what about the one who leaves + Luna & Avery

Les gardes d’Avery s’étaient enchainées à tel point qu’il peinait à savoir quel jour de la semaine on était. Des cernes jusqu’aux genoux, il baillait en sortant de sa garde de nuit qui avait été particulièrement intensive, en partie à cause d’un accident qui avait provoqué plusieurs blessés, dont deux en état critique. Au petit matin, il croisait les gens qui partaient travailler pendant que lui rentrait chez lui pour aller s’écrouler sur son lit et faire un coma qui ne le verrait émerger qu’au printemps prochain. Si seulement… Malgré les litres de café, la fatigue était bien tenace, et le rythme de ses pas soulignait à quel point toute forme d’énergie l’avait quitté au moment même où il avait franchi les portes de l’hôpital, gagné par l’adrénaline qui redescendait et son corps qui lui rappelait combien il était épuisé. En passant devant une pâtisserie, le brun s’arrêta quelques secondes, il n’avait pas mangé, et l’odeur avait eu raison de sa volonté. Driiing. Le sonnette de la porte retentit alors qu’il la poussait, et alors qu’il patientait sagement derrière le dernier client arrivé, la dame qui le précédait se tourna vers la vitrine, avant de s’exclamer « Avery ! » et de le prendre dans ses bras. « Comment tu vas ? T’as une sale mine, ils te font la misère à l’hôpital ? » Aussitôt, un sourire timide envahit les lèvres du Thompson, à la fois touché et heureux par autant de bienveillance, mais gêné parce qu’elle n’avait probablement pas la moindre idée que sa fille et lui n’avaient plus échangé depuis de nombreux mois. « Madame Davis, vous êtes toujours aussi belle. » Il le pensait, Luna lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, et les années ne transparaissaient pas sur son visage. C’était réconfortant et douloureux à la fois. A son compliment, elle posa une main sur sa joue, comme à ce fils qu’elle n’avait jamais eu. Par politesse, ou peut-être par curiosité, ou alors pour se faire du mal, Avery posa LA question, celle qui lui brûlait les lèvres. « Comment va Luna ? » Anodine, elle pouvait paraître tout à fait normale quand elle était bien plus lourde de sens que ça. Incapable d’assumer les émotions qui l’envahissaient alors que l’image de Luna, endormie à côté de lui à San Francisco le hantait, Avery baissa la tête. Evidemment qu’il se sentait mal, qu’il s’en voulait, d’avoir dérapé, de ne pas l’avoir rappelée, d’avoir laissé le temps faire d’eux des étrangers, tout à la fois, mais de ça, madame Davis n’en savait probablement rien, ou alors, elle avait des talents d’actrice insoupçonnés. Elle ne sembla pas remarquer la tension qui s’était soudain installée, parce que tout naturellement, du ton léger qu’il lui avait toujours connu, elle lui lâcha la bombe qu’il ne s’était pas préparé à recevoir. « Ça va, les repères reviennent vite, Tree Hill, c’est chez elle, quoiqu’elle en dise. Ça fait si longtemps qu’elle était partie… Vous avez prévu de vous voir quand ? » Un blanc. Il fallait encaisser la nouvelle qui venait de le figer sur place. Luna était de retour. « Bientôt. »  Répondit-il, tandis que la vendeuse appelait le client suivant, et c’était à son tour. Aussitôt, elle sursauta et s’avança vers le comptoir, avant de payer sa commande et d’envoyer un petit signe au Thompson qui le lui rendit. « Monsieur ? » Le brun fixait la vitrine, regardant la silhouette de madame Davis s’éloigner. « Mooooonsieur ? » Le médecin se retourna, secoué. « Pardon, oui, euh… » Il regardait les pâtisseries, et tout à coup, elles lui donnaient toutes la nausée rien qu’en les regardant suinter le sucre. Il n’avait plus faim, la nouvelle lui avait coupé l’appétit. « Finalement rien, je vous remercie. » La vendeuse leva les yeux au ciel, puis chercha du regard la personne suivante pendant que le jeune homme quittait le magasin.


Allongé sur son lit, Avery fixait le plafond de sa chambre, lui qui était pourtant si épuisé ne trouvait pas le sommeil, incapable de dormir tant il avait besoin de réfléchir. Savoir Luna en ville le torturait, tiraillé entre la déception qu’elle ne lui ait rien dit, l’appréhension de la croiser, et l’envie d’aller la trouver, de lui parler, de nourrir l’espoir infime que tout ne soit pas complètement foutu, à moins que la peur de sentir que c’était sans issue ne prenne le dessus et le cloue à ce lit duquel il n’avait pas bougé depuis déjà deux heures. Est-ce qu’elle avait croisé Jade ? Son portrait devait encore plus en avoir pris un coup… Si c’était encore possible. Comment est-ce qu’ils avaient pu en arriver là ? Finalement, l’heure défilait, et il abandonna l’idée de dormir pour passer chez sa mère, elle était toujours de bons conseils. Lorsqu’il entra dans leur maison familiale, sans frapper, comme l’enfant roi, sa mère, un tablier attaché autour de la taille, l’accueillit avec son sourire permanent et un câlin dont elle était la seule à avoir le secret. « Chéri, tu… » Avery la coupa. « … as l’air d’un mort vivant, oui je sais m’man. » En français, ils échangeaient aussi naturellement qu’ils l’auraient fait en anglais, et le brun huma ce qu’elle était en train de préparer. « Tu fais une tartiflette ?! » Repas typiquement de chez elle, c’était une mission pour elle de trouver du Reblochon à Tree Hill, mais une fierté quand par magie, elle en trouvait au rayon frais des produits européens, malgré le prix exorbitant que coûtait un tel fromage outre-Atlantique. « Prends-toi une assiette va, tu ne manges pas assez, tu nages dans ton pantalon… » Elle tira sur son jean, qui, effectivement, avait gagné en amplitude depuis qu’il multipliait les heures de garde.  Le nez dans son assiette, Avery faisait tourner le morceau de pomme de terre sans pour autant le manger, toujours perturbé. Le regard dans le vide, il fut happé par un cadre posé sur le buffet de la salle à manger. Doucement, il quitta sa place pour aller attraper l’objet de son attention, avec un sourire amer. Luna, Jade et lui, leurs visages collés, des sourires illuminant la photo toute entière, plus heureux que jamais. La main de sa mère se posa sur l’épaule de son fils, avant qu’elle ne dépose un baiser sur sa tempe. « Je suis fière de toi mon chéri. » Des mots qui faisaient du bien, comme toujours, et après quelques minutes, et quelques bouchées de son assiette, il enfila sa doudoune, gonflé par le courage que sa mère réussissait à lui transmettre sans même qu’ils n’aient à aborder à proprement parler le sujet.


Plus que quelques mètres… Une profonde inspiration, sa doudoune, son écharpe enroulée autour du cou, son bonnet enfoncé sur sa tête… Elle n’allait même pas le reconnaître. Ni une, ni deux, il retira le bonnet, passa une main dans ses cheveux pour leur redonner leur forme initiale, puis desserra son écharpe pour qu’elle ne lui cache pas la moitié du visage. Toc toc toc. Les secondes paraissaient très très longues, et le cliquetis de la clé dans la serrure infiniment angoissant finalement. Elle était là, Luna. Avery la fixait, accroché à cette image qu’elle n’avait pas changée, pas d’un pouce. « Salut ! » Banal, trop peut-être, insuffisant, sûrement. « J’ai appris que tu étais en ville, alors, j’ai eu envie de te voir… » Pas comme en Californie quand il était parti. Pas comme toutes ces fois où il aurait pu l’appeler pour prendre des nouvelles et qu’il ne l’avait pas fait. Pas comme avant, alors qu’avant, c’était tout ce qu’il restait d’eux, finalement.

