aussi, mais je ne sais pas si c’était pour les mêmes raisons ou juste parce que j’étais la « femme » . Corey était spécial de ce côté-là et au vu de son départ, je me dis que je n’ai vraiment rien loupé. Même si j’en était très amoureuse et que ça m’a vraiment attristée de voir que je ne comptais pas autant pour lui. Xander a eu le droit à quelques restes dans le frigo depuis que je suis là, mais je n’ai jamais réellement cuisiner pour lui vu que je pensais mon temps à l’éviter et à cuisiner lorsqu’il était au boulot. C’était plus facile pour l’éviter. Ça me fait de la peine de savoir qu’il se nourrit sûrement que de restau ou de choses rapides. « Je vois. C’est dommage, cuisiner ça détend. » j’adore ça, ça me vide mes pensées et m’occupe les mains. Et puis avec les années je m’améliore donc quand je goûte c’est toujours meilleur et ça fait plaisir ça. À m’y plaire? Je hausse les épaules alors que je m’approche du feu pour l’éteindre et pose mon sandwich dans mon assiette. « Je ne sais pas, je m’y habitue on va dire. Mais je ne voulais pas m’ennuyer plus longtemps surtout, fallait que je m’occupe. » même si c’est seulement en portant des plateaux avec des boissons ou des frites. Au moins je vois des gens, je peux discuter que ce soit avec mes collègues ou les clients. Ici je commençais à dépérir, en même temps on s’évitait au maximum pour ne pas avoir d’échange, donc forcément ça n’aide pas. « Tu as toujours vécu ici? » je ne connaissais pas cette ville et voilà que mon mari et même mon géniteur y vivent. Enfin, vivait pour mon père puisqu’il est mort depuis quelques temps. La lettre enfouie dans mon tablier du Husk pour la cacher à Xander me paraît plus lourde d’un coup. Même si ça se passe mieux ce soir je ne me vois pas lui parler de ça maintenant.

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Ses sourires sont contagieux, pourtant, je tente d’être le plus impassible possible avec elle. Je ne veux pas créer de liens, ni quoi que ce soit d’autre, histoire que ce soit plus simple pour nous deux. Mais comme quoi, il suffit d’une soirée pour que mes résolutions volent en éclat, c’est super ça. Si elle pense que de mon côté j’ai de la chance de l’avoir pour me surveiller, elle par contre, ce n’est pas trop son cas. « Toi par contre, t’en as pas beaucoup de chance. » Après tout, elle a dû tout quitter pour me suivre, sa vie, son travail, ses amis et sa famille. Je ne connais pas de détails sur sa vie personnelle, à vrai dire, je sais seulement qu’elle s’appelle Charlotte, qu’elle a vingt-neuf et qu’elle vivait à Vegas. Encore aujourd’hui, je ne sais pas comment j’ai fait pour la convaincre de me suivre, nous sommes partis de tellement loin et je me souviens de la façon dont elle m’a ignoré lorsque je lui ai proposé ce deal, elle ne voulait même pas me parler.

Hm. C’est difficile à avouer, mais c’est gentil de sa part de souhaiter mon anniversaire. Je déteste le fêter d’habitude, c’est juste cette année, je ne sais pas, je me suis laissé emporter. A mon tour d’être un peu taquin en lui réclamant un cadeau. Elle a pas mal de choses à m’offrir et je ne parle pas de biens matériels bien sûr. Je souris comme un abruti lorsque mes pensées commencent à prendre une tournure à laquelle je ne m’attendais pas forcément. Sa réponse me fit d’ailleurs sortir de mes pensées. Son sandwich a l’air appétissant, mais n’abusons pas hein. « J’espérais mieux... » Soufflais-je en secouant la tête. En plus, vu le bruit que son ventre poussait, je vais plutôt la laisser le manger en entier. Je n’ai spécialement pas faim de mon côté. Lorsqu’elle utilise le mot sexy, je réagis au quart de tour, sûrement trop spontanément. Je n’aurais pas dû, je m’en fiche d’ailleurs de ce qu’elle peut penser. Et pour aller jusqu’au bout, elle continue à se moquer en me rappelant que je n’ai pas répondu à sa question. « Oups. » je réponds sur le même ton moqueur en haussant les épaules.

