fireworks and rollerblades + caleb & mac

Depuis quelques semaines, l’humeur plutôt apaisée de Mac s’était à nouveau terni, il avait cette mine des mauvais jours, celle qu’on lui avait connue lorsqu’il était revenu à Tree Hill et que les réseaux sociaux l’avaient détruit un peu plus à chaque nouveau tweet. Visage renfrogné, le blond s’était muré dans un silence qui n’allait pas avec la personnalité pourtant si solaire qu’il avait à offrir. Le Mac de son adolescence était bien loin à présent, et si quelques pans de sa personnalité réussissaient à frapper la surface de temps en temps, les gros titres qui avaient vu son ex et son meilleur ami, ou plutôt, son ancien ami, en couple, à se dévorer du regard l’avaient achevé. Il ne l’avait pas vu venir, jamais il n’avait imaginé même qu’elle et Caleb puissent se plaire sur un aspect plus romantique. Est-ce qu’il y avait déjà quelque chose entre eux à l’époque, qu’il n’aurait pas vu ? Trop aveuglé par ses sentiments, par une loyauté à son amitié, aussi ? Est-ce qu’il avait été tellement dans le mal qu’il s’était laissé berner ? Est-ce que ça durait depuis trois ans ? Est-ce qu’il n’avait jamais compté à leurs yeux pour qu’ils s’affichent ensemble comme s’il n’avait jamais existé ? Tout ce qu’il avait pensé réel venait d’en prendre un coup, et s’il n’avait pas voulu être touché, la nouvelle l’avait percuté de plein fouet. Trois ans auraient dû suffire pour qu’il tourne la page, et il pensait sincèrement l’avoir fait, mais il devait se rendre à l’évidence : la plaie n’était pas cicatrisée. Elle brûlait, encore. « Ca va Austen ? » Austen… Personne ne l’appelait jamais comme ça, avant, mais c’était par son prénom qu’il avait choisi de se présenter, à la fac, après avoir entendu des milliers de gens hurler son surnom de villes en villes, après avoir vu son diminutif en TT sur Twitter, suivi de plein d’horreurs, Austen, ça avait fait du bien. Plus de Mac, plus d’Up Midtown, plus de musique non plus. Juste lui, et sa liberté.  

A la télé, derrière lui, des images d’un gala s’étant tenu quelques semaines plus tôt, durant lequel il avait aperçu, main dans la main, Jasmine et Caleb, encore. Eux, toujours eux, ils étaient partout. Sa collègue adorait ces émissions de pacotilles sur les stars, et elle se posait, les coudes sur le bar, à manger des bonbons en sirotant un coca plein de glaçons. Bien sûr, elle connaissait le passé du blond, mais elle le pensait guéri, lui aussi d’ailleurs. Peut-être même qu’elle n’avait pas fait le rapprochement entre eux et lui, quand elle avait commenté leur apparition. « Ils sont tellement beaux… Tu ne trouves pas ? » Le silence, puis une porte qui venait de claquer. Non. Non ils n’étaient pas beaux, ou peut-être que si, justement, et ça l’écœurait encore plus. Sans réfléchir, il avait attrapé le ballon de basket calé dans le coffre de sa vieille voiture, et avait filé jusqu’au vieux terrain près du fleuve, celui-là même où il avait tant de fois joué avec Caleb, celui-là même qui restait son échappatoire à lui, sans lui. Le son des rebonds contre le bitume du terrain le calmait, c’était le battement de cœur qui lui manquait quand le sien en ratait un. Quelques pas d’élan, un saut, et le ballon qui glissait dans les filets du panier. Encore, et encore, et encore, jusqu’à ce qu’il oublie. Un rebond, deux rebonds, et… le bruit d’un autre rebond qui ruinait sa mélodie de la quiétude.

