you broke me first

Si l’hiver s’était installé sur Tree Hill, le froid avait anesthésié toutes les émotions que la jeune femme pouvait ressentir. Elle ne sentait plus rien, mettant un point d’honneur à se détacher des toutes émotions qui faisaient irruption. Elle avait fait l’erreur de faire confiance à nouveau et c’était là sa plus grande erreur, encore une fois elle s’était fait avoir. Peut-être qu’elle était vouée à rester seule indéfiniment, au moins la déception ne serait pas aussi grande. Une semaine auparavant Jimin avait réussi à rentrer plus tôt que prévu, réussissant à prendre un vol quelques jours avant la date qu’elle avait indiqué à Andreas dans l’espoir de le surprendre et passer un peu plus de temps avec lui. Elle avait été si heureuse d’avoir pu trouver un peu de temps à passer avec lui, son esprit avait bouillonné avec pleins d’idées d’activités à faire de lui allant d’une soirée à ne pas bouger et à juste parler à une balade en dehors de la ville. Elle se fichait pas mal de ce qu’ils feraient tant que ça lui permettait de créer de nouveau souvenir ensemble. Parce que c’était ce qu’ils étaient supposés être, ensemble ils formaient un couple, pas vrai ? Mais en arrivant au palace, la jeune coréenne avait surpris une conversation entre deux employés au détour d’un couloir. Elle avait très surement un talent pour surprendre les conversations qui ne lui étaient pas destinées, peut-être que c’était ses oreilles qui sifflaient qui la guidait à l’évidence qu’elle refusait de voir alors qu’elle se trouvait en face d’elle. Un air de déjà vu, un choc similaire à celui qu’elle avait connu alors qu’elle était encore lycéenne. Une vérité dont elle se serait bien passée, une naïveté qu’elle pensait révolue mais qui pourtant lui faisait défaut une nouvelle fois. Andreas n’était pas qu’il avait prétendu être, il n’était pas l’héritier qu’il lui avait dit être, non, son Andy lui avait menti sur toute la ligne. Il travaillait pour le palace et les deux employés qu’elle avait croisé étaient ses collègues, des amis à lui et il ne lui en avait pas fallu plus pour imbriquer toutes les pièces qui n’allaient pas ensemble depuis quelques temps. Un échange de quelques secondes et son monde s’écroulait à nouveau, un château de sable qu’une vague venait briser avec un peu trop de force.

Ni une ni deux elle avait embarqué ses valises qu’elle n’avait pas encore eu le temps de déballer et avait pris la direction de la maison que son père partageait désormais avec sa nouvelle compagne. Bâtisse que Jimin avait évitée autant que possible depuis son arrivée mais elle ne savait plus quoi faire ni où aller, tout se bousculait dans sa tête et elle voulait juste se reposer à un endroit où elle pourrait souffler, être blessée sans subir le moindre jugement, sans ressentir cette pression permanente d’être parfaite, de paraitre aussi froide et inaccessible qu’elle en avait l’habitude. C’était devenu un reflex au fil des années au point qu’elle avait presque fini par oublier ce que cela faisait de ne pas se sentir aussi seule, isolée et de pouvoir se reposer sur quelqu’un qui l’appréciait pour la personne qu’elle était réellement, de laisser entrevoir un peu de sa vulnérabilité qu’elle savait pourtant si bien dissimuler. C’était avec Andreas qu’elle avait l’impression de pouvoir respirer, il était devenu son oxygène avait même qu’elle ne s’en rende compte et tout ça pourquoi ? Finir par avoir le cœur brisé et le même constat, elle avait été idiote. C’était son père qui avait ouvert la porte, surpris de voir Jimin devant lui, elle qui ne venait que lorsque c’était nécessaire, il ne pouvait cacher sa surprise en la voyant dans un tel état. Avant même qu’il ne puisse dire quoi que ça soit, Jimin avait pris la parole la voix tremblante « Est-ce que je peux rester quelques jours ici ? Je… je ne sais pas où aller… » il avait hoché la tête tout en la laissant passer, lorsqu’il avait emménagé avec sa compagne ils avaient préparé pour Jimin une chambre qu’elle pouvait utiliser lorsqu’elle en avait envie, de même que pour les enfants de cette femme qui prenait de plus en plus de place dans la famille Lee. Jusqu’ici la chambre n’avait jamais servi et il était temps de l’inaugurer et ni l’un ni l’autre n’aurait pensé que ça aurait été dans de telles circonstances. « Est-ce que tout va bien ? » Jimin regarda son père, laissant couler une larme qui s’était échappé malgré ses efforts « Pas besoin de faire comme si tu portais un intérêt quelconque à mon bien-être, si ça t’importait réellement t’aurais fait attention à ça depuis des années. J’ai juste besoin d’une pause, d’ici un ou deux jours ça ira mieux. » son paternel écarquilla les yeux, jamais la jeune femme n’avait craqué devant lui, il avait l’habitude de voir cette fille forte et sure d’elle en permanence et jamais elle ne lui avait répondu de la sorte jusqu’à présent « Jimin… » elle le contourna et monta les marches qui menaient à l’étage où se trouvait sa chambre deux par deux. Elle était fatiguée, épuisée et elle voulait juste qu’on la laisse digérer tout ce qui venait de se passer. Entourée en permanence pourtant elle ne s’était jamais sentie aussi seule…