Lorsqu’elle commence à mettre la table, je me dirige vers mon armoire à vin pour en sortir une bouteille. Le vin rouge est mon préféré, je l’ai goûté lors d’un voyage en France et depuis, j’en suis dingue. Sa question me fit sourire pendant que je cherche la bouteille, j’eu exactement les mêmes pensées il y a quelques instants. « Justement, difficile de faire pire, non ? Au pire tu me m’épouseras une seconde fois. » rétorquais-je avec un ton plus élevé pour qu’elle m’entende. Quelques secondes plus tard, je retrouve ma place à ses côtés en déposant la bouteille sur le plan de travail. Sa question sur la cuisine me surprend, mais j’y réponds assez franchement. Je suis un flemmard sans précédent, elle va vite s’en rendre compte. Je n’ai pas suffisamment cuisiné pour me rendre compte si ça détend ou non, en tout cas, elle en parle comme une personne qui a l’habitude de passer de longs moments derrière les fourneaux. « Tu aimes bien toi ? » je demande en lui retournant la question. « Tu te débrouilles pas trop mal, en plus. » je continue en haussant les épaules. Ce n’est pas un secret pour elle que je me sers dans les restes qu’elle laisse dans le frigo. Elle doit s’en rendre compte les matins lorsqu’elle ne trouve plus rien.

Difficile pour moi de ne pas faire de commentaires sur son nouveau travail. Je lance même une petite pique sur le fait que Tree Hill pourrait commencer à lui plaire. Puis je me souviens qu’elle ne connait personne ici. « Tu pourrais peut-être rencontrer Lia et Poppy ? Les femmes respectives du blond avec un accent sexy et du brun taré qui voulait te tuer d’un regard. Ça te fera des connaissances. » je propose, en me rappelant que les filles m’ont plus d’une fois demandé de la ramener avec moi, mais je n’en ai jamais eu le courage, préférant la laisser à part et ne pas l’inclure dans ma vie. Je me racle la gorge avant de prendre la parole, comprenant peut-être la raison de ce nouvel emploi. « Hm, nous n’avons jamais vraiment parlé de ça, mais si un jour t’as besoin d’un truc, faut pas que tu te sentes gêné de me le demander. » je dis alors en parlant trop vite. Parce que c’est compliqué pour moi de dire ce genre de truc. « Je sais que tu le feras jamais, mais je veux quand même que tu le saches. » je complète ensuite.

Heureusement, notre discussion dévie sur autre chose, sur cette ville dans laquelle j’ai toujours vécu et dans laquelle elle vit actuelle. « Ouais, toujours. Et toi ? J’imagine que tu n’es pas née à Vegas. » je m’avance peut-être sur un terrain risqué, mais elle a posé la question en premier.

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@Charlotte Rickards        

Je ne sais pas vraiment ce qui se passe ce soir, ce n’était pas censé se passer comme ça. Il était censé être au lit lorsque j’arrive, comme les autres soirs. Foutu anniversaire. Le voilà a discuter avec moi, à me faire rire putain. Comment est-ce que j’arrive à être aussi détendu à ses côtés alors que je ne veux que le détester? Il me fait chier. Je hausse les épaules, je ne me considère pas comme une femme chanceuse et ce, depuis que je suis née. S’il croit y changer quelque chose, il se met le doigt dans l’œil et bien profond. Il est énervant et pas du tout prévu dans ma vie, mais pour l’instant il n’est pas la pire chose qui me soit arrivé. Mais avec des parents qui sont partis en courant en apprenant mon existence, une enfance à chier et un mec qui te joue aux cartes j’imagine qu’il ne peut pas encore rivaliser au même niveau.

Il n’a pas voulu passer sa soirée avec moi chez ses amis mais il veut quand même un cadeau? N’est-il pas un poil culotté ce gars? Mieux? Je comprends le sous-entendu, enfin je pense parce qu’il n’est pas hyper discret non plus faut dire. « Mieux que ce sandwich? Impossible. » j’explique alors que ma faim parle sûrement pour moi, mais j’en ai que faire. Je ne l’embrasserais pas, ne finirait pas dans son lit ni même ne lui ferais un gâterie. Ce contrat entre nous, on a précisé que c’était sans sexe alors qu’est-ce qu’il croit? Que je suis du genre à me mettre nue aussi facilement? Mh. Bon, je retire cette question, il m’a connu escort girl, bien sûr que c’est ce qu’il pense de moi. Même si je ne couchais pas avec mes clients, il a été le seul à avoir ce privilège. Je roule des yeux alors qu’il lâche un oups, mes fesses oui. Il n’y réponds toujours pas, nan mais oh. Je finirais certainement par le savoir et je ne me gênerais pas pour dire que ce mec est sexy, pas seulement son accent, il ne sait pas avec qui il joue lui.