Relevant la tête, le blond s’était figé. Ce ballon, il ne le connaissait que trop bien, pour avoir joué avec pendant de longues années. Aussi vieux que le sien, celui que tenait Caleb avait connu toutes leurs parties adolescentes. Néanmoins, la silhouette de son ancien meilleur ami, elle, ne lui faisait remonter que des pensées sombres, masquant la nostalgie d’une amitié morte et enterrée. La trahison. C’était tout ce qu’il leur restait. « Qu’est-ce que tu viens foutre ici ? » Le ton était glacial, presque menaçant. C’était son endroit, le seul qui l’apaisait et il avait choisi de lui voler ça aussi. Cinq minutes avant, il était dans son écran de télévision, et voilà qu’il était maintenant à Tree Hill. C’était trop. Trop de non-dits, trop de colère, trop de silence, trop de blessures qu’il ne pouvait ignorer. En quittant Up Midtown, Mac s’était choisi lui-même avant de sombrer, après avoir choisi l’équilibre du groupe, de son amitié, de sa relation pendant trop longtemps, après s’être oublié trop longtemps. En partant, il n’avait jamais imaginé qu’il signait la fin de son amitié avec Caleb, ni même qu’aucun d’eux ne prendrait sa défense sur les réseaux sociaux après le harcèlement qu’il avait subi. Il avait cru qu’ils comprendraient, tous, mais il avait été naïf. Et encore trois ans plus tard, il réalisait que sa naïveté avait dépassé toute raison : Caleb et Jazz étaient en couple, publiquement, ce à quoi lui n’avait jamais eu le droit. Il s’était leurré, depuis toujours, et voir Caleb empiéter sur leur terrain le rendait fou. Il lui prenait tout. Et il avait la rage Mac, juste la rage. Ses yeux injectés de colère témoignaient de toute l’amertume qu’il avait nourrie ces dernières années, sans même le réaliser. Il avait renoncé à eux, à la musique, à l’amour aussi, et ça avait été difficile, bien que nécessaire. Pourtant, revoir Caleb le ramenait à tout ce qu’il avait perdu, et ça faisait mal.  

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@caleb dawson

La nouvelle vient de fuiter. Jazz Sawyer a rejoint Caleb Dawson à Tree Hill, parce qu’ils ne peuvent apparement pas respirer l’un sans l’autre. Je sais que j’ai donné mon accord pour tout ça, que tout est faux et que nous sommes tout les deux bien au courant de ce qu’il se passe entre nous. Mais c’est franchement bizarre de voir ma gueule placardé avec cet air si heureux et sûrement bien niais alors que tout est faux. En tout cas on joue bien la comédie parce que tout le monde y croit. Que ce soit la presse ou les fans, personne ne doute de notre couple. On aurait peut-être du se tenter dans le cinéma plutôt que la musique finalement… ils parlent encore de ce gala ou l’on s’est rendu il y’a quelques temps. J’ai l’impression que c’était il y a si longtemps avec tout ce qui s’est passé depuis. J’ai la tête prise par tout les papiers et les préparatifs de l’enterrement de ma mère. Je ne pensais pas qu’il y avait autant de chose à faire après la mort de quelqu’un. Comme si perdre un être cher n’était pas assez difficile, non il faut aussi répondre à mille questions. Pour lesquels je n’ai pas toujours la réponse car la dernière fois que j’ai vu ma mère ça remonte à un moment maintenant. Bien sûr je l’avais au téléphone le plus souvent possible mais on ne parlait pas de ce genre de truc. Heureusement elle a laissé un testament donc j’ai trouvé ce qu’il me manquait mais il m’a fallut quelques jours. Pour en revenir à Jazz, heureusement qu’elle est ici finalement, elle me soutient du mieux qu’elle peut. Et je ne sais pas si elle se rend compte de ce qu’elle fait pour moi. Elle m’aide à ne pas sombrer, elle remarque quand je dois passer à l’eau au lieu du whisky dans mon verre. J’aime le fait qu’elle n’ait pas peur de mon regard noir alors qu’elle me prend ma bouteille pour la remplacer par le liquide transparent (pas de la vodka à mon grand regret). J’aime aussi qu’elle me tienne tête, qu’elle m’écoute me plaindre et surtout qu’elle m’aide à trouver des solutions. Pour tout et n’importe quoi. Ça peut aller d’une petite course idiote parce qu’il manque quelque chose dans le frigo, aux solutions que je dois trouver pour récupérer la garde d’Oliver. Putain, elle fait tellement de choses pour moi en ce moment que je ne sais pas comment je ferais sans elle à mes côtés. Son amitié ne rompt jamais alors que je sais que je peux être une tête de con quand je m’y mets.

