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Stella et Marvin

Une journée, entre l'été et les animaux

Cela faisait deux mois depuis le gala de présentation. Depuis, l’été était passé. Il avait passé un peu de temps avec Stella. Autant qu’il le pouvait sans avoir l’impression de faire n’importe quoi, en tout cas. Il ne passait pas une semaine sans la voir. Et rarement plus de deux jours d’affilé, aussi. Il lui parlait tous les jours, par SMS tout du moins… et même si leur conversation était clairement plus complète de son côté, à elle, que lui. Lui, il écrivait rapidement, en mot court, en phrase construite, quand elle, elle faisait des longues phrases et des messages en pavé. Cela ne le dérange pas.

Il avait passé les deux mois ainsi, en essayant de se voir quand il le pouvait, doucement mais surement. La conversation sur leur couple n’avait pas été à nouveau abordé, ni même sous-entendu. Il y avait simplement une routine bien sympathique qui s’imposer entre eux. Marvin n’avait pas évolué pour leur relation intime… Il était resté à cette même situation. S’il lui avait fait des papouilles charnelles, il n’avait toujours pas laissé la jeune femme en faire de même pour lui. Il ne préférait pas… était-ce si obligatoire que ça que de faire l’amour dans l’acte complet ? Devait-il réellement mettre son cœur dans un tel état ?  Pour le moment, donc, comme la conversation ne revenait pas sur le tapis, il l’évitait.

Ce jour-là, il était Samedi. La jeune femme était en congé et lui aussi, enfin… il avait demandé une journée de congé, ce qu’on ne peut pas lui refuser vue le peu de pause qu’il prend toujours. Il avait prévenu le refuge qu’il ramènerait une bénévole en plus, sans parler du fait qu’elle était sa copine, ni qu’elle comptait peut-être prendre un chien. Il valait mieux trouver un meilleur appartement avant de choisir un animal de compagnie. Si d’ordinaire, il aurait été assez strict sur ça pour une autre personne, il savait qu’il faisait confiance à Stella pour bien s’en occuper si elle avait le coup de cœur pour un des pensionnaires du refuge.

Il l’attendait en bas de son appartement. Il vit un homme descendre. Il avait un visage très russe, et Marvin se rappela que Stella lui avait parlé de son voisin. Ce dernier lui fit un signe de la main, Marvin ne répondit que par un froncement de sourcil. Il n’avait pas envie de dire bonjour à quelqu’un qui passait à côté de lui, alors quelqu’un au loin ? Il frissonna. Il était habillé d’un short assez court et d’un débardeur. Il avait prévenu Stella. Pour venir au refuge, il faut venir avec des habits que l’on peut salir ou détruire… parce que les chiens aimaient bien sautés sur les personnes qui s’occupaient d’eux. Quand il vit la jeune femme, il s’approcha et lui fit un baiser sur la joue. C’était une chose qu’il faisait souvent pour lui dire bonjour, sans avoir le besoin de le dire. Elle le comprenait. Depuis le temps,  elle avait appris que certains gestes de Marvin permettaient de communiquer sans avoir à parler.

- On a trois nouveaux résidents depuis la semaine dernière. On m’a proposé de leur faire une leçon d’éducation, j’espère que ça te conviendra.

Parce que c’était ce que la jeune femme avait demandé… de le voir avec des chiens. Aussi étrange que cela puisse être. Il ne comprenait pas pourquoi on apprécierait de le voir s’occuper des chiens… mais comme il aimait la compagnie de Stella et la compagnie des chiens, il n’en voyait pas d’inconvénient.

(c) princessecapricieuse

  @Stella Fitzgerald

Deux mois...deux mois déjà que Marvin et moi sommes officiellement, ou pas, en couple. Un couple toujours particulier qui avance doucement, tout doucement, mais sûrement. Je ressens toujours le même plaisir d’être avec lui, de discuter avec lui, de partager certaines choses intimes, toujours à sens unique, avec lui. Je ne l’ai pas encore présenté à Toni comme elle me l’a demandé il y a quelques semaines, je n’en ai même pas encore parlé avec lui. Je sais qu’il n’aime pas la présence de gens qu’il ne connaît pas, et même si Toni est mon amie, il ne la connaît pas !! Et puis comment lui dire que la jeune femme veut le rencontrer pour s’assurer que je ne fais pas le mauvais choix en étant avec lui ? Je finirai bien par lui proposer cette fameuse entrevue mais pour le moment ce n’est pas d’actualité.

Aujourd’hui nous avons rendez-vous pour nous rendre au refuge. Je n’ai pas abandonné l’idée d’adopter un chien mais nous n'avons pas encore eu le temps, ni l’occasion de nous y rendre ensemble. J'ai quand même déjà commencé à regarder les petites annonces pour trouver un autre appartement avec jardin mais je n'ai pas encore trouvé mon bonheur !! Comme il m’a précisé de mettre de vieilles affaires auxquelles je ne tiens pas spécialement, au risque que ces dernières soient salies, voire abîmées, je choisis un leggin noir et court et un débardeur de couleur vert pâle. En réalité je n’ai pas de vieux vêtements mais cette tenue est la plus simple et je ne serais pas spécialement malheureuse si elle finit en lambeaux !! Je jette un coup d’œil à mon portable et me rends compte que je ne suis pas en avance, mais pas encore en retard non plus. Je finis de me préparer, attache mes cheveux en queue de cheval pour ne pas être gênée par ces derniers, me maquille légèrement. Je n’ai plus qu’à enfiler mes petites baskets et prendre une sacoche dans laquelle je glisse mon porte-monnaie, mon portable et mes clés une fois la porte verrouillée. Et je descends enfin, en ascenseur, pour retrouver mon cher Marvin déjà en train de m’attendre devant le bâtiment. Je m’approche de lui en souriant...