Deux jours à broyer du noir, elle n’avait été que l’ombre d’elle-même pendant ce court laps de temps. Les yeux vitreux à force d’avoir pleuré elle avait hésité à prendre le premier avion pour rentrer à New York ou même fuir encore plus loin et l’idée de retourner en Corée lui avait effleuré l’esprit mais Lee Jimin ne se cachait derrière rien, elle affrontait tous les obstacles qui se présentaient à elle. Fuir n’avait jamais été une option et ce n’était pas près de commencer aujourd’hui. Pour une fois elle avait pris du temps pour elle, pour essayer de rapiécer ce qu’il restait de son cœur après une énième déception, celle-ci faisait plus mal que toutes les précédentes, encore plus qu’avec Seojun. Jimin avait été blessée à l’époque, la colère avait vite pris le monopole, elle avait réalisé que durant tout ce temps elle était blessée d’avoir fait confiance à une personne qu’elle avait longtemps considéré comme un ami avant qu’il ne soit plus et que s’ils avaient été en couple pendant un certain moment, elle ne l’avait pas aimé comme elle l’aurait dû. Au fond, elle s’était convaincue qu’elle l’aimait alors que ce qu’elle avait ressenti pour son ami d’enfance était plus platonique que romantique. Avec Andreas c’était différent, elle était réellement amoureuse de lui, elle en était arrivée à la conclusion qu’elle l’aimait réellement et c’est ce qui lui faisait le plus mal.

Cinq jours, c’était ce qu’il lui avait fallu pour se remettre de cette découverte. Elle avait continué à répondre aux messages d’Andreas, les messages étaient plus courts, plus concis et elle avait prétexté avoir une charge de travail qui ne la laissait pas respirer. Ce qui n’était pas un mensonge mais se concerter sur ses devoirs lui avait permis de garder les pieds sur terre alors que sa nouvelle belle-mère s’était montrée adorable et présente pour elle malgré ses sauts d’humeurs et son père qui marchait sur des œufs autour d’elle. Il semblait vouloir être là pour elle mais était incapable de le montrer, ne sachant pas comment s’y prendre alors que Jimin redevenait la reine de glace pour laquelle elle était connue. Arrivant au palace au volant de son Aston Martin, elle laissa les clés au voiturier accompagné d’un gros billet, il devait trouver la situation marrante, encore plus sachant qu’elle devait retrouver Andreas dans le bar de l’hôtel. La brune lui avait donné rendez-vous un peu plus tôt dans la journée et lorsqu’elle passa les portes du bar, elle le répara rapidement. Impossible de le louper, ses yeux pouvaient le trouver parmi une foule compacte, comme des aimants et si son cœur semblait s’emballer de plus belle, elle n’était pas prête à cette douleur qui prenait le dessus. Elle s’approcha de lui, réussissant à lui sourire « Bonjour toi ! » ses bras l’encerclèrent presque par automatisme, sa tête posée contre son épaule et son odeur si familière qui d’habitude l’apaisait lui laissait un arrière-gout amer aujourd’hui. « Tu m’as manqué… » elle avait beau lui en vouloir et être blessée, c’était pourtant le cas mais est-ce que c’était le vrai Andy qui lui avait manqué ou le rôle qu’il jouait avec elle ? Jimin n’en avait pas la réponse et c’était ce qui la détruisait le plus. Elle se hissa sur la pointe des pieds avant de passer ses bras autour de son coup et de l’embrasser, savourant ce moment où elle se murait dans le déni l’espace d’un instant parce que c’était peut-être la dernière fois qu’elle initierait ce geste. Se détachant de lui, elle prit place sur la chaise à ses côtés, elle avait redouté ce moment, cette soirée depuis des jours maintenant mais il était temps, elle quitterait ce bar avec les réponses dont elle avait besoin. « Ta semaine s’est bien passée ? » Elle pencha la tête l’air pensif « En arrivant je n’ai pas vu ta voiture sur le parking, t’as changé de modèle sans m’en parler ? » le piéger n’était pas dans ses plans initialement mais il ne lui avait pas vraiment laissé le choix. Cette flame qui jusque-là la consumait semblait à présent vouloir la réduire en cendres, elle avait joué avec le feu au point de se bruler et Jimin avait perdu, malheureusement aucun d’entre eux ne s’en sortirait indemne.

