Gentil… je n’ai pas réellement l’impression de l’être, je lui sers simplement ce que je pense. La vérité finalement. Je ne renchéris pas, j’ai l’impression qu’elle pourrait de toute façon toujours trouver quelque chose à redire. N’est-ce pas elle qui a le dernier mot depuis tout à l’heure?
Nous concentrer sur la musique nous fait parler de tout et de rien. Ça fait étrange de parler ainsi avec elle, je pense que notre plus longue conversation ensemble à été un bonjour. Bon je suis peut-être mauvaise langue, peut-être que l’on a réussi à échanger quelques mots à une soirée? J’avoue que mes souvenirs sont flou. J’étais tellement concentré sur la musique, mes copains et à faire attention à ce que mon père ne touche pas à mon petit frère que je n’ai jamais chercher à aller plus loin tant que l’on ne me faisait pas comprendre quelque chose en face. Amitié ou amour, si les gens ne grattent pas je ne faisais pas forcément d’effort. Pas sûr d’en faire plus aujourd’hui tu me diras. Si quand même un peu… non? Bordel. Je ne sais même pas. En tout cas, à discuter elle fini par me poser des questions sur mon boulot, sur ce que je ressens sur scène. Je ne sais pas réellement m’expliquer, pas correctement je pense en tout cas, mais elle a l’air de comprendre. J’ai un petit sourire en continuant de griffonner sur mon carnet tout en relevant les yeux vers elle de temps en temps. Mais elle suit. Intense, je hoche la tête avec un sourire. Ça résume bien en effet. Ça va, je n’ai pas l’air de m’en être trop mal sorti en explication finalement. Je hoche la tête avec un sourire. « Ça l’est. Ton travail ne te passionne pas? » je l’interroge à son tour, je me demande ce qu’elle traduit normalement. Elle disait tout à l’heure que c’était la première fois qu’elle faisait ça donc j’en ai déduit qu’elle devait traduire bien d’autre truc. Peut-être des gens directement? Je sais que des fois c’est demander quand ils savent déjà qu’ils ne vont pas se comprendre. Ou bien des textes, des livres? Et si tu lui demandais Caleb? Certes. Ce serait peut-être plus simple… « Qu’est-ce que c’est ton boulot exactement d’ailleurs? » parce que la traduction c’est finalement assez vague. Je continue mes explications sur mon métier quand elle me demande si on m’a déjà lancé des tomates, je sais qu’elle se moque de moi mais je répond réellement premier degré finalement.  Non jamais, mais tout plein d’autres trucs oui. En même temps les tomates, je ne suis pas sûr d’apprécier. Bon les sous-vêtements pas fou non plus tu me diras… je ris alors qu’elle me parle de collection. Je ne suis pas sûr que quelqu’un en face réellement une, qui garderait les sous-vêtement de gens qu’il ne connait pas? « Mmh. Je ne sais pas. Peut-être que cet idiot de Corey en fait une tu as raison. Faudrait que je lui demande. » il n’est pas assez bête, enfin je n’espère pas. Mon dieu il me fatigue tellement des fois que si, il pourrait être assez bête pour ça en fait. « Mais oui, ça peut être dangereux, mal lancé ou alors si on bouge à ce moment-là on peut se recevoir un truc en pleine face. » bon, des peluches ou sous-vêtement en général ça ne fait trop mal mais des téléphones avec de la force hein ça laisse sa trace. Je roule des yeux alors qu’elle me répond pour les tomates, du gâchis. Bien sûr que c’est mal. « De toute façon ils ont du mal à rentrer avec des bouchons dans les salles, les tomates à mon avis c’est compliqué aussi. » non? Faudrait que je me renseigne finalement. Flemme de faire une bonne vidéo tiktok, parce que dans le fond elle a raison, si ça venait à arriver ça ferait le tour du monde en quelques secondes. « Alors, qu’est-ce que j’ai loupé ici sinon? » voilà quelques années que je ne suis pas venu, il a du s’en passer des choses. Ma mère me tenait un peu au courant, mais je n’ai pas tout retenu, après tout que certain se marient ou que le maire est décidé telle ou telle chose, je n’en avais pas grand-chose à faire sur la route. Maintenant, je donnerais tout pour que ma mère puisse m’expliquer tout ça d’elle-même. « Est-ce que tu as gardé contact avec des gens du lycée? » j’ai vu le culot de certain de venir m’interroger sur les réseaux quand on a commencé à marcher. Soit moi, soit les gars d’ailleurs. C’est drôle de voir des gens faire semblant que l’on était pote pour avoir une ou deux places gratos.