Je me sors des couverts pour dîner tranquillement et il me surprend en me proposant de l’alcool alors que je voulais être polie en lui proposant à boire. Mais de l’eau quoi. Alcoolique qu’il est. Est-ce que je devrais m’inquiéter? Bof. Ce n’est pas mon taff ça, il a des amis pour ça. « C’est vrai. Alors là, hors de question. J’ai fait la connerie une fois, je ne suis pas assez idiote pour y revenir. » j’explique en roulant des yeux, il me prend pour qui sérieux? Je suis coincée ici maintenant, j’ai assez de problème pour recommencer tout ça. Et puis une deuxième engueulade dès le matin? Très peu pour moi. Je récupère mon croque monsieur dans mon assiette et tourne la tête vers lui avec un sourire et hochant la tête. « Oui, c’est agréable, ça me fais penser à autre chose du coup ça me détend. Et puis j’adore manger, donc l’un ne va pas sans l’autre. Et merci. » un compliment? Ou je rêve? C’est sûr que je rêve, je ne suis pas sûre que ce genre de chose puissent sortir de sa bouche. Mon dieu, pincez-moi.

Je hausse un sourcil alors qu’il me propose de me présenter les femmes de ses amis, c’est à rien y comprendre. On dit que les filles sont compliquées, mais ces gens n’ont sans doute pas rencontrés Xander Rickards putain. « Je ne sais pas, tu as envie de partager tes connaissances avec moi? » on ne dirait pas, puisque je ne les ai jamais vu alors que ça fait déjà un peu plus d’un mois que je suis là. Ce soir aurait été une merveilleuse occasion d’ailleurs. Mais bon, puisqu’ils doivent savoir ce qu’il en est entre nous, on a pas besoin de se montrer en tant que couple avec eux, ça doit lui faire du bien. Je n’ai pas cette chance puisque je dois faire semblant devant tout le monde, je n’ai confiance en personne ici. Même pas lui. J’enfourne un bout de mon sandwich dans la bouche à l’aide de ma fourchette et je hausse un sourcil en mâchant. Ne pas hésiter? Tu m’étonnes. Ce serait bien la dernière personne à qui je viendrais demander quelque chose, si c’est pour que ça me retombe dessus comme le matin de notre mariage… flemme. J’ai tout de même un petit sourire, il ne me connaît pas beaucoup, mais assez pour savoir que mon égo m’interdirait d’aller le trouver pour ce genre de chose. « C’est gentil en tout cas. » lui… gentil. Putain. Quelque chose à réellement changer ici, jamais je n’aurais pu dire quelque chose comme ça sinon. Bordel de merde. On a changé de monde? On est dans une nouvelle dimension et je ne m’en suis pas rendue compte? Shit. « Comment le sais-tu? » je l’interroge, j’ai pas une tête de fille qui est née à Vegas? « Mais tu as raison, je viens du Texas, d’Austin plus précisément. » je l’informe à mon tour. Cette ville me manque des fois et puis je me rappelle qu’il n’y a rien ni personne qui m’y attends et ce sentiment s’échappe aussi vite qu’il est arrivé.

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C’est calme. Vraiment. C’est un peu trop calme. Nous réussissons même à avoir une discussion, à tenir quelques phrase. Je ne sais pas ce qui se passe, je ne comprends pas, car lorsque nous avons essayé d’échanger à notre réveil à Vegas,, c’était des hurlements, des cris, impossible de se comprendre. Puis quelques jours plus tard, lorsque j’ai essayé de la convaincre de me suivre, c’était une vraie tête de mule, elle ne m’écoutait pas, elle ne voulait pas m’accorder du temps, vraiment, une catastrophe. Puis là, finalement, après des jours à s’éviter comme la peste, nous réussissons enfin… C’est dingue. J’ai bien du mal à y croire. Pourtant, c’est réel et même appréciable.

« Je t’assure que si. » Je dis en arquant les sourcils et avec un sourire en coin débordant de sous-entendu. Comment ça elle n’a pas mieux à m’offrir que ce sandwich ? A la lueur de son regard, j’ai l’impression qu’elle a très bien compris où je voulais en venir. Et pourtant… Non. Je secoue la tête. Franchement, c’est scandaleux d’avoir une escort à la maison et de ne pas bénéficier de ses services. Je pourrais lui proposer de la payer, mais dans ce cas, c’est sûr, elle m’étripe, elle me torture, elle me mutile et elle balance mon corps du haut de la plus grande falaise de Tree Hill. Pourtant, c’est hyper tentant, c’est mon anniversaire bon sang ! Je reformule une phrase qui passerait mieux, histoire de tenter ma chance. « Si quelques bribes de souvenirs te reviennent, tu… » je fais un signe de la main et m’interromps finalement. « Laisse tomber. » je secoue la tête en soupirant. Dans quoi m’apprêtais-je à me lancer, sérieux ? Je préfère ne même pas l’envisager. De toute façon, nous avons établi un contrat, alors autant le respecter.