Salut beau gosse...lui dis-je en lui déposant un baiser sur ses lèvres même si je sais que je vais subir le même sort mais sur ma joue...je ne t’ai pas fait trop attendre ?

Il m’explique alors qu’on lui a demandé de venir donner un cours d’éducation à trois nouveaux arrivants au refuge.

Je suis impatiente de les rencontrer...eux et les autres bien sûr...et de te voir à l’œuvre aussi bien évidemment. Je pourrai faire quelque chose moi aussi ? Il y a peut-être ma boule de poils qui m’attend là-bas...

La Stella toujours enjouée et motivée par tout que je suis est bien présente...je glisse ma main dans la sienne, prête à le suivre et l’accompagner donc...

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Stella et Marvin

Une journée, entre l'été et les animaux

Marvin se demande bien s’il y avait une différence entre un baiser sur la joue et sur les lèvres. Dans leur cas, bien évidemment. Est-ce que la jeune femme exprime la même chose que lui en faisant cette action ? Ou alors est-elle en train de lui envoyer des signaux différents ? Il ne sait pas. Marvin a lu que chaque baiser a une signification. Mais il pense que c’est plus un mythe internet qu’une réalité. Il ne fit pas remarquer à la jeune femme qu’il n’est pas un « gosse » après tout, elle le sait déjà. Cela serait une insulte à l’intelligence de Stella que de lui faire remarquer ce détail. Plus il traine avec elle, plus il arrive à comprendre, ou à admettre, des expressions et des manières de dire. « Beau gosse » est un mot à part entier. Cela ne signifie pas un enfant charmant, mais un homme charmant, puisque que les deux termes ne sont pas dissociés. C’est une construction de l’esprit qui a changé une définition. Mais il accepte de ne rien en dire… et puis, il y a déjà fait remarqué, un mois en arrière, qu’il n’est pas un gosse, donc.

- Je n’ai attendu qu’une minute et vingt-sept seconde. Donc non, répondit-il toujours avec cette exactitude qui le caractérise.

Marvin sourit doucement pour regarder la motivation de la jeune femme. Elle semble bien motivée et ça lui plait. Il aime voir la lueur dans ses yeux, la manière dont elle étire son sourire dans une moue déterminée. Sans chercher à comprendre pourquoi, il l’embrasse avant de se reculer pour lui ouvrir la porte de sa voiture. Il a juste eu besoin de l’embrasser, de prendre pour lui ce qu’elle montrait au monde de son air si ravi. Elle est comme un phare dans la nuit noire, elle attire les navires. Marvin a conscience du risque à trop s’approcher de la lumière, mais il s’y jette tout de même. Il n’a jamais eu peur des rochers montagneux. Il la laisse rentrer dans la voiture et démarre une fois qu’elle est attaché. Direction : le refuge !

- On pourra promener une partie des chiens ensemble, explique-t-il. Et même, le refuge possède une cours intérieur pour les cours, mais aussi un champ à l’extérieur qui sert pour les promenades, je pense que nous pourrons y aller ensemble, tu promènes, j'éduque.

Il conduit rapidement, parle à Stella de différentes manières de dresser un chien. La carotte et le bâton. Il explique qu’il n’a jamais utilisé le bâton, pas une fois. Il préfère qu’un chien le morde que lui faire du mal. Il a frappé qu’une fois un animal, un petit caniche qui, bien que mignon, refusé de lâcher son bras et qu’il avait été obligé de le malmené un peu… mais rien de vraiment affolant. Il se gare dans le parking réservé et va à l’accueil. Là, il ne dit même pas bonjour à Caleb, le standardiste de la journée. Il prends les affaires pour l’éducation et repart. Il prend la main de Stella pour qu’elle ne reste pas avec un homme plus « beau gosse » que lui. Une fois au milieu des cages, il s’approche de celles les plus éloignés. La plupart des chiens se sont mis à aboyer pour avoir l’attention de Marvin, mais ce dernier n’avait pas la tête à ça. Trois cages, trois chiens. Un fox terrier croisé griffon qui semblait être bien plus âgé que son âge, au vue de ses poils poivre et sel, un jeune labrador qui ne resterait pas longtemps ici et un bâtard, entre le pitt bull et une autre race qui n’avait pas été identifié. Les marques sur son corps montrent qu’il avait été battu à une époque. Marvin prend le papier sur le côté.

- C’est un chien qui a été dans des combats de chiens illégaux, à New-York. La famille l’a adopté, mais apparemment ils ont continué à le battre.

Marvin pose un regard sur les animaux ainsi dans la cage.

- Je déteste les humains, souffle-t-il à son encontre en posant la main sur la grille.

(c) princessecapricieuse

Marvin dans toute sa splendeur...je viens à peine de le rejoindre que déjà il me fait rire, et le pire c’est qu’il ne le fait même pas exprès, et c’est ce qui le rend encore plus attachant. Sa réponse toute naturelle au sujet de l’attente le rend “accidentellement” drôle mais sans qu’il en soit conscient. Je ne veux pas le vexer mais je ne peux m’empêcher de rire en entendant sa précision mais en me justifiant aussitôt.  

Toujours dans la précision mon chéri...quelqu’un d’autre pourrait prendre cette “précision” au second degré et plaisanterait peut-être en version plus “hot” mais pas lui, pas mon Marvin. Histoire de le taquiner un peu, et oui déjà, j’ajoute en souriant...tu aurais pu tout simplement répondre par non...si je ne te connaissais pas je pourrais penser que tu avais les yeux rivés sur ta montre jusqu’à mon arrivée, prouvant ton impatience et me faisant remarquer mon léger retard...mais ce n’est pas le cas, n’est-ce pas ?  