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@luna davis  

what about the one who leaves

Le retour à Tree Hill avait été quelque peu difficile pour Luna, initialement rien de tout ça n’était prévu mais en rien de temps elle s’était retrouvée dans l’avion, laissant temporairement derrière elle cette vie Californienne qu’était devenue la sienne. Du moins temporairement c’est ce qu’elle espérait, elle avait été soulagée de voir que son employeur l’avait encouragé à rentrer chez elle vu les circonstances, lui promettant qu’il n’y avait aucun problème à ce qu’elle travaille à distance pour l’instant si le décalage horaire et son planning n’étaient pas un problème. Elle n’avait probablement jamais été aussi reconnaissante qu’à la possibilité de travailler à distance qu’à ce moment là. Elle devrait faire le déplacement aussi lorsque l’équipe pour laquelle elle travaillait jouerait à proximité et l’idée de pouvoir revoir ses collègues et l’équipe lui donnait un peu de baume au cœur parce que certains étaient devenus des amis proches et dans un sens ils étaient aussi en parti devenu une seconde famille pour elle. Mais sa priorité à l’instant présent c’était être auprès de sa famille, sa vraie famille qui traversait une épreuve compliquée faites d’examens médicaux qui risquaient de changer complètement leurs vies.

Jade était venue la chercher à l’aéroport, elles avaient échangé par messages et sa meilleure amie s’était tout de suite proposée de venir la chercher à son arrivée. Elle n’avait pas hésité longtemps, esquivant le sujet d’Avery comme si c’était la mission de leurs vies à toutes les deux. Ca l’avait arrangé, parce que toute cette situation avait pris une ampleur qui la dépassait. Luna ne savait plus quoi en penser, comment réagir et après les longs mois qui s’étaient écoulés depuis la dernière fois où ils s’étaient vus, elle s’était persuadée qu’il n’y avait plus rien à sauver. Pourtant les questions fusaient dans esprit et elle avait besoin de réponses avant de pouvoir définitivement tourner la page si jamais elle y arrivait un jour et ça c’était pas gagné. « Je vais au boulot ma puce, ça va aller ? » lançant un petit regard fatigué à sa mère, elle ajouta d’un ton monotone « J’ai pas huit ans, je devrai pouvoir me débrouiller seule l’espace d’une journée tu sais. » sous le regard accusateur de sa maman, Luna haussa les épaules « Ca fait si longtemps que t’étais pas revenue à la maison que j’ai le droit d’agir de la sorte ! » un petit sourire suivi d’un câlin, la jeune brune ne rajouta rien, elle était la seule responsable de cette absence prolongée. Elle culpabilisait un peu mais ce départ à l’autre bout du pays avait été une chance qu’elle ne pouvait pas laisser passer, elle avait pu rejoindre l’université de ses rêves, faire le cursus qu’elle avait toujours souhaité suivre et qui lui avait permis de prendre un nouveau départ. Elle était tout autant partie pour son avenir que pour prendre ses distances avec tout ce qui la tiraillait ici à Tree Hill. Elle ne voulait pas utiliser le terme de fuite mais elle devait se rendre à l’évidence, c’était ce qu’elle avait, que ça soit dans le but de se protéger ou non. « Je bougerai pas de la maison et si j’ai un problème tu seras la première à le savoir, tu devrais y aller sinon tu vas être en retard. » un baiser sur la joue accompagné d’un petit câlin et elle disparaissait à travers la porte, la laissant seule alors que la brune s’asseyait à la table à manger de la maison familiale après avoir installé tout le matériel dont elle avait besoin pour sa journée de travail à distance. Les trois heures de décalage horaire lui permettaient de prendre le temps d’émerger et de commencer sa journée relativement tranquillement avant de s’affairer à ses tâches.

Les heures défilaient sans qu’elle ne s’en rende compte, s’extirpant quelques instants uniquement pour se faire un encas avant de se replacer devant son écran. De la musique en fond et le bruit des touches de son clavier, c’était ce qui résonnait dans la maison qui l’avait vu grandir jusqu’à ce quelqu’un ne frappe à la porte. Les Davis n’attendaient personne aujourd’hui, pas même une livraison alors la brune se dirigea vers la porte qu’elle déverrouilla, ne s’attendant pas à la personne qui lui faisait face. Avery en chair et en os sur le pas de la porte de la maison de ses parents. Elle s’était figée l’espace de quelques secondes, est-ce qu’elle hallucinait ? Probablement mais son cœur s’emballait quand même, exactement de la même façon que ce jour-là, le jour où il avait toqué à la porte de son appartement à San Francisco des mois auparavant, débarquant de nulle part alors qu’ils s’étaient perdus de vue. Ce visage dont elle connaissait les traits encore par cœur malgré ne pas l’avoir vu pendant des mois durant. Luna fut ramenée à la réalité par le courant d’air glacial qui s’engouffra dans l’entrée de la maison et elle frissonna, sa tenue n’était vraiment pas adaptée aux températures extérieures et ça lui sautait encore plus aux yeux en regardant son meilleur ami d’enfance emmitouflé dans sa doudoune avec son écharpe autour du coup et son bonnet à la main « Rentre. » elle ouvrit un peu plus la porte tout en se mettant sur le côté, lui laissant l’espace nécessaire pour qu’il puisse se mettre à l’abri. C’était peut-être une erreur de le laisser entrer chez elle parce que ça voulait dire qu’elle lui laissait une chance de parler, qu’elle leur laissait une chance de peut-être sauver ce qu’il pouvait rester d’eux, quoi, elle ne savait pas... Elle aurait dû lui dire de partir, comme il l’avait fait le lendemain matin de cette nuit qu’ils avaient partagé ensemble avant qu’il ne disparaisse et ne donne plus aucune nouvelle mais elle avait agi avant même d’avoir réfléchi, trop surprise qu’il soit venu la voir, volontairement. Ou peut-être que Luna était juste incapable de lui refuser quoi que ça soit, encore moins lorsqu’il lui avait dit qu’il avait eu envie de la voir. Est-ce qu’elle devait y croire ? Il avait l’air honnête mais tant choses avaient changé depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Elle secoua la tête et se dirigea vers la cuisine, évitant de croiser son regard parce que sa présence la déstabilisait et qu’elle s’en voulait de repartir dans ses travers. Elle ne pouvait pas se permettre d’agir de la même façon qu’elle l’avait fait au lycée, pas après avoir passé autant de temps loin de lui et pas après ce qu’il s’était passé. « Ma mère est au boulot et mon père avec des amis à lui pour une expo automobile. » pourquoi elle se sentait obligée de lui spécifier qu’il n’y avait personne d’autre à la maison ? Aucune idée mais elle l’avait quand même fait. « Tu veux un café pour te réchauffer ? » inutile de lui proposer autre chose, elle le connaissait suffisamment pour savoir ce qu’il aimait boire et malgré tous ses efforts, elle était capable de préparer sa boisson les yeux fermés et exactement de la façon dont il le prenait. Encore un effort de tout mettre derrière elle qui tombait à l’eau. En attendant sa réponse, elle sortit deux mugs et commença à préparer son propre flatwhite avant se tourner à nouveau vers lui. « Comment t’as su que j’étais de retour en ville ? » Peu de gens étaient au courant, en dehors de sa famille et de Jade, Luna n’en avait parlé à personne et elle se doutait que ça ne venait pas de sa meilleure amie ou alors elle avait loupé des épisodes au cours des derniers mois. La jeune Davis avait trouvé plus simple de ne rien dire pour l’instant que de devoir répondre à toutes les interrogations concernant son retour en ville. Elle n’avait pas forcément envie de rentrer dans les détails du pourquoi et du comment ni même répondre sur la durée de sa présence en ville alors qu’elle-même n’en avait aucune idée, tout ce que Luna savait c’est que c’était du temporaire.

