( together again, like we never skipped a beat )
feat @david ward

Bien qu’elle aime particulièrement son métier, Rebecca adore quand la semaine touche à sa fin. Histoire de prendre du temps pour soi et se retrouver avec ses proches. Passer du bon temps en famille, tout ce qui va avec. C’est le vendredi soir, et comme le veut la coutume, David vient diner à la maison après chaque retour. Elle ne va pas se mentir, Becca a peur à chaque fois qu’il part — pour une mission plus ou moins importante — et est soulagée de le revoir après. Elle s’inquiète pour lui comme on s’inquiète pour un membre de sa famille, même s’ils n’avaient pas le même sang, elle le considérait comme son propre frère. Une amitié qui a commencé dans la cour d’école et qui n’a jamais flanché. Une amitié aussi forte qu’un roc.

Rentrée après sa journée de travail, la jeune femme s’occupe de canaliser l’énergie des deux enfants. Ils le savaient aussi, et avaient tout aussi hâte qu’elle. « je viens t’aider dès que je peux, ne t’inquiètes pas » lance-t-elle à sa femme qui commence à préparer le repas du soir. Un rire s’échappe de ses lèvres, elle l’entend et Rebecca grogne légèrement à son tour. « Les enfants, calmez-vous. Ou sinon, vous n’allez plus avoir d’énergie pour Tonton David », rien qu’à la mention de son prénom, elle remarque les yeux brillants de ses enfants. Après quelques minutes, ils finissent par redescendre en tension, puis elle peut rejoindre sa femme dans la cuisine tout en gardant un œil sur eux. C’est l’avantage d’avoir une cuisine ouverte, sa femme avait bien fait d’insister pour en avoir une.

Les retrouvailles se font quelques heures plus tard. Elle le sert peut-être un peu trop fort dans ses bras, mais finit par demander pardon assez vite. Le repas se déroule normalement, sans incidents, jusqu’à ce que l’heure de coucher des enfants arrive. Ils étaient déjà à moitié endormis dans le canapé et seraient beaucoup mieux dans leurs propres lits respectifs. Avant de poser un baiser sur sa joue, sa femme lui indique qu’elle s’occupe d’aller les mettre au lit, histoire que David et Rebecca soit plus au calme pour se parler. « J’arrive, je reviens, je vais tout débarrasser » dit-elle en se levant de sa chaise et en prenant le reste de la vaisselle sur la table. Enfin, ce qu’elle peut, parce qu’il lui arrive de commettre certaines maladresses. Elle finit par le rejoindre, se place derrière lui et pose ses mains sur les épaules de David. « Au rapport, Sergent ! Enfin, c’est bien comme ça qu’on dit dans ton métier ? », elle hausse les épaules, peu convaincue d’elle-même. Il y a des choses qui lui rentrent dans la tête et qu’elle oublie malgré elle. Une conséquence de son syndrome à ce qu’on dit. « Enfin, je veux dire, ça c’est bien passé au boulot aujourd’hui ? » finit-elle par dire.  