 @Andreas Bloomberg    

you broke me first + jimeas

La vie d’Andreas avait pris un tournant inattendu depuis ce jour à Jimin avait fait irruption dans au Palace et dans sa vie. Elle, cette assurance qui émanait de son visage de poupée, ses longs cheveux noirs qui volaient au rythme de ses pas, et son regard dans le sien. Il avait perdu pied Andreas, trop, se lançant dans un jeu qui était devenu son plus gros mensonge en même temps que ses plus belles émotions. Si au début, il parvenait à jongler plutôt facilement entre son rôle de voiturier et ses rendez-vous avec la jeune femme, ça devenait de plus en plus compliqué de donner le change, non seulement parce qu’ils se voyaient de plus en plus et qu’il avait du mal à faire ses heures, mais aussi et surtout parce que la culpabilité le rongeait un peu plus chaque jour. Les déplacements de Jimin pour le business familial lui permettaient de profiter de ces semaines-là pour multiplier les heures, afin d’avoir des semaines bien plus légères côté planning lorsqu’elle était sur place, un combo qui fonctionnait plutôt bien mais qui ne serait, évidemment, pas tenable. Il allait lui dire la vérité, bientôt, il attendait juste le bon moment, si tant est qu’il y en ait un. A chaque fois qu’ils devaient se voir, le frisé se disait qu’il allait le faire, qu’il lui avouerait cette vérité qui lui ferait mal, avec l’espoir qu’elle puisse lire dans ses yeux à quel point il tenait à elle et combien il était désolé, mais dès lors qu’elle le prenait dans ses bras, qu’elle venait poser ses lèvres sur les siennes, il se dégonflait Andy, tenu par cette peur de la perdre alors que dans tout ce cinéma, ses sentiments, eux, étaient des plus réels. Cette semaine était de celles qu’il passait seul, ou en tout cas, entouré de ses collègues au Palace, à multiplier les shifts, conduisant voitures de luxe sur voitures de luxe jusqu’au parking privé, ramassant les pourboires avec son sourire légendaire. « Ils t’ont tous à la bonne Bloomberg, comment tu fais ? » Le frisé haussa les épaules, probablement que son visage de poupon, son air enjoué et sa politesse faisaient mouche, mais une chose était sûre, cet argent n’était pas de trop pour feindre la vie de riche héritier qu’il s’inventait en présence de Jimin et qui le mettait sur la paille beaucoup trop vite. Si d’ordinaire, Andy était toujours le premier à sortit son portefeuille pour des courses, des sorties, des surprises qu’il finançait sans regarder grâce à ses revenus de voiturier au Palace, ces derniers temps, il se montrait beaucoup moins généreux, et pour cause, il était complètement fauché à force de tout dépenser avec Jimin pour feindre un train de vie qu’il n’avait pas les moyens de suivre. Ridicule.

S’il profitait de la semaine pour travaille d’arrache-pied, il n’en restait pas moins que sa petite amie lui manquait, et que leurs soirées tous les deux étaient évidemment des moments qu’il attendait avec impatience. S’il ne lui disait pas tout, il restait par contre le même en terme de valeurs, et les anecdotes qu’il lui racontait étaient réelles, il lui avait parlé de Thalya, de l’incendie de leur maison, qu’il avait décrit comme une luxueuse villa, mais dans le fond, c’était – presque – la réalité. Presque.. Tout était presque vrai, mais rien ne l’était totalement, et parfois, ce piège se resserrait tellement qu’il avait l’impression d’étouffer, comme au gala auquel il avait accompagné Jimin et qui l’avait vu se noyer dans ses mensonges. La brune l’avait mis sur le compte de la pression, mais il s’était simplement pris les pieds dans le tapis des faux-semblants. Quelques petits messages par ci, par là, au fil de sa journée, des petits mots doux qu’il lui adressait depuis la salle de pause, ou le soir dans son lit, qui restaient parfois sans réponse ou qui ne suscitaient pas les réponses qu’il aurait espérées. Trop de travail, trop de fatigue, elle devait être au four et au moulin, et sans doute pas vraiment d’humeur au romantisme, surtout si elle avait beaucoup de pression sur ses frêles épaules. Il lui proposerait un massage quand elle rentrerait, ça lui ferait du bien ! Voilà une bonne idée. Hâte de te voir… Lui avait-il adressé la veille de son retour, impatient de la voir et de la retrouver, de pouvoir la prendre dans ses bras et l’entendre rire comme lorsqu’ils étaient à deux.