Même s’il prend souvent les choses au premier degré je pense qu’il commence à me connaître et à savoir que je ne lui fais pas ce genre de remarque méchamment mais seulement pour l’embêter tout en lui apprenant en même temps ce qu’il faut ou ne faut pas dire et/ou faire !! On va dire que ça fait partie de son apprentissage de la sociabilisation. D'ailleurs il fait certains progrès dans son fameux apprentissage puisqu’avant de me laisser entrer dans sa voiture il me donne un baiser. Chose qu’il fait même de façon spontanée et j’adore ça !!  

Sur le trajet il m’explique ce qu’on pourra faire une fois sur place. Je me réjouis déjà rien qu’à l’idée de pouvoir l’assister et de promener ces chiens. Ce n’est pas grand chose quand on y réfléchit bien mais ça doit être tellement important pour ces bestiaux enfermés à longueur de journée dans ces cages.  

Je sens que je vais adorer cette journée. Je te remercie d’avance de me faire partager ça avec toi. J'espère juste ne pas m’effondrer en voyant tous ces toutous malheureux enfermés dans leurs cages.

Je l’écoute encore sur le trajet m’expliquer certaines choses quand aux différentes façons d’éduquer un chien. Je ne suis pas surprise d’apprendre que lui n’utilise pas la violence à moins d’y être forcé comme cela a été le cas une seule fois avec un caniche hargneux qui ne voulait pas lui rendre son bras !! J'imagine en silence la scène et me dis qu’il n’a pas dû apprécier taper le chien, même si je suis sûre que ce n’était pas trop fort non plus !!  

Nous voilà enfin arrivés à destination. Il s’empresse de prendre ce dont il a besoin et je le suis en direction des différentes cages. J'ai déjà le cœur serré en entendant les aboiements de tous ces chiens mais aussi en voyant les trois nouveaux résidents. Et je ne peux retenir mes larmes en voyant l’état dans lequel se trouve le dernier et surtout en écoutant ce que me dit Marvin.  

Ho mon Dieu mais c’est horrible, comment peut-on faire subir ce genre de choses à des êtres innocents !!

Je pose ma main sur la sienne qui est appuyée sur l’une des cages et lui dis...

Là je ne peux que te rejoindre...mais heureusement tous les humains ne sont pas comme ça. La preuve avec toi, moi et tous ceux qui s’occupent de ces amours ici et ailleurs...reportant mon attention sur le “blessé” je lui demande...tu crois qu’il va se laisser facilement approcher, et caresser ?

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Stella et Marvin

Une journée, entre l'été et les animaux

Marvin a simplement haussé les épaules. Peut importe, en réalité, qu’elle soit en retard ou non. Ce qui compte c’est qu’elle arrive un jour à destination. En tout cas, Marvin se dit que ça serait la philosophie de la jeune femme. Il répond à sa question aussi simple que ça, très terre à terre, comme toujours.

- Non aurait été un mensonge. Je n’ai pas besoin de montre quand je sais compter les secondes.

C’est plus simple. Marvin, quand il devait attendre, avait des facilités avec les mathématiques. Il comptait alors les secondes, les fractionner, les additionner avec le nom de carreau sur le sol ou diviser par le nombre de pois sur une robe multiplié par le nombre de nuage visible sur une fenêtre. Ainsi, il n’a pas besoin de montre. Que de lui. Dans la voiture il a de nouveau remonter ses épaules avant de laisser disparaître son souffle.

- Pourquoi tu devrais t’effondrer ?

Il se le demande, sans répondre à son remerciement qui ne le choque pas plus que ça, en réalité. Il n’y a pas à dire merci, alors il l’oublie, tout simplement. Il ne voit pas de raison de perdre son temps en explication. Une fois devant les chiens, il observe l’animal. Il a déjà envie de le sortir de là, de lui donner plein de câlin et de combat de corde ensemble. Il n’apprécie pas qu’on oublie que les chiens ont un cœur plus grand que la plupart des gens. Marvin continue de tenir le regard du chien qui s’approche.

- Parce qu’une grande majorité n’a pas de cœur, Stella. J’ai plus eu l’habitude de rencontrer des monstres que des gens comme toi. Sauf que je sais les ignorer. Un chien n’a pas cette chance quand il se retrouve dans les mains des hommes.

Sauf dans le cas d’hommes et de femmes comme eux. Mais ils sont peu pour l’immensité des besoins. Marvin le sait. Il connait les statistiques par cœur. Il prend la main de la jeune femme et la pose complètement sur la grille. Le chien approche et sent les odeurs. Il gémit en se reculant, mais voyant que ni Marvin ni Stella ne bougent, il revient et commencer à lécher les doigts.

- C’est un bon chien, souffle-t-il en lui caressant le museau avec la main de Stella. On va commencer par toi, on va te prendre et te promener, d’accord… Tueur ? Tu as un nom affreux.

Il se lève pour ouvrir la cage et s’approche. Le chien est dressé pour les combats, il est soumis par les hommes et accepte la guerre qu’on lui a imposé. Marvin se remet à genoux et lui tend une friandise. Le chien s’approcha doucement pour sortir par lui-même. Il tend à nouveau la main de Stella.

- Tu veux lui donner un autre petit prénom ? Le temps que je l’éduque il ne sera pas adoptable. Il faut juste trouver un nom qui rime ou ressemble pour qu’il ne soit pas trop perdu.  

(c) princessecapricieuse

Compter les secondes, c’est donc ça qu’il fait quand il attend quelqu’un ou patiente pour un rendez-vous ou autre ? Moi à sa place j’aurais été sur mon téléphone à vérifier que je n’ai aucun message, mail important, à naviguer sur les réseaux sociaux ou jouer à un jeu quelconque !! Mais je ne suis pas Marvin et je sais bien qu’il ne fait rien comme personne. Ce qui bien évidemment partie de son charme. Enfin le plus important est, je pense, que je l’ai enfin rejoint et que nous pouvons nous rendre au refuge. D'ailleurs, comme je lui dis, je redoute de m’effondrer en voyant tous ces animaux malheureux, ce qui visiblement l’étonne.