( together again, like we never skipped a beat )
feat @rebecca hyde

Qu’il était bon de rentrer chez soi. C’est toujours ce qu’il ressentait quand il franchissait le seuil des Hyde. Foyer accueillant débordant d’amour qui n’avait fait que lui ouvrir ses bras quand il en avait le plus besoin. Rebecca avait toujours été une amie proche – que dis-je une de ses meilleures amies, si ce n’est même la seule. Leur lien n’avait jamais réellement changé avec les années, la vie et tout ce qui aurait pu les séparer. La femme de celle-ci avait semblé ne pas tenir compte de tout ça, s’entendant même plutôt assez bien avec lui. La dynamique des deux avait fini par s’articuler à trois et s’agrandir d’avantage quand les enfants sont arrivés. Et c’était peu dire. David n’avait jamais vraiment eu cette envie, ce besoin d’avoir des enfants dans sa vie. Pourtant, son neveu et sa nièce avaient toujours été l’exception qui confirmaient la règle inscrite. Il les adorait et l’inverse semblait être le cas aussi. N’être qu’un oncle était finalement un compromis des plus parfaits. Enfin, c’était le cas jusqu’à cette semaine, ou plutôt ce fameux jour où son ex-petite amie était apparue sur le seuil de son appartement avec pour bagage un ventre bien arrondi. Chose qui tourne en boucle depuis dans son crâne. Chose qu’il doit absolument dire à Rebecca. Elle avait toujours été de bons conseils – et il avait désespéramment besoin de lui en parler. Peut-être pour poser des mots sur ses ressentis mais surtout poser cette situation absolument inconcevable quelques jours plus tôt. Il n’était revenu de mission que depuis une semaine à peine, bon sang. Situation qu’il n’a pourtant pas évoqué toute la soirée – ne voulant évoquer un tel sujet devant des enfants. Ces derniers avaient été de vraies piles électriques toute la soirée et David en était presque plus fatigué qu’une mission périlleuse. Ces petites têtes blondes en avaient sous le capot, c’était indéniable. Et ils paraissaient avoir grandi comme des champignons durant son absence. Mais quel bonheur de les retrouver tous. D’avoir un semblant de normalité dans cette vie qu’il venait de retrouver. Rien n’avait changé. Le foyer était toujours aussi charmant et chaleureux qu’il y a cinq mois quand il était parti. Les deux petites terreurs finirent néanmoins par s’endormir sur le canapé alors que le dessert venait d’être servis. C’était toujours ainsi que ça se terminait, les enfants allaient au lit et les adultes pouvaient alors parler des choses sérieuses. De ce qu’il avait repoussé durant toute la soirée néanmoins. Il ne pouvait plus reculer à présent. Rebecca n’était pas dupe et le connaissait bien trop pour n’avoir rien remarqué. Lorsqu’elle le rejoint à nouveau, il ne peut s’empêcher de rire. « Pas vraiment à vrai dire, mais je te pardonne. » répondit-il entre deux rires, sachant très bien que le commun des mortels avait généralement une idée reçue sur le milieu policier et militaire en général d’ailleurs. Des idées préconçues que beaucoup de films ou séries alimentaient. Mais rien que cette remarque lui indiqua qu’il était bel et bien revenu, qu’il était bel et bien chez lui avec toutes les personnes qu’il aimait. Ou presque. « Bien, enfin c’est toujours assez tranquille quand on revient, tu sais. » finit-il par dire néanmoins. C’est vrai, les jours succédant à des missions étaient souvent plutôt légers. Les émotions devaient être ménagées avant d’être à nouveau sollicitées par l’adrénaline et le danger. Le moment où la mer se retirait des terres, si calme et paisible, avant que ne s’abatte le tsunami si féroce. Il hausse doucement les épaules. Il sait qu’il devrait tout de suite crever l’abcès, lui annoncer tout de suite pour éviter qu’elle ne le cuisine pendant un moment. Pourtant les mots sont difficiles à sortir, difficiles à formuler. Qui l’aurait cru qu’il puisse perdre ses moyens devant la personne qui le connaissait le mieux au monde ? « A vrai dire, j’avais plutôt quelque chose à te dire. Enfin à t’annoncer. » commence-t-il. De gêne, il passe ses doigts dans sa propre chevelure ne sachant par où commencer, ni même quel moyen employer. Comment était-il si difficile de pouvoir formuler quelques mots ? Quel bordel était-ce encore dans sa tête. Des questions auxquelles il n’avait pas les réponses. Des peurs informulées qui étaient toujours plus ou moins là, à le guetter à n’importe quel moment. « Salem est enceinte. » finit-il par dire sans détour. Le pansement était retiré d’un coup, sans préavis. D’un seul coup sec et précis. Rebecca connaissait très bien Salem. Pour l’avoir elle-même reçue ici chez elle quand les deux étaient encore ensemble. Elles n’étaient sûrement pas les meilleures amies du monde – de ce qu’il savait – mais Rebecca avait été la première à le pousser vers elle n’ayant toujours eu que son bonheur en tête. Il espérait qu’elle soit aussi bon conseil – bien que finalement il avait été de lui-même à l’encontre de tout ça en quittant la jeune femme. Mais c’était une autre histoire. Une histoire qui malheureusement continuait encore, malgré lui, malgré ce qu’il s’était promis.