Elle lui avait donné rendez-vous au bar du Palace, et comme à leur habitude, les collègues avaient pris le pli de faire semblant, jouant tous le jeu depuis maintenant de longues semaines sans jamais faire le moindre impair, des comédiens insoupçonnés à qui il devait une fière chandelle. En arrivant, Andreas réalisa qu’il était le premier, et en profita pour saluer son camarade au bar, avant d’aller s’asseoir à une table et de reprendre la comédie là où elle s’était arrêtée, son bouquet de fleurs à la main. Cette semaine, il allait lui dire, une rengaine qu’il se répétait à chaque fois qu’elle revenait et qu’il ne suivait jamais. Dès qu’elle pénétra dans la pièce, le regard d’Andreas fut immédiatement attiré par elle, par sa prestance qu’il trouvait toujours aussi remarquable, par cette beauté dont il ne se lassait jamais, et son sourire à lui s’agrandissait à chaque pas qu’elle faisait en sa direction. Enfin. Il avait beau être mal à l’aise avec cette situation, les moments avec elle valait tout l’inconfort du mensonge, et c’était la raison pour laquelle il avait tant de mal à renoncer à ce qu’ils avaient. Ses bras autour de son cou, sa tête sur son épaule, elle embrassa ses lèvres et Andreas oublia, encore une fois, tous ses problèmes, trop heureux de pouvoir à nouveau l’avoir près de lui, impatient qu’elle lui raconte sa semaine, eux qui n’avaient que si peu échangés au cours des derniers jours. « Je suis tellement content que tu sois là… » Il avait attrapé sa main qu’il serrait entre ses doigts, avant de se souvenir du bouquet de fleurs qu’il lui tendit. « Elles ne sont clairement pas aussi belles que toi, mais c’était pour marquer le coup. ». Les roses rouges allaient parfaitement avec la couleur de son rouge à lèvres, et s’il avait voulu le faire, peut-être n’aurait-il pas réussi. « Ma semaine ? Oui, très bien… » Il ne pouvait bien sûr pas lui parler de ses heures à la pelle au Palace, ni même de l’état de la suite que Kiera avait signalé après le passage d’un jeune héritier qui, visiblement, n’avait pas passé la nuit seule, loin de là. C’était horrible, et tous étaient allé voir l’étendue des dégâts, à la fois choqués et amusés par une scène aussi improbable. Il était parti en laissant attachées au lit deux filles, menottées, et c’était une fois libérées que le reste leur avait sauté aux yeux. Des préservatifs, plein, d’autres vides, de la drogue, des fauteuils cassés, des miroirs plein de substances non identifiés, c’était lunaire. « Rien de bien croustillant… » Avait-il fini par prononcer. « La routine. » Un sourire au coin des lèvres, il regardait Jimin qui semblait songeuse. Sa voiture ? Sa voiture… Oui, non, évidemment qu’elle ne l’avait pas, le propriétaire avait quitté le Palace dans la semaine et bien évidemment, il avait pris son bolide avec. « Ha non, on l’a changé, mon père trouvait qu’elle faisait un bruit sourd, il a acheté une Lamborghini, je te la montrerai. Je ne voulais pas t’embêter avec ça, une voiture, c’est quoi après tout ? » Tout, justement, quand on s’appelait Andreas Bloomberg. La Lambo, c’était celle d’un client qui avait réservé pour un bon mois, de quoi voir venir sans avoir à inventer un nouveau prétexte pour la voiture. D’ici là, il lui aurait tout avoué, de toute façon. « Et toi, alors, ta semaine, j’ai l’impression que t’as été bien occupée… » Il marqua une pause, puis leva un doigt, prêt à lui balancer son idée de génie qu’elle ne pourrait décemment pas refuser. « D’ailleurs, j’me suis dit que ce soir, je pourrai te faire un petit massage, histoire que tu te détendes et qu’on passe un bon moment ? » Il souriait, content de sa proposition, heureux de lui faire plaisir, plein de ses sempiternelles bonnes intentions Andy, et il avait envie d’être avec elle, juste tous les deux, sans les regards des autres, sans le risque que son secret soit révélé, sans avoir à trop réfléchir. Juste elle, juste lui, de la tendresse, et son cœur qui battait un peu plus fort.