J’ai besoin de sortir, de respirer d’un coup. Alors c’est ce que je fais sans attendre. « Jazz? Je sors. » je roule des yeux alors que je me souviens qu’elle est sortie, elle m’a prévenue tout à l’heure. Au cas où elle revienne avant moi je laisse un post-it sur le bar de la cuisine pour lui dire que je suis sorti aussi. Histoire d’éviter de l’effrayer en m’imaginant au fond de l’eau et qu’elle appelle les flics. Manquerait plus que ça. Je démarre la voiture en trombe et roule rapidement à travers les rues de Tree Hill, peut-être un peu trop vite d’ailleurs. Je devrais y réfléchir avant de faire une connerie mais je préfère ne plus penser à rien. Je veux juste oublier. Juste un instant putain. Sans réfléchir, je conduis jusqu’à cet endroit que je connais par cœur et qui représente tant à mon cœur. Mon organe se sert en voyant une tête blonde dribbler et tout mes souvenirs remontent. Toutes ces parties de basket que l’on a pu faire, ces heures à ne jamais s’arrêter de s’entraîner, on adorait ça. On visait le championnat et personne ne pouvait nous arrêter. On était McDo putain. Personne ne pouvait se mettre entre nous, on connaissait l’autre par cœur et on pouvait savoir ce que l’autre pensait avant qu’il n’ouvre la bouche. Aujourd’hui? Je n’ai même plus de nouvelle de lui. Il est peut-être brun, peut-être même chauve pour ce que j’en sais! Il est peut-être à l’autre bout du monde alors que je suis revenu où tout a commencé. Nous comme Up Midtown. Mais l’un comme l’autre il n’en a rien à faire n’est-ce pas? Puisqu’on le gave. Je le gave putain. Comment? À quel moment? Depuis quand? Pourquoi ne m’a-t-il rien dit? Ce jour-là je n’avais pas l’impression d’avoir mon meilleur ami devant moi, ni celui que je me vantais de connaître mieux que moi-même.

Je prends mon ballon et claque la porte de la voiture avant de fourrer les clefs dans la poche de mon short. Il ne m’en faut pas plus pour faire rebondir le ballon sur le sol et de prendre une inspiration. Putain que ça fait du bien. Je me revois des années en arrière, sans toutes ces histoires, sans tout ces problèmes, en tout cas pas les mêmes. Ma mère est toujours là et mon petit frère m’adore. Et mon meilleur ami? Il est là et il m’attend avec le sourire. Mais cette fois ce n’est pas un sourire que j’y retrouve, ni même de l’amabilité. C’est donc bien lui. Pas seulement un mirage de mon ancienne vie, je ne délire pas. Je ne sais pas si je préférerais vu l’accueil. En même temps, à quoi je m’attendais? Je le gave  après tout. Même après tout ce temps. Même sans nouvelles. Même ici. « Depuis quand c’est ton terrain Mac? » ça m’arrache limite la langue de sortir ce surnom après tout ce temps. J’ai envie de lui balancer mon ballon dans la tête plutôt, mais je le fais rebondir sur le sol à la place. Flemme de faire les gros titres parce que j’ai agressé quelqu’un avec un ballon de basket. Et pas n’importe qui bien sûr. L’ex membre de Up Midtown, je vois ça d’ici. « Mais si je te gave la sortie est par là. » je lui montre d’un geste de la tête avant de lui tourner le dos. J’imagine que le terrain est assez grand pour deux. Je pourrais partir, mais ce serait lui donner ce qu’il attend et ça me fait encore plus chier que de prononcer son surnom, c’est dire.

