confidences pour confidences

La vie de mère, ce n’est jamais facile. Pour personne j’imagine. Mais ces derniers temps, ça ne faisait que se compliquer pour moi. J’avais énormément de pression et de boulot en ce moment. Et cette impression de devenir une mauvaise mère ne me quittait jamais. Alors ce matin j’avais peur. Peur que cette sortie ne soit pas la bonne. Et pourtant un sourire restait figé sur mes lèvres pendant que j’habillais ma petite princesse. Ambre. Ma fille. Elle était si adorable quand elle me demandait de lui passer sa petite veste en jean. Si mignonne quand je lui faisais ses couettes. Je l’aimais plus que ma propre vie. Tout comme son frère. Malgré qu’il grandisse beaucoup trop vite à mon goût. Il jouait déjà au grand. Au garçon inaccessible et tout puissant. Je me reconnaissais énormément en lui. Mais surtout dans ses attitudes. Il avait ma force comme mes faiblesses. Il était dure avec lui-même et je m’en voulais. Giovanni. Petit garçon perdu dans un monde de grand. Dans un monde vide ou je me perdais tous les jours. En quittant la maison, je m’assurais que tout le monde était bien attaché avant de monter à mon tour dans la voiture. Me rendant sans attendre en dehors de la ville, dans ce nouveau parc d’attraction. Les enfants étaient tout excités de cette journée. Et moi je ne pensais qu’à une chose. La personne que je verrais là-bas. La personne qui me donnait la force de croire une nouvelle fois en l’amour. Je n’étais pas des plus démonstratifs. Sauf, qu’avec lui je me sentais différente. Un petit peu plus à chaque fois.

Le chemin c’était fait relativement facilement et rapidement. Je me garais et une boule au ventre se formait en moi. J’avais la pression. Je ne savais pas comment les enfants prendraient la chose. Depuis Brock, ce n’était pas simple d’inclure de nouvelles personnes dans la vie de Giovanni. Il était méfiant et assez distant. Il c’était réellement attaché à lui. Le perdre a été extrêmement difficile et tendu. Je le revois dans sa chambre pleurer en plein milieu de la nuit à cause de cauchemar beaucoup trop violent. Je ressentirais toujours cet affront qui m’avait pris aux tripes quand il avait commencé à avoir des crises d’angoisse. La vie n’était pas tendre. Et je le savais en toute connaissance de cause. Mais eux. Ils étaient si innocents. Ça me brisait à chaque fois que leur cœur souffrait.

On entrait dans le parc. Et j’attendais. Prenant ambre et la calant contre ma jambe pour laisser les visiteurs passer. Je l’attendais et mon fils comprenait très vite ce qui se passait. Il n’avait pas envie d’attendre. Il voulait y aller et s’amuser toute la journée. Je comprenais cet agacement de sa part. Après tout, quel enfant aimerait qu’on lui tende un cadeau pour qu’il n’ait pas le droit de l’ouvrir dans l’immédiat. Il arrive Giovanni, attends deux minutes et je te promets que tu pourras faire toutes les attractions que tu voudras, d’accord ? Il acquiesçait mais sans grande conviction. Alors je lui lançais notre regard. Un regard amusant pour qu’il se détende, ce qu’il faisait sans attendre. Nous rigolions donc tous les deux. Et dans cet élan, je tournais ma tête et finissait par voir cette silhouette tant attendue. Il était là. Enfin. Memphis.

feat @memphis greenshaw

Une année s’était pratiquement écoulée depuis leur premier rendez-vous, leur premier baiser, le moment où ils avaient décidé tous les deux de se donner une chance. Une année faite de hauts et de bas, beaucoup de hauts, peu de conversations sérieuses, juste l’envie de profiter du moment, d’être bien l’un avec l’autre, ils travaillaient ensemble presque chaque jour, ils se voyaient, se touchaient, se parlaient, passaient leurs temps de pauses ensemble. Un couple dans le sens le plus moderne du terme, capable de se donner des temps de répit aussi, Rose en avait besoin avec ses deux enfants de toute façons, besoin de se retrouver avec eux, de faire des activités en famille, une famille dans laquelle Memphis se sentait encore un tout petit peu étranger. Oh, il avait une tendre complicité avec les deux enfants de Rose : Giovanni, l’ainé, plus fonceur, plus indépendant et plus tête de mule aussi, portrait craché du caractère de sa maman d’après ce qu’il savait, alors que Ambre était une petite princesse, rêveuse au cœur tendre, encore dans sa période princesses et licornes roses dont le cuisinier voudrait qu’elle ne sorte jamais. Il se rappelait avoir gagné son cœur en lui concoctant un gâteau tout de rose et de paillettes vêtu.

Cette journée était spéciale pour eux car elle était prévue depuis un bon moment maintenant, une journée rien qu’à eux, dans un parc d’attractions, une journée au cours de laquelle presque tout était permis. Ils avaient choisi le jour de fermeture du restaurant, le moment idéal pour se détendre parfaitement avant de reprendre une semaine sur les chapeaux de roue. Ils avaient d’ailleurs un repas prévu pour un anniversaire, un cinquantenaire qui avait choisi son établissement pour lui et ses cinquante invités, ça ne s’invente pas. Beaucoup de préparatifs mais Memphis avait bien besoin de cette petite journée pour se détendre avant le rush des courses et de la cuisine.
Il était donc ravi de partir rejoindre la petite famille direction l’extérieur de la ville, dans un parc reconnu pour ses attractions en tous genres, qui conviennent à tous les âges. L’endroit parfait pour passer un moment en compagnie des enfants. En plus, et ça ne gâchait rien, le soleil était de la partie alors il ne doutait pas que tout se passerait bien.

Memphis arriva avec quelques minutes de retard par rapport à l’heure prévue, la faute à un peu de trafic sur la route. Il trouva rapidement une place pour se garer et descendant de la voiture, son regard se posa tout de suite sur elle. Tellement jolie, presque parfaite, un mirage auquel il ne s’était pas attendu dans sa vie bien calme. Et eux, excités, impatients d’entrer dans ce parc. Il attrapa son sac dans lequel il avait glissé quelques collations maison et il se dirigea tout de suite vers eux. Un large sourire aux lèvres, parce que tout est plus facile à accepter avec le sourire.

Désolé, je sais, je suis en retard ! Promis, ça fera un tour de manège en plus !

Il déposa un baiser rapide sur les lèvres de Rose avant de saluer Ambre d’une petite révérence.

Princesse, vous êtes en beauté.

Ce qui attira là aussi un sourire sur le visage de la petite fille. Tout le monde se dirigea donc vers l’entrée et Memphis demanda :

Alors, vous avez déjà repéré ce que vous avez envie de faire ?

Lui n’avait pas du tout regardé, mais il ne doutait pas qu’il ferait l’un ou l’autre manège avec les enfants si nécessaire, et puis qu’ils pourraient faire quelques trucs tous ensemble, en fonction des gouts de chacun.

@Rose Sullivan