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@jimin lee

you broke me first

Ces quelques jours coupés au maximum de son quotidien avaient été compliqués pour Jimin, la jeune femme avait probablement eu trop de temps pour penser, pour réfléchir à la situation dans laquelle elle se trouvait une nouvelle fois ou presque elle avait envie de dire. Elle avait aussi réalisé beaucoup de choses, la première était que de ne pas montrer la version parfaite qu’elle était à son père avait eu un effet bien plus libérateur qu’elle n’aurait pu l’imaginer. Elle qui intériorisait tout depuis toujours, qui avait en permanence tout fait pour représenter l’excellence et la perfection le plus possible. Elle avait fini par s’oublier et laisser de côté la personne qu’elle était dans le seul but de sa quête d’amour. Parce que c’est ce qu’elle avait toujours désiré Jimin, être aimée par son père et il l’aimait à sa façon elle n’en doutait pas mais il avait une façon très particulière de le lui montrer. Est-ce que cette indépendance précoce avait joué en sa défaveur et poussé son père à la laisser tout gérer sans lui montrer la moindre émotion ? Probablement, peut-être qu’elle avait empiré son cas sans même s’en rendre mais elle voulait juste un geste, une action si ce n’était par les paroles. Mais rien, elle était trimballée de pays en pays pour le suivre, comme un petit trophée de l’enfant parfait que ses associés et amis ne cessaient de complimenter et presque d’envier. Parce que jamais Jimin n’avait remis en doute qu’elle marcherait dans les traces de son père et avait mis toutes les chances de son côté pour y parvenir. Exceller dans ses études, être irréprochable en toutes circonstances, tout avait été calculé depuis son plus jeune âge mais malgré tous ses efforts jamais son père n’avait prononcé les mots que la jeune femme souhaitait entendre : qu’il était fier d’elle et qu’il l’aimait. Pour une fois ne pas aller dans son sens, ne pas lui répondre une phrase bateau accompagnée de son meilleur sourire pour le convaincre qu’elle allait bien lui avait retiré un poids des épaules, pour la première fois elle se faisait passer en priorité et elle écoutait plus attentivement ce qu’elle ressentait. Deuxièmement, ces quelques jours sans voir ni vraiment parler avec Andreas lui avait fait réaliser à quel point elle l’aimait, à quel point il illuminait ses journées et que même s’ils étaient loin l’un de l’autre, il arrivait à lui faire tout oublier. La boule au ventre, elle s’était rendue compte qu’elle avait du mal à imaginer sa vie sans lui.

Il avait fallu de quelques mois pour qu’il vienne tout chambouler, avec son regard envoutant et son sourire angélique, toujours trop confiante Jimin l’avait approché et jamais elle ne serait imaginée autant s’attacher à lui. Pourtant en un rien de temps elle avait baissé sa garde, complétement, persuadée que tout ce qu’il avait entre eux était réel. Elle n’arrivait pas à se dire que tout ce qu’ils avaient construit jusqu’à présent n’avait pas une part d’authenticité, cette complicité, ces sentiments devaient l'être, ce n'était pas possible de simuler de telles émotions. Mais cette conversation qu’elle avait entendu dans les couloirs du palace l’avait fait douter et elle était perdue. Jimin se revoyait projetée quelques années dans le passé avec son ex petit-copain qui n’avait pour but que de profiter de son influence. Est-ce que c’était la même chose ? Elle ne pouvait se résoudre à penser qu'il était capable d'agir de la sorte. Est-ce qu’elle avait encore une fois été aveuglée par ses sentiments ? Elle avait trouvé en Andreas une personne avec qui elle pouvait être naturelle, avec qui elle voulait passer le plus de temps possible, avec qui elle s’imaginait avancer dans le futur à ses côtés. Alors Jimin avait pris ses distances dans le but de prendre du recul et en était arrivée à la conclusion qu’ils devaient en parler, elle avait beau redouter ce moment, la brune n’avait pas d’autres solutions que de le confronter. Cette mascarade semblait durer depuis un moment maintenant et elle se demandait s’il lui en parlerait un jour sans qu’elle n’amène le sujet elle-même. Ils s’étaient donnés rendez-vous dans le bar du palace et avec du recul cette idée n’était peut-être pas la meilleure. La possibilité de mettre fin à leur relation là où tout avait commencé ? Quelle ironie quand on y pensait…