@Austen McBridges

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Son visage, ce visage qui tant d’années avait été celui qui dessinait un sourire sur le sien était celui-là même qui le crispait à présent. De ses yeux attendris ne restaient plus que l’amertume et la colère. Des éclats de rire des éclats de voix. De cette flamme qui avait toujours brûlé un tas de cendres. Caleb était là, et pourtant, il n’avait jamais été aussi loin. Loin de lui, loin de sa vie, loin de son quotidien, loin de leurs souvenirs et de leurs valeurs Le voir dans l’écran du téléviseur avait été une première épreuve, mais de le voir débarquer sur le terrain près du fleuve en était une autre, à croire que le destin avait décidé de le punir encore un peu plus, lui qui lui avait déjà tant pris. Il ne pouvait donc pas lui échapper, à Caleb, à l’emprise de ses gestes et de cette trahison sur sa vie, et il ne pouvait plus se conforter dans le déni Mac, parce qu’il était revenu. Cette boule dans la gorge l’empêchait d’avaler ce relent de dégoût qui envahissait son palais et son corps tout entier, alors il devait le laisser s’échapper. Le ton était froid, plein d’une rancoeur dont il ne pensait pas être envahi. Pourtant, elle était là, et elle lui échappait dans chacun des mots qu’il prononçait. Il n’avait rien à faire là, ni dans cette ville, ni sur ce terrain, parce que Mac lui avait tout laissé, tout le reste, ou peut-être que c’était lui qui lui avait tout pris, il ne savait plus très bien Mac, mais ce dont il était certain, c’était qu’il avait laissé derrière lui cette vie dont Caleb avait toujours rêvée. Alors se sentait-il obligé de revenir dans cette ville qui n’était plus assez grande et pailletée pour lui ? Son terrain… Exactement. C’était ce qu’il était, ce terrain. « Depuis que Monsieur la superstar a oublié d’où il venait. » C’était injuste, mais il avait envie de lui faire mal comme il avait mal, comme son coeur saignait en silence à cet instant présent. Sur cette planète, Mac n’avait que peu de gens en qui il avait réellement confiance, entre qui il aurait laissé sa vie les yeux fermés : ses grands parents, et Caleb. Douce ironie, maintenant qu’il était prêt à lui enfoncer un couteau dans le dos.

L’attitude de Caleb énervait encore plus le blond. A quoi s’était-il attendu, de toute façon ? Des excuses ? Apparemment, elles n’étaient pas au programme, et ça le rendait fou de rage. Le Dawson avait été témoin de leur relation, il avait vu, et pour la première fois, son meilleur ami tomber amoureux, une relation authentique et sincère dans lequel il était épanoui… Au moins au début, avant que les obligations et la pression du secret vienne doucement ternir ce nuage dans lequel l’amour l’avait plongé. Au lieu de ça, il prenait ses grands airs, ceux du mec parfait et qui osait lui pointer la sortie. La sortie est par là. Oh il l’avait prise cette putain de sortie, il y avait de longs mois. Le chanteur lui avait tourné le dos, même pas capable d’assumer ces remarques et de lui faire face, c’était une pathétique couille molle. BAM. De toutes ses forces, Mac avait jeté son ballon en direction de son ancien meilleur ami, celui-ci venant le frapper de plein fouet dans les côtes. « Me gaver ? Me gaver ? Mais c’est plus que ça, tu n’existes plus pour moi, je ne sais même pas comment j’ai pu être ami avec un connard pareil !!! » Ses mots dépassaient sa pensée, ou peut-être pas, parce qu’il avait l’impression d’en ressentir tout leur sens au fur et à mesure qu’il lui crachait au visage. En tout cas, c’était sûrement ce qu’il aurait aimé à ce moment-là, parce que de le revoir le ramenait à ce qu’il avait perdu, à leur amitié, à leurs parties de basket et à leur amour du Heat de gamin, à leur débat stérile sur le meilleur joueur de la franchise de tous les temps, qui finissaient souvent en embrouille oubliée en une tape dans la main, à ces repas à la table des grands-parents McBridges, à ces heures de répétitions acharnées dans leur garage, à leur premier album, leurs premières scènes, à cette fierté dans leurs yeux, d’avoir accompli quelque chose… ensemble, comme il l’avait toujours voulu. Eux deux avant le reste, eux deux après Jasmine. Jasmine. La nostalgie ne suffisait pas à apaiser l’odeur de la trahison. « Tu vois, je me suis imaginé des centaines de fois ce que je te dirai le jour où je te croiserai à nouveau… malgré le silence. Jamais j’avais imaginé que je n’aurai rien à te dire. Rien. T’es mort pour moi. » Il ne se reconnaissait pas Mac, ce n’était pas lui de parler comme ça, de se mettre dans un état pareil, mais il était touché, plus qu’il ne voulait l’avouer, plus qu’il ne voulait se l’avouer, et sa seule défense, c’était l’attaque. Un terrain dangereux, et houleux que ses grands-parents auraient honte de le voir emprunter, et dont il ne serait probablement pas fier une fois la colère retomber. Mais il avait encaissé, longtemps, beaucoup, trop longtemps, trop tout court, les on-dit, les insultes, les messages sur les réseaux sociaux en feignant l’indifférence qu’il ne pouvait plus faire semblant. C’était trop lui demander, encore plus quand il réalisait que son coeur brisé ne l’était pas que d’un amour perdu, il l’était de deux. Jazz et Caleb. Caleb et Jazz. Ses deux âmes soeurs, unies dans la plus grande des désillusions.  