( together again, like we never skipped a beat )
feat @david ward

Depuis la naissance des enfants, les moments de calme sont devenus de plus en plus rares et précieux. Dès qu’ils se présentaient, il fallait sauter sur l’occasion pour en profiter. Quand il n’y a rien de particulier à faire, Rebecca aime prendre soin d’elle ou s’atteler à des tâches pour préparer la journée suivante à l’école. Bon parfois – même souvent – cela finissait en sieste improvisée sur le canapé, tellement la fatigue était prenante. Impossible de lutter contre des paupières qui se font trop lourdes et de respecter la promesse de fermer les yeux juste cinq minutes. Une fois, le petit David avait profité de la sieste d’une de ses mamans pour dessiner sur son visage. Une œuvre d’art dont elle avait découvert l’existence que quelques heures plus tard en se regardant dans le miroir pour la toilette du soir. Voilà pourquoi les gens dans la rue la dévisageaient. Le pire, c’est qu’il avait l’air d’en être fière avec son petit regard malicieux quand Rebecca était venue lui demander plus amples explications. Il s’était demandé où il avait bien pu trouver l’idée, mais était vite passée à autre chose.

« Je suis soulagée alors ! » dit-elle en haussant légèrement les épaules. De toute façon, Rebecca cette petite arme secrète pour flancher son ami de toujours. « Si tu ne m’aurais pas pardonné, je t’aurais sortis ce regard de chien battu jusqu’à ce que tu finisses par m’accorder ton pardon », un regard qu’elle mime pendant quelques secondes avant de reprendre son sérieux et de s’asseoir à côté de lui. Ils seraient plus à l’aise pour parler de cette manière. « Au moins, tu peux te reposer après chaque mission », les yeux qui regardent dans le vide quand elle prononce le mot ‘mission’, parce qu’elle a cette peur qu’il l’envahie à chaque fois qu’il part. Elle sait qu’il a choisit ce métier et lui fait confiance, mais son cœur de maman et d’amie est plus fort que tout. Elle espère qu’il ne repartira pas tout de suite. Les sourcils qui se froncent quand David lui indique qu’il avait quelque chose à lui annoncer ? « Tu commences à me faire peur là. Ne me dit pas que tu repars déjà ? » première chose à laquelle elle pense. Elle est pendue à ses lèvres, attends qu’il parle et sorte ces fameux mots. Des mots qui arrivent aussi violement qu’une vague sur un rocher. « Attends quoi ? », elle ne se rends pas compte, mais la jeune femme élève un peu trop la voix. Peut-être même que sa compagne l’a entendu depuis la chambre des enfants. Elle baisse alors d’un ton, mais reste tout aussi surprise par la nouvelle. Une surprise qui laisse doucement place à un grand sourire, presque jusqu’aux oreilles, le temps que son cerveau identifie la nouvelle « Félicitions ! C’est prévu pour quand exactement ? », elle se lève légèrement pour venir l’enlacer alors qu’il était encore sur sa chaise, elle ne fait pas attention à sa force, mais finit par le relâcher pour le laisser respirer. Elle se repose sur sa chaise, le coude posé sur la table et la tête qui est calée dans la paume de sa main. « Mais attends… Tu m’as pas dit que vous étiez de nouveaux ensemble ? T’as vraiment osé me cacher ce détail ? » lâche-t-elle en mettant sa main sur sa propre poitrine, l’air faussement choquée. « Moi qui t’ais poussé pour que tu fasses un pas vers elle ? ». Rebecca n’avait pas pu s’empêcher d’avoir ce pincement au cœur quand leur histoire avait pris fin, parce qu’elle aimait les voir ensemble. De voir son meilleur ami heureux, sourire.