Lorsque ses yeux s’étaient posés sur Andreas, son cœur s’était emballé et en l’espace de quelques secondes elle avait oublié la raison de sa venue ici. C’était encore pire alors qu’ils s’étreignaient après ne pas s’être vus pendant plusieurs jours. Entre la réaction à son contact et ses mots… Il avait un don avec les mots, comme s’il arrivait à lire en elle, à savoir ce qu’elle voulait entendre, ce qu’elle avait besoin d’entendre. Ca rendait la situation encore pire aux yeux de la jeune coréenne qui ne savait plus quoi faire, tiraillée entre la colère qui gagnait du terrain à chaque nouvelle seconde qui passait et vouloir rester dans le déni parce qu’il fallait qu’elle se rende à l’évidence : elle n’avait jamais été aussi heureuse qu’en sa compagnie. Elle avait enfin eu cette sensation, cette impression d’avoir trouvé sa place, que quelqu’un la voyait enfin pour qui elle était et non l’héritière qu’elle était vouée à devenir avant même d’avoir pointé le bout de son nez sur Terre. Elle attrapa le bouquet avec un petit sourire, ces petites attentions qui faisaient tant plaisir lui laissait un gout amer aujourd’hui. « Merci. » approchant les fleurs de son visage, elle s’alloua quelques secondes de répit pour laisser l’odeur des roses l’apaiser avant que la conversation ne prenne un tout autre tournant.

Jimin pouvait encaisser bien des choses, l’hypocrisie elle y était habituée depuis toujours. Les faux sourires, les messes basses, les coups bas, ça faisait partie de son quotidien et elle savait que ça faisait partie intégrante de ce milieu dans lequel elle avait grandi. Mais elle avait beau fermer les yeux, c’était difficile de se voiler la face alors qu’Andreas lui mentait ouvertement. Il avait esquivé ses questions sur sa semaine et avait sorti une réponse plus que bancale concernant sa question sur la voiture qu’elle n’avait pas vu au palace. Pour cause étant donné que ce n’était pas la sienne, le Bloomberg avançait que son père avait acheté une Lamborghini ce qui résultait en un haussement de sourcil de la part de la jeune femme.« Oh vraiment ? J’ai hâte de la voir alors… c’est quel modèle ? » elle s’en contrefichait totalement, que ça soit une voiture qui vaille une fortune ou non c’était le cadet de ses soucis, elle voulait juste voir si Andy allait s’enfoncer dans son histoire ou non. « Pas mal de devoirs et de papiers à rendre à l’université et j’ai aidé sur quelques dossiers pour l’entreprise familiale, désolée de ne pas avoir été très présente cette semaine. » cette version était plus glorieuse que la version originale où elle avait broyé du noir pendant plusieurs jours dans la maison de son père et sa nouvelle compagne. « On pourra voir ça plus tard. » c’était tout ce qu’elle avait réussi à baragouiner face à sa proposition qu’elle aurait accepté sans la moindre hésitation il y a de ça une semaine, les choses étaient différentes désormais. « T’es sûr qu’il n’y a rien d’autre dont tu voulais parler ? » elle lui laissait une dernière chance de s’expliquer sans le mettre devant le fait accompli, sans lui dire qu’elle savait déjà tout. Elle espérait qu’il se raviserait et serait honnête avec elle, qu’il saisirait la perche qu’elle lui tendait parce qu’inconsciemment, s’il faisait marche arrière et s’exprimait, peut-être que la situation ne serait pas aussi irréversible qu’elle le pensait, elle arriverait peut-être même à lui pardonner, à passer outre la base de leur relation fondée sur un mensonge. Elle n’était pas sure qu’elle y arriverait mais s’il se montrait transparent, elle pourrait au moins essayer et se dire que toute confiance n’était pas morte. Elle ne voulait pas le perdre, il avait fini par devenir la personne la plus importante à ses yeux et se dire qu’elle ressortirait de ce bar sans lui brisait le cœur.

 @Andreas Bloomberg