@Lina Perez

Une part de moi a envie de remercier Kate. Parce que je me retrouve à faire de la musique. Enfin, à participer tout du moins. C’est totalement fou. Jamais je n’aurais pensé pouvoir voir naitre quelque chose comme ça. Sauf un être humain si un jour je suis enceinte, évidemment. Mais là, c’est autre chose. Le processus créatif est… intéressant, je n’avais jamais eu aucune attente, mais ça les dépasse tout de même. Et avoir l’impression de pouvoir aider Caleb alors que je ne suis personne a quelque chose de galvanisant. Si je n’avais pas d’antécédents avec le chanteur, le moment serait tout simplement magique.
Notre passé commun, dont il oublie sans doute sciemment une partie, et ma rancune sont des boulets à mon engouement par rapport à notre travail. Mais je refuse de lâcher. Hors de question. Comment ça têtue ? La voix de ma mère me parviendrait presque. Je ne suis pas du genre à lâcher prise. Je n’y peux rien. Je n’ai jamais su faire autrement.
En dépit de ma rancune tenace, je ne peux résister et interroge Caleb à propos de la scène. Ses réponses me font sourire et j’essaie d’imaginer tout ce qu’il me décrit. Il aime ce qu’il fait. La pureté de ses émotions lui apporte quelque chose de juvénile et me donnerait envie de soupirer. Hélas le temps ne l’a pas enlaidi. Et aucun furoncle ne lui a poussé sur le nez. Je me concentre sur des détails de l’environnement autour de nous, et laisse mes yeux se poser sur la table de mixage. Bien. Des tonnes de boutons de toutes sortes, ça ne vaut pas une verrue au milieu de visage de l’homme avec lequel je suis enfermée ici. Mais se sera suffisant pour continuer de repousser le fait qu’il soit diablement agréable à regarder. « Ça l’est. Ton travail ne te passionne pas? » m’interroge-t-il et je suis surprise de l’intérêt qu’il continue de porter à ce que je peux penser. Je penche la tête, réfléchis un instant. Mon travail me passionne-t-il ? Pas nécessairement. « J’aime mon travail. Vraiment. Mais je ne peux pas dire qu’il s’agit d’une passion non plus. Même si il y a des parts qui sont épanouissantes, il faut le reconnaitre. » je concède en pensant à la progression des enfants, à ce que je peux leur apporter parfois. « Qu’est-ce que c’est ton boulot exactement d’ailleurs? » je me retiens de rire. On pourrait croire que le fait qu’il soit célèbre nous place dans deux mondes différents. La vérité ? Nous avons toujours été dans deux mondes très différents. Il était déjà populaire lorsque nous étions adolescents, il avait de l’argent et tout lui réussissait. Tandis que je n’étais que la jeune fille travailleuse issue d’un milieu modeste qui allait pouvoir continuer ses études à l’université car elle avait reçu une bourse complète. Le fait qu’il soit une star à présent ne change donc pas grand-chose, et c’est sans doute le plus triste dans cette histoire au final. « Je suis prof, au lycée. » j’avoue avec un petit sourire. N’est-ce pas le symbole le plus flagrant de tout ça ? Je suis restée là où il m’a connue tandis qu’il est parti parcourir le monde. Je soupire doucement. Il est rare que je cesse de me complaire de ce que j’ai pour me plaindre. Mais l’écart qui persiste entre nous en dépit de mon travail acharné est comme un pied de nez que la vie me ferait.