  @Avery Thompson    

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Son visage, ce visage, l’avait hanté des nuits entières, probablement encore un peu à chaque fois qu’il était projeté à Berkeley, avec elle, et qu’il essayait de trouver des excuses, des explications, ou au moins un sens à tout ça… Cette nuit-là avait mis sans dessus dessous son monde tout entier, ou peut-être qu’elle avait redonné la place appropriée à chacune des personnes qui l’entourait. Jade avait fini par s’en aller, mais leur histoire était finie depuis longtemps sans qu’ils n’aient, ni l’un ni l’autre, souhaité poser ce point final à des années de relation. Luna, elle, avait pris ses distances depuis longtemps, et les quelques messages qu’ils s’échangeaient encore alors ne masquaient pas les étrangers qu’ils devenaient déjà, à cette époque, et qu’ils étaient désormais. Peut-être que cette incartade était en fait ce dont ils avaient tous eu besoin pour remettre les choses dans le bon ordre, mais lorsqu’il posait ses yeux bruns sur elle, là, sur le seuil de la porte, cette théorie-là ne tenait pas la route, pas une seule seconde. Luna avait été son oxygène pendant bien trop longtemps pour qu’il accepte qu’elle ne fasse plus partie de sa vie, et il avait fallu qu’elle revienne à Tree Hill et qu’il l’ait face à lui pour comprendre qu’il avait beaucoup trop perdu dans cette histoire. La savoir en ville l’avait travaillé, au point d’en oublier la fatigue, le froid, la tempête, pour juste l’apercevoir, et constater que rien avait changé, ou que plus rien était pareil, peut-être un peu des deux, il ne savait pas Avery. Il voulait juste la voir. Luna, sa Luna. Toujours la même, et pourtant si différente. La surprise sur son visage, il l’avait vue déjà, là-bas, lorsqu’il s’était pointé par surprise, comme aujourd’hui, un bis repetita qui pourtant n’avait plus rien de commun avec la situation précédente. Cette fois, il n’y avait pas d’immense sourire qui s’étirait aux coins de ses lèvres, ni d’étreinte chaleureuse, pas de cri de joie, pas d’enthousiasme. Juste la surprise, et rien dans ce regard qu’il pensait connaître par cœur et qu’il ne parvenait pas à déchiffrer, pas cette fois.

Dès lors que leurs regards se croisèrent, des flashs venaient frapper Avery, les uns après les autres. Il se revoyait, marcher auprès d’elle, le sourire aux lèvres, pendant qu’elle lui expliquait combien cette université allait changer sa vie, et en une fraction de seconde, il était à nouveau assis dans son canapé, dans l’appartement qu’elle occupait, un verre à la main, à poser des yeux sur elle qui n’avaient plus rien de platoniques, il la trouvait belle à cet instant, et ses éclats de rire sonnaient comme une mélodie à laquelle il était finalement sensible. Puis il était avec elle, dans ce lit, ses lèvres épousant les siennes sans qu’il ne ressente la moindre gêne, c’était évident, naturel, simple et doux à la fois… Il secoua la tête Avery, pour se ressaisir, parce qu’il était à Tree Hill, sur le pas de sa porte, et que ces souvenirs-là étaient aussi ceux qui les avaient amenés à ce moment précis, à des mois de silence, à l’absence. Des explications balbutiées sur sa présence ici, l’envie de la voir. Il avait lutté, réfléchi, mais ça avait été plus fort que lui, la savoir ici sans qu’il ne puisse lui parler était trop difficile. Rentre… Est-ce qu’il était soulagé qu’elle ne lui claque pas la porte au nez ? Oui. Est-ce qu’une partie de lui aurait aimé un peu plus d’enthousiasme ? Oui aussi. Mais il ne pouvait pas se permettre de rêver Avery, il le savait bien. Avery pénétra à l’intérieur, passant devant la brune en cherchant son regard sans qu’elle ne soutienne le sien. Machinalement, il ôta son écharpe, et son manteau, qu’il posa sur les crochets de l’entrée, comme il l’avait toujours fait… avant. Luna ne le regardait pas, comme si c’était trop difficile de poser les yeux sur lui, et le Thompson se sentait presque démuni face à cette situation qui échappait totalement à son contrôle. Ça aussi, c’était nouveau, entre eux. Cette gêne, cet évitement. Elle ne l’avait pas chassé, mais à sa façon, elle refusait de le laisser entrer, pas chez elle, mais dans cette vie dont il ne connaissait plus rien désormais. Elle parlait, mais toujours en l’évitant, et Avery restait immobile, dans l’entrée, à la regarder s’agiter pour leur faire du café. Ses parents n’étaient pas là, il s’en doutait un peu, étant donné qu’il avait croisé sa mère le matin-même. « Je veux bien oui… » Finit-il par balbutier, les yeux rivés sur elle qui ne lui rendait rien. En lui proposant une boisson chaude, elle lui offrait un peu de temps au moins, ça impliquait qu’elle ne l’obligerait pas à partir dans les secondes qui arrivaient, alors il prenait Avery, et peut-être alors, elle poserait enfin son regard sur le sien, elle comprendrait qu’il était désolé, vraiment. « J’ai croisé ta mère à la boulangerie, elle m’a demandé quand est-ce qu’on avait prévu de se voir maintenant que tu étais rentrée… » Cette phrase impliquait beaucoup de choses, et même s’il ne les prononçait pas à voix haute, Luna pourrait deviner qu’il savait désormais qu’elle n’avait jamais parlé à ses parents de ce qui s’était passé, du fait qu’ils ne se parlaient plus, que le mots amis n’étaient probablement même plus d’actualité… Ses parents ne savaient pas non plus que leur fille n’avait pas prévenu Avery de son retour, et qu’en lui annonçant le retour de Luna, elle avait posé un pavé dans une mare bien boueuse.

Voyant que Luna gardait cette distance avec lui qu’il comprenait mais qu’il ne supportait pas pour autant, il s’était approché d’elle, pour se poser juste à côté d’elle, face au plan de travail sur lequel elle s’affairait. « Est-ce que tu veux bien arrêter de t’agiter deux minutes et me regarder Luna s’il te plait ? » Ses mots étaient doux, prononcés d’une voix monotone mais ferme, une demande plus qu’un ordre, une supplication au fond. Il avait besoin qu’elle le regarde, il avait besoin aussi de lire dans ses yeux ce qu’elle ne parvenait pas à lui dire, ni avant, ni aujourd’hui. Elle ne lui devait rien, il le savait bien, mais pourtant, il était là, avec malgré tout l’espoir de sauver quelque chose, tout, n’importe quoi. Il ne voulait pas renoncer, et son retour à Tree Hill lui rappelait plus que ça, il ne pouvait pas renoncer à elle, à eux, à leur histoire, quels que soient les coups et les épreuves par lesquels ils devraient passer. C’était eux avant Jade, c’était eux avant le reste, et il réalisait à quel point il était doublement idiot de l’avoir abandonnée… Sa main restait à quelques centimètres de la sienne, et il avait hésité à venir se saisir de ses petits doigts, à les serrer entre les siens pour qu’elle comprenne combien elle comptait, bien qu’il n’ait jamais su lui montrer, mais il n’avait pas osé Avery, se contentant d’une légère hésitation avant de se murer dans le silence en attendant qu’elle lui fasse face, peut-être. « Je suis désolé… » Avoua-t-il, des mots qui arrivaient tellement tard, mais qui lui paraissaient nécessaires de lui offrir.

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@luna davis  

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Luna savait qu’un jour ou l’autre elle se retrouverait à nouveau face à Avery, elle l’avait toujours su mais plus le temps passait et plus elle avait essayé de laisser cette idée de côté dans un coin de sa tête. Leurs parents se connaissaient depuis si longtemps, qu’elle le voulait ou non, il était indéniable que les Thompson seraient toujours liés aux Davis d’une façon ou d’une autre. Mais vivre à des milliers de kilomètres lui avait permis d’oublier ça ne serait-ce que temporairement, encore plus quand ses parents et sa famille avaient fait le déplacement pour aller la voir, où alors qu’ils se retrouvaient lorsqu’elle passait dans les environs pour son boulot. Tout lui avait paru plus simple en dehors de Tree Hill, elle n’était pas hantée par les souvenirs d’Avery, de Jade à chaque coin de rue. Elle n’avait pas peur de tomber sur eux et de culpabiliser en les croisant parce que depuis son retour, c’était devenue sa crainte. A quel moment tout avait dérapé à ce point ? Si auparavant elle avait cherché à fuir sa ville natale dans le but de se protéger de ses sentiments pour permettre à ses meilleurs amis d’être heureux ensemble, elle était désormais rongée par la culpabilité et la peur de leur faire face et d’empirer la situation déjà instable dans laquelle ils se trouvaient.