Parce que j’ai un grand cœur et que je suis une grande sensible. Et voir ces chiens en cage, sans doute trop petites pour eux, et ne pouvoir rien faire pour eux, va me faire beaucoup de mal. Je suis consciente qu’ils sont sûrement mieux là que livrés à eux même dans la rue, ou avec des maîtres les maltraitant mais n’empêche que...en parlant de maltraitance...d’ailleurs vous connaissez l’histoire de tous ces toutous ?

Comme prévu mes larmes ne tardent pas à couler lorsqu’il me montre les derniers arrivés, et surtout celui dont il me raconte le passé de combattant. La pauvre bête a tellement dû souffrir. Il en porte encore les traces sur son corps. Quelle horreur. S'il y a bien une chose que je ne supporte pas c’est qu’on profite de la faiblesse des êtres sans défense pour en faire ce qu’on veut, que ce soit les animaux ou même les enfants. Depuis que j’exerce j’ai eu la chance de ne rencontrer aucun enfant maltraité mais je sais que malheureusement ça existe, bien plus qu’on ne le pense, et pendant mes études on nous a expliqués la démarche à suivre en cas de doute. J'espère en tout cas ne jamais être confrontée à un tel cas. Mais revenons-en à notre pauvre Tueur...alors que ce dernier s’approche pour sentir ma main à travers la cage...

Tueur...c’est une blague...regarde-moi cette bouille, il n’a rien d’un tueur !! Moi je suis sûre qu’au contraire tu débordes de tendresse et si tu es encore là c’est que tu es un vainqueur, un battant...un survivant même...

Tout en regardant faire Marvin avec émerveillement, mettre en confiance le chien, je réfléchis à ce qu’il me demande...

Que penses-tu de Winner ? Il va vaincre la méchanceté de ses anciens maîtres et prendre sa revanche en ayant enfin une vie meilleure...

Je me mets moi aussi à genoux pour mettre la bête en confiance et même si je n’ai rien à lui offrir je tends doucement ma main vers lui...

Bonjour mon beau Winner...viens, n’aie pas peur mon grand, je ne vais te faire aucun mal...tu n’as pas dû avoir beaucoup de caresses dans ta vie toi...

Comme il s’approche tout doucement je souris niaisement et dis à mon chéri...

Hooo regarde il s’approche...il sait qu’on ne va pas le battre n’est-ce pas ?

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Stella et Marvin

Une journée, entre l'été et les animaux

Marvin possède des millions de manière de penser à autre chose qu’à l’humanité. Arrêter son esprit à un fait, une parole, un mot, qui l’intéresse plus que la politique ou le financement d’une nouvelle aile au musée. Son esprit est toujours en train de penser, mais parfois, il se plongeait dans les profondeurs de ses souvenirs pour en faire de véritable livre de connaissance qu’il se lit à lui-même. Parfois, il teste des formules mathématiques qui, bien que vérifier par des millions de mathématiciens qui en avaient fait leur métier, reste une distraction efficace à son ennuie et à son désir de rester de son côté, loin de tout le monde.

Ses pensées ne vont pas avec la logique ambiante. Pour lui, qui est une personne plus rationnelle qu’il ne le devrait, l’idée de s’effondrer face à un problème, à cause d’un grand cœur, ça le dépasse. Est-ce que le fait qu’il ne s’effondre pas montre qu’il en possède un petit ? Surtout en sachant que tous les cœurs ont plus ou moins la même taille, et que donc cette affirmation n’est pas possible. Il évite de dire cela à la jeune femme. Il se doute qu’elle ne voulait pas lui dire qu’il possède un « petit cœur », bien qu’alors il ne comprenne pas sa réflexion.

Une fois arrivé, il ne pense plus à tout ça. Comme un système d’exploitation en fond d’esprit, il s’occupe d’une chose à la fois, et surtout du chien qu’il doit promener. Marvin doit vérifie qu’il pourra l’éduquer, ou qu’il l’est. Il doit vérifier qu’il reste un chien apte à être donner à n’importe qui. Si ce n’est pas le cas, le chien pourrait partir ailleurs.

- Winner, fait-il en prenant le dossier pour en barrer le nom avec un stylo qu’il a toujours dans la poche. C’est noté.

Il repose le tout avant de sortir de la cage, avec le chien qui ne sait pas s’il en a le droit. Marvin est serein. Ce chien a les bases de l’éducation et il n’en faut pas beaucoup pour qu’un chien accepte la douceur. Il a eu un chien, ici, qui a été battu pendant trois ans. Il se mettait au sol à chaque fois que quelqu’un approcher la main. La dernière fois, il l’a revue et le chien mettait lui-même sa tête sous la main de son maître. C’est ce que fait l’amour. Marvin observe Stella qui appelle encore le chien et le chien qui s’approche. Il n’aime pas le mensonge, ainsi lui réponds-t-il sérieusement mais d’une voix triste.

- Il ne sait pas. Mais à ce niveau là, un coup pour lui revient à une marque d’affection. Les chiens battus finissent par accepter que le seul contact possible est un coup, et l’attends. Il faudra lui apprendre qu’un coup n’est pas normal et qu’une caresse peut être délicate.

Il s’approche, se met dans la vision du chien et il approche sa main. Sans surprise, il se couche, il attends mais ne bouge pas, fermant les yeux jusqu’à ce que la peau touche ses poils. Le contact est doux, tranquille, et il ouvre un œil pour mieux voir. Marvin enlève sa main et prends celle de Stella pour faire le même mouvement.

- Il se mettra ainsi longtemps, avant d’accepter les nouvelles données qu’il apprend. Allons le promener.

Il met une laisse autour du coup du chien. C’était le genre de laisse qui s’adapte à chaque animaux et permet de ne pas leur laisser un collier le reste du temps. Il lui caresse la tête encore, avec la même réaction avant de prendre la main de la jeune femme pour l’emmener dans le parc, derrière la SPA.