Le sujet de la collection des sous-vêtements de fans hystériques me semble beaucoup plus intéressant. Et carrément moins déprimant il faut l’avouer. Je n’ai vraiment pas envie de continuer à m’apitoyer. Parce que ma vie n’est pas si mal que ça. J’ai travaillé pour avoir un job qui me plait. Je peux me nourrir et aider ma famille. Je suis en mesure d’être là pour ma mère au quotidien également. Pourquoi se plaindre ? Il y aura toujours plus riche et plus heureux. Je dois simplement être assez humble pour apprécier les cartes qui m’ont été données. Et renoncer à me lamenter d’être dans cette situation. « Mmh. Je ne sais pas. Peut-être que cet idiot de Corey en fait une tu as raison. Faudrait que je lui demande. » j’ai un sourire en pensant à Corey. Bien que je ne suive pas autant le groupe que les fans hystériques, ce que je sais de son tempérament me suffit pour être quasiment certaine que Caleb à raison. S’il y en a un pour faire la collection, c’est bien lui. « Mais oui, ça peut être dangereux, mal lancé ou alors si on bouge à ce moment-là on peut se recevoir un truc en pleine face. De toute façon ils ont du mal à rentrer avec des bouchons dans les salles, les tomates à mon avis c’est compliqué aussi. » pourquoi suis-je presque déçue ? Sans doute pas parce que je rêve qu’il joue à Tree Hill et que je lui lance une petite tomate sur la tête. Non, vraiment pas. Garder cette image mentale pour me consoler pendant des années serait vraiment… puéril, n’est-ce pas ? « Alors, qu’est-ce que j’ai loupé ici sinon? » m’interroge-t-il et je me retiens de rouler des yeux. Bon sang. Ca fait littéralement une dizaine d’années qu’il est parti. On en a pour la journée si je lui raconte tout ce qui a bougé à Tree Hill ! « Si tu veux vraiment tout savoir, on est ici jusqu’à demain. » je déclare, toujours honnête avant de passer une main dans mes cheveux et de réfléchir à un résumé plus intéressant « Mais puisque je suis une âme charitable, je vais tenter de te faire un résumé. » j’affirme en hochant la tête. Au global, Tree Hill reste la même petite ville familiale, mais les temps ont changé, alors elle a dû évoluer. « Il y a eu de la corruption au bureau du maire. Mais tout est rentré dans l’ordre à présent, et tout le monde est très vigilant. L’équipe de basket a fini deux fois deuxième du championnat, mais personne n’a réussi à se hisser au niveau de notre époque. » je continue en secouant doucement la tête. Quand je repense au coach qui m’a virée du bord du terrain parce que je faisais trop de commentaires… S’il en faisait un peu plus aux joueurs peut-être que je n’aurais pas à m’agacer comme ça, et peut-être bien qu’on gagnerait. Mais bon. Loin de moi l’idée de vouloir le remplacer, quoi que… on ne pourrait pas être plus mauvais cette année de toute façon. « Il y a tout un tas de nouvelles boutiques qui sont super sympas, et tenues par des gens d’ici. Tout le monde fait en sorte de rester dans du circuit court, ça coûte moins cher à chacun et ça permet aux entreprises de rester locales. Je trouve ça génial au temps où il est si facile de tout obtenir avec internet. » j’avoue avec un sourire. Même si je me sers d’Amazon comme tout le monde, j’essaie toujours de trouver les articles dont j’ai besoin en ville. Si je ne trouve pas, je me sers d’internet comme d’une situation de repli. Tout le monde fait de son mieux ici, et je sais qu’ensemble c’est toujours plus positif. « Est-ce que tu as gardé contact avec des gens du lycée? » me demande-t-il et je souris en pensant aux filles. Mes amies de l’époque ont toutes quitté la ville. Pour les études, le travail, leur conjoint. Je suis la seule ici à présent, mais on a un groupe et on s’écrit tout le temps. « Je parle toujours à mes copines de l’époque. Mais elles ne vivent plus ici. Et toi, toujours des contacts ? Hormis ceux impromptus imposés par ton manageur ? » je plaisante, plus prompte à le taquiner de nouveau lorsque nous sommes sur mon terrain de prédilection. Je me demande s’il a des amis. De vrais amis s’entend, qui ne sont pas intéressés par sa popularité ou seulement l’image qu’il renvoie. Puis une autre question prend le pas sur tout le reste. Et je ne peux pas m’empêcher de la poser. « Pourquoi rentrer à Tree Hill après tant d’années ? » je lâche tout à trac, sans doute un peu trop brutalement sincère d’un coup. « C’est pour lancer un nouvel album, ou c’est perso ? » je tempère lui donnant le moyen de ne pas trop en dévoiler.

@Caleb Dawson