Elle ferma les yeux, se retenant de souffler « Forcément… » évidemment que sa mère avait croisé Avery, Luna avait envie de rire, à quel moment s’était-elle dit que son retour pourrait rester discret ? Elle secoua la tête mais après tout Tree Hill n’était pas une ville aussi grande que la ville dans laquelle elle vivait désormais, c’était courant de tomber sur quelqu’un que l’on connaissait. Luna aurait probablement préféré que sa mère tombe sur n’importe quel camarade du lycée plutôt qu’Avery mais le destin en avait décidé autrement. Elle avait rarement parlé d’Avery avec ses parents, demandant occasionnellement comment il allait si l’un d’eux l’avait croisé et avait amené le sujet. La brune avait préféré ne rien leur dire au départ, elle avait attendu qu’Avery la recontacte et une semaine s’était transformée en deux, puis trois et à un moment elle avait arrêté de compter et avait décidé de ne pas aborder le sujet. Ses parents savaient très bien ce qu’elle ressentait pour lui ou du moins ce qu’elle avait ressenti par le passé, ils étaient persuadés que depuis son départ pour l’autre bout du pays elle avait tourné la page, c’était mieux qu’ils ne sachent rien de plus. Mais c’était pourtant bien loin de la réalité, parce qu’il était venu la retrouver et tout le reste avait cessé d’exister l’espace d’un instant, d’une soirée. Ils s’étaient retrouvés et c’était comme s’ils ne s’étaient jamais quittés, cette complicité, cette alchimie toujours présente, encore même plus forte qu’elle ne l’avait jamais été. Ils se connaissaient par cœur et même si la distance et le temps avait pris ses marques entre eux, tout avait été oublié au moment où lui avait souri, dès qu’ils avaient partagé leurs idées et visions du futur et puis il y avait eu ces verres de vins, ces baisers et la nuit qui avait suivi. Les doutes et les pensées intrusives s’étaient envolées pour ne laisser qu’eux. La Davis avait toujours été persuadée que sa place était à ses côtés mais après son départ et ce qu’il restait d’eux, elle n’en était plus aussi sûre. « Ce retour en ville est temporaire… » tout le monde semblait oublier cet élément et elle ne cessait de le répéter comme un mantra, comme pour elle-même ne pas oublier cet élément.

Luna sentit Avery s’approcher d’elle avant de l’entendre, son corps en accord avec ses moindres gestes, encore et toujours. Elle qui s’était donnée tant d’effort pour ne pas céder, ne pas lui donner toute son attention parce qu’elle savait qu’elle le regretterait mais l’entendre lui demander de le regarder avec ce ton, comme s’il était déboussolé elle ne put s’empêcher de s’arrêter net dans son élan. Son stratagème pour ne pas lui faire face tombant à l’eau. Forcément qu’il s’en rendrait compte, bien trop rapidement pour son propre bien. Elle s’était refusée à le regarder droit dans les yeux parce qu’elle savait qu’il pourrait lire en elle comme dans un livre ouvert. Mais il était trop tard pour faire marche arrière maintenant qu’il se trouvait dans sa maison, ce n’était qu’une question de minutes voire secondes avant que le brun ne puisse voir à quel point elle était blessée par la façon dont il avait agi. Parce que presque trois années étaient passées et elle continuait d’interpréter sa fuite comme un rejet. Mais elle en avait marre Luna, de se cacher derrière cette image parfaite qu’elle avait façonné depuis toujours. Il voulait savoir ce qu’elle pensait ? Il allait être servi, parce que la jeune femme ne put se retenir de le regarder droit dans les yeux et de s’approcher de lui, ne laissant que quelques centimètres entre eux alors qu’il laissait échapper des excuses qui lui étaient dues depuis un bon moment désormais. « T’es désolé de quoi au juste ? De tout ce qu’il s’est passé cette soirée-là, d’être parti en pleine nuit sans rien dire comme si j’étais qu’un quelconque coup d’un soir ou d’avoir donné aucune nouvelle après ça ? » les possibilités étaient infinies, peut-être qu’au final c’était un mixte des trois, elle n’en savait rien. Mais ce qu’elle savait, ce dont elle était sûre était que s’il lui disait avoir regretté ce soir-là, elle ne pourrait pas s’en remettre totalement. Ca avait peut-être été une erreur et l’absence de contact pendant des années laissait suggérer ça mais l’espace de quelques heures Luna s’était autorisée à rêver, à espérer que ses sentiments soient réciproques. A espérer qu’elle soit plus que la meilleure amie qui avait toujours fait partie du tableau. Ca avait été naïf de sa part mais plus fort qu’elle et ils s’en mordaient tous les deux les doigts désormais parce qu’au final Luna restait une rêveuse et à chaque fois qu’elle s’autorisait « Pour le dernier point j’ai aussi ma part de responsabilité, j’aurais pu te contacter mais il faut avouer que vu les circonstances de ton… départ précipité, ça ne me paraissait pas être la meilleure des solutions. » elle haussa les épaules « Je n’ai rien dit à qui que ça soit de ce qu’il s’est passé ce soir-là, si c’est ça qui t’inquiète. » il le savait déjà, sa remarque précédente en avait été la confirmation étant donné que ses parents à elle n’étaient pas au courant qu’ils ne se parlaient plus, qu’ils étaient désormais presque des inconnus. « Qu’est-ce que tu veux Avery ? » Elle en avait marre de mal interpréter les choses, elle avait besoin de réponse mais surtout d’honnêteté.

  @Avery Thompson    

what about the one who leaves + Luna & Avery

C’était compliqué. Compliqué de revoir Luna. Compliqué de devoir faire face à ses erreurs et ses remords. Compliqué de trouver les mots justes. Compliqué de réaliser à quel point il avait l’impression d’être face à une inconnue. Compliqué de la savoir en ville sans aller la voir. Alors il l’avait fait Avery, il avait hésité avant de prendre son courage à deux mains et d’aller affronter une réalité à laquelle il allait devoir se faire. Assumer ses faiblesses, il se sentait prêt à le faire, après trois années à regretter, à oublier, à avancer, à accepter un silence qui s’était fait de moins en moins douloureux au fil des ans, jusqu’à ce que son retour vienne réouvrir des plaies qu’il pensait panser depuis longtemps. Bien des fois, il était tombé sur des photos d’elle, sur instagram, s’arrêtant quelques secondes pour la regarder sourire, ou des photos d’un road trip à moto à un petit ami qui avait l’air de la rendre heureuse. Il s’était convaincu qu’elle allait bien, qu’elle vivait sa meilleure vie loin de lui, loin d’eux, loin du souvenir de leur nuit ensemble, et de ce sentiment de trahison qui l’avait envahi au réveil. C’était plus simple comme ça, avait-il imaginé, avant de la savoir à Tree Hill, si proche de lui, trop proche de lui pour qu’il ne fasse pas ce pas vers elle qu’il aurait probablement dû faire depuis bien longtemps. Elle lui avait ouvert la porte, le laissant s’abriter du froid pour trouver un autre genre de climat glacial, celui du silence, de l’absence de regard, celui d’une amitié brisée dont il allait tenter de ramasser les morceaux tant bien que mal, aussi aiguisés fussent-ils. Temporaire. Son retour n’était pas définitif, et le brun fut saisi pour un mélange de déception et de soulagement, tiraillé entre le compte à rebours au dessus de sa tête qui chronomètre sa capacité à recoller les morceaux, et celui de ne pas avoir à subir cette froideur si elle venait à ne jamais lui pardonner. Les jours étaient donc comptés, et il avait envie que ce premier pas soit l’aube d’une longue série qui les mènerait à cette amitié oubliée, s’ils le pouvaient. Luna, de son côté, si elle lui avait ouvert la porte de sa maison de famille, ne semblait pas prête à le regarder, encore moins à affronter les non-dits qui pesaient lourd entre eux, même après tout ce temps. Il le sentait Avery, c’était palpable, et son agitation pour ne pas avoir à le regarder rendait la gêne évidente. Une demande, et des excuses qu’il avait murmurées, qu’il savait lui devoir, depuis si longtemps. Des mots qu’il s’était préparé à lui offrir dès qu’il avait pris la route, dès qu’il avait vu le panneau Las Vegas s’afficher devant lui, dès que son téléphone a sonné… Et que Jade lui a annoncé la disparition de son frère. Des mots qu’il avait retenus, qu’il s’était promis de lui dire, au bon moment, pas à la va-vite au milieu d’une tragédie chez les Simmons, puis ça s’était éternisé, puis Jade et lui s’étaient remis ensemble, et tout n’avait plus vraiment de sens… Des mots qu’il ne lui avait jamais dits, des mots tus pendant aussi longtemps que le silence lui, avait pris toute la place.