(c) princessecapricieuse

Marvin le silencieux...alors que moi j’exprime toujours ce que je ressens, je fais part de mes pensées, j’ai besoin de dire tout ce que j’ai sur le coeur et tout ce qui me passe par la tête, lui au contraire écoute, enfin je l’espère, analyse au fond de lui, mais ne dit rien, ou presque rien, se limitant au strict minimum. Aussi combien de mes pensées se perdent une fois prononcées, combien de mes questions restent sans réponse ? Devrais-je m’en formaliser ? Le bouder ? Lui en faire la remarque ? A quoi bon, Marvin est ainsi fait et je commence à bien le connaître et forcément à l’accepter tel qu’il est. Tout comme lui accepte finalement aussi mes différences, ma joie de vivre, mes paroles, interrogations et tout le reste.

Il est évident, une fois de plus, qu’il est bien plus à l’aise, en présence de ces canidés plutôt qu’avec des humains, bien que le malheur et la tristesse résident dans ces cages. Ce qui m’arrache forcément déjà quelques larmes mais ça ne dure pas très longtemps puisque nous entrons directement dans le vif du sujet en commençant par nous occuper par le beau Winner que je viens tout juste de renommer. J'écoute attentivement ses explications quand à ce que ce toutou a vécu, encaisse avec une certains douleur le fait qu’il n’ait à ce jour, sans doute jamais reçu de véritable tendresse, étant bien décidée à ce que cela change pour lui dès à présent. Il est bien évidemment craintif lorsque nous approchons nos mains de lui, mais semble comprendre rapidement que ces mêmes mains ne le battront pas, découvrant pour la première fois qu’une main peut être douce au contraire de ce qu’il a vécu jusqu’à aujourd’hui.

Je ne dis pas à Marvin que je ne suis pas rassurée à cent pour cents, même si j’aime les animaux, et plus précisément les chiens, j’ai toujours appris à m’en méfier d’une certaine manière, connaissant bien leurs seuls moyens de défense. Un chien qui grogne ou mord n’est pas foncièrement un chien méchant mais un animal qui prévient que quelque chose ne lui convient pas. A nous, les humains, de savoir décrypter ces signes et les respecter.

Enfin, nous voilà partis avec l’animal au bout d’une laisse, main dans la main. Bizarrement je ressens une certaine fierté d’être là aujourd’hui, avec l’homme que j’aime, de partager ce moment avec lui, de découvrir cette facette que je ne lui connaissais pas encore et de pouvoir moi aussi apporter un peu de réconfort à ces animaux qui en ont grand besoin. J'ai dit, il n’y a pas très longtemps, à Marvin que je souhaitais adopter un chien, ça ne sera pas forcément Winner, mais j’espère pouvoir l’accompagner dans l’apprentissage de cette nouvelle vie, ce beau toutou qui nous suit sans vraiment de difficulté, pour sa première promenade...

Je serre la main de Marvin tout en marchant, ne pouvant m’empêcher de lui dire ce que je ressens à ce moment précis...

Je me sens à la fois tellement importante mais aussi toute petite...importante dans le sens où je suis heureuse de pouvoir faire découvrir à Winner qu’il n’y a pas que la violence dans la vie...et toute petite car je n’ai pas vécu le quart de ce qu’a pu endurer ce toutou et là c’est lui le grand bonhomme !! Regarde comme il est beau et fier...

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Stella et Marvin

Une journée, entre l'été et les animaux

Pour travailler à la SPA, il y a plusieurs règles obligatoires. La première, bien sûr, c’est d’aimer les animaux. Les personnes n’aimant pas les boules de poil, ou sans poil d’ailleurs, n’ont pas le droit de venir. Ou s’ils ont le droit de venir, ils ne resteront pas bien longtemps. Il faut pouvoir accepter que 80% du travail est de ramasser les merdes des animaux. Il y aussi beaucoup de « prendre sur soi », parce que le chat, ou le chien, ou la chèvre, ce qui est déjà arrivé d’avoir, ne veulent pas de l’amour de l’humain étrange qui débarque. Dans le cas de Winner, il a besoin d’amour et d’attention, mais il n’ose pas forcément. Parce que l’homme les a déjà broyé dans leur psyché. Ainsi, il faut savoir aimer les animaux. La seconde chose, lié à la première mais plus éloigné, il faut savoir prendre de la distance avec l’horreur qu’ils ont vécu. Si on écoute Marvin, et pour une fois il croit en l’humanité en mettant les autres bénévoles dans le lot, tous les animaux serait dans sa maison en train de vivre sa best life. Parce qu’il sait. Si on ne prends pas de distance, que l’on prends à cœur leur histoire, alors ça en deviendrait vite ingérable. Le but n’est donc pas d’adopter tous les animaux, mais de les aider à les réhabiliter pour qu’il le soit. Winner serait parfaitement accordé avec un homme qui fait du sport tous les jours, comme Marvin, mais qui le stimule aussi « physiquement ». Marvin, lui, pourrait stimuler le chien intellectuellement, en lui apprenant à attraper un livre dans la bibliothèque sans en planter les crocs dedans. Chaque chien à son humain type. On ne devrait jamais choisir un chien selon sa race, mais selon sa propre personnalité. Cependant, et il le sait parce qu’il connait tous les chiens qui sont passés par le centre avant Winner, ce n’est pas ce que l’humanité fait d’ordinaire. Ils prennent un chien parce qu’il a des beaux yeux bleus, sans savoir qu’un chiot peut avoir les iris qui changent de couleur. On prend un chien parce qu’un Youtubeur français l’a choisi. Il suffit de regarder Squeezie, -et cela même si Marvin n’a jamais regardé une seule vidéo de lui-, qui a pris un chien de race. Après cela, la vente de cette même race à exploser… et des spécimens de ce « baby boom » ont finit dans les refuges. Un chien, même considéré comme le plus intelligent du monde, pissera sur le tapis si on ne le sort pas à temps. C’est un fait. Marvin soupire mentalement, une action qu’il a appris à faire parce qu’apparemment soupirer n’est pas une chose à faire, et regarde la femme à ses côtés.