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@caleb dawson

Revenir ici, en dehors de la raison qui m’y a poussé, ça me fait du bien. C’est étrange, parce que j’ai la tête pleine de choses à gérer dont je n’avais pas envie de penser avant des années. Mais cet endroit est rempli de souvenirs heureux. Toujours accompagné de Mac je venais ici pour jouer au basket juste entre nous comme ça ou pour nous entraîner pour le championnat du lycée. On a toujours fait côte à côte et je ne pensais pas un jour recevoir autre chose qu’un sourire en posant le pied sur ce terrain. Le sien apparemment en plus. Ça m’arrache un rire, monsieur la superstar. Rien que ça. Ça sonne faux, autant ce surnom que mon rire putain. C’est vrai que lui est monsieur personne putain. Il a peut-être quitté le groupe, mais il est reste Mac, le bassiste de Midtown qu’il le veuille ou non. Les réseaux sont remplis de questions sur son départ, son possible retour un jour ou sur ce qu’il peut bien devenir. Des questions que je me pose aussi puisque je n’ai aucune nouvelle depuis son départ. J’aurais peut-être dû envoyer un message, passer un appel pour savoir ce qu’il fait, ce qu’il devient et surtout pourquoi il a pris cette décision sans m’en parler au préalable, que l’on essai de trouver une solution ensemble. Comme on le faisait toujours. Mais à chaque fois que j’observe son nom sur mon téléphone je me souviens que c’est lui qui a voulu partir. Lui qui a pris sa décision. Lui qui m’a écarté. Il a choisi tout ça. Et surtout le fait qu’il ne veuille plus me voir. Aucune nouvelle, on le rappelle ? pas de message est un message en lui-même, non ?