Trop facile. Evidemment que ça l’était, mais c’était un point de départ, parce que ses excuses étaient sincères au Thompson, bien qu’insuffisantes. Il voulait qu’elles soient la source d’une potentielle discussion, qu’ils puissent se parler, crever l’abcès et peut-être, essayer d’avancer, et de retrouver ce qu’ils avaient abandonné. Il était naïf, ou peut-être qu’il n’avait pas cerné l’étendue de la colère de Luna lorsque celle-ci accepta d’enfin lui faire face, avant de lui verser ce qu’elle avait sur le coeur d’une traite, pleine de ce qu’il percevait comme un brin de cynisme. Elle lui reprochait cette nuit-là, et surtout son comportement en suivant, une attitude déplorable dont il était bien sûr conscient. Il s’était laissé dépassé à ce moment-là, et il n’avait jamais su comment remonter à la surface de l’océan déchaîné qu’était sa vie à l’époque. Il écouta tout ce qu’elle avait sur le coeur, il recevait sa colère et sa déception en pleine face, et si ça faisait mal de l’entendre ramener leur amitié et son geste à un simple intérêt individuel, il encaissait sans broncher, baissant la tête à chaque vérité qu’elle lui assénait et au fur et à mesure qu’il réalisait à quel point cette nuit-là avait tout gâché entre eux. Pourquoi est-ce qu’il était allé là-bas au final ? Il avait eu une envie folle de la voir, parce qu’elle lui manquait, parce qu’il avait l’impression de la perdre et qu’il n’arrivait pas à accepter cette idée, avant de finalement faire ce qu’il refusait pourtant de voir arriver : l’ignorer. Qu’est-ce que tu veux Avery ? Tout. Rien. Il ne savait pas vraiment. Il les voulait eux, peut-être, raviver le souvenir de ce qui n’était plus… « J’en sais rien ! Toi, nous, j’sais pas… » Il sentait ses joues rosir par les différentes émotions qui l’envahissaient, par l’urgence de se justifier, par la frustration de l’entendre imaginer qu’il ne venait ici que pour s’assurer qu’elle n’avait rien dit, alors que tout ça n’avait plus la moindre importance. Est-ce que ça en avait déjà eu, finalement ? Son histoire avec Jade était déjà terminée bien avant qu’une fin définitive ait été officialisée, et s’il avait gardé secret l’identité de cette fille, « la » fille de Vegas, c’était pour son amitié avec Jade plus que pour sauver ses arrières. Qu’est-ce que « nous » voulait encore dire entre eux de toute façon, elle qui semblait le dépeindre comme la pire des espèces humaines, un égoïste de première qui ne pensait qu’à lui… C’était dur, il pensait qu’elle le connaissait mieux que ça, et ça le mettait presque en colère, mais il réalisait aussi que c’était l’image qu’il lui avait laissé en partant sans jamais se retourner, malgré leur amitié et une relation longue de presque vingt longues années. « Je suis désolé d’être parti comme ça, de ne pas t’avoir appelée après, peut-être même d’être venu, parce que j’avais pas prévu ça… » Ça… Eux, elle dans ses bras, lui qui l’embrassait et elle qui passait ses bras autour de son cou, la suite, ce lit, ces draps, elle, lui, un. Il ne l’avait pas prévu non, jamais même il ne l’avait imaginé jusqu’à ce que ça lui paraisse évident ce soir-là, simple, naturel, ça avait doux et beau à la fois, et puis ça avait viré au cauchemar quand le sentiment de trahison, de doute, de peur aussi, avait pris le dessus. Il avait passé ses mains à travers ses cheveux, avant de les laisser redescendre le long de ses joues, pour la regarder enfin. « Je ne voulais pas te perdre, c’était pour ça que j’étais venu ce soir-là… Et j’ai tout foiré… » Est-ce qu’il était nécessaire de lui reposer un contexte qu’elle connaissait sûrement déjà ? Il ne savait plus. « J’venais de rompre avec Jade, et j’ai pris peur parce que je ne savais pas ce que ça voulait dire, j’étais perdu, j’me suis enfui, et c’était débile. J’ai voulu t’appeler, le temps d’essayer de retrouver mes esprits, mais Jade m’a appelé, son frère avait disparu, j’ai sauté dans le premier avion… Et puis tu connais la suite, le temps passait, et ça devenait de plus en plus difficile de justifier tout ça… J’ai manqué de courage. » Il soufflait, fixant ses pieds, avant de poser ses yeux clairs dans ceux de la brune. « Je n’ai jamais voulu te blesser… Jamais. » Pourtant il l’avait fait, et pire encore, il était conscient de l’avoir fait et n’avait pourtant rien fait pour y remédier depuis ces années. Il avait été un ami en carton, si on pouvait encore l’appeler comme ça, mais de la voir là en face de lui remettait l’évidence au coeur de sa vie : Luna devait en faire partie. « Alors j’en sais rien Luna, est-ce que ça serait si fou de dire que je voudrais pouvoir retrouver ce qu’on avait, que j’voudrais effacer ces trois dernières années, et repartir à zéro ? » Il s’approcha d’elle, et se baissa légèrement pour plonger son regard dans le sien avant de poser une main tendre sur sa joue. « Et toi, dis-moi, qu’est-ce que tu veux ? Je le ferai. Si tu veux que je m’en aille, alors je m’en irai, si tu as besoin d’explications, de détails, je te les donnerai ! » Il recula, un sourire crispé aux coins des lèvres. « Et si tu veux que je brave la tempête pour aller te chercher ta gaufre préférée, je le ferai aussi… T’aimes toujours ça, pas vrai ? » Il essayait Avery, vraiment il essayait…

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@luna davis  

what about the one who leaves

Elle l’avait imaginé à de nombreuses reprises cette confrontation, ces retrouvailles. Elle ne savait pas quel terme employé, et malgré tous les scénarios imaginés, la brune n’était définitivement pas prête à se retrouver face à lui, dans une telle situation et démuni de tout bon sens. S’il l’avait prévenu de sa visite, est-ce que les choses auraient été différentes ? Probablement pas, il avait toujours eu cet effet sur elle, la déstabiliser et lui faire oublier tout ce qu’elle avait en tête. Nous avait-t-il dit et Luna se força à garder en tête que sa définition de ce mot ne correspondait pas avec la sienne, que la relation qu’elle avait toujours espéré avoir avec Avery n’était probablement rien d’autre que platonique à ses yeux à lui, du moins jusqu’à ce soir-là. L’espoir qu’elle avait eu, ces moments partagés avec lui, cette intimité l’avait mené sur une voie qui l’avait bien plus blessé qu’elle n’aurait pu l’imaginer. La brune le voyait perdre pied, c’était une chose qui arrivait peu souvent mais il enchainait, approfondissant ses excuses, donnant plus d’explications et son cœur se stoppa quelques secondes lorsqu’il prononça qu’être venu la voir était peut-être une erreur. Elle avait toujours pris sur elle, Luna, ça faisait partie de son caractère. Vouloir faire passer ses proches avant elle étaient comme un réflexe à ses yeux, parce que si les gens qu’elle aimait étaient heureux, alors elle l’était aussi et c’est pour ça qu’elle s’était effacée un nombre de fois incalculable. Taisant ses envies, des fois de ses ambitions pour que les visages des autres puissent à leur tour s’illuminer.