Elle a du mal à se distancier de tout ça. Ses paroles le prouvent. Il reste une seconde silencieux le temps d’analyser ses paroles. Il ne veut pas la blesser mais il veut discuter sur ça. Enfin, « vouloir » est peut-être un grand mot. Il sait que Stella aime parler de ses sentiments et avoir un retour. Alors il essaie, même si toutes ses pensées sont pessimistes. Il ne veut pas lui dire en l’état de peur de violenter son cœur déjà fragiliser par l’animal.

- Sais-tu ce qui différencie l’homme des animaux ? En anthropologie social, on cherche toujours à répondre à cette question. Pendant longtemps, on pensait que c’était la faculté de l’homme à construire des outils. Cependant, on a compris que, même si moins développé que les notres, les grands singes savent aussi faire des outils et comprendre leur intérêt comme une extension de leur corps. On a vu des grands singes trouvaient une branche, l’utiliser pour détruire une fourmilière et garder cette branche pour l’utiliser à nouveau. Ils mâchouillent même le bout pour pouvoir mieux attraper les fourmis.

Il observe un instant une fourmi sur le côté. Elles n’ont aucune chance, mais donc les singes utilisent un outil qu’ils comprennent comme tel.

- Ensuite, nous avons pensé que c’était l’art. L’art est le fait de faire une construction esthétique qui amène une émotion. Cependant, à nouveau on a remarqué que certains oiseaux faisaient des constructions pour attirer leur femelle, ainsi ils utilisent l’art pour susciter une émotion.

Il évite de rajouter qu’à l’inverse, lui est totalement réfracter à l’art. Cela lui coule dessus comme de l’eau. Il n’a jamais trouvé d’intérêt dans l’art. Oh, quand on parle d’histoire, oui. Il adore Guernica pour l’histoire qui traine derrière et la manière dont l’œuvre a été inventé. Mais il n’a pas d’émotion. Comme tout, quand il regarde une chose, il ne s’émerveille pas de son existence mais simplement de son passé, ce qui est déjà pas mal de son point de vue. Mais n’empêche, il n’aime pas l’art.

- Alors, qu’est-ce qui fait que nous soyons des hommes ? fait-il en prenant un bâton sur le sol et enlevant la laisse de Winner mais sans le lâcher pour autant. Les hommes sont ceux qui ont de la culture, et je ne parle pas des mythes ou des traditions. La culture c’est pour les moments et les notions que l’on met à chacun. Prenons le cas de la politique, c’est un mot qui, qu’importe la langue utiliser, signifie quelque chose pour les hommes. L’intégralité de l’humanité, qu’il aime ou pas la politique, comprendrait le mot et l’appréhende à sa manière.

Il bouge le bâton devant le nez de Winner qui le suit du regard. Les animaux et les humains ont des traits en commun mais il est ne faut pas tout mélanger aux risques de faire pire que mieux.

- Quand une personne vient pour demander un animal en le traitant de bébé, j’ai envie de leur faire comprendre qu’ils sont à côté de la plaque. On ne peut pas traiter un animal comme un bébé humain, il n’a pas les codes qu’il faut. Un chien, même intelligent, ne comprendra jamais le principe de la politique, ou de l’humanité, et n’aura pas peur de la mort. Ils ont peur de souffrir, mais la mort est une notion qu’il ne voit pas comme nous. C’est pour ça que Winner, même s’il a supporté une vie désastreuse jusqu’à maintenant, pourra avancer. Il ne sait pas réellement ce qui a pu lui arriver. Quoi qu’il arrive, il pensera qu’il a vécu une vie tout à fait normal mais que sa nouvelle éducation à changer. C’est pour ça aussi qu’il est dur de faire d’un chien qui a été élevé pour tuer un animal inoffensif. Un animal qui tue peut tuer à nouveau. C’est vrai. Parce qu’il a malheureusement était éduqué ainsi. Sauf que lui, maintenant, sa vie est celle qu’il vit. Il n’attend pas d’analyser son passé pour en construire quelque chose dans l’avenir.

Un chien peut être un membre d'une famille, sans soucis... mais il reste un chien. Pourquoi il dit tout ça ? Ou veut-il en venir ? C’est très simple.

- En gros, si tu décides d’être triste pour lui, saches que lui n’est pas triste pour lui-même. Ce qui l’aide c’est justement que son passé soit pris en compte par ceux qui peuvent en analyser l’horreur et le rendre plus adéquate pour un futur. Dans son esprit, il n’a pas de fierté à proprement parlé, qui est un autre concept humain, juste il vit. Et c’est parce qu’il vit que tu n’as pas à être triste.

Voilà. Il lance le bâton au chien qui part en courant le chercher. Attraper une balle, ou un bout de bois, fait parti des petites choses que les chiens apprennent très rapidement. Marvin reprends la main de Stella qu’il avait délaissé le temps de sa petite explication d’anthropologie sociale.