Je me dirige vers l’armoire et sors ma bouteille de vin rouge que je laisse pour les occasions. Bien que l’alcool ne nous va pas et nous pousse à faire des folies, je me dis que nous avons déjà fait la pire en franchissant des limites. Je lève les yeux au ciel à l’entendre dire qu’elle a fait la connerie une fois et qu’elle n’est pas assez idiote pour retenter l’expérience. J’ai au moins trois phrases poignantes qui me viennent en tête. « Tu sais combien de femmes ont essayé de m’extorquer une promesse de mariage ou de fidélité ? » Et maintenant que pour la première fois je me retrouve embarqué dans cette expérience malgré moi, madame n’est pas contente. « Enfin voilà, tu n’as rien à craindre. » je dis sur un air de défi. Je prends une inspiration et pose la bouteille de vin à côté des verres qu’elle a sorti. Est-ce que je peux faire le gros relou ? Lui dire qu’on pire on couchera ensemble et je pense qu’il y a pire que de coucher avec moi. Le mot mari a toujours du mal à sortir, j’ai même du mal à le penser. Mais je n’ai pas envie d’avoir l’air de mendier son corps ou une nuit avec elle. Ce n’est pas le cas, puis ce n’est pas forcément envers elle. C’est juste que… je ne suis pas fait pour l’abstinence.

Je ne sais pas pourquoi vraiment, je vous jure, je ne sais pas comment j’en viens à lui parler de Lia et Poppy. Parce que si je voulais qu’elle les côtoie, je lui aurais proposé de m’accompagner ce soir. Je ne sais pas si j’ai envie qu’elle connaisse mon entourage, mon cercle privé, mes amis. « Je n’en sais rien. » Je réponds en soupirant et en haussant les épaules. Parce que c’est la vérité. « Mais j’ai pas non plus envie de t’enfermer ici dans tout ça. » continuais-je en détournant mon regard, faisant mine de chercher le tir bouchon pour ouvrir la bouteille. Je ne sais pas dans quoi on s’embarque dans ce mariage, en tout cas, ce soir, je suis beaucoup trop transparent avec elle et ce n’est pas bon du tout.

C’est gentil ? Euh… Si elle le dit. « Euh... Ouais. » je réponds vaguement parce qu’elle me prend au dépourvu et que pour la première fois depuis longtemps, je ne sais pas trop quoi dire. « Personne ne nait à Vegas. » c’est une ville où les gens viennent pour s’amuser par pour fonder une famille. « J’ai jamais été au Texas, c’est comment là-bas ? » je demande assez curieux de savoir si elle a eu une vie avant Vegas et à quoi elle ressemblait.

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Je suis surprise de voir que l’on peut discuter normalement, mais en même temps ça a bien dû être le cas à un moment donné. Impossible que je me sois mariée au con qui me râle dessus dès le matin. Ou alors je suis réellement la pire des idiotes mon dieu. Des hommes canon qui viennent payer pour mes services, j’en ai vu défiler depuis que je travaille dans ce casino. Mais jamais je n’ai passé une soirée à visiter Las Vegas, à boire à outrance à ses côtés et à finir par faire des conneries comme se marier et coucher avec. En général, je le faisais boire lui et je gérais le reste de mon boulot. Mais tout était professionnel de mon côté en tout cas. Xander a brisé ça ce soir-là et je me suis retrouvée unie à lui. Je fais tourner mon alliance avec mon pouce autour de mon annulaire, comme pour me rappeler qu’elle est bien là. Unie pour la vie putain. Qui boit à ne plus se souvenir qu’elle s’est mariée? Je reste la pire des idiotes quoi qu’il arrive finalement.

Ses sous-entendus, qui n’en sont pas vraiment puisque c’est tellement gros que je comprends tout directement, m’énervent. Qu’est-ce qu’il veut? Que je l’attende sur son lit avec un nœud autour de moi, totalement nue? En fait, il a déjà trop bu. S’il croit qu’une telle chose arrivera un jour il rêve les yeux grand ouvert! Coucher ensemble risquerait de tout gâcher et notre contrat tomberait à l’eau. Ce n’est pas ce que l’on veut ni l’un, ni l’autre. Alors qu’il se tienne. Bordel, il ne peut donc pas se retenir pendant un an? Les hommes sont vraiment tous des imbéciles qui ne réfléchissent qu’avec leur cerveau entre leur jambes mon dieu. Quelques bribes de souvenirs? Je hausse un sourcil, qu’est-ce qu’il veut dire par là? Que je laisse tomber? Bordel. J’ai autant envie de le secouer pour savoir que de me taire pour ne pas qu’il m’en dise plus. Pourtant je m’entends demander : « Je quoi? » idiote. Idiote. Idiote. Ouais. Triple idiote. Je suis sûre qu’il va dire de la merde, et moi qu’est-ce que je fais? Je tombe dedans directement. Je me fatigue.