Elle l’écoutait lui expliquer la situation dans laquelle il s’était trouvé il y a trois ans, qu’il avait pris peur et puis que tout s’était vite enchainé. Son retour précipité à Tree Hill suite à la disparition du frère de Jade, Luna savait qu’il avait été d’un soutien sans faille pour la jeune femme alors qu’elle n’avait pas pu être là pour l’aider, la soutenir comme elle aurait dû le faire. Elle s’en était voulue la Davis, rongée par la culpabilité de ne pas être présente lorsque Jade en avait besoin, d’avoir l’impression de s’être immiscée dans le couple formé par ses deux meilleurs amis. Elle commençait son premier boulot après son diplôme à ce moment-là et avait été incapable de revenir en ville comme elle l’aurait souhaité alors elle avait fait son possible pour soutenir Jade à distance. Ca avait été probablement l’un de ses plus grands regrets et le rythme soutenu du quotidien d’Avery qui jonglait entre la Simmons, ses études et tout ce qu’il avait à côté faisait sens mais il n’en était pas moins que Luna avait eu ce sentiment d’avoir été oubliée, mise de côté et ce sentiment lui avait collé à la peau depuis trois ans, cette petite voix restant toujours dans un coin de sa tête. Il disait n’avoir jamais voulu la blesser et elle le croyait, elle connaissait suffisamment Avery pour savoir que ce n’était pas intentionnel mais les dégâts étaient faits. Elle s’était forcée à tout mettre derrière elle, à avancer comme elle le pouvait en espérant qu’elle finirait par oublier tout ça à son tour, comme elle avait l’impression que le jeune homme avait tout oublié aussi. Mais elle était sentimentale Luna et si elle avait réussi à berner son entourage par son jeu d’acteur qu’elle avait su façonner au fil du temps, la seule personne qu’elle n’avait jamais réussi à réellement convaincre était elle. Lorsqu’il avait posé sa main sur sa joue, elle avait l’impression d’avoir reçu un choc électrique, comme ce soir-là et elle ne put que plonger les yeux dans le sien. C’était injuste à quel point le moindre de ses gestes pouvaient l’affecter après tout ce temps, après la rancœur qu’elle pensait avoir envers lui et qui n’en était en réalité pas du tout. Elle aurait aimé que les choses soient différentes. Elle aurait aimé ne jamais être tombée amoureuse de lui, tout aurait été beaucoup plus simple…

Elle secoua la tête à sa dernière interrogation, ne pouvant empêcher le petit rictus qui était venu s’installer l’espace de quelques secondes avant de disparaitre. Il avait le nom pour sortir des choses de nulle part et Luna savait bien que si elle lui répondait par l’affirmative, il serait capable de partir en quête du bien promis malgré la météo du jour. « T’as déjà bravé la tempête pour venir ici, je pense que c’est suffisant. »  elle reporta son attention complète sur lui, pensive. « Ce que je veux ? Je… j’ai besoin de réponses. » tellement de questions restées sans réponses depuis des années, son esprit était confus et elle avait besoin d’honnêteté. Elle s’était longtemps imaginé des réponses, se perdant dans des hypothèses. La jeune femme était passée par plusieurs phases, la première où elle se demandait si elle avait fait quelque chose de mal, si le problème venait d’elle, pire encore s’il avait regretté au point de pas supporter croiser son regard à nouveau. Son égo en avait pris un coup mais elle était vite passée à la deuxième phase, celle où elle lui avait cherché des excuses puis était venu la dernière phase, celle où elle était tellement blessée qu’elle s’était murée dans le déni. Luna avait eu l’impression qu’on lui avait arraché le cœur et qu’on lui avait piétiné, lui rappelant l’une des raisons pour lesquelles elle était parti si loin de sa ville natale. Elle avait tant espéré sur le moment, que les choses soient différentes entre eux, qu’il la voit comme plus que sa meilleure amie, son acolyte de toujours et l’espace de quelques heures, elle avait eu l’impression que ses vœux avaient été exhaussé avant que tout ne s’écroule de nouveau. Retour au point de départ, encore pire même et cette ville qui représentait sa nouvelle vie était une trace de plus qu’elle avait beau changer, murir, vieillir, son cœur lui restait entiché de la seule et unique qu’il ne pouvait avoir. « Sans tenir compte de la façon dont ça a impacté notre amitié, est-ce que tu regrettes ? » la brune savait qu’elle n’avait pas besoin d’approfondir sa question, il comprendrait son sens. Elle avait besoin de savoir s’il regrettait vraiment ce qu’il s’était entre eux, tout avait été si naturel, si simple sur le moment qu’elle se refusait de penser qu’il l’ait perçu différemment lui aussi. Et pourtant, ça avait peut-être mis leur amitié de toujours en péril mais s’il lui disait regretter ce soir-là, renier la connexion qu’il y avait eu entre eux, elle n’était pas sûre de pouvoir s’en remettre.

« Effacer ces trois dernières années… » elle repensait à ses paroles, c’était clair mais si flou à la fois « Tu veux parler de nos messages occasionnels à cause de la distance, pouvoir remonter suffisamment dans le temps avant que tu ne prennes place derrière le volant de ta voiture pour venir me rejoindre ? Ou tu voudrais juste revenir au moment où t’es parti cette nuit-là ? » Ses questions lui paraissaient dénudées de sens et pourtant elle n’arrivait pas à les retenir, pas lorsqu’il lui laissait une chance de les poser après ces dernières années. « Je peux pas revenir à cette amitié qu’on avait avant Avery, je peux plus… » chuchota-t-elle, presque dans l’espoir qu’il ne l’entende pas par peur de sa réaction. Elle ne voulait pas le perdre, inconsciemment ça avait toujours été l’une de ses plus grandes peurs mais elle ne pouvait pas faire comme si rien ne c’était passé, comme si elle pouvait étouffer ses sentiments qui n’avaient jamais disparus. Elle avait essayé, et fuir à des milliers de kilomètres n’y avait rien changé, alors si la Luna du lycée avait réussi à prendre sur elle, à faire comme si de rien n’était, l’adulte qu’elle était désormais ne s’en sentait plus capable. « Je ne veux pas te perdre non plus, mais tout ça... comme tu l'as dit, c’est pas aussi simple. » elle ne savait plus ce qu’elle faisait, elle n’avait aucune idée de si elle allait regretter ses propos mais elle commençait à s’ouvrir, à laisser filtrer une part de vérité qu’elle avait toujours enfoui au fond d’elle et elle n’en pouvait plus. Peut-être qu’elle gâchait tout, Luna n’en savait rien et ses yeux commençaient à s’embuer. Rentrer en ville n’était pas une chose facile et ce moment en était l’exemple même, elle avait peur de tout gâcher mais pour une fois elle voulait être honnête avec elle-même. Détournant le regard, elle espérait pouvoir stopper cette sensation qu’elle allait fondre en larmes d’une minute à l’autre. La fatigue de tous ces changements, la culpabilité et le doute qu’elle trainait depuis tant de temps commençaient à avoir raison d’elle. Elle avait eu envie d’espérer que les choses seraient différentes lorsqu’elle avait posé sa valise dans la demeure familiale mais sa vie et ses relations étaient encore plus chaotique que jamais. Bon retour à Tree Hill…

  @Avery Thompson    

what about the one who leaves + Luna & Avery

Trois années à mettre de côté cette soirée-là, trois années à faire comme si elle n’avait jamais existé, à se chercher des excuses et à se conforter dans les photos de Luna, tout sourire, pour atténuer la culpabilité qui l’avait envahie ce soir-là. Elle était heureuse, et c’était ce qui l’avait rassuré, et qui l’avait aidé à accepter le silence qui allait avec sa fuite et ses conséquences. Un mal pour un bien, pour elle en tout cas. C’était ce dont il s’était persuadé Avery, pour vivre avec son erreur, ses erreurs, et leur amitié brisée par sa faute. Finalement, elle avait trouvé le chemin du bonheur, de l’amour, elle avait l’air de vivre de beaux jours sur la côte Ouest, elle s’épanouissait et peut-être que ce n’était pas si grave que ça, ce départ au petit matin. Des mots qu’il s’était répété, à chaque fois qu’il tombait sur un de ses posts, et dont il avait fini par se convaincre au fil des mois. Bien sûr, sa meilleure amie lui manquait, mais il savait que son absence était le prix à payer, et qu’il ne méritait pas mieux. Néanmoins, la savoir si proche de lui sans saisir l’opportunité de s’expliquer, de s’excuser, représentait une occasion qu’il ne put s’empêcher de saisir. Trois longues années, résumées en quelques balbutiements à base de « je suis désolé » qui ne suffiraient pas mais qui constitueraient peut-être un début. Le début de quoi ? Il ne savait pas franchement Avery, mais c’était à l’aveugle qu’il s’était rendue chez les Davis, emmitouflé sous ses accessoires hivernaux.