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Marvin et ses explications interminables...sa façon bien à lui de voir les choses et de les exposer. Enfin bien sûr il ne fait pas ça avec tout le monde parce qu’il n’aime pas les gens et les évite au maximum, mais il prend le temps de le faire avec moi et même si parfois je ne comprends pas tout je suis toujours impressionnée par son savoir, sa culture et je l’écoute toujours avec attention. Cette fois ci je ne suis pas sûre d’avoir tout compris justement mais j’en conclus qu’en fait je n’ai pas à être triste pour Winner, que lui ne vit pas dans son passé mais est prêt au contraire à avancer et vivre une nouvelle vie. Quoiqu'il dise il ne pourra pas m’empêcher d’être triste pour cet animal, comme beaucoup d’autres présents dans cette fourrière. Tristesse ou compassion pour certains, colère et haine pour d’autres, du moins pour ce qu’ils ont eu à endurer. En réalité je ne suis peut-être pas faite pour venir dans ce genre d’endroit et aider les autres bénévoles. J'ai sans doute trop de cœur pour faire abstraction des raisons pour lesquelles ces animaux sont ici. Je suis d’ailleurs admirative de voir ces autres évoluer dans cet endroit avec un tel naturel, comme si tout est normal, alors que pour moi rien ne l’est. Quand on décide de prendre un animal, quel qu’il soit, c’est pour l’aimer et le soigner toute sa vie, pas pour l’abandonner dès qu’il devient gênant et encore moins pour le maltraiter !! Enfin je laisse Marvin terminer ses explications, en essayant d’analyser chacun de ses mots, tandis qu’il s’occupe en même temps de Winner, lui-même prêt à bondir pour aller chercher le bout de bois que mon chéri s’apprête dans doute à lui lancer, et lorsque ce dernier glisse à nouveau sa main dans la mienne, je finis par lui dire...

Par rapport à tout ce que tu viens de dire je crois que je ne suis pas faite pour venir ici régulièrement. J'aimerais beaucoup pouvoir aider au refuge mais je n’aurai jamais le cœur assez costaud pour ne pas m’émouvoir devant tous ces malheureux. J'aurais envie de rentrer chez moi avec chacun d’entre eux !! Je pense que tu me connais assez maintenant pour savoir quel type de chien pourrait me correspondre, quel caractère pourrait s’entendre avec le mien. Peut-être qu’il n’est pas encore là, peut-être que oui. Même si je trouve Winner trop craquant et que j’aimerais qu’il trouve une bonne famille prête à l’aimer et à faire tout ce qu’il faut pour lui, je ne pense pas qu’il soit fait pour moi. Je te fais confiance, je suis sûre que le jour où arrivera celui qu’il me faut tu le reconnaîtras. Mais pour le moment nous sommes là et ce beau toutou a besoin de nous alors faisons ce qu’il faut...tu vas le lui lancer ce bout de bois ou pas ?

Je regarde le chien avec un large sourire et lui donne une caresse sur la tête, en faisant doucement pour ne pas le brusquer ni l’effrayer et provoquer une réaction non voulue et je dis en rigolant légèrement...

On a envie d’aller le chercher ce bâton hein mon beau Winner !!

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Stella et Marvin

Une journée, entre l'été et les animaux

- Non, avoue-t-il en la regardant alors que Stella est en train de parler.

En effet. La jeune femme a bien trop de sentiments empathiques pour pouvoir supporter de venir tous les jours ici. Ou même une fois par semaine. Elle ne supporterait pas de voir la détresse qui se passe dans ce genre de lieu. On ne peut rien faire de plus que supporter les cris de détresse et les demande d’attention de tous ses animaux. Parfois, certains ne veulent pas attirer les humains, et ceux là sont tout aussi détruit intérieurement que les autres. Souvent même plus. Ceux là sont les préférés de Marvin, parce qu’il se sent proche d’eux. Parce que Marvin a autant confiance en l’humanité qu’eux.

- Il y a d’autres méthodes pour aider le refuge. Tu peux faire des dons, tu peux aussi aider pour les évènements caritatifs qui brassent de l’argent. Par exemple, tu peux faire des cookies pour une vente aux enchères. C’est le genre de chose qui aide la S.P.A. sans avoir à observer la souffrance des locataires du lieu.

C’est une technique qu’il a déjà utilisé plusieurs fois. Il a proposé à une femme qui avait le même problème. Quand elle venait, elle se mettait toujours à pleurer à chaude larmes. Elle promenait le chien en laisse et elle n’arrivait plus à bouger. Alors, cela peut être une solution efficace pour la jeune femme. Travailler pour le refuge mais sans avoir à être en compagnie de la plus grande souffrance humaine.

- Je n’oublierais pas de te chercher ton chien convenable.

Il ne pense pas que cela soit la meilleure chose à dire. Ce n’était pas réellement les termes à utiliser… Mais, en tout cas, il comprend. Il sait ce qu’elle cherche. Un petit loulou, tranquille mais joueur. Compréhensible et… qui monterait pour dormir dans son lit. Parce que c’est une question qu’il pose avec les nouveaux adoptants. Une personne qui veut un chien affectueux devra accepter que ce chien soit plus souvent sur lui, contre lui, dans le lit ou le canapé que sur le sol. Là où un chien moins tendre pourra dormir en bas du lit sans gémir de souffrance et de manque. Il garde le bout de bois dans sa main. Le regarde une seconde, note les stries qui le parcoure et remarque les coups de dents qu’il possède déjà. Il finit par le tendre à la jeune femme.

- Fais-toi plaisir. Il rapporte mais il aime courir.

Lui ? Il lui faut un chien comme Winner. Un chien qui ne demande pas trop d’affection mais qui pourrait courir avec lui.

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Marvin me connaît bien et me comprend sans problème. Il a bien vu que je suis trop sensible pour venir régulièrement dans ce genre d’endroit même si j’adorerais y passer du temps et m’occuper de ces chiens mais si c’est pour repartir en pleurant à chaque fois ça ne servirait pas à grand-chose. En revanche il m’explique qu’il y a différentes façons d’aider la SPA et tout ce qu’il énumère est bien de mon ressort. Des donc, des œuvres caritatives, donner de ma personne sans avoir à supporter la vue et les cris de ces pauvres bêtes qui m’arrachent le cœur.