Il sort quand même sa bouteille de vin malgré ce que je peux dire, il est têtu. Mais j’imagine qu’un verre ne peut pas nous faire de mal, on sait tous les deux qu’il nous faut plus que ça. Combien de femmes qui ont quoi? Je le regarde franchement surprise et fini par éclater de rire alors qu’il est totalement sérieux. Non mais l’égo de ce gars. Complètement fou. Il est tombé sur la seule femme qui n’en a rien à faire de lui ou de son argent et alors quoi? Il est frustré petit bonhomme? C’est fou ça hein. « Non, mais va y dis moi combien de ces femmes je rends terriblement jalouse en t’ayant dis oui. » je l’interroge en entrant dans son jeu. Est-ce que l’un d’entre elles va me retrouver et tenter de m’agresser? Comment ça je me crois trop dans un film? J’ai épousé ce gars que je ne connais pas devant Elvis complètement bourrée, je peux me croire dans un film si j’ai envie okay! « Rien à craindre, de toi ou d’elles? » je ne peux m’empêcher de me moquer de lui. C’est plus fort que moi, toujours il faut que je l’embête. Son air suffisant et sûr de lui m’énerve, il faut qu’il redescende et que sa tête dégonfle putain. C’est ma mission.

Lia et Poppy. Elles sont intrigantes ces femmes, déjà parce qu’elles ont l’air de bien aimer mon mari, ce qui est une énigme pour moi et puis elles sont mariées avec des fous furieux. Je ne sais pas si je dois les respecter ou les craindre… peut-être un peu des deux? J’ai un petit rire alors qu’il pense pouvoir m’enfermer quelque part. « C’est mignon de croire que tu  as ce genre de pouvoir sur moi. » personne ne peut m’enfermer quelque part. Personne ne peut faire ce qu’il ou elle veut de moi sans que je ne sois consentante. Si je suis ici, c’est parce que j’ai fini par être d’accord avec tout ça, si je suis mariée avec lui c’est parce qu’à un moment donné j’ai été okay avec ça. Jamais personne ne me force à faire quelque chose, surtout pas un homme. Depuis Corey, je tente de faire attention à ça. J’ai compris ce que je ne voulais pas dans ma vie et ça en fait parti.

Personne? Depuis quand? Nan mais le cliché. Je secoue la tête avec un petit sourire, si ça lui fait plaisir d’y croire alors soit. Mais pourquoi personne ne pourrait naître et vivre là-bas? Il y a la partie de la ville avec les jeux et les débordements certes, mais tout une partie de la ville vit ici et les gens ont le droit d’avoir des enfants. « J’ai grandis à Austin pas dans le fin fond du Texas, c’est une ville typiquement américaine tu sais, des buildings, tout ça. » j’explique en haussant les épaules pour éluder la question et ne pas me replonger dans cette partie de ma vie. Je veux oublier le Texas presque autant que Las Vegas. Je me demande si Tree Hill est la prochaine ville que je vais avoir envie d’oublier. « Et ici? Ça a l’air d’être une petite ville ou tout le monde se connaît. C’est comment? » je demande légèrement jalouse face à son enfance sûrement bien moins pourrie que la mienne. Je sais qu’il a plusieurs frères et sœurs et qu’un jour je vais devoir les rencontrer, mais je ne veux pas le forcer à quoique ce soit. Mentir pour son boulot, c’est une chose, je me doute que mentir à sa famille c’est autre chose. « Tu es proche de tes frères et sœurs? » je me demande ce que c’est que de grandir avec une fratrie. Je repense à ceux que je viens de découvrir dans cette lettre et me demande ce que j’ai loupé, est-ce que je vais finir par avoir le courage d’aller les rencontrer? De nouer quelque chose avec eux? Est-ce que j’en ai envie? Et surtout est-ce que je suis prête à être déçue?

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Putain, je m’en veux de n’avoir gardé aucun souvenir de la soirée à Vegas. Les gars ont été capables de retracer le début de soirée, lorsque nous avons joué au poker et au black jack, ils se moquent à chaque fois de moi en me rappelant à quel point j’ai été hypnotisé dès que Charlotte a débarqué dans la salle. Maaaais, j’ai voulu m’isoler avec elle et j’ai échappé à leurs yeux. De mon côté, j’ai quelques flashs de temps à autre, mais rien de bien précis. Je n’arrive pas à comprendre comment nous avons pu finir devant Elvis et ce tatouage sur la fesse bordel… Je soupire. Je ne suis pas sorti de ma peine avec elle. C’est ce que je pensais jusqu’à présent et là, surprise, je découvre que nous sommes dans la capacité de tenir une discussion. C’est à ne rien comprendre.