Comme attendu, Luna restait distante, fuyant son regard et probablement le souvenir de leur histoire et des blessures que son comportement avait engendrées. C’était difficile pour Avery de trouver les mots, les gestes, les attitudes pour qu’elle réussisse à passer outre, et le flou dans son esprit n’aidait en rien. Il était perdu, dans ses souvenirs, dans ses pensées, dans les priorités et dans les choix qu’il avait fait, à l’époque, aujourd’hui. Il n’était pas certain d’avoir fait les bons, mais il avait suivi sa conscience, et s’il devait le refaire, probablement qu’il ferait la même chose, parce qu’il n’aurait jamais pu se regarder dans une glace s’il n’avait pas été présent pour Jade et sa famille dans des temps si dramatiques. Tout avait été si vite, trop vite pour qu’il n’ait vraiment le temps d’analyser les conséquences de ses actes, et avant qu’il n’ait pu réalisé ce qu’il risquait de perdre, il l’avait déjà perdue… Luna. Elle avait payé les pots cassés de la rupture récente de Jade et Avery, de la disparition brutale de son frère, de la culpabilité du brun, aussi, alors qu’elle méritait bien mieux que ça, que lui, que cette nuit-là. Avec un peu de recul, il avait imaginé ce qu’aurait pu être la suite pour eux, sans tout le reste, et dans chacun de ses récits improbables, ils partageaient plus que des draps, plus qu’un simple aller-retour, parce que le sentiment de plénitude qu’il avait ressenti en la retrouvant avait été si fort qu’il s’était laissé à la voir autrement, à les rêver autrement que de simples amis, l’espace d’un instant. Mais ce n’était pas le bon moment ce soir-là, il n’était pas prêt, elle vivait loin, ils étaient séparés par des milliers de kilomètres, et leurs échanges à distance s’étaient amenuisés au fil des mois… Pire encore, Jade était encore là, quelque part, et même s’ils s’étaient quittés, se lancer dans une relation avec sa meilleure amie quelques jours plus tard était cruel, ça ne pouvait pas être lui, ça ne pouvait pas être eux. Mauvais timing.

Il s’était excusé Avery, se noyant dans des explications qui ne seraient pas suffisantes mais qui, il l’espérait, lui permettrait d’adoucir un peu la colère de Luna. En posant ses yeux dans les siens, il s’était rappelé combien elle était importante, combien il avait besoin d’elle et combien il avait enfoui ce manque dans le travail, dans un rythme acharné qui lui permettait de ne pas vraiment avoir à supporter le poids de son absence. Les études, le boulot, les patients, la fatigue, le sommeil, les parents, aussi, et tout recommençait, encore et encore. Tout son quotidien n’avait plus rien de ce qu’il était lorsqu’il n’était encore qu’un gamin insouciant et heureux, lorsqu’il déambulait dans les couloirs avec Luna et Jade, quand tout semblait si simple et que leur amitié s’annonçait impénétrable. Foutaise. Des réponses. Elle avait besoin de réponses, et lui, il avait l’impression de lui avoir donné quelques instants plus tôt en lui exposant toute la chronologie des événements. Elle voulait des détails ? Quelles étaient ses questions au juste ? Il n’eut pas à attendre bien longtemps, parce qu’à peine eut-il répondu « Je t’écoute. », elle lui demanda s’il avait des regrets. Sans vraiment réfléchir, il répondit, du tac au tac. « Oui. » Evidemment qu’il regrettait. Même en mettant de côté l’impact que cette nuit-là avait eu sur leur relation, il regrettait d’avoir craqué avec elle, alors qu’il n’était pas prêt à s’engager dans quoique ce soit. Il regrettait d’avoir aimé ce moment alors qu’ils étaient amis depuis toujours. Il regrettait les doutes que cette nuit avait immiscé dans son esprit quand il n’avait jamais osé aspiré à quoique ce soit avec elle. Il regrettait. Oui, il regrettait que ça se soit passé comme ça, et de ne pas l’avoir vue comme il l’avait vue ce soir-là, avant. Il regrettait de ne pas avoir compris à quel point elle lui manquait avant de se pointer devant chez elle et de réaliser qu’il avait besoin d’elle, de son sourire, de leurs rires, de leurs conversations, de sa présence, aussi. Il regrettait même d’avoir eu des pensées aussi déplacées alors qu’elles avaient le pouvoir de tout détruire, et elles l’avaient fait, d’ailleurs.

Il voulait remonter le temps Avery, effacer toute la frustration et la tristesse qui avaient ruiné leur amitié, et la retrouver, tout simplement. Toutefois, la brune, elle continuait à creuser, à revenir encore sur sa fuite, sur le moment qu’il voulait effacer, et il avait beau l’écouter, et vouloir arranger les choses, il ne comprenait pas le Thompson. « A quoi tu veux en venir Luna ? Je ne comprends pas, tu veux me faire dire quoi ? » Il était désabusé le jeune homme, parce qu’il avait l’impression de passer à côté de la réponse qu’elle attendait mais il n’avait pas la moindre idée de la bonne chose à dire à cet instant. « J’en sais rien moi, à nos messages, à cette nuit-là, à mon départ, je crois que j’effacerais tout. » Elle ne voulait pas revenir à leur amitié, et Avery sentit le coup de poignard venir déchirer sa poitrine. Alors c’était tout. C’était fini. Aucun espoir. Pourquoi entamer cette discussion si elle savait déjà qu’elle ne voulait plus de lui dans sa vie ? Leur amitié était donc sans espoir, et elle ne lui pardonnerait pas. C’était clair maintenant. Il baissa la tête, prêt à accepter la fatalité, parce la forcer ne servait à rien, et que peut-être qu’elle avait besoin de temps pour digérer ce qu’il venait de lui dire. Son coeur tambourinait dans sa poitrine, et le brun fixait le sol, pour essayer d’encaisser la déception. Renoncer, c’était faire le deuil d’une partie immense de sa vie, une partie à laquelle il n’avait pas dit adieu, malgré ces trois dernières années. Je ne veux pas te perdre non plus. Avery leva les yeux vers elle, surpris, complètement perdu parce le chaud et le froid avec lesquels elle jonglait. « Je… Je ne comprends pas… Tu me dis que tu ne veux plus que l’on soit amis, puis que tu ne veux pas me perdre, je suis largué là… » Il passa ses doigts dans ses cheveux, puis sur son visage, faisant les cent pas avant de s’arrêter net devant elle, et de prendre sa main dans la sienne. « Je sais que j’ai été un gros naze, et que je mérite sans doute pas que tu me pardonnes mais… t’es ma meilleure amie, tu l’as toujours été, et… tu le seras toujours… quoique t’en dises. » Il se baissa pour chercher son regard du sien, cherchant à se montrer le plus sincère possible. Il ne voyait pas sa vie sans elle, plus maintenant, ça avait déjà duré trop longtemps, et elle était celle qui le connaissait mieux que quiconque, celle à qui il avait envie de parler pendant des heures, celle qui riait de ses blagues idiotes, celle qui ne l’avait jamais jugé, celle qu’il imaginait à ses côtés depuis son plus jeune âge, et jusqu’à ce qu’ils soient vieux et séniles.