C'est vrai, je n’avais pas pensé à tout ça. Il y a souvent aussi des collectes à certaines périodes, dans les centres commerciaux. Ça je pourrai le faire aussi sans problème. Tu sais que je n’ai aucun mal à accoster les gens et que je saurai leur faire pitié. Pour les cookies ce n’est pas une bonne idée, je suis une quiche en cuisine, ils seraient invendables !! Enfin surtout immangeables...lui dis-je en rigolant légèrement. En revanche je suis assez douée de mes petites mains, je pourrai créer de petits objets et les vendre, genre au marché de Noël...enfin je suis preneuse de bonnes idées, et prête à vous aider mon cher Marvin...et surtout ces petits cœurs...

Je ne peux m’empêcher de ressentir comme un tiraillement au niveau de ma poitrine en regardant ce pauvre Winner...aujourd’hui il connaît autre chose que la violence humaine mais qu’en sera t’il demain ? Enfin je veux dire qui va s’occuper de lui dans les prochains jours ? J'adorerais pouvoir venir le voir et le sortir tous les jours mais comme on en a conclu tous les deux cet endroit n’est pas fait pour moi...on sait bien aussi tous les deux que Winner n’est pas le compagnon qu’il me faut mais...

Et tu crois que je pourrai revoir Winner ? Sans forcément venir ici, bien sûr...en tout cas j’espère qu’il sera rapidement adoptable et qu’il trouvera une bonne personne pour prendre soin de lui...regarde-moi ces yeux qu’il a...je comprends mieux l’expression “un regard de chien abattu” avec ce petit coquin...j’adore, il est trop craquant...

Encore plus craquant quand il fixe le bout de bois que me donne Marvin pour que je lui envoie moi, comprenant que je dois lui lancer assez loin...je m’écarte alors un peu et lance de toutes mes forces le bâton, le plus loin possible. Le chien ne perd alors pas une seconde et s’élance pour aller chercher son jouet qu’il me ramène aussi rapidement, d’ailleurs avec une telle force que je n’ai pas le temps de lui dire...Winner, stop...que je me retrouve les fesses par terre, “bousculée” par l’animal qui finit par s’asseoir à côté de moi, son bâton entre les dents...j’éclate alors de rire et lui tapote gentiment la tête...tu es un sacré toutou toi !! Tu me le donnes ? Lui dis-je en tendant la main vers lui, mais il ne semble pas décidé à se séparer de son objet !!

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Stella et Marvin

Une journée, entre l'été et les animaux

Marvin l’écoute alors qu’elle dit qu’il a raison. Il a la décence de ne pas dire que « oui » mais on le connait assez pour savoir que l’homme n’est pas le genre à se vanter pour rien. Il ne donne que des constats, que l’on prend mal ou non. Dans le cas de Stella , elle le connait assez pour savoir, donc, qu’il a raison à chaque fois. Surtout quand on lui demande une solution. Il sourit.

- Oui, il faut t’inscrire à l’accueil du refuge. Je ne pourrais pas te dire quoi faire, normalement les bénévoles se partagent les tâches entre création, vente et évènement divers. Il va de soi que je m’y suis jamais inscrit.

Il préfèrerait se faire arracher à nouveau les dents de sagesse. Il ne sait pas comment il pourrait travailler en groupe, pour construire quelque chose, puis pour les vendre. Son animosité vis-à-vis de l’humanité peut se lire sur son visage, il ne vendrait jamais rien. Il a proposé de donner des ouvrages de son propre livre (dont Stella ne connait même pas l’existence, d’ailleurs) pour les vendre. Mais simplement parce qu’il sait comment les avoir à moindre coup, sans le bénéfice auteur qu’il offre. Ils n’ont pas voulu parce qu’ils ne pensaient pas qu’ils trouveraient des personnes intéressées. Tant pis pour eux. Il continue d’écouter la jeune femme et ses tourments.

- Tu pourras revenir, avec moi ou simplement dire que tu es là pour t’occuper de lui.

Il regarde le chien et se demande s’il ne pourrait pas le prendre. Le chien penche la tête sur le côté, plus intéressé par le bâton que par la discussion des humains. En ça, les chiens sont aussi supérieurs aux hommes. Pendant qu’un monde se forme, de si et de peut-être, lui ne pense qu’à son bonheur à venir à l’instant T : le bâton. Cependant, Marvin ne trouve pas qu’il est coquin ou… craquant. Il est surtout concentré sur son but. Un chien comme ça serait parfait pour lui. Il regarde la facilité de l’animal à récupérer le bâton. Et quand il refuse de le rendre, il siffle et claque ses doigts devant son museau. Le chien lâche le bâton baveux. Marvin se penche et sourit indulgent en flattant son museau. Le chien, une fois dehors, va beaucoup mieux. Et ce n’était pas gagner. Cependant, il comprend les ordres. Il est intelligent. Il se demande l’histoire complète de cet animal pour connaître les ordres qu’il connait déjà. Il tend à nouveau le bâton à Stella.

- Les animaux sont… Je n’ai pas le cœur qui bat avec eux, même si leurs histoires sont tristes. Ils me font oublier les humains. Quand je suis là, j’arrive même à m’intéresser au présent au lieu de regarder la passé. Je suis leur exemple.

Il prend la main de la jeune femme et la presse doucement, comme si cela peut changer quelque chose à ses habitudes déplorables et son incapacité à dire ce qu’il ressent, ou lui offrir ce qu’elle désire réellement. Il ne peut lui donner entièrement ses sentiments, parce qu’il sait, comme le chien qui attend en battant de la queue, qu’il risque de souffrir bien plus encore. Même s’il fait confiance à Stella, cette peur est ancré en lui. C’est comme un tatouage, -et on apprécie le jeu de mot de qualité- qu’on ne peut pas effacer, même au laser. Il presse une nouvelle fois la main de Stella, comme si cela suffisait pour communiquer avec elle.  

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