Mes sous-entendus sont tellement gros que je suis surpris qu’elle ne les comprenne pas. Ou alors, elle doit les comprendre mais ne pas relever. Signe incontestable qu’elle n’est pas d’accord avec moi. Tant pis, j’aurais essayé, j’aurais tendu une perche. Non mais sérieusement, qu’est-ce qui m’a pris ? Sur le moment, j’étais tellement désespéré, cherchant n’importe quelle solution pour me sortir de ce pétrin que le contrat me semblait être la meilleure solution. Je n’ai pas réfléchi aux conséquences qu’il pourrait avoir, comme par exemple le fait que je ne pourrais plus aller voir ailleurs pour que ce mariage reste un minimum crédible. Manquerait plus qu’on me traite d’infidèle. En même temps, je ne sais pas, je me suis découvert une morale ou une conscience incorruptible qui m’empêche de regarder d’autres femmes. Je soupire. Je désespère sérieux, je ne suis pas un homme qui connaît l’abstinence, ce ne serait pas bon pour ma santé. Elle veut vraiment que j’en dose plus. Je m’approche doucement d’elle, plantant mon regard dans le sien pour la défier. « Tu as envie de le savoir hein… » Ma voix est plus basse, mon ton plus doux. Pourtant, j’ai toujours cet air de défi sur le visage. Je ne saurais pas vous dire à quoi je joue, mais je joue.

Je continue à la fixer quelques secondes, comme si j’étais incapable de détourner mon regard d’elle. Je ne sais pas si c’est la couleur de ses yeux ou ce que j’y lis, mais c’est… hypnotisant. A ma grande surprise, elle éclate de rire. Tiens, ce n’était pas mon intention, mais elle rit quand même. D’un rire cristallin, doux, presque contagieux. Mais je ne vais certainement pas me mettre à rire sans savoir pourquoi. Ah ok, donc elle se moque de moi en fait. Je secoue la tête, sourire amusé sur les lèvres. « J’ai arrêté de les compter, je ne saurais pas te donner un nombre exacte. » Je lui réponds sur le même ton qu’elle en m’approchant encore une fois d’elle. Je joue à un jeu dangereux, mais je sais être de maître de moi. « Me concernant, je peux rien te promettre, désolé. » je dis en m’approchant toujours. Je pourrais m’y perdre dans ses yeux putain, je pourrais balayer toutes mes craintes d’un revers de la main et me rapprocher d’avantage d’elle. Mais je suis plus fort que toi.

Elle continue à se moquer de moi et bon sang, ça m’agace. Je me suis sûrement mal exprimé, je voulais juste souligner que je me rendais compte qu’elle était dans une ville qu’elle ne connaissait pas, entourée de personne dont elle ne savait rien. Mais si elle ne le voit pas de cet œil, tant mieux. « Tu me trouves mignon maintenant ? » Je décide de la titiller un peu, parce que ce n’est pas drôle si elle est la seule à se moquer. Voilà ! Elle dit avoir grandi au Texas et j’ai bizarrement envie d’en savoir plus, je suis curieux, je veux en savoir plus sur son passé, sur son enfance. Mais je suis déçu de constater que sa description est assez brève. « Ah, dommage. Je commençais à t’imaginer avec le chapeau de cowboys et tout ça. » je dis en pouffant de rire. Je hoche la tête pour approuver ses propos concernant Tree Hill. « Tu l’as bien décrite. C’est calme, petit, un esprit familiale. Tout le monde se connaît, on croise souvent les mêmes personnes… Mais c’est chouette, on a un sentiment d’appartenance du coup. » Tout va très vite, les rumeurs prennent une ampleur monumentale et certaines s’amusent même à les proliférer. A son tour elle pose une question sur ma famille, mes frères et sœurs. « Plutôt oui. » Mon visage se ferma soudainement. Je ne savais pas trop comment aborder ce sujet. C’est délicat. Je ne veux pas lui en parler, c’est trop tôt, je ne la connais pas assez, je n’ai pas suffisamment confiance, voire pas du tout. Mais en même temps, elle sera bien amenée à les rencontrer un jour. Et si elle les rencontre, il vaut mieux qu’elle connaisse l’histoire des Rickards. « Ils ne vont pas comprendre ce mariage sortit de nulle part. Ils vont nous noyer de questions. » je préfère la prévenir.