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@luna davis  

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Cette situation n’avait rien à voir avec tout ce que Luna aurait pu imaginer, à des années lumières de l’idée qu’elle s’était faite de leur amitié il y a de ça plusieurs années alors qu’elle embarquait dans l’avion en direction de la Californie là où sa nouvelle vie l’attendait. Si elle avait pensé avoir pris la meilleure décision possible en laissant toute sa vie derrière elle, sa famille et ses amis compris, en parti pour leur propre bien (et un peu le sien au passage). La jeune Davis avait du mal à réaliser la situation dans laquelle ils se trouvaient tous désormais… Avery et Jade semblaient ne plus se parler, Avery et elle ne communiquaient presque plus depuis cette soirée là il y a trois ans et Luna était prise de remords et rongée par la culpabilité lorsqu’elle voyait Jade qui était pourtant toujours présente pour elle peu importe la situation. Lorsqu’elle avait décidé d'étouffer  ses sentiments il y a de ça dix ans, c’était pour que ses meilleurs amis soient heureux, épanouis mais ce qui restait de leur amitié désormais en ruine était la preuve que rien ne se passait jamais comme prévu. Au fil des années Luna s’était habituée à montrer à ceux qui l’entouraient que tout allait bien, une image crédible et qui bernait tout le monde de cette fille comblée et heureuse et en soit elle l’était. Elle n’était pas à plaindre et avait tout pour s’épanouir, elle le savait. Elle avait réussi ses études haut la main, avait le job qu'elle avait rêvé d’obtenir et était bien entourée en plus d’être en bonne santé. Toutes les cases étaient cochées pour que son avenir soit glorieux et prometteur mais il lui avait toujours manqué cette pièce, cet élément qui la rendrait réellement heureuse et jamais elle n’avait trouvé en quelqu’un d’autre cette flamme qui s’agitait sauf quand ses yeux se posaient sur lui. Alors le voir débarquer chez elle après avoir affronté la tempête de neige qui s’était abattue sur Tree Hill avait été une surprise, pas négative mais pas positive non plus. Elle était prise au dépourvu Luna, n’ayant pas imaginé une confrontation si tôt après son retour mais dès qu’il eut vent de la nouvelle de sa venue en ville, il était venu la voir, comme guidé par sa conscience, lui présentant des excuses qu’elle avait attendu pendant trois ans et si elle s’était imaginée tout un tas de punchlines à lui sortir lorsque ce jour viendrait, tout s’était évaporé en l’espace de quelques secondes pour ne laisser résonner dans ses oreilles que le bruit des battements de son cœur. Tant d’efforts pour ça…

En rentrant à la maison familiale, Luna était persuadée d’y avoir trouvé un refuge, que barricadée entre ces murs elle serait à l’abri et que le déni la laisserait encore tranquille un petit moment mais lorsqu’Avery lui avait donné l’opportunité de lui poser ces questions qui la hantaient depuis des années maintenant, elle l’avait saisi sans même y avoir réfléchit. Est-ce qu’elle cherchait à se rassurer, à tirer un trait d’une quelconque façon sur ce qu’il restait de leur relation ou bien à l’espoir que ce qu’elle avait ressenti et ressentait encore aujourd’hui était réciproque ? Elle n’en avait aucune idée, c’était probablement un mixte des trois mêlés à la peur et l’incertitude. Des mois qu’elle s’était préparée à toutes les possibilités, toutes les options possibles et toutes les réponses imaginables mais elle ne put s’empêcher d’avoir un mouvement de recul à l’absence d’hésitation lorsque le jeune homme lui répondit. Un oui catégorique et si Luna essayait tant bien que mal de masquer sa réaction, elle entendait son cœur se briser à nouveau à l’absence d’hésitation dont il avait fait preuve. Il regrettait… tout d’un coup ce n’était plus la colère qui l’emportait mais la tristesse, un revirement de situation qui avait pris moins de quelques secondes alors que ses yeux commençaient à s’embuer. Elle cligna des yeux et secoua la tête, ses lèvres s’étirant dans un petit sourire triste, elle s’y était attendue mais la vérité qui venait d’éclater au grand jour était tout de même difficile à avaler « Je m’attendais à cette réponse de ta part mais j’étais vraiment pas prête à y faire face… » elle inspira un grand coup, essayant de reconstruire cette barrière qui la protégeait depuis bien longtemps maintenant mais Avery continuait, lui demandant ce qu’elle attendait de lui. Il semblait marcher sur des œufs, probablement par peur d’aggraver la situation mais il l’avait déjà fait sans même s’en rendre compte et elle laissa échapper dans un souffle « Tu comprends vraiment rien hein ? » il enchainait, lui disant qu’il effacerait tout s’il en avait l’occasion parce qu’il voulait retrouver ce qu’ils avaient. Ce mirage qu’elle s’était efforcée de garder parce qu’à l’époque elle était prête à tous les sacrifices, à taire ses sentiments si ça voulait dire qu’elle pouvait le garder dans sa vie. Mais cette période-là était loin derrière eux, révolue même et pourtant elle eut un pincement au cœur en voyant la réaction du brun alors qu’elle lui disait qu’elle ne pouvait plus être amie avec lui. L’étincelle dans ses yeux s’amenuisait petit à petit et son expression changeait totalement. Elle s’en voulait de le faire souffrir de la sorte et elle avait du mal à supporter un tel changement mais pour une fois, elle écoutait son cœur et se faisait passer en priorité, la première fois depuis bien trop longtemps.

Elle l’avait perdu en lui disant qu’elle ne voulait pas le perdre et s’il n’était que l’ombre de lui-même quelques secondes auparavant, il faisait désormais les cents pas, cherchant à comprendre la logique de cet échange qui ne semblait n’avoir ni queue ni tête. Elle ne pouvait lui retirer le fait qu’il ait toujours le don de jouer avec ses cordes sensibles et ces trois années loin l’un de l’autre n’avaient en rien atténué sa capacité à lui faire remettre en question ses décisions. Elle avait presque failli craquer alors qu’elle avait tenté d’ouvrir la bouche pour lui répondre avant de se raviser. Luna avait fait un pas en arrière, si tout son être demandait à garder ce contact qu’il avait initié, la jeune femme avait besoin de garder les idées claires et elle fit un pas en arrière tout en fermant les yeux, inspirant profondément. Elle ne pouvait plus faire marche arrière désormais, elle en avait trop dit pour nier en bloc, elle était trop fatiguée pour se voiler la face et il avait été honnête, il avait répondu à ses questions, elle se devait d’en faire de même. Peut-être alors qu’un poids serait retiré de ses épaules et si la tournure de cette conversation n’avait décidément pas été celle escomptée, sa conscience serait peut-être un peu plus légère. « Et si je te disais que je voulais plus que de l’amitié ? » elle le regarda à son tour droit dans les yeux, espérant qu’il comprenne qu’elle n’avait jamais été aussi honnête, la jeune femme ne s’en remettrait peut-être jamais s’il ne la prenait pas au sérieux. « Si toi tu voudrais effacer tout ce qu’il s’est passé, c’est pas mon cas. Cette soirée représente tout ce que j’espérais depuis des années Avery. La possibilité d’être plus que juste ta meilleure amie, d’avoir l’impression de réellement exister à tes yeux et pas uniquement comme la bonne copine que tu connais depuis toujours… Et le fait que tout ça ait été une erreur pour toi est la raison pour laquelle on ne peut pas revenir à l’amitié qu’on avait avant. » baissant les yeux, elle pris quelques secondes avant d’enchainer, s’ouvrant plus qu’elle ne l’avait prévu « Je ne veux pas redevenir celle qui s’oublie pour rendre les autres heureux, je retomberai pas dans ce pattern en faisant comme si rien ne s’était passé il y a trois ans, j’ai pas sacrifié tant de choses et déménagé à l’autre bout du pays pour revenir au point de départ et me voiler la face… » sa voix avait légèrement craqué sur la fin de sa phrase et elle espérait qu’il ne s’en aperçoive pas mais au moins elle avait vidé son sac « T’aurais peut-être jamais dû venir me voir en Californie à l'époque, ni aujourd’hui… » elle voulait se montrer forte mais elle était fatiguée et elle savait qu’Avery saurait déceler la tristesse et la résignation qu’elle aurait souhaité masquer. Elle avait été naïve, bien trop naïve pour son propre bien et elle l’aimait depuis si longtemps qu’elle avait laissé à l’espoir une emprise bien trop importante. Il avait suffi de quelques phrases d’Avery pour réduire à néant les sentiments que Luna éprouvait pour lui, la seule chose qu'il lui restait à faire était de ramasser les morceaux de son cœur brisé qui jonchaient le sol… encore une fois.

  @Avery Thompson