Je lui tourne le dos, je n’ai pas envie de lui donner ce qu’il attend de moi : que je me casse. Il ne le mérite pas et tout le monde sait que je suis putain de têtu quand je m’y mets. Le ballon resonne sur le sol alors que je fais mine de l’ignorer, même si c’est dur. J’ai envie de faire demi-tour de lui balancer mon ballon pour que l’on reprenne notre habitude de jouer ensemble, un contre un et peut-être alors je pourrais lui parler du décès de ma mère, de mon connard de géniteur et de ce qu’il a pu nous faire vivre depuis toutes ces années et que je me suis efforcé de lui cacher pour ne pas recevoir sa pitié. Et bien sûr je lui parlerais d’Oliver, de cette bataille que j’entreprends pour le récupérer alors qu’il n’en a pas envie. Peut-être que mon petit frère et mon meilleur ami pourrait discuter, détester quelqu’un en commun pourrait les rapprocher, non ? enfin, ils étaient déjà proche à l’époque. Oli’ était souvent dans mes pattes, donc forcément dans celles de Mac aussi, malgré nos douze ans d’écart ce petit brun adorait nous accompagner partout et tenter d’être plus vieux pour s’intégrer. Je tends les bras vers le haut pour tenter de lancer le ballon dans le panier et je grimace alors que l’autre ballon trouve mes côtes avec facilité. Putain le con. Évidement le mien rebondit au loin, loupant le panier puisque la douleur lui a fait dévier la trajectoire. Ma tête se tourne vers lui. Euh. Pause. C’est moi le connard ? je roule des yeux, putain vaut mieux entendre ça que d’être sourd nan ? « Je n’existe plus mais tu viens quand même me prendre la tête putain. » je réplique en tentant d’être froid et évitant de montrer que ses mots me touchent. Je ne veux pas qu’il voit à quel point ce qu’il me dit à toujours autant d’importance pour moi, qu’il peut m’ébranler aussi facilement. Tête de con. Je ramasse le ballon à mes pieds et le fait tourner dans mes mains avec ce sentiment de nostalgie. On a tellement joué avec ces ballons, à se demander commet ils font pour encore tenir la route. Je ne compte plus les heures que l’on a passé sur ce terrain à se déchainer, à transpirer et tenter d’oublier cette vie de merde qui m’attendait à la maison. Sans le savoir ce gars m’a sauvé tellement de fois, je n’ai jamais eu le courage de lui expliquer pourquoi je ne voulais pas me mettre torse nu alors qu’ils étaient tous à moitié nu avec la chaleur. Les traces que mon père pouvait infliger à mon dos pour me punir étaient mon secret, il l’est toujours d’ailleurs. Mais le sourire de Mac, ses blagues et ses défis ont toujours réussi à me faire oublier un instant le vrai connard de ma vie et mes idées noires. Je lui relance son ballon avec un peu plus de force pour qu’il tape contre son torse. Malgré le silence. Comme si c’était de ma faute. Comme si c’était ce que j’avais voulu. Il retourne la situation un peu trop facilement je trouve, j’ai un pauvre sourire et tourne la tête vers le paysage autour du terrain et éviter de croiser cette colère dans ses yeux. Je n’ai pas besoin de ça. Mort.  ça pique. Ce mot me tue de l’intérieur. J’aurais moi aussi préféré être mort je crois. Mort à la place de ma mère, car cette femme incroyable ne méritait pas de mourir, encore moins de la façon dont s’est arrivé. Si j’étais putain de rester, elle n’aurait jamais su, j’aurais pu la protéger et lui aussi. Mon géniteur aurait pu faire ce qu’il voulait de moi, si j’avais été moins égoïste putain. « Ne fais pas comme si j’étais celui qui s’est barré putain. Tu es celui qui a choisis tout ça. » alors que je suis celui qui a subi. Je n’ai rien demandé et pourtant c’est arrivé. Je n’ai rien compris et je n’ai pas eu le choix. Qu’aurais-je pu faire d’autre que d’accepter ? il n’avait ni besoin de mon aide, ni de mon avis. Il est juste parti sans un regard pour moi et oubliant toutes ces années d’amitié qui nous liés putain. Et c’est moi le méchant ? moi le silencieux ? Moi le connard ? il y a un problème dans l’énoncé j’ai l’impression là. « T’es pourtant celui qui vient me dire toutes ces choses. Tu es celui qui vient réveiller un mort. Qu’est-ce que tu veux putain ?! qu’est-ce que tu cherches Mac ?! » à part me faire chier, à part me tuer avec ses mots. Je suis mort à cause de chacun de ses mots qui s’enfoncent dans ma poitrine et me font plus mal que ce que je pensais. Imaginer qu’il ne me veuille plus dans sa vie et l’entendre réellement n’est carrément pas la même et il le sait. Il a toujours été le meilleur à ce jeu-là. Il sait mieux manier les mots alors que je joue avec sur le papier, pour des fucking chansons. J’ai besoin de temps et de réflexions alors qu’il sait appuyer là où ça fait mal directement. Mais c’est moi le connard.

@Austen McBridges