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Je relève les yeux vers lui alors qu’il s’approche et je hausse un sourcil à son intention, qu’est-ce qu’il pense faire ça? Il veut que je le frappe? Parce que je peux le faire. Surtout s’il me prive de mon espace vital sans que je ne l’ai invité à le faire. « Pas spécialement, mais toi tu avais l’air d’avoir envie de le dire. » je croque dans mon sandwich et je me sens tellement mieux. Je commençais à avoir drôlement faim, surtout maintenant que je ne bossais plus mon attention était surtout concentrée sur ma faim.

Arrêter de les compter? Non mais ce qu’il ne faut pas entendre. Sérieux, jusqu’où va l’égo de ce type? « Vaut mieux entendre ça que d’être sourd, j’imagine. » je secoue la tête alors que je reprends un bout de sandwich, il s’approche à nouveau. Bientôt il va me voler mon air. Pour quelqu’un qui ne voulait pas me croiser pendant un mois entier, il a changer vite d’avis non? Je pose ma main sur son torse pour l’éloigner et me reculer. « A quoi tu joues? Tu sais que ce n’est pas parce qu’on est mariés que je ne peux pas te mettre un coup de genou bien placé, hein? » au cas où il n’avait pas compris. Pas de sexe, mais pas de rapprochement non plus. On ne peut pas se voir, qu’est-ce qu’il attend de moi? Je suis juste un corps de femme donc d’un coup c’est plus intéressant? Ça me dégoute.

Je pouffe à sa réplique. « Non, c’est ton idiotie que je trouve mignonne. » jamais je n’avouerais à voix haute que je le trouve mignon, plutôt crever. Ses chevilles vont prendre un tel volume qu’on entendrait sûrement parler pendant des jours, des mois même. Avec ma chance et son égo, peut-être bien des années. Comment ça je suis dans l’abus? C’est lui ouais. J’ai un sourire alors qu’il me parle de chapeau de cowboy et secoue la tête. « Bien sûr que j’en avais un, je ne serais pas une vraie Texane sinon. » je confirme, un peu fière tout de même de mes origines. Bien la seule chose que ma légué ma mère et qui me rend fière. Je suis un peu curieuse de cette histoire de testament pour voir à quoi ressembler mon paternel. Est-ce que les frères et sœurs qui m’attendent pour cette histoire d’héritage me ressemblent? Est-ce que l’on a des traits ou bien un petit quelque chose en commun? J’avoue que ça me plairait peut-être un peu, avoir quelque chose en commun avec quelqu’un dans ce monde. Quelqu’un à qui me rattacher et sur qui je pourrais compter. Enfin cette partie, j’aimerais aussi, mais j’imagine que comme d’habitude, je ne serais que déception. Les gens sont tous décevant. Un espoir et boum, ils déçoivent. Xander par exemple a été sûrement le parfait gentleman, pour que j’en vienne à l’épouser il devait être même parfait sur tous les points. Il cochait certainement tout les points de cette fucking liste imaginaire de l’homme parfait. Et puis… pouf. Il est redevenu lui-même et m’a descendu dès le réveil. Tout était de ma faute, je l’ai même forcé à se marier avec moi d’ailleurs. À aucun moment il ne s’est remis en question, lui et ses copains les gros cons se sont mis à réfléchir et à beaucoup crier que c’était la merde. Jusqu’à ce que je finisse par récupérer le peu de mes affaires et leur claque la porte au nez. Décevant je vous dis. Mais il a une famille et ça c’est quelque chose que je ne connais pas alors je l’interroge. « Qu’est-ce que tu leur a dit sur nous? Sur moi? » histoire que je sois prévenue s’il m’a présente comme l’escort girl qu’il sort de son trou en parfait héros. « Nous? Je vais les rencontrer? » je demande en finissant mon sandwich. Je sais que ça parait logique pour un couple, l’étape de la famille, mais nous ne sommes pas un couple comme les autres, même si nos bagues autour de nos annulaires prouvent le contraire. « Quel genre de questions tu penses? » ça m’effraie un peu et j’aimerais être un minimum préparée à tout ça bordel. Dans quoi me suis-je lancée? Je sais que c’est la merde cette histoire de mariage, mais il y a pire encore? Pourquoi il y a toujours pire? Quand on croit toucher le fond, en fait on gratte encore et ce n’est pas fini.

And you're turning away like you hate me 

Je lève les yeux au ciel lorsqu’elle dit ne pas spécialement avoir envie de savoir. Au contraire, elle dit que je suis le seul à vouloir le dire. Très bien. Un point pour mademoiselle, enfin madame. Elle continue à manger dans son sandwich, normal, comme si de rien était, comme si, il y a quelques secondes, il n’y avait pas une petite proximité entre nous. Je secoue la tête, mais quel crétin. Bien sûr qu’il n’y a aucune proximité ! Nous sommes justes au même endroit, au même moment, c’est tout. C’est d’ailleurs la première fois que nous nous retrouvons dans la même pièce depuis notre mariage et voilà que… Je ne sais pas à quoi je joue, à faire des allusions, à essayer de la voir sourire. N’importe quoi ! D’ailleurs, elle le remarque et ne rentre pas du tout dans le jeu. PUTAIN ! Mais comment elle fait ? Pour avoir cet air si détaché, pour s’en battre complètement les steaks… Ce n’est même pas un air en réalité, elle s’en fout royalement. Et c’est surprenant. Perturbant. Elle ne devrait pas… Enfin si, mais pas aussi facilement. Elle me balance ça comme ça, normal, qu’il vaut mieux entendre ça que d’être sourd. Super. Je suis ravi.

Lorsqu’elle pose sa main sur mon torse, je suis perplexe. Je ne sais pas à quoi m’attendre, elle entre peut-être enfin dans mon jeu, mais non. Elle m’éloigne et me recadre une nouvelle fois. Gentiment. Elle est tellement détachée… Que ça devrait me rassurer, pas me décevoir. Sa demande me prend de court, je ne sais pas trop quoi raconter. « Je ne sais pas trop, j’essaye de créer un truc, mais ça ne marche pas, tu n’as pas l’air de te laisser aller. » De toute façon, nous avons été clair. Il ne se passera jamais rien entre nous, chacun fera sa vie, tout cela sera une simple comédie, du fake. Mais… j’ai émis ces conditions avant de passer un mois en total abstinence bon sang. « Tu n’oserais pas, hein ? » je demande lorsqu’elle parle de coup de genou. Argh. Je passe une main dans les cheveux et fais quelques pas en arrière, ne comprenant pas tout ce qui se passe. Je ne sais pas à quel moment la situation m’a glissé des mains, je ne sais pas à quel moment j’ai voulu me rapprocher d’elle ni pourquoi. C’est frustrant de ne pas avoir de réponses, d’agir presque naturellement, en charmant séducteur que j’ai toujours été et d’être… remis à sa place face à son indifférence. Je suis tout de même perturbé, parce que d’habitude, c’est plus simple que ça. D’habitude, je me laisse guider par mes pulsions, par mes envies que je cherche uniquement à assouvir. Je suis souvent porté par mon désir, sans penser aux conséquences, jamais. Et là, là, toutes mes habitudes sont bafouées.

Elle me parle de ma famille ensuite, sujet sensible et délicat à la fois. Ils sont ce que j’ai de plus précieux, bien que j’aie une drôle de façon de le leur montrer. Les Rickards représentent tellement pour moi, ils m’ont sauvé, ils m’ont fait grandir, ils ont toujours été là. Je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui sans eux, sans leur aide, sans la main qu’ils m’ont tendue. Mon cœur se contracte lorsque je pense à tout ce que je leur dois et à la façon dont je les remercie avec mes mensonges. « Pas grand-chose, juste que j’ai épousé la plus belle femme qui existe. » Un sourire arque le point de mes lèvres tandis que je la regarde avec cet air débordant de sous-entendu. Je ne bluffe pas, ce sont exactement ces mots que j’ai utilisés pour la décrire. Je le pense réellement. Je n’ai jamais vu de femme aussi belle, tout est parfait en elle, ses yeux, son nez, sa bouche. Tout est parfaitement bien dessiné. « Ils comprendront quand ils te verront. » je complète, sincère. Puis me râcle la gorge, à la recherche de la petite vanne qui fera retomber l’ambiance et qui lui permettra de me taquiner, encore. « Ils ne m’ont évidemment pas cru. Ils ne pensent pas qu’une femme puisse me dire oui. » je secoue la tête en riant, beaucoup plus détendu après avoir dit ça. « Je n’avais pas envie de leur cacher ça… Mais en même temps, je n’ai pas envie de leur mentir. En tout cas, tu es une Rickards à présent donc oui, il faudra que tu les rencontres.» j’ajoute avec un haussement d’épaules. Mais je ne pense pas que nous ayons le choix. « Il va falloir être très convaincant. » soufflais-je ensuite. «Ils vont se demander depuis quand notre relation dure, pourquoi nous vivions cachés... Tout ça quoi. »  je complète ensuite.

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@Charlotte Rickards